Posts Tagged ‘Djibouti’

Ce jour-là : le 27 juin 1977, Djibouti proclame son indépendance

juin 27, 2022

Il y a quarante-cinq ans, l’ex-Territoire français des Afars et des Issas se libérait du joug de la puissance coloniale. Retour sur les premières heures de cet État que beaucoup pensaient condamné.

Le président Ismaël Omar Gueleh lors de l’inauguration du mémorial sur le barrage de Balbala, le 25 juin 2022. © Présidence Djibouti

Ce 27 juin, la République de Djibouti célèbre le 45e anniversaire de son indépendance. Et c’est déjà presque un exploit. « Des lendemains incertains », choisissait de titrer Jeune Afrique dans son numéro de mai 1977, tandis que Le Monde s’interrogeait ouvertement sur la viabilité « de la colonie la moins attrayante de la France ». Peu d’observateurs prévoyaient à cette époque un avenir autre que funeste à ce pays grand comme la région normande et dépourvu de toute richesse naturelle autre que son soleil écrasant et son emplacement géographique. « Un pays si désertique que même le chacal faisait son testament avant de le traverser », rappelait Ismaël Omar Guelleh (IOG), le 25 juin, en inaugurant le Mémorial du barrage de Balbala devant le gouvernement djiboutien au grand complet.

Un événement de taille pour le pays qui dévoile ainsi le premier lieu de mémoire consacrée à sa courte histoire. Une manière de clore définitivement le passé colonial, « pas pour le ressasser, mais pour ne pas l’oublier, afin de mieux le transmettre », a expliqué le chef de l’Etat djiboutien, après la visite du mémorial, consacré donc à la ceinture de barbelés électrifiés construite sur 14,5 km, avec miradors et champs de mines, pour fermer la péninsule de Djibouti, son port et sa ville « blanche ».

Construits sur l’emplacement d’une ancienne guérite, entre la ville de Balbala et la frontière avec la Somalie, les deux bâtiments de ce mémorial enfermeront à termes une bibliothèque, ainsi que les archives nationales consacrées à la période coloniale du pays. Erigée au lendemain de la visite du général de Gaulle en août 1966, reçu à coups de pancartes et de banderoles indépendantistes, le barrage n’a été démantelé qu’au soir du 27 juin 1977. Ce qui correspond « aux dix années les plus rudes et les plus violentes qu’a connu notre pays avant son indépendance », a rappelé IOG, qui a profité de la journée pour décorer 23 personnes, victimes ou simples témoins de cette période douloureuse. Avec ce mémorial sur « le mur de la honte », le chef de l’Etat veut redonner toute leur fierté à ses compatriotes et renforcer cette « djiboutiannité, basée sur le désir de  vivre ensemble », mise en avant par IOG.

Car si le pays a réussi à déjouer tous les pronostics mortifères qui entouraient sa naissance, « il le doit à ses enfants, héritiers des valeurs de liberté et de souveraineté chères à Djibouti », estime le président qui n’a pas oublié les vives revendications des puissants voisins éthiopiens et somaliens sur son pays. Dès 1966, le Négus Haïlé Sélassié rappelait au président Charles de Gaulle, alors en visite à Addis-Abeba, que Djibouti « allait naturellement revenir à l’Éthiopie », alors que le Front de libération de la Côte des Somalis (FLCS) rêvait de ramener sa cinquième branche à l’étoile du drapeau somalien. En février 1976, la prise d’otages de Loyada perpétrée par des militants du FLCS se solde par la mort de 2 des 31 enfants français présents dans le bus, ainsi que par celle des 7 membres du commando et de quelques soldats somaliens. Elle précipite le départ des Français. Un peu avant minuit le 27 juin 1977, le président Valéry Giscard d’Estaing annonce depuis son bureau de l’Élysée « qu’à la place de l’ancienne Côte française des Somalis, devenue le Territoire français des Afars et des Issas, va naître l’État indépendant et souverain de la république de Djibouti », entérinant ainsi la décision adoptée à 98,7 % quelques semaines plus tôt par le peuple djiboutien lors du référendum du 8 mai.

En claquant la porte

Le jour J, rien n’est prêt ou presque. La France part brusquement, comme vexée, en claquant la porte, à l’exemple du patron de l’ORTF local qui remet les clés des locaux de la radio nationale au dernier Djiboutien qu’il croise sur le tarmac de l’aéroport, juste avant de s’embarquer pour Paris. Bien sûr, elle lègue au pays une nouvelle capitale, Djibouti-Ville, choisie en 1888 pour sa rade mais à l’écart des grandes routes caravanières traditionnelles. Elle laisse aussi un port, alors le troisième en France derrière Marseille et Le Havre et qui, à lui seul, justifie la présence française depuis l’ouverture du canal de Suez en 1869 ; une voie ferrée qui, depuis 1917, le raccorde à la capitale éthiopienne pour constituer le poumon économique du territoire ; et quelques kilomètres de route bitumée qui relient Djibouti à la station d’Arta, où aiment aller se rafraîchir les ressortissants français.

