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L’Angola, la fin de l’Eldorado pour les émigrés portugais

janvier 29, 2017

Lisbonne – Poussée par la crise économique, Marina Pereira avait décroché un emploi en Angola, terre de refuge pour les émigrés portugais. Mais la brusque chute des cours du pétrole a brisé son rêve d’une vie meilleure, la forçant à rentrer au pays, comme des milliers de ses compatriotes.

« Au début, je gagnais 4.200 euros net par mois, en travaillant dans un spa. J’étais logée et nourrie, c’était le paradis », raconte cette ostéopathe de 33 ans, qui s’était installée en 2012 à Luanda, capitale de l’ancienne colonie portugaise riche en pétrole et diamants, où la langue officielle reste le portugais.

Puis l’euphorie a fait place à la désillusion: « J’ai commencé à être payée en kwanzas, la monnaie locale, et mon revenu mensuel a fondu à 1.000 euros. Le change ne se faisait qu’au marché noir, à un taux prohibitif ». Elle est repartie car « la vie à Luanda était devenue bien trop chère ».

Le retour en 2015 au Portugal, à peine sorti d’une récession profonde, s’avère brutal. Un salaire de 650 euros pour travailler dans un gymnase, « ce n’est pas suffisant pour avoir une qualité de vie décente », témoigne cette jeune femme à la chevelure noire et au regard pétillant.

Chassés par les troubles qui ont accompagné l’indépendance de l’Angola, quelque 300.000 colons portugais avaient dû plier bagages en 1975. Quarante ans plus tard, le Portugal assiste à une nouvelle vague de « retornados » (ceux qui sont retournés dans leur pays d’origine), contraints de quitter ce pays africain englué à son tour dans la crise.

Cet exode entamé en 2015 est « toujours en cours, mais à un moindre rythme », estime le président de la Chambre de commerce luso-angolaise, Paulo Varela, sans avancer de chiffres.

– Crise pétrolière –

Alors que l’argent du pétrole coulait à flots à Luanda, qui se rêvait en futur Dubaï, les cours de l’or noir ont commencé à s’effondrer en 2014. Les recettes du pays, qui dispute la place de premier producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne au Nigeria, ont été divisées par deux.

Du coup, l’Etat angolais, dont le budget dépend pour 70% du pétrole, a mis un frein à l’investissement public, arrêtant des milliers de chantiers, et a limité l’accès aux devises, frappant ainsi de plein fouet les entreprises du bâtiment et des travaux publics.

« De nombreux groupes portugais opérant en Angola n’arrivent plus à payer leurs salariés car ils ont du mal à rapatrier leurs gains », explique Ricardo Pedro Gomes, président de l’Association des entreprises de construction portugaises.

« Sur les 100.000 ouvriers portugais du BTP qui travaillaient en Angola avant la crise, il n’en reste plus que quelques milliers. Et il y a des retards de salaires allant jusqu’à un an », renchérit Albano Ribeiro, dirigeant du syndicat de la construction.

Pedro Dias, un agent commercial de 42 ans employé par un groupe électronique angolais, a assisté aux départs successifs de ses amis, avant de retourner, lui aussi, au Portugal.

A Luanda, il était payé 2.500 à 3.000 euros par mois, et l’entreprise prenait en charge son logement, la voiture et l’alimentation. Des revenus suffisants pour faire vivre sa femme et ses trois enfants, restés au pays.

Mais avec les restrictions de devises, les virements bancaires vers le Portugal ont cessé. « J’ai dû repartir, il fallait bien que ma famille mange », dit-il, les yeux cachés derrière d’épaisses lunettes de soleil.

– ‘Amour-haine’ –

Aventurier dans l’âme, il assure cependant avoir « la nostalgie de l’Angola ». « Si la situation s’améliore, j’y retournerai », promet-il, se remémorant « l’odeur de l’Afrique et de sa savane » qui l’a « marqué à vie ».

La vie des émigrés à Luanda est pourtant semée d’embûches.

« En public, on ne parle jamais du régime angolais », dirigé d’une main de fer depuis 37 ans par le président José Eduardo dos Santos, explique Pedro Dias. « Si l’on veut éviter des problèmes, il ne faut pas se mêler de politique ».

