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Mozambique : l’opposition appelle à de nouvelles élections

octobre 19, 2019

Filipe Nyusi © Ferhat/AP/SIPA

 

Les premiers résultats partiels des élections présidentielle et législatives de mardi donnent sans surprise une large avance au président sortant et son parti. L’opposition a appelé samedi 19 octobre à l’annulation des élections générales et accuse le pouvoir d’avoir violé l’accord de paix.

Les Mozambicains ont voté mardi dans un climat de vives tensions, au terme d’une campagne violente alimentée par des accusations de fraudes au profit du régime lancées par l’opposition et la société civile.

Après dépouillement de 830 000 bulletins exprimés, soit à peine plus de 6% des 13,1 millions d’électeurs inscrits, l’actuel chef de l’État Filipe Nyusi, qui brigue un deuxième mandat, était crédité de près de 75% des suffrages, selon les résultats publiés par la CNE sur son site internet vendredi.

Accusations de la Renamo

Il devance largement son concurrent Ossufo Momade, le chef du principal parti d’opposition la Renamo, l’ex-rébellion de la guerre civile (1975-1992), créditée de 20% des voix, selon ces mêmes résultats.

« Le Front de libération du Mozambique (Frelimo, au pouvoir) (…) a violé l’accord de cessation des hostilités qui dit qu’il ne faut pas commettre d’actes de violence et d’intimidation dans la poursuite d’objectifs politiques », écrit la Résistance nationale du Mozambique (Renamo) dans un communiqué publié samedi.

La Renamo affirme que certains de ses délégués ont été arrêtés après avoir surpris des organisateurs du scrutin qui distribuaient plus d’un bulletin de vote pour le Frelimo aux électeurs.

« Il y a eu des arrestations arbitraires d’agents (…) et des électeurs qui ont essayé de se plaindre de tout, du bourrage d’urnes électorales, n’ont pas été en mesure d’exercer leur droit de vote », poursuit la Renamo.

La Renamo a appelé à la tenue de « nouvelles élections ». Des responsables gouvernementaux n’étaient pas joignables dans l’immédiat pour commenter ces accusations.

Le MDM rejette le processus

À la dernière présidentielle, Filipe Nyusi l’avait emporté avec 58% des voix devant le chef historique de la Renamo Afonso Dhlakama (37%). Pour les élections législatives, le parti présidentiel du Frelimo, qui dirige le Mozambique sans partage depuis son indépendance sur le Portugal en 1975, pointe largement en tête avec 70% des voix après dépouillement de 750 000 bulletins, devant la Renamo avec 22% des suffrages.

Affaibli par une crise financière, un scandale de corruption et une insurrection jihadiste dans le nord du pays, le Frelimo avait réalisé sa plus mauvaise performance de son histoire en 2018 aux élections locales, avec un score national de 51,8%.

Avant même la publication de ces résultats provisoires, le Mouvement démocratique du Mozambique (MDM, opposition) a dénoncé vendredi un « processus électoral honteux ». Dans un communiqué, le MDM a exprimé son « indignation » et son « rejet » du processus électoral. « Nous affirmons qu’il y a eu fraude », a ajouté le parti, « ces élections n’ont été ni justes, ni libres, ni transparentes ».

Une campagne inéquitable ?

Si elles ont salué le déroulement « globalement normal » du scrutin mardi, les principales missions internationales d’observateurs ont émis de nombreuses réserves sur l’équité et la régularité de la campagne et sur le dépouillement du vote.

La CNE doit annoncer lundi les résultats des élections provinciales qui se sont également déroulées mardi. La Renamo espérait, avant le scrutin, prendre le contrôle de plusieurs des dix provinces du pays. Elle s’est abstenue de tout commentaire officiel depuis mardi.

Le gouvernement et l’ex-rébellion ont signé en août un accord de paix et de désarmement censé mettre un point final à leurs affrontements, récurrents depuis plus de quarante ans. Mais la campagne électorale a ravivé les tensions entre les deux camps.

Par Jeuneafrique.com avec AFP

L’Italie plonge dans la crise politique

août 9, 2019

FILE PHOTO: Italy's Minister of Labor and Industry Luigi Di Maio, Prime Minister Giuseppe Conte and Interior Minister Matteo Salvini leave at the end of a news conference after a cabinet meeting at Chigi Palace in Rome

Luigi Di Maio, Giuseppe Conte et Matteo Salvini, en 2018, à Rome. Remo Casilli/REUTERS

 

Le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini a pris ses adversaires de court en réclamant des élections anticipées. Crédité d’une large avance dans les sondages, il espère pouvoir gouverner seul à l’issue du scrutin.

Ceux qui espéraient encore éviter une crise politique en Italie ont dû se rendre à l’évidence. La langueur estivale est finie et la politique a repris ses droits. Le réveil a été sonné par Matteo Salvini, chef de La Ligue et vice-premier ministre, jeudi soir, dans un communiqué où il annonçait son envie de «rapidement redonner le choix aux électeurs». Vendredi, son parti s’est exécuté en déposant une motion de censure devant le Sénat, ce qui signe presque de facto la chute de gouvernement et de l’improbable coalition à la tête de l’Italie depuis mars 2018.

