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Festival du livre africain de Marrakech : un manifeste pour la littérature d’Afrique

mars 15, 2023

RENDEZ-VOUS. Pour la première fois, une cinquantaine d’écrivains et artistes ont été réunis au Maroc pour braquer les projecteurs sur la littérature africaine.

Le docteur en sociologie de l'universite de Toulouse, et professeur associe de l'universite de Rabat Mehdi Alioua (a gauche) et l'ecrivain, ancien international de football francais Lilian Thuram invites du Festival du livre africain de Marrakech.
Le docteur en sociologie de l’université de Toulouse, et professeur associé de l’université de Rabat Mehdi Alioua (à gauche) et l’écrivain, ancien international de football français Lilian Thuram invités du Festival du livre africain de Marrakech.© FLAM 2023

À Marrakech, ce début d’année 2023 sonne la célébration de l’art africain sous toutes ses formes. Le cœur de la ville ocre a vibré en février dernier au rythme des pulsations de la Foire 1-54 et de la première édition du Festival du livre africain de Marrakech, qui a permis de rassembler écrivains de renom, éditeurs, artistes et amateurs de littérature du continent et de la diaspora autour d’un objectif commun, celui de promouvoir la créativité africaine sous l’angle littéraire et de rêver d’Afrique en terre africaine.

Le festival a littéralement embrasé la capitale culturelle du Maroc. Quatre jours d’effervescence littéraire et culturelle durant lesquels une quarantaine d’écrivains et d’artistes se sont réunis au centre culturel Les Étoiles de Jamaâ El Fna. JMG Le ClezioLilian Thuram, Sami Tchak, Rodney Saint-Éloi, Ken Bugul, Ananda Devi, Blaise Ndala, Abdhourham Waberi, Fouad Laroui, Fawzla Zaroui et bien d’autres écrivains de talent ont répondu présent à cette première édition. Un succès au-delà de toute attente pour les organisateurs : « Le miracle de la conception de ce projet s’est largement poursuivi avec l’attente du public et la qualité des échanges et des débats avec les écrivains », souligne Younes Ajarrai, l’un des fondateurs du festival. Et pour cause, animé d’une pléthore de conférences, de discussions et de débats stimulants autour de questions sociales, culturelles et politiques importantes en Afrique, tels que la littérature et l’engagement, le racisme, la décolonisation, la question identitaire, l’écologie, le festival a ouvert la voie vers des territoires d’expression plurielles, riches et diversifiées.

L’écrivain franco-mauricien et Prix Nobel de littérature 2008, JMG Le Clezio (à droite) en pleine discussion lors de la tenue de la première édition du FLAM.© FLAM 2023

Un manifeste pour le continent, marqué notamment par le discours inaugural de l’écrivain franco-mauricien et Prix Nobel de littérature 2008 JMG Le Clezio qui a salué l’initiative de ce premier festival comme « un hommage rendu à l’identité africaine, à la grandeur et à l’ancienneté de la littérature africaine à travers toutes ses voix et ses héritages, une rencontre nécessaire entre les hommes et les femmes du continent, que seule peut la littérature en traversant les frontières » et de rappeler « qu’elle est une arme pour lutter contre tous ceux qui, malgré les enseignements de l’histoire, revêtent aujourd’hui les loques trouées du racisme et de la xénophobie ».

Rêver d’Afrique ensemble et agir pour la jeunesse

Les organisateurs Mahi Binébine, Younes Ajarrai, Fatimata Wagne, Hanane Essaydi, sont partis du constat que « rares étaient les événements littéraires organisés sur le continent avec une dimension internationale et panafricaine et de la nécessité de réconcilier des territoires divisés par les frontières du Sahara et l’histoire coloniale ». Mais aussi « du besoin impérieux de se rencontrer chez nous entre voisins », précise Mahi Binébine.

