Posts Tagged ‘Dictature’

Haïti: appel à poursuivre les complices de la dictature de Duvalier

mars 20, 2018

Port-au-Prince – Plusieurs organisations de défense des droits humains appellent la justice haïtienne à poursuivre les complices de la dictature duvaliériste, rappelant, dans un rapport publié mardi, que la mort de Jean-Claude Duvalier en octobre 2014 ne signait pas la fin de la procédure.

Le rapport « En Haïti, on poursuit l’enquête, pas les criminels », édité par la Fédération internationale des droits humains (FIDH), rappelle l’urgence du dossier: seules sept des 17 personnes visées par les plaintes sont aujourd’hui encore en vie.

Plus de trois décennies après la fin de la dictature, plusieurs victimes de torture et de détentions arbitraires, qui avaient en détail témoignées de ces crimes lors des audiences tenues à Port-au-Prince en 2012 et 2013, sont également décédées sans obtenir justice.

« Si l’intérêt médiatique du dossier judiciaire s’amenuisait légitimement avec le décès de l’ancien dictateur, l’instruction judiciaire (…) devait néanmoins se poursuivre pour éviter l’impunité générale du régime de Jean-Claude Duvalier » peut-on lire dans le document d’une soixantaine de pages.

Surnommé « Bébé Doc », Jean-Claude Duvalier avait hérité du pouvoir à 19 ans, à la mort de son père François Duvalier (1957-1971, dit « Papa Doc »).

Chassé du pouvoir en 1986, exilé en France pendant 25 ans, Jean-Claude Duvalier avait choisi le premier anniversaire du séisme meurtrier de janvier 2010 pour rentrer de façon inattendue en Haïti.

Depuis février 2014, un juge est chargé de compléter l’instruction mais les représentants des parties civiles dénoncent l’opacité et la lenteur de la procédure causée par un cruel manque de moyens et également des pressions politiques.

« Le juge dispose d’une marge de manoeuvre très étroite en raison de la persistance, au sein des pouvoirs successifs haïtiens, de ce que l’on nomme les +duvaliéristes+. Le nouveau gouvernement ne serait ainsi qu’une continuité du précédent de Michel Martelly, ancien président d’Haïti, qui ne cachait pas une certaine admiration pour l’ancien dictateur », affirme le rapport.

Pas grand espoir

Pour les défenseurs des droits humains, le manque de volonté politique pour faire avancer les procédures judiciaires est flagrant et inquiétant.

« Les autorités actuelles ont clairement signifié que la justice et l’état de droit n’étaient pas une de leurs priorités: on le voit parce que le budget même affecté à la Justice est de moins de 1% et c’est vrai que c’est inquiétant » témoigne Delphine Carlens, de la FIDH.

Si les crimes contre l’humanité n’ont pas encore été jugés, les crimes financiers commis par le régime dictatorial sont également encore en cours de traitement.

Jean-Luc Virchaux, ambassadeur suisse accrédité à Port-au-Prince, a rappelé mardi que 6.250.000 dollars ont été recensés sur des comptes bancaires suisses au nom de Jean-Claude Duvalier et de sa mère. La procédure de restitution de ces fonds à Haïti reste encore à définir.

Si le rapport publié mardi appelle les autorités à garantir les moyens et l’indépendance nécessaires au juge d’instruction, les défenseurs des droits humains ne sont pour autant guère optimistes.

« Nous n’avons pas grand espoir que la procédure aboutisse c’est pourquoi nous mettons l’accent sur la sensibilisation, sur le devoir de mémoire » concède Rosy Auguste, du réseau national de défense des droits humains (RNDDH). « Il faudra voir si, à la longue, ça n’est pas une possibilité pour nous d’aller devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme et porter la cour à condamner l’Etat haïtien » conclut-elle.

Romandie.com avec(©AFP / 20 mars 2018 19h04)                                            

Argentine: 48 condamnations, dont 29 à vie, pour les crimes contre la dictature

novembre 29, 2017

Buenos Aires – Quarante-huit anciens militaires argentins ont été condamnés mercredi à la prison, dont 29 à perpétuité, pour des crimes commis à l’École de mécanique de la Marine (ESMA), principal centre de tortures pendant la dictature argentine (1976-1983).

