Le gouvernement allemand a annoncé l’expulsion de deux diplomates iraniens en représailles à la condamnation à mort d’un dissident germano-iranien, dont la fille appelle les Européens à « utiliser tous les moyens » pour le sauver.
La sentence visant Jamshid Sharmahd, 67 ans, est « inacceptable », a dénoncé dans un tweet le chancelier Olaf Scholz, « demandant au régime iranien de revenir sur sa décision ».
En représailles, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a « fait convoquer le chargé d’affaires de l’ambassade d’Iran » pour « l’informer que nous n’acceptions pas la violation massive des droits d’un ressortissant allemand ».
« Le gouvernement a déclaré indésirables deux membres de l’ambassade iranienne et leur a demandé de quitter l’Allemagne dans un bref délai », a annoncé la ministre, demandant « une procédure d’appel équitable et conforme à l’Etat de droit ».
« Dernière chance »
Mme Baerbock avait déjà prévenu mardi que l’application éventuelle de cette sentence « entraînerait une réaction significative » de Berlin.
Jamshid Sharmahd avait été présenté devant un tribunal à Téhéran en février 2022 en étant accusé d’avoir participé à un attentat contre une mosquée à Chiraz, dans le Sud de l’Iran, qui avait fait 14 morts en avril 2008.
La justice lui a reproché en outre d’avoir établi des contacts avec des « officiers du FBI et de la CIA » américains et d’avoir « tenté de contacter des agents du Mossad israélien ».
Les soutiens de M. Sharmahd en Allemagne avaient rejeté ces accusations, exhortant Berlin à « agir immédiatement » pour « sauver [sa] vie ».
Les pays européens « devraient utiliser tous les moyens de leur arsenal politique », pour faire pression sur Téhéran, a réagi auprès de l’AFP sa fille, Gazelle Sharmahd, réclamant des « mesures extrêmes ».
« C’est la dernière chance de sauver la vie de mon père », a-t-elle prévenu, alertant sur la détérioration en prison de l’état de santé du dissident.
« Nous ne savons même pas où il est, nous ne savons pas comment il va ou même s’il est au courant de cette horrible nouvelle » du verdict, explique-t-elle.
La condamnation à mort de Jamshid Sharmahd a été prononcée par un tribunal de première instance et peut donc faire l’objet d’un recours devant la Cour suprême.
L’Iran avait annoncé en août 2020 l’arrestation du dissident qui résidait alors aux Etats-Unis, lors d’une « opération complexe », sans préciser ni où ni comment ni quand il a été arrêté.
Selon sa famille, il a été enlevé par les services de sécurité iraniens alors qu’il était en transit à Dubaï et amené de force en Iran.
« Jeu malsain »
Cette condamnation a été dénoncée par plusieurs ONG comme Amnesty International.
« Ils ont kidnappé Jamshid Sharmahd et maintenant ils l’envoient à la mort après un simulacre de procès », a dénoncé mardi Mahmood Amiry-Moghaddam, le directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège.
« En fait, la République islamique menace tout simplement de tuer un otage », a-t-il fustigé.
Téhéran avait provoqué une vague d’indignation internationale après avoir exécuté en janvier un ancien haut responsable du ministère iranien de la Défense, l’Irano-Britannique Alireza Akbari, reconnu coupable d’espionnage.
La condamnation à mort de Jamshid Sharmahd a été annoncée au lendemain de nouvelles sanctions de l’Union européenne contre l’Iran. Deux ministres iraniens et 30 autres personnes ont été sanctionnés lundi par l’UE pour la répression des manifestations en Iran organisées depuis la mort en détention, le 16 septembre, d’une jeune Kurde iranienne, Mahsa Amini.
Au moins 16 détenteurs de passeports occidentaux, dont six Français, sont détenus en Iran.
La plupart d’entre eux sont des binationaux mais l’Iran ne reconnaît pas le statut de la double nationalité pour ses ressortissants.
« Mon père et tous les binationaux sont des boucs émissaires dans ce jeu malsain auquel » le pouvoir iranien se livre, selon la fille du dissident.
Huit anciens ambassadeurs des États-Unis au Cameroun appellent les autorités de leur pays à faire pression pour que l’ex-ministre, âgé et malade, puisse sortir de prison. Et dénoncent la responsabilité de Julian Assange et de WikiLeaks dans cette affaire.
En juin dernier, le gouvernement britannique a décidé d’extrader Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, vers les États-Unis afin qu’il y soit poursuivi pour avoir diffusé, en 2010, des centaines de milliers de documents confidentiels volés au gouvernement américain. Cette décision rapproche un peu plus l’intéressé de la reddition des comptes. Assange fera sans nul doute appel de cette décision. Je souhaite vivement qu’il perde de nouveau et qu’il comparaisse bientôt devant un tribunal américain.
Robin des Bois, une fiction
Le monde verrait – et mesurerait peut-être alors – l’ampleur des dégâts que ses agissements criminels ont infligé aux amis et alliés des États-Unis. Son procès pourrait également mettre fin à la fiction remarquablement entretenue selon laquelle les actes d’Assange n’ont causé de tort à personne, qu’ils étaient courageux, voire dignes d’admiration.
Il est grand temps de rejeter l’idée erronée selon laquelle les agissements de cet individu – dans lequel beaucoup voient un Robin des Bois des temps modernes –, ont fait progresser la liberté de la presse ou apporté une transparence bienvenue dans la gouvernance des États. Ce n’est pas le cas. Au contraire, ils ont illégalement sapé le caractère confidentiel du partage d’informations utiles au bon fonctionnement de la diplomatie et indispensables à la promotion des intérêts de l’Amérique.
J’écris cette tribune en tant que diplomate américain à la retraite, dont les rapports et notes d’ambassade, comme ceux de mes nombreux collègues, ont été compromis, il y a plus de dix ans, par la publication infâme de ces documents volés.
