L’Angola a annoncé le 11 mars que Luanda allait envoyer une unité militaire en RDC, après l’échec du cessez-le-feu qu’il avait contribué à négocier entre les troupes gouvernementales et les rebelles du M23.
« L’objectif principal de cette unité est de sécuriser les zones où sont stationnés les membres du M23 » dans l’est du pays « et de protéger » l’équipe chargée de surveiller le respect du cessez-le-feu, a déclaré la présidence angolaise dans un communiqué.
Luanda a précisé que sa décision d’envoyer une unité militaire a été prise après des consultations avec Kinshasa, et ajouté que les Nations unies et d’autres dirigeants de la région en ont été informés.
Violents combats
Le déploiement de ces troupes doit être approuvé par le Parlement angolais, où le parti au pouvoir possède une majorité confortable. Aucun détail sur la taille de l’unité qui sera envoyée en RDC n’a été donné dans l’immédiat.
La pandémie a un effet dévastateur sur la réussite scolaire des élèves du secondaire. Le taux d’échec a triplé par rapport à ce qu’observe habituellement la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE).
La FQDE a consulté plusieurs de ses 2000 membres un peu partout au Québec et le constat est préoccupant.
Les directions des écoles secondaires enregistrent des taux d’échec de 30 %, alors qu’en moyenne, habituellement, 10 % des élèves sont en difficulté.
Le taux d’échec dans certaines écoles secondaires de la région de Québec est encore plus préoccupant, selon le président de la FQDE.
On m’a rapporté d’ailleurs, dans la région de Québec, dans certains endroits, des taux d’échec de 50 % des élèves au secondaire, particulièrement en mathématiques, mais c’est quand même généralisé dans l’ensemble des matières, a expliqué Nicolas Prévost au micro de l’émission Première heure.
Deux bulletins seulement
Ces données inquiètent l’organisme, d’autant plus que, cette année, il y aura seulement deux bulletins, comptant chacun pour 50 % de l’année scolaire.
Le premier bulletin sera remis en janvier. Si la situation ne s’améliore pas, la FQDE craint une hausse du décrochage scolaire.
On a aussi des inquiétudes si le taux d’échec se maintient jusqu’au premier bulletin du 1er janvier. Cette étape-là compte pour 50 % de l’année scolaire. C’est sûr qu’au niveau de la motivation de nos élèves, on a des inquiétudes. Ça aura un impact majeur aussi au niveau des élèves de 5e secondaire qui font des demandes au collégial, souligne Nicolas Prévost.
Contre un congé prolongé à Noël
La FQDE souhaite donc que le congé des Fêtes ne soit pas prolongé, ou encore que les élèves puissent bénéficier d’enseignement à distance s’ils doivent demeurer à la maison plus longtemps après le jour de l’An afin de réduire la propagation de a COVID-19.
Les enseignants peinent déjà à combler le retard accumulé durant la première vague.
Il y a encore du retard à rattraper. Oui il y avait une mise à niveau à faire au début de l’année scolaire. Les équipes-écoles travaillent encore à cette mise à niveau là, mentionne Nicolas Prévost.
Le suivi des apprentissages est plus difficile à faire, dans un contexte où les élèves de 4e et 5e secondaire suivent leurs cours en ligne une journée sur deux et où 1303 classes sont fermées en raison de la pandémie dans la province.
On ne veut pas d’une génération Fortnite
L’inquiétude d’un long congé de Noël pour la réussite des étudiants est partagée par l’Association québécoise du personnel de direction des écoles (AQPDE).
On ne peut pas se permettre de perdre encore des journées en classe, affirme son président Carl Ouellet.
On constate déjà une hausse du taux d’échec dans nos écoles, si en plus, on laisse nos jeunes jouer à des jeux vidéo durant cette période, ce sera catastrophique. Personne au Québec ne veut d’une Génération FortniteCarl Ouellet, président, Association québécoise du personnel de direction des écoles
Il y a toujours 1027 écoles qui comptent des cas actifs de COVID-19 au Québec et 9 écoles sont fermées ou partiellement ouvertes.
Avec Radio-Canada par Jean-François Nadeau, Félix Morrissette-Beaulieu
La fusée Soyouz qui devait transporter jeudi l’astronaute américain Nick Hague et le cosmonaute russe Alexeï Ovtchinine vers la Station spatiale internationale (ISS) a connu une défaillance de moteur après son décollage, contraignant l’équipage à revenir sur Terre.