Les accusés étaient jugés pour une série de crimes commis à l’époque dans le cadre de l’ESMA: tortures de détenus politiques, exécutions illégales, vols de bébés – plusieurs dizaines de femmes ont accouché pendant leur détention – et les tristement célèbres « vols de la mort ».

Pour faire disparaître sans laisser de traces des personnes détenues à l’ESMA, située à Buenos Aires, les militaires les jetaient vivantes depuis des avions ou des hélicoptères dans la mer ou dans le Rio de la Plata.

Les 48 anciens militaires ont été condamnés à l’issue d’un procès géant, le plus important de l’histoire de la justice argentine, concernant 789 dossiers de crimes commis à l’ESMA et un total de 54 accusés, dont six ont été acquittés.

Le tribunal a prononcé 29 peines de prison à vie et a condamné 19 autres accusés à des peines allant de 8 à 25 ans.

Parmi ceux qui ont été condamnés à perpétuité figurent trois anciens militaires déjà condamnés à des peines de prison à vie lors de précédents procès sur les crimes de la dictature: Alfredo Astiz, 67 ans, Jorge Acosta, 76 ans, et Ricardo Cavallo, 66 ans.

Astiz et Acosta ont notamment été déclarés coupables de la disparition forcée en 1977 de la Suédoise Dagmar Hagelin, 17 ans.

L’ex-capitaine Astiz, surnommé à l’époque « l’ange blond de la mort », a aussi été condamné par contumace à la prison à vie par la justice française, pour l’enlèvement et le meurtre de deux religieuses françaises en 1977.

Il s’agit du troisième procès concernant des crimes commis à l’ESMA, par laquelle sont passés quelque 5.000 prisonniers pendant la dictature. Sur les 54 accusés, 16 avaient déjà été condamnés antérieurement.

Depuis le début du procès en novembre 2012, onze accusés sont décédés et trois ont été exemptés pour raisons de santé. Quelque 800 témoins se sont succédé devant le tribunal fédéral numéro 5 de Buenos Aires, présidé par le juge Daniel Obligado.

La lecture du verdict, qui a duré plus de quatre heures, a été faite dans une salle comble où les accusés étaient séparés par une paroi vitrée du public, dans lequel se trouvaient des victimes et des proches de victimes.

A l’extérieur du tribunal, des dizaines de militants d’organisations de défense des droits de l’Homme et de partis politiques de gauche ont suivi l’énoncé du verdict sur un écran géant.

La dictature argentine a été l’une des plus violentes d’Amérique latine, avec quelque 30.000 disparus, selon les organisations de défense des droits de l’Homme.

Romandie.com avec(©AFP / 30 novembre 2017 02h38)

Burundi: BURUNDI : Même pas peur du petit despote de Bujumbura (Nkurunziza) !

juin 20, 2016

Même pas peur du petit despote de Bujumbura. On se passe ce message dans les écoles. Le scandale a éclaté, fin mai, quand des griffonnages sur des photos du président (très) contesté, Pierre Nkurunziza, dans des manuels scolaires ont été découverts, dans une école de la banlieue de Bujumbura (voir quelques caricatures qui circulent sur Nkurunziza).

Sur certains livres, les yeux du président avaient été troués. Dans d’autres, sa photo avait été gribouillée et des insultes écrites.
Dans un pays où le président, et sa candidature controversée à un troisième mandat, en avril 2015, sont au cœur de la crise qui a fait plus de 500 morts et forcé à l’exil pas moins de 270.000 Burundais, les gribouillages du portrait présidentiel ont, fortement, déplu au pouvoir qui a, vigoureusement, réagi.

Pour empêcher la propagation de ces actes d' »incivilité » à l’encontre du président, réélu en juillet 2015, le régime a choisi de sanctionner, sévèrement, les écoliers.
Des centaines d’élèves ont été renvoyés, provisoirement, de leurs écoles, puis, pour certains réintégrés. A Muramvya (centre), 11 lycéens ont même été inculpés d’outrage au chef d’état et écroués le 3 juin.
Ce jour-là, deux élèves ont été blessés et un passant tué par balles, alors que la police, qui assure « avoir tiré en l’air » (comme d’habitude alors que ses balles tuent), dispersait une manifestation dénonçant ces arrestations.