La France laisse surtout derrière elle un contingent de 2 900 soldats, à la suite des accords de défense négociés durant les dernières semaines avec les nouvelles autorités, qui lui permet de maintenir son influence le long d’une route maritime par laquelle circulent déjà 25 % du commerce mondial et 15 % du transit pétrolier annuel.

Un enfant passé à vélo devant un graffiti célébrant l'indépendance de Djibouti, en 1977, à Djibouti, le 4 mai 2015. © CARL DE SOUZA/AFP.
Un enfant passé à vélo devant un graffiti célébrant l’indépendance de Djibouti, en 1977, à Djibouti, le 4 mai 2015. © CARL DE SOUZA/AFP.

Cette présence militaire française représente aussi une « assurance-vie » pour le jeune État, alors que l’Éthiopie et la Somalie massent leurs troupes aux frontières, en préparation à la guerre de l’Ogaden, qui sera déclarée moins de quinze jours après l’indépendance de Djibouti. Malgré la menace, les Djiboutiens n’autorisent l’installation de cette base qu’à la condition de voir leur monnaie continuer d’être rattachée au dollar, comme c’est le cas depuis 1949, au lieu d’entrer dans le panier commun du franc CFA comme le souhaite l’ancienne puissance – ils ne veulent pas des dévaluations successives qu’a connues le franc depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Activisme diplomatique

Le pays est économiquement exsangue, et la guerre qui gronde dans la sous-région va sérieusement contracter l’activité du port et de sa voie ferrée. Sans autre revenu pendant de longs mois que la redevance payée par la France pour la présence de ses troupes, Djibouti boucle en 1977 un premier budget constitué à 85 % de contributions internationales.

Le front commun présenté au moins jusqu’en 1978 par le président Hassan Gouled Aptidon et son Premier ministre, l’Afar Ahmed Dini Ahmed, permet d’éviter le conflit ethnique et la « libanisation » du pays que beaucoup lui promettent, tout en jetant les bases d’une identité djiboutienne. Reste encore à asseoir l’existence même de la petite République en trouvant sur la scène extérieure les soutiens qui l’aideront à rompre son isolement diplomatique, tout en l’aidant à faire face à ses urgences économiques.

Ce n’est pas un hasard si la date du 27 juin a été retenue. Le « père de l’indépendance », Hassan Gouled Aptidon, veut en effet voir son pays devenir le 49e membre de l’Organisation de l’union africaine (OUA) dès la réunion de l’institution prévue trois jours plus tard à Addis-Abeba. Une fois l’adhésion validée, le président djiboutien part au Caire, siège de la Ligue arabe, où il sait pouvoir compter sur le soutien des Saoudiens désireux de s’implanter dans la Corne. Quelques mois plus tard, Djibouti devient le 21e membre de l’organisation, le premier non arabe.

Îlot de stabilité

En quelques mois, l’arrivée des pilotes égyptiens et des instituteurs tunisiens permet la réouverture des bassins portuaires et des écoles. Ce soutien financier et technique arabe se révèlera sans faille. C’est Ryad qui réglera la facture de « la route de l’unité » reliant Djibouti-Ville à Tadjourah, réalisée en 1988 par des ingénieurs yougoslaves. Dubaï, lui, fera définitivement rentrer le port de Djibouti dans l’ère maritime moderne en livrant clé en main le terminal à conteneurs de Doraleh à la fin des années 2000. Cet activisme diplomatique impulsé par le premier président djiboutien est perpétué par son successeur à partir de 1999, Ismaël Omar Guelleh, son ancien chef de cabinet. Ce dernier tirera le meilleur parti d’une conjonction d’évènements internationaux qui vont se succéder pour placer son pays au centre de toutes les attentions diplomatiques et militaires. De la lutte contre la piraterie et le terrorisme international, à l’émergence économique d’un marché éthiopien enclavé, tout le monde semble avoir une bonne raison de s’installer dans le pays.

À commencer par la Chine, qui, depuis dix ans, y a investi plus d’une dizaine de milliards de dollars pour en faire sa porte d’entrée maritime sur le continent. Définitivement unifié depuis 2001 et la signature de l’accord de paix signé entre les communautés afar et issa après la guerre civile qui a dévasté le pays entre 1991 à 1994, Djibouti apparaît aujourd’hui, paradoxalement, comme le seul îlot de stabilité dans une région en crise. De quoi attirer les investisseurs du monde entier et entretenir le rêve de la petite République de devenir « le Singapour de l’Afrique ». En espérant qu’il ne se réalise pas au prix de sa souveraineté.

Avec Jeune Afrique par Olivier Caslin

Huit migrants morts, 12 disparus, éjectés d’un bateau par des passeurs près de Djibouti

octobre 4, 2020

Huit migrants, des Ethiopiens, sont morts et 12 autres sont portés disparus après que des passeurs les ont éjectés d’un bateau au large des côtes de Djibouti, a déclaré à Nairobi une porte-parole de l’Office international des migrations (OIM), une agence des Nations unies.