Les deux astronautes sont indemnes et ont été récupérés par les services de secours. Voilà ce que l’on sait de l’incident, le premier concernant un vol habité russe depuis 1983:
– 3,2,1…
Le compte à rebours est lancé au cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan, par un temps dégagé. Le soleil brille et le thermomètre affiche une vingtaine de degrés, inhabituel pour la saison.
La fusée décolle comme prévu, à 14H40 locales (08H40 GMT), selon un photographe de l’AFP sur place. Sur les images retransmises en direct par la Nasa et Roskosmos, l’agence spatiale russe, le décollage de la fusée Soyouz semble se dérouler comme d’habitude.
« La fusée a décollé absolument normalement », affirme le journaliste de l’AFP: « Mais après la séparation du premier étage, on a eu l’impression qu’il y avait une sorte de flash ».
– Urgence
Les images retransmises en direct montrent les deux astronautes à l’intérieur de la cabine, puis elles s’interrompent comme à l’accoutumée, la caméra ne pouvant suivre la fusée au-delà d’une certaine altitude.
La Nasa retransmet alors des images de synthèse de la fusée, accompagnées des commentaires des astronautes dans la cabine de pilotage.
Soudain, au bout de seulement deux minutes de vol, trois courts signaux sonores retentissent, signifiant une « urgence ».
« Problème de lanceur, 2 minutes 45 secondes », annonce ensuite d’une voix parfaitement calme Alexeï Ovtchinine, le commandant de bord de la fusée Soyouz, un cosmonaute expérimenté de 47 ans dont c’est le second voyage dans l’espace après un premier séjour sur l’ISS en 2016.
Selon l’agence Interfax, la défaillance d’un moteur s’est produite au bout de 119 secondes de vol, au moment de la séparation des premier et deuxième étages de la fusée. Un des blocs du premier étage a frappé le second étage de la fusée, provoquant l’extinction du moteur, précise cette source.
– Sauvetage
Les systèmes de sécurité fonctionnent parfaitement et après quelques minutes d’incertitudes, l’agence russe Roskosmos annonce que les deux membres d’équipage du vaisseau Soyouz MS-10 sont vivants. « Les systèmes de secours ont été activés, le vaisseau a atterri au Kazakhstan. L’équipage est vivant et le contact a été établi avec lui », annonce-t-elle dans un communiqué.
Dès l’annonce de l’incident, les équipes de recherche mobilisées pour chaque lancement se mettent en route: plusieurs hélicoptères Mi-8 s’envolent vers le lieu présumé de leur atterrissage près de Jezkagan, une ville de 80.000 habitants éloignée de plus de 400 kilomètres du cosmodrome de Baïkonour.
Parallèlement, un Antonov-26 largue des parachutistes au-dessus du lieu où a atterri le module des deux astronautes. Selon plusieurs sources, Nick Hague et Alexeï Ovtchinine ont attendu moins de quinze minutes l’arrivée des secours.
Un responsable de l’agence spatiale Roskosmos peut alors annoncer aux journalistes présents à Baïkonour que les astronautes « ont été récupérés et sont transportés » vers Jezkagan.
L’opposition et le parti au pouvoir manifestent pendant deux jours à travers le pays, les uns pour réclamer le retour à la Constitution de 1992, les autres pour soutenir le chef de l’État. La veille, le Parlement a voté le projet de loi portant réforme Constitutionnelle, sans atteindre le quorum requis mais en ouvrant la voie à un référendum.
L’arithmétique est claire comme de l’eau de roche. Avec 91 inscrits, 62 voix pour, 0 contre et 1 abstention, l’Assemblée nationale est donc passée au vote à l’issue des travaux en commission, pour faire adopter le projet de loi portant réformes constitutionnelles déposé par le gouvernement quelques jours plus tôt. « Le vote est acquis à la majorité des 2/3. Cela oblige le gouvernement à en tirer toutes les conséquences, à savoir le recours au référendum afin de redonner la parole au peuple souverain », a déclaré Dama Dramani, le président de l’Assemblée nationale.
Concrètement, la loi qui n’est pas adoptée, devrait être soumise « très prochainement » à un référendum conformément à l’article 144 de la Constitution togolaise. Le texte dispose en effet que « le projet ou la proposition de révision est considéré comme adopté s’il est voté à la majorité des quatre cinquièmes des députés composant l’Assemblée nationale. À défaut de cette majorité, le projet ou la proposition de révision adoptée à la majorité des deux tiers des députés composant l’Assemblée nationale est soumis au référendum ».