Les tensions entre les partenaires gouvernementaux, la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) étaient certes connues, mais la brutalité de la décision des leghisti a pris tout le monde de court, à commencer par ses ex-alliés. Luigi Di Maio, le chef de M5S et lui aussi vice-premier ministre, a accusé Salvini de vouloir capitaliser sur ses bons sondages, sans se soucier de l’intérêt des Italiens. Plus étonnant, l’habituellement très silencieux premier ministre, Giuseppe Conte, a lui aussi fait montre de son agacement, rappelant que ce «n’est pas au ministre de l’Intérieur de déclencher une crise».«Le gouvernement travaille. Il n’est pas à la plage», a-t-il expliqué, dans une critique à peine voilée de Matteo Salvini dont les photos, dansant torse nu sur le sable, s’étalent sur les réseaux sociaux. Ce dernier justifie sa colère par des «blocages» au sein du gouvernement, notamment ceux entourant la construction de la ligne TGV Lyon-Turin, que la Ligue soutient, mais dont le M5S ne veut pas entendre parler.

Le choix est entre les mains du président de la République, Sergio Mattarella, qui décidera avec qui et quand auront lieu ces législatives.

Ces récriminations n’enfoncent qu’un peu plus l’Italie dans l’incertitude. Si l’hypothèse d’une élection anticipée apparaît quasi certaine, le chemin qui mène aux urnes, lui, ne l’est pas. Le choix est entre les mains du président de la République, Sergio Mattarella, qui décidera avec qui et quand auront lieu ces législatives. Les complexes lois italiennes lui offrent plusieurs possibilités, notamment maintenir l’actuel exécutif pour expédier les affaires courantes ou nommer un gouvernement technique. Il peut aussi tenter de gagner du temps, ou accélérer le calendrier. Matteo Salvini penche clairement pour cette dernière option. Il a déjà réclamé une convocation extraordinaire du Parlement, pour l’instant en vacances, sommant, avec son habituel langage fleuri, les élus «de se bouger le cul».

La présidente du Sénat a convoqué les chefs des groupes parlementaires de la Chambre haute lundi pour établir avec eux la date à laquelle sera discutée la mention de censure contre le gouvernement. À la Chambre des députés, cette réunion est prévue mardi midi. Selon les médias italiens, la Ligue voudrait que les élections législatives se déroulent dans la seconde moitié d’octobre.

L’extraordinaire poussée de son parti

En précipitant le retour aux urnes, Matteo Salvini, en position de force, fait en réalité un pari. Celui de pouvoir gouverner seul avec La Ligue ou, au pire, avec les nationalistes de Fratelli d’Italia, dont les voix lui sont déjà acquises. L’extraordinaire poussée de son parti a, en 14 mois de pouvoir, inversé le rapport de force au sein de l’ex-coalition. La Ligue est aujourd’hui créditée de 36, voire 38 % des intentions de vote (contre 17 % en 2018), tandis que le M5S ne cesse de s’effondrer, avec des sondages autour de 17 %, la moitié de son score de 2018.

À Bruxelles, cette crise est suivie avec effroi.

À Bruxelles, cette crise est suivie avec effroi. Elle peut certes faciliter la formation de la prochaine Commission européenne. Les capitales ayant jusqu’au 26 août pour nommer leur commissaire, la confusion actuelle obligerait le premier ministre Giuseppe Conte à désigner un technocrate. «Cela serait beaucoup plus facile à gérer qu’un candidat issu de la Ligue», confie un diplomate. Mais il s’agit de l’unique point positif. L’hypothèse d’un raz-de-marée d’extrême droite provoque des sueurs froides. Ayant toujours fustigé les «diktats» de Bruxelles, le patron de la Ligue pourrait prendre une série de décisions jugées dangereuses pour l’Italie et l’Union européenne. Le gouvernement de Giuseppe Conte avait accepté de diminuer le déficit public du pays. «Avec Salvini au pouvoir, ces engagements s’évaporeront», pronostique un fonctionnaire européen.

Le Figaro.fr par Tanguy Berthemet

Etats-Unis: J-2 avant le verdict des urnes sur Donald Trump

novembre 4, 2018

Le président américain Donald Trump arrive pour un meeting « Make America Great Again », le 3 novembre 2018 à Belgrade, dans le Montana / © AFP / Nicholas Kamm

Une armée de militants et candidats démocrates et républicains arpentaient les Etats-Unis dimanche pour sonner le rappel avant les élections législatives de mardi, que l’opposition démocrate espère transformer en répudiation nationale de Donald Trump deux ans après son élection à la Maison Blanche.

Jamais autant d’argent n’a été englouti par des élections de mi-mandat, créant une avalanche de publicités à la télévision, la radio et sur internet. Plus de cinq milliards de dollars auront été dépensés de part et d’autre pour influencer le vote des Américains, éclipsant de 35% le précédent record pour des élections de mi-mandat, en 2014, selon le site spécialisé Opensecrets.org.

L’afflux d’argent et d’enthousiasme vient d’abord du camp démocrate.

L’opposition sait que ce premier rendez-vous électoral national est souvent fatal au parti au pouvoir, et compte sur un vote-sanction accentué contre Donald Trump, décrit ouvertement par de nombreux élus et candidats comme menteur, fossoyeur du système de protection sociale et catalyseur de l’extrême droite.

Des partisans du président américain Donald Trump lors d’un rassemblement, le 3 novembre 2018 à Belgrade, dans le Montana / © AFP / Nicholas Kamm

Barack Obama en 2010, George W. Bush en 2006, Bill Clinton en 1994 et Ronald Reagan en 1986 ont chacun perdu leur majorité à la Chambre des représentants, la chambre basse du Congrès, dont les 435 sièges seront entièrement renouvelés pour deux ans.

