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L’euro à parité avec le dollar pour la première fois depuis 2002

juillet 12, 2022
Des billets de banque et des pièces de monnaie.

Pour la première fois depuis 2002, l’euro a atteint la parité avec le dollar américain. L’euro est affecté par le risque d’une coupure des livraisons de gaz russe à l’Union européenne. Photo : Reuters/Kai Pfaffenbach

L’euro est tombé mardi à un dollar, seuil qui n’avait pas été atteint depuis l’année de sa mise en circulation il y a deux décennies, plombé par le risque d’une coupure des approvisionnements russes en gaz pour l’Union européenne.

Les investisseurs privilégiaient le billet vert qui a gagné près de 14 % depuis le début de l’année et s’est brièvement échangé à un dollar pour un euro, un sommet depuis décembre 2002, quand les interrogations sur la toute nouvelle monnaie unique pesaient sur son cours.

Le marché s’inquiète d’une crise énergétique majeure sur le Vieux Continent, doutant du rétablissement par la Russie des flux de gaz après une interruption pour maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1. Cette situation accentue les craintes de récession en Europe.

L’énergie en provenance de Russie est au cœur de la tourmente en Europe, et l’annonce par le Canada samedi qu’il restituerait à l’Allemagne des turbines destinées au gazoduc Nord Stream pour atténuer la crise énergétique avec la Russie est sans impact positif, commente Jeffrey Halley, analyste chez Oanda.

« La question clé est de savoir si le gaz reviendra après le 21 juillet. Les marchés semblent avoir déjà pris leur décision. »— Une citation de  Jeffrey Halley, analyste chez Oanda

Pour Mark Haefele, analyste chez UBS, un arrêt des livraisons russes de gaz en Europe causerait une récession dans toute la zone euro avec trois trimestres consécutifs de contraction de l’économie.

Resserrer la politique monétaire

La Banque centrale européenne (BCE) aura donc du mal à resserrer sa politique monétaire pour lutter contre l’inflation galopante sans aggraver la situation économique.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a plus de marge de manœuvre pour poursuivre ses hausses des taux, les chiffres de l’emploi publiés vendredi ayant montré que l’économie des États-Unis résiste pour l’instant mieux.

La dégringolade de l’euro pourrait encore se poursuivre.

La tour de la Banque centrale européenne, la nuit.

La tour de la Banque centrale européenne (BCE). Il sera difficile de resserrer la politique monétaire en Europe pour lutter contre l’inflation, sans aggraver la situation économique – l’Europe risque une récession (Archives). Photo : Getty Images/AFP/Daniel Roland

Mercredi, les données sur l’inflation en France, en Allemagne et aux États-Unis pourraient nourrir les inquiétudes des investisseurs sur une divergence des économies des deux côtés de l’Atlantique.

Si l’inflation américaine est plus forte que le marché ne le prévoit, cela pourrait profiter au dollar, les investisseurs pariant que la Fed va devoir agir encore plus vite pour remonter ses taux, estime Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com.

L’euro est très légèrement remonté après avoir atteint un dollar, et s’échangeait vers 10 h 10 GMT pour 1,0024 $.

Les investisseurs peinent à franchir le cap symbolique de la parité et à faire tomber l’euro sous ce niveau, estime Walid Koudmani, analyste chez XTB.

« Ce rythme lent prouve qu’il s’agit d’un mouvement dans la durée de vente de l’euro et d’achat du dollar, et pas une manipulation du marché. »— Une citation de  Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com

L’euro est également en difficulté face au franc suisse, également une valeur refuge : il a reculé à 0,9836 franc suisse, un plus bas depuis 2015.

Et le dollar brille aussi face aux autres monnaies considérées comme vulnérables au risque : la livre sterling a plongé jusqu’à 1,1807 $, un niveau plus atteint depuis mars 2020, quand le début de la pandémie de COVID-19 en Europe, en pleines négociations sur le Brexit, avait fait reculer la devise britannique à son plus bas niveau depuis 1985.

