Ibrahima Soumaré a la main hésitante. Crayon et gomme en main, il couche soigneusement quelques lettres sur une feuille blanche. Peu satisfait, il efface et reprend. Son exercice du jour: dessiner un graffiti avec le mot « top ».
« Ce n’est pas facile, surtout pour un nouveau comme moi », dit dans un sourire timide ce Sénégalais de 26 ans qui a abandonné ses études pour s’inscrire il y a deux mois dans une école de graffiti à Guédiawaye dans la banlieue dakaroise, le RBS Akademya.
Serigne Mansour Fall, alias Madzoo, un des 25 membres du collectif fondateur, assure que l’école créée en décembre 2021 n’a pas d’équivalent au Sénégal ni en Afrique. Elle se veut « un lieu de rencontre, d’échange, de partage de savoir-faire », explique-t-il.
L’objectif, « c’est d’apporter notre part d’héritage », « de former de jeunes professionnels » pour qu’ils soient « utiles » à la société et d’aider les gens à « prendre conscience des enjeux de leur époque ».
Les graffitis font partie du décor de Dakar et de sa banlieue où la culture hip-hop passionne de nombreux jeunes.
Le graffiti est apparu au Sénégal vers la fin des années 80 en même temps qu’un mouvement spontané de jeunes, « Set-Setal » (littéralement « propre et rendre propre »).
Ces jeunes combattaient l’insalubrité dans la capitale et sa banlieue et, après avoir nettoyé les quartiers, dessinaient sur les murs des images de marabouts afin de dissuader les habitants de jeter de nouveau leurs ordures dans la rue, raconte Madzoo.
Naguère considéré comme un « métier de paresseux qui ne fait pas vivre son homme », le graffiti gagne aujourd’hui en reconnaissance, croit Madzoo.
Tableaux et graffitis rivalisent de beauté et de couleurs dans les couloirs du bâtiment de deux étages qui abrite l’école.
Une peinture d’un vieil homme à la barbe blanche captive le regard, une petite plante aux fleurs formées de coquillages germe de son crane rasé. « Il symbolise le panafricanisme », explique Madzoo, l’auteur.
La salle de classe, un espace avec une longue table de travail et un tableau mural, n’est pas moins panachée.
De gros caractères roses et verts décorent le mur à l’entrée. Le mot, difficile à décrypter, c’est « style », décode Ibrahima Soumaré. « J’avais aussi du mal à le lire avant », sourit-il.
Patient et fort
Le cours du jour s’articule autour du « concept art » – comment exprimer, matérialiser une idée – et les couleurs, explique Chérif Tahir Diop, dit Akonga, graffeur, designer, et désormais professeur.
« On n’est pas dans une école conventionnelle. Tout se fait dans un esprit léger », dit-il au son des mélodies de reggae diffusées par son ordinateur.
Libasse Sarr, 18 ans, et Maurice Diouf, 25 ans, ont aussi arrêté les études pour s’inscrire au RBS Akademya (RBS pour RadiK-L Bomb Shot).
Ils y recevront pendant six mois trois cours par semaine de théorie et de pratique.
Ils sont quatre en tout à à constituer la troisième promotion de l’école. Ils repartiront avec une attestation, non reconnue par l’État du Sénégal.
« On a décidé de prendre un effectif réduit pour travailler dans les meilleures conditions », assure Madzoo.
Les élèves versent une inscription de 25.000 francs CFA (environ 40 euros) et payent 15.000 francs CFA (environ 23 euros) chaque mois.
RBS Akademya, très active sur les réseaux sociaux, sert aussi de résidence artistique.
Selon Madzoo, quelques artistes étrangers y séjournent de temps en temps pour participer à des expositions ou partager leur expérience.
Initié au graffiti dès l’âge de 7 ans par des aînés dans son quartier, Madzoo, 36 ans, lunettes noires sur les yeux, compte parmi les figures sénégalaises de cet art de la rue.
Il se dit panafricaniste, engagé au « côté du peuple », et n’hésite pas à prendre position.
En 2021, au lendemain d’émeutes qui avaient fait une douzaine de morts, une fresque murale qui portait la signature de son collectif avait été largement partagée sur les réseaux sociaux.
Elle représentait le président Macky Sall, manche de costume aux couleurs de la France, tirant à bout portant sur un jeune.
Le dessin avait vite et mystérieusement été effacé. Madzoo affirme depuis subir des pressions politiques du pouvoir.
Ses élèves se sont inscrits dans l’école par passion, conscients du peu de débouchés de leur activité. I
ls espèrent connaitre un jour le même succès que lui et rêvent de voyager pour exprimer leur talent. Mais il « faudra être patient et fort », prévient Akonga.
Le SPVM enquête sur l’agression à coups de marteau contre un élève de 16 ans à l’école Calixa-Lavallée, dans le nord de Montréal. Photo: Radio-Canada/Stéphane Grégoire, Patrouilleur-Caméraman
Un adolescent de 16 ans a été victime d’une agression armée à la sortie des classes d’une école secondaire de l’arrondissement de Montréal-Nord, lundi, en fin d’après-midi.
L’agression à coups de marteau, qui a failli coûter la vie au jeune homme, était planifiée par les agresseurs.
Selon nos informations, le groupe de jeunes, formé de cinq adolescents et d’une élève de l’école, qui venait de commettre l’agression armée, a pris la fuite vers l’avenue Pelletier en direction sud.