Les organisateurs Younes Ajarrai (G), Hanane Essaydi, Fatimata Wagne, et Mahi Binébine.© FLAM 2023

Pour répondre à l’ambition du festival, des tables rondes organisées autour de la pluralité de voix d’auteurs et d’autrices et stimulés d’un nouveau souffle grâce à la présence d’une nouvelle génération d’écrivains ont favorisé des échanges et des débats de qualité malgré les différences d’horizons, de pensées et d’histoires des intervenants. « Le festival a montré qu’il existe une symbiose dans la culture africaine et qu’il est possible de miser sur l’excellence de cette culture qui donne au plus grand nombre. On espère qu’il y ait un sursaut au niveau de l’industrie du livre », souligne Fatimata Wagne et d’ajouter : « Le festival a permis de lever le voile sur l’importance de “décoloniser les arts”, d’apprendre enfin à se regarder soi-même, à recentrer son regard sur le continent plutôt que dans le miroir parfois déformant de l’Occident. »

Une autre des visées majeures du festival a été de promouvoir l’accès à la lecture et à l’écriture auprès du public jeune. « On a eu envie de rêver d’Afrique ensemble et de donner à cette jeunesse l’envie de rester en Afrique », affirme Mahi Binébine. C’est d’ailleurs à l’initiative de l’artiste peintre et romancier marocain qu’est né le centre culturel Les Étoiles de Jamaâ El Fna à Marrakech, un espace dédié à la promotion de la culture, à la transmission de l’excellence de l’art et de la création aux jeunes défavorisés. C’est également dans cette lignée que c’est inscrit cet événement. Une jeunesse enthousiaste, boulimique de savoir, de lecture et d’écriture à laquelle le festival a ouvert en grand les portes, a eu accès à des échanges privilégiés avec les écrivains sur le centre ou bien encore dans les universités et lycées. Une librairie éphémère, des allées et venues libres et gratuites au cœur d’un joyau architectural distingué comme le Riad Lekbir dans une ambiance chaleureuse et festive ont permis aussi de créer ce « miracle ».

Les femmes de lettres africaines à l’honneur

Autre fait marquant du festival, l’importance portée aux voix féminines. Rappelant dans son discours inaugural que les femmes étaient « une force » pour la littérature, JMG Le Clezio a salué la présence indispensable des femmes dans le paysage littéraire africain. Ken Bugul, Ananda Devi, Fawzla Zaouri, Djaili Amadou Amal ainsi qu’une nouvelle lignée d’autrices Anni Lulu, Yasmine Chami, Ernis, Jennifer Richard, entre autres, ont apporté une voix importante à la discussion sur la littérature africaine contemporaine. Au cœur des préoccupations : la place des femmes dans la littérature, la transmission intergénérationnelle et la question de la visibilité des auteurs et autrices africains. La grande écrivaine sénégalaise Ken Bugul a exprimé « le besoin de se retrouver pour parler des œuvres entamées, de confronter les imaginaires, de les enlacer pour contribuer à l’épanouissement de la culture africaine et de donner de l’élan à cette jeune génération d’écrivains passionnés pour lesquels le besoin d’écrire est très fort autour des questions identitaires, de genre et sur les enjeux politiques et sociétaux ». Et de poursuivre : « Le continent conserve les pulsions qui ont été à l’origine de la construction du monde, cette rythmique, cette lumière qui vous entraîne. Nous allons dessiner le monde de demain. »

Parmi les invités phares de cette première édition l’écrivaine sénégalaise Ken Bugul, (à gauche), à côté de Fatimata Wane, co-organisatrice du FLAM et l’écrivain Sami Tchak.© FLAM 2023