Nul ne semble en mesure de dire combien de personnes dans le monde, parmi lesquelles de nombreux amis de l’Amérique, ont été lésées par les publications de WikiLeaks. Mais je connais au moins un cas où un honnête homme a passé plus de dix années de sa vie en prison pour des crimes présumés, jamais prouvés devant un tribunal. Cela s’est produit au Cameroun, où j’ai été ambassadeur des États-Unis entre 2004 et 2007.
Détention arbitraire
Là-bas, peu après la publication de WikiLeaks, Marafa Hamidou Yaya, diplômé de l’université du Kansas, a été emprisonné. À l’issue d’une procédure expéditive, il a été condamné à vingt-cinq années de prison pour corruption. Sans aucune preuve.
Avant son arrestation, Marafa Hamidou Yaya avait occupé plusieurs postes ministériels, notamment celui de secrétaire général de la présidence, sans doute le deuxième poste le plus important du pays. Des représentants de notre ambassade, que dirigeait alors Robert Jackson, ont assisté à son procès et l’ont dénoncé comme étant une farce. Bien qu’aucune preuve n’ait été fournie, le prévenu a été reconnu coupable de toutes les charges retenues contre lui.
Depuis, le rapport annuel du département d’État sur les droits de l’homme, qui est soumis au Congrès des États-Unis, présente M. Marafa comme un prisonnier politique. Il est incarcéré dans une prison militaire, dans une cellule humide, où la lumière du jour ne peut filtrer. Après son arrestation, celle qui fut sa fidèle secrétaire pendant une vingtaine d’années a été sauvagement assassinée à son domicile. Quant à son épouse, elle est morte sans avoir pu lui rendre visite ne serait-ce qu’une seule fois.
Les Nations unies ont officiellement déclaré que la détention de M. Marafa était arbitraire et ont exigé sa libération immédiate, ainsi qu’une indemnisation pour les dommages qu’il a subis. Cette requête n’a pas abouti, tout comme celle présentée, à plusieurs reprises, par l’ancien ministre lui-même pour raisons de santé.
Candidature à la présidentielle
Sept anciens ambassadeurs des États-Unis au Cameroun (Frances Cook, Harriet Isom, Charles Twining, John Yates, George Staples, Janet Garvey et Robert Jackson), qui connaissent et respectent M. Marafa, ont écrit avec moi aux administrations américaines successives pour leur demander de nous aider à obtenir sa libération. En vain.
L’administration Biden est pleinement consciente de cette situation, mais, à ma connaissance, elle n’a pris aucune mesure énergique en ce sens. Or, la santé du prisonnier s’étant considérablement détériorée au cours de ses dix années de prison, il est de plus en plus urgent d’agir. Cet homme âgé a survécu au Covid-19 (dont il n’est pas vacciné) l’année dernière. Devenu presque complètement aveugle, il souffre d’un grave problème cardiaque et a absolument besoin d’un traitement qui n’est pas disponible au Cameroun.
Récemment, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a écrit à de nombreuses reprises au gouvernement camerounais, lui enjoignant « de fournir à M. Marafa un accès immédiat à des soins médicaux adéquats, indispensables pour préserver sa vue ». Jusqu’à présent, cet appel n’a pas été entendu. M. Marafa a pourtant répété qu’il accepterait de partir en exil pour pouvoir se soigner, renonçant implicitement à tout rôle politique futur dans son pays.
Sudistes contre Nordistes ?
M. Marafa a été accusé de corruption. Mais son seul véritable crime est de m’avoir dit, en toute confidentialité en 2006, qu’il « pourrait être intéressé » par une éventuelle candidature à la présidence du Cameroun, dans l’éventualité où Paul Biya quitterait ses fonctions. La section politique de mon ambassade, que dirigeait habilement Katherine Brucker, actuelle cheffe de mission adjointe à Ottawa, avait naturellement rapporté cette information à Washington, dans un câble évoquant les scénarios possibles de la succession Biya. Lorsque ce câble a été publié par WikiLeaks, en 2010, cette confidence de M. Marafa a immédiatement fait la une des journaux camerounais. Cela a conduit directement à son arrestation, puis à son procès-spectacle l’année suivante.
Au Cameroun, où le quasi-nonagénaire Biya vient de fêter ses quarante années au pouvoir, la succession du président est un sujet si sensible que la simple évocation, par M. Marafa, de ses éventuelles ambitions a ébranlé le délicat équilibre tribal et politique du pays. De toute évidence, la coterie de M. Biya, composée essentiellement de chrétiens du Sud appartenant à la tribu Beti, s’est sentie menacée à la perspective de voir M. Marafa devenir président, au point qu’elle a décidé de le mettre définitivement sur la touche et qu’elle a manipulé le système judiciaire du pays à cette fin.
M. Marafa est un musulman du Nord, comme l’était Ahmadou Ahidjo, le seul autre président du pays depuis l’indépendance. Après avoir été pendant quarante ans les privilégiés du système, rien ne dérangerait davantage les « sudistes » que l’idée qu’un « nordiste » reprenne le pouvoir.
Confidences trahies
La publication de WikiLeaks s’est produite sous l’administration Obama-Biden. De nombreux responsables de l’administration actuelle occupaient des postes de haut niveau à l’époque. Ils sont donc parfaitement au courant de l’injustice que constitue l’incarcération de M. Marafa. Il n’est donc pas nécessaire de leur rappeler qu’il est de la responsabilité de notre gouvernement de protéger ceux qui ont pâti de la fuite massive de confidences qui avaient été partagées avec nous en toute bonne foi.