« Les enquêtes déjà menées prouvent que ces comportements criminels sont dus aux manipulations politiques pour les uns et aux échecs scolaires pour les autres », a dénoncé le porte-parole du ministère de la Sécurité publique, Pierre Nkurikiye, estimant qu’ils étaient « de nature à perturber la sécurité ».

Mais, loin de couper court à ces gestes d’insoumission, la sévérité du gouvernement n’a fait qu’amplifier le mouvement, qui s’étend, désormais, à plusieurs régions.
Dans les quartiers Nord de la capitale, plus de 3.000 élèves ont été sommés de remplacer les livres abîmés, sous peine de ne pas pouvoir passer les examens de fin d’année, selon le responsable local de l’enseignement.

Dans l’Est du pays, quatre élèves ont été interpellés, ces derniers jours, et sont détenus dans un commissariat.
Le phénomène s’est, également, étendu aux réseaux sociaux, où les internautes rivalisent d’ingéniosité pour détourner le portrait du président Nkurunziza.

Sur certaines photos, il est grimé en « Pirate des Caraïbes », bandeau noir sur l’œil droit, perroquet sur l’épaule et pipe à la bouche, ou en Roi-Soleil paré de tous ses atours.
Sur d’autres, il a les yeux troués. Ailleurs, un petit facétieux fait un jeu de mots en transformant son nom Nkurunziza (« Bonne nouvelle », en Kirundi), en Nkurumbi (« Mauvaise nouvelle »). Un autre lui ajoute des cornes et des dents de vampire, et proclame : « Satan vit au Burundi ».

Cela a le don de faire enrager les soutiens du chef de l’Etat, qui vont jusqu’à accuser ces élèves de crime de « lèse-majesté ». Après Dieu vient le roi, or « aujourd’hui le roi du Burundi, c’est le président Nkurunziza! », justifie le gouverneur de Muramvya, Emmanuel Niyungeko.

Certains parents dénoncent « l’arbitraire » de ces arrestations, car chaque école dispose d’à peine 20 à 30 livres que se partagent souvent plus de 200 élèves.
Les coupables sont, donc, difficiles à trouver, et les autorités n’hésitent pas à encourager la délation. Mais, cette gestion de la crise ne convainc pas, y compris dans le camp présidentiel.
C’est « une vraie catastrophe nationale », s’emporte un cadre du parti au pouvoir, sous couvert d’anonymat.

« A cause de cette répression, on parle aujourd’hui dans le monde entier de ces gribouillages qui font passer le président Nkurunziza pour un tyran impopulaire, alors qu’il est en réalité très populaire auprès de la grande majorité des Burundais », regrette-t-il amèrement.

Une célèbre animatrice télé en exil, Alice Hakizimana, estime sur sa page Facebook que cette « répression aveugle » a transformé cette « histoire qui a commencé avec une poignée d’écoliers en un mouvement national de protestation ».

« Vous n’aurez jamais raison de l’humour et de la satire de nos gribouilleurs », prophétise dans un tweet quelqu’un qui se cache sous le pseudonyme de « Sindumuja » (en français, « Je ne suis pas un esclave »), le nom de reconnaissance des opposants au troisième mandat.

Afriqueeducation.com avec AFP

Congo: Isolons la dictature Sassou

juin 19, 2016

 

« Contrairement aux rumeurs qui circulent, le perdant des élections du 20 mars 2016, « Monsieur 8% », l’ancien président Denis SASSOU NGUESSO, n’a pas encore fait convoquer Guy Brice Parfait KOLELAS à la DGST.

PAKO vient de me le confirmer à l’instant au téléphone. Par contre, l’injuste emprisonnement du Général Jean-Marie Michel MOKOKO, nouveau MANDELA, le jour même où le Président François HOLLANDE recevait notre ami Alain MABANCKOU, a été très mal perçu par la France qui prépare dans les prochains jours une réaction diplomatique forte, notamment avec la venue prochaine à Paris du Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon.

Le tyran SASSOU en faisant emprisonner J3M et en interdisant illégalement la conférence de presse du 17 juin 2016, au siège de la CADD, des plateformes FROCAD-IDC-composante J3M, a démontré qu’il ne voulait pas d’un véritable dialogue qui ne peut que se tenir sous l’égide de la communauté internationale et en pays neutre.

