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Félix Tshisekedi questionne l’efficacité de la force régionale est-africaine

mai 10, 2023

En visite au Botswana, le président congolais a évoqué une « cohabitation » entre les rebelles du M23 et la force déployée sous l’égide de l’EAC.

Felix Tshisekedi accueilli par le président du Botswana Mokgweetsi Masisi à l’aéroport international Sir Seretse Khama à Gaborone, le 9 mai 2023. © Monirul Bhuiyan / AFP

Le président de la RDC a critiqué la force militaire régionale déployée par les pays d’Afrique de l’Est pour stabiliser l’est de la RDC, laissant entendre que les troupes pourraient partir d’ici fin juin. S’exprimant lors d’une visite au Botswana, Félix Tshisekedi a fait part de ses inquiétudes quant à la « cohabitation » entre les rebelles et la force qui a commencé à se déployer à la fin de l’année dernière. « Nous avons remarqué une cohabitation entre le contingent de l’Afrique de l’Est et les rebelles », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

« C’est un véritable problème au regard de la mission qui a été confiée et qui nous oblige à nous demander quel est l’objectif de cette mission ? » Il a ajouté que le mandat de cette force se terminait en juin et que « si nous estimons que le mandat n’a pas été rempli, nous les renverrons et les remercierons d’avoir essayé ».

Burundais, Ougandais et Sud-Soudanais

Ces déclarations interviennent au lendemain d’un sommet spécial de la Communauté économique des États d’Afrique australe (SADC), qui s’est tenu en Namibie et a décidé de déployer des forces « pour rétablir la paix et la sécurité dans l’est de la RDC ».

C’est la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) qui a mis sur pied une force militaire pour tenter de répondre à la crise. Des soldats kenyans ont été déployés en novembre, et ils ont été suivis cette année par des contingents burundais, ougandais et sud-soudanais.

48 victimes de violences sexuelles par jour

Par ailleurs, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) alerte sur les conditions « désastreuses » dans lesquelles plus de 600 000 personnes vivent entassées dans des des camps informels autour de Goma.

Cette aide humanitaire en « insuffisance critique » oblige les personnes déplacées à sortir des sites. Cela « exacerbe les risques de violences auxquels elles sont confrontées », selon MSF.

C’est ainsi que, au cours des deux dernières semaines d’avril, « plus de 670 victimes de violences sexuelles ont été prises en charge » dans l’est de la RDC, explique MSF. Soit « 48 nouvelles victimes de violences sexuelles par jour ».

Par Jeune Afrique par (avec AFP)

Des troupes burundaises de la force régionale arrivées en RDC

mars 5, 2023

Près de trente militaires du Burundi ont atterri dimanche à Goma dans le cadre du déploiement de la force régionale mise en place par les pays de l’EAC pour mettre fin aux violences dans l’est du pays

Des soldats de la force régionale de l’EAC à Goma, dans l’est de la RDC, le 2 décembre 2022. © Glody Murhabazi / AFP

Ce dimanche 5 mars, environ trente militaires burundais ont atterri à Goma, dans l’est de la RDC. Ils sont déployés dans le cadre de la force régionale mise en place par les pays de l’EAC (East African Community) pour tenter d’endiguer l’avancée de la rébellion du M23 et démettre la centaine de groupes armés qui sévit dans la partie orientale du pays.

L’effectif burundais devant être déployé au Nord-Kivu est censé atteindre une centaine d’hommes, qui « est en train de venir par route » dans la journée, a déclaré le général congolais Emmanuel Kaputa Kasenga, commandant adjoint de la force est-africaine. Le porte-parole de la force, le major kényan Wanyoni Nyakundi, a lui annoncé qu’ils arrivaient depuis Bujumbura, la capitale du Burundi, dans un avion de l’armée kényane.

Sake, Kilolirwe et Kitshanga

Sur le tarmac de l’aéroport, au pied des bus devant les transporter jusqu’à leur base dans la périphérie de Goma, dans un ancien camp de miliciens démobilisés évacué récemment, le général Kaputa a rappelé à la petite troupe leur mission : « [vous] déployer dans Sake, Kilolirwe et Kitshanga » et « participer au retrait sans condition de la rébellion du M23 ». Kitshanga et Kilorirwe sont sous le contrôle du M23 depuis fin janvier.

Les troupes burundaises s’ajoutent à un contingent de l’armée kényane d’environ un millier d’hommes déployé dans et autour de Goma depuis novembre 2022. Des troupes sud-soudanaises et ougandaises sont encore attendues sur le sol congolais pour compléter le dispositif militaire décidé par l’EAC.