Un message fort partagé par une autre grande figure féminine de la littérature africaine, la Mauricienne Ananda Devi, qui rappelle que : « L’Afrique est un carrefour de cultures ancestrales qui assiste à l’émergence de nouvelles cultures et de mode d’expressions différents. En ce qui concerne la littérature africaine, beaucoup de ressentis culturels et spirituels n’ont pas encore été écrits portant un foisonnement de l’imaginaire. Il s’agit aussi de puiser dans les non-dits, d’être libre par rapport à la langue et de prendre appui sur des éditeurs de plus en plus à l’écoute. » Un travail littéraire dont on retrouve les marqueurs forts sous la plume de jeunes autrices prometteuses telles qu’Annie Lulu, qui après La Mer noire dans les grands lacs, Prix Senghor 2021, signe un second roman, La Peine des faunes, paru aux éditions Julliard, qui traite des violences environnementales et sexistes au travers d’une galerie de portraits de femmes inoubliables menant un combat pour la liberté et la justice. « En tant qu’afrodescendante, je suis une héritière de la pluralité des voix traversées et traversantes du continent, j’engage une partie de mon regard émotionnel et intime pour faire face à des défis sans précédents et mettre en lumière avec cette voix hybride et singulière les questions propres à l’Afrique », confie-t-elle.

Une lumière a jailli au centre culturel Les Étoiles de Jamaâ El Fna, confirmant la richesse de la littérature africaine et les perspectives offertes pour l’Afrique. La FLAM s’est emparée du cœur des amoureux des lettres et de l’Afrique et a insufflé pour les organisateurs du festival un message porteur d’espoir pour le continent : « On peut être différent sur bien des aspects et se réunir autour d’une amitié commune dans une démarche humble et sincère. »

Avec Le Point par Carine Saint-médar

Créé par Tshisekedi, le Grand prix panafricain de littérature en quête d’écrivains

septembre 13, 2021

Félix Tshisekedi est président de l’Union africaine depuis février 2021

À l’occasion de la présidence congolaise de l’Union africaine, Félix Tshisekedi a décidé de lancer un prix littéraire international, avec 30 000 dollars à la clé. Il est encore temps de participer…

Il est encore temps de participer : les organisateurs du tout nouveau Grand prix panafricain de littérature attendent les ouvrages jusqu’au 15 octobre 2021 ! Passé cette date, le comité de présélection composé d’universitaires congolais se réunira pour choisir les cinq titres qui seront soumis au « jury international », lequel se prononcera le 27 février 2021, en marge du sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA), et remettra à son lauréat ou à sa lauréate la coquette somme de 30 000 dollars…

Pour cette première édition, le jury sera composé de Boubacar Boris Diop (Sénégal), Ananda Devi (Maurice), Abubakar Ibrahim (Nigéria), Abdourahman Waberi (Djibouti), Buthaina Khidir Mekki (Soudan), Fawzia Zouari (Tunisie), Julien Kilanga Musinde (RDC), Peter Kimani (Kenya), William Ndi (Cameroun) et Zukiswa Wanner (Afrique du Sud).

Ce grand prix panafricain, qui bénéficie d’une enveloppe budgétaire d’environ 200 000 dollars, est une initiative conduite par le président congolais Félix Tshisekedi à l’occasion de la présidence congolaise de l’Union africaine. Il s’agit de « considérer la culture, les arts et le patrimoine comme des leviers pour le développement de l’Afrique ».

Des textes en anglais ou en français

Sur le plan littéraire, les organisateurs attendent des livres publiés après le 1er janvier 2021, écrits par des Africains au sens large : vivant en Afrique ou appartenant aux diasporas. « Nous ne souhaitons fermer aucune porte », soutient le professeur Emmanuel Mateso Locha, membre du panel chargé d’accompagner la RDC à la présidence de l’Union africaine. Reste que sont pour l’instant exclus tous les livres publiés en langues locales, y compris le swahili, puisque ne sont sélectionnés que des textes publiés en anglais ou en français.