La séance de mardi s’est tenue en absence des députés de l’opposition qui réclament toujours un « retour au texte originel de 1992 », notamment l’alinéa 2 de l’article 59. « Encore une fois le gouvernement et sa majorité parlementaire ont montré leur mauvaise foi en introduisant un texte bancal et provocateur, à prendre ou à laisser », a indiqué dans un communiqué Isabelle Ameganvi, présidente du groupe parlementaire de l’Alliance nationale pour le changement (ANC).
Troisième voie
« Les circonstances du vote de ce texte établissent à souhait que les partis de l’opposition ne se sont jamais situés dans la logique de réformes suivant les procédures en vigueur. Il apparaît clairement que leur stratégie est d’en appeler à l’insurrection sur fond d’incantations et de réclamations incohérentes », a indiqué à Jeune Afrique un responsable du parti au pouvoir.
Deux camps semblent désormais se distinguer au sein de l’opposition. Un qui compte sur la rue (majoritaire) et une minorité qui croit que le débat devrait se faire notamment sur la possibilité de l’actuel chef de l’État de se représenter en 2020. Entre la rue et le référendum, une troisième voie consisterait selon Gerry Taama, ancien candidat à la présidentielle, à « discuter à fond du code électoral tout en suspendant le processus en cours ».
Éviter « des violences inutiles qui plongeraient le pays dans le chaos »
Pour Mohamed Madi Djabakate, président du Conseil d’administration du Centre pour la gouvernance démocratique et la prévention des crises (CGDPC), la recherche d’un compromis entre les deux camps doit être la priorité en ce moment. « Il ne sert à rien de dépenser l’argent du contribuable pour organiser un référendum. Je suis d’avis avec plusieurs analystes que la réforme du système électoral est tout aussi importante que la révision de la Constitution, laquelle doit comporter des dispositions importantes sur la Ceni », explique-t-il.
De nombreuses voix s’élèvent ainsi pour appeler les deux camps à la retenue lors des manifestations de ces deux jours afin d’éviter « des violences inutiles qui plongeraient le pays dans le chaos ».
Parmi les étudiants actifs, 80 % occupent leur poste trois jours ou plus au cours d’une semaine travaillée, avec des conséquences défavorables quand il s’agit d’un emploi déconnecté des études.
Flickr / Camille Stromboni (CC by 2.0)Près de 23 % des étudiants français exercent une activité rémunérée durant leurs études, une statistique qui couvre une réalité bien plus large que le seul «job étudiant », selon une étude publiée vendredi 7 juillet par le ministère du travail. Sur la période 2013 à 2015, en moyenne, 2,4 millions de jeunes âgés de 18 à 29 ans suivaient des études dans l’enseignement supérieur, dont 23 % étaient actifs au sens où l’entend le Bureau international du travail (BIT), c’est-à-dire qu’ils avaient travaillé au moins une heure la semaine précédant l’enquête.
Selon la Dares, le service des statistiques du ministère, 37 % d’étudiants actifs travaillent dans le cadre d’un CDD, 31 % en CDI, 29 % en contrat d’apprentissage. Les 3 % restants regroupent les non-salariés et les personnes qui ne précisent pas le type de l’emploi.
Parmi les étudiants actifs, 80 % d’entre eux occupent leur poste trois jours ou plus au cours d’une semaine travaillée, pour une durée de travail hebdomadaire d’en moyenne vingt-huit heures et quarante-cinq minutes.
Les effets différenciés des expériences de travail
Pour la majorité des étudiants qui travaillent (56 %), l’activité exercée a un lien avec les études : ils sont principalement en apprentissage, en stage, ou salariés étudiants (internes des hôpitaux, attaché temporaire d’enseignement et de recherche, ATER), les périodes de travail faisant partie intégrante de la formation.
Pourcentage d’étudiants exerçant une activité liée à leur cursus, selon le niveau et le type d’études :
Les étudiants qui travaillent régulièrement mais dont l’activité n’a pas de lien avec leurs études sont 61 % à exercer à temps partiel, mais pour une charge horaire qui reste lourde : en moyenne vingt-trois heures par semaine pour 73 % d’entre eux. Ils sont le plus souvent caissiers, vendeurs, serveurs, surveillants ou donnent des cours particuliers.
La Dares note « les effets différenciés » que peuvent avoir les expériences de travail sur le parcours de l’étudiant. Les activités « les plus déconnectées des études, exercées de façon régulière ou intense, peuvent avoir des répercussions non négligeables sur les conditions d’études et sur leur réussite ».
La Conférence épiscopale nationale des évêques (Cenco) a mis fin à la médiation entre le pouvoir et l’opposition, a-t-elle indiqué lundi, tard dans la soirée. Les évêques en appellent à la responsabilité du chef de l’État pour la poursuite des négociations.