Quelques dizaines de mètres à l’extérieur de la cour de l’école secondaire, un conducteur d’un véhicule de type VUS les aurait aidés à quitter les lieux de l’agression rapidement.
Cette sauvage attaque aurait débuté à la suite d’une querelle verbale entre un adolescent de 16 ans et une autre adolescente de 14 ans, sur le terrain de l’école Calixa-Lavallée.
Par la suite, les différentes informations recueillies démontrent que la trame des événements a rapidement déboulé en un incident très violent.
La jeune femme n’aurait pas accepté les insultes qu’on lui aurait proférées. Pour ce manque de respect, elle serait revenue sur place pour régler ses comptes avec cinq de ses amis, qui ne sont pas des élèves de l’établissement.
Le SPVM serait parvenu à retrouver l’arme, en l’occurrence un marteau, qui a servi à l’agression armée contre un adolescent de 16 ans. Photo: Radio-Canada/Stéphane Grégoire, Patrouilleur-Caméraman
Vers 14 h 50, un groupe de cinq adolescents aurait été aperçu en train de rôder autour de l’école afin d’y trouver un moyen d’y entrer.
Lorsqu’ils repèrent l’adolescent qu’ils veulent tabasser, ce dernier est déjà en train de réunir deux de ses amis pour l’aider à se défendre.
Les choses tournent rapidement au vinaigre de sorte que l’adolescent au cœur du conflit initial prend la fuite rapidement à pied.
Or, ses amis qui se sont interposés par solidarité se retrouvent au centre d’une bagarre générale. L’un d’eux réussit aussi à s’enfuir, mais le troisième, qui s’est effondré au sol, est roué de coups. C’est à ce moment qu’il aurait reçu des coups de marteau à plusieurs reprises.
Durant plusieurs heures, les policiers dressaient un bilan médical très critique pour l’adolescent. Mais fort heureusement, son état s’est stabilisé au cours de la nuit.
Selon nos informations, les enquêteurs du SPVM auraient non seulement retrouvé le marteau utilisé lors de l’agression, mais ils seraient en mesure d’identifier tout le groupe de jeunes grâce aux caméras de l’école secondaire.
La direction de l’école et le CSSPI collaborent avec le SPVM. Des mesures sont mises en place afin de renforcer la surveillance et d’assurer la sécurité des élèves et du personnel, a mentionné Me Valérie Biron du Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île.
« Une équipe de professionnels est présente à l’école afin d’apporter le support nécessaire aux élèves et au personnel qui en ressentiraient le besoin. »— Une citation de Me Valérie Biron, Directrice Services corporatifs, communications et secrétariat général chez Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île.
Au moins 15 personnes ont été tuées, dont 11 enfants, au cours d’une fusillade dans une école d’Ijevsk, dans le centre de la Russie, un « attentat terroriste inhumain » selon le président Vladimir Poutine.
« Le président regrette profondément la mort de personnes et d’enfants dans cette école où un attentat terroriste a été perpétré », a indiqué à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
« A la suite du crime, 15 personnes sont décédées, dont onze enfants et quatre adultes (et) 24 autres blessées dont 22 enfants et 2 adultes », a indiqué dans l’après-midi le Comité d’enquête, revoyant son bilan précédent à la hausse.
« Le président souhaite la guérison aux blessés de cet attentat inhumain », a ajouté le Kremlin.
Le suspect, qui s’est suicidé selon les enquêteurs, portait un pull « noir à la symbolique nazie et une cagoule ». Il s’agit d’un ancien élève de cette école, Artiom K., né en 1988, ont-ils précisé dans un communiqué séparé.
« On vérifie s’il était adepte des positions néo-fascistes et de l’idéologie nazie », selon la même source.
Les enquêteurs ont également publié une vidéo montrant le corps d’un individu allongé sur le sol, du sang autour du crâne et vêtu d’un pull noir sur lequel figurait un croix gammée rouge.
« Les policiers ont retrouvé le corps de l’homme qui a ouvert le feu. Selon nos informations, il s’est suicidé », avait indiqué de son côté le ministère russe de l’Intérieur.
Les faits se sont déroulés dans la matinée dans l’école n°88 de cette ville située juste à l’ouest du massif de l’Oural, chaîne montagneuse qui sépare la Russie européenne et asiatique. Cette cité abrite toujours les usines fabriquant les fusils d’assaut Kalachnikov.
Selon le gouverneur de la région, Alexandre Bretchalov, l’assaillant a tué le garde avant d’ouvrir le feu à l’intérieur de l’école.
Le site de l’établissement scolaire indique qu’il compte près de mille élèves et 80 enseignants.
Le gouverneur s’exprimait, visiblement ému, dans une vidéo réalisée devant l’école. Derrière lui, on pouvait voir des personnels médicaux entrer dans le bâtiment au pas de course, certains transportant un brancard.
« Des enquêteurs, des criminalistes et des experts du Comité d’enquête russe travaillent sur place », a déclaré dans l’après-midi le président du principal organe d’investigation du pays, Alexandre Bastrykine.
Selon le ministère de la Santé, « 14 équipes d’ambulanciers » sont aussi sur le site et « un groupe de médecins » doit se rendre à Ijevsk « pour aider les victimes ».