Ces responsables n’ont pourtant pas pris de mesures et n’ont même pas eu la curiosité de chercher à savoir combien d’autres « cas Marafa » existent de par le monde. Lorsque j’ai demandé au Bureau of Intelligence and Research (INR) de m’aider à rassembler les faits relatifs à cette affaire, il a décliné au motif que WikiLeaks n’était « pas une question relevant du renseignement ».
Je continue de croire que la décence élémentaire, la loyauté et le fair-play obligent les États-Unis à suivre de près le cas Marafa et des affaires similaires jusqu’à ce que justice soit réellement rendue. Non seulement ce serait la bonne chose à faire, mais cela montrerait à nos amis et collaborateurs du monde entier – y compris à ceux qui ont été affectés par WikiLeaks au point qu’ils ne veulent plus parler aux diplomates américains – que, même après avoir laissé se produire un événement aussi stupidement tragique, l’Amérique se montre à la hauteur de ses responsabilités.
En outre, je crains que les États-Unis soient en train de perdre la bataille de l’opinion mondiale sur cette affaire de WikiLeaks. Avec l’extradition d’Assange et les poursuites judiciaires qui l’attendent, le moment est venu d’expliquer pourquoi cette affaire est importante et pourquoi nous la prenons autant au sérieux. Les arguments spécieux selon lesquels Assange est un journaliste qui défend la liberté de la presse et la transparence trouvent malheureusement un écho auprès d’un trop grand nombre de citoyens, dont peu ont une idée du tort qui a été causé à Marafa. D’autres amis qui avaient fait confiance aux États-Unis ont connu un sort similaire, voire pire. Qui raconte leur histoire ? Si nous ne redoublons pas d’efforts pour expliquer tout cela, les États-Unis apparaîtront une fois de plus comme un pays tyran, qui dépasse les bornes.
Traitement médical
Si le vol et la divulgation, par WikiLeaks, de secrets gouvernementaux justifient l’extradition de Julian Assange et de le poursuivre en justice plus de dix ans après les faits, ne devrions-nous pas nous préoccuper des victimes de ce crime et prendre des mesures pour remédier à des situations telles que celle que vit M. Marafa ?
Pendant ce temps, Paul Biya dirige un Cameroun vacillant et sénescent, réprimant de manière incompétente et dans le sang la sécession anglophone, laissant Boko Haram franchir ses frontières de manière largement incontrôlée, et continuant à présider un pays richement doté qui, sous son règne, est loin d’avoir profiter de son extraordinaire potentiel.
Nul ne sait ce qu’il se passera lorsqu’il quittera enfin la scène, mais beaucoup redoutent que la transition s’accompagne d’une période de violence généralisée. Quelle occasion manquée qu’une personnalité aussi compétente que M. Marafa, qui a été éduqué aux États-Unis, ne figure plus parmi les solutions possibles au drame politique qui se profile au Cameroun !
Reste la possibilité qu’il soit libéré afin de pouvoir suivre un traitement médical en exil, et qu’il puisse ainsi vivre ses derniers jours dans la dignité et la liberté. Nous devons faire pression en faveur de cette issue, en faisant clairement savoir que le gouvernement américain le soutient et reconnaît sa responsabilité directe dans sa situation actuelle.
Il n’est pas trop tard
Voici deux choses que les lecteurs du Foreign service Journal peuvent faire pour nous aider. Premièrement, écrire à leurs représentants au Congrès, en particulier s’ils siègent à la Commission des relations extérieures du Sénat ou à la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, pour demander au département d’État et à la Maison-Blanche d’agir pour obtenir la libération de M. Marafa. Une forte expression de l’intérêt du Congrès pourrait aider le département d’État à trouver le courage qui lui fait défaut pour s’occuper de cette affaire (et n’hésitez pas à m’envoyer un courriel à nielsm@lclark.edu pour obtenir un modèle de message qui puisse facilement être collé dans un courriel adressé à votre sénateur).
Deuxièmement, si un lecteur a connaissance d’autres amis des États-Unis qui ont été affectés négativement par les révélations de WikiLeaks et qui ont besoin de l’attention de notre gouvernement, qu’il m’envoie ces informations par courriel. Je les partagerai avec l’INR, qui est, selon moi, la structure la mieux appropriée pour compiler l’ensemble des informations portant sur les effets néfastes de WikiLeaks.
Nos gouvernements successifs ont fait preuve de courte-vue et ont réagi de manière inadéquate. Notre incapacité à défendre vigoureusement les victimes de WikiLeaks durant la décennie écoulée est quasi-honteuse. Il n’est cependant pas trop tard pour que nous corrigions le tir. Pour cela, nous devons être plus nombreux à nous exprimer. Aidez-nous à le faire.
Avec Jeune Afrique
Par Niels Marquardt
Ancien ambassadeur des États-Unis au Cameroun, en Guinée équatoriale, à Madagascar et aux Comores.
Le Quai d’Orsay présente cette décision comme une réponse de Moscou à l’expulsion, en avril, de plusieurs diplomates russes soupçonnés d’espionnage.
Le gouvernement russe a décidé d’expulser 34 diplomates français.
Moscou a annoncé, ce mercredi, l’expulsion de 34 diplomates français de Russie en représailles aux expulsions en avril par la France de 41 Russes, dans la foulée de l’offensive en Ukraine. L’ambassadeur de France à Moscou, Pierre Lévy, a été convoqué mercredi au ministère russe des Affaires étrangères et s’est vu remettre une note signifiant que « 34 collaborateurs des établissements diplomatiques français en Russie ont été déclarés personæ non gratæ », a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué. Ils doivent quitter la Russie d’ici deux semaines, selon la même source.
De son côté, Paris a « condamné fermement » cette annonce en estimant que cette décision ne reposait sur « aucun fondement légitime ». « Cette décision est présentée par la partie russe comme une réponse aux décisions de la France » en avril dernier où « plusieurs dizaines d’agents russes » soupçonnés d’être des espions avaient été expulsés, indique un communiqué du Quai d’Orsay. « Le travail des diplomates et des personnels de notre ambassade en Russie s’inscrit à l’inverse pleinement dans le cadre de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires », ajoute-t-il.