Conséquences sur les importations

Près de la moitié des produits importés dans la zone euro sont facturés en dollars, contre moins de 40 % en euros, selon l’office européen des statistiques Eurostat.

C’est par exemple le cas de beaucoup de matières premières, à commencer par le pétrole et le gaz, dont les cours ont déjà grimpé ces derniers mois dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Mais avec la dépréciation de la monnaie européenne, il faut davantage d’euros pour acheter les produits importés en dollars. Les produits importés perdent en compétitivité […] et sont donc plus chers, indique Isabelle Méjean, professeure à Sciences Po. Cela contribue à accélérer l’inflation et menace le pouvoir d’achat des ménages.

Accessoirement, la dépréciation de l’euro par rapport au dollar va clairement freiner le tourisme des Européens surtout aux États-Unis, prévient William De Vijlder, économiste de BNP Paribas : comme ils ont besoin de davantage d’euros pour acquitter la même somme en dollars, la facture de leur séjour augmente aux États-Unis, ainsi que dans les pays dont la monnaie est arrimée au dollar (Qatar, Jordanie).

A contrario, les touristes américains mais aussi qataris ou jordaniens gagnent au change : lors de leurs séjours en zone euro, ils peuvent consommer plus avec la même somme de dollars.

L’effet de la baisse de l’euro varie selon la dépendance des entreprises au commerce extérieur et à l’énergie.

« Les entreprises qui exportent hors de la zone euro bénéficient de la dépréciation de l’euro, car leurs prix sont plus compétitifs [une fois convertis en dollars NDLR], tandis que les entreprises qui importent se retrouvent pénalisées. »— Une citation de  Philippe Mutricy, directeur des études de la banque publique Bpifrance

En revanche, pour les entreprises dépendantes des matières premières et de l’énergie et qui exportent peu, comme les artisans locaux, les coûts explosent.

La grande gagnante de la baisse de l’euro est l’industrie manufacturière qui exporte ses produits à l’étranger, notamment l’aéronautique, l’automobile, le luxe ou la chimie.

Préparés aux chocs

Et les grands groupes sont mieux préparés aux chocs, car ils bénéficient d’un mécanisme de couverture qui permet d’atténuer la fluctuation des cours de devises, souligne Philippe Mutricy. Ils achètent des devises à l’avance à un cours intéressant qui protège des variations de cours.

Pour le remboursement de la dette des pays européens, l’impact est moins évident.

Davantage de croissance peut faciliter le remboursement de la dette, explique Isabelle Méjean, sous réserve que les marchés considèrent la dette européenne comme suffisamment sûre et que les taux d’intérêt restent bas.

Mais pour les États qui ont émis des obligations libellées en dollars, une dépréciation de l’euro par rapport au dollar augmente le coût du remboursement.

La dépréciation de l’euro, en accélérant l’inflation, peut inciter la BCE à relever plus vite ses taux d’intérêt. Elle se prépare à les remonter en juillet pour la première fois depuis onze ans.

On peut dire que la BCE ne devrait pas réagir au renchérissement des matières premières, mais son défi de regagner le contrôle sur l’inflation devient encore plus grand, car le prix des importations augmente à cause de l’augmentation du taux de change, souligne William De Vijlder.

La Banque de France estimait aussi fin mai que la faiblesse de l’euro pourrait compliquer les efforts de la BCE pour maîtriser l’inflation.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

Russie-Chine: Moscou et Pékin veulent moins utiliser le dollar pour leur commerce

septembre 11, 2018

Le président russe Vladimir Poutine (D) et son homologue chinois Xi Jinping, lors d’un forum économique à Vladivostok le 11 septembre 2018 / © POOL/AFP / SERGEI CHIRIKOV

Vladimir Poutine a assuré mardi que Moscou et Pékin comptaient utiliser davantage leurs monnaies nationales, et non le dollar, pour leurs échanges commerciaux en bonne voie pour atteindre un niveau record sur fond de tensions entre la Russie et les Occidentaux.