Le vice-président, Mike Pence, a lui-même reconnu le risque d’une vague bleue, la couleur démocrate. Il a appelé ses fidèles à ne pas s’abstenir, prédisant: « cette vague bleue va s’écraser sur un mur rouge! »

– « Une grande soirée » –

Le vote aux élections de mi-mandat aux Etats-Unis / © AFP / Dario INGIUSTO

La course est très différente entre les deux chambres du Congrès. A la Chambre des représentants, où les démocrates doivent ravir 23 sièges, les sondages donnent l’avantage aux démocrates à l’échelle nationale. Une enquête publiée dimanche par le Washington Post et similaire à d’autres leur donne 50% des intentions de vote contre 43% pour les républicains. Mais impossible de prédire l’issue du vote dans la soixantaine de circonscription réellement disputées.

Au très puissant Sénat, où 35 sièges sur 100 sont en jeu pour des mandats de six ans, les républicains savent qu’ils ont l’avantage, car les scrutins ont surtout lieu dans des Etats conservateurs, hasard du calendrier.

Les démocrates reconnaissent que la probabilité de reconquérir la chambre haute est faible. « C’est dur », a dit à l’AFP Claire McCaskill, sénatrice démocrate sortante du Missouri, un Etat qui a voté pour Donald Trump en 2016.

La sénatrice démocrate sortante du Missouri Claire McCaskill, le 1er novembre 2018 à Saint-Loouis / © AFP / MANDEL NGAN

« Non seulement nous allons conserver la

majorité, mais nous allons la renforcer », a dit, plein d’assurance, le sénateur républicain Thom Tillis sur la chaîne Fox dimanche. « Ce sera une grande soirée ».

Les Etats-Unis pourraient donc se retrouver, le 3 janvier 2019, avec un 116e Congrès divisé entre les deux partis. Ce qui suffirait à mettre des bâtons dans les roues du 45e président des Etats-Unis, dont l’agenda législatif serait complètement bloqué pour les 22 mois précédant la prochaine élection présidentielle, en novembre 2020.

– Obama s’active –

Barack Obama le 2 novembre 2018 à Atlanta, en Géorgie, en soutien à la candidate démocrate Stacey Abrams (g) / © Getty/AFP/Archives / Jessica McGowan

Conscient que l’élection est un référendum sur sa présidence, Donald Trump s’est mis en première ligne. Avec un plaisir évident, il vole du Missouri au Montana et à la Floride pour enjoindre ceux qui ont voté pour lui il y a deux ans de recommencer.

Son message de fin de campagne est « très simple », comme il l’a dit samedi: prospérité et sécurité. Il affirme que son programme est en bonne voie de réalisation, et répète, à juste titre, que le chômage est au plus bas depuis un demi-siècle.

Quant aux démocrates, « ils appellent ouvertement des millions de clandestins à enfreindre nos lois, violer notre souveraineté, franchir nos frontières et détruire notre pays », a-t-il lancé samedi.

Missouri: en terre de Trump, une démocrate se bat pour son siège / © AFP / Eleonore Sens

Les caravanes de migrants d’Amérique centrale qui traversent le Mexique pour atteindre les Etats-Unis occupent une place dans chacun de ses meetings depuis des semaines.

Le dirigeant a ordonné le déploiement de milliers de soldats à la frontière, et la chaîne Fox News a diffusé dimanche des images de militaires installant des barbelés.

Le président sera de nouveau en Géorgie et dans le Tennessee dimanche.

Côté démocrate, Barack Obama s’active pour mobiliser l’électorat démocrate. Il se rendra dans l’Indiana et à Chicago, dans l’Illinois, dimanche.

(©AFP / (04 novembre 2018 16h35)

Élections en RDC: émois autour de la candidature d’un milicien condamné pour viols sur enfants

août 28, 2018

Bukavu (RD Congo) – La candidature d’un milicien, condamné à perpétuité pour des viols sur des fillettes, a été jugée recevable aux élections provinciales en République démocratique du Congo, suscitant la colère d’une ONG contre la commission électorale.

« Son cas nous avait échappé. Des corrections sont en cours », a assuré cette même commission à l’AFP.

La candidature de Frédéric Batumike, 64 ans, a été retenue dans la circonscription de Kabare dans la province du Sud Kivu (est), selon une liste provisoire en date du 26 juillet disponible sur le site de la Commission électorale nationale et indépendante (Céni).

Ce même 26 juillet, la Haute cour militaire avait confirmé en appel sa condamnation à la réclusion à perpétuité pour le viol d’une quarantaine de fillettes âgées de 18 mois à 12 ans dans la région de Bukavu entre 2013 et 2016.

Il avait été condamné en première instance en décembre par un tribunal militaire « pour crime contre l’humanité par viol et par meurtre », avec dix complices. Il était accusé d’appartenir à la milice « Djeshi ya Yesu » (Armée de Jésus).

Parties civiles et ONG avaient salué une victoire historique contre l’impunité des crimes sexuels en zone de conflit.

Une organisation citoyenne locale, la Nouvelle dynamique de la société civile, a exprimé mardi « sa désagréable surprise de retrouver le nom de Frédéric Batumike sur les listes définitives des candidats députés provinciaux ».

« Maintenir des criminels et écarter certains citoyens sur la base de considérations et d’injonctions politiques vient enlever le peu de confiance et de crédibilité qui restait à la Céni », ajoute le communiqué.

La Céni a déclaré vendredi irrecevables six candidats -sur 25- à l’élection présidentielle, dont l’ex-chef de guerre et ex-vice président Jean-Pierre Bemba.