Une enquête pour « meurtre » et « port illégal d’armes » a été ouverte.
Climat tendu
La fusillade de lundi intervient dans un climat tendu dans de nombreuses régions de Russie, sur fond de mobilisation militaire de centaines de milliers de réservistes pour l’offensive russe en Ukraine.
Lundi également, un homme a ouvert le feu dans un centre de recrutement de l’armée russe en Sibérie, blessant grièvement un militaire qui y travaillait.
Autrefois rarissimes, les fusillades mortelles, notamment dans des écoles, ont tendance à devenir plus fréquentes en Russie depuis quelques années, au point que le président Vladimir Poutine s’en est alarmé, y voyant un phénomène importé des États-Unis et un effet pervers de la mondialisation, ce qui l’a conduit à durcir la législation sur le port d’armes.
En avril, un homme avait ouvert le feu dans une école maternelle et tué deux enfants ainsi qu’une institutrice, avant de se suicider, dans la région d’Oulianovsk, également dans le centre de la Russie.
La fusillade la plus meurtrière remonte à octobre 2018, quand un lycéen avait tué 19 personnes avant de se donner la mort dans un lycée de Kertch, dans la péninsule annexée de Crimée.
Ijevsk, ville de près de 650.000 habitants, est la capitale de la république d’Oudmourtie dans le centre du pays.
C’est dans cette ville industrielle et longtemps fermée aux étrangers sous l’ère communiste que Mikhaïl Kalachnikov a mis au point en 1947 son premier « AK-47 », devenu depuis mondialement célèbre.
Des Ukrainiens s’initient au français à Trois-Rivières
Le reportage de Raphaël Brouillette Photo : Radio-Canada
L’école de francisation du Cégep de Trois-Rivières a reçu une première vague d’étudiants ukrainiens. Plusieurs exilés de guerre ayant trouvé refuge dans la région ont commencé, lundi, leur cours de français.
Dans la classe de Joanne Leblanc, plus de la moitié des élèves sont Ukrainiens. Ils suivront un cours intensif d’une durée de 11 semaines, où du matin au soir, ils apprendront les bases du français.
C’est tout l’alphabet et les prononciations, explique la formatrice Joanne Leblanc. Ce que plusieurs immigrants ne savent pas c’est qu’il y a le français et le québécois. Lire, écrire et parler sont des choses bien différentes. On leur montre le français écrit et on transforme les ‘’je suis’’ en ‘’j’suis’’.
Parmi les étudiants ukrainiens, il y a Natalya Harasymchuk. Natalya veut apprendre le français pour s’intégrer, mais aussi par respect pour sa terre d’accueil. C’est pour le moment en anglais qu’elle nous l’exprime.
C’est une nécessité de maîtriser le français ici, reconnaît-elle. Je pense que c’est une façon de respecter tout le monde. C’est un peu difficile, mais c’est intéressant.
Elle, son mari et leur fils vivent chez une famille québécoise depuis leur arrivée en sol canadien au début du mois de juin. L’Ukrainienne en profite pour répéter ses nouvelles notions de français avec sa famille d’accueil, dans l’espoir de retourner promptement à son premier amour professionnel.
J’espère qu’on va apprendre le français rapidement. Je suis une enseignante et j’aimerais travailler dans ce domaine. J’aimerais enseigner aux enfants , explique-t-elle.
L’avantage de la région comme terre d’accueil
Le mari de Natalya mise, lui aussi, sur le cours de francisation pour retrouver son ancienne profession de camionneur. L’apprentissage de la langue est pour eux un défi de taille, mais selon Joanne Leblanc, ils la parleront plus vite en demeurant dans une région comme en Mauricie, où le français est la langue d’usage au travail.
On sait qu’à Montréal, on peut vivre en anglais. De ce que les étudiants me disent, parler en anglais à Trois-Rivières, c’est plus difficile. Ils doivent apprendre le français , explique-t-elle.
S’il sont jumelés avec des personnes qui parlent beaucoup en français, ça pourrait venir assez naturellement, confirme Sandra Ranaivoarivelo, agente de francisation à l’École de français du Cégep de Trois-Rivières. J’ai des Ukrainiens qui sont déjà assez avancés.
Les formatrices croient donc que les conditions sont propices à l’intégration de Natalya et sa famille. Il s’agit pour eux d’un passage obligé, car il est encore trop tôt pour envisager un retour à la contrée d’origine. En Ukraine, c’est très dangereux. On veut se développer ici, pour un certain temps. Et la suite, la vie nous le dira.
Par Radio-Canada avec les informations de Raphaël Brouillette
Cette nouvelle fusillade a suscité l’effroi et le désespoir chez les parents d’enfants fréquentant l’école ciblée par le tireur. Photo : Reuters/Marco Bello
Un jeune homme a ouvert le feu mardi dans une école primaire au Texas, tuant 18 enfants et 3 autres personnes, un drame qui replonge les États-Unis dans le cauchemar récurrent des fusillades en milieu scolaire.
Le suspect, âgé de 18 ans, a agi d’une façon atroce et insensée dans la ville d’Uvalde, a déclaré le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, lors d’une conférence de presse.
Le tireur présumé, identifié comme Salvador Ramos, est lui aussi mort dans cette tuerie qui a touché la commune située à environ 130 kilomètres à l’ouest de San Antonio.