André OKOMBI SALISSA a fait constater par huissier la pose illégale, par les forces du désordre de la dictature aux abois, d’un cadenas à l’entrée du siège de la CADD. Les défections se multiplient dans l’entourage du dictateur qui ne supporte plus ses ordres injustes. Il est de notre responsabilité à tous de faciliter l’alternance démocratique et pacifique au Congo Brazzaville ; ce de façon à mettre fin à 33 ans de pouvoir SASSOU, c’est-à-dire 33 ans d’appauvrissement du peuple congolais et 33 ans de biens mal acquis par le tyran.

COMME MANDELA, MOKOKO SORTIRA DE PRISON POUR LA RENAIS-SANCE DU PAYS. »

Elie Smith
‪#‎FreeMokoko‬

Photo de BrazzaNews.
Brazzanews.fr

Congo: Situation honteuse et inacceptable

juin 17, 2016

Etat de siège de fait, véritable dictature après la forfaiture

 

ClJOsDjUkAAmOmv

Banjul, siège africain des droits de l’homme et… capitale de la dictature gambienne

mai 26, 2016

Le président de la Gambie, Yahya Jammeh, en septembre 2006.

Le président de la Gambie, Yahya Jammeh, en septembre 2006. Crédits : AP / Rebecca Blackwell
De sa longue et brillante carrière politique (1961-2014), le Sénégalais Abdou Diouf aura gardé deux grands regrets. D’abord celui de n’avoir pas réussi, en tant que secrétaire général de la Francophonie, à faire accepter le principe d’un visa francophone. Ce fameux sésame dont il a tant rêvé devait permettre à ses détenteurs de circuler en toute liberté de Kinshasa à Montréal en passant par Dakar, Beyrouth, Hanoï, Paris, Genève et Bruxelles.

Lire aussi : En Gambie, la « République islamique » dont personne ne veut

Les douze années (2002-2014) que M. Diouf a passées à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) n’ont pas suffi à vaincre les réticences des pays du nord membres de la Francophonie. M. Diouf en avait pris acte en quittant ses fonctions en novembre 2014 à Dakar.

Son second regret est celui d’avoir permis à Banjul, en 1989, à son corps défendant, de devenir le siège de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Un regret qui prend une signification particulière dans son long parcours rarissime durant lequel il fut gouverneur de région, ministre, premier ministre, président du Sénégal et enfin secrétaire général de l’OIF. Un regret ravivé par le contexte actuel de grandes tensions entre son pays et la Gambie, pays voisin livré à la dictature la plus féroce en Afrique.

« Sénégambie »

C’est en 1987 que l’Union africaine fait naître la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples pour en assurer la promotion et la protection sur le continent, puis garantir l’interprétation rigoureuse de la Charte africaine des droits de l’homme.

Initialement, c’est Dakar, la métropole sénégalaise, qui avait été choisie pour devenir capitale africaine des droits de l’homme. Mais, à coups d’arguments et de supplications, le président gambien de l’époque, Daouda Diawara (1970-1994), était parvenu à convaincre Abdou Diouf de retirer Dakar au profit de Banjul.

Lire aussi : Un drone filme le pillage pour la Chine des dernières forêts du Sénégal

La permutation était d’autant plus aisée à faire accepter au reste de l’Afrique que les deux pays travaillaient alors intensivement sur le projet de « Sénégambie » : fondre le Sénégal et la Gambie, territoire enclavé, dans une même entité politique.

La greffe faisant de Banjul la capitale africaine des droits de l’homme avait bien pris. Jusqu’au coup d’Etat militaire de 1994 qui a vu s’installer aux commandes du pays un jeune lieutenant du nom de Yahya Jammeh. Dès lors, plus rien ne sera comme sous Daouda Diawara pour les Gambiens.

Entre une séance de soins au palais présidentiel pour les malades atteints du sida et des sorties enflammées contre « les colons britanniques », Yahya Jammeh sévit contre ses opposants, la presse et s’en prend pays aux voisins. La Gambie a ainsi connu ces vingt-deux dernières années une centaine d’assassinats politiques et de disparitions non élucidées dont celles des journalistes Deyda Hydara en 2004 et de Chief Ebrima Manneh en 2006.

