Écrivain, éditeur, Philippe Sollers a publié plus d’une trentaine de romans, dont un récit autobiographique, mais aussi des biographies et des essais. Photo: Getty Images/AFP/Jacques Demarthon
Auteur de plus de 80 romans, essais et monographies, directeur de revues, Philippe Sollers, décédé à l’âge de 86 ans, était une figure de la scène littéraire française et du Tout-Paris depuis plus d’un demi-siècle.
L’œil malicieux, porte-cigarette au bec, l’écrivain, longtemps habitué des plateaux de télévision, marchait ces dernières années en s’aidant d’une canne, mais sa plume restait alerte. Je cours peut-être moins vite, mais je pense plus vite, fanfaronnait-il dans un livre d’entretiens paru en janvier 2019.
Né le 28 novembre 1936 à Talence, dans le sud-ouest de la France, dans une famille d’industriels, Philippe Sollers abandonne vite ses études pour se consacrer à la littérature. Mais, avant toute chose, il troque son patronyme de Joyaux pour celui de Sollers, du latin sollus et ars (tout entier art).
À 22 ans, il publie son premier roman Une curieuse solitude, salué par Aragon. Le destin d’écrire est devant lui, comme une admirable prairie, écrira le poète français. Trois ans plus tard, en 1961, son deuxième roman, Le Parc, reçoit le prestigieux prix Médicis.
Philippe Sollers et Denise Bombardier
Quand la romancière Denise Bombardier avait courageusement dénoncé l’attirance sexuelle de l’écrivain français Matzneff pour des mineurs, sur le plateau de Bernard Pivot en 1990, Philippe Sollers l’avait alors traitée de connasse.
Il a commenté l’épisode dans un entretien accordé à l’Obs en 2020.
Je revois très bien la situation. J’étais en état d’ébriété. J’étais tout simplement bourré, cher monsieur, a-t-il répondu à l’Obs.
Mais sur elle? Je n’en pense rien.
Elle a eu un certain courage? Qu’on la décore.
Une revue d’avant-garde
Jeune écrivain prometteur, Philippe Sollers participe à la création de la revue littéraire Tel Quel au printemps 1960. En épigraphe, celle-ci reprend une formule de Nietzsche : Je veux le monde et le veux tel quel, et le veux encore, le veux éternellement.
La revue entend mettre en avant toutes les formes d’avant-garde. On y défend le mouvement littéraire français du Nouveau Roman ou le futur prix Nobel Claude Simon. Elle ouvre ses colonnes à des écrivains comme Nathalie Sarraute ou Alain Robbe-Grillet et défendra des penseurs majeurs français comme Roland Barthes, Michel Foucault ou Jacques Derrida.
Au début des années 1970, la revue prend fait et cause pour le maoïsme chinois. En 1974, Philippe Sollers fait partie de la délégation qui se rend en Chine à l’invitation du pouvoir. Cet aveuglement vis-à-vis du régime autoritaire chinois vaudra à l’écrivain sarcasmes et critiques.
Philippe Sollers niera avoir jamais été maoïste mais, dans le livre d’entretiens de 2019, il affirmait : Je persiste à dire […] que cette révolution épouvantable fait que la Chine est désormais la première puissance mondiale.
Signe de sa fascination pour la Chine, tous ses livres contiennent des références à ce pays.
Après la mort de Mao en 1976, la revue change de cap et prend fait et cause pour les États-Unis. L’auteur publie une tribune dans Le Monde pour fustiger non seulement le maoïsme mais aussi le marxisme.
En 1982, Philippe Sollers fonde une nouvelle revue, L’Infini. Il devient également membre du comité de lecture puis directeur de collection dans la prestigieuse maison d’édition Gallimard.
Amour(s)
C’est avec son roman Femmes (1983) que Philippe Sollers atteint la notoriété. Des critiques dénoncent la pornographie qu’ils décèlent dans ce texte. C’est mon meilleur livre. Mon paradis indépassable, rétorque ce fin connaisseur de Casanova, à qui il a consacré une biographie, auteur d’un dictionnaire amoureux de Venise.
Marié depuis 1967 à la psychanalyste Julia Kristeva, avec qui il a eu un fils David, il voua un amour fou à l’écrivaine belge Dominique Rolin, de 23 ans son aînée.
Leur correspondance sur un demi-siècle a été publiée en 2017 et 2018. Lui avait dévoilé sa double vie amoureuse en 2013 dans Portraits de femmes.
Pour ses détracteurs, il était futile, mondain, ennuyeux et orgueilleux. À la question, si vous deviez mourir demain, que resterait-il de vous?, il répliquait : une caisse de livres, ajoutant : on se demandera comment on a pu se laisser prendre à l’image d’un Sollers aussi médiatique et désinvolte alors que c’est un travailleur acharné.