«Selon des témoins survivants, que l’OIM a secourus, trois passeurs ont violemment poussé des jeunes hommes et des jeunes femmes hors du bateau qui était alors en pleine mer», a dit cette porte-parole, Yvonne Ndege

Par Le Figaro avec AFP

                                                  

Comment Djibouti résiste au coronavirus

mai 1, 2020

Commerces fermés à Djibouti, pendant l'épidémie de Covid-19, en mars 2020.

Commerces fermés à Djibouti, pendant l’épidémie de Covid-19, en mars 2020. © AFP

 

Depuis le début du mois de mars, Djibouti mène une politique sanitaire efficace. Mais le principal danger pourrait venir de l’extérieur, et notamment de l’Éthiopie et de la Somalie, deux voisins bien moins préparés.

Dans une Corne de l’Afrique ouverte aux quatre vents du Covid-19, Djibouti fait figure d’exception. Entre l’Éthiopie, qui accueille des vols directs venus de Chine en même temps que quelques milliers de ses ressortissants expulsés d’Arabie saoudite et potentiellement infectés, et la Somalie, qui fait avec les maigres moyens sanitaires, sécuritaires et statistiques dont elle dispose, la petite République a rapidement appliqué les gestes barrières.

Le 7 mars, le pays était fermé et le ciel bouclé. Un confinement par quartiers a rapidement été instauré dans la capitale, où vivent 80 % des Djiboutiens. Le premier cas confirmé a été celui d’un soldat espagnol des forces spéciales européennes, immédiatement évacué. Dans la foulée, les divers contingents militaires étrangers installés dans le pays se cloîtraient dans leurs bases respectives et demandaient à leur personnel djiboutien de rester chez eux (seuls deux cas ont été pour l’instant identifiés au camp Lemonnier, qui abrite les forces américaines). « La politique de dépistage pouvait alors démarrer », explique le Dr Houssein Youssouf Darar, spécialiste en maladies infectieuses et responsable de la prise en charge globale du Covid-19 sur le territoire.

Depuis le début du mois de mars, Djibouti dispose, d’abord grâce à l’Allemagne et à la Turquie, puis grâce au milliardaire chinois Jack Ma, de stocks suffisants pour « tester efficacement de manière ciblée la population », précise le scientifique.

Tests et isolement des malades

Les derniers rentrés ont été les premiers testés, ainsi que leurs proches quand les cas s’avéraient positifs – « parfois jusqu’à 25 personnes », insiste le Dr Darar. Plus de 2 000 tests ont ainsi été réalisés. « Beaucoup de gens sont ensuite venus se faire dépister d’eux-mêmes, dès les premiers symptômes, nous permettant d’identifier de nombreux cas », reprend le praticien.

Dans la capitale, l’hôpital Bouffard s’est transformé en centre de quarantaine et de diagnostic pour l’ensemble du pays. Des zones tampons ont été installées à Galafi, point de passage avec l’Éthiopie, et à Loyada, sur la frontière somalienne. Djibouti a ainsi pu tester près de 12 000 personnes à la date du 27 avril, pour 1 023 cas actifs. « Nous avons pu contenir le virus en identifiant et en isolant les malades rapidement », affirme Houssein Youssouf Darar.

Aujourd’hui, un tiers d’entre eux seraient même guéris grâce à un protocole conjuguant chloroquine et azithromycine. De quoi commencer à envisager une sortie de crise sanitaire pour les autorités. « Nous sommes en train de connaître notre pic puisque le nombre de guérisons est désormais supérieur à celui des nouveaux cas, mais nous devons rester vigilants », prévient le spécialiste, qui connaît parfaitement les limites structurelles du système de santé djiboutien.

Le président Ismaïl Omar Guelleh (IOG) a ainsi dû hausser le ton, le 22 avril, pour demander à ses compatriotes de mieux respecter les mesures de confinement, menaçant notamment de placer la capitale sous couvre-feu.

Éthiopie et Somalie, deux voisins vulnérables

Mais le principal danger pourrait venir de l’extérieur, par une transmission communautaire qui ne connaît pas les frontières. « Rien que ces cinq derniers jours, treize personnes en provenance d’Éthiopie ont été testées positives », rappelle Houssein Youssouf Darar. Surtout que l’Éthiopie et la Somalie, voisins de la petite République, sont très loin d’avoir appliqué de telles mesures de dépistage.

L’Éthiopie n’annonce actuellement qu’un peu plus de 120 cas et trois décès sur une population de près de 110 millions d’individus. « Mais ils ne testent que les personnes symptomatiques et les centres de quarantaine existant aujourd’hui sont très loin d’être conformes aux directives de l’Organisation mondiale de la santé [OMS] », affirme le responsable d’une ONG depuis Addis-Abeba.

Le confinement imposé par les autorités se révèle impossible à respecter par la population et aucune politique de tests à grande échelle n’est envisagée. Le système de santé de l’Éthiopie risque fort d’être vite submergé si, comme le craignent de nombreux observateurs, jusqu’à 2 millions de ses ressortissants s’avèrent porteurs du virus à la fin de mai.

