L’auteur, éditeur et critique François Ricard à l’émission Plus on est de fous, plus on lit! à ICI Première en 2014. Photo : Radio-Canada/Olivier Lalande
La Presse canadienne
L’essayiste, éditeur et professeur de littérature François Ricard est décédé à l’âge de 74 ans. Son décès a été confirmé par les Éditions du Boréal.
M. Ricard a obtenu un doctorat en littérature à l’Université d’Aix-en-Provence en 1971. La même année, il a commencé à enseigner les littératures française et québécoise à l’Université McGill, qui l’a nommé professeur émérite à la fin des années 2000.
Grand spécialiste de l’œuvre de Gabrielle Roy, il a rédigé, à la demande de l’écrivaine elle-même, une biographie de référence, intitulée Gabrielle Roy – Une vie, parue en 1996.
À la tête du Fonds Gabrielle-Roy, il a joué un rôle très important dans la préservation et la diffusion de l’œuvre de la grande romancière.
L’écrivain Milan Kundera l’avait également choisi pour réaliser les préfaces des rééditions de l’ensemble de ses œuvres, y compris dans la collection La Pléiade.
Plusieurs essais et articles
François Ricard a aussi publié de nombreux essais et articles, dont La littérature contre elle-même en 1985, La génération lyrique en 1992, Mœurs de province en 2014 et Le roman de la dévastation en 2021.
Depuis 1983, il était membre du comité éditorial des Éditions du Boréal, où il dirigeait la collection Papiers collés.
On l’a aussi connu comme critique, chroniqueur et animateur d’émissions littéraires.
Au cours de sa carrière, son œuvre lui a permis de remporter de nombreux prix, dont deux prix littéraires du Gouverneur général, en 1985 et en 2003, ainsi que le prix Athanase-David, en 2018.
« En François Ricard, le Québec perd un de ses plus fins penseurs et un de ses plus grands essayistes. Il perd également un ardent défenseur de la littérature, pour lui synonyme de liberté et d’audace, en laquelle il croyait profondément. »— Une citation de Les Éditions du Boréal
Victime d’une crise cardiaque qui l’a emporté l’après-midi du 31 janvier dernier en Belgique, l’écrivain et éditeur, auteur du dictionnaire multilingue en kikongo, kiswahili, lingala, tshiluba, français et anglais, le « Sene Mongaba », connu pour son indéfectible engagement dans la promotion et la défense des langues africaines, était en passe de publier l’Anthologie du prochain Prix Zamenga aux Editions Mabiki.
1- Richard Ali et feu Bienvenu Sene Mongaba à la présentation du roman « Et les portes sont des bouches »
La disparition subite de Bienvenu Sene Mongaba porte un sérieux coup à la chaire « Langues nationales » du département de traduction et interprétariat de l’Université pédagogique nationale de Kinshasa (UPN), dont il était responsable. Mais encore, outre ses proches collaborateurs qui font le relais de sa maison d’édition, les Editions Mabiki à Kinshasa, Ange Manguanda et Edimon, l’écrivain Richard Ali A Mutu est à ce jour le plus affecté des précieux acteurs de l’univers littéraire de Kinshasa par le funeste événement. En effet, dès le lendemain, ce dernier a confié au Courrier de Kinshasa qu’il venait de « perdre quelqu’un de très, très proche ». Et d’affirmer avec grand regret : « Bienvenu est un mentor pour moi, je ne parle pas de lui au passé car il reste mon mentor. Il reste un maître à penser parce qu’il est mon tout premier éditeur et j’avais pris l’option de le garder comme l’unique éditeur de mes publications jusqu’à mon dernier roman, “Et les portes sont des bouches“ ».
Le jeune écrivain et chroniqueur littéraire a du reste informé de l’apport de Bienvenu Sene Mongaba dès ses débuts. «C’est avec lui que j’ai commencé mon aventure littéraire partant de la nouvelle “Le cauchemardesque de Tabu“ qu’il a éditée. Puis, c’est lui qui m’a poussé, m’a mis le pied à l’étrier pour me lancer dans l’aventure de l’écriture en langue congolaise. Ainsi, mon roman en lingala, “Ebamba, Kinshasa makambo“ est né grâce au coaching de Bienvenu. C’est lui qui m’a demandé de le faire et ce roman a été très bien accueilli », a reconnu Richard Ali.