Plusieurs opposants ou acteurs de la société civile ont également été tués dans différents lieux de détention, dont la tristement célèbre prison de Mile 2.

Paradoxe gambien

Cette dérive dictatoriale de Jammeh met en évidence ce grand paradoxe qui fait de Banjul la capitale africaine des droits de l’homme. C’est donc ici, en Gambie, que les onze commissaires de la Commission africaine qui se réunissent deux fois par an en session ordinaire ont le plus à faire pour promouvoir et protéger les droits de l’homme.

Lire aussi : Gambie : l’ONU demande l’ouverture d’une enquête après le décès de trois opposants

Ils préfèrent pourtant regarder ailleurs par crainte d’un président qui n’a pas hésité à expulser, en juin 2015, la représentante-résidente de l’Union européenne, Agnès Guillaud.

En attendant que s’ouvre une ère nouvelle en Gambie, l’idée d’un transfert, même provisoire, du siège de la Commission fait son chemin, surtout parmi les organisations non gouvernementales des droits de l’homme.

Seidik Abba, journaliste et écrivain, est l’auteur de Niger : la junte militaire et ses dix affaires secrètes (2010-2011), (éd. L’Harmattan, 2013).

Lemonde.fr par Seidik Abbachroniqueur Le Monde Afrique

Tunisie : Marzouki lance un mouvement pour « empêcher le retour de la dictature »

décembre 23, 2014

Le président sortant, Moncef Marzouki.
Le président sortant, Moncef Marzouki. © AFP

Vingt-quatre heures après avoir reconnu la victoire à la présidentielle de Béji Caïd Essebsi, le président tunisien sortant Moncef Marzouki a annoncé mardi la création d’un mouvement visant à « empêcher le retour de la dictature ».

« J’annonce ici, de ce lieu, que nous lançons le mouvement du peuple de citoyens », a lancé mardi 23 décembre Moncef Marzouki du balcon de son QG de campagne devant une foule de partisans, en appelant les « démocrates » à s’y unir pour « empêcher le retour de la dictature », quatre ans après la révolution de janvier 2011. « Nous sommes de nouveau à un carrefour, a-t-il poursuivi.

Tout au long de la campagne, Moncef Marzouki a accusé Essebsi, vétéran de la politique tunisienne qui a servi sous les régimes du premier président tunisien Habib Bouguiba et de Ben Ali, d’être un représentant de l’ancien régime.

« La nécessité de former ce mouvement, le mouvement du peuple de citoyens, (vise) d’abord à empêcher le retour de la dictature parce qu’il y a malheureusement parmi ces gens des extrémistes qui veulent ramener la Tunisie au passé, et cela peut constituer un danger pour la stabilité du pays », a-t-il affirmé.

« Ni l’argent sale ni les médias biaisés ne peuvent changer le cours de l’histoire », a martelé Marzouki, tandis que ses partisans scandaient : « Le peuple veut une nouvelle révolution. »

« Organisez-vous de manière pacifique »

« Partout, organisez-vous de manière pacifique, de manière démocratique pour être la force qui repousse la dictature (…), qui lui fait peur et l’empêche de tenter de s’infiltrer et de revenir par la fenêtre alors que nous l’avons faite sortir par la porte », a-t-il ajouté.

Et Moncef Marzouki de conclure : « Je demande à tous les démocrates dont la cause est la défense des libertés, des droits et de la dignité, et non de l’aspect superficiel qu’ils appellent modernisme, qui est lié aux apparences et à la haine de l’identité arabo-musulmane, de s’unir au mouvement. »

Jeuneafrique.com avec AFP

Mourir, oui mais dignement

octobre 22, 2011

Le scénario est identique : fuite et traque, tunnels et grottes, espoir insensé d’une victoire jusqu’à la dernière minute. Mouammar, Hussein, Kaddafi, Saddam : même combat, même défaite, mêmes images de corps extraits de terre et de membres sanguinolents exhibés aux yeux du monde entier. Les chefs d’État arabes se succèdent et se ressemblent. Quand ils ne fuient pas comme des lapins, on les attrape « comme des rats »… Le prochain est déjà sur la liste, il est déjà à moitié brûlé mais ne lâche pas prise : Ali Saleh.