Le M23, resté en sommeil pendant près de dix ans, a repris les armes fin 2021. Kinshasa accuse le Rwanda de le soutenir, ce qui a été corroboré par des experts de l’ONU, bien que Kigali s’en défende. Samedi, au cours de sa visite en République démocratique du Congo, le président français Emmanuel Macron a déclaré qu’un cessez-le-feu devait avoir lieu mardi et a laissé entendre qu’en cas de non-respect des engagements, des sanctions pourraient être prises, y compris contre le Rwanda.

Par Jeune Afrique avec AFP

M23 en RDC : Tshisekedi, Kagame, Ruto… réunion de l’EAC au Burundi

février 4, 2023

Les dirigeants des pays de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) sont réunis ce samedi en sommet extraordinaire à Bujumbura pour discuter de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC.

Le président congolais Félix Tshisekedi, est accueilli par le président burundais Évariste Ndayishimiye au sommet extraordinaire de l’EAC à Bujumbura, Burundi, le 4 février 2023. © Tchandrou Nitanga / AFP

Le président de la RDC, Félix Tshisekedi participe, ce samedi 4 février, à une réunion de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC, constituée de sept pays), qui a déployé une force dans l’est congolais où les rebelles du M23 continuent à gagner du terrain. « Programme : évaluation de la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo et perspectives », a tweeté l’EAC vendredi en annonçant le sommet.

Le président Tshisekedi a été convié à cette réunion organisée par le Burundi, qui préside actuellement l’EAC, avait indiqué un peu plus tôt une source diplomatique. Les chefs d’État de plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’Est sont réunis en sommet extraordinaire à Bujumbura pour discuter de la situation sécuritaire en RDC. Cette réunion intervient en pleine recrudescence des violences dans l’est du pays.

Feuille de route pour la paix

Dans la province congolaise du Nord-Kivu, la rébellion du M23, que Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir, s’est emparée de larges territoires riches en minerais, et elle continue d’avancer malgré une feuille de route pour la paix conclue à Luanda, en Angola, en juillet 2022. Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour faire taire les armes et apaiser les tensions, en vain jusqu’à présent. « Les discussions devraient se concentrer sur l’évaluation de la feuille de route de Luanda qui exigeait le retrait effectif et définitif des troupes du M23/RDF (Forces de défense rwandaises) des zones occupées avant le 15 janvier », a déclaré samedi la présidence congolaise.

« Les troupes terroristes du M23 n’ont jamais quitté ces zones, au contraire le M23 et ses alliés ont élargi leurs zones d’occupation », a-t-elle ajouté. Si la RDC accuse le Rwanda de soutenir le groupe rebelle, ce qui est corroboré par des experts de l’ONU et les pays occidentaux, Kigali s’en défend. Il s’agit de « parvenir à des décisions qui amélioreront la situation sécuritaire et faciliteront le rétablissement de la paix dans l’est de la RDC », a déclaré sur Twitter l’actuel président de l’EAC, le président burundais Évariste Ndayishimiye.

Outre les présidents burundais et congolais, participent au sommet les chefs d’État rwandais Paul Kagame, kényan William Ruto, ougandais Yoweri Museveni et tanzanienne Samia Suluhu Hassan. Cette rencontre est convoquée alors qu’une vive tension persiste entre la RDC et le Rwanda, et se tient peu après la visite du pape François à Kinshasa, où il a condamné les « cruelles atrocités » perpétrées dans l’est de la RDC. De nombreux groupes armés y sévissent depuis des décennies, dont beaucoup sont un héritage des guerres régionales qui ont éclaté dans les années 1990-2000.

« Clarification urgente »

Pour lutter contre ces groupes, l’EAC a créé en 2022 une force régionale devant comprendre des militaires kényans – arrivés à Goma à partir de novembre –, ougandais, burundais et sud-soudanais. Le mini-sommet réuni le 23 novembre à Luanda lui a confié la mission de « faire usage de la force » contre les rebelles du M23 s’ils refusaient de se retirer des zones occupées, ce qu’elle n’a pas encore fait. À Bujumbura, le président Tshisekedi « entend clarifier le mandat de la force régionale », a déclaré samedi la présidence congolaise.

À la demande de Kinshasa, cette force ne comprend pas de troupes rwandaises, mais quelques officiers rwandais étaient toutefois présents à son quartier général de Goma. Fin janvier, Kinshasa a fait savoir que ces officiers avaient été « enjoints de quitter le sol congolais pour des raisons sécuritaires ». Dans une lettre au ministre congolais des Affaires étrangères, le secrétariat général de l’EAC a demandé « une clarification urgente » sur cette décision.