L’opposition a accusé la Céni d’obéir aux « injonctions » du pouvoir pour écarter des candidats.

« Nous avons été informés en retard de sa condamnation. Batumike sera invalidé », a déclaré à l’AFP le président de la Céni, Corneille Nangaa.

Les élections présidentielle, législatives et provinciales sont prévues le 23 décembre.

Romandie.com avec(©AFP / 28 août 2018 23h11)                                                        

Élections en RDC: s’achemine-t-on vers un nouveau report ?

juillet 6, 2018
 

Une des machines à voter prévues pour les élections du 23 décembre 2018 en RDC. © John Bompengo/AP/SIPA

À 48 heures de la fermeture des bureaux de réception de la Ceni, la plupart des partis et regroupements politiques n’avaient toujours pas déposé vendredi les dossiers de leurs candidats aux provinciales. Quelles conséquences en cas de prolongation ?

« Ça devient stressant », avoue Azarias Ruberwa. Pour ce ministre d’État et leader du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), comme pour beaucoup d’autres chefs des partis, c’est la course contre la montre. Le dimanche 8 juillet, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a prévu de clôturer, suivant le calendrier électoral, la réception des candidatures pour les provinciales. Mais beaucoup de formations politiques ne sont pas prêtes.

Azarias Ruberwa a pris part, le jeudi 5 juillet, au début des travaux de la tripartite Ceni, gouvernement et Conseil national de suivi de l’accord (CNSA). Parmi les sujets sur la table : possibilité de prolonger, ou non, la date de la fin du dépôt des candidatures pour les provinciales. « Plusieurs problèmes logistiques n’ont pas permis aux partis politiques de respecter ce délai », justifie un membre du CNSA.

La tripartite Ceni-gouvernement-CNSA n’est pas compétente pour changer le calendrier électoral, assure Corneille Nangaa

Au-delà de la caution d’un million de franc congolais (environ 555 euros) par siège pourvu, des partis se plaignent de ne pouvoir pas transmettre à temps les documents originaux – lettre de consentement et lettre d’investiture du candidat entre autres – à leurs mandataires à travers le pays. « Il faut prendre l’avion, la voiture, voire la pirogue, pour atteindre certaines contrées », confirme Molendo Sakombi, président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe à Kinshasa. Cela explique sans doute le fait que, au moment où nous écrivons ces lignes, la Ceni a enregistré zéro candidat dans au moins neuf provinces sur 26 que compte la RDC.

Vers un énième glissement ?

Hors-micro, des politiques de tous les bords plaident en faveur d’une prolongation des délais. Des pressions sont même exercées en ce sens sur Corneille Nangaa. Mais, pour l’instant, le président de la Ceni campe sur sa ligne. « Nous clôturons [la réception des candidatures pour les provinciales] le 8 juillet à minuit, indique-t-il à Jeune Afrique. La tripartite en cours [Ceni-gouvernement-CNSA] n’est pas compétente pour changer le calendrier électoral. »

Pour la Ceni, prolonger la durée initialement prévue (deux semaines) pour le dépôt des candidatures aux provinciales aurait forcément une incidence sur les autres échéances du calendrier électoral, voire sur la date prévue pour la tenue des élections combinées du président de la République, des députés nationaux et des élus provinciaux.

« Nous, nous tenons à organiser ces scrutins le 23 décembre », martèle Corneille Nangaa. Prévu fin 2016, l’élection du successeur de Joseph Kabila dont le second et dernier mandat constitutionnel est arrivé à terme depuis près de deux ans, n’a toujours pas eu lieu. De fait, personne ne veut prendre la responsabilité d’un énième glissement du calendrier électoral.

Qui va endosser la responsabilité du glissement ?

« On se prépare pour être prêt dimanche [8 juillet] », assure André-Alain Atundu Liongo, porte-parole de la Majorité présidentielle. « En octobre 2016, l’opposition avait demandé un délai de quatre jours. Maintenant, ils se rendent compte que même deux semaines c’est court ! La loi, c’est la loi. Nous, nous ne sommes pas dans une logique de report des élections. Et s’il y a des difficultés, ce sont des difficultés normales », poursuit-il.

« Si les partis d’opposition veulent une rallonge, ils doivent s’assumer parce qu’il y aura forcément une incidence sur le calendrier électoral », complète Adam Chalwe Munkutu, secrétaire national du PPRD, le parti du président Kabila.

Du côté de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de Félix Tshisekedi, on refuse, pour l’instant, de s’étendre sur le sujet. Mais dans le camp de l’opposant en exil Moïse Katumbi, on se veut rassurant. « Ensemble pour le changement travaille en fonction de l’échéance de dimanche [8 juillet] : nous ne voulons pas endosser la responsabilité d’un quelconque retard », affirme le député Christophe Lutundula.

Mais ce cadre de la plateforme électorale pro-Katumbi estime néanmoins qu’« une prolongation d’une semaine ne serait pas une première lorsqu’il s’agit des dépôts des candidatures en RDC et cela n’aurait aucune incidence sur le calendrier électoral ». Réponse d’ici le 8 juillet.

Jeuneafrique.com par et

Les Vénézuéliens retournent aux urnes après des mois de protestations

octobre 15, 2017

File d’attente devant un bureau de vote à Caracas pour l’élection des gouverneurs régionaux, le 15 octobre 2017n n / © AFP / JUAN BARRETO

Lassés par une crise économique sans fin, 18 millions de Vénézuéliens élisent dimanche les gouverneurs régionaux, un scrutin test pour le gouvernement et l’opposition, qui mesurent leurs forces dans les urnes après des mois de manifestations violentes.