En Somalie, les contaminations progressent de façon spectaculaire.

La Somalie est quant à elle longtemps restée hors des radars, jusqu’à ce que les Nations unies tirent la sonnette d’alarme mi-avril. Depuis, les chiffres progressent de façon spectaculaire. Plus de 110 nouveaux cas ont été répertoriés ces dernières quarante-huit heures, portant le total des actifs à 436, alors que le pays annonce déjà 23 morts. Avec plusieurs organisations humanitaires, l’ONU vient de présenter un plan sur neuf mois pour aider le pays à contrer le virus.

La Somalie a bien reçu un peu de matériel de la Turquie, mais elle ne dispose ni des équipements de dépistage ni des installations sanitaires nécessaires pour faire face à la vague qui s’annonce.

Des tensions politiques internes ralentissent également tout processus. Arrivés le 22 avril à Addis-Abeba, les dons de Jack Ma ont mis une semaine supplémentaire pour parvenir dans les régions autonomes du Somaliland et du Puntland. Pour nombre d’experts, la Somalie fait « peser une menace sur l’ensemble de la sous-région ». Que Djibouti, barricadé derrière ses mesures de confinement et sa politique de dépistage, espère bien éviter.

Avec Jeune Afrique par Olivier Caslin 

 

Djibouti inaugure la future plus grande zone franche d’Afrique

juillet 5, 2018

Vue générale du port de Djibouti le 27 mars 2016 / © AFP / Simon MAINA

Djibouti a inauguré jeudi ce qui doit devenir à terme la plus grande zone franche sur le continent africain, destinée à lui permettre de tirer pleinement profit de sa situation stratégique à l’entrée de la mer Rouge.

Lors d’une cérémonie dans la capitale, Djibouti-ville, le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh a vanté les mérites d’un « projet phare », point culminant de plusieurs récents projets d’infrastructures allant « dans le sens du renforcement de la place de Djibouti dans le commerce et les échanges internationaux ».

Situé le long d’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, entre océan Indien et canal de Suez, Djibouti a inauguré en 2017 trois nouveaux ports et une ligne ferroviaire le reliant à l’Éthiopie, dans le cadre de son projet visant à devenir la plateforme commerciale de la région.

Le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo » a parlé avec cette zone franche d’une « victoire pour l’Afrique de l’Est ». Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, le président rwandais Paul Kagame et le président soudanais Omar el-Béchir ont fait écho à ses propos.

La zone franche, connectée aux principaux ports de Djibouti, est destinée à diversifier l’économie djiboutienne, créer des emplois et attirer des investissements, en permettant aux compagnies étrangères d’être exonérées de taxes et de bénéficier d’un soutien logistique de qualité.

Des femmes de Djibouti participent à une répétition avant l’inauguration de la zone franche le 5 juillet 2018nn women take part in reheasals for ribbon cutting in front of the main gate of Djibouti International Free Trade Zone (DIFTZ) before an inauguration ceremony in Djibouti on July 5, 2018. / © AFP / Yasuyoshi CHIBA

La première phase de ce projet lancée jeudi comprend une zone de 240 hectares. Une fois terminé, ce projet de 3,5 milliards de dollars (3 milliards d’euros), dont la construction est prévue pour durer 10 ans, devrait s’étendre sur 4.800 hectares, ce qui en ferait la plus grande zone franche en Afrique.

Le projet vise à permettre à des sociétés étrangères d’installer des industries de transformation dans la zone franche, pour ajouter de la plus-value aux produits plutôt que simplement importer ou exporter des matières premières.

« Le volume de produits arrivant en Afrique de l’Est ne cesse d’augmenter. A chaque fois qu’un produit (quitte) le continent sans avoir été transformé, c’est une opportunité manquée pour l’Afrique », a estimé Aboubaker Omar Hadi, président de l’Autorité des ports et zones franches de Djibouti (DPFZA).

Une rangée de drapeaux djiboutiens et chinois flottant au-dessus des murs d’enceinte de la zone, fraîchement peints en jaune, témoigne des liens étroits unissant le petit État de la Corne de l’Afrique au géant asiatique, dont les prêts ont permis de financer les récents projets d’infrastructures.

Le président de Djibouti Ismail Omar Guelleh prononce un discours lors de l’inauguration de la zone franche le 5 juillet 2018n / © AFP / Yasuyoshi CHIBA

– Dette envers la Chine –

Djibouti, qui accueille également la seule base militaire chinoise à l’étranger, est situé le long de la route maritime censée permettre à la Chine de rejoindre l’Afrique et l’Europe par la mer de Chine et l’océan Indien, dans le cadre du projet de nouvelles routes de la Soie, connu sous le nom de « One belt, one Road » (« La ceinture et la route »).

Cette initiative majeure a vu Pékin prêter des sommes importantes à plusieurs pays en développement d’Asie ou d’Afrique pour améliorer leurs infrastructures et faciliter le commerce.

Mais des experts ont mis en garde ces pays sur leur capacité à rembourser leur dette à la Chine. Le Fonds monétaire international a sonné l’alarme concernant la hausse de la dette publique de Djibouti, passée de 50% du PIB en 2014 à 85% en 2017.

