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Portrait : Emmanuel Lubanzadio, responsable de la politique publique de Twitter pour l’Afrique subsaharienne

décembre 12, 2020

Originaire de la République démocratique du Congo et de nationalité allemande, Emmanuel Lubanzadio est, depuis janvier 2020, responsable de la politique publique de Twitter pour l’Afrique subsaharienne. À ce poste stratégique, il travaille pour l’un des réseaux sociaux les plus influents au monde mais, explique-t-on, garde la tête froide et reste discret. Par son parcours, il souhaite notamment inspirer les jeunes africains.

Basé à Dublin, Emmanuel Lubanzadio, en tant que responsable de la politique publique de Twitter pour l’Afrique subsaharienne, fait partie de l’équipe de politique publique Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) de Twitter à Dublin.

Le travail de « Twitter Public Policy » est axé sur les problèmes de politique posés par la propagation continue de la technologie numérique et des services de communication sur le Web à travers le monde. Ces questions vont de la liberté d’expression, de la sécurité en ligne, de la propriété intellectuelle, du droit d’auteur, de la vie privée et de la liberté sur Internet. L’équipe chargée des politiques gère et dirige également le travail de responsabilité sociale des entreprises de Twitter, en collaborant avec des ONG actives dans les domaines de l’inclusion numérique, de la liberté d’expression, de la sécurité en ligne et des services d’urgence / reprise après sinistre. Dans le contexte d’événements civiques tels que les élections, Public Policy veille à ce que les acteurs politiques trouvent une place naturelle sur Twitter.

Depuis la nomination d’Emmanuel Lubanzadio, Twitter, dans le but de prévenir le suicide et l’automutilation pendant cette période de pandémie, a déployé une nouvelle fonctionnalité au Nigeria, au Kenya et en Afrique du Sud pour inciter les personnes ayant des pensées suicidaires à demander de l’aide. Commentant cette nouvelle fonctionnalité, Emmanuel Lubanzadio a déclaré que la communauté des médias sociaux peut être une source importante de soutien en temps réel pour toute personne aux prises avec des pensées d’automutilation ou suicide.

En outre, le 25 mai 2020, Twitter avait annoncé qu’il avait introduit un nouvel emoji dédié à l’Afrique, spécialement lancé à l’occasion de la Journée de l’Afrique. L’emoji représente le drapeau de l’Union africaine.« Nous sommes heureux de nous associer à l’Union africaine pour lancer cet emoji spécial commémorant la Journée de l’Afrique. Twitter est le lieu où les communautés se rassemblent et suivent les événements mondiaux. Avec cet emoji, nous voulons aider les gens à célébrer l’héritage africain et à partager leurs points de vue sur tout ce qui se passe sur le continent, tout en rendant ces conversations colorées et engageantes », avait expliqué Emmanuel Lubanzadio.

Emmanuel Lubanzadio, indique Policy Center for The New South, a grandi en Allemagne dans une famille congolaise de cinq enfants. Pendant son enfance, ses voyages en République démocratique du Congo (RDC) étaient rares, mais il a beaucoup entendu parler de la politique africaine, un sujet récurrent chez lui. Sa première rencontre avec un pays africain autre que la RDC a eu lieu en 2014 au Ghana, où il a vécu et travaillé comme « Junior Professionnal » pour Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), l’Agence allemande pour la coopération internationale (GIZ) sur un projet avec le Centre international de formation au maintien de la paix Kofi Annan. Au sein du GIZ, il a géré des projets concernant la construction de la démocratie, les soins de santé, la bonne gouvernance, la numérisation et le renforcement des capacités en Afrique et au Moyen-Orient. Il a également mené des stratégies de plaidoyer, assuré la gestion des parties prenantes et conseillé le personnel de projet, les responsables gouvernementaux et les donateurs multilatéraux, y compris l’Union européenne, l’ONU et la Banque mondiale.

L’expérience américaine

Avant d’être nommé directeur des relations gouvernementales de Frenesius en juin 2017, Emmanuel Lubanzadio a été assistant de recherche chez Fresenius Kabi, de 2015 à 2016, où il a soutenu le département des relations gouvernementales dans la gestion des relations avec les principaux acteurs politiques, mené des recherches sur le droit de la propriété intellectuelle, les politiques d’accès aux marchés et examiné l’impact des accords de libre-échange sur la disponibilité de médicaments abordables. Il a également contribué à la composition de documents de position et à d’autres activités de sensibilisation auprès des politiciens du monde entier. Le document de position est le document par lequel une organisation expose, de façon officielle, ses vues sur un sujet, dans un contexte donné. Par ailleurs, Emmanuel Lubanzadio a été plébiscité leader émergent du programme des leaders émergents d’’Atlantic Dialogues en 2019 et Atlantik Bruecke Young Leader (2019).