« À ce niveau, la Cenco porte à la connaissance de l’opinion tant nationale qu’internationale l’impasse politique de ces discussions » a souligné Mgr Marcel Utembi, président de la Cenco, dans son discours de clôture des travaux portant sur « l’arrangement particulier », ce document additif du compromis politique signé le 31 décembre 2016 sous l’égide des évêques dans lequel toutes les modalités d’application de l’accord entre le pouvoir et l’opposition devaient être définies, mais qui n’a toujours pas été adopté.
Les discussions dans l’impasse
Devant la presse, le vice-président de la Cenco, Mgr Fridolin Ambongo, a pour sa part déploré « les jeux d’intérêt partisans qui priment sur l’intérêt de la nation ». « Il y a des petites questions qu’on pouvait facilement traiter qu’on fait traîner en longueur comme si la souffrance du peuple ne leur disait rien », a-t-il renchéri, regrettant qu’aujourd’hui, « plus personne ne parle des élections ».
Très critique envers « la classe politique », dont il pointe « l’inconscience et l’insensibilité par rapport à la gravité de la situation », en référence notamment aux violences dans le Kasaï (centre) et dans l’est de la RDC, Mgr Fridolin Ambongo a lancé un appel au peuple, affirmant que « la pression ne peut venir uniquement de la Cenco ».
Appel au chef de l’État
Pour conclure, la Cenco « en appelle à l’implication personnelle et à la responsabilité du Chef de l’État en tant que garant de la nation, dans la mise en oeuvre rapide de l’accord de la Saint-Sylvestre« . Dans ce compromis, le chef de l’État congolais – dont le mandat est échu depuis le 20 décembre – peut rester au pouvoir, mais il doit nommer un Premier ministre issu du Rassemblement, la principale plateforme de l’opposition.
« Après trois mois de médiation, nous constatons que les évêques ont échoué dans la mission que le président Joseph Kabila leur avait confiée. Le chef de l’État, en sa qualité de garant de la nation, va prendre ses responsabilités », a réagi mardi Barnabé Kikaya Bin Karubi, conseiller diplomatique du chef de l’État en visite à Berlin, contacté par JA.
Nous avons fait tout ce qui était dans la mesure du possible
« Nous prenons acte de la déclaration de la Cenco qui vient de mettre fin à la médiation. C’est un jour triste pour le Congo et pour les Congolais », a déclaré lundi devant la presse Félix Tshisekedi (le fils d’Étienne), de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Parlant au nom du Rassemblement de l’opposition, il a estimé que ce dernier avait « fait tout ce qui était dans la mesure du possible pour essayer de trouver une solution à cette crise qui est due au fait qu’on n’a pas organisé des élections libres et démocratiques dans ce pays ».
Le Rassemblement, qui est parvenu, bon an, mal an, à rester soudé après la disparition d’Étienne Tshisekedi le 1er février à Bruxelles, s’exprimera publiquement ce mardi, à Kinshasa, au sujet de la situation politique en RDC, a indiqué le fils de l’opposant historique.
François Hollande au Mont-Saint-Michel, le 31 octobre. Crédits photo : Liewig Christian/Liewig Christian/ABACA
La stratégie du président qui ne produit pas encore de résultats commence à agacer au sein de la majorité.
Il a la bougeotte. À cinq semaines des régionales, et à plus d’un an de la présidentielle, François Hollande est partout. Depuis la rentrée, le chef de l’État a sillonné le territoire, à raison d’une vingtaine de déplacements. Celui de jeudi, en Lorraine, est emblématique de cette boulimie: en un seul après-midi, le président s’est rendu dans trois villes différentes et abordé autant de sujets: le service militaire volontaire, à Montigny-lès-Metz ; la rénovation urbaine, dans la banlieue de Nancy ; le logement, enfin, à l’occasion d’un discours fleuve à Nancy.
L’an dernier, à la même époque, le chef de l’État n’avait effectué que deux ou trois déplacements seulement. «L’opposition de la Manif pour tous et l’impopularité rendaient les déplacements moins faciles», reconnaît un conseiller qui veut croire que cette page est tournée. Fin août, Hollande a demandé à ses équipes de lui ficeler un agenda de reconquête. Le président savait que le temps était compté, alors que novembre et décembre seront consacrés à la conférence sur le climat, au régalien (un conseil de défense est prévu jeudi) et à l’international (Chine et Corée, Malte, Turquie).