Radio-Canada par Agence France-Presse avec des informations de l’Obs
L’écrivain nationaliste russe Zakhar Prilépine, soutien farouche de l’attaque du Kremlin en Ukraine, a été grièvement blessé samedi dans l’explosion de sa voiture en Russie, une attaque que Moscou impute à l’Ukraine et l’Occident.
Cette explosion, qui a tué le chauffeur de l’écrivain, pratiquement détruit le véhicule et laissé un cratère important, survient alors que des frappes de drones, sabotages et attentats présumés se multiplient ces dernières semaines sur le territoire russe, sans que leurs auteurs soient clairement identifiés.
Le Kremlin désigne comme responsable l’Ukraine, qui dément, alors que se profile une vaste offensive des forces armées ukrainiennes et les grandes célébrations en Russie du 9 mai, jour de la victoire contre Hitler.
Dans la nuit de mardi à mercredi, une attaque de drones a notamment frappé un bâtiment du Kremlin, le cœur du pouvoir russe. Kiev a démenti toute implication.
« Une personne a été tuée par l’explosion et l’écrivain Zakhar Prilépine, qui se trouvait dans la voiture, a été blessé », a indiqué le ministère de l’Intérieur, qui a ensuite affirmé qu’un suspect né en 1993 et avec des antécédents judiciaires avait été arrêté dans la région de Nijni Novgorod (centre-ouest), où ont eu lieu les faits.
« Acte terroriste »
L’agence Interfax, citant les services de secours médical, a indiqué que l’écrivain était dans un état « grave ». « Il a été décidé de ne pas le transférer à Moscou et de l’opérer à Nijni Novgorod. Son état est considéré comme grave », a indiqué cette source.
Le gouverneur de la région avait précédemment affirmé que Zakhar Prilépine souffrait de « fractures mineures » et que sa vie n’était pas en danger.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a accusé l’Ukraine, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Otan d’être derrière cet acte « terroriste ». « Responsabilité directe des Etats-Unis et la Grande Bretagne. Nous prions pour Zakhar », a-t-elle écrit sur Telegram.
Selon le Comité d’enquête, qui parle d' »acte terroriste », l’écrivain était dans sa voiture « avec sa famille » quand l’explosion s’est produite vers 11H00 (8H00 GMT) dans une localité du district de Borski.
Une photo des lieux de l’incident, publiée par le Comité d’enquête, montre ce qu’il reste d’un véhicule blanc à l’avant déchiqueté et retourné sur le toit, devant un cratère sur une route de terre, dans une zone boisée.
Figure nationaliste et littéraire
Figure bien connue de la scène littéraire russe, traduit dans plusieurs pays, l’écrivain, âgé de 47 ans, s’est engagé dès 2014 en faveur des séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine, aux côtés desquels il a combattu.
Depuis, il se rend régulièrement dans l’est de l’Ukraine et défend le président Vladimir Poutine et son offensive massive contre Kiev, lancée le 24 février 2022.
Auteur de romans et nouvelles s’inspirant de son expérience personnelle, notamment dans des zones de guerre, il participe activement aux mouvements patriotiques et traditionalistes en Russie.
Sous sanctions européennes depuis fin février 2022, il avait participé l’an dernier à un groupe parlementaire chargé de débusquer les acteurs du monde culturel en Russie ayant des « positions antirusses ».
« La Russie se transforme en Donbass (région de l’est de l’Ukraine). Un grand nombre de personnes veulent la détruire (…) Je n’ai aucun cas de conscience par rapport à ce qui se passe. C’est arrivé, il faut maintenant aller jusqu’au bout », disait-il dans une interview au média Chita.ru en novembre dernier.
Avant de se rallier au régime de Vladimir Poutine, ce vétéran des guerres de Tchétchénie dans les années 1990 avait milité un temps dans l’opposition au sein du parti national-bolchévique du sulfureux écrivain Edouard Limonov (1943-2020).
Zakhar Prilépine n’est pas la première figure du mouvement proguerre russe à être visée par un attentat.
En août dernier, Daria Douguina, la fille de l’idéologue ultranationaliste Alexandre Douguine, elle-même blogueuse et journaliste engagée, est morte dans l’explosion de la voiture dans laquelle elle se trouvait, dans la région de Moscou.
Début avril, un influent blogueur paramilitaire, Vladlen Tatarskii, chantre de l’offensive en Ukraine, a été tué dans l’explosion d’une statuette piégée dans un café du centre de Saint-Pétersbourg.
Jean Teulé est mort. L’écrivain et auteur de bande dessinée a fait un arrêt cardiorespiratoire mardi 18 octobre, selon son éditrice Betty Mialet, interrogée par RTL. Connu pour ses pages àL’Écho des savanes, le compagnon de l’actrice Miou-Miou avait été primé en 1984 au festival d’Angoulême pour son adaptation de Bloody Mary, de Jean Vautrin. En 1990, le même festival lui décernera un prix spécial pour sa contribution au renouvellement du genre de la bande dessinée.
