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 RDC-Defao : l’adieu brutal du général

décembre 27, 2021
Defao : l'adieu brutal du général

L’artiste musicien congolais Lulendo Matumona, plus connu sous le nom de général Defao est décédé ce lundi 27 décembre 2021 à Douala, au Cameroun. Diabétique, il aurait été infecté par le covid-19.

Le général Def Defao aurait eu 63 ans le 31 décembre 2021. Il était à Douala où il devait donner un concert privé. Mais plusieurs heures avant le spectacle, il a été pris d’un malaise dans sa chambre. Il était presque dans le coma pendant de longues heures jusqu’à ce qu’il soit finalement découvert tard dans la nuit dans un état inquiétant.

Il a été immédiatement évacué vers l’hôpital Laquintinie de Douala où il est décédé lundi soir. Dès l’annonce de son décès, plusieurs artistes congolais dont Fally Ipupa, Barbara Kanam, Ferre Gola ont exprimé leur tristesse face à la disparition de ce grand chanteur.

Après plus de dix ans d’exil au Kenya, Defao a fait son grand retour dans son pays la RDC le 4 août 2019. L’un de ses premiers gestes a été de se rendre à la Nécropole entre Ciel et Terre pour s’incliner devant les Tombes de Papa Wemba, Tabu Ley, King Kester Emeneya, Madilu System, Pépé Kallé… Son premier concert de retour, il le donnera ensuite dans la ville portuaire de Matadi (province du Kongo Central) quelques semaines plus tard.

Alors de retour sur les lieux, il a effectué son dernier voyage en Afrique de l’Ouest il y a quelques semaines. Il était à Ouaga, Burkina, à l’occasion de la cérémonie des Kundé 2021. Et le 26 Novembre, au la voix angélique du général Defao Palais des Sports de Ouaga 2000, a augmenté pour la dernière fois, revisitant ses plus grands succès dont » l’ école amour », « la famille Kikuta ».

Vêtu d’une veste avec une grosse chaîne dorée qui scintillait autour de son cou, l’artiste a démontré qu’il conservait encore l’agilité de ses beaux jours. Une présence et une performance très appréciées du public.
Ce soir-là, les Kundé lui décernent un trophée honorifique pour l’ensemble de sa carrière.

Une carrière qui a débuté dans les années 1970, d’abord dans de petits groupes de quartier. Puis il rejoint le groupe Zaïko Langa Langa en 1981.

Quelques temps plus tard, il fera les grandes heures du groupe Shock Stars entre 1983 et 1991 avant de créer son propre groupe Big Star .
Au revoir l’artiste ! Au revoir Général !

Avec News.in-24 par C. Simba et OAKader
(Crédit photo : Kundé)

Ruiné par une camerounaise, un français est devenu pousseur à Douala

janvier 14, 2020

L’histoire parait invraisemblable ! Un français en est réduit à devoir travailler comme pousseur après avoir été ruiné par sa petite amie camerounaise qu’il a rencontré en ligne il y a 6 mois. L’homme qui avait quitté l’hexagone pour venir au Cameroun rencontrer sa « reine africaine » après seulement 2 mois d’échanges en ligne, a eu le choc de sa vie quand il s’est retrouvé totalement dépourvu.

C’est un homme blanc découvert aux abords d’un carrefour populaire de Douala avec une poussette chargée de marchandises. Après échanges, il s’est avéré que c’était un européen de nationalité française. Son nom Francis Rougier. Il raconte qu’il était venu au Cameroun pour rencontrer Brenda une « très belle fille » qu’il a rencontré sur les réseaux sociaux.

« Après deux mois d’échanges, je me suis résigné à venir la rencontrer au Cameroun avec en poche environ 100.000 euros. Au début nous logions à l’hôtel Awka, Brenda et moi.

Nous voyagions beaucoup à travers le pays. Des jours durant, je m’était décidé à l’épouser » narra-il la sueur au front.