« La partie russe comme la partie chinoise ont confirmé leur intérêt à utiliser de manière plus active les monnaies nationales pour les règlements communs », a déclaré le président russe après avoir reçu son homologue chinois Xi Jiping lors d’un forum économique à Vladivostok, dans l’Extrême orient russe.

« Cela renforcera la stabilité du traitement par les banques des opérations d’import-export dans les conditions de risque persistant sur les marchés mondiaux », a-t-il ajouté.

Ces déclarations interviennent dans un contexte de sanctions économiques de plus en plus dures imposées par les Occidentaux à la Russie depuis l’éclatement de la crise ukrainienne en 2014.

Les Etats-Unis ont encore durci leur arsenal ces derniers mois sur fond d’accusations d’ingérence russe dans l’élection de Donald Trump en 2016 et d’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille en Angleterre en mars.

De son côté, la Chine est engagée dans une guerre commerciale avec les Etats-Unis depuis l’introduction par Washington de barrières douanières sur certains produits chinois, ce à quoi Pékin a répliqué par ses propres mesures.

Les relations économiques et diplomatiques entre la Chine et la Russie se sont renforcées ces dernières années alors que des tensions surgissaient entre Moscou et les Occidentaux.

Selon M. Poutine, le volume des échanges commerciaux entre Pékin et la Chine ont augmenté d’un tiers sur un an au premier semestre, atteignant 50 milliards de dollars.

« Il y a toutes les raisons de penser que d’ici à la fin de l’année, nous arriverons au niveau record de 100 milliards de dollars », a insisté le président russe.

Dès le début de la rencontre, il avait salué « des relations de confiance en matière politique, de sécurité et dans la sphère militaire ».

« Notre amitié se renforce tout le temps », avait assuré son homologue chinois, appelant à atteindre « une nouvelle altitude » dans les relations.

Des soldats chinois participent aux exercices militaires Vostok-2018 lancés mardi par l’armée russe dans l’Extrême orient russe avec l’implication de moyens sans précédent.

Romandie.com avec(©AFP / (11 septembre 2018 13h33)

Wall Street rattrapée par la crise turque

août 13, 2018

La Bourse de New York a terminé dans le rouge lundi / © GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives / Drew Angerer

La Bourse de New York a terminé dans le rouge lundi, rattrapée en cours de séance par les inquiétudes liées à l’effondrement de la livre turque et à un éventuel effet de contagion sur d’autres économies.

Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 0,50% à 25.187,70 points.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a cédé 0,25% à 7.819,71 points.

L’indice élargi S&P 500 a reculé de 0,40% à 2.821,93 points.

Les trois indices avaient débuté la journée dans le vert avant d’hésiter sur la direction à suivre.

« Le marché a été sans aucun doute guidé par la situation en Turquie et toutes les craintes sur les conséquences qu’elle pourrait déclencher, même si au final la réaction est plutôt contenue », a remarqué Karl Haeling de LBBW en mettant en avant les faibles volumes d’échanges.

Sur fond de tensions diplomatiques entre Ankara et Washington, la livre turque a de nouveau chuté lundi à son plus bas niveau historique.

Dans l’espoir de rassurer les marchés, la Banque centrale de Turquie a bien assuré qu’elle prendrait les « mesures nécessaires » pour assurer la stabilité financière mais cela n’a pas suffi à enrayer l’effondrement de la devise, jetant un froid sur les marchés mondiaux.

Certains observateurs craignent en particulier l’exposition de quelques grandes banques européennes à ces risques.

A Wall Street les valeurs financières ont été particulièrement affectées, à l’instar de JPMorgan Chase (-1,59%), Citigroup (-1,57%) ou Bank of America (-2,28%).

Le repli de la place new-yorkaise dans ce contexte « correspond peut-être juste à un nouvel accès de nervosité du marché, qui va se stabiliser et rapidement remonter à des niveaux record. Mais on ne peut pas non plus écarter tout risque et les comparaisons avec la crise asiatique de 1997, déclenchée par la chute de la monnaie thaïlandaise, ne doivent pas être complètement négligées », a relevé M. Haeling.

