Le dialogue de réconciliation nationale promis de longue date par le président Faustin-Archange Touadéra s’est ouvert lundi. Il ne devrait cependant pas aboutir à des avancées notables : les groupes armés n’y ont pas été conviés, et l’opposition boycotte les discussions.
Il y a six jours, Faustin-Archange Touadéra avait annoncé, à la surprise générale, que le « Dialogue républicain » avec l’opposition et la société civile, promis il y a quinze mois, au lendemain de sa réélection contestée, aurait lieu lundi, mais avec un programme et des objectifs restés très vagues pour des débats prévus sur une semaine seulement.
Devant plusieurs centaines de participants de la majorité, de la société civile et de personnalités invitées à la cérémonie d’ouverture dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le chef de l’État a lancé les discussions ce lundi. Encadré par deux membres russes de sa garde rapprochée aux visages masqués, Faustin-Archange Touadéra a affirmé : « Nous sommes tous mobilisés autour des idéaux de paix […], il n’y a pas de sujet tabou, nous sommes là pour laver le linge sale en famille. »
Dimanche, la quasi-totalité des partis de l’opposition avaient annoncé leur refus de participer à ce dialogue, arguant principalement que les rebelles n’y étaient pas conviés – ce qu’ils savaient depuis quinze mois – et que le programme ne prévoyait rien sur la « question de la crise post-électorale », c’est-à-dire la réélection, non légitime à leurs yeux, de Touadéra, le 27 décembre 2020 par une partie très faible du corps électoral.
Exigences de la communauté internationale
« J’attends des débats francs sur ce qui concerne le pays, l’économie, la mauvaise gouvernance, la sécurité… Certains chefs des services supposés maintenir la sécurité commettent constamment des exactions contre la population, les groupes armés aussi, et cela ne peut plus durer », a plaidé l’avocat Bruno Gbiegba, participant issu de la société civile.
Cependant, l’opposition et les experts de la région ont fustigé par avance un dialogue de réconciliation mené sans les rivaux politiques ni ennemis armés du régime, estimant qu’il ne pouvait déboucher sur aucune avancée concrète en dehors de la promesse vague d’une « feuille de route » destinée à mieux intégrer l’opposition et la société civile dans la gouvernance du deuxième pays le moins développé du monde, selon l’ONU. Ils jugent que le président ne fait que répondre à une exigence de la communauté internationale en tenant ce dialogue qu’elle finance. Une exigence de l’ONU notamment, qui maintient depuis des années sous perfusion ce pays où la moitié de la population survit dans un état d’insécurité alimentaire aiguë, et qui y a déployé à partir de 2014 l’une de ses plus coûteuses missions de Casques bleus.
Faustin-Archange Touadéra avait promis à la communauté internationale d’accomplir une telle démarche au lendemain de sa réélection, obtenue avec 53,16 % des suffrages certes, mais alors que moins d’un électeur sur trois avait eu la possibilité d’aller voter en raison de l’insécurité. Depuis, comme après son élection de 2016, quand la guerre civile entamée en 2013 avait commencé à se faire moins meurtrière, le chef de l’État et son Mouvement cœurs unis (MCU) règnent sans partage au sein du gouvernement comme du Parlement, grâce à l’appui de petits partis satellites.
Lors de la présidentielle, Bangui était menacée par l’offensive de plusieurs groupes armés occupant alors deux tiers du territoire. Touadéra avait appelé Moscou à l’aide et des centaines de paramilitaires russes étaient venus à la rescousse d’une armée démunie, s’ajoutant à ceux présents depuis 2018. Ces « instructeurs non armés » selon le Kremlin, « mercenaires » de la société privée de sécurité Wagner selon l’ONU, ont, depuis, facilement repoussé les groupes armés de la majorité des villes et territoires qu’occupaient ces derniers. Non sans être accusés par l’ONU et la France de commettre – tout comme les groupes armés et rebelles – des « crimes de guerre », et d’avoir fait main basse sur les ressources du pays.
Le dialogue républicain sur la paix et la sécurité qui vise à réconcilier les Centrafricains s’est ouvert, le 21 mars, à Bangui. Mais l’opposition a annoncé qu’elle n’y prend pas part.