La France a annoncé en avril l’expulsion de 41 diplomates russes qui se livraient, selon elle, à des activités d’espionnage sous le couvert de leur ambassade, précisant que la sanction s’inscrivait dans « une démarche européenne ». La Russie a « protesté fermement » mercredi contre « la décision provocatrice et infondée des autorités françaises » d’expulser les diplomates russes, a précisé le communiqué de la diplomatie russe en soulignant que cette mesure « porte un grave préjudice aux relations russo-françaises, ainsi qu’à une coopération bilatérale constructive ».
Expulsions de diplomates russes dans toute l’Europe
De nombreux autres pays européens, comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Slovénie, l’Autriche, la Pologne, la Grèce ou la Croatie, ont massivement expulsé des diplomates russes depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, le 24 février. Dans certains cas, ces expulsions ont été accompagnées d’accusations d’espionnage. Moscou a promis de répondre à chacune de ces mesures et des dizaines de diplomates occidentaux ont déjà été expulsés de Russie. Selon les médias russes, les ambassadeurs d’Espagne, d’Italie et de Suède ont également été convoqués mercredi au ministère russe des Affaires étrangères.
La diplomatie russe a annoncé, mercredi, expulser 24 diplomates italiens et 27 espagnols, en représailles à celles de Russes dans la foulée de l’offensive russe contre l’Ukraine. L’Italie a qualifié mercredi d’« acte hostile » l’expulsion par Moscou de diplomates italiens, français et espagnols, mais appelé à ne pas rompre les canaux diplomatiques avec la Russie. « C’est un acte hostile, mais il faut absolument éviter de rompre les relations diplomatiques. Cela ne doit pas conduire à la rupture des canaux diplomatiques parce que, si nous parvenons à la paix, nous y parviendrons grâce à ces canaux diplomatiques », a déclaré le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, lors d’une conférence de presse à Rome.
De son côté, l’Espagne « rejette » l’expulsion de 27 de ses diplomates en poste en Russie. « Les autorités russes justifient cette décision sur la base de la réciprocité après l’expulsion de 27 fonctionnaires de l’ambassade russe à Madrid annoncée en avril », a souligné le ministère dans un communiqué. « Mais l’expulsion décidée par les autorités espagnoles se basait sur des motifs de sécurité dûment justifiés, qui n’ont pas eu lieu » dans le cas de l’expulsion des diplomates espagnols, a poursuivi le ministère, assurant que ses diplomates en Russie avaient « toujours respecté pleinement les obligations prévues par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques ».
L’ambassade américaine de retour à Kiev
De leur côté, les États-Unis ont rouvert mercredi leur ambassade à Kiev, fermée mi-février avant même le début de l’invasion russe de l’Ukraine, a annoncé le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. « Aujourd’hui, nous reprenons officiellement les opérations à l’ambassade des États-Unis à Kiev. Le peuple ukrainien, avec notre aide sécuritaire, a défendu sa patrie face à l’invasion irresponsable de la Russie, et, en conséquence, la Bannière étoilée flotte à nouveau sur l’ambassade », a-t-il déclaré dans un communiqué après la levée du drapeau américain.
À la suite d’une visite à Kiev le 24 avril, Antony Blinken et le ministre américain de la Défense Lloyd Austin avaient annoncé le retour progressif d’une présence diplomatique américaine en Ukraine, au regard de l’amélioration de la situation sur le terrain, notamment à Kiev et dans sa région. La chargée d’affaires Kristina Kvien était revenue à Lviv le 2 mai et avait dit espérer un retour dans la capitale avant la fin du mois. Elle y a fait un bref passage le 8 mai pour commémorer le 77e anniversaire de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie. Antony Blinken a précisé avoir pris des « mesures additionnelles pour renforcer la sécurité » des diplomates américains, sans plus de détails.
Un mal mystérieux, surnommé « syndrome de la Havane » et parfois comparé à des « attaques acoustiques », frappe des diplomates américains depuis cinq ans à travers le monde. De quoi s’agit-il ? Une puissance rivale est-elle responsable ?
La visite de la vice-présidente des Etats-Unis Kamala Harris au Vietnam, retardée de plusieurs heures cette semaine par un « incident de santé anormal » signalé par l’ambassade américaine à Hanoï, a de nouveau braqué les projecteurs sur ce phénomène sur lequel Washington n’a toujours pas pu faire la lumière.
A quand remontent les premiers cas ?
C’est en 2016 que de premiers diplomates américains en poste à Cuba commencent à se plaindre de malaises.
Mais l’affaire n’éclate au grand jour qu’en 2017, lorsque le président américain de l’époque, Donald Trump, rappelle la majeure partie de ses diplomates de La Havane pour répondre à cette nouvelle menace.
Plus de vingt employés du gouvernement américain et membres de leurs familles sont concernés à Cuba entre fin 2016 et mai 2018, ainsi que des diplomates canadiens.
En 2018, des symptômes similaires frappent une dizaine d’autres diplomates américains en Chine. Des cas sont successivement signalés en Allemagne, en Australie, en Russie, à Taïwan et même à Washington.
En juillet dernier, le journal The New Yorker rapporte l’existence de plus d’une vingtaine de cas à Vienne, en Autriche, depuis le début de l’année.
Le département d’Etat américain refuse de fournir une estimation globale du nombre de personnes touchées. « Le nombre de 200 cas a été évoqué », confirmés ou présumés, dit à l’AFP une source proche du dossier, déplorant une forme d’omerta.
Quelles sont ses manifestations ?
« Beaucoup de gens entendent un bruit persistant, une douleur perçante, ressentent une forte pression dans leur tête », explique cette source, décrivant aussi des effets de long terme comme « des difficultés de concentration et des trous de mémoire ».