Depuis cette consécration, celui qui est né à Saint-Lô (Manche) s’était tourné vers l’écriture de roman. Son dernier, Crénom, Baudelaire ! était sorti en 2020. Depuis Le Magasin des suicides en 2007, ses ouvrages étaient particulièrement attendus. Plusieurs de ses romans ont été adaptés au grand écran, notamment par Patrice Leconte.
« Betty Mialet et Bernard Barrault ont l’immense tristesse de devoir confirmer que leur auteur Jean Teulé aurait succombé hier soir, 18 octobre, à un arrêt cardiaque », ont écrit les éditions Mialet-Barrault dans un communiqué, tandis qu’une source policière précisait que le romancier était mort à son domicile à Paris dans la soirée.
François Blais a signé son premier roman «Iphigénie en Haute-Ville» en 2006. Photo : Soumise par L’Instant Mêmée
L’écrivain François Blais est décédé, a annoncé dimanche la maison d’édition L’instant même. Il avait 49 ans.
Né à Grand-Mère, en Mauricie, l’auteur a été remarqué dès son premier roman, Iphigénie en Haute-Ville, publié en 2006 alors qu’il habitait à Québec. Celui-ci a été finaliste pour le Prix des libraires du Québec, le Prix France-Québec et le Prix Senghor de la création littéraire.
Son roman Document 1 (2012), également finaliste aux Prix des libraires du Québec, a lui aussi marqué les esprits, cristallisant son style décapant et sa tendance à mettre en scène des personnages non conformistes.
Dans une certaine mesure, nous avons un peu l’impression d’avoir grandi avec lui, invités à partager son univers à la fois cynique et tendre, a écrit L’instant même sur Facebook, qui a publié une dizaine de livres de François Blais, dont son tout premier roman.
« Le monde des lettres québécois est plus riche, plus vibrant et plus beau parce que François a osé en ébranler quelques fondations. »— Une citation de La maison d’édition l’Instant même, sur Facebook
Le comédien Rémi-Pierre Paquin a lui aussi rendu hommage à son ami sur les réseaux sociaux.
Tu me faisais vraiment rire. Peut-être que la façon dont les fils étaient branchés dans ta tête t’amenait un peu de misère à supporter tout ça, mais ben égoïstement, ça faisait de toi un être vraiment le fun à côtoyer. Un être fascinant, brillant, lucide et crissement drôle, a-t-il écrit.
Dans les dernières années, François Blais avait développé un goût pour la littérature jeunesse. « Lac Adélard », publié en 2019, a notamment remporté un Prix des libraires du Québec dans la catégorie 12-17 ans. Photo: La Courte Échelle, Marie Blais
Inspiré par sa région natale
François Blais, qui a également jonglé avec les métiers de traducteur et de concierge, a ancré plusieurs de ses histoires dans sa Mauricie natale, où il était retourné habiter il y a quelques années.
Mentionnons son roman La classe de madame Valérie, publié en 2013, qui raconte l’histoire d’un groupe d’élèves de l’école primaire Laflèche à Grand-mère, et qui a été finaliste au Prix des libraires du Québec.
Séduit par la littérature jeunesse en 2016, le discret romancier a aussi publié quatre livres pour enfants aux éditions Les 400 coups.
Son Livre où la poule meurt à la fin (2017), dont Valérie Boivin signe les illustrations, a d’ailleurs remporté un Prix des libraires du Québec dans la catégorie 6-11 ans. Lac Adélard (2019), illustré par Iris, a gagné le même prix, catégorie 12-17 ans, en 2021.
Au cours de sa carrière, François Blais a publié une quinzaine de livres
Dans son nouveau roman « Femme du ciel et des tempêtes », l’écrivain et chanteur raconte la découverte d’une sépulture de femme noire en Sibérie et livre un plaidoyer humaniste pour l’environnement.
Les romans de Wilfried N’Sondé suivent sa trajectoire. L’écrivain et chanteur français né en 1968 à Brazzaville (Congo) avait ancré le début de son œuvre dans les banlieues, où il a grandi. Son premier roman, Le cœur des enfants léopards, avait obtenu le prix des Cinq Continents de la Francophonie et le prix Senghor de la création littéraire en 2007. S’il fallait une expression pour qualifier les récurrences qui traversent ces débuts, on reprendrait le titre de son troisième opus : Fleur de béton. L’innocence se heurte à la violence de la réalité, l’amour la transcende.
Depuis Berlinoise, Wilfried N’Sondé a déménagé plusieurs fois. Comme lui, ses livres voyagent. Nous l’avions quitté avec Un océan, deux mers, trois continents, grand roman historique multiprimé, où l’humanisme de quelques-uns larde de trouées lumineuses les ténèbres de l’esclavage. Nous le retrouvons très loin des lieux funestes de la traite négrière.