La tenue de la rencontre d’échanges qui doit durer jusqu’au 27 mars était une promesse du président Faustin Archange Touadéra après sa réélection. L’objectif affiché se résume jusqu’alors à « restaurer la paix et la sécurité ».
Les organisateurs ont diffusé une liste de cinq « thématiques », dont « Paix et sécurité », « Gouvernance politique, renforcement démocratique et institutionnel » et « Développement économique et social ».
L’opposition démocratique a refusé de prendre part au dialogue et dit avoir posé des conditions qui n’ont pas été prises en compte. C’est ce qui ressort de la concertation qui a eu lieu dimanche, entre les principales formations politiques de l’opposition.
Côté gouvernement, le président du comité préparatoire, le ministre d’Etat Obed Namsio, a dit regretter l’absence de l’opposition. Hormis deux représentants dans le présidium et malgré la « main tendue du chef de l’État ». « La porte est toujours ouverte », a-t-il lancé. « Ce n’est pas un dialogue de trop, mais une chance de plus pour la paix », a déclaré le président Archange Touadéra avant de donner le top départ pour trois jours de travail en commission puis trois jours de débat.
Isolée politiquement et sans parti, l’ex-première dame a demandé à participer au dialogue politique qui doit reprendre ce jeudi, sous l’égide du Premier ministre Patrick Achi.
« Il faut donner au dialogue politique un caractère inclusif en associant toutes les forces vives de la nation », insiste Simone Gbagbo, listant les partis politiques, les organisations de la société civile, les mouvements des droits humains, les organisations religieuses, les autorités coutumières, les syndicats, les organisations professionnelles et les leaders d’opinion. Mercredi 19 janvier dans la matinée, l’ex-première dame a fait une déclaration à la presse avant la reprise du dialogue politique entre opposition et majorité prévue le lendemain. Le seul moyen pour elle de tenter de se faire entendre alors qu’elle n’appartient plus à aucun parti politique.
Simone Gbagbo s’exprimait au nom d’organisations de la société civile, dont le Mouvement des générations capables (MGC), créé en septembre dernier et dont elle est la marraine, et de partis comme le Parti ivoirien des travailleurs (PIT), l’Union des socio-démocrates, l’Alliance ivoirienne pour la République et la démocratie (AIRD), ou encore le Parti communiste révolutionnaire de Côte d’Ivoire (PCRCI). Tous demandent à être associés au dialogue politique lancé par le Premier ministre Patrick Achi mi-décembre, auquel vont participer les principales formations d’opposition. Le dialogue devrait réellement commencer ce jeudi 20 janvier, après plusieurs semaines de suspension. Une conférence de presse du procureur Richard Adou, lors de laquelle il a pointé la responsabilité des principaux leaders de l’opposition dans les violences électorales de 2020, a en effet fait ressurgir les tensions.
L’EX-PREMIÈRE DAME PRÔNE L’ADOPTION D’UNE NOUVELLE CONSTITUTION PAR RÉFÉRENDUM ET UNE LOI D’AMNISTIE GÉNÉRALE
« Il s’agit, pour ces organisations, d’insister pour obtenir leur participation à ces rencontres », a souligné la marraine de MGC. Elle a également effectué une série de propositions, notamment la création de deux instances consensuelles pour garantir la transparence des échanges : un comité d’organisation et une commission chargée du suivi et de l’évaluation. Simone Gbagbo suggère également de faire un point sur les dialogues précédents.
Libération des prisonniers
L’ex-première dame, qui a fait de la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance son credo, dénonçant une crise de valeurs et brandissant la crainte de Dieu, a évoqué quatre sujets de discussions essentiels, selon elle : la sécurité, l’adoption d’une nouvelle Constitution par référendum, la réforme du système électoral et la réconciliation nationale. « Cette Constitution n’est pas consensuelle puisqu’elle a exacerbé les tensions et divise davantage les populations, a-t-elle affirmé. Comment une loi fondamentale aussi « confligène », peut-elle garantir la paix sociale que tous recherchent ? »
Concernant la question de la libération des prisonniers, portée par Laurent Gbagbo depuis son retour en Côte d’Ivoire en juin dernier, Simone Gbagbo propose l’adoption d’une loi d’amnistie générale qui bénéficierait à tous les détenus politiques civils et militaires, dont ceux en liberté conditionnelle. Reste à savoir si ses souhaits seront entendus par les participants à un dialogue auquel elle n’est pas conviée.