Allusion faite ici au fait que cette œuvre en lingala lui a ouvert les portes du cercle restreint des trente-neuf écrivains subsahariens âgés de moins de 40 ans repris dans l’Anthologie Africa39 préfacée par Wole Sonyinka. Mais aussi au bon accueil dont il a bénéficié dans le milieu littéraire américain. À ce sujet, la Camerounaise Acèle Nadale, du magazine littéraire en ligne Afrolivresque.com, rapporte qu’en sus, ce texte a reçu les éloges intarissables du « magazine Asymptote Journalet de la Bibliothèque publique de Los Angeles ». Le roman de Richard Ali a connu un succès tel qu’il a été traduit en français et en anglais, paru sous le titre Mr Fix-it.
Un aîné, un mentor, un père et un enseignant
DR 2- Bienvenu Sene Mongaba dans son bureau
Dès lors, il n’est pas étonnant d’entendre Richard Ali déclarer à propos de l’illustre disparu : « Je pleure à la fois un aîné, un mentor, un père et un enseignant. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup appris au niveau mental afin de me libérer du colonialisme linguistique. C’est vraiment lui qui a fait ce travail sur moi ».
Par ailleurs, a-t-il ajouté regrettant le départ inopiné de son éditeur : « Nous avions de longs moments d’échange et de débats car moi, je ne le voyais pas continuer à vivre en Europe. Je le voyais ici et le sentais tout le temps ici. Et, nous avions longuement parlé la veille de sa mort suite à une sollicitation de l’achat de mes droits pour l’édition en anglais de “Et les portes sont des bouches“. Nous avions échangé autour de cette bonne nouvelle et avions constitué un groupe de travail ensemble avec Blaise Ndala du Canada pour en parler. Le jour même, nous avions encore échangé en matinée. Et, à midi, nous avions parlé assez longuement, pendant près d’une heure sur ce dossier ».
DR 3 -Le « Sene Mongaba », seconde édition du dictionnaire multilingue paru en 2021 aux Editions Mabiki / Adiac
Lors de cette dernière discussion intervenue à moins de deux heures du triste sort, il était aussi question, a renchéri Richard Ali, « du projet d’édition de la dernière édition de l’Anthologie du Prix Zamenga ». « De midi à pratiquement 13 h, je l’avais au téléphone via WhatsApp. Nous avons conclu l’appel avec la promesse qu’il me rappellerait aux environs de 15 h pour m’envoyer certains éléments. J’ai attendu de 15 jusqu’à 16 h, il n’était toujours pas en ligne. Blaise Ndala aussi était dans la même attente… J’ai résolu alors de travailler avec ma cheffe, la déléguée de Wallonie-Bruxelles, Kathryn Brahy, sur l’introduction de l’Anthologie que je devais rapidement envoyer à Bienvenu, il l’attendait impatiemment en sa qualité d’éditeur. Aux alentours de 18 h moins le quart, je rentre à mon bureau pour mettre le texte au propre. Quand les corrections prennent fin, je reçois un appel d’Edimon. Il s’enquiert de ma santé et me demande si je suis au courant de la nouvelle. À ma question de savoir de quoi il parle, il m’annonce : « Ton vieux, le vieux Sene est décédé ! ». Je suis sous le choc depuis hier, jusqu’à ce matin, je ne réalise pas que c’est arrivé ! J’ai du mal à le concevoir, à l’avaler, à réaliser que je n’aurai plus à bénéficier des conseils de Bienvenu », a-t-il conclu des larmes dans la voix.
Boycotté par le monde de l’édition en France, l’écrivain sous le coup d’une enquête pour pédocriminalité a pu publier son livre polémique à 2000 exemplaires de l’autre côté des Alpes.
«Les livres se lisent, ils ne se brûlent pas.» L’éditeur italien Michele Silenzi a défendu, dans un entretien à l’AFP, la publication de Vanessavirus, le dernier livre de Gabriel Matzneff. Il s’agit de la réponse de l’écrivain français au Consentement de Vanessa Springora. Vanessavirus est sorti cette semaine en Italie aux éditions Liberilibri avec un premier tirage de 2000 exemplaires.
Cet opus de 108 pages (dans l’édition italienne) traduit par Giuliano Ferrara, journaliste et ancien ministre de Silvio Berlusconi, «est l’histoire d’une chasse à l’homme, l’histoire d’un assassinat», affirme la maison sur son site. «Nous l’avons d’abord publié parce qu’il nous semblait juste d’accorder un droit de réponse à un homme et un artiste dont la vie et l’œuvre sont détruites», explique Michele Silenzi. Mais «c’est aussi un beau livre. Un texte d’une grande valeur littéraire», poursuit l’éditeur, qui exalte «la force indiscutable et délicate, également très dramatique, du récit».
Gabriel Matzneff a auto-édité en France Vanessavirus, avec un tirage de 200 exemplaires réservé à des lecteurs choisis, pour un prix de 100 euros. D’après les informations de l’AFP, tous les éditeurs qu’il avait approchés ont refusé l’ouvrage sans le lire. L’édition italienne, qui peut être commandée depuis la France pour un prix bien moindre, est «la première à être acceptée par une maison d’édition européenne et à être présente dans les librairies», se félicite Liberilibri, fondée en 1986 à Macerata.