Mais pourquoi donc ces messieurs se comportent-ils de cette façon ? Souffrent-ils d’un déni de réalité, comme certaines mères souffrent de déni de grossesse ? La déroute est là, ils savent très bien qu’ils ne disposent plus que de quelques sympathisants en guenilles et de cent mètres carrés de territoire, ils n’ont plus que quelques branches de tribus sur lesquelles se raccrocher, aucun espoir de s’en sortir, ils savent que les Américains ont appris la devise de leur ancêtre Tarek Ibn Zyad, qui fonçait sur l’armée ennemie en criant : « Votre heure a sonné, la mer est derrière vous et devant vous l’ennemi ! ». Pourtant ils ne cèdent pas.

Croient-ils au miracle alors qu’ils n’ont ni l’aura ni la vertu des prophètes ?

L’ennemi possède en l’occurrence le visage des grandes puissances, au premier rang desquelles les États-Unis, l’ONU et l’Otan ; il avance au milieu d’une nuée de drones et de Mirage, de robots armés jusqu’aux dents ; il parraine les chababs et autres rebelles nourris d’idéaux allant quelques fois de paire avec des envies de dictature. Nos chefs pensent qu’ils vont s’en sortir, persuadés qu’ils sont invincibles et qu’ils reprendront le pouvoir en un tour main. Croient-ils au miracle alors qu’ils n’ont ni l’aura ni la vertu des prophètes ?

En plus du « déni de réalité », ils font un « déni d’Histoire » : ils se battent encore à coup d’épées et à dos de chameaux, ils brandissent leurs poignards au ciel en criant Allah akbar ! ayant oublié que Dieu est censé soutenir les justes et non les bourreaux, les faibles et non les puissants.

Est-il écrit dans le destin des chefs d’État arabes actuels de régner comme des tyrans et de mourir dans des trous ? Moi, j’aurais tellement voulu que les miens s’en aillent dignement, tout dictateurs qu’ils fussent. Qu’il s’administrent un poison comme les rois de l’Antiquité ou qu’ils se tirent un coup de revolver ! Au moins, il ne nous saliront pas par leur mort comme ils nous ont sali de leur vivant.

Jeuneafrique.com par Fawzia Zouari

Retour sur une dictature: Ces 10 phrases qui ont « tué » Gbagbo

octobre 11, 2011

Depuis le 11 avril dernier, Laurent Gbagbo est en captivité à Korhogo. L’homme qui narguait et bravait ses compatriotes, l’Afrique et le Monde, dans sa folle et suicidaire aventure de confiscation d’un pouvoir perdu dans les urnes, n’est plus que l’ombre de lui-même. Tant il a été réduit à sa plus simple expression. Exit « le combattant intrépide », « le Woudy de Mama », « le guerrier sans peur et sans pitié » ! Or donc, tout n’était que vanité ! Cela fait maintenant six mois que l’ancien opposant historique a été freiné dans son élan à conduire la Côte d’Ivoire à la guerre civile, et le déluge tant annoncé par ses laquais et hagiographes, s’il perdait le pouvoir, n’est pas arrivé. Mieux, plus personne, mis à part ses inconditionnels qui donnent dans les cris d’orfraie, ne se souvient encore de ce chef populiste à souhait, qui se prenait pour le centre de notre pays. A la vérité, plus que les urnes et la guerre perdue qu’il a engagée, Gbagbo s’est vaincu lui-même par la posture affichée, durant sa décennie de pouvoir. Pour le chef qu’il n’a jamais été, il parlait trop. Il parlait mal et déparlait le plus souvent. Alors que le chef est guidé par la sagesse, la pondération, l’humilité voire l’humiliation, Laurent Gbagbo était un homme belliqueux, provocateur et par trop volubile. Le penseur et philosophe chinois, Lao Tseu ne croyait pas si bien dire en affirmant que: « Celui qui peut vaincre les autres est fort. Celui qui s’est vaincu lui-même est vraiment puissant ». Telle est la tragédie du roi Gbagbo, l’homme victime de son propre discours, qui a fini par le perdre. Egrener les discours de l’ancien président ici, serait un travail titanesque, tant il a parlé à profusion dix années durant. Au point de tomber dans la vulgarité et la familiarité. Plus grave, contrairement à ses prédécesseurs et à son suivant, Gbagbo est parvenu à désacraliser un pouvoir justement sacré. Au lieu de rester sur le pinacle, il est descendu librement dans la mêlée, comme les gladiateurs entrent dans l’arène. Dès sa prise de fonction officielle, il lance à la cantonade à ses compatriotes : « Je voulais être Président pour montrer qu’un enfant de pauvre peut arriver au pouvoir ». Un programme bien maigre, s’il en est ! Qui a dit que la pauvreté était une tare congénitale ? Un Président qui a une telle conception de la conquête du pouvoir ne peut qu’annoncer un mauvais présage pour sa gouvernance. Quelques années plus tard, en 2005 à Agboville, il avouait publiquement devant ses militants et partisans éberlués, qu’il ne faisait plus partie de la classe des pauvres. « Avant, on n’avait rien. Maintenant, on a un peu ». On peut bien le dire quand on a un fonds de souveraineté de plus de 75 milliards pendant presqu’une décennie. Pour avoir gagné l’argent si facilement et troqué les habits défraichis des années d’opposition contre des costumes de bonne frappe.