Quant à Marina Pereira, elle s’est fait agresser en plein jour « avec une arme pointée sur la tête, par des enfants de dix ou onze ans. » Elle se souvient aussi d’avoir « attrapé la malaria et la fièvre jaune » et « failli mourir ».

Malgré cela, « l’Angola me manque, c’est une relation amour-haine, j’ai toujours été fascinée par l’Afrique », sourit-elle, évoquant des « plages merveilleuses » et « l’odeur de la terre humide ».

D’où l’idée de repartir dans une autre ex-colonie portugaise: Sao Tomé-et-Principe, une île située au large du Gabon. Sa valise rose fuchsia, posée à même le sol dans l’entrée de son logement modeste au centre de Lisbonne, est déjà prête.

Romandie.com avec(©AFP / 29 janvier 2017 16h47)             

L’eldorado européen, du rêve à la désillusion pour les footballeurs africains

mai 30, 2015

L'eldorado européen, du rêve à la désillusion pour les footballeurs africains
L’eldorado européen, du rêve à la désillusion pour les footballeurs africains © AFP

Sur les terrains bosselés en terre battue d’Abidjan, des dizaines de jeunes rêvent de troquer leurs ballons dégonflés pour rejoindre un club européen. Abusés par des agents peu scrupuleux et livrés à eux-même, leur eldorado inaccessible se transforme souvent en désillusion.

« Quand j’ai vu notre sélection ramener la Coupe d’Afrique des nations en février, je me suis dit +pourquoi pas moi+ ? ». Avec son bermuda fleuri et ses deux téléphones portables, Christian Nougbele a déjà la panoplie du stéréotype du footballeur professionnel.

« Jouer la Ligue des champions en Europe » : cette phrase revient sans cesse dans la bouche de ce meneur de jeu longiligne de 23 ans.

Le 6 juin prochain, Christian, qui enchaîne les matches en troisième division ivoirienne, devra pourtant se contenter de regarder la finale de la prestigieuse coupe d’Europe à la télévision.

Derrière lui, Issa Koné, un colosse d’1,90 m soupire. « S’ils n’ont pas percé à 25 ans, ils ne réussiront jamais. . . Mais il y a trop de marchands de rêves dans le football. . . « , peste cet éducateur qui forme une centaine de jeunes à l’institut Cissé, une école de football nichée au coeur de Yopougon, un quartier pauvre d’Abidjan.

Les marchands de rêve, ce sont ces agents de joueurs, rarement officiels, qui gravitent autour des terrains de football du pays, prêts à abuser de la crédulité des familles.

– ‘Persuadés de pouvoir jouer au Barça’ –

« Les jeunes sont tous persuadés qu’ils peuvent jouer dès demain au Real Madrid ou au Barça », explique Alfred Obou, un agent agréé par la Fifa qui a envoyé des internationaux comme Cheick Tioté ou Kader Keïta vers l’Europe.

« Alors forcément, il y a des gens qui en profitent et qui les font rêver », regrette-t-il non sans rappeler que des stars comme Didier Drogba ou Yaya Touré ont « commencé dans des clubs de second rang avant d’exploser ».

Yao Komenan, un entraîneur de 42 ans, connaît bien le problème. De retour de Tunisie, il a passé sept mois à aider des joueurs africains délaissés par ces intermédiaires peu scrupuleux.

« Des agents leur avaient promis de les faire jouer en Europe via la Tunisie, mais une fois arrivés à l’aéroport, ils s’étaient volatilisés. Les gamins étaient complètement abandonnés, sans ressources », raconte le technicien.

« Ils ne se soucient même pas du niveau du joueur. A Tunis, la plupart des joueurs que j’ai vus n’avaient pas du tout les capacités pour jouer en Europe », se souvient-il.

Inspiré par l’académie de Jean-Marc Guillou qui a fait éclore plusieurs stars du football ivoirien, l’institut Cissé, créé en 2007, prend gratuitement en charge des joueurs amateurs ivoiriens et tente de les protéger des chimères européennes.