« De nombreux pays ont emprunté beaucoup d’argent en dollar, qui grimpe fortement, ce qui va rendre les remboursements plus chers », a-t-il souligné. Dans le même temps, « la liste des pays confrontés à des problèmes économiques ne s’amoindrit pas, qu’il s’agisse de la Chine, de la Russie, de l’Argentine, de la Turquie ou de l’Italie », a-t-il ajouté.

Le marché obligataire se tendait un peu: le rendement sur la dette américaine à dix ans montait vers 20H15 GMT à 2,875% contre 2,873% à la clôture vendredi, et celui à 30 ans à 3,044% contre 3,030% en fin de semaine dernière.

– Trump s’en prend à Harley –

Tesla a pris 0,26% alors que son PDG Elon Musk a indiqué être en discussion avec le fonds souverain saoudien (PIF) et d’autres investisseurs dont il ne dévoile pas l’identité pour financer le possible retrait de la Bourse du constructeur de véhicules électriques haut de gamme.

Harley-Davidson a lâché 4,32% alors que le président américain s’en est de nouveau pris dimanche au groupe, qu’il a conseillé de boycotter si le constructeur de motos déplaçait une partie de sa production en Europe comme il l’a annoncé.

Nielsen, le groupe spécialisé dans la mesure d’audience, a bondi de 12,06% alors que la société d’investissement Elliott Management a pris une participation de 8% et souhaite, selon le Wall Street Journal, pousser la société à se vendre.

Netflix a reculé de 1,32% après l’annonce du départ de son directeur financier, à ce poste depuis huit ans.

Le géant des semi-conducteurs Qualcomm, qui a accepté vendredi de payer à Taïwan une amende largement revue à la baisse pour abus de position dominante, s’est apprécié de 0,03%.

La société VF Corp, propriétaire des marques de jeans emblématiques Wrangler et Lee, a perdu 3,60% après avoir confirmé qu’elle avait l’intention de scinder ses activités en deux sociétés indépendantes, avec d’un côté les vêtements et chaussures et de l’autre les jeans et les magasins d’usines.

Romandie.com avec(©AFP / (13 août 2018 22h49)

Turquie: les cinq raisons de l’effondrement de la livre

août 13, 2018

La livre turque en chute libre face au dollar, sur fond de crise diplomatique entre la Turquie et les Etats-Unis / © AFP / Yasin AKGUL

L’hémorragie de la livre turque face au dollar pose le plus sérieux défi économique à la Turquie de Recep Tayyip Erdogan depuis la crise financière de 2001. Les raisons sont à la fois conjoncturelles et structurelles.

Le 10 août, déjà baptisé « Vendredi noir » par des économistes, a vu la livre perdre quelque 16% de sa valeur face au dollar, une débâcle accélérée par un tweet de Donald Trump annonçant le doublement des taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium turcs.

M. Erdogan a tenté lundi de rassurer les marchés en affirmant que les fondements de l’économie turque étaient « solides ».

Mais les économistes estiment que des explications aux difficultés de la Turquie –17ème puissance économique mondiale qui connaît une forte croissance– sont à rechercher au-delà des politiques économiques du gouvernement.

– Crise avec les Etats-Unis –

Début août, les Etats-Unis ont imposé des sanctions contre deux ministres de M. Erdogan pour protester contre l’emprisonnement d’un pasteur américain, Andrew Brunson. Ankara a répliqué avec des mesures similaires.

Cette crise entre deux membres importants de l’Otan, la plus grave en plus de 40 ans, a donné des sueurs froides aux investisseurs et a provoqué une chute de la livre turque face au dollar la semaine dernière.

Le tweet de M. Trump sur le doublement des taxes vendredi n’a fait qu’aggraver la situation.

Les sanctions américaines « assèchent le flux de capitaux » en direction de la Turquie, souligne Capital Economics.