Il poursuit : « Les jours passent et après un mois passé un hôtel, elle m’a proposée d’acheter un terrain et de construire notre propre maison. LA maison devait coûter environ 50.000 euros. Une somme que j’ai pas hésité de sortir parce que je lui faisais désormais confiance. »

Un mois plus tard, elle m’a montré une maison en construction et qu’elle avait besoin de plus d’argent pour terminer les finitions du bâtiment. Je lui ai donné et il ne me restait plus que 3 000 euros. Quelques jours après, Brenda avait disparu et ne répondait plus à mes appels. C’est ainsi que je me suis rendu compte que j’ai été berné comme un débutant ».

Alors pour rentrer j’étais résigné à faire de petits boulots pour se tirer d’affaire, payer mon billet retour et rentrer en France. »

Une affaire digne d’un film hollywoodien !

Sacer-infos.com par Stany Franck avec Agences

Explosion à Douala et vive tension au Cameroun anglophone

septembre 22, 2017
Vue de Cow Street à Bamenda, le 23 juillet 2007. © rbairdpcam/CC/Flickr

Après Bamenda, Douala. La capitale économique camerounaise a été victime d’une explosion ce vendredi, alors que les manifestations se multiplient dans la zone anglophone.

Une explosion s’est produite ce vendredi 22 septembre à Douala, la capitale économique du pays, près d’un dépôt de carburant de la Société nationale des dépôts pétroliers du Cameroun (SCDP). Le site a été immédiatement quadrillé par les forces de l’ordre. Aucun bilan n’a pour l’instant été communiqué par les autorités.

Dans le même temps, plusieurs manifestations sont en cours dans les villes anglophones, alors que le président camerounais, Paul Biya, devrait prendre la parole ce jour à la tribune des Nations unies. Un arrêté signé le 21 septembre par le gouverneur de la région du Nord-Ouest a instauré un couvre-feu de 22h à 5h pour une période allant jusqu’au 3 octobre. Il interdit les déplacements de population entre les départements de la région et prohibe toute réunion et manifestation publique. Le texte est entré en vigueur juste après l’explosion d’une bombe artisanale ayant fait trois blessés parmi les policiers à Bamenda, la capitale régionale.

Jeuneafrique.com par

Au Cameroun, avec les « damnés » de la décharge d’excréments de Douala

mai 18, 2016

La décharge du Bois des singes.

La décharge du Bois des singes. Crédits : JOSIANE KOUAGHEU
C’est une odeur qui colle au corps comme la poix. Elle agresse les narines : un mélange d’œuf pourri et d’excréments humains. Devant une grande cour boueuse, un camion déverse une lourde substance noire. L’exercice dure une vingtaine de minutes, sous l’œil vigilant du vidangeur. La pestilence le laisse de marbre. Gaston Nguepi n’a ni cache-nez, ni mouchoir pour se protéger : « Cela fait neuf années que je déverse les déchets des toilettes ici. Depuis ce matin, j’ai déjà fait cinq tours à la décharge. »

A un jet de bille, deux petits garçons qui rentrent de l’école vêtus de leur uniforme scolaire hâtent le pas. « Ah les cacas noirs ! », s’exclame l’un d’eux en courant, cartable sur le dos. « Ce que ça sent aujourd’hui ! » Gaston sourit, retourne à son camion et démarre en trombe. Un autre véhicule arrive, déverse ses « cacas noirs » et s’en va. Puis un trosième, un quatrième, un huitième… A la décharge du Bois des singes, à Douala, capitale économique du Cameroun, les excréments humains se répandent dans la nature, depuis plus de deux décennies, sans traitement préalable.

Des mouches et des hommes

Le site sis à Youpwè, dans une zone de mangrove sur les rives du fleuve Wouri, a été construit dans les années 1990, pour faire face au boom démographique. C’est dans ce lit filtrant, sorte de station artisanale constituée d’une grande fosse, que les camions déposent leur chargement issu des fosses sceptiques. Du sable est censé être versé par-dessus. Mais les pluies diluviennes qui arrosent Douala ont eu raison du procédé.