Les diplomates concernés ont souffert de maux divers incluant des problèmes d’équilibre et de vertige, de coordination, de mouvement des yeux, ainsi que de l’anxiété, de l’irritabilité et ce que des victimes ont appelé un « brouillard cognitif ». Des lésions cérébrales ont même été diagnostiquées.
« Chaque cas signalé d’un possible incident de santé inexpliqué est unique », et « nous prenons chaque signalement très au sérieux » pour « apporter aux employés touchés les soins et le soutien nécessaires », affirme à l’AFP un porte-parole de la diplomatie américaine.
Des chercheurs qui ont analysé les victimes par imagerie médicale ont expliqué que leur cerveau avait « subi quelque chose » provoquant des « changements ».
Quelles sont les causes ?
Des hypothèses plus ou moins farfelues se sont succédé, comme celle suggérant que le bruit en question correspondait au chant d’accouplement d’un grillon, ou encore une possible intoxication à des pesticides.
Mais selon un rapport de l’Académie des Sciences américaine, « l’énergie dirigée d’ondes radio » est la cause la plus probable de ces symptômes. Des faisceaux de micro-ondes sont une explication qui revient régulièrement.
Problème: malgré une enquête toujours en cours depuis les premiers cas, le gouvernement américain n’a pas été en mesure de « déterminer la cause de ces incidents ni s’ils constituent une attaque de la part d’un acteur étranger », reconnaît le département d’Etat.
« C’est difficile à croire, et même effrayant, car ceux qui enquêtent » au sein de la task force gouvernementale « sont les meilleurs », soupire la source proche du dossier.
Des « attaques » étrangères ?
Après le cas de Hanoï, l’ex-agent de la CIA Marc Polymeropoulos, lui-même victime à Moscou en 2017, a clairement évoqué l’hypothèse d’attaques.
« Il me semble que nos adversaires nous envoient un message clair, qu’ils ne sont pas uniquement en mesure de viser nos agents du renseignement, nos diplomates et nos militaires » mais aussi « nos plus hauts responsables », a-t-il dit mercredi au site spécialisé sur la sécurité nationale Cipher Brief.
Depuis le début, les autorités américaines ont oscillé, certains responsables minimisant des symptômes parfois attribués au stress, d’autres évoquant en privé de possibles attaques et soupçonnant des pays comme la Russie.
L’administration Trump, qui n’avait pas hésité à provoquer une crise diplomatique avec Cuba, avait été accusée par certaines victimes touchées en Chine de sous-estimer leur cas pour des raisons politiques: il s’agissait selon elles de ne pas se fâcher avec Pékin au moment où le milliardaire républicain négociait un accord commercial.
L’AFSA, principal syndicat représentant les diplomates américains, dit dans un document interne obtenu par l’AFP avoir dû insister pour que les victimes « présumées » soient traitées comme celles « confirmées ». Elle salue des progrès ces derniers mois — depuis l’arrivée de l’administration de Joe Biden.
Désormais, tout déplacement d’un diplomate en poste à Kinshasa dans l’arrière-pays est dorenavant soumis à une autorisation préalable du gouvernement.
C’est l’une des grandes décisions prises par le Conseil de sécurité présidée, le 23 février, par le chef de l’Etat, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à la suite du meurtre de l’ambassadeur d’Italie en RDC, Luca Attanasio. L’autre décision est le ferme engagement du gouvernement congolais de renforcer la sécurité dans les zones rouges. Tous les responsables des services de défense et sécurité réunis autour du commandant suprême des forces armées ont également pris l’engagement de tout mettre en œuvre, afin de rechercher, trouver et traduire devant la justice les coupables de ce crime.
Ces décisions résultent de plus de deux heures d’analyse de la situation dramatique survenue à Kibumba, dans le Nord-Kivu. Depuis lundi, le chef de l’Etat a ordonné des recherches approfondies des responsables du meurtre du diplomate italien. Une délégation est arrivée à Goma, le même mardi, pour suivre de près les instructions du chef de l’Etat.
Un autre émissaire du chef de l’Etat était attendu le 24 février à Goma. Le mardi en matinée, le couple présidentiel est allé exprimer sa compassion et réconforter la famille éplorée de l’ambassadeur Luca Attanasio.
Enfin, il est à préciser que la délégation du PAM se rendait de Goma, à Nyrangongo (Nord-Kivu) pour visiter un programme d’alimentation scolaire de cet organisme à Rutshuru, une route qui avait auparavant été autorisée à voyager sans escorte de sécurité. Cet axe routier avait, en effet, été déclaré « ligne verte » par le département des Nations unies chargé de la sécurité et la sûreté pour l’ensemble des organismes des Nations unies.
A en croire maints observateurs, il s’agit-là d’un acte criminel, dont les auteurs sont à rechercher ailleurs, plutôt que dans les seuls rangs des groupes armés, car on n’y trouve presque plus sur cette zone. Toutefois, les enquêtes sont en cours pour déterminer les vrais auteurs de l’assassinat du diplomate italien.
La Pologne et la Lituanie ont rappelé vendredi 9 octobre 35 diplomates en poste en Biélorussie, dans un contexte de fortes tensions diplomatiques avec ce pays qui accuse Varsovie et Vilnius de soutenir le mouvement de protestation consécutif à l’élection présidentielle contestée du 9 août.
De même que plusieurs autres pays membres de l’Union européenne, la Pologne a déjà rappelé son ambassadeur de Biélorussie. Sa décision de rappeler d’autres membres du personnel diplomatique intervient à la suite d’une demande des autorités bielorusses, selon le ministère polonais des Affaires étrangères.