« Avant, on n’avait rien. Maintenant, on a un peu »

Laurent Gbagbo ne pouvait qu’inscrire la facilité, le laxisme et l’impunité au cœur de son pouvoir. C’est pourquoi, recevant une fois les jeunes, il a dérouté plus d’une personne en tenant ces propos d’une extrême gravité : « On n’a pas besoin d’avoir un diplôme pour devenir quelqu’un ». Il ouvrait la boîte de Pandore du laxisme, de la facilité et de la tricherie, portés aux nues. Pour « être quelqu’un dans ce pays » sous Laurent Gbagbo, les jeunes notamment ceux dits « patriotes », ont pris le discours à la lettre et ont donné dans les raccourcis pour se forger une conviction. Ainsi, sous le Seplou de Mama, tuer les autres, tricher et frauder aux examens conférait une « respectabilité. La licence ainsi délivrée, sur le campus, Blé Goudé et ses sbires avaient réalisé une OPA sur les cités universitaires, prenaient en otage des chambres qu’ils louaient à des particuliers. Ceux qui étaient plus « courageux », assassinaient des opposants et devenaient ainsi des modèles à imiter dans une société en pleine déconfiture morale et identitaire. N’est-ce pas que Blé Goudé Charles, le tueur, le tricheur à la licence d’anglais était présenté comme un exemple sous la refondation ? C’est sûr, Gbagbo était un Président atypique, qui tuait de façon abrupte, tous les canons de légitimité et de pensée des hommes d’Etat. Les situations cocasses qui appelaient la sanction, étaient justement banalisées, voire encouragées. Un homme bien déroutant, que Laurent Gbagbo ! En 2009, lors d’une réception, il n’a pas hésité à donner un blanc seing à Marcel Gossio, l’ancien DG du Port Autonome, accusé de prédation des deniers publics. « Gossio, on dit que tu manges ! Continue de manger », a-t-il déclaré, au grand étonnement de l’assistance.

«Quand j’étais petit, je volais souvent »

Il ne fallait pourtant pas s’en offusquer, outre mesure. Telle était vraiment la psychologie de l’homme. On se rappelle qu’en 2008, au moment où le scandale des faux dollars mettait en cause l’un de ses collaborateurs, Gbagbo avait suscité l’hilarité générale quand la gendarmerie lui a présenté des échantillons de faux billets, en ces termes : « Mais, ce n’est même pas beaucoup… » Il aurait fallu présenter certainement des sacs de faux billets, pour émouvoir le roi Gbagbo. En meeting à Gagnoa, sa ville natale, précisément au quartier Dioulabougou, toujours en 2009, il a lâché le mot, véritable séisme pour les esprits lucides, mais la marque bien distinctive de sa gouvernance : « quand j’étais petit, je volais souvent pour manger ». En d’autres termes, voler n’est plus un défaut et un malandrin peu bien accéder un jour à la Magistrature Suprême. Ce message burlesque à souhait, a été bien compris par ses collaborateurs, qui ont ouvert la curée de l’économie nationale. Le vol généralisé est donc devenu le vecteur commun à tous les refondateurs. Là-dessus, les affaires n’ont pas manqué. Les commissions sur les achats d’armes, les 100 milliards de Trafigura suite aux déchets toxiques, le scandale des emplois fictifs au palais présidentiel, les milliards du café cacao, les 100 milliards de l’usine fictive de Fulton aux Etats-Unis, la casse des banques pendant la crise post-électorale….