« Ça ne pouvait pas tenir, car tous les déchets sont vidés directement dans cette décharge. C’est l’unique de la ville, explique Germain Sontzia, pelle à la main. Je travaille ici depuis plus de vingt ans et, chaque jour, au moins trente camions desservent le site. Chaque camion fait entre quatre et six tours par jour. » Le vieil homme de 65 ans au dos voûté et à la démarche lourde est l’un des deux éboueurs engagés par la communauté urbaine de Douala (CUD), gestionnaire du site. Leur rôle ? Trier et en extraire papier hygiénique, slips, vêtements… Mais où va donc le liquide ? Germain pointe du doigt un point imaginaire au lointain. « Dans le Wouri, là-bas. »

Mais avant de se déverser dans le plus long fleuve de la capitale économique, les excréments passent d’abord entre les maisons qui jouxtent la décharge. Aucune canalisation n’a été aménagée. « Chacun se débrouille comme il peut pour éviter que les cacas l’envahissent, explique en soupirant Esther, une habitante dont la maison est construite en matériaux provisoires. J’ai été obligée de creuser. » Sa fille de 7 ans nous tire par la main pour nous mener derrière la baraque. Dans un long canal, une pâte boueuse. Mouches et insectes rôdent. L’eau noire suinte et se déverse dans la cour. L’odeur est vraiment insoutenable. « Parfois je ne parviens même pas à dormir parce que ça sent trop », lâche la fillette, la main droite sur le nez.

« On devait y construire une forêt de récréation »

L’odeur ne dissuade pourtant pas des centaines d’habitants de s’installer chaque année sur ce site appartenant au domaine privé de l’Etat du Cameroun. Dans une ville de plus de 3 millions d’habitants, l’accès au foncier est un réel problème. « Nous n’avons pas d’endroits où rester. J’ai 58 ans et j’ai passé toute ma vie à enchaîner les petits boulots. Je n’ai pas eu l’argent pour acheter, se désole Jean-Gaston. J’ai été obligé de venir ici où les terrains sont moins chers. Si on avait où loger, on ne serait pas restés ici. »

Crédits : Josiane Kouagheu

Dans son bureau climatisé où il nous reçoit dans son smoking taillé sur mesure, Engels Ombolo Tassi a du mal à masquer son inquiétude face à un « dossier qui donne des insomnies » au gouvernement. « C’est un désastre écologique. On a 40 hectares de réserve forestière, toute la réserve du Bois de singes, entièrement détruits par la population, qui a même remblayé la mangrove. L’espace des Bois des singes est le domaine privé de l’Etat. On devait y construire une forêt de récréation, un jardin botanique ou zoobotanique. C’est un espace vert où on ne devrait rien construire. Les terrains ne sont pas à vendre », insiste le chef du Service régional des forêts du littoral qui se lève de son fauteuil pour retirer d’un coffre un dossier volumineux dont certaines pages ont jauni. L’air concentré, il feuillette.

A la date de mai 2015, on dénombrait sur le site de la réserve forestière, 151 maisons (en matériaux définitifs ou provisoires), une école maternelle et primaire, un centre de santé, des mosquées, des églises et des organisations non gouvernementales. « Je n’ai jamais vu un tel degré d’incivisme dans la capitale économique, lâche comme s’il n’y croyait toujours pas Engels Ombolo Tassi. Nous avons mené des campagnes de sensibilisation pour expliquer à la population qu’elle était installée sur un site vert, une forêt utile pour tout le pays. En vain. Nous avons placé des plaques d’avertissement qu’ils ont détruites. »

« Cette odeur est devenue notre parfum »

Les habitants, eux, sont unanimes sur deux points : ils ont trouvé la décharge et ont acheté les terrains sur lesquels ils sont installés. A qui ? Silence. « Vous pensez que nous pouvons encore quitter ce site ?, demande, hilare, un voisin. Cela fait huit ans que je vis ici. Même l’odeur est devenue notre parfum. Nous sommes des damnés. Nous acceptons notre sort, faute de mieux. » Pour ce quadra, au lieu de chercher à les déloger, le gouvernement devrait plutôt penser à construire une décharge « digne du pays, leader de l’Afrique centrale ». « Quand ils déversent, les selles à l’état brut se retrouvent sur la route. Ils doivent les traiter avant », implore Ruth Maleng, une habitante.