«La limitation du personnel (diplomatique) polonais est un geste inamical auquel la Pologne répondra en temps opportun et d’une manière appropriée», a déclaré à l’agence de presse PAP le vice-ministre des Affaires étrangères Marcin Przydacz, annonçant que la Pologne rappelait 30 diplomates.
La Lituanie, qui avait elle aussi rappelé son ambassadeur à Minsk, a annoncé qu’elle rappelait cinq diplomates. La Lituanie espère que ce rappel «préservera les chances d’un dialogue» mais elle «prendra des initiatives réciproques si la Biélorussie continue à faire dégénérer la situation», a prévenu la porte-parole du ministère lituanien des Affaires étrangères Rasa Jakilaitiene L’Union européenne a refusé de reconnaître la victoire d’Alexandre Loukachenko à l’élection présidentielle et adopté des sanctions à l’encontre de responsables biélorusses accusés de fraude électorale et de violations des droits de l’homme.
Les autorités ukrainiennes ont reçu vendredi des diplomates occidentaux pour leur fournir des explications concernant la mise en scène du faux assassinat du journaliste russe Arkadi Babtchenko, qui a suscité de nombreuses critiques.
Une dizaine de diplomates se sont rendus au parquet général d’Ukraine où cette rencontre à huis clos a duré presque deux heures, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Cette réunion avec des diplomates en poste à Kiev des pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon) avait été annoncée la veille par le procureur général Iouri Loutsenko, qui avait indiqué à la télévision vouloir « expliquer tout ce qu’on peut expliquer dans le respect du secret de l’enquête ».
Vassyl Grytsak, chef des services de sécurité ukrainiens (SBU) qui ont organisé cette « opération spéciale », y a également participé, a confirmé à l’AFP une source au SBU.
Donné pour mort mardi soir, abattu de trois balles dans le dos, le journaliste Babtchenko, virulent critique du Kremlin exilé en Ukraine est réapparu vivant à lors d’une conférence de presse au siège du SBU le jour suivant.
Le SBU et le parquet général ont alors révélé que l’annonce de sa mort, qui avait suscité une vive émotion au-delà de l’Ukraine et la Russie, était une mise en scène.
Le procédé a été justifié comme nécessaire pour déjouer une tentative d’assassinat bien réelle organisée, selon Kiev, par les services secrets russes, visant M. Babtchenko mais aussi une trentaine d’autres personnes, en remontant de l’exécutant aux commanditaires.
Cette affaire a déclenché beaucoup de critiques, notamment de la part des organisations de journalistes qui se sont interrogées sur la nécessité d’un stratagème aussi extrême et sur les accusations de Kiev mettant en cause la Russie avant la révélation de la supercherie.
Berlin avait appelé à « faire la lumière » sur « un événement qui est pour beaucoup de gens incompréhensible dans le cadre de l’Etat de droit ».
Cette affaire « a définitivement rompu la confiance envers les sources d’informations ukrainiennes, y compris officielles », a dénoncé vendredi un porte-parole de la diplomatie russe Artiom Kojine, lors d’un conférence de presse. « Après ces événements, il devient clair, et pas seulement pour nous, qu’il faut vérifier plusieurs fois toute information venant de Kiev, car il peut s’agir d’un banal +fake+ ».
De nouvelles représailles de Washington étaient attendues après la décision du président vénézuélien Nicolas Maduro, réélu dimanche lors d’un scrutin très critiqué par la communauté internationale, d’expulser ses deux plus hauts représentants diplomatiques à Caracas, en réplique aux nouvelles sanctions des Etats-Unis.
« J’ai déclaré persona non grata le chargé d’affaires des Etats-Unis (Todd Robinson, ndlr) et j’annonce son départ dans les 48 heures », a déclaré le président socialiste, accusant M. Robinson de fomenter un complot militaire, économique et politique contre lui.
Nicolas Maduro a également ordonné l’expulsion du numéro deux de la mission diplomatique (les deux pays n’ont plus d’ambassadeurs respectifs depuis 2010), Brian Naranjo, qu’il a accusé d’être le représentant local de la CIA.
Il réplique ainsi au décret signé lundi par son homologue américain Donald Trump, visant à réduire la capacité du Venezuela à vendre ses actifs.
Washington pourrait d’ailleurs ne pas en rester là, un responsable du département d’Etat ayant dit mardi que les Etats-Unis pourraient prendre des « mesures réciproques appropriées » une fois reçue la « notification de la part du gouvernement vénézuélien à travers les canaux diplomatiques » de l’expulsion de leurs deux diplomates.
Ces nouvelles sanctions américaines s’inscrivent dans le concert de critiques internationales après la victoire de M. Maduro, 55 ans, avec 68% des voix contre 21,2% à son principal adversaire, Henri Falcon, 56 ans, dans le contexte d’une abstention record de 54% et d’un boycott par l’opposition qui dénonçait une « supercherie ».
– « Irrégularités » selon l’UE –
Les résultats annoncés, qualifiés de « farce » par les Américains, ont été aussi rejetés par le Groupe de Lima, une alliance de 14 pays d’Amérique et des Caraïbes qui comprend l’Argentine, le Brésil, le Canada, la Colombie et le Mexique. Ils ont rappelé dès lundi leurs ambassadeurs au Venezuela.
Mardi, Bruxelles a également haussé le ton: « L’Union européenne envisage des sanctions », a fait savoir la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini, dénonçant de « nombreuses irrégularités signalées le jour du scrutin, y compris l’achat de votes ».
Face à ces critiques, Caracas reste inflexible et crie au complot.
« Nous n’avons jamais vu une attaque internationale aussi impitoyable que celle menée contre ce processus » électoral, a dénoncé mardi la présidente du Conseil national électoral (CNE), la chaviste Tibisay Lucena, à l’occasion de la cérémonie de proclamation officielle de l’élection de M. Maduro.