C’est le premier duel électoral, avec un an de retard, depuis la large victoire de la coalition d’opposition de la Table de l’unité démocratique (MUD) lors des législatives de décembre 2015, qui a mis fin à plus de 15 ans d’hégémonie chaviste (du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013 et mentor de l’actuel chef de l’Etat Nicolas Maduro).

M. Maduro a appelé à voter pour « montrer que le Venezuela est doté d’une démocratie vigoureuse et exemplaire », au cours de ce scrutin destiné à désigner ceux qui dirigeront les 23 Etats vénézuéliens pour les quatre prochaines années.

Le vote intervient alors qu’un calme surprenant règne au Venezuela depuis deux mois, après la vague de manifestations souvent violentes qui a submergé le pays d’avril à juin, faisant 125 morts. A l’appel de l’opposition, les protestataires exigeaient le départ du président Maduro, mais ils n’ont rien obtenu.

« Soit ce pays change, soit il sombre définitivement. Le changement n’est pas aisé, il faut se battre », a expliqué à l’AFP Mary Delgado, 63 ans, après avoir voté dans l’est de Caracas.

A Maracaibo, ville pétrolière de l’est du pays, Carmen de Guillen, une électrice chaviste de 52 ans, considère, elle, que le gouvernement « s’inquiète du sort des plus pauvres ».

Après avoir boycotté l’élection des membres de l’Assemblée constituante, les anti-Maduro ont revu leur stratégie et appellent la population à voter pour « libérer le pays de la dictature de Maduro », selon un des leaders de l’opposition, Henrique Capriles.

Le chef de l’Etat socialiste considère, lui, avoir remporté le bras de fer dans la rue et fait de ce scrutin une consécration de sa toute-puissante Assemblée constituante, élue fin juillet mais hautement contestée par ses adversaires et une bonne partie de la communauté internationale.

« Ceci est une victoire de la démocratie socialiste. Celui qui ira voter le fera en faveur de la Constituante et de la démocratie révolutionnaire », a déclaré le président à la veille du scrutin.

– Nouveau bras de fer –

Nicolas Maduro a d’ores et déjà prévenu que les futurs gouverneurs devront « prêter serment et se soumettre » à l’Assemblée constituante, faute de quoi ils seront destitués.

Ce qui laisse entrevoir un nouveau bras de fer dès lundi, l’opposition ayant rejeté cette exigence.

« Ce processus (électoral) n’a pas été convoqué par la Constituante, ou par Maduro, il a été convoqué par le peuple vénézuélien et le mandat (délivré par) la Constitution », a affirmé Gerardo Blyde, directeur de campagne de la coalition d’opposition, après avoir voté.

Le camp de M. Maduro détient 20 Etats sur 23, les trois gouverneurs restants étant membres de la coalition d’opposition. Les instituts de sondage prévoient 11 à 18 gouverneurs pour le camp anti-Maduro. Le taux de participation sera décisif, une abstention élevée jouant en faveur du gouvernement, estiment les analystes.

« Il ne s’agit pas de gouverneurs ou de partis, mais de battre Maduro. C’est une journée historique, le début d’une nouvelle étape de pression qui va se poursuivre », a prévenu le député Freddy Guevara, un des leaders de l’opposition qui fait face au découragement de ses partisans.

« La haine accumulée et l’impuissance face au manque de solution à la crise font de ces élections une opportunité pour envoyer un message de mécontentement », a déclaré à l’AFP Jesus Seguias, directeur de l’institut Datincorp.

Plombé par un taux d’impopularité record, le chef de l’Etat cherche à retrouver un peu d’air, tant au Venezuela qu’à l’extérieur après une série de sanctions financières américaines.

Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit un effondrement du PIB de 12% en 2017 et une inflation de 652,7%.

Le dialogue entre les deux camps, qui avait timidement repris début septembre en République dominicaine, a été gelé depuis, l’opposition estimant que les conditions n’étaient « pas réunies ».

Anti et pro-gouvernement « attendent le résultat (du scrutin) pour voir ce qui se passe » et quel sera le rapport de force, selon le politologue Francisco Suniaga.

Aucun observateur international n’a été accepté pour le vote de dimanche. Les 13.559 bureaux de vote doivent fermer à 18h00 (22h00 GMT).

Romandie.com avec(AFP / 15 octobre 2017 15h57)                

Venezuela: l’opposition invite cinq ex-chefs d’État comme observateurs

juillet 13, 2017

Maria Corina Machado, lors d’une manifestation contre le président Nicolas Maduro le 6 mai 2017 à Caracas / © AFP / FEDERICO PARRA

L’opposition au gouvernement vénézuélien du président Nicolas Maduro a invité jeudi cinq ancien chefs d’Etat latino-américains à venir comme observateurs pour le référendum symbolique contre la Constituante qu’elle va organiser dimanche.

« Une mission de cinq anciens présidents arrivera samedi en tant qu’observateurs internationaux », a déclaré jeudi l’élue de l’opposition Maria Corina Machado, en citant les noms du Mexicain Vicente Fox, des Costariciens Laura Chinchilla et Miguel Angel Rodriguez, du Colombien Andres Pastrana et du Bolivien Jorge Quiroga.