Mélange de réalisme et d’optimise

Interrogé par Policy Center For The New South, Emmanuel Lubanzadio a décrit sa personnalité comme un «mélange de réalisme et d’optimisme». Policy Center for the New South, anciennement OCP Policy Center, est un groupe de réflexion marocain basé à Rabat au Maroc, qui s’efforce de promouvoir le partage des connaissances et de contribuer à une riche réflexion sur les questions-clés des relations économiques et internationales.

Sur ses impressions personnelles de l’Afrique, Emmanuel Lubanzadio a rappelé : «Chaque pays est différent, même si parfois les personnes en dehors du continent perçoivent l’Afrique comme un seul pays simplement parce que la majorité de ses citoyens sont Noirs. L’Afrique est si riche de sa beauté et de sa diversité, de sa culture, de ses langues, de ses ethnies et de ses religions ». Ainsi, en ce qui concerne l’Afrique, dernière frontière de croissance du monde, il a déclaré : «Certaines régions d’Afrique peuvent voir des lacunes en matière d’infrastructures ou de soins de santé, par exemple. Bien que cela puisse paraître décourageant, les choses progressent absolument dans cette région en raison des personnes créatives, fortes et résilientes qui résident sur le continent. Les personnes qui font la grande Afrique sont sa jeunesse et la société civile en général».

Inspirer les jeunes

Les sujets qui  touchent le plus Emmanuel Lubanzadio sont la liberté d’expression, les droits numériques, le chômage des jeunes et le manque de perspectives pour de nombreux jeunes. «Le continent africain compte 200 millions de jeunes, la plus grande population de jeunes au monde, explique-t-il. C’est là que réside mon cœur, en termes de leur implication dans le processus de prise de décision dans le domaine de la politique et l’accès aux moyens de gagner sa vie », a-t-il expliqué à Policy Center For The New South.

Par son parcours, Emmanuel Lubanzadio aimerait inspirer les jeunes, en montrant qu’ il est toujours possible de «réussir». Interrogé sur ses propres modèles, Emmanuel Lubanzadio a désigné ses  parents : «J’ai le plus grand respect pour eux. Ils ont cherché une vie meilleure et ont travaillé dur pour que mes frères et sœurs et moi puissions être inspirés et avoir des opportunités ». Emmanuel Lubanzadio aime lire des biographies, comme l’Autobiographie de Malcom X, écrite par Alex Haley.

Citoyen du monde

Emmanuel Lubanzadio se considère comme un citoyen du Monde. « Je suis un Allemand avec des racines en Afrique qui a fait ses études aux États-Unis et en Europe. Des gens comme moi seront souvent aux prises avec la question de l’identité. J’ai connu de nombreux conflits culturels, mais je suis fier de mes racines. J’ai une passion pour l’Afrique et je suis également Européen, combiné à l’optimisme que j’ai appris aux États-Unis, grâce à cette idée que vous pouvez être qui vous voulez. Je trouve cela magnifique. J’ai eu ce privilège qui définit certainement qui je suis, un citoyen du monde avec des racines dans des régions où je prends le meilleur de tout », a-t-il fait savoir à Policy Center For The New South.

Avec Adiac-Congo par Patrick Ndungidi

En Irlande, le pape François demande pardon aux victimes d’abus

août 26, 2018

Le pape François à Knock, en Irlande, le 26 août 2018, deuxième jour d’une visite au cours de laquelle il a demandé « pardon » à Dieu pour les abus sexuels commis par les prêtres / © AFP / Tiziana FABI

Le pape François a égrené dimanche lors d’une messe géante à Dublin une longue liste de « pardons » aux victimes d’abus commis par le clergé ou des institutions religieuses en Irlande, mais s’est vu lui-même durement accuser d’avoir couvert un prélat soupçonné d’abus.

Au terme de deux journées de visite très focalisées sur les abus commis au sein de l’Eglise, le pape est arrivé en papamobile sous un ciel pluvieux dans l’immense parc Phoenix de Dublin. L’occasion pour ce pays, qui reste l’un des plus catholiques d’Europe, d’exprimer une ferveur populaire.