Une femme de Djibouti participe aux répétitions de la cérémonie d’inauguration de la zone franche le 5 juillet 2018n / © AFP / Yasuyoshi CHIBA

Selon le programme d’études China Africa Research Initiative, basé aux États-Unis, la dette de Djibouti envers la Chine s’établit à 1,3 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros).

Mais, dans une interview avec l’AFP, M. Hadi a balayé ces inquiétudes, se disant confiant que les profits tirés des ports et de la nouvelle ligne de chemin de fer permettront de couvrir la dette. « Nous ne sommes pas du tout inquiets de notre niveau d’endettement. Ce ne sont pas les contribuables qui paieront la dette, ce sont ceux qui utilisent les services: les navires, les commerçants ».

Les autorités arguent que la multiplication d’infrastructures nouvelles est le seul moyen d’assurer la croissance de Djibouti et de sortir sa population de la misère.

Selon le président Guelleh, la zone franche, dans sa phase initiale, pourrait permettre de faire croître le PIB de 11%. Les noms de 21 compagnies ayant déjà accepté d’emménager dans cette zone ont été dévoilés jeudi.

Le gouvernement dijboutien est l’actionnaire majoritaire de la zone franche, aux côtés de trois groupes chinois: China Merchants Group, Dalian Port Corporation et IZP Technologies.

Romandie.com avec(©AFP / 05 juillet 2018 16h55

La Chine dément avoir blessé des pilotes américains avec des lasers

mai 4, 2018

Pékin – Pékin a dénoncé vendredi des accusations « arbitraires » des États-Unis, qui reprochent à la Chine des blessures légères infligées par des lasers à des pilotes américains en vol autour de leur base militaire de Djibouti.

Le ministère américain de la Défense avait indiqué jeudi s’être plaint formellement et avoir exigé de Pékin d’enquêter sur ces faits remontant à plusieurs semaines, avait indiqué une porte-parole, Dana White.

« Il s’agit de faits très graves », avait-elle expliqué. « Cette pratique pose un véritable risque à nos aviateurs ». Elle a indiqué être « convaincue » que le ou les responsables ayant pointé ces lasers à forte puissance étaient chinois.

Deux pilotes d’un avion de transport C-130 ont subi des blessures légères aux yeux lorsqu’ils s’apprêtaient à atterrir sur la base américaine de Djibouti, a déclaré à l’AFP une autre porte-parole, Sheryll Klinkel.

Située au niveau de l’aéroport international de Djibouti, petit pays côtier de l’est de l’Afrique, la base de Camp Lemonnier est une installation américaine permanente sur le continent africain.

Une autre base américaine est installée à Agadez au Niger pour mener des opérations avec des drones dans le Sahel.

La base du Camp Lemonnier est officiellement utilisée pour des opérations antiterroristes en Afrique de l’est et au Yémen.

En 2017, la Chine a également ouvert une base militaire à Djibouti, à quelques kilomètres de celle des Etats-Unis. Il s’agit de la seule dont Pékin dispose à l’étranger.

« Après une enquête minutieuse, la Chine a fait part de façon claire et nette à la partie américaine que ses pseudo-accusations ne correspondaient pas à la réalité », a réagi vendredi Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

« Les personnes concernées côté américain devraient veiller à la véracité de leurs propos et ne pas émettre de conjectures et d’accusations arbitraires », a-t-elle souligné lors d’un point presse.

Des responsables américains avaient également déclaré au quotidien Wall Street Journal que le laser provenait probablement de la base chinoise.

« Nous avons réfuté les accusations erronées de la partie américaine via les canaux officiels », a indiqué le ministère chinois de la Défense dans un communiqué. « La Chine respecte strictement le droit international ainsi que les lois des pays où elle est présente. »

Romandie.com avec (©AFP / 04 mai 2018 12h33)                                                        

États-Unis: Le chef du Pentagone en tournée au Moyen-Orient

avril 15, 2017

Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis (g) et le chef du commandement central des Etats-Unis, Joseph Votel, lors d’un briefing au Pentagone, le 11 avril 2017 à Washington / © AFP/Archives / Mandel NGAN, MANDEL NGAN

Le secrétaire à la Défense américain Jim Mattis fera la semaine prochaine une tournée au Moyen-Orient chez plusieurs alliés clef des Etats-Unis de la région dont Israel et l’Egypte, a indiqué le Pentagone dans un communiqué.

Le chef du Pentagone sera à Ryad mercredi avant de se rendre au Caire puis en Israel où il rencontrera le président Reuben Rivlin, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son homologue Avigdor Lieberman.

Jim Mattis aura également des rendez-vous au Qatar, et à Djibouti où il rencontrera notamment le président Ismail Omar Guelleh.

M. Mattis veut notamment évoquer pendant cette tournée « les efforts destinés à contrer les activités déstabilisatrices et vaincre les organisations terroristes extrémistes », selon le communiqué du Pentagone.