– Problèmes structurels –

Chute de la livre turque / © AFP / Laurence CHU

Avant même la crise avec les Etats-Unis, des économistes mettaient en garde contre l’imminence d’une tempête financière. C’est d’ailleurs pour la devancer que M. Erdogan a avancé à juin dernier des élections prévues en 2019, estiment les observateurs.

Le président turc a été confortablement réélu pour un mandat de cinq ans aux prérogatives renforcées.

Les tensions entre Ankara et Washington « n’ont fait qu’exacerber » une crise économique émergente, décrypte Paul T. Levin, directeur de l’Institut des études turques à l’université de Stockholm.

Les problèmes structurels de la Turquie sont illustrés par une forte inflation qui a atteint près de 16% en glissement annuel en juillet et un déficit des comptes courants qui ne cesse de se creuser.

– Politique hétérodoxe –

M. Erdogan a bâti une grande partie de sa popularité depuis son arrivée au pouvoir en 2003 sur une forte croissance et des grands projets d’infrastructures qui ont transformé le pays.

Les économistes décrivent le président turc comme un partisan de la « croissance à tout prix ». A commencer par celui d’un fort endettement.

M. Erdogan provoque régulièrement des haussements de sourcil en soutenant des thèses à rebours de la pensée économique classique. Il affirme par exemple que baisser les taux d’intérêt fait baisser l’inflation, alors que la plupart des économistes défendent l’inverse.

« Il était évident depuis un certain temps (…) que la mauvaise gouvernance économique finirait par avoir des conséquences », souligne M. Levin.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan devant ses partisans dans la ville de Trabzon, le 12 août 2018 / © TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE/AFP / Cem OKSUZ / TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP

– Taux d’intérêt –

La banque centrale de Turquie est censée être indépendante, mais de nombreux économistes considèrent qu’elle est de plus en plus sous la pression de M. Erdogan.

Sa décision de ne pas relever ses taux d’intérêt le mois dernier en dépit d’une forte hausse de l’inflation a sidéré les marchés.

La banque centrale a annoncé lundi une série de mesures pour rassurer les investisseurs, notamment des facilités pour les liquidités, mais elle n’a pas mentionné les taux.

« Les mesures concernant les liquidités ne s’attaquent pas au problème principal qui est la chute de la livre », souligne Konstantinos Anthis, analyste pour ADS Securities.

– Equipe économique –

Les élections de juin ont marqué une refonte de la politique en Turquie. Le pays est passé à un système hyperprésidentiel qui concentre dans les mains du chef de l’Etat tous les pouvoirs exécutifs.

M. Erdogan n’a pas gardé dans son gouvernement le vice-Premier ministre Mehmet Simsek, une figure respectée et appréciée des marchés.

Il a en outre confié les manettes de l’économie à son gendre relativement inexpérimenté, Berat Albayrak, bombardé ministre du Trésor et des Finances. Sa nomination a été accueillie par une chute de la livre.

« C’est sans aucun doute l’absence d’une réponse rapide, ferme et rationnelle de la part des autorités turques qui a envoyé la livre dans les abysses », note M. Levin.

Romandie.com avec(©AFP / (13 août 2018 16h29)

Tensions Washington-Ankara: la livre turque bat de nouveaux records à la baisse

août 6, 2018

Employée d’un bureau de change d’Ankara, la capitale turque, le 25 mai 2018 / © AFP/Archives / ADEM ALTAN

La livre turque a battu lundi un nouveau record à la baisse face au dollar et à l’euro alors qu’Ankara a répliqué pendant le week-end à des sanctions prises par Washington en lien avec l’arrestation en Turquie d’un pasteur américain.

Un dollar s’échangeait contre 5,19 livres turques en fin d’après-midi, perdant plus de 2% de sa valeur sur la journée. Elle s’échangeait par ailleurs à 5,99 TRY contre un euro.

La livre, déjà fortement affaiblie, s’échangeait à plus de 5 TRY contre un dollar depuis l’annonce mercredi par Washington de sanctions imposées contre Ankara.