«S’il n’y a pas d’élection, ça fait quoi » ?

La donne est connue. Quand on est nanti, le premier reflexe est assurément d’agrandir son harem. A tous ceux qui l’accusent, à tort ou à raison, d’avoir une pléthore de femmes, Laurent Gbagbo, le premier des citoyens à l’époque, ironisait en ces termes, face à la nation : « qui n’a pas de deuxième « bureau » dans ce pays ? Qui ? » La cerise sur le gâteau vient certainement de sa volonté à embastiller la démocratie et à organiser la répression tous azimuts. En novembre 2000, à ceux qui mettaient en doute son élection obtenue dans des « conditions calamiteuses » et dans le sang des Ivoiriens, il lance ses propos sans détour : « Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j’avance ». En décembre 2000, il récidive quand les militants du Rassemblement Des Républicains manifestent pour protester contre l’invalidation de la candidature du Président Ouattara aux législatives. A la télévision, Laurent Gbagbo donne licence aux soldats de massacrer son peuple : « Ordre est donné aux forces de l’ordre et de défense de châtier les fauteurs de troubles ». D’Abidjan aux villes de l’intérieur, une répression sans commune mesure s’abat sur les opposants. On dénombre plus d’une centaine de victimes. En mars 2004, il remet le couvert, à la faveur d’une marche du G7, réclamant la transparence des élections. Après avoir décrété le Plateau « Zone rouge », Gbagbo met en garde dans un discours sans équivoque sur ses intentions. « Si vous marchez, l’armée fera son travail », dit-il sur le petit écran. Bien sûr, l’armée aux ordres du dictateur a bien « fait son travail ». On a compté plus de 120 morts et des centaines de blessés.

« Matez sans réfléchir »

En octobre 2009, devant les exigences de son opposition qui réclame la tenue des élections, l’ancien et nouvel opposant historique réagit par une boutade à la démocratie et à l’alternance : « S’il n’y a pas d’élection, ça fait quoi ? » En août 2010, à Divo, lors de l’installation de la CRS, il conforte son choix pour un passage en force au scrutin présidentiel, en instrumentalisant davantage les forces de défense : « Matez sans réfléchir ! » Enfin, à la veille de la dernière élection présidentielle, arguant qu’il est « le candidat des Ivoiriens » et « l’enfant du pays », il mettait en garde ses opposants et la communauté internationale qui serait regardante sur la sincérité du vote. « Je n’ai peur de personne », martèle t-il, à la grande joie de ses inconditionnels. La suite, on la connaît ! Après cinq mois d’une crise post-électorale due à son refus de céder le pouvoir perdu dans les urnes, Laurent Gbagbo a fait une autre guerre qu’il a perdue, avant de se retrouver en détention. Plus que la loi des armes, ce sont les propres paroles du chef de la refondation qui l’ont perdu.

Le Patriote par Bakary Nimaga

Les cornes de la révolution politique

juin 7, 2011

La révolution sociopolitique avait de longues cornes
Quand la dictature noire avait dépassé les bornes
Le sang des martyrs versé au rythme de la marche
Ressemblait à une grande vague et historique tâche

Après avoir longtemps brûlé le stop de la vertu
Il était tombé dans les vices des hommes têtus
Bravant la colère et le malheur du peuple affamé
Vaillant résistant debout comme un homme enflammé

Avançant avec le feu pimenté et salé du courage
Pour faire tomber les derniers garde-fous sauvages
Vieillissant dans la rouille brune de la politique
Il était une machine grippée à l’allure drastique.

Le peuple avait bien eu raison de son pouvoir
Pour bien l’enfermer dans le tiroir de l’histoire
Afin qu’il vive une nouvelle ère démocratique
A l’aube de grands changements dynamiques

Bernard NKOUNKOU