La nomination de Marie-Cécile Zinsou à la présidence de la Villa Médicis a provoqué un début de polémique dans le monde de l’art contemporain. Dans un entretien à « Jeune Afrique », la Franco-Béninoise balaie les critiques et assure vouloir se concentrer sur son nouveau rôle.
Un signe supplémentaire du « nouveau narratif » que le chef de l’État français entend imprimer à la relation entre Paris et ses anciennes colonies africaines ? Comme il est de coutume lors de nominations à des postes prestigieux – et peut-être plus encore dans le cas de la Villa Médicis, qui semble attiser les appétits autant que les acrimonies – le choix de Marie-Cécile Zinsou a provoqué un début de polémique dans le petit monde de l’art contemporain.
Plusieurs commentateurs pointent notamment la proximité d’Emmanuel Macron avec son père, l’ancien Premier ministre béninois et banquier d’affaires Lionel Zinsou. D’autres évoquent le soutien sans faille qu’elle a apporté au processus de restitution qui trouvera son épilogue lorsque les œuvres béninoises prendront l’avion pour Cotonou, le 10 novembre prochain.
Actuellement à Rome, où elle vient d’arriver pour rencontrer les équipes de la Villa Médicis, en particulier son directeur Sam Stourdzé, Marie-Cécile Zinsou assure vouloir se mettre le plus vite « au service » de la prestigieuse institution qui accueille et accompagne des artistes pour de longues résidences.
Lors de l’entretien qu’elle a accordé à Jeune Afrique, entre deux réunions ce samedi dans la matinée, elle balaie les critiques, assurant que son expérience à la tête de la Fondation Zinsou, qu’elle a créée en 2005 et où elle n’a eu de cesse de multiplier les expositions audacieuses, suffit à lever les doutes sur sa légitimité en tant que toute nouvelle présidente du conseil d’administration de la Villa Médicis.
Jeune Afrique : Quand Emmanuel Macron vous a-t-il proposé la Villa Médicis ?
Marie-Cécile Zinsou : J’ai été prévenue le 21 octobre, lors de la Foire internationale d’art contemporain de Paris. J’ai eu l’occasion d’y croiser Emmanuel Macron, qui m’a demandé si j’accepterais. Il m’a expliqué que, les statuts de la Villa Médicis ayant évolué et la présidence n’étant plus réservée à des conseillers d’État, il avait pensé à moi. J’ai évidemment été très surprise, mais également très honorée.
Pourquoi, selon vous, vous a-t-il confié ce poste prestigieux ?
C’est à lui qu’il faut le demander ! Ce que je peux vous dire c’est que, en dehors d’un selfie que j’ai pris avec lui en 2015, je ne l’avais jamais vraiment rencontré jusqu’à très récemment… J’ai eu l’occasion d’échanger longuement avec lui lors du sommet Afrique-France [les 7, 8 et 9 octobre dernier]. Il est venu visiter l’exposition Cosmogonies, que la Fondation organisait au MoCo, le musée d’art contemporain de Montpellier. Je lui ai présenté les œuvres, lui ai expliqué le système de résidence que nous organisons dans le cadre de la Fondation.
Nous avons eu une vraie discussion sur ce que nous essayons d’instaurer entre les artistes, sur les expositions, sur la création africaine contemporaine… Pendant une heure, nous avons eu un dialogue très riche, sur le fond de ce qui constitue notre travail.
La nomination d’une personnalité à la présidence de la Villa Médicis donne souvent lieu à des polémiques. Votre accession à la présidence une déroge pas à la règle. Comment percevez-vous ces critiques ?
J’ai vu sur les réseaux sociaux certains commenter ma nomination sur l’air de : « Et dire qu’il font ça avec nos impôts ». Alors je voudrais rassurer tout le monde : le poste de présidente de ce lieu mythique est bénévole. Et il s’agit d’un poste non exécutif.