L’action de Femme du ciel et des tempêtes se situe en Sibérie. « L’origine de ce roman est mon périple dans le transsibérien des écrivains en 2010. J’ai eu la chance de découvrir des paysages à la fois majestueux, dépaysants et un peu inquiétants tellement ils sont puissants. J’ai passé une journée assez dingue dans un monastère bouddhiste. Des moines ont voulu que je les suive. Au début, j’étais un peu inquiet mais le traducteur m’a rassuré. Ils voulaient me montrer quelque chose. Je me suis retrouvé dans une salle où il y avait un homme à la peau noire. On a commencé à parler, c’était en fait un Sénégalais de Dakar, qui avait eu des interrogations spirituelles et qui était allé en Inde. Là, il avait rencontré des moines de Sibérie et il les avait suivis. C’était fascinant pour moi de constater qu’il y avait une connivence très forte, des ressemblances entre leur spiritualité et la spiritualité africaine. »
Course contre la montre
Le spirituel s’incarne dans la sépulture d’une reine à la peau noire là où ne l’attend pas, dans la péninsule du Yamal, en Sibérie (Russie). Dans cette contrée polaire de l’Arctique vivent les Nenets, une tribu nomade. Noum, chaman, découvre ce corps, révélé à cause de la fonte du permafrost. Ce point de départ est librement inspiré d’une histoire vraie.
« En 2019, des scientifiques danois ont reconstitué de l’ADN à partir d’un bout d’écorce mâchée. C’était celui d’une jeune femme qui avait vécu il y a 5 700 ans au Danemark. Elle avait la peau noire, les cheveux noirs et les yeux bleus. » L’imagination de l’auteur a fait le reste : « Cette femme n’était pas africaine, ses ancêtres avaient dû quitter l’Afrique une dizaine de milliers d’années auparavant. En inventant qu’on découvrait un corps, je pouvais personnifier un lien entre le Nord de l’Europe et l’Afrique. »
LE MONDE LIBÉRAL MANQUE CRUELLEMENT D’UNE RÉFLEXION QUI SE FIXERAIT SUR LE SENS, DE SPIRITUALITÉ – QUI APPORTE UNE MANIÈRE DE RÉFLÉCHIR À CE QU’ON VA FAIRE
Une course contre la montre s’engage. Noum contacte Laurent, un scientifique français pour l’alerter de cette incroyable découverte et empêcher l’exploitation gazière du site naturel par un grand conglomérat industriel secondé dans ses basses œuvres par Serguei, un mafieux russe. Pour ne rien arranger, le bras droit de celui-ci est Micha, le neveu de Noum. Comme dans les classiques de la littérature russe, les grands enjeux se doublent de dilemmes moraux intimes.Au centre des débats, la spiritualité : « Je pense que le monde industriel, libéral manque cruellement de spiritualité, d’une réflexion qui se fixerait sur le sens, qui s’attacherait à la méthode. À un moment, je dis que le chaman agit avec mesure. Quoi qu’on fasse, agir avec mesure. La spiritualité nous apporte une manière de réfléchir à ce qu’on va faire. »
À l’opposé, il y a le matérialisme incarné par Serguei et sa bande. Une façon de dresser le portrait des excès du libéralisme à tout crin : « Serguei est un ancien pauvre. Il est à la tête d’un grand groupe capitaliste mafieux, il vit dans une société qui fait la promotion de l’enrichissement. Ces grands groupes, mafieux ou pas, sont des productions du système. On ne peut pas en vouloir à Serguei de vouloir se sortir de sa condition de pauvre. Moi qui viens d’un milieu modeste, mes parents m’ont envoyé à l’école pour que j’étudie, que j’aille à l’université, dans les grandes écoles, pour que je sorte de ma condition de pauvre. Cette ambition est compréhensible et légitime. Le problème est que, lorsqu’on pousse cette logique au bout, on arrive à des grands groupes qui deviennent monstrueux parce qu’ils ne considèrent jamais la morale. Il n’y a pas la valeur de l’être humain. L’homme ne regarde la nature que dans la mesure où elle peut être exploitée à des fins financières. »
Un regard résolument positif
Femme du ciel et des tempêtes est un roman d’aventure. N’Sondé tisse le fil du suspens en opposant les défenseurs d’un ordre spirituel, soucieux de l’environnement, et les tenants de l’accumulation matérielle sans limites et sans morale. Laurent doit monter une équipe scientifique en catastrophe et il recrute Cosima, docteure en médecine légale germano-japonaise et Silvère, anthropologue d’origine congolaise, tandis que Serguei organise sa riposte.