Les organisateurs soutiennent par ailleurs qu’aucun thème n’est imposé et qu’aucune censure ne sera exercée vis-à-vis du contenu… qui doit néanmoins, « dans toute la mesure du possible, refléter les valeurs consacrées par la charte de l’Union africaine telles que la solidarité, la cohabitation pacifique des peuples, l’émancipation et le rayonnement de l’Afrique ». Petit plus : le jury, en accord avec le comité organisateur, se réserve le droit d’accorder une mention spéciale dotée de 5 000 euros à « une ou plusieurs autres personnes physiques ou morales ».

Avec Jeune Afrique par Nicolas Michel

Journée du manuscrit francophone : la neuvième édition suscite une forte adhésion des écrivains

septembre 4, 2021

Au regard des éditions précédentes, la neuvième connaît une participation significative d’une panoplie d’auteurs de dix-neuf pays. A ce jour, plus de trois cents manuscrits reçus et près d’une centaine sélectionnés dont quatre rédigés par les Congolais.

Les couvertures des quatre ouvrages congolais sélectionnés à la JDMF 2021/Adiac

Depuis le lancement de l’appel à manuscrit en mai dernier, le comité de sélection de la 9e édition de la Journée du manuscrit francophone (JDMF) témoigne d’un fort engouement de la part des écrivains de tous âges, de toutes nationalités francophones et de tous genres. « A ce jour, déjà près de trois cents livres que nous avons admis. Les premiers ouvrages sont présentés sur le site avec un extrait et diffusés sur nos comptes sociaux », a souligné le comité de sélection sur le site de la JDMF.

L’appel à candidature à la 9e édition de la JDMF étant ouvert jusqu’au 30 septembre, chaque auteur peut encore envoyer son manuscrit via le site de l’événement. Lancée en 2013 par les éditions Du Net et Actualité, cette initiative offre l’opportunité à plusieurs auteurs francophones de publier et diffuser gratuitement leur livre en librairie, de décrocher un contrat d’édition.

Au terme des sélections, le jury se prononcera le 24 octobre sur les huit prix attribués par le concours, à savoir Nouvelles, Roman, Essai, Témoignage, Science-Fiction, Poésie, Savoir et le Grand prix de la Journée du manuscrit francophone qui est doté d’un contrat d’édition de 10 000 euros ou d’un chèque de 3500 euros.

Déjà quatre ouvrages congolais en sélection !

Depuis l’ouverture de l’appel à manuscrit à la JDMF 2021, plus de cent-trente ouvrages sont présélectionnés et présentés en extrait sur la page Facebook de l’événement. Parmi-eux quatre issus du Congo, à savoir « Ça doit cesser » d’Etienne Mutabazi, « Monologues intérieurs » de Zéphy Milandou, « Le bien-être universel » de Gilmar Miere et enfin, « Tout, sauf ce nègre ! » de Pierre Chassagne Bilaye Malonga.

Des questions sans réponses, des mensonges, des vérités à moitié pleines, les injustices, la corruption, le harcèlement, la mystification de la réussite, tels sont des maux qu’aborde l’œuvre fictive d’Etienne Mutabazi, inspirée de faits réels. Le récit plonge le lectorat dans l’émotion d’un narrateur profondément affecté par le parcours de ses personnages.

« Monologues intérieurs » de Zéphy Milandou, quant à lui, est un recueil de dix nouvelles abordant des thématiques variées sur les histoires de personnes d’un certain âge, selon leur point de vue. En réalité, le recueil met en lumière ce que bien de personnes gardent à l’intérieur d’elles-mêmes et n’osent évoquer mais qui pourtant se trament dans leurs têtes à un moment ou un autre.

« S’il y a parmi vous quelqu’un qui n’a jamais essayé de vivre pour quelqu’un d’autre, faites un essai ! Vous verrez combien la vie vous apportera en plus ». Tel est le cri de cœur lancé par Gilmar Miere dans son livre « Le bien-être universel ». Une œuvre qui invite au don de soi pour le bénéfice de l’humanité.