Dès sa première prise de parole devant les fidèles, François a créé la surprise en égrenant dans sa langue natale espagnole une litanie de pardons destinés aux « survivants d’abus de pouvoir, d’abus de conscience et d’abus sexuels » en Irlande.

Dressant une liste de tous « les crimes », en particulier ceux commis dans des « institutions dirigées par des religieux et des religieuses », le pape a notamment demandé pardon pour « les enfants qui furent éloignés de leur mères », parce qu’elles étaient tombées enceintes hors mariage.

Le souverain pontife, qui avait rencontré en fin de journée samedi huit victimes irlandaises d’abus, a aussi pointé du doigt « des membres de la hiérarchie de l’Eglise » qui ont « gardé le silence ».

– Contre-manifestation –

Un demi-million de fidèles étaient attendus au parc Phoenix mais le nombre de participants semblait inférieur, peut-être à cause de la pluie. En 1979, lorsque le divorce, l’avortement et le mariage homosexuel étaient impensables dans le pays, Jean Paul II avait parlé devant 1,5 million de personnes.

Dans le centre-ville de Dublin, environ 5.000 victimes d’abus de l’Eglise et leurs sympathisants ont eux participé à une manifestation intitulée, « Debout pour la vérité ».

Parmi les participants figuraient une femme déguisée en nonne, avec du faux sang sur les mains, et un homme distribuant des pancartes « L’église protège les pédérastes ».

La visite papale « provoque beaucoup de souffrances », a déclaré à l’AFP William Gorry, une victime des abus du clergé.

Depuis 2002, plus de 14.500 personnes se sont déclarées victimes d’abus sexuels commis par des prêtres en Irlande, et la hiérarchie de l’Église irlandaise est accusée d’avoir couvert des centaines de prêtres.

L’ampleur de ces scandales explique en partie la perte d’influence de l’Eglise sur la société irlandaise ces dernières années.

Dimanche matin, François a « imploré le pardon » de Dieu « pour le scandale et la trahison ressentis par tant de personnes », lors d’une prise de parole au sanctuaire de Knock, site de piété mariale distant de 180 km de Dublin, où il a été acclamé par 45.000 personnes.

« Cette plaie ouverte nous défie d’être fermes et décidés dans la recherche de la vérité et de la justice », a dit le pape, qui, samedi à Dublin, avait évoqué sa « honte » et sa « souffrance » face à « l’échec des autorités ecclésiastiques » pour affronter de manière adéquate ces « crimes ignobles ».

Avant François, Benoît XVI avait écrit en 2010 une lettre aux catholiques irlandais, reconnaissant la responsabilité de l’Eglise dans les abus.

– Le pape en accusation –

Officiellement consacrée à la Rencontre mondiale des familles, la visite du pape, qui s’achèvait dimanche, n’a de fait cessé d’être parasitée par le dossier explosif des abus du clergé.

Le pape François a lui-même été mis en cause dimanche par un ex-ambassadeur auprès du Vatican à Washington, l’archevêque Carlo Maria Vigano, qui l’accuse d’avoir annulé des sanctions contre le cardinal américain Theodore McCarrick, en faisant fi de signalements de son « comportement gravement immoral avec des séminaristes et des prêtres ».

« La corruption a atteint le sommet de la hiérarchie de l’Eglise », affirme dans une lettre Mgr Vigano, en allant jusqu’à demander la démission du pape.

Cette lettre, confirmée par son auteur, a été publiée samedi dans plusieurs publications catholiques américaines de tendance traditionaliste ou ultra-conservatrice ainsi que dans un quotidien italien de droite.

L’ancien nonce apostolique aujourd’hui à la retraite y met aussi en cause nommément nombre de hauts prélats de la Curie romaine.

Le cardinal McCarrick, 88 ans, a été accusé fin juillet d’abus sexuels et interdit d’exercer son ministère, un scandale qui a ébranlé la hiérarchie de l’église catholique américaine. Le pape a aussi accepté sa démission de son poste de cardinal, un fait quasi-inédit dans l’histoire de l’Eglise.

L’homme a été accusé d’abus par un adolescent, des faits remontant à des décennies, mais qui n’étaient pas publiques.

« Le Vatican n’a aucun commentaire immédiat », a réagi une porte-parole du Saint-Siège à propos des accusations formulées contre le pape.

Romandie.com avec(©AFP / (26 août 2018 18h53)