Wilfried N’Sondé excelle dans l’art de distribuer les rôles dans ce roman choral, où les femmes, fortes, ont leur mot à dire : « Il est important pour moi d’avoir des figures de femmes. La mère originelle, que j’aime beaucoup, est mythique et elle ne rend pas toujours service aux femmes réelles. Les prostituées sont exploitées, réduites à leur corps. Le personnage de Cosima se bat, elle, pour ne pas être réduite à son corps, elle veut être appréciée selon sa personnalité, son intellect, ce qui ne l’empêche pas d’être sensuelle quand elle le décide. »
JE VEUX PARTAGER L’IDÉE QUE CE N’EST PAS LA NATURE QUE NOUS DEVONS SAUVER, C’EST NOUS. NOUS DEVONS CHANGER RADICALEMENT MAIS JE SUIS TRÈS OPTIMISTE, LE SURSAUT ARRIVERA
Ces voix qui poursuivent le même objectif se confrontent parfois. Les vanités, les fautes morales ne sont pas l’apanage d’un seul camp. Wilfried N’Sondé explore cette complexité des êtres, des relations : « Nous sommes tous les enfants de cette société libérale qui fonctionne sur la compétition. Je n’occulte pas le conflit. » Mais comme souvent avec l’auteur, il y a une lumière : « Le plus important est la complicité qui va se créer entre Cosima et Silvère. » Cette connivence qui se noue reflète un regard sur le monde humaniste et positif.
« Je veux partager l’idée que ce n’est pas la nature que nous devons sauver, c’est nous. Je suis très optimiste parce qu’à un moment donné, nous serons beaucoup à comprendre que nous n’avons pas d’autre choix que de changer radicalement. L’appel des 15 000 scientifiques nous alerte régulièrement pour dire qu’on ne peut pas continuer comme ça. Cette conscience commence à s’ancrer. Le sursaut arrivera. »À LIREDe Dongala à Ndinga Mbo : au Congo, plumes acérées et gardiens de la mémoire
Cette conscience, Wilfried N’Sondé la voit aussi prospérer en Afrique . « Ce qu’on appelait le sous-développement de l’Afrique sera peut-être sa chance. L’Afrique subsaharienne est tellement dénuée d’infrastructure industrielle que c’est le terrain idéal pour un nouveau modèle économique, pour un nouveau modèle d’aménagement du territoire. J’ai écrit un article dans le quotidien italien Corriere della Sera où j’expliquais que l’espèce de virginité de l’Afrique subsaharienne et une population extrêmement jeune, qui est donc potentiellement poreuse aux nouvelles idées, devraient être la chance de demain. »
Le chemin que N’Sondé veut tracer est celui d’un idéalisme qu’il assume : « Je nous souhaite qu’un jour, l’humanité arrive à cette conscience que l’identité la plus importante, c’est d’être humain. On est d’abord des êtres humains avant d’être hommes, femmes, avant d’être de telle ou telle confession ou athée, d’avoir des convictions politiques de gauche ou de droite. Il y a une coutume dans les cultures dites indigènes ancestrales : quand un étranger arrive, d’abord on lui donne à manger, à boire, il se repose puis on s’intéresse à qui il est, où il va, ce qu’il fait. Le fait qu’il soit un être humain suffit à ce que l’on accueille. »
De la banlieue parisienne à Berlin, puis de Paris à Lyon, où il vit désormais, Wilfried N’Sondé a dû interrompre ses voyages à cause des confinements consécutifs à la pandémie de Covid-19. Mais depuis quelques mois, il peut à nouveau reprendre la route. « Je profite des montagnes de l’Ardèche, de la Bourgogne, de toute cette campagne magnifique. C’est une quête de nature sauvage, j’apprends à apprécier la nature qui n’est pas formatée par l’homme, qui n’est pas réorganisée pour le bonheur de l’homme.
Ce n’est pas un retour vers la nature, c’est un chemin vers la nature. Beaucoup plus de calme, de quiétude, j’essaie de développer une relation à la nature où je déconstruis le sentiment de supériorité. Je n’observe plus la nature, je suis dans la nature. » Il y a quelques mois, il était en résidence d’écriture au large du Chili sur la goélette Tara, en compagnie de scientifiques français, espagnols et chiliens. Gageons que le romancier y puisera la matière pour continuer de questionner nos devoirs moraux vis-à-vis de notre Terre et de nous-mêmes.
Avec Jeune Afrique par Mabrouck Rachedi
Femme du ciel et des tempêtes de Wilfried N’Sondé (éd. Actes Sud, 267 p., 20 €)
L’écrivain congolais Ludovic Julien Kodia est décédé le 27 juin à Brazzaville des suites d’une longue maladie.