Je sais que cela fait rêver beaucoup de monde, c’est donc normal qu’il y ait des commentaires désagréables. Ce n’est pas bien grave. J’essaie de passer outre.
C’EST À LA FOIS MISOGYNE ET COMPLOTISTE. C’EST UNE MANIÈRE DE ME RÉSUMER À MA SEULE FILIATION
Certains estiment que vous avez été nommé en raison de la proximité de votre père, Lionel Zinsou, avec Emmanuel Macron, et pour le soutien que vous avez apporté au processus de restitution des œuvres au Bénin… Que leur répondez-vous ?
Je pense que c’est à la fois misogyne et complotiste. C’est une manière de me résumer à ma seule filiation. Oui, je suis la fille de mon père. Mais je suis aussi la fille de ma mère, Marie-Christine Zinsou !
Me résumer au seul fait que je sois la fille de mon père, c’est oublier un peu vite les plus de 15 années de travail au sein de la Fondation dans le domaine de l’art contemporain.
Sur les restitutions… Il y en a même qui prétendent que les œuvres restituées au Bénin par la France vont être conservées à la Fondation ! Alors qu’il est évidemment très clair que ce n’est pas le cas. Ce que je choisis de retenir, ce sont les gens avec lesquels j’ai travaillé au fil des années, les artistes qui m’ont adressé des messages très positifs après l’annonce de cette nomination. C’est tout ce qui compte.
LE SUJET N’EST PAS DE CRÉER UNE « PROMOTION AFRICAINE » À LA VILLA MÉDICIS
Vous arrivez à la tête d’une institution prestigieuse. Avez-vous déjà une feuille route ? Comptez-vous, par exemple, ouvrir les portes de la Villa Médicis aux artistes contemporains africains ?
Je ne suis nommé que depuis 36 heures. Pour le moment, je rencontre les équipes, ici à Rome. J’ai longuement parlé avec le directeur général, Sam Stourdzé. Je me mets à leur disposition. La Villa Médicis est un lieu unique au monde, qui offre un système exceptionnel aux artistes.
Mon rôle est de promouvoir la Villa, partout où cela sera possible, et notamment auprès des artistes avec lesquels nous travaillons avec la Fondation. Le sujet n’est pas de créer une « promotion africaine » à la Villa Médicis, mais si des artistes d’Abidjan ou de Dar es-Salaam veulent postuler, ce sera très bien.
COMME TOUS LES PREMIERS PAS, IL FAUT BIEN COMMENCER QUELQUE PART
Vous avez salué la restitution des 26 œuvres pillées dans les palais royaux d’Abomey. Mais n’est-ce pas une goutte d’eau par rapport à l’ampleur du patrimoine spolié toujours conservé en Europe et aux États-Unis ?
C’est un premier pas historique. Souvenez vous du Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, qui avait dit, en 2016, qu’au nom des « principes d’inaliénabilité, d’imprescriptibilité et d’insaisissabilité », la restitution était impossible. C’était impossible il y a quelques années et c’est devenu une réalité. Mais comme tous les premiers pas, il faut bien commencer quelque part.
Aujourd’hui, la France et le Bénin sont gagnants. Il y a d’ailleurs, au Bénin, un travail énorme sur le patrimoine qui est réalisé et qu’il faut saluer. Cela devient une vraie priorité, ce qui n’était pas le cas au lendemain de l’indépendance, période pendant laquelle il faut bien reconnaître qu’il y avait de nombreuses autres urgences. Pour moi, cette restitution permet de regarder vers l’avenir, d’ouvrir le dialogue, pour la suite.
Ne regrettez-vous pas que la France ai choisi l’option du cas par cas, plutôt que celle d’une loi cadre, qui permettrait une restitution plus globale ?
En 2006, les Béninois ont plébiscité l’exposition des œuvres « prêtées » par la France. Près de 275 000 personnes se sont précipitées pour les découvrir. Mais trois mois plus tard, la question s’est posée : pourquoi ces œuvres repartent-elles ? Je pense qu’il était important d’avancer, le plus rapidement possible.
Une loi cadre, on en parle depuis longtemps. Peut-être que cela viendra un jour. Mais le temps politique n’est pas le temps de Twitter. C’est un temps long, surtout dans un domaine où tout n’est pas réglé, loin s’en faut.