Avec ce référendum organisé dans 1.600 bureaux de vote à travers le pays, et même si celui-ci n’aura aucune valeur légale, l’opposition espère démontrer le refus du peuple vénézuélien face à l’élection d’une assemblée constituante convoquée pour le 30 juillet par le pouvoir en place.

Selon l’institut Datanalisis, 70% des Vénézuéliens sont opposés à l’instauration de cette Constituante censée mettre en place une nouvelle constitution mais dénoncée par l’opposition comme un moyen d’étouffer l’Assemblée nationale, la seule institution qu’elle domine, depuis 2016.

Ces cinq anciens chefs d’Etat rejoignent l’Initiative démocratique d’Espagne et des Amériques (Idea), un forum international très critique envers le gouvernement Maduro, certains de ses membres ayant même parlé de « dictature ».

« Dimanche, nous allons organiser le plus grand acte de désobéissance civile du monde, (…) et il sera le détonateur de l’heure zéro qui débutera au Venezuela lundi », a insisté Mme Machado, en faisant allusion à l’escalade annoncée par l’opposition dans le cadre de l’offensive qu’elle veut finale contre le pouvoir.

Le référendum de dimanche aura lieu dans un pays en pleine crise politique, sociale et économique, avec des manifestations quasi-quotidiennes depuis le 1er avril au cours desquelles 95 personnes sont décédées.

Mercredi, la Commission nationale des télécommunications (Conatel), relais du pouvoir, a appelé les représentants des chaînes de télévision et de radio à « faire attention à leur couverture » de ce référendum, en soulignant que ces chaînes pourraient être « sanctionnées ».

Une consigne aussitôt dénoncée jeudi par le Syndicat national des travailleurs de la presse (SNTP) comme « une censure », « une décision arbitraire et anticonstitutionnelle ».

Jeudi, le vice-président vénézuélien Tareck El Aissami a averti que toute personne qui « boycotterait » l’élection de l’assemblée constituante le 30 juillet serait jugée par les tribunaux militaires et pourrait le payer d’une peine allant jusqu’à dix ans de prison.

Romandie.com avec(©AFP / 14 juillet 2017 02h29)                

Piratage électoral: Londres et Berlin en état d’alerte

mai 6, 2017

Londres – Hillary Clinton en a été victime l’an dernier, Emmanuel Macron vendredi: le piratage informatique s’immisce de plus en plus dans les campagnes électorales et menace les scrutins à venir au Royaume-Uni et en Allemagne, où la riposte s’organise.

Vendredi soir, juste avant la fin de la campagne présidentielle française, ce sont des milliers de documents internes de l’entourage du candidat d’En Marche! qui ont été publiés sur les réseaux sociaux.

L’opération, baptisée « MacronLeaks » par le site WikiLeaks, a aussitôt été dénoncée par le camp du candidat centriste comme une tentative de « déstabilisation démocratique, comme cela s’est déjà vu aux Etats-Unis pendant la dernière campagne présidentielle ».

Le renseignement américain avait alors accusé la Russie d’avoir interféré dans le scrutin pour favoriser Donald Trump, notamment via le piratage du parti démocrate de Hillary Clinton.

La multiplication de ces opérations de piratage à grand échelle pose la question de la sécurité des prochains grands rendez-vous électoraux, à commencer par les élections législatives du 8 juin au Royaume-Uni et du 24 septembre en Allemagne.

– Le Royaume-Uni en « état d’alerte » –

Pour l’expert en cyber-sécurité Ewan Lawson, du centre de recherche Royal United Services Institute, la possibilité qu’une attaque perturbe les élections britanniques n’a rien « d’irréaliste ».

« On peut raisonnablement s’attendre à voir des vols de données ou des fuites », dit-il, en soulignant la vulnérabilité des systèmes informatiques des partis politiques.

« Ils sont souvent dénués de systèmes de cyber-sécurité solides, tout simplement parce que ce ne sont pas des (entreprises) et qu’ils n’ont pas énormément d’argent à mettre là-dedans ».

Pour contrer la menace, le Royaume-Uni s’est doté en février d’un nouvel outil: le National Cyber Security Centre (NCSC), censé protéger le pays contre les opérations orchestrées notamment depuis la Russie.

« Il est indiscutable qu’on assiste depuis deux ans à une augmentation des cyber-attaques contre l’Occident de la part de la Russie », avait alors affirmé le patron du NCSC, Ciaran Martin, qui a plus récemment promis des moyens supplémentaires pour assurer la protection des législatives.

« C’est un événement d’une importance nationale, nous sommes en état d’alerte », a-t-il dit dans le Sunday Times.

En avril dernier, le NCSC a ainsi convié les partis politiques britanniques à des séminaires de cyber-sécurité pour les aider à mettre en place les dispositifs idoines dans la perspective des législatives.

« La question n’est pas de savoir ce qu’il faut faire une fois que c’est arrivé, mais de faire en sorte de prendre les mesures nécessaires pour que personne n’interfère dans notre processus électoral », a souligné mardi la Première ministre Theresa May.

Défi international

Le problème se pose en des termes similaires en Allemagne, où avait également été annoncé en octobre la création d’un cyber-département.

« Les indices de tentatives pour influencer les élections législatives se multiplient », a indiqué jeudi Hans-Georg Maassen, président de l’Office de protection de la Constitution allemande, l’équivalent du renseignement intérieur, en mettant, là aussi, en cause le Kremlin.

M. Maassen a rappelé que le candidat social-démocrate aux législatives de septembre, Martin Schulz, avait été victime d’une campagne de désinformation affirmant que son père avait été commandant d’un camp de concentration.