Il aurait d’abord visé sa grand-mère, dont l’état de santé restait à préciser, avant de se rendre à l’école et d’abandonner sa voiture pour entrer dans le bâtiment avec une arme de poing et peut-être un fusil, selon le gouverneur.
Les mobiles de cette attaque, l’une des pires dans une école depuis des années, étaient pour l’instant inconnus.
La fusillade s’est produite à l’école primaire Robb, qui accueille des enfants âgés de 5 à 7 ans à Uvalde. Plus de 500 enfants, dont près de 90 % d’origine hispanique, étudiaient dans l’établissement pendant l’année scolaire 2020-2021, selon des données de l’État.
Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montraient des enfants évacués en urgence, courant par petits groupes vers des bus scolaires jaunes, devant cet établissement aux bâtiments bas et plats, typiques du sud des États-Unis.
Le président [Joe] Biden est tenu informé de la tuerie est continue de l’être à mesure que les informations sont disponibles, a indiqué la porte-parole de la présidence, Karine Jean-Pierre.
« Les prières [du président Biden] vont aux familles frappées par cet événement épouvantable. »— Une citation de Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison-Blanche
M. Biden s’exprimera mardi soir, à l’issue de sa tournée en Asie.
Dans une proclamation, le président Biden a ordonné la mise en berne des drapeaux à la Maison-Blanche ainsi que sur les bâtiments et lieux publics des États-Unis jusqu’à samedi soir, en signe de respect pour les victimes de cet acte de violence insensée.
La cheffe des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a dit qu’il s’agissait d’un acte monstrueux qui a volé l’avenir de chers enfants. Il n’existe pas de mots pouvant décrire la douleur et l’indignation face au massacre de sang-froid de petits écoliers et d’enseignants, a-t-elle écrit dans un communiqué.
Ted Cruz, sénateur républicain du Texas, a remercié sur Twitter les forces de l’ordre héroïques et les secours pour leur intervention lors de cette horrible fusillade.
La police a dit avoir appréhendé le présumé tireur. Photo : AP/Dario Lopez-Mills
Des drames fréquents
Cette attaque a replongé le pays dans les affres des fusillades en milieu scolaire, qui se répètent fréquemment avec des images choquantes d’élèves traumatisés, obligés de se confiner dans leur classe avant d’être évacués par les forces de l’ordre et de parents paniqués cherchant désespérément à avoir des nouvelles de leurs enfants.
Le drame rappelle celui de l’école primaire de Sandy Hook, à Newtown, dans le Connecticut, où un déséquilibré âgé de 20 ans avait tué 26 personnes, dont 20 enfants âgés de 6 et 7 ans, avant de se suicider.
Chris Murphy, sénateur démocrate de cet État, a supplié mardi ses collègues élus d’agir, assurant que ces tragédies n’étaient pas inévitables.
« Cela n’arrive que dans ce pays, et nulle part ailleurs. Dans aucun autre pays, les enfants ne vont à l’école en pensant qu’ils pourraient se faire tirer dessus. »— Une citation de Chris Murphy, sénateur démocrate du Connecticut
Trop, c’est trop, s’est emportée pour sa part la vice-présidente américaine Kamala Harris, appelant à agir pour réguler les armes. Nos coeurs continuent d’être brisés.
Nous devons trouver le courage d’agir, a-t-elle ajouté à l’intention du Congrès, impuissant à légiférer malgré les tragédies.
Le pays avait aussi été particulièrement marqué par une fusillade dans une école de Parkland, en Floride, qui avait fait 17 morts, dont une majorité d’adolescents, en 2018.
Des sauveteurs dégagent une femme des débris d’une école dans le village de Bilogorivka. Photo : via Reuters/State Emergency Services
Soixante personnes ont été tuées samedi dans le bombardement d’une école de la région de Louhansk, dans l’est de l’Ukraine, a déclaré dimanche le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Pas plus tard qu’hier, dans le village de Bilogorivka, dans la région de Louhansk, une bombe russe a tué 60 civils, a affirmé M. Zelensky lors d’une intervention en visioconférence à un sommet du G7.
Ils essayaient de trouver refuge dans le bâtiment d’une école ordinaire qui a été visée par une frappe aérienne russe, a-t-il ajouté.
Une bombe aérienne a frappé une école et 60 personnes sont mortes sous les décombres, a déclaré de son côté le gouverneur de la région de Louhansk, Serguiï Gaïdaï, à la télévision en langue russe Current Time TV.
Il y a toujours des frappes très fortes sur Bilogorivka, a-t-il poursuivi.
J’aimerais vraiment croire que des gens sont encore vivants là-bas, a-t-il toutefois dit, en mentionnant que dès que les bombardements seront terminés, nous pourrons commencer à déblayer les décombres.
Dimanche matin, M. Gaïdaï avait déclaré qu’il y avait au total 90 personnes sur place au moment de la frappe. Vingt-sept ont été sauvées, avait-il ajouté, précisant que la température avait été très élevée sur les lieux après l’explosion.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est dit horrifié, soulignant que de nombreuses personnes cherchaient apparemment refuge face aux combats en cours.
M. Guterres a noté que cette attaque rappelait une nouvelle fois que dans cette guerre, comme dans tant de conflits, ce sont les civils qui paient le prix le plus élevé.