Enfin, dans son livre « Tout, sauf ce nègre! », Pierre Chassagne Bilaye Malonga peint la société congolaise d’avant l’indépendance, entre injustice, boycott, trahison et cette relation amoureuse sortant de l’ordinaire entre Stevie, jeune française au père protecteur, chargé de la sécurité du général De Gaulle et Salé, un jeune brazzavillois dont le père est membre du groupe des nationalistes qui complote sur la prise en otage du général De Gaulle afin de l’échanger contre la libération de leur leader, André Grenard Matsoua.

Avec Adiac-Congo par Merveille Atipo

Coopération culturelle : l’OIF prévoit de soutenir les artistes et écrivains congolais

octobre 27, 2020

En visite  à Brazzaville, la secrétaire générale de l’organisation internationale de la francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, a eu, le 25 octobre, une séance de travail avec les artistes et  écrivains congolais.  

A travers les échanges inter actifs avec ses interlocuteurs, la secrétaire générale de l’OIF a voulu rendre hommage à la créativité culturelle  congolaise. Ces retrouvailles avaient pour objectif de trouver un terrain d’entente sur les activités prioritaires entre l’OIF et les femmes et les hommes de lettres et de culture congolaises.

Photo 1 : la SG de l’OIF échangeant avec les écrivains (crédit photo/ ADIAC)

La secrétaire générale de l’OIF  a déclaré:  « Je ne suis pas du tout étrangère ni à ce pays, ni à  sa richesse littéraire et culturelle. Depuis mon enfance, j’ai des liens personnels avec son monde littéraire, puisque le grand  écrivain congolais Tchicaya Utamsi était un ami de mon oncle qui était lui  aussi un grand écrivain rwandais, l’Abbé Alexis Kagamé. Ils ont fait beaucoup de bonnes choses ensemble sur le continent africain et même en Europe. Ce sont des hommes qui s’entendaient sur la nécessité de la présence littéraire et historique de l’Afrique sur l’échiquier mondial », a-t-elle témoigné.

Sur la revalorisation des langues africaines, la secrétaire générale  de l’OIF pense qu’il n’y a aucun doute dans son esprit et pour le mandat de la francophonie que la langue française qui est le ciment qui unit tous les membres de l’OIF, doit exister en coexistence harmonieuse et en complémentarité des langues nationales et locales.

La secrétaire générale de l’OIF a émis le voeu de voir son institution  collaborer avec les artistes et  écrivains congolais. De son côté, la  directrice de la langue française et de la  diversité culturelle, Nivine Khaled, a reconnu que le Congo Brazzaville est une terre riche en plumes, foisonnante d’artistes, terroir et réservoir des femmes et des  hommes qui savent écrire, sculpter, dessiner, peindre, chanter, danser et s’habiller.

Remerciant la secrétaire générale de l’OIF, le ministre de la Culture et des Arts, Dieudonné Moyongo,  a déclaré, « Brazzaville est une ville que vous connaissez  bien. Ici à Brazzaville, vous êtes chez vous. Brazzaville qui est le foyer de la littérature, de la francophonie, des arts plastiques est le berceau de la musique; parce qu’elle fait partie des villes créatives de l’Unesco  ».

 

Photo 2 : Fortuné Bateza lors de sa prestation (crédit photo/ ADIAC)

Photo 3 : remise du tableau de l’Ecole de peinture de Poto-Poto à la SG de l’OIF (crédit photo/ ADIAC

Intervenant à leur tour, les écrivains ont exprimé leur souhait de voir l’OIF accompagner les éditeurs et écrivains ; trouver des solutions pour permettre aux malvoyants de pouvoir transcrire les œuvres littéraires en écriture braille ; aider les jeunes filles à avoir accès aux livres et faciliter la diversité linguistique.

Le  ministre de la Culture et des Arts a remis à la secrétaire générale de l’OIF une oeuvre d’art de l’Ecole de peinture de Poto-Poto.