Cette semaine encore, durant la visite du pape François à Kinshasa, Félix Tshisekedi a réitéré ses accusations contre Kigali. « Outre des groupes armés, des puissances étrangères avides des minerais contenus dans notre sous-sol commettent, avec l’appui direct et lâche de notre voisin le Rwanda, de cruelles atrocités », a-t-il déclaré.

Rapprochement rwando-burundais

Dans une déclaration avant le sommet, William Ruto a demandé que les riches ressources minières de RDC, à l’origine des nombreux conflits en cours, soient protégées. « Le moment est venu depuis longtemps pour la communauté internationale d’auditer avec la plus grande vigilance les chaînes d’approvisionnement industrielles et de s’assurer que la production et la consommation mondiales respectent la souveraineté congolaise en matière de ressources et ne profitent pas des conflits et des souffrances humaines », a-t-il déclaré.

Un début de rapprochement rwando-burundais se noue par ailleurs en marge du sommet : c’est la première visite de Paul Kagame au Burundi depuis 2013. Les deux pays avaient jusqu’alors des relations tendues. Le Burundi a notamment accusé le Rwanda d’abriter les responsables d’un coup d’État raté en 2015. En 2020, Paul Kagame avait exhorté son homologue Évariste Ndayishimiye, élu depuis peu, à normaliser les relations diplomatiques, mais cette demande avait alors été rejetée, qualifiée d’« hypocrite ».

Par Jeune Afrique (avec AFP)

RDC : Félix Tshisekedi et Kinshasa à un pas de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC)

novembre 25, 2021
Les présidents congolais et kényan, Félix Tshisekedi et Uhuru Kenyatta, à Nairobi en février 2019. Le Kenya assure depuis février 2021 la présidence tournante de la Communauté d’Afrique de l’Est. © Presidence_RDC/Twitter

L’ambition du chef de l’État congolais de faire entrer son pays dans l’EAC – l’un des blocs commerciaux et économiques les mieux intégrés du continent – vient de franchir une étape décisive.

Dans son discours d’investiture le 24 janvier 2019, le président Félix Tshisekedi avait fixé comme l’un des objectifs de sa mandature l’intégration de la RDC dans la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC, pour East African Community) « dont la majorité des pays membres sont frontaliers et avec lesquels nos citoyens, à l’est du pays, engagent des échanges économiques importants depuis plusieurs décennies ». Cette intégration pourrait être chose faite dans un futur proche. En effet, le Conseil des ministres de l’EAC a validé la demande d’adhésion de la RDC au cours de leur 44e réunion extraordinaire, à Arusha (Tanzanie).

« Les ministres ont examiné les conclusions du rapport établi pour s’assurer que la RDC est un bon candidat pour rejoindre l’EAC », note un communiqué de l’institution dont le secrétariat général est assuré depuis février 2021, pour cinq ans, par le Kényan Peter Mathuki. Le Conseil a par conséquent recommandé au Sommet des chefs d’État « d’entamer des négociations avec la RDC », ce qui « créera une plateforme pour des discussions approfondies sur les modalités d’harmonisation des politiques et instruments de la RDC avec ceux de l’EAC ». Et cela en tenant compte, également, des « questions relatives à la paix et la sécurité, la langue et les systèmes juridiques », à aborder de manière « stratégique au cours des négociations ».

« En rejoignant la RDC, la Communauté ouvrira le corridor de l’océan Indien à l’océan Atlantique, ainsi que du nord au sud, élargissant ainsi le potentiel économique de la région », s’est réjoui Peter Mathuki, à l’issue de la rencontre d’Arusha.

Partenaires économiques

Frontalière avec cinq États membres de l’organisation – Tanzanie, Burundi, Rwanda, Ouganda et Soudan du Sud – la RDC avait été évaluée du 25 juin au 5 juillet sur son niveau de conformité à l’organisation. De même, la RDC et la Tanzanie contrôlent à part presque égales la quasi-totalité du lac Tanganyika. Dès le début de juin 2019, Kinshasa avait exprimé, dans une lettre à Paul Kagamé, alors président en exercice du Sommet des chefs d’État de l’EAC, sa volonté d’intégrer l’organisation.