On parle énormément des restitutions d’œuvres conservées dans les collections publiques, mais très peu de celles détenues par les collectionneurs privés. Comment faire pour que ces pièces retrouvent, elles-aussi, le chemin de l’Afrique ?
C’est un sujet extrêmement complexe, sur lequel Bénédicte Savoy a beaucoup travaillé et écrit. L’exemple de la colonne Dodds [qui a mené la conquête du Bénin pour la France entre 1892 et 1894] est emblématique : il existe des inventaires très précis des armes, des ustensiles… Mais rien sur les œuvres pillées. On ne sait pas, aujourd’hui, dire avec précision ce qui a été pris, par qui, et où cela a été emmené. Mais j’avoue que, si je suis familière du marché de l’art contemporain, je connais très peu le marché des arts premiers. Je sais simplement qu’il y a, sur ce point, un travail titanesque à mener.
Le président ivoirien a appelé à la « réconciliation » dans son allocution télévisé de veille du Nouvel An. Son principal opposant, Henri Konan Bédié, a jugé que le dialogue était la « seule voie possible », mais refuse toujours de reconnaître la réélection d’Alassane Ouattara.
Se félicitant de la « qualité » du dialogue politique lancé depuis le 21 décembre avec l’opposition et la société civile pour « décrisper » le climat politique, le président ivoirien s’est dit, dans son allocution télévisée de veille du Nouvel An, « confiant qu’avec l’implication de tous, ce grand chantier de la réconciliation sera conduit avec succès ».
Il faut « intensifier toutes nos actions en faveur du pardon et de la concorde nationale », « nous avons tous la responsabilité de préserver la paix, de bannir la violence et d’unir nos forces pour la construction d’une nation apaisée », a plaidé Alassane Ouattara, élu le 31 octobre pour un troisième mandat jugé inconstitutionnel par l’opposition, qui a boycotté le scrutin et ne reconnaît pas sa réélection.
Dialogue et fermeté
Tout en se félicitant de la libération conditionnelle de « certains responsables » de l’opposition arrêtés après l’élection – évoquant, sans le nommer, Pascal Affi N’Guessan, remis en liberté sous contrôle judiciaire le 30 décembre, mais toujours poursuivi pour « atteinte à la sureté de l’État » – Alassane Ouattara a également fait passer un message de fermeté, soulignant que « la justice fera son travail afin que les responsabilités soient situées et (que) la loi sera appliquée dans toute sa rigueur » dans le cadre des enquêtes sur les violences électorales qui ont fait 87 morts et près de 500 blessés.
Le chef de l’État a indiqué avoir signé un décret de grâce présidentielle pour « environ 2 000 » personnes « condamnées pour des infractions mineures », sans préciser s’il s’agissait d’infractions liées aux violences électorales.Plusieurs responsables de l’opposition sont en effet poursuivis par la justice pour avoir proclamé un régime de « transition », finalement abandonné.
Le chef de l’État a indiqué avoir signé un décret de grâce présidentielle pour « environ 2 000 » personnes « condamnées pour des infractions mineures », sans préciser s’il s’agissait d’infractions liées aux violences électorales.
Bédié dénonce « la forfaiture du 31 octobre »
Plus tôt dans l’après-midi, dans son propre message de voeux télévisés, l’ex-chef de l’État Henri Konan Bédié, principal opposant, a lui aussi renouvelé son appel au dialogue politique, se refusant cependant toujours à reconnaître la réélection du président Ouattara.https://www.youtube.com/embed/K96LSo4yB_4?feature=oembed
Une « majorité écrasante » d’Ivoiriens « ont dit non à la forfaiture du 31 octobre en s’opposant (…) à ce simulacre d’élection pour un troisième mandat inconstitutionnel et illégal », a notamment déclaré le chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), filmé dans sa résidence à Abidjan, encadré par les drapeaux de la Côte d’Ivoire et de son parti.
« Le dialogue national me paraît la seule voie pour sortir notre pays de l’impasse », a déclaré Bédié. Affirmant parler « au nom du PDCI et de l’opposition significative », il a par ailleurs réitéré son exigence de « la libération sans condition » des responsables et militants de l’opposition arrêtés lors de la présidentielle, « pour faciliter le dialogue national ».