Les Etats-Unis ont pris des sanctions contre les ministres turcs de l’Intérieur et de la Justice, visés pour leur rôle présumé dans le procès qui vise Andrew Brunson, un pasteur américain accusé en Turquie d’activités « terroristes » et d’espionnage.

M. Brunson, qui nie fermement ces accusations, a été placé en résidence surveillée fin juillet après plus d’un an et demi de détention.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a répliqué samedi en appelant à ce que les avoirs en Turquie des « ministres américains de la Justice et de l’Intérieur » soient gelés.

Il n’était toutefois pas clair si le président turc faisait référence au ministre de l’Intérieur, Ryan Zinke, ou à la ministre de la Sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen.

Les deux ministres turcs ont néanmoins assuré n’avoir aucun bien aux Etats-Unis, tout comme il est peu probable que les ministres américains visés par M. Erdogan en aient en Turquie, ce qui rend ces sanctions très symboliques.

Billets de banque turcs et américains à Istanboul, le 23 mai 2018 / © AFP/Archives / OZAN KOSE

De plus, la pression sur la livre turque a été accrue par l’annonce du bureau du représentant américain au Commerce selon laquelle il est en train de réévaluer l’éligibilité de la Turquie pour un programme d’exportation sans taxes vers les Etats-Unis.

Par ailleurs, de nombreux économistes appellent à une hausse des taux d’intérêt de la banque centrale afin d’enrayer une inflation galopante (+15,85% en rythme annuel en juillet).

Mais la banque centrale turque est sous pression de M. Erdogan qui prône exactement l’inverse, dénonçant les « lobbies des taux d’intérêt ».

« Le niveau actuel du taux d’intérêt réel est insuffisant pour compenser la prime de risque géopolitique accrue après les sanctions américaines », estime dans une note Inan Demir, économiste chez Nomura International, estimant que la livre reste « vulnérable à une nouvelle escalade de tensions géopolitiques ».

Selon lui, la banque centrale « n’est pas en position de hausser ses taux ».

Romandie.com avec(©AFP / (06 août 2018 16h32)

Crise ukrainienne: nouveau record de faiblesse pour le rouble face à l’euro et le dollar

octobre 28, 2014

Moscou – Le rouble a battu mardi un nouveau record historique de faiblesse face à l’euro et au dollar, poursuivant sa dégringolade provoquée par la crise ukrainienne, les sanctions économiques occidentales prises contre Moscou, et par la chute des cours du pétrole.

Mardi, l’euro est monté à 54,00 roubles vers 08H00 GMT, atteignant un nouveau seuil redouté par les ménages russes, après avoir dépassé les 53 roubles vendredi.

Le dollar a atteint de son côté 42,45 roubles à la même heure.

Depuis début octobre, le rouble bat quasi quotidiennement des records de faiblesse par rapport au dollar et à l’euro, conséquence notamment des sanctions occidentales qui poussent les investisseurs étrangers hors de Russie.

La Banque de Russie doit se réunir vendredi pour se prononcer sur son taux directeur, actuellement à 8%. Elle se trouve face à une tâche peu enviable, ont estimé les analystes de VTB Capital, estimant que la banque centrale ne peut pas faire grand chose pour éviter un pic d’inflation à court terme, mais pourrait augmenter son taux à 8,5% malgré tout.

La baisse du rouble, en plus d’alimenter l’inflation (déjà au-dessus de 8%) et d’affecter la consommation des ménages, coûte déjà cher aux autorités, la banque centrale dépensant des milliards de dollars en interventions pour enrayer le mouvement.

L’influence du taux de change sur l’inflation a toujours existé, mais elle est devenue plus importante. Le risque, c’est que l’inflation dépasse les 8% et, peut-être, aille plus haut dans les faits réels, a averti mardi le ministre de l’Économie Alexeï Oulioukaev, cité par le quotidien Rossiskaïa Gazeta.

La banque centrale a déjà augmenté plusieurs fois ses taux depuis le printemps, s’attirant les critiques au plus haut niveau du pouvoir de ceux qui craignent que ce durcissement de politique monétaire n’étouffe davantage une économie déjà au bord de la récession.