Sidi Baré, le délégué régional de l’environnement et de la protection de la nature, n’aime pas les mots « excréments », « cacas » ou « selles ». Il préfère parler de « boues de vidange ». « Ce sont des déchets organiques non toxiques. C’est la concentration, la régularité et la densité des dépotages qui font en sorte qu’on se retrouve avec certains paramètres au-delà de ce qui est normal, détaille-t-il. Du coup, la nappe phréatique ainsi que la biodiversité aquatique sont atteintes. La mangrove a totalement péri. Les arbres sont finis. » En dehors de ce problème environnemental « global » qui touche une superficie de plus de 40 hectares, le patron de l’environnement dans la région explique que les eaux de consommation de la population utilisées pour la boisson ou les travaux domestiques issues du site sont « souillées ». Plus grave, « en cas de remontée des eaux du Wouri, ce quartier pourra être complètement englouti », prévient Sidi Baré.

Le poisson que la population mange

Pas besoin d’en arriver là pour s’interroger sur les conséquences sanitaires d’une telle situation. Pour le toxicologue Mokmbashagle Ismella, responsable du centre de santé Ismaël, situé non loin de la décharge, les habitants sont exposés au choléra, à la dysenterie, à différents types de vers intestinaux et à toutes sortes de bactéries. « On ne peut même pas exclure les maladies comme la typhoïde, regrette avec tristesse Mokmbashagle Ismella. Voyez comment tout descend entre les maisons et rejoint la mer. Et c’est cette mer-là qui produit le poisson que la population mange. » Et le médecin de rappeler que « beaucoup pensent par ignorance que les selles sont un engrais biologique pour la culture du manioc. Des gaz très toxiques sont émis lors de la putréfaction des matières fécales qui infectent la terre. »

Chaque semaine, le centre de santé reçoit au minimum 30 patients. Parmi eux, plus de 70 % sont des cas « confirmés » de paludisme. Un record selon le toxicologue. « Avant, j’étais à Ngangue, l’un des quartiers les plus insalubres de Douala. Pourtant le taux de prévalence du paludisme n’était pas aussi élevé. »

Assise à même le sol dans son salon et les deux mains occupées à découper un drap immaculé, Jacqueline Kouam Tcheundem est l’une des patientes de celui qu’elle appelle affectueusement « Doc Ismael ». Cette femme imposante, surnommée « Madame le Maire », est la présidente du développement du quartier et de l’association des Femmes dynamiques des Bois de singes : « Ces cacas sont parfois déversés en pleine route, peste-t-elle. Il faut traiter ces selles comme en France. Ils ne doivent pas aller dans la mer. Comment pouvons-nous encore manger du poisson ? » Il y a deux ans, Jacqueline Kouam Tcheundem ainsi que de nombreux habitants ont organisé des mouvements de protestation pour exiger que la décharge soit délocalisée. Interpellés par les forces de l’ordre, les habitants ont fini par se lasser. « Nous savons bien que nous sommes installés sur un terrain vert”, mais nous n’avons nulle part où aller ! Nous sommes aujourd’hui près de 4 000 habitants. Il est trop tard. »

Acheter la paix sociale

Que faire ? Depuis quelques années, la communauté urbaine de Douala (CUD) annonce la construction de deux stations d’épuration, pour le traitement de ces « boues de vidange ». Mais le projet traîne. Déloger les populations en attendant ? Une solution pas du tout envisageable pour l’instant. « Le problème est devenu beaucoup plus complexe. On parle peut-être déjà des milliers de personnes. Des ONG de défense des droits humains sont déjà à l’affût. Il y a des enjeux de paix sociale », reconnaît Engels Ombolo Tassi. Il n’a pas tort. « Plutôt mourir que de quitter ma maison. J’ai dépensé plus de 2 millions de francs CFA [3 000 euros] pour l’achat du terrain et la construction, jure Etienne, agent commercial. Nous supportons les odeurs, nous supportons le paludisme qui nous menace chaque jour à cause des moustiques. On n’ira nulle part sans dédommagement. »

A la décharge, les deux éboueurs, Germain Sontzia et Jean-Daniel Ebongué (48 ans et employé depuis quinze ans), ont aussi une doléance : ils supplient la CUD d’augmenter leur salaire. « Nous aspirons les odeurs les plus violentes, nous nettoyons le site, mais nous touchons seulement 50 000 francs CFA par mois [76 euros]. Avec cet argent, nous achetons le lait pour notre santé, énumère Germain. C’est insuffisant pour nourrir notre famille et envoyer nos enfants à l’école. » Un camion arrive, Germain s’interrompt et accourt, pelle à la main. Trente minutes plus tard, les deux compères, dos courbés, nettoient le site puant.