La veille, Alassane Ouattara avait, lors du conseil des ministres, indiqué avoir parlé « à plusieurs reprises » avec Henri Konan Bédié, et affirmé que les deux hommes avaient « convenu de reprendre le dialogue bilatéral (…) dans la deuxième quinzaine du mois de janvier »
Le dialogue politique en Côte d’Ivoire a été suspendu mardi sans qu’un accord formel n’ait été trouvé. Seule certitude : les législatives se tiendront en mars prochain.
Après une semaine de discussions, le dialogue politique a été suspendu, mardi, sans qu’un accord formel n’ait été atteint entre le pouvoir et l’opposition. Dans son discours concluant les pourparlers, le Premier ministre Hamed Bakayoko a cependant salué un « consensus pour la poursuite du dialogue », en vue d’une « décrispation du climat politique ».
Au lendemain d’une présidentielle boycottée par une partie de l’opposition qui a appelé à une campagne de désobéissance civile, et marquée par des violences électorales qui ont fait 85 morts et 500 blessés entre août et novembre, plusieurs responsables jugeaient nécessaire d’instaurer un dialogue direct entre les chefs des trois grands partis ivoiriens, le président Alassane Ouattara et les ex-présidents Henri Konan Bédié (actuel leader de l’opposition), et Laurent Gbagbo.
« La plateforme de l’opposition a des réserves mais ne s’est pas retirée du dialogue, c’est une dynamique », a jugé Adama Bictogo, numéro deux du parti au pouvoir, assurant que « les élections législatives auront bel et bien lieu en mars 2021 ». « Le plus important c’est que l’opposition aille à ces élections », a-t-il ajouté. Le pouvoir avait évoqué jusqu’à présent un scrutin au « premier trimestre ».
Aucune date pour une reprise du dialogue politique n’a été avancée. Le Front populaire ivoirien (FPI), parti de l’ex-président Gbagbo, a déjà annoncé la semaine dernière sa participation aux législatives. Le PDCI, lui, ne s’est pas encore prononcé.
Lors de son investiture le 14 décembre, Alassane Ouattara avait appelé à relancer le dialogue politique pour sortir de la crise en Côte d’Ivoire, à la suite de Henri Konan Bédié, quelques jours plus tôt.
Le président ivoirien Alassane Ouattara a prêté serment ce lundi à Abidjan, moins de deux mois après son élection. Il a annoncé la création d’un ministère de la Réconciliation nationale et appelé à la reprise du dialogue avec l’opposition en vue des élections législatives.
C’est au cours d’une cérémonie sobre et brève – moins de deux heures – que le président ivoirien Alassane Ouattara, réélu à un troisième mandat avec 94,27% des voix le 31 octobre, a prêté serment sur la Constitution, ce lundi matin au palais présidentiel d’Abidjan. Une première dans l’Histoire du pays.
« C’est avec beaucoup d’honneur et de responsabilité que j’ai prêté serment, je mesure l’ampleur de cette charge. Je prends à nouveau l’engagement de l’assumer pleinement au service de mes compatriotes, de tous mes compatriotes. C’est ensemble que nous devons construire un avenir plus radieux pour tous nos concitoyens et pour les générations futures », a déclaré Alassane Ouattara en introduction d’un discours d’une trentaine de minutes, se posant ainsi en rassembleur d’un pays affecté par de vives tensions.
La cérémonie a en effet été organisée au terme d’un processus électoral marqué par le boycott de l’opposition, qui ne reconnaît toujours pas le scrutin, l’arrestation de certains de ses leaders, ainsi que des violences meurtrières, notamment dans le centre du pays.
Le chef de l’État a ensuite dressé la liste de ses priorités pour les cinq prochaines années. Parmi elles : l’éduction, la formation et l’emploi des jeunes. « À compter de janvier 2021, le gouvernement et les collectivités locales prendront en charge les frais COGES, ces frais des comités de gestion des établissements scolaires supportés par les parents d’élèves », a-t-il promis.