Financé par Souleymane Cissé, ex-joueur ivoirien aujourd’hui entraîneur adjoint du club de Monaco, l’école a même réussi à bricoler un terrain aux dimensions règlementaires.

Au bout d’un petit chemin de terre, face à la lagune d’Abidjan, ce grand champ plein de trous entouré de palmiers et d’hévéas sert de stade d’entraînement à l’équipe.

– ‘Pas le paradis’ –

Depuis la crise politico-militaire qui a frappé le pays en 2010-2011, le gazon « venu d’Europe » s’est raréfié. « La Côte d’Ivoire manque d’infrastructures et les conditions de jeu sont mauvaises. Si vous vous blessez ici, vous ne serez pas bien soigné », regrette M. Koné.

Derrière les succès de sa sélection nationale, le football ivoirien, sans moyens et sans ambition, ne suffit plus aux jeunes joueurs.

Le salaire moyen d’un joueur de première division ne dépasse pas 150. 000 francs CFA mensuels (230 euros) et le niveau du championnat reste faible. Les clubs ivoiriens n’ont plus remporté de trophée continental depuis 1999.

Sidick Camara, a eu sa chance de l’autre côté de la Méditerranée, grâce aux partenariats de l’institut Cissé. Ce milieu de terrain de 20 ans a passé cinq mois en stage dans le club de Coimbra, en première division portugaise.

« Je me suis rendu compte que ce n’était pas facile du tout », se souvient le joueur qui évolue maintenant en championnat amateur ivoirien. « Il faisait froid, la nourriture était différente, la langue aussi était une barrière. Nous étions quatre Africains à l’essai. Aucun n’a été retenu », regrette-t-il, dépité.

Ce premier échec n’a pourtant pas découragé Sidick qui s’accroche encore à l’idée d’une carrière dorée sur le Vieux Continent.

« L’Europe, ce n’est pas forcément le paradis. Mais le paradis, ça se trouve où ? », s’interroge-t-il.

A côté de lui, l’entraîneur Yao Komenan hoche la tête, fataliste. « Revenir en Afrique, pour eux, c’est revenir en enfer ».

Jeuneafrique.com

Gabon : le rapporteur de l’ONU déplore « l’impunité » des « trafiquants de personnes »

mai 19, 2012

Le rapporteur spécial de l’Onu sur le trafic d’êtres humains, Joy Ngozi Ezeilo, a jugé vendredi « alarmant » l’impunité des « trafiquants de personnes » au Gabon, au terme d’une « visite d’investigation » de quatre jours dans ce pays.

« Il est (…) alarmant de constater que pour l’instant il n’y a pas une seule poursuite judiciaire de la part de la cour criminelle contre ces trafiquants », a déclaré Mme Joy Ngozi Ezeilo, lors d’une conférence de presse à Libreville, estimant que cela « va contribuer à l’impunité dont jouissent ces trafiquants (…) ».

Le Gabon « est un pays de destination et de transit du trafic des personnes » originaires d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Les garçons et les filles âgés de plus de 18 ans, venus surtout du Bénin du Mali et du Togo, sont attirés vers ce pays qu’ils considèrent comme l’un des plus riches de la sous-région, a expliqué Mme Ngozi.

« La plus commune des formes de trafic au Gabon concerne les jeunes filles employées comme domestiques et dans certains cas pour le mariage forcé, alors que les garçons se livrent beaucoup plus aux activités du secteur informel », a-t-elle ajouté.

Mme Ngozi a appelé le gouvernement gabonais à « assurer une application complète et une conformité avec le protocole de Palerme » ratifié en 2000 et qui exige des des mesures efficaces pour lutter contre le trafic d’êtres humains.

Une action gouvernementale insuffisante

Le Rapporteur spécial de l’Onu a reconnu « les efforts du gouvernement pour essayer d’enrayer cette traite des personnes », mais a jugé « longues et compliquées » les procédures judiciaires, ajoutant que « les compétences n’existent pas en tout cas de façon suffisante surtout pour les enquêteurs ».

Perçu comme un eldorado à partir du boom pétrolier des années 1970 et de la fin des années 1980, le Gabon attire une importante immigration de pays africains. Beaucoup de ces immigrés sont en situation irrégulière.

Jeuneafrique.com