Parallèlement, Hollande enchaîne les interventions médiatiques: Le Dauphiné libéré, Arte, RTL, Le Chasseur français… Le chef de l’État sera sur Europe 1 mardi. Il devrait également accorder un entretien à L’Express à la fin du mois sur les enjeux climatiques. Pour l’Élysée, le paysage médiatique est aujourd’hui tellement éclaté qu’il faut «varier les supports». «Il faut faire à la fois Society et Le Chasseur français», argue un conseiller. Mais d’autres proches du président s’interrogent sur «cette manière d’appréhender la société comme des segments d’un marché». «Cette stratégie est-elle payante?», s’interroge l’un d’eux.
C’est la question. Alors que Hollande ne décolle pas dans les sondages, cette communication tous azimuts suscite de plus en plus d’interrogations au sein de la majorité. «Il saute sur tout ce qui bouge, soupire le député PS Christophe Caresche. Ce suractivisme communicationnel a des effets pervers: mettre en scène son impopularité (les sifflets à La Courneuve, NDLR) et banaliser sa parole.» Sévère, un ministre ne dit pas autre chose: «Cette frénésie de déplacements est surréaliste et rend illisible son action. En période de crise, plus vous vous agitez, plus vous faites peur. Il faut au contraire faire preuve de maîtrise, rester présidentiel.»
À l’Élysée, on défend la nécessité d’aller à la rencontre des Français. «Cela correspond à l’ADN du président, explique un conseiller. Il pense que c’est la meilleure façon de faire de la politique: voir les gens…» «Hollande fait ce qu’il sait faire, ajoute un dirigeant PS. Quand il était à 3 % dans les sondages, il a fait toutes les Fêtes de la rose, tous les comices agricoles… Tout le monde disait qu’il était dingo! À la fin, il est président de la République!»
La communication présidentielle monte également en puissance sur les réseaux sociaux, Twitter et Facebook. Les stratèges du chef de l’État, qui surveillent ce qui se pratique outre-Atlantique, ont noté que les candidats aux primaires utilisaient massivement le réseau de photos Instagram. Ils ont donc lancé un compte en octobre. L’Élysée pourrait créer aussi un compte Snapchat, autre réseau d’échanges de photos, en novembre. «La plupart des dirigeants politiques américains en ont un maintenant», relève un conseiller, qui précise qu’Instagram et Snapchat permettent de «toucher les jeunes».
L’Élysée se convertit au «story telling»
Depuis 2012, Hollande a également fait le choix d’ouvrir grand les portes de l’Élysée. Journalistes, dessinateurs, réalisateurs ont eu accès à la vie quotidienne du palais, côté coulisses… Cette stratégie de la transparence est parfaitement assumée par un président qui répète qu’il n’a «rien à cacher». Pour ses proches, c’est aussi un moyen, espère-t-on, de rendre ce président impopulaire «accessible» et «proche des Français». Tout en restaurant une image très dégradée. Hollande n’échappe pas non plus à cette règle: plus le pouvoir s’échappe, plus est grande la tentation de le mettre en scène.
Mais la machine s’est grippée: le documentaire du réalisateur Yves Jeuland, qui a passé six mois dans les coulisses du palais, a été jugé par beaucoup, à gauche, comme contre-productif pour le chef de l’État, qui apparaît dépassé par des événements sur lesquels il semble avoir peu prise. La place accordée dans ce film à la communication et au jeune conseiller du président, Gaspard Gantzer, a également été jugée excessive par de nombreux ministres ou députés PS. Le communicant du président, qui s’est attiré des jalousies à mesure qu’il devenait incontournable au palais, assume: «Il peut exister une incompréhension des concitoyens qui ne savent pas ce qui se passe de l’autre côté. D’où l’importance d’une certaine transparence, même s’il n’est pas possible de tout montrer.»
Mais dans les rangs socialistes, on regrette que Hollande fasse «du Sarkozy». Depuis l’arrivée de Gantzer, en avril 2014, les stratèges du président s’inspirent en effet, en partie, de leurs prédécesseurs. Comme l’était Franck Louvrier, l’ex-communicant de l’Élysée (2007-2012), Gaspard Gantzer reste accessible et réactif, ce qui est précieux pour la presse. Il s’est également converti au story telling, un procédé de communication consistant à découper l’action en «séquences», afin de pouvoir raconter une histoire et donner du sens, tout en gardant la main sur l’agenda médiatique. Un procédé que les socialistes critiquaient sous le quinquennat précédent. «Une communication politique se juge à l’aune des résultats électoraux, philosophe un proche du président. Attendons de voir.»