Cette attaque est un autre rappel brutal de la cruauté de cette guerre, avait pour sa part affirmé M. Awad, avant l’annonce du dernier bilan des morts.
Des parents qui choisissent de ne pas faire vacciner leurs enfants s’inquiètent de les voir stigmatisés. Et une psychologue prévient que le climat social polarisé a bel et bien des conséquences sur les plus jeunes.
Dans un jeu d’enfants observé par un surveillant, un premier groupe, les vaccinés, devait courir après le second groupe, les non-vaccinés, pour les attraper et les forcer à aller se faire donner l’injection (archives). Photo: Getty Images/Shannon Savory
« Je n’en croyais pas mes yeux! » Anthony, un surveillant au service de garde d’une école primaire, a été choqué, c’est le moins qu’on puisse dire, lorsqu’il a été témoin, il y a quelques jours, d’un jeu des plus particuliers auquel s’adonnaient les enfants dans la cour d’école : la chasse aux non-vaccinés.
« Le jeu allait comme suit : il y avait un hôpital dans la cour d’école, où des infirmières administraient le vaccin « obligatoire » contre la COVID-19. Un premier groupe, les vaccinés, devait courir après le second groupe, les non-vaccinés, pour les attraper et les forcer à aller se faire donner l’injection. »— Une citation de Anthony, surveillant en service de garde dans une école primaire de la région de Québec
Le tout était une mise en situation, évidemment. Les groupes n’étaient pas divisés selon le véritable statut vaccinal des enfants, selon lui. Mais il n’en demeure pas moins que ce jeu improvisé par les enfants l’a rendu mal à l’aise au point où il s’est précipité pour en parler à sa supérieure.
Elle m’a dit que c’était en effet inacceptable. Sa supérieure lui a assuré qu’un message serait transmis aux enseignants pour les mettre au courant du jeu malsain auquel se prêtaient les enfants. Anthony préfère d’ailleurs ne pas partager publiquement son nom de famille pour ne pas exposer son employeur, qui s’est montré sensible et qui a réagi face à la situation, selon lui.
Malgré cela, il était important pour lui de parler de cet événement. Ça prouve à quel point tout ce qui se passe au Québec en ce moment, avec la division quant aux restrictions sanitaires, ça se rend aux oreilles des enfants et ça les influence, dit-il.
La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier n’est pas surprise de cet incident et le trouve éloquent à sa manière.
« C’est magnifiquement parlant, cet exemple-là. Les enfants transforment en jeu une réalité sociale qu’ils subissent. C’est leur manière d’exprimer ce qu’ils perçoivent. »— Une citation de Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue, conférencière et professeure associée à l’UQAM
La psychologue, qui a aussi corédigé le guide Parler de la COVID-19 aux enfants, ne croit pas que des incidents semblables se déroulent dans toutes les cours d’école ces jours-ci.
Elle est toutefois convaincue que les enfants sont très conscients du climat de polarisation et du déchirement social qui s’accentue entre vaccinés et non-vaccinés, et qu’ils en sont influencés. Les enfants entendent que de ne pas être vacciné, ce n’est pas bien. Donc, ils en font un jeu! Ce n’est pas bien surprenant, quand on y pense, affirme-t-elle.
L’école, c’est comme une microsociété. Les enfants rejouent dans la cour d’école ce qui se passe à l’extérieur, dans l’espace social, explique la Dre Beaulieu-Pelletier.
Pressions et mises à l’écart d’enfants non vaccinés
Le surveillant Anthony assure aussi avoir vu, dans ses dernières semaines de surveillance, certains enfants faire la police et reprocher à d’autres jeunes ou à des adultes, parfois, de ne pas porter leur masque correctement, par exemple. Ils reproduisent clairement ce qu’ils entendent de leurs parents et à la télévision, dit-il.
Il ajoute avoir eu l’occasion de parler à une fillette de huit ans qui lui a confié que ses camarades de classe étaient au courant du fait qu’elle n’était pas vaccinée. La petite élève se serait plainte de se faire importuner par ses amis qui lui demandaient pourquoi elle ne l’était pas.
De son côté, Émilie a un petit garçon de sept ans qui vit une situation qu’elle dit similaire à celle de la fillette. La mère de famille préfère que son fils ne soit pas vacciné. Elle trouve que celui-ci paie le gros prix de sa décision de mère.
Les enfants parlent de vaccins entre eux, ils savent qui est vacciné et qui ne l’est pas, raconte-t-elle. Par conséquent, ses amitiés en souffrent. Depuis quelques semaines, son fils n’est plus invité à aller jouer chez certains copains vaccinés, et les parents de ces derniers refusent que leurs enfants viennent chez lui.
« Mon garçon vit beaucoup d’incompréhension. Il se fait demander pourquoi il n’est pas vacciné par d’autres amis. Il se fait dire qu’il est dangereux parce qu’il n’est pas vacciné. Il se sent différent, rejeté, discriminé. »— Une citation de Émilie, mère d’un garçon de deuxième année du primaire
La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier rappelle que les mises à l’écart ou toutes formes de rejet peuvent être très souffrantes pour les enfants et doivent être prises au sérieux, même si elles n’atteignent pas un niveau d’intimidation ou de harcèlement.
Émilie ajoute que son fils ressent de la détresse qu’elle-même dit vivre face au traitement réservé en général aux non-vaccinés par les temps qui courent.