L’écrivain Ludovic Julien Kodia /DR
« La douleur est profonde et nos larmes interminables. Nous demeurons proches de toi par tes écrits. Nous échangions, je l’ignorais, nos derniers moments de gaieté. Après cela, ce fut la maladie. Après la maladie, la mort…», ont écrit les écrivains congolais sur leur page Facebook.
De son côté, l’écrivain Sauve Gérard Ngoma Malanda a fait un témoignage sur l’illustre disparu. « Avec Julien Kodia nous avons entretenu une relation de plusieurs années. Il était venu vers moi pour la première fois, comme beaucoup d’auteurs pour passer à l’émission télévisée Cultura. Je l’ai reçu pour son roman « Destin cruel » puis récemment pour son recueil de nouvelles » L’absurdité de la vie ». Notre amitié a dépassé le cadre de la camaraderie », a-t-il dit.
« C’est tout le sens de la condition humaine. Mais, Julien Kodia, le sentimental, c’est aussi l’intrusion de la chanson dans la littérature congolaise ! Cette ballade heureuse qu’il nous fait dans son recueil de nouvelles, en convoquant des grands noms de la rumba congolaise des deux rives des années 60/70 … C’est donc un auteur qui a su décrire, sinon traduire son affection et nous nous réjouissons de ce partage ! Cet héritage littéraire qu’il nous laisse… », a-t-il ajouté.
Ludovic Julien Kodia fut auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels « Mes larmes coulent en silence », « Destin cruel », « De l’amour à la haine », « Le sentiment trahi », « L’absurdité de la vie ». Economiste, il était aussi membre du Centre biblique évangélique.
Le poète, écrivain, comédien et metteur en scène, Yvon Wilfrid Lewa-Let Mandah, s’apprête à fêter en mai prochain les 25 ans de sa carrière littéraire et artistique.
1996 – 2021, cela fait 25 ans que l’écrivain est présent sur le marché du livre et sur les tréteaux à travers ses différentes œuvres littéraires et ses représentations théâtrales. C’est un artiste comblé et accompli qui veut partager avec les amoureux des lettres et de la scène sa passion pour l’art et la culture qui lui a permis de sillonner de nombreuses villes du monde telles que Paris et Casablanca.
Les témoignages des amis, collègues et parents sur son œuvre, les conférences ainsi que les représentations théâtrales vont meubler les différentes activités dans les trois villes, notamment Pointe-Noire, Brazzaville et Dolisie. Jeune étudiant à l’université Marien N’Gouabi, Yvon Wilfrid Lewa-Let Mandah a participé régulièrement à l’amission littéraire Autopsie animée par le regretté Léopold Pindy Mamonsono à Télé Congo, avant de devenir le correspondant à Dolisie de la même émission à la demande de son animateur. Une responsabilité qui a marqué sa carrière puisqu’il a créé la troupe théâtrale Autopsie qui s’est produite dans plusieurs festivals et évènements culturels dans le pays avec les pièces comme « Mon patron n’est pourtant pas un blanc », « Tout ou Rien », « Apocalypse » écrites et mises en scène par lui-même.
Récipiendaire du Prix international Tchicaya U’tamsi et du Prix Tchikounda récompensant le meilleur écrivain du Kouilou, Lewa-Let a aussi publié les recueils de poèmes : « Les jalons, l’envol des pleurs », « L’ailleurs ». Il a présenté récemment le tableau apocalyptique de la planète dans son septième ouvrage intitulé « Le diagnostic du monde ».
Face au ravage de la pandémie du coronavirus, l’écrivain a réuni près d’une soixantaine d’écrivains dans « L’anthologie des écrivains du Congo : Du chaos du coronavirus à l’éclosion d’un nouveau monde » parue aux Editions LMI en 2020.Une manière pour les écrivains d’apporter leur contribution à la lutte contre la covid-19. Avide de connaissances nouvelles et attiré par l’échange et le partage d’expériences dans le domaine théâtral, Yvon Wilfrid Lewa-Let Mandah, président national du Centre Congo Brazza de l’Institut international du théâtre (CRC-IIT), a aussi participé au salon du livre de Paris en 2016. ll a également réprésenté le Congo au 35e congrès mondial de l’IIT tenu du 17 au 22 juillet 2017 à Ségovie en Espagne, la plus grande organisation mondiale dans les arts de la scène ou arts du spectacle qui a vu le jour en 1948 à Paris en France et a pour partenaire officiel l’Unesco.
Très connu sous son célèbre sobriquet «Tata N’Longi Biatitudes », Hervé Michel Bia Buetusiwa est tout aussi multi-option que multi-facette. Dans un entretien accordé au Courrier de Kinshasa, l’intéressé retrace son parcours et veut agir aujourd’hui pour l’avenir.
L’écrivain Hervé Michel Bia Buetusiwa
Courrier de Kinshasa : Vous êtes écrivain, est-ce par passion, par mimétisme ou par ambition ?
