Le président Joe Biden a dû répondre à des questions sur la possible annulation de la décision Roe c. Wade lors d’une visite en Alabama. Photo : Reuters/ Jonathan Ernst
Le président américain Joe Biden assure qu’il compte défendre le droit à l’avortement, au lendemain d’une fuite d’un document de la Cour suprême révélant qu’elle pourrait annuler la décision historique Roe c. Wade. Le juge en chef de la Cour suprême a d’ailleurs ordonné une enquête sur cette fuite, qu’il a qualifiée de « trahison ».
Lundi soir, le journal Politico a révélé que la Cour suprême des États-Unis pourrait annuler la décision Roe c. Wade, qui protège le droit à l’avortement depuis 1973. Le juge en chef de la Cour suprême a confirmé mardi que le document est authentique, mais pas final. Les juges doivent rendre un avis officiel avant le 30 juin.
Joe Biden a assuré mardi matin que son administration sera prête à protéger le droit à l’avortement. Je crois que le droit des femmes de choisir est fondamental.
Mais il aura besoin de l’aide des Américains lors des élections de mi-mandat, soit le moment où ils choisissent qui occupera les 435 sièges de la Chambre des représentants et le tiers des 100 sièges du Sénat.
« Ce sera aux élus de notre nation, à tous les niveaux, de protéger le droit des femmes à choisir. Et il appartiendra aux électeurs de choisir des candidats favorables. »— Une citation de Joe Biden, président des États-Unis
« Antiavortement = anti-femmes », peut-on lire sur une pancarte, et « Les catholiques appuient l’avortement », sur une autre, lors d’une manifestation devant la Cour suprême des États-Unis mardi. Photo : Getty Images/Anna Moneymaker
Pour l’instant, le droit à l’avortement aux États-Unis est protégé par la jurisprudence, grâce à la décision Roe c. Wade, mais il n’est pas écrit dans la loi. Pour ce faire, davantage de sénateurs pro-choix sont nécessaires, en plus d’une majorité à la Chambre des représentants, explique Joe Biden.
Et les sénateurs devront peut-être afficher leurs couleurs avant les élections de mi-mandat. Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a déclaré mardi matin qu’il demandera aux sénateurs de voter sur la codification du droit à l’avortement dans la loi.
Tous les Américains pourront voir de quel côté se situe chaque sénateur
, a-t-il dit, sans préciser la date de ce vote.
Des militantes pro-choix et antiavortement manifestent devant la Cour suprême des États-Unis, à Washington, le 3 mai 2022. Photo : Getty Images/Anna Moneymaker
Vers une enquête pour comprendre les circonstances de la fuite
Le leader de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a quant à lui demandé une enquête sur la fuite du document de la Cour suprême. Il s’agit là selon lui d’une action illégale
qui devrait être soumise à des poursuites pénales de la part du département de la Justice.
Le juge en chef de la Cour suprême a par la suite ordonné aussi une enquête. La fuite, une violation singulière, est un affront à la Cour et à la communauté de fonctionnaires qui y travaillent.
Si cette trahison de la confidentialité de la Cour avait pour but de porter atteinte à l’intégrité de nos opérations, ça ne fonctionnera pas
, a ajouté le juge Roberts. Le travail du tribunal ne sera pas compromis.
Une classe politique divisée, à l’image de la population
Plusieurs démocrates se sont rapidement exprimés lundi soir sur la possibilité de l’annulation de Roe c. Wade par la Cour suprême.
La décision constituerait une abomination, l’une des pires et des plus dommageables de l’histoire moderne
, ont estimé dans un communiqué conjoint la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et Chuck Schumer. Si ces informations sont justes, la Cour suprême est prête à infliger la plus forte restriction des droits des cinquante dernières années – pas seulement aux femmes, mais à tous les Américains.
Des sénatrices, dont la démocrate Elizabeth Warren, ont rejoint les militants pro-choix devant la Cour suprême mardi.
La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a rejoint les militants pro-choix devant la Cour suprême mardi.
Photo : Reuters/Evelyn Hockstein
Des républicains ont au contraire salué une victoire très attendue. C’est la meilleure et la plus importante nouvelle de notre vie
, a commenté la représentante Marjorie Taylor Green. Son confrère Josh Hawley, sénateur au Missouri, a appelé la Cour à publier dès maintenant son arrêt.
De jeunes militants antiavortement se sont aussi réunis devant la Cour suprême des États-Unis, pour appuyer la possible annulation de la décision Roe c. Wade. Photo : Reuters/Elisabeth Frantz
L’annulation de Roe c. Wade serait effectivement le point culminant d’un projet de plusieurs décennies de l’aile conservatrice sociale des républicains.
Durant la campagne électorale de 2016, Donald Trump avait d’ailleurs promis qu’il ne nommerait que des juges qui annuleraient automatiquement
Roe c. Wade à la Cour suprême. Durant son mandat, il y a fait entrer trois magistrats, confortant sa majorité conservatrice (six juges sur neuf).
Par Radio-Canada avec les informations de CNN, The Associated Press, l’Agence France-Presse et Reuters