L’expression « activités déstabilisatrices » est souvent employée par le Pentagone pour décrire les activités de l’Iran dans la région, qui inquiètent Israel et les alliés arabes des Etats-Unis.

Jim Mattis est réputé pour sa méfiance envers Téhéran, visée également par quelques tweets virulents du président Donald Trump.

« L’Iran joue avec le feu – ils ne se rendent pas compte de combien le président Obama était +gentil+ avec eux. Pas moi! », avait tweeté le président américain début février, après un tir iranien de missile balistique le 29 janvier.

Les Etats-Unis soutiennent actuellement par des ravitaillements en vol et du renseignement la coalition arabe, menée par l’Arabie saoudite, qui combat au Yemen les rebelles chiites Houthis soutenus par l’Iran.

La tournée de M. Mattis survient également alors que la coalition internationale contre le groupe Etat islamique prépare l’assaut final contre la capitale de facto des jihadistes en Syrie, Raqa.

La coalition doit décider quel sera le rôle des milices kurdes dans cette opération visant une ville très majoritairement arabe.

Romandie.com avec(©AFP / 15 avril 2017 10h05)

 

Les éléments d’un drame humanitaire de grande ampleur sont réunis en Afrique de l’Est

février 27, 2017

Editorial. Selon l’ONU, 20 millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’une assistance alimentaire d’urgence dans sept pays.

A Thonyor (Soudan du Sud) le 25 février.

A Thonyor (Soudan du Sud) le 25 février. SIEGFRIED MODOLA / REUTERS
Editorial du « Monde ». Voilà des années qu’on n’avait pas vu revenir sa tête de gorgone émaciée. Elle a les traits de ces gosses au gros ventre et au corps squelettique. Il y a ces files d’attentes de malheureux en guenilles venus chercher une maigre ration alimentaire dans des camps de personnes déplacées. On sait trop à quoi ressemble la famine en Afrique. Elle est là, de retour dans la partie est du continent noir. La mort rôde. L’ONU, les organisations humanitaires préviennent : la faim pourrait tuer des dizaines de milliers de personnes dans les jours qui viennent.

Il faut sonner l’état d’urgence, bien sûr. Mais il y a aussi quelque chose de désespérant – d’obscène ? – à devoir constater la réapparition récurrente de la famine dans un monde qui, de façon chronique, déborde de surplus alimentaires dont on ne sait que faire. Bien sûr, la question est plus complexe. Elle ne se limite pas à la production de denrées alimentaires.

Mais tout de même, en situation extrême, comme aujourd’hui en Afrique de l’Est, les ressources devraient être faciles à dégager, même si la distribution de l’aide pose des problèmes spécifiques. Les moyens financiers ne devraient pas être trop difficiles à réunir. Bref, la répétition du drame de 2011 dans la Corne de l’Afrique, quand la sécheresse a fait quelque 260 000 victimes en Somalie, aurait quelque chose d’intolérable.

Sécheresse et guerres

Sept pays sont concernés : Djibouti, Ethiopie, Kenya, Ouganda, Somalie, Soudan du Sud et, dans une moindre mesure, Tanzanie. La sécheresse n’est pas la seule coupable, même si elle affecte tout le monde. La guerre doit aussi être incriminée au Soudan du Sud, de même que Boko Haram, cette puissante secte djihadiste armée, et Al-Qaida en Somalie avec les groupes de Chabab, l’ensemble bien souvent sur fond d’Etats faillis.

En tout, 20 millions de personnes, selon l’ONU, ont aujourd’hui besoin d’une assistance alimentaire d’urgence en Afrique de l’Est. Les éléments d’un drame humanitaire de grande ampleur sont réunis.

Lire aussi :   La famine menace à nouveau l’Afrique de l’Est

La sécheresse ne devrait surprendre personne. Quoi qu’en pensent les Etats-Unis de Donald Trump – en plein négationnisme scientifique –, le réchauffement climatique frappe l’Afrique en première ligne. Et plus durement qu’ailleurs. « Les sécheresses y seront nombreuses, plus régulières et plus intenses », avait prévenu le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

L’incapacité du gouvernement central du Nigeria à venir à bout de Boko Haram affecte aussi toute la région du lac Tchad. Au Soudan du Sud, quatre ans d’une guerre civile atroce ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué la famine dans le nord du pays – où 100 000 personnes pourraient mourir de faim si elles ne sont pas aidées dans les jours qui viennent.

Pour l’ensemble de l’Afrique de l’Est, les sommes requises tourneraient autour de 2 milliards de dollars. C’est une petite levée de fonds dans un monde où quelque 4 000 milliards de dollars sont échangés tous les jours. Mais la distribution de l’aide est périlleuse en zone de guerre, où la question de l’accès aux populations est primordiale : « Si l’on s’y prend mal, tout cet argent peut finir dans les poches de responsables corrompus et avoir des effets pervers », prévient un expert humanitaire.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a eu les mots qu’il fallait : « Nous sommes face à une tragédie, nous devons éviter qu’elle devienne une catastrophe. »

Lemonde.fr

A Bruxelles, un opposant djiboutien se fait arracher les yeux dans une rixe politique

novembre 8, 2016

L’opposition en exil se déchire sur l’opportunité de s’allier ou pas pour lutter contre le régime de Djibouti. Cela a dégénéré sur un acte d’une rare violence en Belgique.