Hervé Michel Bia Buetusiwa : J’écris depuis plusieurs années. Je le fais depuis mon enfance. J’ai participé à plusieurs concours puis j’ai arrêté Je suis allé faire les études de droit, je n’avais pas autour de moi des gens avec lesquels nous avions une passion commune. Ce qui faisait de cela une passion solitaire. Donc, je me suis concentré sur mes études à cause de l’absence des gens qui porteraient avec moi cette passion et lorsque j’ai croisé des personnes qui partageaient ma passion, je me suis décidé de publier
C.K : Justement, d’où vous est venue cette envie d’écrire ?
M.B.B; Ce n’est pas une envie en fait ! Etre écrivain, c’est une vocation, c’est une passion on va dire.
C.K: Aviez-vous déjà à l’époque un modèle ?
M.B.B : A l’époque, le modèle était essentiellement étranger, quand j’étais tout jeune, c’était essentiellement étranger parce que les écrivains congolais, on ne les connaissait que très peu. Et de manière générale, il n’y avait pas d’endroit connu où l’on pouvait trouver leurs ouvrages complets à part des extraits dans des anthologies, et puis, pour la plupart, on pensait qu’ils étaient morts alors qu’ils vivaient encore. Donc, c’était difficile d’avoir des modèles au niveau du pays.
CK : Qu’est-ce qui vous a poussé à embrasser à nouveau ce métier d’écrivain après votre sortie de la faculté ?
M.B.B : C’est le fait d’avoir croisé des gens qui partageaient la même passion, la passion de l’écriture m’a encouragé à publier parce que je n’avais jamais arrêté d’écrire. Mais aussi les réseaux sociaux m’ont fait découvrir qu’il y avait un public congolais qui avait le goût de la lecture.
C.K ; Quelles est votre lecture de cette carrière d’écrivain en RDC du point de vue économique ?
MBB : Déjà que la carrière d’écrivain est une carrière artistique et la carrière artistique et très difficile partout dans le monde, pas seulement en RDC. Sur les milles des jeunes qui chantent dans les quartiers, il n’y en a qu’une seule ou deux qui vont s’en sortir avec ce métier. C’est la même la chose pour le football où il y a beaucoup des garçons talentueux, mais tous ne brillent pas pour autant. Et l’écriture c’est la même chose, il y a une forme de sélection qui se fait là. Partout dans le monde il y a des gens qui publient mais très peu parviennent à en faire un métier à part entière.
CK ; Qu’est-ce qui justifie cela ? Est-ce une règle non écrite ?
MBB : Il s’agit d’une discipline artistique. Donc, il faut toucher un grand nombre des gens pour pouvoir en faire une activité rémunératrice. Or la tension, le circuit des distributions sont faites de manière à ce qu’il y ait un nombre réduit des gens qui arrivent au sommet. Ça c’est dans le monde entier même dans la musique, c’est comme ça. Comme je l’ai dit, il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus de manière générale. Même ailleurs, il y a très peu d’écrivains qui vivent de leurs ouvrages et ça, on ne le saura jamais suffisamment. Même ceux qui sont le plus connu, ils vivent des activités annexes à l’écriture par exemple, organisent des ateliers, des conférences etc.
CK ; N’est-ce pas déjà vivre de son œuvre ?
MBB ; C’est comme ça que je dis indirectement. Donc, ils ne vivent pas de leur droit d’auteur, ils vivent d’une économie du livre qui est installée. Ici le problème est encore plus accentué parce que l’économie du livre n’existe pas. Le circuit du livre qui part de l’édition à la librairie en passant par la promotion, n’existe pas. C’est difficile pour un écrivain de ne vivre que de son œuvre. C’est une carrière difficile ça ressemble grandement à l’apostolat
CK : Est-ce possible de changer cet état des choses ou faut-il carrément s’avouer vaincu ?
MBB : Il y a moyen de le changer et c’est ce que nous sommes en train de faire dans le cadre des activités associatives dans lesquelles nous sommes impliqués et c’est ce que les autres acteurs culturels font aussi en soutenant justement la promotion de l’écriture. Mais la première étape consiste à ce que le public congolais puisse adhérer à la lecture. Cela va permettre la vente des livres, ce qui va à son tour générer de l’argent. Avec d’autres amis, nous nous sommes lancés dans l’aventure de l’édition. C’est pour nous permettre d’agir au niveau de la production, de la distribution et de la promotion des livres et c’est ce que la jeune association dénommée « les écrivains du Congo Asbl » essaie de faire.
CK : Outre vos ouvrages, vous êtes aussi concepteur du célèbre concert des mots. D’où vous est venue cette idée ?