Lemonde.fr par Josiane Kouagheu, Contributrice Le Monde Afrique, Douala

Le Cameroun horrifié par l’éventration d’une défunte enceinte devant un hôpital

mars 16, 2016

 A Douala, le 13 mars, des Camerounais manifestent leur indignation après la mort dans un hôpital public de Monique Koumaté et de ses jumeaux dans des circonstances encore troubles.

A Douala, le 13 mars, des Camerounais manifestent leur indignation après la mort dans un hôpital public de Monique Koumaté et de ses jumeaux dans des circonstances encore troubles. Crédits : JOSIANE KOUAGHEU
L’histoire émeut le Cameroun tout entier. Sur des vidéos d’amateurs diffusées sur des réseaux sociaux, dimanche 13 mars, on voit deux femmes. L’une est allongée sur un bout de pagne étalé sur un sol carrelé. L’autre, mains recouvertes de gants ensanglantés, lui fend le ventre avec un objet tranchant que l’on peine à distinguer. Elle en sort, sous les cris des badauds agglutinés autour d’elle, un premier bébé. Elle le retourne entre ses mains. Il n’est plus vivant. Elle extrait du ventre, dont les intestins pendent, un second enfant. Un de ses petits pieds bouge. Elle essaie de le sauver. En vain. L’enfant finit par mourir.

La scène se déroule à l’entrée de la maternité de l’hôpital Laquintinie, à Douala, capitale économique du Cameroun. Alvine Monique Koumaté et ses bébés posés sur sa poitrine, ventre ouvert, sont exposés aux regards de tous. Les appareils photo et téléphones portables crépitent. Au milieu des cris des membres de la famille éplorée, des infirmiers et infirmières vaquent tranquillement à leurs occupations.

« Que Paul Biya agisse pour une fois ! »

Que s’est-il réellement passé pour qu’une femme soit ainsi « opérée » à ciel ouvert sur le parvis de l’un des plus grands hôpitaux publics du Cameroun ? Difficile à dire faute d’éléments factuels précis. « Nous sommes arrivés à la guérite de l’hôpital dans un taxi. On nous a demandé d’aller aux urgences, raconte, la voix étranglée par le chagrin, l’homme qui se présente comme le compagnon de la défunte. Là-bas, ils nous ont envoyés à la maternité. Un infirmier est venu et nous a dit qu’elle était décédée et nous a demandé d’aller à la morgue. » L’un des employés de la morgue constate que le ventre d’Alvine Monique Koumaté « bouge » et se propose de l’opérer pour sauver ses jumeaux. Il demande l’accord des infirmiers, « sans succès ». Finalement, c’est une cousine « éloignée », Rose Tacke, qui se rue à la pharmacie, achète des gants et une « lame » et vient mener l’opération. « Elle espérait au moins sauver les enfants », raconte un témoin de la scène, encore sonné par l’horreur. « Les infirmières ont refusé, je vous le jure, refusé de sauver les enfants de ma fille », répète en pleurant au Monde Afrique Beas Sen, la mère de la défunte.

C’est le scandale de trop. Lassés de ces multiples drames qui frappent les familles qui se rendent dans les hôpitaux publics, des Camerounais ont décidé d’agir dès le lendemain du drame. Près de cinq cents personnes, vêtues de tee-shirts noirs et bougie à la main pour la plupart, se sont rassemblées devant l’hôpital Laquintinie, sous le regard des forces de l’ordre (police et gendarmerie). Ils ont entonné l’hymne national et ont demandé surtout « la démission du ministre de la santé publique », « la démission du directeur de Laquintinie » et « que Paul Biya agisse pour une fois ».