Le président de Djibouti Ismail Omar Guelleh, ici en juin 2015 au Soudan pour la cérémonie d’investiture du président al-Bashir. C’est la question de comment lui résister qui crée des tensions au sein de l’opposition en exil. Crédits : © Mohamed Nureldin Abdallah / REUTERS
Une querelle politique a dégénéré en un incident d’une rare violence dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 novembre à Ixelles, l’une des municipalités de la Région de Bruxelles. Un conflit entre des membres du Mouvement des jeunes de l’Opposition-Europe (MJO) a dérapé et, au cours d’une bagarre, le coordinateur du parti a eu les deux yeux arrachés. Un suspect a été appréhendé et devrait comparaître devant un tribunal jeudi 10 novembre, a indiqué mardi 8 le parquet de la capitale belge.

Liban Moustapha Hassan, 33 ans, un Belge d’origine djiboutienne, a été retrouvé dans la rue, la tête en sang après une réunion du mouvement. Le MJO-Europe est opposé au régime du président Ismaïl Omar Guelleh, qui a revendiqué une victoire écrasante lors des élections qui ont eu lieu en avril dernier dans son pays. Après avoir modifié la Constitution pour se représenter une quatrième fois, M. Guelleh avait refusé une mission d’observation du scrutin par l’Union européenne. Une mission de l’Union africaine avait, elle, relevé des irrégularités.

Messages hostiles sur Facebook

L’opposition en exil débat actuellement d’une possibilité de regroupement, sous la conduite du collectif des Démocrates djiboutiens de l’extérieur (DDEX), qui soutient le Parti du Renouveau Démocratique (PRD), une formation d’opposition au président et au système de parti unique en vigueur en République de Djibouti. Selon ses proches, M. Hassan défend, lui, la stricte neutralité de son mouvement.

D’où un conflit né au sein du MJO, dont certains membres auraient fait appel à un Néerlandais d’origine djiboutienne, Idriss A., pour la réunion qui avait lieu samedi soir. Après celle-ci, quatre hommes, dont Idriss A., auraient attaqué M. Hassan, lui reprochant les messages hostiles qu’il postait contre eux sur Facebook. Le jeune homme aurait ensuite été frappé aux yeux, avec une lame ou un tournevis. Il est hospitalisé en état de choc.

Le Néerlandais a, lui, a été appréhendé, dimanche après-midi, dans un hôpital où il venait faire soigner ses propres blessures. Jugé suspect, l’homme a été interrogé et il a reconnu s’être battu avec la victime. Il a déclaré, en revanche, qu’il ne se rappelait pas avoir arraché les yeux de M. Hassan. Mis en examen pour torture et traitement inhumain, l’individu subira une expertise psychiatrique.

Lemonde.fr par  Correspondant à Bruxelles

Le président djiboutien élu pour un quatrième mandat

avril 9, 2016

Le président de Djibouti Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, a été réélu vendredi pour un mandat de cinq ans au premier tour de l’élection présidentielle, a annoncé le Premier ministre djiboutien. Le scrutin avait été boycotté par une partie de l’opposition.

« D’après nos projections, nous pouvons dire que le candidat de l’UMP (union pour la majorité présidentielle) a été élu dès le premier tour », a déclaré en direct à la télévision nationale le Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed. Ismaël Omar Guelleh a été réélu avec 86,7% des voix, selon des résultats communiqués samedi par le ministre de l’Intérieur Hassan Omar Mohamed.

« Le peuple djiboutien a décidé de me confier à nouveau la plus haute charge de l’Etat. J’ai compris son espérance et je vais me remettre au travail dès demain pour prendre à bras-le-corps les défis que nous posent le chômage et le mal-logement », a déclaré le président réélu dans une allocution diffusée à la télévision.

« Cette victoire sans appel est la vôtre. C’est celle de la jeunesse. C’est d’un peuple libre, d’une nation sereine, forte de ses valeurs, enracinée dans son histoire et sa culture », a-t-il ajouté.

M. Guelleh, 68 ans, faisait face à cinq candidats. Le principal candidat d’opposition, Omar Elmi Khaireh, est arrivé en deuxième position avec seulement 7,3% des voix.

Constitution modifiée
M. Guelleh a été réélu pour un quatrième mandat consécutif après avoir fait modifier la constitution en 2010, pour en supprimer toute limitation.

Ses opposants, qui avaient réussi à se rassembler pour les élections législatives de 2013 sous la bannière de l’union pour le salut national (USN), se présentaient cette fois divisés. Une partie d’entre eux, dénonçant « une mascarade électorale », avait appelé au boycott.

Deux présidents seulement
Djibouti, ancienne colonie française où plusieurs grandes puissances (Etats-Unis, France, Japon et bientôt la Chine) disposent de bases militaires pour profiter de son positionnement stratégique entre l’océan Indien et le canal de Suez, n’a connu que deux présidents depuis son indépendance en 1977.