Et d’égrainer les autres grands chantiers de son nouveau mandat : la multiplication des centres de formation professionnelle « pour garantir une seconde chance aux jeunes sortis trop tôt du système scolaire », le soutien à l’emploi des femmes, la vaccination contre le Covid-19 à partir d’avril 2021, la généralisation de la Couverture maladie universelle (CMU), l’amélioration de la qualité de l’offre des soins, le recul de la pauvreté « à travers l’émergence d’une classe moyenne » ou encore le renforcement du lien avec le secteur privé et une répression plus sévère de la corruption qui « sape les fondements même de l’état de droit et de la démocratie ».
Des violences « intolérables »
Alassane Ouattara a par ailleurs annoncé la création « dans les prochains jours » d’un ministère de la Réconciliation nationale, dont l’objectif sera « le renforcement de la cohésion nationale et la réconciliation des fils et des filles de Côte d’Ivoire ».
« L’élection présidentielle a donné lieu à des violences intolérables », a regretté le président ivoirien, les condamnant « avec la plus grande fermeté ». « Ces actes graves ne doivent pas rester impunis, il faut mettre fin à l’impunité dans notre pays, c’est une exigence pour le respect des droits humains, nul n’est au-dessus de la loi. Je veux que cela soit clair. »
Début décembre, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait appelé le gouvernement ivoirien à « enquêter de toute urgence sur les meurtres de plus de 50 personnes lors des violences politiques et intercommunautaires ».
Pas de réconciliation sans dialogue, a affirmé le président ivoirien. « J’ai instruit le Premier ministre, Hamed Bakayoko, de reprendre les discussions avec les partis politiques pour mettre en œuvre les recommandations de la Cedeao relatives à la Commission électorale indépendante (CEI) dans la perspective de la tenue des élections législatives dans le courant du premier trimestre 2021, a-t-il déclaré. J’invite l’ensemble des partis politiques à saisir cette nouvelle opportunité qui s’offre à tous pour aboutir à une décrispation du climat par le dialogue, afin de renforcer la paix et la stabilisé de notre pays ».
Alassane Ouattara a prêté serment devant un parterre de chefs d’État de « pays frères », membres de la Cedeao, qu’il a remerciés de leur présence en les désignant chacun par des surnoms « affectueux ». « Mon jeune frère » pour Patrice Talon, Macky Sall et George Weah ; « mon neveu » pour le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré ; « l’empereur » pour le Congolais Denis Sassou Nguesso ; « ma chère sœur » concernant la présidente éthiopienne Sahle-Work Zewde ; « double excellence » à propos de Nana Akufo-Addo, fraîchement réélu au Ghana ; « mon fils » pour le président de la transition malienne, Bah N’Daw ; « l’émir du Sahel » au sujet du Nigérien Mahamadou Issoufou et enfin « notre jeune doyen » pour le Togolais Faure Gnassingbé.
Le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, ainsi que le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat et l’ancien président français Nicolas Sarkozy avaient aussi fait le déplacement. La France était officiellement représentée par son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
« J’ai une pensée toute particulière pour celui que j’aurais tant souhaité voir à ma place aujourd’hui, mon fils, feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly (décédé le 8 juillet 2020), candidat désigné le 12 mars 2018 par le RHDP pour l’élection présidentielle », a enfin souligné Alassane Ouattara à la fin de cette longue séquence de remerciements.
La coalition de l’ex-président Joseph Kabila, vient de se réunir à Kinshasa. Et alors que le président actuel Félix Tshisekedi mène depuis le début de la semaine dernière des consultations en vue de tenter de trouver une nouvelle majorité, le FCC se dit disposé à poursuivre le dialogue et l’accord de partage du pouvoir, mais uniquement à certaines conditions.
Les pro-Kabila disent refuser le débauchage de leurs membres : « Le FCC ne peut cautionner aucune démarche tendant à la recomposition de la majorité parlementaire, en pleine législature, sur fond de la corruption des élus d’un partenaire… »
Quant à la menace répétée par l’entourage présidentiel d’une dissolution de l’Assemblée nationale, le FCC a rappelé au président que cette mesure ne peut être le fruit de sa seule initiative, en l’absence d’une crise persistante entre le gouvernement et l’Assemblée nationale. L’alternative à cette démarche, selon le FCC, est d’organiser des élections générales anticipées à tous les niveaux, y compris la présidentielle.