Elle n’a toutefois pas de reproche à faire au personnel enseignant qui semble prendre soin de ne pas exacerber les tensions entre vaccinés et non-vaccinés, selon elle.
Une autre expérience
Les enfants de Sidali M. ont toutefois vécu une autre expérience. À plus d’une reprise, des enseignants de sa fille de 12 ans, qui fréquente une école secondaire de Montréal, auraient demandé à l’ensemble de la classe qui était vacciné parmi les élèves. Sa fille, ne l’étant pas, lui a confié avoir trouvé cela difficile et s’être sentie jugée.
Son jeune garçon de huit ans, de son côté, est revenu à la maison un peu ébranlé après que son enseignant a qualifié de champions et applaudi devant toute la classe ses camarades qui venaient de se faire vacciner dans le gymnase.
« On crée deux classes d’élèves, les vaccinés et les non vaccinés. Ça n’a pas de sens. C’est inapproprié. Et pour les enfants, c’est très difficile à comprendre et à accepter. »— Une citation de Sidali M., père de famille de Montréal
Le père de trois enfants déplore qu’un climat de promotion du vaccin et de fixation sur le port du masque teinte le quotidien des enfants à l’école. C’est lourd à porter pour les enfants. […] Et ce n’est pas le rôle des enseignants de s’immiscer dans le débat sur la vaccination. L’école, c’est pour apprendre!, conclut-t-il.
Tout comme Émilie, Sidali M. préfère garder son nom de famille confidentiel pour éviter une plus grande stigmatisation sociale pour lui et ses enfants en raison de son refus de se faire vacciner contre la COVID-19.
Plusieurs enseignants au primaire ont indiqué à Radio-Canada avoir reçu des directives, écrites ou orales, de la part de leur direction, leur demandant d’être prudents dans leur approche de la question vaccinale avec leurs élèves. Selon eux, plusieurs parents craindraient que le statut vaccinal de leur enfant soit source de stigmatisation ou de discrimination.
La Dre Beaulieu-Pelletier confirme qu’il est important que les enseignants prennent garde à ne pas attiser la division en identifiant le statut vaccinal des enfants ou en émettant un jugement à ce sujet. L’enfant doit se sentir en sécurité et accepté à l’école. Et ça passe beaucoup par les enseignants, avise-t-elle.
Les enfants, des baromètres affectifs
La psychologue estime que les enfants, comme des éponges, absorbent les craintes ou les jugements des parents. Les enfants captent ce qui se passe autour d’eux et tentent de comprendre tout ça. Mais ils n’ont pas nécessairement les ressources pour faire les nuances nécessaires, souligne-t-elle.
Ils vont donc réagir, chacun à sa manière, face à ces tensions. Certains deviendront anxieux, d’autres plus réactifs et turbulents.
La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier. Photo : Courtoisie de Geneviève Beaulieu-Pelletier
La Dre Beaulieu-Pelletier rappelle que les enfants, surtout d’âge primaire, considèrent leurs parents comme leur modèle. Il n’est donc pas surprenant qu’ils répètent ou reproduisent à l’école ce qu’ils entendent à la maison.
Si un parent est très critique de la vaccination ou, au contraire, de la non-vaccination, l’enfant adoptera sûrement la même position très campée et pourrait être porté à juger, voire à rejeter, ses pairs qui sont « dans l’autre camp », estime-t-elle.
« C’est très important d’en parler, de cet enjeu-là. Parce qu’il y a des enfants en ce moment qui se sentent exclus ou incompris, et on ne les entend pas. »— Une citation de Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue, conférencière et professeure associée à l’UQAM
Le rôle des parents pour prévenir des incidents fâcheux
Collectivement, on doit comprendre que chaque famille a son vécu, pour éviter de tomber dans le jugement, la critique ou le reproche, indique la Dre Beaulieu-Pelletier.
Ce n’est pas non plus le rôle de l’enfant de mener les batailles des parents, ajoute-t-elle : Nos émotions, nos angoisses, nos croyances d’adultes, ça nous appartient. On a une responsabilité de ne pas transférer cette charge émotionnelle sur nos enfants.
Elle recommande donc, pour éviter des incidents discriminatoires ou même de l’intimidation entre les enfants, que les parents soient conscients que leur irritation, voire leur animosité envers, par exemple, ceux qui refusent de se faire vacciner, pourrait faire en sorte que leur enfant ne traite pas avec respect un camarade de classe non vacciné.
Il serait préférable d’inviter à la tolérance, au respect des choix et des opinions différentes des nôtres, conclut-elle.
Le professeur a subi des blessures mineures au haut du corps et a été transporté à l’hôpital. Photo: Radio–Canada/SimonI-Marc Charron
Un élève a attaqué un enseignant en classe avec une arme blanche jeudi avant-midi à l’école secondaire John F. Kennedy, dans le quartier Saint-Michel, à Montréal.
L’agression est survenue peu après 10 h à la suite d’une querelle entre un élève et son enseignant. Selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on ne craint pas pour la vie de la victime, un homme d’une quarantaine d’années.
Le personnel de l’établissement et les autres élèves ont été confinés dans la foulée de l’attaque par mesure de précaution. Le groupe d’intervention tactique a ensuite fouillé les lieux pour tenter de retrouver le suspect, conformément à la procédure dans ce genre de scénario, affirme le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal SPVM, Jean-Pierre Brabant.