Ismaël Omar Guelleh a succédé en 1999 à Hassan Gouled Aptidon, père de l’indépendance de Djibouti, après avoir été pendant 22 ans son chef de cabinet. Le taux de chômage du pays avoisine les 60%, et 79,4% des Djiboutiens vivent en dessous du seuil de pauvreté relative.

Romandie.com

L’heure est venue de libérer le peuple de Djibouti

avril 6, 2016

Dans un bureau de vote à Djibouti, en pleine préparation des élections, le 22 mars.

Dans un bureau de vote à Djibouti, en pleine préparation des élections, le 22 mars. Crédits : SIMON MAINA / AFP
C’est ici, à Djibouti, que les Etats-Unis ont leur seule base militaire de tout le continent. La Chine, qui profite du pays pour son propre enrichissement, y construit la sienne, de même que la Russie et le Japon. En un temps record, le petit Djibouti sera bientôt l’hôte du plus grand nombre de soldats étrangers au kilomètre carré.

Le président, Ismaïl Guelleh, a fait de Djibouti un allié dans la « guerre contre le terrorisme ». De là, Washington fait voler sa deuxième plus grande flotte de drones, à la fois sur la côte somalienne contre les Chabab et à travers le détroit de Bab Al-Mandeb, vers le Yémen, l’Irak et au-delà.

« Guerre contre le terrorrisme »

Djibouti va organiser une élection présidentielle vendredi 8 avril. Le parti du président Ismaïl Guelleh, le Rassemblement populaire pour la démocratie, contrôle actuellement les 65 sièges du Parlement, un monopole malsain. L’opposition a d’ores et déjà appelé au boycottage de ce scrutin.

Deux jours avant Noël, le 23 décembre 2015, la police du régime a ouvert le feu sur une manifestation pacifique dans la capitale, la ville de Djibouti, tuant plusieurs dizaines de personnes et en blessant beaucoup d’autres.

Ismaïl Guelleh a de nouveau modifié la Constitution pour s’ouvrir la voie d’un quatrième mandat à la prochaine élection, même s’il avait promis que son troisième mandat – déjà inconstitutionnel en 2011 – serait le dernier. Depuis l’indépendance, obtenue de la France en 1977, le pays n’a eu que deux dirigeants : M. Guelleh et son oncle.

Toutes les agences non gouvernementales présentes dans le pays – Amnesty International, Human Rights Watch, Reporters sans frontières – classent Djibouti parmi les pays les plus pauvres. La richesse de l’élite dirigeante contraste avec la majorité de la population qui n’a pas accès à l’eau, à la nourriture ni à l’assainissement.

La torture est courante, et le meurtre « extra judiciaire », l’exil ou la disparition forcée sont le sort de tous ceux qui se lèvent contre les actions de l’Etat. Pourtant, Djibouti est un membre de la Cour pénale internationale (CPI) et l’un des plus proches alliés de la France.

Nous avons entendu à maintes reprises que la « guerre contre le terrorisme » est menée pour rendre le monde sûr pour la démocratie. Si Djibouti est si stratégique pour les grandes puissances, sûrement la stabilité est-elle une clé pour maintenir son rôle en tant que partenaire. La stabilité à long terme dépend du respect des droits de l’homme. La liberté du peuple est un droit, garanti par de nombreuses conventions de l’Organisation des Nations unies.

Aux nations éprises de paix

Depuis la Révolution française de 1789, l’histoire moderne a compté beaucoup de dictateurs qui ont poussé leur peuple trop loin, entraînant le chaos et la misère. Et parfois le génocide.

Nous, les soussignés, sommes des universitaires, des professeurs et chargés de cours sur l’étude du génocide et des droits de l’homme. Nous appelons la France, les Etats-Unis, les membres de l’ONU, l’Union africaine et toutes les nations éprises de paix à surveiller les élections du 8 avril, et de donner au peuple de Djibouti le droit à un gouvernement de leur choix.

Charikleia Kefalidou, université de la Sorbonne (France) ; Docteur Kjell Anderson, Insitut pour la justice de La Haye (Pays-Bas) ; Professeur Allan Moore, université d’Hamilton (Ecosse) ; Docteur Elihu Richter, université de Jérusalem (Israël) ; Professeur Naupess K Kibiswa, université de Kinshasa (République démocratique du COngo) ; Docteur Ali Mahmud, université d’Erbil (Irak) ; Docteur Mark D. Kielsgard, université de Hongkong (Chine) ; Professeur Andrew Woolford, université de Winnipeg (Canada) ; Professeur Christiane Allsop, université de Boston (Etats-Unis) ; Docteur Beth Lilach, Holocaust Memorial and Tolerance Center de New York (Etats-Unis) ; Docteur Joseph Psotka, psychologue à l’Institut de recherche de l’US Army de Washington (Etats-Unis) ; Professeur Gregory Stanton, fondateur du Genocide Watch de Washington (Etats-Unis)

Lemonde.fr/afrique