Les cas de disparition d’albinos au Nigeria, victimes de crimes rituels, ont pris ces derniers temps une ampleur qui a amené plusieurs organisations de défense des droits humains à interpeller les autorités pour demander des mesures de protection en faveur de cette minorité qui compte 6 millions de membres dans le pays.
L’initiateur et directeur exécutif de la Fondation des albinos au Nigeria, Mr. Jake Epelle, a appelé le gouvernement fédéral à prendre des mesures pour arrêter le massacre des albinos à travers le Nigeria, affirmant que plusieurs membres de son organisation ont été portés disparus dans différents localités du pays.
« Ces mauvaises pratiques doivent s’arrêter. J’en appelle au président pour lancer immédiatement une enquête au niveau national sur ce qui se passe, afin que les personnes coupables de ces actes répondent devant la justice ».
« J’avais vu cela venir il y a trois ans et j’avais à l’époque alerté les autorités fédérales, mais rien n’a été fait à ce jour », a-t-il déploré.
Les albinos, en plus des défis sanitaires et sociaux qui les assaillent, ont encore d’autres sérieux problèmes à résoudre, notamment la menace posée par les charlatans. En effet, les guérisseurs nigérians raffolent d’organes d’albinos dont ils se servent dans des rituels pour régler des soucis sentimentaux et financiers.
Les albinos sont pris en chasse par les sorciers qui se servent de leurs organes dans des rituels censés apporter l’amour, la chance et l’argent. C’est pour ces croyances qu’ils sont recherchés avec frénésie par ceux qui pensent que leurs organes ont des pouvoirs surnaturels.
Plusieurs professionnels de la santé ont tenté, sans grand succès, de familiariser les Nigérians au sujet de la question de l’albinisme.
Pour montrer sa vive préoccupation sur cette question, le Président Goodluck Jonathan a lancé un projet de fondation en faveur des albinos et appelé à un soutien aux personnes atteintes d’albinisme.
« Nous devons travailler ensemble pour mettre un terme à toutes les formes de discrimination et de méchanceté à l’égard de ces groupes de personnes. Nous devons tous aider à surmonter les défis auxquels ces groupes vulnérables sont confrontés, dans ce pays qui nous est tous cher », a déclaré le chef de l’Etat nigérian.
Selon le président Jonathan, comprendre l’albinisme et faire en sorte que tous les albinos puissent s’intégrer dans toutes les sphères de la société est important pour que les efforts visant à éliminer les préjugés contre ces personnes soient couronnés de succès.
Il a renouvelé l’engagement du gouvernement fédéral à défendre les droits fondamentaux des groupes vulnérables dans le pays.
Lors de l’inauguration du Comité national sur l’albinisme, le ministre délégué chargé de l’Education, Ezenwo Wike, a également réitéré la détermination du gouvernement à mettre fin à l’inégalité qui freine les progrès et le bien-être des albinos, ajoutant que cela ne se ferait qu’en respectant et en protégeant leurs droits fondamentaux.
M. Wike a rappelé que les albinos étaient souvent victimes de ségrégation, de stigmatisation et de discrimination, toutes attitudes alimentées par des croyances culturelles et des idées totalement erronées.
Il a souligné l’importance pour le gouvernement fédéral de la mise en place du Comité expliquant que dorénavant, les questions portant sur l’albinisme seraient au devant des préoccupations sociales.
La première tâche de ce Comité, a-t-il indiqué, serait l’élaboration d’une politique nationale sur l’albinisme, une démarche que le gouvernement juge essentielle.
“Avec la mise en place d’une telle politique, le gouvernement fédéral et tous les acteurs concernés auront non seulement une direction claire en ce qui concerne leurs problèmes et leur bien-être, mais seront également en mesure d’élaborer et de mettre en œuvre des programmes de développement viables pour la population albinos”, a-t-il poursuivi.
Le directeur général de la police a averti que la police et les autres services de sécurité avaient été instruites de veiller à ce que les personnes vivant avec l’albinisme ne soient plus maltraités sous quelque forme que ce soit.
Récemment, l’Association des tradipraticiens du Nigeria dont des membres ont été accusés de se livrer à la chasse aux albinos, a tenu une réunion nationale pour rejeter tout recours aux albinos pour leurs rituels.
Dans un communiqué publié à la fin de la réunion, l’Association a déclaré que « personne n’a le droit de prendre la vie d’une être humain ». Elle a en outre averti qu’elle n’apporterait son soutien à aucun membre fautif.
L’albinisme est une maladie héréditaire caractérisée par l’absence du pigment appelé mélanine dans les cheveux, la peau et les yeux, exposant ceux qui en sont atteints à plusieurs maladies dont la plus fréquente est le cancer de la peau.
APA-Abuja (Nigeria) Par Mohammed Momoh