Le ministère des Affaires étrangères a quant à lui fustigé « le lynchage politique et financier » du Venezuela par les Etats-Unis, où gouverne un « régime suprématiste, raciste et interventionniste (…) inspiré par les postulats néfastes du Ku Klux Klan ».
– Militaires arrêtés –
Mardi, la justice militaire vénézuélienne a emprisonné mardi onze officiers des forces armées vénézuéliennes, accusés d’avoir comploté des actions déstabilisatrices contre le président Maduro.
Ils ont été accusés de « mutinerie, d’incitation à la mutinerie, de crimes contre la discipline militaire et de trahison de la patrie », a déclaré à l’AFP l’avocate de l’ONG de défense des droits de l’homme Foro Penal, Maria Torres.
Selon l’ONG Justicia Venezolana, 92 militaires ont été arrêtés depuis 2003 pour conspiration, dont 34 en 2018.
Par ailleurs, une « procédure de sanction administrative » a été prise mardi à l’encontre du site web du prestigieux quotidien vénézuélien El Nacional, son directeur évoquant des « représailles politiques ».
La Commission nationale des télécommunications (Conatel) a ordonné au site web de « s’abstenir de publier des nouvelles et des messages qui pourraient menacer la tranquillité d’esprit des citoyens ».
Le Syndicat national des travailleurs de la presse dénonce l’escalade des « attaques » du gouvernement contre les médias, dans une « politique systématique d’accaparement et d’étouffement des espaces de liberté d’expression, de critique et de dissidence ».
Selon l’ONG Espacio Público, 51 médias ont cessé d’opérer au Venezuela l’année dernière –46 stations de radio, trois stations de télévision et deux journaux– en raison de sanctions, de problèmes économiques et du manque de fournitures comme le papier journal, monopole de l’État
– Débâcle économique –
Au plan économique, le Venezuela est dans la débâche: autrefois le pays le plus riche d’Amérique latine grâce à ses immenses réserves pétrolières, il n’est plus que l’ombre de lui-même, se débattant entre hyperinflation et graves pénuries d’aliments et de médicaments.
La crise a déjà fait fuir à l’étranger des centaines de milliers de Vénézuéliens, mais M. Maduro assure que la faute en revient à la « guerre économique de la droite », soutenue par Washington. Il promet une « révolution économique » porteuse de prospérité pendant son second mandat.
« Ce qui se profile à l’horizon, c’est un plus grand isolement diplomatique et commercial et plus de difficultés pour accéder au crédit et au financement », estime l’analyste Diego Moya-Ocampos, du cabinet britannique IHS Markit.
Les Etats-Unis agitent déjà la menace d’un embargo pétrolier, dont les conséquences seraient redoutables pour le Venezuela, qui leur vend un tiers de son brut et est classé en défaut de paiement partiel par les agences de notation.
« Le Venezuela commence déjà à subir un boycott économique de la part des Etats-Unis et de leurs alliés et cela va être fatal au maintien du régime », assure à l’AFP l’expert en relations internationales Carlos Romero.
Mardi soir, une des principales compagnies aériennes du pays, Aserca, a annoncé la cessation de ses activités, trois semaines après celle de la compagnie Santa Barbara, et suivant une longue liste de compagnies internationales qui ont cessé d’opérer au Venezuela.
Les Etats-Unis ont annoncé lundi « la plus importante expulsion » d' »espions » russes de l’Histoire, dans le cadre de représailles coordonnées du camp occidental qui replongent le monde au temps de la Guerre froide, après l’empoisonnement d’un ex-agent russe au Royaume-Uni, attribué par Londres à Moscou.
L’Australie s’est jointe mardi au mouvement, en annonçant l’expulsion de deux diplomates russes, portant à au moins 116 le nombre de diplomates russes qui doivent être expulsés dans 23 pays, dont 16 de l’Union européenne.
Moscou, qui nie être à l’origine de l’empoisonnement à l’agent innervant de Sergeï Skripal et de sa fille Ioulia le 4 mars à Salisbury (sud de l’Angleterre), a immédiatement dénoncé un « geste provocateur » et promis de riposter à son tour, au risque de relancer la guerre des sanctions. « La Russie n’a jamais eu et n’a rien à voir avec cette affaire », a répété le Kremlin.
Washington mène, et de loin, le mouvement, avec l’expulsion de 60 diplomates russes considérés comme des « agents de renseignement » (48 dans diverses missions aux Etats-Unis, et 12 à la mission russe auprès de l’ONU) et la fermeture du consulat de Russie à Seattle, sur la côte Ouest, en raison de la proximité de la plus grosse base de sous-marins nucléaires américains.
Il s’agit de la manifestation de « solidarité » américaine la plus marquée avec Londres depuis l’empoisonnement attribué par Londres à la Russie, et ce malgré les réticences persistantes du président Donald Trump à critiquer frontalement son homologue russe Vladimir Poutine.
Déplorant un « grave coup à la fois quantitatif et qualitatif » à la présence russe aux Etats-Unis, l’ambassadeur de Russie Anatoli Antonov a estimé sur le site d’information public Sputnik que Washington avait « réduit à néant le peu qu’il restait encore des relations russo-américaines ».
« Les Etats-Unis sont prêts à coopérer pour bâtir une meilleure relation avec la Russie, mais cela ne peut se produire que si le gouvernement russe change d’attitude », a commenté la Maison Blanche.
Le président du Conseil européen Donald Tusk a, lui, prévenu que « de nouvelles expulsions » n’étaient « pas exclues » après cette opération « concertée ». « Pour la première fois depuis la Deuxième guerre mondiale, une arme chimique a été employée en Europe », a souligné le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.
La France, l’Allemagne et la Pologne ont demandé chacune à quatre diplomates russes de partir, suivies notamment par les pays baltes, la Hongrie ou encore l’Espagne. L’Ukraine, en guerre avec des séparatistes pro-russes depuis 2014, en a chassé 13, et plusieurs autres pays, membres de l’Otan pour la plupart, en ont déclaré d’autres persona non grata.
Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a estimé que cette attaque participait d’un « schéma de comportement dangereux et délibéré de l’Etat russe qui constitue une menace croissante pour la sécurité internationale ».
L’Islande a de son côté annoncé, à l’instar de Londres, un boycott diplomatique de la Coupe du monde de football en Russie en juin-juillet.
– « Réponse extraordinaire » –
Le Royaume-Uni, qui avait déjà expulsé 23 diplomates russes, a salué la « réponse extraordinaire » de ses alliés. Cela « constitue le plus grand mouvement d’expulsion d’agents russes de l’histoire », s’est réjoui le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson, tandis que la Première ministre Theresa May a estimé que la Russie était ainsi avertie qu’elle ne peut plus « bafouer le droit international ».
L’empoisonnement de l’ex-agent russe a provoqué une grave crise diplomatique entre Moscou et Londres.
Le président américain s’était jusque-là montré moins catégorique. Son appel à Vladimir Poutine pour le féliciter de sa réélection, la semaine dernière, a même été critiqué aux Etats-Unis car Donald Trump avait évité ce sujet délicat, préférant évoquer une possible rencontre pour désamorcer des tensions sans précédent depuis la Guerre froide.
« Bien s’entendre avec la Russie (et d’autres) est une bonne chose, pas une mauvaise chose », avait déclaré M. Trump, dont la promesse de rapprochement avec Moscou s’est heurtée depuis son arrivée à la Maison Blanche début 2017 à l’enquête sur des soupçons de collusion entre son équipe de campagne et le Kremlin avant son élection en 2016.
– « Solidarité effective » –
Mais les élus du Congrès des deux bords, qui réclament un durcissement de ton, semblent avoir eu raison de ses réticences.
« Nous prenons ces mesures pour démontrer notre solidarité indéfectible avec le Royaume-Uni, et pour imposer à la Russie de sérieuses conséquences pour ses violations continuelles des normes internationales », a expliqué le département d’Etat américain.
L’annonce a été « applaudie » par un ex-ambassadeur américain à Moscou sous la présidence du démocrate Barack Obama, Michael McFaul.
Pour Michael Carpenter, du centre de réflexion Atlantic Council, il s’agit d’un « message fort », « décuplé » par la « coordination entre les deux rives de l’Atlantique », mais « symbolique » car la Russie va répliquer du tac au tac.
L’administration Obama avait expulsé 35 agents russes fin 2016 pour punir Moscou de son ingérence présumée dans l’élection présidentielle américaine, démentie par Moscou. Dans un premier temps, le président russe Vladimir Poutine avait choisi de ne pas riposter, laissant sa chance au nouveau président américain. Mais devant l’absence d’embellie dans les relations, la guerre des sanctions avait été relancée à l’été 2017.
Bruxelles – Trente diplomates russes vont être expulsés par quatorze pays de l’Union européenne à la suite de l’empoisonnement en Grande-Bretagne de l’ex-espion russe Sergueï Skripal, selon un comptage effectué par l’AFP sur la base des annonces faites lundi par les différents gouvernements.
Les annonces ont été concertées et coordonnées entre les Etats membres et d’autres pays devraient annoncer leurs décisions dans les prochains jours, a expliqué le président du Conseil européen, Donald Tusk, de Varna en Bulgarie, où il participe à une réunion entre les dirigeants de l’UE et le président turc Recip Tayyip Erdogan.
« De manière concertée, 14 pays de l’UE ont décidé d’expulser des diplomates russes », a déclaré M. Tusk, ajoutant que « des mesures supplémentaires, incluant de nouvelles expulsions, ne sont pas exclues dans les prochains jours et (les prochaines) semaines ».
D’autres pays de l’UE vont se joindre aux 14 dans les prochains jours, a assuré à l’AFP une source européenne.
Le gouvernement belge doit notamment se réunir mardi pour prendre sa décision, a-t-on appris de source belge.
Les diplomates russes expulsés ont « une semaine » pour quitter le territoire avec leurs familles, précisent les communiqués publiés par les gouvernements européens. La République Tchèque a ordonné leur départ « pour le 1er avril », la France leur a donné « une semaine » pour partir.
La Grande-Bretagne a pour sa part expulsé 23 diplomates russes.
La mesure avait été décidée par les chefs d’Etat ou de gouvernement réunis en sommet jeudi dernier à Bruxelles après l’adoption d’une déclaration incriminant la Russie dans l’empoisonnement de l’ancien agent double russe et de sa fille Yulia le 4 mars à Salisbury.
Les dirigeants européens ont dans un premier temps voulu expulser des diplomates en poste dans les représentations de la Russie auprès de l’Union européenne, mais ces derniers sont officiellement accrédités auprès du Royaume de Belgique, puisque les institutions, entités non-étatiques, sont situées sur le territoire belge. La décision de les expulser aurait incombé aux autorités belges, ce que le Premier ministre belge Charles Michel a refusé de faire, a raconté à l’AFP un des participants à la réunion.
Les dirigeants européens ont alors demandé le rappel du chef de la délégation de l’UE à Moscou pour consultations, la première mesure annoncée pendant le sommet, renvoyant à ce lundi des mesures nationales coordonnées.
L’Allemagne a annoncé quatre expulsions, la France quatre, la Pologne quatre, la République Tchèque et la Lituanie trois, l’Italie, le Danemark et les Pays-Bas deux, l’Estonie, la Lettonie, la Finlande, la Roumanie, la Suède et la Croatie une, soit un total de 30.
Les Etats-Unis ont pour leur part expulsé 60 « espions » russes, tandis que l’Ukraine et le Canada ont respectivement procédé à 13 et quatre expulsions.