Importations de la RDC 2019
Importations de la RDC 2019 © Observatoire de la complexité économique

Parmi les avantages pour la RDC figurent : l’intégration de l’Est du pays à l’espace commun de télécommunications qui permettra la réduction des coûts avec les pays voisins ; plusieurs facilités administratives et la réduction des charges pour les activités commerciales et économiques des citoyens congolais ainsi qu’une facilitation de leur mobilité dans les pays de l’Est. Plusieurs pays de l’EAC figurent parmi les principaux partenaires commerciaux africains de la RDC. La RDC devrait également bénéficier de la réduction des tarifs douaniers pour les marchandises réceptionnées dans les ports de Mombassa (Kenya) et de Dar es-Salaam (Tanzanie).

Exportations de la RDC 2019
Exportations de la RDC 2019 © Observatoire de la complexité économique

Par ailleurs, en février, le Sommet des chefs d’État de l’EAC avait approuvé l’addition du français comme langue officielle de la Communauté, aux côtés de l’anglais et du Swahili. Ce projet évoqué en 2013 languissait dans les tiroirs de l’EAC depuis, avant de recevoir une nouvelle et décisive impulsion en 2020. Contrairement au Rwanda (anglais, kinyarwanda, kiswahili) et au Burundi (Kirundi), la RDC ne compte aucune autre langue officielle que le français.

Pacte de sécurité

Kinshasa pourrait également tirer profit de l’application du Pacte de sécurité collective de l’EAC, avec notamment le concours des pays comme le Kenya et la Tanzanie, contre l’activisme des groupes armés locaux et étrangers soutenus par des acteurs régionaux, y compris certains membres de cette communauté économique régionale.

Certains observateurs redoutent, toutefois, que l’ouverture du marché congolais à des opérateurs économiques issus des pays de l’EAC puisse pénaliser des acteurs économiques nationaux, jugés moins compétitifs dans plusieurs secteurs d’activités, et porter ainsi atteinte à l’entrepreneuriat congolais. D’autres vont plus loin et pointent « le risque d’une désintégration économique de la RDC » ainsi que d’une « désunion territoriale », avec « l’est et le nord-est du pays tournés vers l’EAC, le sud vers la communauté économique de l’Afrique australe (SADC), l’ouest et le nord-ouest attirés par l’espace régional du centre du continent (CEEAC), et le centre du pays coupé du reste du monde congolais ». Une crainte renforcée par le manque d »infrastructures routières et ferroviaires dans le pays.

Visite de travail du président Tshisekedi de la RD Congo au Rwanda, à Rubavu, le 25 juin 2021
Visite de travail du président Tshisekedi de la RD Congo au Rwanda, à Rubavu, le 25 juin 2021 © Paul Kagame/Flickr/Licence CC

Avec Jeune Afrique par Joël Té-Léssia Assoko et Stanis Bujakera Tshiamala

Burundi : l’EAC convoque un nouveau sommet dimanche, Nkurunziza incertain

mai 26, 2015

Le président burundais, Pierre Nkurunziza, le 17 mai 2015 à Bujumbura.
Le président burundais, Pierre Nkurunziza, le 17 mai 2015 à Bujumbura. © Jerome Delay/AP/SIPA

La Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) a annoncé mardi la tenue d’un nouveau sommet sur le Burundi ce dimanche 31 mai à Dar es Salaam. Mais l’incertitude demeure sur la présence de Pierre Nkurunziza qui vient d’échapper à un coup d’État.

Absent du pays le 13 mai pour prendre part au sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) à Dar es Salaam (Tanzanie), Pierre Nkurunziza a été « destitué » quelques heures par un quarteron d’officiers. Deux semaines plus tard, la sous-région annonce pour ce 31 mai une nouvelle rencontre des dirigeants de l’EAC dans la capitale économique tanzanienne.

Partira, partira pas ?

Le président burundais prendra-t-il part à ce deuxième sommet sur la crise politique déclenchée dans son pays après l’annonce de sa candidature à un troisième mandat ? « Tous les chefs d’État [de la Tanzanie, du Burundi, du Kenya, de l’Ouganda et du Rwanda, pays membres de l’organisation sous-régionale, NDRL] vont venir », a affirmé Othieno Owora, du secrétariat de l’EAC. Mais à Bujumbura, la décision semble n’avoir pas encore été prise.

Contacté par Jeune Afrique, un conseiller de la présidence burundaise explique qu’il est « trop tôt » pour affirmer, ou pas, la présence du président Nkurunziza à la réunion de Dar es Salaam. « La note verbale est en train d’être rédigée », explique-t-il, soulignant également que les services spécialisés planchent en ce moment sur la question. Objectif : ne pas rééditer l’expérience du 13 mai. Le président ne fera le déplacement de Dar es Salaam que si ses arrières sont assurées…

Jeuneafrique.com par Trésor Kibangula