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Monnaie unique : le Nigeria souhaite un report du lancement de l’eco

février 11, 2020

Muhammadu Buhari

Muhammadu Buhari © Cliff Owen/AP/SIPA

 

Dans une déclaration sur son compte Twitter, la présidence nigériane demande un report du lancement de l’eco, future monnaie unique d’Afrique de l’Ouest, et qui vise à remplacer entre autres le franc CFA. Pour Abuja, les critères de convergence établis dans la feuille de route des pays membres de la Cedeao, et nécessaires à la mise en place de l’eco, ne sont pas encore remplis.

Nouvelle étape dans la guerre de tranchées amorcée il y a plusieurs semaines quant à l’adoption d’une future monnaie unique par les États d’Afrique de l’Ouest.

Après une première réaction, mi-janvier, des ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales de la Zone monétaire ouest-africaine (ZMAO), qui ont dénoncé la décision « unilatérale » de renommer le CFA en « eco », le Nigeria réitère. « La position du Nigeria sur l’eco est que les critères de convergence (entre États) n’ont pas été atteints par la majorité des pays » devant adopter cette monnaie commune, a indiqué la présidence nigériane sur son compte Twitter dans l’après-midi du lundi 10 février. Et d’ajouter : « Il doit par conséquent y avoir un report du lancement de la monnaie unique ».

La sortie nigériane de ce lundi s’annonce comme un avant-goût de la future réunion des ministres pays anglophones qui, selon les informations de Jeune Afrique, devrait se tenir vendredi 14 février à Freetown, en Sierra Leone.

Critères de convergence

Les quinze pays membres de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dont le Nigeria est membre, avaient indiqué l’an dernier qu’ils souhaitaient lancer l’eco en 2020, après bientôt quarante ans de débats. Mais fin décembre, huit pays francophones d’Afrique de l’Ouest, qui utilisent le franc CFA, avaient annoncé leur décision de remplacer leur monnaie commune par l’eco et de distendre ainsi les liens très controversés avec la France, ancienne puissance coloniale, qui accueillait notamment la moitié de leurs réserves de changes en échange de la convertibilité du CFA avec l’euro.

L’annonce surprise avait été faite par le président ivoirien, Alassane Ouattara, lors d’une visite de son homologue français, Emmanuel Macron, au lendemain d’un sommet de la Cedeao qui avait encouragé les efforts visant à mettre en place une monnaie unique ouest-africaine d’ici à juillet.

Le Nigeria et plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, notamment anglophones, avaient en effet trois semaines plus tard dénoncé cette décision, affirmant qu’elle n’était « pas conforme » au programme adopté récemment par l’ensemble de la région pour mettre en place une monnaie unique. Pour ces pays non CFA, il n’est pas envisageable que le nom « eco » soit associé à une monnaie qui ne remplit pas les critères retenus par tous à Abuja en juin 2019. Ce que rappelle le tweet du 10 février.

Jeuneafrique.com par Aurélie M’Bida – avec AFP

Transition franc CFA-eco : derrière la contestation des anglophones, une querelle ivoiro-nigériane

janvier 17, 2020

Muhammadu Buhari et Alassane Ouattara

Muhammadu Buhari et Alassane Ouattara ©

 

La mise en place annoncée fin décembre par Alassane Ouattara d’un « eco-UEMOA », indexé sur l’euro et garanti par la France, est vue par les pays d’Afrique de l’Ouest hors zone CFA comme un parasitage de l’instauration de « l’eco-Cedeao », monnaie unique flexible que les États d’Afrique de l’Ouest ont prévu d’adopter en 2020.

C’est une gifle que viennent d’infliger à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et au président ivoirien Ouattara les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales de Gambie, du Ghana, de Guinée, du Liberia, du Nigeria et de la Sierra Leone réunis en Conseil de convergence de la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO).

Dans un communiqué publié le 16 janvier à l’issue de leur réunion extraordinaire à Abuja (Nigeria), ils commencent par « féliciter l’UEMOA pour sa décision de se départir du franc CFA, mais prennent note avec préoccupation de la déclaration du président de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement [le président Ouattara] de l’UEMOA, le 21 décembre 2019, de renommer unilatéralement le franc CFA « eco », d’ici 2020 ».