MBB : En tant qu’écrivain, j’ai envie de vendre mes textes. J’ai envie qu’on me lise. Mais surtout d’introduire les gens dans mon univers. Et comme à Kinshasa, les livres ne circulent pas et que nous sommes dans une ville empreinte de la musique, j’ai opté pour cette façon de faire. J’ai voulu être original et surtout que j’aime bien faire passer mes textes par la musique. Mais après, il faut dire que nous n’avons pas inventé le concept.
CK : Et si vous aviez à choisir entre l’écriture et le droit ?
MBB : A ce stade de ma vie je choisirais les deux, mais après à un certain moment j’aimerais avoir plus des temps pour écrire .Tout comme la littérature le droit aussi est une passion pour moi
CK ; Combien d’ouvrages deja ?
MBB :Trois notamment Mais j’aime, Cœur épelé et Bateki Mboka
CK : Un ouvrage en vue ?
MBB : Il y a beaucoup des projets en vue, du théâtre, de la poésie, du roman, etc. Nous y travaillons.
Avec Adiac-Congo propos recueillis par Christopher Khonde
Ecrivain et critique, Georges Mavouba Sokate s’est éteint le 20 juillet à Pointe-Noire à l’âge de 71 ans des suites d’une courte maladie.
Le regretté Georges Mavouba Sokate Crédit photo »Adiac »
La nouvelle est tombée comme un couperet et a mis tout le monde littéraire et artistique en émoi. L’écrivain Georges Mavouba Sokate est décédé à l’hôpital général Adolphe-Sicé de Pointe-Noire. Écrivain très prolixe à la muse fertile, aussi à l’aise en poésie, dans le conte, le récit ou le roman, l’écriture de Georges Mavouba Sokate a toujours suscité le respect et l’admiration. Adepte du mot juste, de la phrase idéale, ce grand orateur à la plume alerte et libertaire savait châtier la langue française pour décrier les maux de la société par ses mots emprunts de néologismes qui faisaient sa marque de fabrique. « L’écrivain est celui qui ose » aimait t-il répéter.
Ancien professeur d’anglais à la retraite, Georges Mavouba Sokate a aussi exercé à Pointe-Noire dans les sociétés pétrolières de la place, notamment à CMS Nomeco. Membre du Salon littéraire Jean-Baptiste Tati-Loutard de Pointe-Noire, qui réunit des hommes et femmes de lettres, Georges Mavouba Sokate a été également un critique littéraire.
« Mal de mer à vingt ans », publié en 2000 aux Editions Souvenir du Benin, « Des iles de l’extrême océan », « Sous les piliers du wharf » (poésie), « Arthur Nona et la grande épopée des diables rouges », « De la bouche de ma mère » en 2009, « Ndandu le vieux pêcheur et l’enfant du fleuve », contes du royaume Kongo chez l’Harmattan Paris en 2011 (récits et contes), « Libertés d’oiseaux et de pierres vives » (poésie) en 2013, « La construction d’une conscience nationale au Congo par le musicien » chez l’Harmattan Paris 2014, « Que les ténèbres soient… » en 2016, « Sous le charme des courtisanes » en 2019 sont ses principales œuvres.
L’écrivain , qui avait été forcé à l’exil sous la dictature de Pinochet, est mort à l’âge de 70 ans après avoir été contaminé par le nouveau coronavirus.
L’écrivain chilien engagé Luis Sepulveda, forcé à l’exil sous la dictature d’Augusto Pinochet, est mort à 70 ans en Espagne du Covid-19, a annoncé jeudi sa maison d’édition. L’auteur était hospitalisé depuis fin février à Oviedo, dans la région des Asturies (nord) où il résidait. Il avait développé les symptômes de la maladie au retour d’un festival littéraire au Portugal.
« L’écrivain Luis Sepulveda est mort à Oviedo. L’équipe de Tusquets Editores regrette profondément sa perte », a écrit le groupe éditorial espagnol dans un communiqué. Il est notamment l’auteur du « Vieux qui lisait des romans d’amour », un de ses premiers livres qui lui avait valu une renommée internationale. Vivant en Europe depuis les années 1980, Sepulveda est également l’auteur d’une vingtaine de romans, chroniques, récits, nouvelles et fables pour enfants traduits dans une cinquantaine de pays.
Un auteur engagé
« Le personnel soignant a tout fait pour lui sauver la vie mais il n’a pas surmonté la maladie. Mes plus sincères condoléances à sa femme et à sa famille », a assuré sur Twitter le président de la région des Asturies, Adrian Barbon.
Né en octobre 1949 à Ovalle, au nord de la capitale chilienne Santiago, l’auteur avait milité très jeune dans les jeunesses communistes puis dans une branche du Parti socialiste. Ce qui lui avait valu d’être arrêté en 1973 par le régime du général Augusto Pinochet. Emprisonné pendant deux ans et demi, il avait finalement vu sa peine commuée en exil et avait quitté en 1977 le Chili où il n’est jamais revenu s’installer.