«Les livres se publient et se lisent, ils ne se brûlent pas», plaide Michele Silenzi. Le mouvement #MeToo «n’est pas un problème en soi», selon lui. Ce qui l’est, en revanche, «c’est que ce type de mouvements tend trop souvent à imposer une “cancel culture” aux effets culturels dévastateurs». «On ne peut plus réfléchir sur rien si un fait n’est pas historicisé et compris dans son contexte et dans son évolution historique».
«Inévitablement de façon controversée»
«J’ai survécu au Coronavirus. Je ne survivrai pas au Vanessavirus», écrit Gabriel Matzneff en ouverture de son récit en italien dont l’AFP s’est procuré un exemplaire. «Le capitaine Dreyfus était innocent. Moi, je ne le suis pas. Je suis coupable d’avoir adoré la liberté, la beauté, l’amour».
Gabriel Matzneff, 84 ans, est visé par une enquête pour viols sur mineur de moins de 15 ans ouverte après la publication en janvier 2020 du récit de Vanessa Springora, Le Consentement. Celle-ci y racontait comment dans les années 1980 elle avait été entraînée à 14 ans dans une relation avec un écrivain qui en avait près de 50.
Dans une procédure distincte, le tribunal correctionnel de Paris a invalidé la semaine dernière une citation à comparaître visant l’écrivain pour «apologie» de la pédocriminalité après la parution de trois articles entre fin décembre et début janvier dans L’Obs, Le Parisien et L’Express. Le Consentement est sorti en mars en Italie sous le titre Il consenso aux éditions La Nave di Teseo.
Michele Silenzi explique que la philosophie de la maison Liberilibri est de «diffuser les idées qui stimulent l’émancipation intellectuelle et la liberté de pensée». Selon lui, «que doit faire un éditeur sinon favoriser ce processus, même si c’est parfois inévitablement de façon controversée?»
Tous les éditeurs français de Gabriel Matzneff ont suspendu indéfiniment la vente de ses ouvrages évoquant ses amours avec des garçons et filles mineurs. D’autres, au contenu moins polémique, sont cependant en vente, comme le recueil d’articles avec lequel il avait obtenu le prix Renaudot de l’essai en 2013, «Séraphin, c’est la fin!».
Par Le Figaro avec AFPPublié il y a 3 heures, mis à jour il y a 3 heures
« Ancien journaliste, conteur de talent, homme très intuitif et ami fidèle, Raphaël Sorin a toujours défendu l’audace », relève David Serra, sur Twitter.
Raphaël Sorin, éditeur de Charles Bukowski et Michel Houellebecq, est décédé à l’âge de 78 ans, a annoncé dimanche la maison d’édition Ring, dont il était directeur littéraire.
« Ancien journaliste, conteur de talent, homme très intuitif et ami fidèle, Raphaël Sorin a toujours défendu l’audace », relève David Serra, fondateur de la maison d’éditions, sur Twitter, rendant hommage à un « homme à la culture infinie, au cœur généreux et emphatique, solaire et bienveillant ».
Raphaël Sorin a travaillé dans plusieurs grandes maisons d’édition, comme Le Seuil, Albin Michel, Flammarion ou encore Fayard, avant de rejoindre Ring, qui a publié plusieurs auteurs controversés.
Chez Flammarion, il avait édité « Les particules élémentaires » (1998) et « Plateforme » (2001) de Michel Houellebecq, écrivain francophone de loin le plus connu au monde et un des plus vendus. « Je l’ai lu dans la nuit, je suis allé voir le patron de Flammarion, Charles-Henri, je lui ai dit nous tenons un chef d’oeuvre », racontait-il en parlant de sa découverte des « Particules élémentaires », parlant d’un « coup de foudre littéraire ». Passé chez Fayard, il s’occupera de la parution d’un autre succès de Houellebecq, « La possibilité d’une île » (2005).
Les hommages se multiplient sur Twitter
Né le 12 août 1942 à Chambéry, Raphaël Sorin a aussi été critique littéraire au Monde et a collaboré à de nombreuses autres publications ainsi qu’à des émissions de télévision. Il était cousin avec l’écrivain Elias Canetti, prix Nobel de littérature en 1981.
Sur Twitter, les hommages se multipliaient suite à l’annonce de son décès. « Aucun talent (ni aucune nullité) n’échappait à son œil d’aigle », saluait l’écrivain Raphaël Enthoven. L’historien Eric Anceau décrivait lui un « conteur de talent, ami fidèle ».