Ils soulignent ensuite que « cette décision n’est pas conforme avec la décision de la Conférence d’État et de gouvernement de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) d’adopter « l’eco comme nom d’une monnaie unique indépendante de la Cedeao ». Ils recommandent « qu’un sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement membres se réunisse prochainement pour examiner en profondeur cette question ».

  • Que reprochent les signataires de la ZMAO à « l’eco-UEMOA » ?

Ils estiment que l’eco annoncé par le président Ouattara n’est qu’un avatar du franc CFA, parce que celui-ci demeure adossé à l’euro, que son taux de change est garanti par la France et qu’il n’est pas flexible comme le stipulait les documents préparatoires présentés en juin à Abidjan.

  • S’agit-il d’un affrontement francophones / anglophones ?

Il ne semble pas. En effet, le 29 décembre, le président ghanéen Nana Akufo-Addo avait applaudi la transformation du franc CFA en eco, en déclarant être « déterminé à faire tout ce que nous pouvons pour rejoindre les membres de l’UEMOA dans l’utilisation de l’eco, car cela aidera à éliminer les barrières commerciales et monétaires ».

Il souhaitait seulement que l’eco adopte un taux de change flexible. La volte-face du Ghana, qui a signé le texte, s’explique par des considérations politiques et non économiques et monétaires.

Les signataires s’inquiètent notamment du leadership pris par la Côte d’Ivoire et son président Alassane Ouattara dans cette affaire, d’autant plus qu’ils ne savent pas si celui-ci sera toujours au pouvoir après la prochaine élection présidentielle du 31 octobre.

  • La Cedeao, moins intégrée que l’UEMOA

Une partie du problème soulevé par la naissance de « l’eco-UEMOA » tient à la différence d’intégration entre l’UEMOA (8 membres, une seule monnaie, deux langues dont le français pour sept de ses membres et une Banque centrale commune) et la Cedeao (15 membres, huit monnaies, trois langues et pas de Banque centrale commune).

La seconde est en retard par rapport à la première, alors qu’elle a vocation à l’absorber un jour. Certains pays de l’Union ont eu envie d’accélérer le pas après trente ans de piétinement monétaire et de se débarrasser par la même occasion du fardeau politique du CFA.

Mais la transformation du franc CFA en eco suscite les critiques des autres membres de la Communauté, car elle constitue une préemption sur la future monnaie commune et ne respecte pas les principes adoptés en juillet par les Quinze, à savoir la flexibilité du taux de change, la centralisation partielle des réserves de change et la fédéralisation de la future Banque centrale.

  • La colère du Nigeria

C’est le Nigeria qui a mené la charge contre les annonces du président Ouattara. Avec ses 200 millions d’habitants, le pays pèse 70 % du produit intérieur brut de la Cedeao et est le premier contributeur au budget de la Cedeao, ce qui lui confère le rôle de pilote de la Communauté.

Il verrait bien sa monnaie, le naira, peser lourdement dans la monnaie commune et unique que sera l’eco. Mais Alassane Ouattara lui a damé le pion en transformant le franc CFA en « eco-UEMOA ».

Le handicap du Nigeria est qu’il fait figure de frein et pas de moteur d’intégration. Extrêmement protectionniste, il est hostile à l’adhésion du Maroc à la Communauté, a imposé depuis le 20 août 2019 un embargo strict aux produits en provenance de ses voisins béninois et nigériens, a cherché à monopoliser les postes au sein de la Commission de la Cedeao et a traîné les pieds pour adhérer à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca).

  • La crise peut-elle dégénérer ?

Un spécialiste des questions monétaires, contacté par Jeune Afrique, ne l’envisage pas : « La mise en place de l’eco va durer tellement longtemps, compte tenu de la complexité d’une monnaie commune et des critères de convergence requis pour en faire partie, que les partenaires auront le temps de se mettre progressivement d’accord, de palabres en palabres ».

Il existe pourtant un risque, ajoute-t-il, à savoir « que la réaction des anglophones trouve un écho parmi les chefs d’État et de gouvernement de l’UEMOA qui ne sont pas vraiment convaincus par l’eco tel qu’il a été présenté par Ouattara ». Le président béninois, Patrice Talon a par exemple témoigné plus d’empressement dans ses prises de distance avec le franc CFA. Une crise de la zone monétaire de l’Union serait potentiellement grave pour la région.