Avec Adiac-Congo par  Bruno Okokana

Congo/LEGENDES: LA CUVÉE DES ARTISTES ET ÉCRIVAINS LÉGENDAIRES (2)

octobre 16, 2020

 

LEGENDES : La cuvée des artistes et écrivains légendaires (2)

Comme promis, La Semaine Africaine poursuit l’évocation des artistes et écrivains légendaires de ces soixante dernières années. Les critères qui ont présidé au choix de ces légendes sont dans leur talent à la fois individuel ou collectif, la longévité et la popularité.

Sebastien Kamba

Le premier film long-métrage congolais porte le titre de ‘’La Chapelle’’. Il est l’œuvre de Sébastien Kamba, le premier cinéaste congolais qui figure aussi parmi les cinéastes africains des années 60. Il a consacré plus de 50 ans à la caméra et a réalisé plusieurs courts métrages et documentaires. Durant sa carrière, il a arraché diverses distinctions. De nombreux jeunes talentueux suivent ses pas, malgré le manque de soutien. Il s’agit de Claudia Haidara, Rufin Mbou, Amour Sauveur, Alain Nkodia…
Les peintres ont également joué leur partition aux côtés d’autres artistes. Ils ont pour la plupart affûtés leurs pinceaux à la célèbre Ecole de peinture de Poto-Poto. Hilarion Ndinga alias ‘’Magicien des couleurs’’ est sans doute l’un des rares artistes-peintres à avoir contribué au rayonnement de l’art dans sa dimension diversifiée à travers le monde.
On peut aussi parler d’Eugène Malonga, né en 1930 et décédé en 2005. Il est considéré comme l’un des cinq fondateurs de la peinture congolaise, inexistante avant 1940. Il a exposé dans de nombreux pays ; son œuvre compte plusieurs paysages et des portraits.
Avec lui Marcel Gotène, peintre, sérigraphe, né en 1939 et décédé en 2013. Navigant entre le figuratif et l’abstrait, il crée des personnages, des paysages, des atmosphères au surréalisme déroutant. A travers son art, il dénonce ce qu’il y a de négatif dans la vie quotidienne. Au cours de sa longue carrière, il a beaucoup exposé et vendu de nombreux tableaux. Dans cette liste, on peut aussi se référer à Iloki, Bernard Mouanga-Kodia, Michel Hengo, Emile Mokoko.
Après Jean Malonga (1907-1985), reconnu comme le doyen des écrivains congolais, il y a eu une panoplie d’écrivains dont beaucoup de renom. Henri Lopès (82 ans) en fait partie. Il est considéré comme l’un des représentants les plus connus de la littérature africaine moderne. En 1972, il est lauréat du Grand prix littéraire d’Afrique noire, pour son livre ‘’Tribaliques’’. En 1993, l’Académie française lui décerne le Grand prix de la Francophonie.

Emmanuel Boundzéki-Dongala

Alain Mabanckou, né en 1966, écrivain internationalement reconnu et prolifique. Il a remporté en 2006, le prix Renaudot pour son roman ‘’Mémoire de porc-épic’’. En 2012, il est récompensé par l’Académie française (Grand prix de littérature Henri-Gal). Installé aux Etats-Unis depuis bientôt quinze ans, il enseigne la littérature francophone à l’université de Los Angeles.