Par RFI avec son correspondant à Kinshasa Pascal Mulegwa
Plate-forme regroupant en son sein les organisations formelles de la société civile, des mouvements citoyens et des personnalités, le CASC a salué l’annonce du chef de l’Etat d’amorcer des consultations en vue de créer une « Union sacrée de la nation ». Mais cette structure penche beaucoup plus pour la convocation d’un dialogue inclusif.
Les membres du CAS
L’annonce faite par le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, lors de son adresse à la nation le vendredi 23 octobre, des consultations à l’effet de créer une « Union sacrée de la nation » et qui visent la refondation de l’action gouvernementale autour des principes de participation à la gestion du pays suscitent des réactions. Parmi ces réactions, l’on note celle du Collectif d’actions de la société civile (CASC).
L’initiative du chef de l’Etat d’entamer des consultations avait été souhaitée bien avant par cette plate-forme regroupant en son sein les organisations formelles de la société civile, des mouvements citoyens et des personnalités. Dans sa déclaration le lundi 26 octobre au cours d’un point de presse à Kinshasa, le CASC note avec satisfaction la résolution prise par le président de la République de procéder à des consultations desquelles sortiraient des décisions qui changeront à coup sûr la physionomie politique actuelle du pays. Mais le Collectif prévient : « Tout en saluant cette initiative qui, du reste, cadre avec l’appel au dialogue lancé par notre collectif dans son communiqué du 13 juin de l’année en cours, il y a lieu de relever que la crise que traverse actuellement le pays n’est pas que politique, elle est aussi sociale et surtout morale et que des consultations politiques autour du chef de l’État ne pourront les résorber. Certes, la politique tient en état tous les autres domaines, mais la spécificité de chacun d’entre eux exigent un regard particulier pour espérer dégager des voies des sorties idoines spécifiques pour chaque domaine de la vie nationale ».
Le CASC reste constant dans sa démarche de la convocation d’un dialogue global et inclusif. Aussi exhorte-t-il le président à ne pas se limiter à ces consultations qui constitueront certainement une bonne base des données, mais de convoquer un dialogue qui aurait le mérite de rassembler les Congolais autour des valeurs républicaines, au-delà des clivages politiques et tribaux, et de produire des résolutions à l’instar de la Conférence nationale souveraine (CNS), à l’effet de favoriser un climat harmonieux, propice au développement appelé de tous les vœux. « Le CASC, qui s’engage néanmoins à accompagner cette initiative, exhorte les forces politiques et sociales à considérer ces consultations non comme une occasion des règlements des comptes mais comme un premier pas vers la réconciliation, la concorde et la cohésion sans lesquelles il serait illusoire d’espérer une issue heureuse pour la République », indique la déclaration lue par Samuel Bosasele, membre de la plate-forme.
En guise de conclusion, le CASC fait remarquer : « La situation sociopolitique est certes tendue, mais elle n’est pas aporétique, un dépassement de soi et une disposition à privilégier l’intérêt général permettrait un dénouement heureux et les consultations initiées par le chef de l’État viennent à point nommé pour impulser cette dynamique qui ouvrira la voie à un dialogue inclusif et les résolutions qui en seraient issues seront salutaires pour la nation ». Au cours d’un bref échange avec la presse, Mito Nzila du CASC a insisté sur la tenue d’un dialogue qui produiront des recommandations dont certaines aboutiront à des réformes légales pour une vision commune du développement du pays. « Lorsqu’on parle développement du Congo, il faut avoir le même langage, nonobstant les bords politiques », a-t-il ajouté.
Le gouvernement provisoire de Bolivie et les différentes factions qui le contestent débuteront samedi un dialogue pour mettre fin à une crise politique et sociale ayant déjà fait 32 morts, a affirmé vendredi le ministre des Travaux publics Yerko Nuñez.
«A 16 heures, nous allons commencer à dialoguer pour pacifier le pays», a-t-il indiqué dans une déclaration à la presse en tant que porte-parole de l’exécutif qui a pris le pouvoir après la démission du président Evo Morales.