« Anathème »

« Plus jamais de Monique Koumaté dans mon pays ! », pouvait-on lire sur des banderoles. Le rassemblement a été dispersé à coups de gaz lacrymogène, mais la colère continue de s’exprimer sur les réseaux sociaux. « J’espère que ces médecins brûleront en enfer. Que plus jamais on ne vivra ces événements », écrit un internaute. « Si tu n’as pas d’argent, tu meurs dans les hôpitaux publics du Cameroun, réagit un autre sur sa page Facebook. Mieux [vaut que] tu restes chez toi [pour] mourir au moins dans la dignité. »Devant les portes de la maternité de Laquintinie, à Douala, après "l'opération " pratiquée, le 12 mars 2016, pour sauver les jumeaux d'une femme enceinte décédée dans des circonstances encore troubles.

Devant les portes de la maternité de Laquintinie, à Douala, après « l’opération  » pratiquée, le 12 mars 2016, pour sauver les jumeaux d’une femme enceinte décédée dans des circonstances encore troubles. Crédits : DR

André Mama Fouda, le ministre de la santé publique, au cours d’une conférence de presse tenue le même samedi, a pour sa part expliqué que Monique Koumaté et ses bébés « étaient déjà décédés » avant leur arrivée à l’hôpital Laquintinie et qu’une autopsie serait pratiquée pour préciser l’heure du décès. Le ministre donne des « éléments » qui mettent selon lui hors de cause le personnel médical et demande que l’on cesse « de jeter l’anathème sur l’hôpital public ».

Interpellés, Rose Tacke, la femme qui a effectué l’« opération », Luc Monga, l’employé de la morgue, ainsi que l’infirmier en chef et une infirmière ont été libérés mardi. Le collectif d’avocats constitué pour défendre les deux premiers a annoncé continuer le combat pour que plus jamais des innocents ne « meurent dans les hôpitaux publics ».

 

 

Centrafrique : le président François Bozizé réfugié au Cameroun

mars 25, 2013

François Bozizé, le 30 décembre 2012. François Bozizé, le 30 décembre 2012. © AFP

La présidence camerounaise a annoncé, lundi 25 mars, la présence sur son sol du président centrafricain déchu François Bozizé.

Révélée dimanche par l’agence chinoise Xinhua, la présence au Cameroun du président centrafricain déchu François Bozizé a été confirmée, lundi 25 mars, par Douala, rapporte l’AFP. « Suite aux récents événements en République centrafricaine, le président François Bozizé a cherché refuge au Cameroun où il se trouve actuellement dans l’attente de son départ vers un autre pays d’accueil », indique un communiqué de la présidence lu à la radio nationale lundi.

Selon Xinhua, citant une source au sein des services de sécurité, un hélicoptère de la présidence centrafricaine ayant à son bord François Bozizé, accompagné de ses deux fils et de son aide de camp, a atterri dimanche vers 18h00 locales (GMT + 1) à l’aérodrome de Batouri, le chef-lieu du département de la Kadey, dans l’est du Cameroun.

Une source locale a précisé, toujours à Xinhua, que Bozizé devait être escorté dans la nuit de dimanche à lundi vers Bertoua (250 km de Yaoundé), la capitale de la province de l’Est.

Jeuneafrique.com avec AFP

Présidentielle camerounaise : forte abstention, violences et fraudes massives

octobre 10, 2011

Les Camerounais ont répondu aux abonnés absents à l’élection présidentielle de dimanche. Un scrutin a priori entaché de nombreuses irrégularités ou de fraudes et même de violences dans les régions du Sud-Ouest et de l’Ouest.

Le taux d’abstention était la principale inconnue de l’élection présidentielle camerounaise du 9 octobre. Dimanche en mi-journée, les électeurs traînaient encore le pas, dans la plupart des bureaux de vote de la capitale économique Douala.

Dans le 4e arrondissement, à l’école publique de Bonabéri, au moins trois bureaux de vote étaient introuvables. « Le bureau n°1 par exemple n’existe que sur le papier. Nous avons constaté avec le responsable d’Elections Cameroon qu’il n’y a ni liste des inscrits, ni urne, ni responsables désigné pour ce bureau », a affirmé le responsable local du Social Democratic Front (SDF), représentant le candidat John Fru Ndi. Pourtant, un espace avait été spécialement aménagé à ce point de vote pour les personnes handicapées. Il est resté désespérément vide durant toute la journée.