D’autres attaques informatiques d’envergure et campagnes de « fake news » ont également touché le pays: piratage des routeurs de Deutsche Telekom, prétendu viol d’une adolescente germano-russe par des migrants, attaque au cheval de Troie contre le Bundestag…

Les médias allemands soupçonnent en particulier Moscou de chercher à influencer la vie politique allemande à travers les 3,2 millions de ressortissants des ex-républiques soviétiques arrivés en Allemagne après l’éclatement du bloc de l’Est, et qui disposent pour la plupart de la nationalité allemande.

« Nous savons que le thème de la cybercriminalité est aujourd’hui un défi international », a souligné la chancelière allemande Angela Merkel, à l’occasion d’une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine à Sotchi mardi.

« Ce que je peux dire, c’est que je ne fais pas partie des gens qui ont peur. J’ai l’intention de faire campagne avec mes convictions. S’il y a des fausses informations grossières (…) alors évidemment nous agirons de manière résolue », a-t-elle prévenu.

Romandie.com avec (©AFP / 06 mai 2017 16h29)                                            

En Gambie, « le début d’une nouvelle ère »

avril 4, 2017

Pour Mohamed Ibn Chambas, représentant du secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest, les élections législatives du 6 avril seront un test pour la coalition au pouvoir.

A Banjul, une statue commémorant le coup d’Etat du 22 juillet 1994, par lequel Yahya Jammeh était arrivé au pouvoir, est recouverte d’un T-shirt sur lequel est inscrit « La Gambie a décidé ». Crédits : SEYLLOU/AFP

L’Afrique de l’Ouest a connu une série d’élections présidentielles et législatives qui s’est déroulée pacifiquement et, surtout, dans le respect des normes démocratiques reconnues par l’Union africaine, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et les Nations unies. Rompant définitivement avec des pratiques antidémocratiques dominées par des alternances de coups d’Etat et de pouvoirs monopolisés sans limite de temps, la région s’est lancée sereinement dans la voie du changement politique qui s’appuie sur le principe d’élections libres garantissant le choix du peuple.

Désormais, plus qu’une tendance, c’est une réalité politique, dictée par une prise de conscience des Africains – citoyens comme leaders – que l’objectif du développement ne peut être atteint que grâce à une nouvelle culture politique dont la bonne gouvernance et le respect des droits sont les points fondamentaux. Il reste, sans aucun doute, du chemin à parcourir. Cependant, personne ne peut nier ni sous-estimer les progrès enregistrés en matière de respect des processus électoraux et d’alternance politique en Afrique de l’Ouest.

Du Nigeria à la Gambie en passant par le Bénin et le Ghana, les leaders africains et les citoyens ont fait preuve d’une grande maturité politique et ont démontré un grand sens des responsabilités, qu’il faut saluer et soutenir. Au-delà de quelques incidents mineurs entre militants des différents candidats, les dix dernières élections en Afrique de l’Ouest se sont déroulées pacifiquement et sans aucune violence.

Maturité politique

L’exemple de la Gambie est significatif. Dans un pays en proie à un pouvoir autocratique depuis plus de deux décennies, la marge de manœuvre permettant un changement politique pacifique était faible.

Qui aurait pensé que l’élection présidentielle pouvait se tenir librement ? Que la commission électorale pouvait être indépendante et se permettre d’annoncer des résultats confirmant l’éviction du pouvoir en place ? Et qui aurait pu prévoir que les Gambiens allaient pacifiquement voter et attendre les premiers résultats, puis la fin de la crise politique provoquée par le refus de Yahya Jammeh de reconnaître le candidat de la coalition de l’opposition, Adama Barrow, comme le troisième président élu de la Gambie ?

Cette maturité politique et ce sens des responsabilités représentent aussi le socle de la diplomatie préventive régionale qui a aidé au départ de Yahya Jammeh et a permis une résolution pacifique de la crise. La médiation conjointe Cedeao-UA-ONU dépêchée à Banjul au lendemain du refus de M. Jammeh de quitter le pouvoir témoigne de la volonté des pays de la région et des organisations régionales de veiller au respect du cadre légal permettant des alternances politiques pacifiques. Elle témoigne aussi de la détermination de ces organisations de s’approprier les problèmes et les solutions dans une démarche préventive. L’objectif majeur est de maintenir la paix et la stabilité de la région.

L’implication personnelle des présidents du Sénégal, du Liberia, du Nigeria, du Ghana, de la Sierra Leone, de la Mauritanie et de la Guinée durant toute la crise illustre la détermination des dirigeants africains à prévenir tout risque susceptible de produire un autre conflit et à maintenir la région dans une dynamique de changement pacifique.

Diplomatie préventive

Le départ de Yahya Jammeh et l’installation au pouvoir d’Adama Barrow sans aucune violence est un succès de la diplomatie préventive régionale. C’est aussi le fruit de l’attitude exemplaire des Gambiens. Mais ce succès de la diplomatie préventive régionale ne peut être entier et efficace que si la Gambie s’engage à poursuivre le processus de changement politique en respectant les principes démocratiques.

La décision du nouveau président, Adama Barrow, de mettre en place une équipe conjointe de transition composée notamment de membres de l’ancienne administration est un signal fort de l’attachement des nouvelles autorités au processus démocratique. Et la communauté internationale, qui s’est mobilisée durant la crise post-électorale pour affirmer la primauté du droit et de la Constitution, doit aujourd’hui apporter le soutien nécessaire à la Gambie pour consolider ce changement politique et accompagner les Gambiens dans leur aspiration au développement.