L’adolescent de 16 ans qui aurait commis l’agression avait pris la fuite, mais les policiers l’ont arrêté non loin de l’école dans l’heure qui a suivi.
Les agents du Service de police de la Ville de Montréal SPVM vont rencontrer des témoins, la victime et le suspect pour tenter de faire la lumière sur les circonstances des événements.
REPORTAGE. Une réforme des programmes scolaires est en cours dans cette région du Soudan en majorité contrôlée par les rebelles. Ce processus a échoué au niveau national.
De son cartable, elle sort des balles à jongler en tissu multicolore. Puis, des images plastifiées représentant des arbres fruitiers ou bien des formes abstraites. Amjuma Abdu Mekki dite « Chamu » a alterné, durant deux mois, apprentissage des lettres et des chiffres et utilisation de ce matériel ludique. « L’idée, c’est de garder le cerveau des enfants actif », résume la future enseignante. Cette Soudanaise de 24 ans refuse de s’en tenir à la posture de professeure distillant son savoir aux élèves. Elle souhaite, au contraire, inciter ces derniers à développer leur propre capacité de réflexion. Et par la même occasion, un véritable intérêt pour l’école.
Visage rayonnant et rire facile, Chamu se tient debout derrière un pupitre composé de quelques branches surélevées. Face à elle, deux rangées de minces troncs d’arbre font office de bancs. C’est dans cet abri en bois qu’elle était censée effectuer son stage. Bien souvent, en réalité, les cours se sont déroulés en plein air, faute de place. Car plus de soixante-dix enfants âgés de 3 à 6 ans se sont, certains jours, massés pour assister à ses leçons. « Depuis que la session est terminée, les parents viennent me chercher chez moi pour me demander de continuer ! »
Cette aînée d’une fratrie de douze enfants a passé son bac et suivi la moitié de sa formation de professeure des écoles en Ouganda. Elle est ensuite revenue fin mai à Kujur, son village natal, perché sur une colline des Monts Nouba. Cette région montagneuse du sud du Soudan est contrôlée à près des trois quarts par les rebelles du SPLM-N (Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord). Comme onze autres jeunes, Chamu retournera à la fac en novembre, cette fois à quelques kilomètres du domicile familial, pendant un an et demi, avant d’être diplômée. Au total, vingt-cinq Noubas participent au projet mis en place par To Move Mountains, une organisation chrétienne créée par Ryan Boyette. Américain, il a lui-même vécu 15 ans dans cette zone, bombardée par l’ex-dictateur Omar el-Béchir entre 2011 et 2016.
Un programme empreint d’islam
Les habitants de ce territoire marginalisé ont cessé, il y a 26 ans, de suivre le programme scolaire de Khartoum, largement centré sur l’enseignement de l’islam. Les petits Noubas ont alors étudié les programmes kenyan et ougandais, puis sud-soudanais. Sous l’impulsion de Ryan Boyette, enseignants, étudiants, parents d’élèves et autres organisations de jeunes et de femmes tentent désormais d’établir, avec l’aide d’experts étrangers, un programme scolaire propre à cette région.
« Un enfant, peu importe d’où il vient, devrait retrouver, dans ses manuels scolaires, des noms et un environnement issus de sa région mais aussi des autres endroits du Soudan », résume Koko Jagdoul, le secrétaire à l’éducation des Monts Nouba – le SPLM-N a instauré son propre gouvernement. Il fait référence au manque de représentativité dans le programme en vigueur dans le reste du pays. Et espère qu’une fois la paix signée, la méthode appliquée aux sept enclaves gérées par les rebelles sera généralisée.
Un tel processus a bien été amorcé par le gouvernement de transition qui a succédé à Omar el-Béchir en 2019. Mais son principal acteur, Omar el-Garrai, détenteur d’un doctorat en programmes scolaires, a démissionné en janvier dernier. Et ce, après s’être heurté à l’opposition des islamistes. « Dans la première classe [qui correspond au CP], les enfants doivent apprendre par cœur trente chapitres du Coran. J’ai estimé que cinq suffisaient. Certains chefs religieux ont alors déclaré que je m’opposais à l’islam et au Coran », rapporte-t-il. C’est la fresque La création d’Adam du peintre de la Renaissance Michel-Ange qui, imprimée dans un livre d’Histoire, a acté le retour à l’ancien programme, au motif que l’islam interdit toute représentation de Dieu.
Des éléments culturels locaux
La diversité, prônée dans les Monts Nouba, faisait aussi partie du projet d’Omar el-Garrai. « Nous l’avions établi avec des professeurs originaires des villes d’El Geneina, de Port-Soudan… Dans les manuels, nous avions inclus des histoires et des noms de ces régions », explique-t-il. En plus du tronc commun, des éléments culturels propres à chaque zone devaient être intégrés par des comités locaux. Ce programme avorté prévoyait en outre des cours de religion séparés, à destination à la fois des musulmans et de la minorité chrétienne. Mais la priorité consistait à rétablir la vérité scientifique quand, encore aujourd’hui, « les professeurs soudanais apprennent aux élèves de huit ans que le phénomène du jour et de la nuit est dû à la volonté de Dieu », déplore le réformateur résigné.