Sur le plateau Joss, les bureaux du centre administratif de Bonanjo ont quant à eux ouvert avec un retard de trente minutes. Et autour de 10 heures, aucune des urnes transparentes n’y avait enregistré plus de dix bulletins. Dans la cour du lycée réquisitionné pour la circonstance, il y avait plus d’éléments des forces de sécurité et de personnel administratif que d’électeurs en attente. Il est vrai que la pluie qui s’est abattue sur Douala dans la matinée a contribué à démotiver de nombreux votants potentiels.

Situation calamiteuse

Dimanche soir, plusieurs candidats n’ont pas attendu le début du dépouillement pour faire le point d’une situation calamiteuse. « Des cas de votes multiples et de corruption des électeurs ont été enregistrés. De nombreux citoyens inscrits errant de centre de vote en centre de vote pour essayer de trouver leurs cartes d’électeurs. Des représentants des partis politiques dont ceux du Manidem (…) n’ont pas pu avoir accès à des bureaux de vote dans plusieurs localités. Ceux qui y ont été admis ont été exclus au moment du dépouillement », a déploré le Manidem, parti du candidat Anicet Ekanè.

Enfin, au Sud-Ouest, des gendarmes qui allaient participer aux opérations de sécurisation du scrutin ont été attaqués dans la localité d’Isanguele, dans la péninsule de Bakassi. L’attaque a fait deux morts et deux disparus parmi les forces camerounaises. À l’Ouest, Virginie Takoguem, mandataire du SDF, a été battue à mort par des responsables locaux du RDPC au pouvoir, alors qu’elle protestait contre des fraudes à l’École publique de Keng-Bandjoun.

Jeuneafrique.com par Armelle Nya, à Douala

Cameroun : des militaires réclament le départ de Paul Biya

septembre 29, 2011

Au moins dix militaires camerounais ont manifesté jeudi matin à Douala en tirant des coups de feu en l’air et en brandissant une banderole demandant le départ de Paul Biya, président au pouvoir depuis 1982.

D’après une source proche des services de sécurité interrogée par l’AFP, « dix militaires ont tiré des coups de feu au niveau du pont sur le Wouri », principal pont de Douala, la capitale économique du Cameroun. Les manifestants avaient déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire « Paul Biya dictateur, Paul Biya doit partir à tous les prix ».

« Dès que les forces de défense les ont cernés, neuf se sont rendus tandis qu’un s’est jeté à l’eau », poursuit la même source. « Il n’était pas encore possible de savoir si ce dernier était encore vivant. La situation est sous contrôle mais la ville est traversée par un vent de psychose. Les soldats sont partout au niveau du pont, y compris dans l’eau ».

« Paul Biya dictateur »

« Le pont est coupé. On entend des coups de feu en ce moment », a annoncé peu avant 8H00 locales (7H00 GMT) la chaîne de télévision privée Canal 2 International basée à Douala. La chaîne Equinoxe, qui a aussi son siège à Douala, a également fait état « de coups de feu tirés en l’air ».

Un chauffeur de taxi présent sur place vers 6h du matin (05H00 GMT) a confirmé la scène. « J’ai vu un militaire armé sur le pont, raconte-t-il. Il avait bloqué la circulation et demandait aux gens (automobilistes et piétons) de ne pas passer. Il avait une pancarte où j’ai vu : Paul Biya dictateur ».

Selon la source proche des services de sécurité, deux militaires chargés de garder le pont qui relie la ville au quartier populaire de Bonaberri et aux régions de l’ouest sont « entendus en ce moment ».

La campagne électorale en vue de l’élection présidentielle du 9 octobre est commencée. La Cour suprême camerounaise a validé 23 candidatures dont celles de M. Biya et de John Fru Ndi, son opposant historique. Opposition et société civile accusent M. Biya d’avoir verrouillé le système électoral pour s’assurer une réélection sans difficultés.

Jeuneafrique.com avec AFP