C’est pour cela que, soucieux de cette nécessité, le Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel a déployé, au lendemain du retour du président Barrow à Banjul, un expert en transition politique pour aider les administrations entrante et sortante à initier une transition sereine dont l’objectif est d’assurer un changement pacifique du pouvoir. Dans les prochains jours, l’équipe conjointe de transition devra rendre son rapport à Adama Barrow, ce qui marquera la fin de la période de transition et lancera le début d’une nouvelle ère, celle de l’alternance politique.

Mais cette dernière ne peut constituer une fin en soi, tant les défis politiques, économiques et sociaux sont multiples et nécessitent un engagement politique fort de la part des nouvelles autorités.

Relance économique

Quelque 60 % des Gambiens sont touchés par la pauvreté et un tiers de la population vit avec moins de 1,25 dollar par jour. Le déficit budgétaire du pays s’est creusé, atteignant les 7 % du PIB en 2016. Dans ce contexte, la priorité du nouveau gouvernement gambien sera sans aucun doute la mise en place de plans de relance économique et le lancement des réformes structurelles. Les élections législatives du 6 avril seront quant à elles un vrai test pour la coalition au pouvoir.

La diplomatie préventive régionale a été cruciale pour sauvegarder la volonté du peuple gambien et renforcer la paix dans une région qui en a besoin. La transition politique pacifique est fondamentale pour consolider les gains de l’alternance politique par des élections libres. Les Nations unies, en coordination avec les organisations régionales, continueront de soutenir la Gambie de cette phase importante de son histoire.

Lemonde.fr par Mohamed Ibn Chambas

Mohamed Ibn Chambas est représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.

Élection présidentielle et scrutin test au Ghana

décembre 7, 2016

Les bureaux de vote pour les élections présidentielle et législatives ont fermé mercredi soir au Ghana. Les résultats sont attendus dès jeudi soir. Ce scrutin a valeur de test dans un pays à l’économie en perte de vitesse et malmené par des scandales de corruption.

Dans une majorité de bureaux de vote de ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, les bureaux de vote ont fermé à 18h00 (heure en Suisse), sous la surveillance de policiers. Quelque 15 millions d’inscrits étaient appelés à élire leur prochain président pour un mandat de quatre ans ainsi que leurs 275 députés.

A Jamestown, un quartier de la capitale Accra, près de 30 personnes comptaient le nombre d’empreintes de pouces attestant du vote d’électeurs. « Jusqu’ici, cette phase du processus (électoral) se déroule dans le calme », a commenté Christopher Fomunyoh, observateur accrédité, et directeur régional d’une ONG américaine.

Sept candidats étaient en lice pour la présidentielle, dont une ex-première dame, Nana Konadu Agyeman-Rawlings. Mais la bataille se joue entre les rivaux historiques: le président sortant John Mahama (Congrès national démocratique – NDC) et le leader du NPP (Nouveau parti patriotique), Nana Akufo-Addo. Si aucun des deux principaux candidats ne remporte plus de 50 % des voix, un second tour aura lieu courant décembre.

« Leader incorruptible »
M. Akufo-Addo est apparu décontracté mercredi matin lors de son vote dans sa ville de Kibi, à deux heures de route au nord d’Accra. Il a souligné qu’il était « très important que le processus électoral se déroule avec efficacité et de manière pacifique, pour que le Ghana garde sa réputation de défenseur de la démocratie » en Afrique.

Pour ses partisans, l’image de l’opposant est celle d’un « leader incorruptible ». Ils espèrent qu’il pourra remettre l’économie d’aplomb pour entrer en compétition avec la Côte d’Ivoire, voisin en plein regain de croissance.

Président sortant « très confiant »
Une foule s’était massée mercredi matin à Bole (nord) pour accueillir le président dans sa ville d’origine. M. Mahama a déclaré se « sentir très confiant » quant aux résultats du scrutin et « fier » de son bilan, n’ayant « aucun regret ».

« Apporter l’eau courante dans un village et changer ainsi les vies de ceux qui y vivent est aussi important pour moi que de construire l’échangeur autoroutier Kwame Nkrumah » à Accra. Il s’est exprimé après avoir déposé son bulletin dans l’urne, sous les yeux des observateurs de la Cédéao, l’organisation régionale d’Afrique de l’Ouest.

Ralentissement économique
M. Mahama, 58 ans, peut se féliciter d’avoir instauré une discipline fiscale. Toutefois, son mandat a été entaché par un ralentissement économique (3,3 % en 2016), dû à la chute des cours des matières premières dont le Ghana est fortement dépendant (or, cacao, pétrole, notamment), et à des scandales de corruption au sein de l’administration.

M. Akufo-Addo, 72 ans, qui se présente pour la troisième fois à la magistrature suprême, juge que ce scrutin est un « moment charnière » pour le Ghana.

Tensions et violences
La campagne électorale a été marquée par des tensions et des violences. Un partisan du NPP a été tué lundi dans des heurts en marge d’un meeting.

Lors des dernières élections de 2012, les deux mêmes candidats principaux s’étaient affrontés. Le président Mahama avait remporté le scrutin de peu, avec 50,7% des voix contre 47,7% pour M. Akufo-Addo qui avait contesté en vain les résultats devant la Cour constitutionnelle. Il a récemment déclaré qu’il n’excluait pas de retourner vers la justice s’il perdait ce scrutin.

Romandie.com avec(ats / 07.12.2016 20h30)