L’aspect confessionnel reste, en revanche, à définir dans le futur enseignement nouba. Ce qui est certain, insiste Ryan Boyette, c’est que « le programme ne sera pas basé sur la religion ». Difficile, dans le même temps, de l’exclure des salles de classe « dans une société comme le Soudan », précise le secrétaire à l’éducation. Il estime par contre fondamental de traquer le moindre contenu incitant à la haine des autres cultes. Une volonté qui prend tout son sens dans les Monts Noubas où chrétiens, musulmans, animistes et même athées cohabitent pacifiquement. Le chef du SPLM-N, Abdelaziz Al-Hilu, conditionne d’ailleurs la signature de la paix à l’adoption du principe de laïcité par le gouvernement soudanais.
Des enfants baby-sitters
Outre ces questions, les futurs professeurs de cette région ont rencontré, durant leur stage, des problèmes linguistiques. « On nous avait demandé d’enseigner directement en anglais mais les enfants ne comprenaient pas. Je traduisais donc systématiquement en otoro », raconte Michael William, l’un des étudiants revenus d’Ouganda. Plus de cinquante langues, tel l’otoro, sont en effet parlées dans les Monts Nouba. Depuis Khartoum, le réformateur Omar el-Garrai avait, lui, prévu de dispenser les cours dans la langue maternelle des élèves jusqu’à la troisième classe, qui correspond environ au CE2.
Les participants du projet To Move Mountains évoquent enfin le défi des « enfants baby-sitters ». C’est-à-dire que certains de leurs élèves, pour la plupart âgés de moins de 6 ans, arrivaient avec leurs petits frères et sœurs confiés par leurs parents, occupés, eux, par les travaux agricoles. Chamu, la native de Kujur, envisage par conséquent de scinder sa future classe en deux afin de permettre à ces enfants de poursuivre leur scolarité, sans perturber celle des autres. Un compromis qui lui paraît essentiel dans une région où moins de trois jeunes âgés de 6 à 10 ans sur dix sont scolarisés.
Avec Le point par Augustine Passilly, envoyée spéciale dans les Monts Nouba (Soudan)Publié le 20/10/2021 à 16h00
Près de deux millions d’élèves nouvellement inscrits vont intégrer, cette année scolaire, à la faveur du Programme de la gratuité de l’enseignement de base, le système éducatif national afin de bénéficier de ses avantages.
Des élèves à l’entrée des salles de classe
Le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi-Tshilombo, a fait de l’éducation l’une des priorités de sa mandature à la tête du pays. Il a réitéré cet engagement, lors de la vingt-deuxième réunion du Conseil des ministres qu’il a présidée le 1er octobre, par visioconférence, à partir de la Cité de l’Union africaine. Dans sa communication au Conseil, le chef de l’État s’est réjoui de l’effectivité de la gratuité de l’école et de la valorisation de la formation professionnelle telle que reflétée par l’augmentation des effectifs des nouveaux inscrits attendus dans les établissements scolaires cette année. « Ce constat positif met en exergue les efforts réalisés par le gouvernement, d’une part, et la maturation de l’appropriation du programme de la gratuité par la population, particulièrement les parents, d’autre part », peut-on lire dans le compte-rendu du Conseil lu à la télévision nationale et relayant les propos du président de la République à ce sujet.
Cette rentrée scolaire intervient, une fois de plus, sous la menace de la pandémie à covid-19, a fait observer Félix Tshisekedi qui a, par ailleurs, insisté sur l’impératif d’instruire les chefs d’Établissement à mettre en place des dispositifs pratiques pour le respect des gestes-barrières.
Dans sa quête pour relever le défi de l’éducation en République démocratique du Congo, le chef de l’État a rappelé, à l’intention des membres du gouvernement, les objectifs majeurs qu’il poursuit dans ce secteur. Il s’agit, précisément, de zéro paiement par enfant congolais, d’amélioration des infrastructures adéquates ainsi que des conditions de travail et de traitement des enseignants pour un rendement scolaire optimal et qualitatif.
Plusieurs recommandations et suggestions ont été faites au ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) afin d’optimiser le programme de gratuité de l‘enseignement de base. Séance tenante, le président de la République l’a instruit de renforcer la collaboration avec son administration pour améliorer le partage d’information et la gestion des bases des données. Concernant les fictifs (enseignants, écoles, etc.), des orientations claires ont été données au ministre de l’EPST pour leur extirpation, laquelle passe notamment par l’introduction des concepts de mesure des résultats, mais aussi par le développement d’une culture de pilotage, de transparence et de redevabilité.
Au Premier ministre, Sama Lukonde, par contre, il lui a été recommandé une série d’actes à poser pour le bien de l’éducation, apprend-on du compte-rendu. Il lui a été demandé, entre autres, de prendre des dispositions nécessaires pour la rentrée scolaire sur toute l’étendue de la République, avec les mesures exceptionnelles pour les provinces sous état de siège, et spécialement, sur la scolarité des enfants hébergés dans les orphelinats en âge de scolarité pour qu’ils bénéficient de l’égalité des chances en matière d’éducation.
En plus de cela, il a été recommandé au Premier ministre de créer une taskforce interministérielle, notamment entre les ministères du Budget, des Finances et de l’Enseignement primaire, secondaire et technique, en collaboration avec son cabinet, en vue d’effectuer un suivi et une évaluation efficace du programme de la gratuité.