Emmanuel Boundzéki- Dongala (79 ans) a une bibliographie très fournie, avec des œuvres remarquables. Il a glané plusieurs prix et récompenses. Au nombre de ses romans figurent: ‘’Un fusil dans la main, un poème dans la poche’’ ; ‘’Le feu des origines’’, Grand prix littéraire d’Afrique noire en 1988; Prix Vinilo (2010).
Jean-Baptiste Tati Loutard. Né en 1938 à Ngoyo et décédé en 2009 à Paris. Il est considéré comme l’une des voix majeures de l’Afrique francophone. Il a publié une dizaine de recueils de poésie et obtenu divers prix.
Les artistes-musiciens ! Kosmos Moutouari (…). S’il y a une voix, une musique que l’histoire congolaise retiendra ces soixante dernières années, c’est bien celle de Kosmos. Auteur-compositeur renommé et musicien remarquable, il a marqué des générations par son talent. Issu de la grande école des Bantous de la capitale sous la protection des maîtres Nino Malapet (décédé en 2012 à 77 ans), Jean-Serge Essous et Célio Nkouka (décédé en 2016). Il a aussi fait partie du célèbre Trio CEPAKOS (Célio Nkouka, Pamélo, Kosmos) de l’orchestre Le Peuple.
Recruté dans le TP OK Jazz de Kinshasa en 1963, Youlou Mabiala (73 ans) y perfectionne son art grâce aux anciens du groupe. Sa voix, son talent et ses grandes compositions accrocheuses deviennent un de ses atouts majeurs. Durant sa longue et riche carrière, il enregistre plusieurs chansons et gagne de nombreux prix. Aux côtés de Loko Massengo, un transfuge du Trio Madjesi de l’orchestre Sosoliso, et de Michel Boyibanda, du TP OK Jazz, il crée Les Trois Frères en 1977, avant de fonder son groupe Kamikaze Loninguissa en 1980.

Mamhy Klaudia

Un chanteur à la voix captivante, Ange Linaud Djendo, décédé en 1999 à 50 ans. Il était l’un des plus féconds compositeurs congolais de musique à partir des années 70. Il est allé si loin dans la création personnelle qu’il était sur la voie d’une certaine assimilation de la rumba, lorsqu’il n’oblique pas avec élégance dans la composition en français.
Théo Blaise Kounkou, un chanteur légendaire à l’aise dans toutes les formes de la rumba, de l’expression soliste au grand orchestre d’accompagnement. Il s’exprime d’une voix limpide et profonde, pleine de conviction et de jovialité communicative. Il a écrit et interprété nombres de classiques de la rumba avec le mythique African all stars.
La voix féminine s’est aussi fait entendre avec notamment, Mamhy Klaudia décédée brutalement en 1998 à Abidjan. Chanteuse exceptionnelle, elle a connu des meilleurs moments. Elle a été l’une des plus remarquables chanteuses de la musique du Congo.
La comédie et la danse sont une affaire des initiées. Dans ce domaine, Pascal Nzonzi, Mbouta Loumingou, Fortuné Batéza ont su tirer leur épingle du jeu. Et du côté de la danse moderne, des figures se sont aussi illustrées comme Emile Gentil Okemba décédé en 2018 et Chiwawa encore en activité.

Avec La Semaine Africaine par Alain-Patrick MASSAMBA

Déclaration d’écrivains Congolais sur la situation au Congo-Brazzaville

avril 18, 2016

 

 

Nous écrivains congolais signataires de la présente déclaration, sommes profondément indignés et protestons énergiquement contre la situation qui prévaut au Congo actuellement.

Alors que nous nous acheminions sereinement vers des élections et une alternance démocratique sans violence, le Président de la République a décidé de son propre chef de changer la constitution du 29 janvier 2002 qu’il avait pourtant juré de respecter et de défendre. De même, il a organisé une élection frauduleuse. Cette forfaiture a conduit à la situation que nous déplorons aujourd’hui : ces tueries et assassinats, ces arrestations arbitraires et assignations à résidence injustifiées et ces bombardements aveugles des populations qui plongent le pays dans un climat de terreur.

Que les auteurs de ces crimes contre l’humanité ne se croient pas exempts de la justice car tôt ou tard elle les rattrapera.

Nous écrivains signataires de la présente déclaration, apportons notre soutien au peuple congolais et lui demandons de ne pas se résigner. Nous sommes convaincus qu’il finira par prendre ses responsabilités devant l’Histoire.

17 Avril 2016

 

Emmanuel Dongala

Guy Menga

Marceline Fylla

Dominique MFouilou

Virginie Mouanda

Marie-Léontine Tsibinda

Tchichelle Tchivela