La crise ukrainienne, qui a provoqué une volée de sanctions de la part des Occidentaux contre la Russie pour son rôle présumé dans le conflit, pèse lourdement sur la monnaie russe, aussi plombée par la baisse des cours du pétrole.

L’or noir, avec le gaz, assure la majorité des revenus du gouvernement russe, à un moment où les sources de financement sont plus compliquées à trouver à cause de la crise.

Les Russes voient avec inquiétude le rouble plonger depuis le début de l’année, ce qui dope l’inflation encore renforcée par l’embargo imposé par Moscou sur la plupart des produits alimentaires des pays occidentaux qui la sanctionnent. Ils sont tentés de placer leurs économies en devises étrangères, aggravant le phénomène.

Selon un sondage publié lundi par le centre russe indépendant Levada, 45% des Russes interrogés sont préoccupés par la chute de leur monnaie face au dollar.

Romandie.com avec(©AFP / 28 octobre 2014 09h42)

Le franc suisse flambe face à l’euro et au dollar

août 18, 2011

Le gouvernement helvète a annoncé 2 milliards de francs d’aide aux secteurs touchés par la hausse de la devise.

25% de hausse depuis le 1er janvier ! Le franc suisse n’en finit plus de grimper par rapport à l’euro. Et la Banque nationale suisse (BNS) semble impuissante à inverser le mouvement. Depuis le 3 août, la BNS est intervenue à trois reprises sur les marchés de change afin de refroidir les tensions. Avec un succès tout relatif : la devise helvète a gagné 3,92% par rapport à la monnaie unique en deux semaines. Le franc suisse reste «extrêmement surévalué», a reconnu mercredi la BNS, au terme d’une nouvelle injection massive de liquidités.

Pour l’économiste Antoine Brunet, président de la société AB Marchés, ce soudain engouement pour le franc suisse est une conséquence logique de la crise traversée simultanément par les deux grandes monnaies de réserve que sont le dollar et l’euro. Dans un contexte de crise de la dette européenne et de doutes sur l’économie américaine, la devise suisse est devenue une valeur refuge. Christian Ott, économiste chez Natixis, la qualifie même, dans une étude parue mercredi, comme «l’or du marché des changes».

Cette appréciation a de multiples conséquences pour la conjoncture suisse qui tire environ la moitié de son PIB de ses exportations. Plus de la moitié de ces exportations étant réalisées dans la zone euro, la forte appréciation du change menace sérieusement la croissance économique. «C’est une perte de compétitivité formidable pour la Suisse qui pourrait subir une récession par son commerce extérieur», indique Antoine Brunet.

Indexer la valeur du franc suisse sur l’euro

Les options à la disposition de la BNS sont néanmoins limitées. Alors que les prix ont reculé de 0,5% au premier semestre, «la banque centrale a choisi de combattre les risques de déflation plutôt que de contrecarrer le développement de la bulle immobilière, qui aurait dû justifier un relèvement des taux d’intérêt», explique Christian Ott. Pour sortir de ce dilemme, toutes les mesures de politique monétaire «non conventionnelles» sont envisageables. Le vice-président de la BNS Philipp Hilderbrand évoquait même la semaine dernière l’hypothèse d’indexer la valeur du franc suisse sur l’euro. Plus simplement, «la Suisse pourrait instaurer une taxe sur les capitaux entrants, comme l’a fait le Brésil», suggère Antoine Brunet. Ou encore «une taxe sur les dépôts en francs suisses des non-résidents, comme cela avait été déjà mis en place dans les années 1970».

Pour l’heure, le gouvernement a plutôt opté sur un soutien direct à l’activité. Il a annoncé mercredi un plan d’aide d’un montant de 2 milliards de francs suisses. Les industries exportatrices et celles du secteur du tourisme en seront les premières bénéficiaires. Une «task force» sur le franc fort et ses conséquences sur l’économie suisse a également été mise en place, a précisé le gouvernement.

Lefigaro.fr par Cyrille Lachèvre