Jeuneafrique.com par Alain Faujas

 

Le Ghana prêt à se rallier à l’eco après la réforme du franc CFA

décembre 30, 2019

Nana Akufo-Addo, président de la République du Ghana.

Nana Akufo-Addo, président de la République du Ghana. © John MacDougall/AP/SIPA/2019.

 

Deuxième PIB d’Afrique de l’Ouest, mais non membre de l’UEMOA, le Ghana a indiqué dimanche 29 décembre être déterminé à rejoindre les huit pays de la zone franc CFA dans l’utilisation de l’eco. Mais sans vouloir de parité fixe avec l’euro.

« Nous, au Ghana, sommes déterminés à faire tout ce que nous pourrons pour rejoindre les membres de l’Uemoa [Union économique ouest-africaine, NDLR], rapidement, dans l’utilisation de l’eco, qui, nous le croyons, nous aidera à lever les barrières commerciales et monétaires », a déclaré le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, dans un communiqué publié dimanche 29 décembre.

Pour un régime de change flexible

Si cette volonté se concrétisait, le Ghana, qui possède sa propre devise, le cedi, serait la première économie de la zone eco, devant la Côte d’Ivoire.

Dans son communiqué, le président du Ghana appelle cependant à l’abandon de la parité fixe à l’euro pour « l’adoption d’un régime de change flexible ».

Huit pays dans la future zone monétaire

L’Uemoa et la France ont signé le 21 décembre un accord pour une réforme en profondeur du franc CFA qui deviendra « l’eco » en 2020 mais restera arrimé à l’euro.

La zone regroupe pour l’heure le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, mais son ambition est d’intégrer davantage d’économies africaines pour peser dans les échanges économiques.

Par Jeuneafrique.com

Monnaie unique de la Cedeao : pour Alassane Ouattara, une partie des pays seront prêts à adopter « Eco » en 2020

juillet 10, 2019

Alassane Ouattara et Emmanuel Macron, le 9 juillet 2019 à Paris. © Ludovic MARIN/AFP

 

Les pays d’Afrique de l’Ouest qui respectent les critères de convergence devront se prononcer ensemble pour savoir s’ils adoptent dès 2020 Eco comme monnaie commune, a déclaré le 9 juillet le président ivoirien Alassane Ouattara, à l’issue d’un entretien à Paris avec Emmanuel Macron.

« Les chefs d’État de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) ont décidé qu’ensemble, à 15, nous allons mettre en place une nouvelle monnaie qui s’appelle l’Eco. À terme le franc CFA s’appellera l’Eco », a réaffirmé depuis Paris Alassane Ouattara, commentant la décision annoncée le 29 juin lors d’un sommet de la Cedeao à Abuja d’adopter cette monnaie commune. « On espère que ça pourra se faire le plus tôt possible, c’est le vœu des populations ».

Mais tous ne pourront adopter cette nouvelle monnaie en 2020, a souligné le président ivoirien. « Cela dépend de la volonté de chaque État. La Côte d’Ivoire respecte les critères de convergence pour 2020, d’autres les respectent, mais de nombreux pays ne les respectent pas », a-t-il estimé. « Il faudrait que les critères de convergence soient atteints par tous les pays avant d’y aller », a-t-il averti.

Le Franc CFA condamné ?

En revanche « nous avons arrêté que les pays qui sont prêts, comme ceux de la zone UMOA (Union monétaire ouest-africaine), et qui ont fait des efforts importants de bonne gestion, de bonne gouvernance, de maîtrise des déficits, de maîtrise de la dette, seront prêts sans doute en 2020. Il appartiendra aux chefs d’État de cette zone de prendre une décision, ce n’est pas à moi de le dire », a-t-il conclu.

Cette décision condamnera-t-elle le Franc CFA, monnaie très critiquée ? « Aucune monnaie n’est condamnée, les monnaies vivent au rythme des États », s’est contenté de répondre le chef d’État ivoirien.

Par Jeune Afrique avec AFP