Le jeune homme a été mis en examen et placé en détention provisoire. Son avocat s’interroge sur son degré de responsabilité pénale.

Deux jours après le meurtre de l’enseignante Agnès Lassalle au lycée Saint-Thomas-d’Acquin à Saint-Jean-de-Luz, l’élève qui a poignardé sa professeure d’espagnol a été « mis en examen pour assassinat » vendredi et placé en détention provisoire, selon Thierry Sagardoytho, son avocat.
Il va être incarcéré « dans un lieu dont la destination doit être tenue confidentielle », a-t-il ajouté après la présentation aux magistrats de l’adolescent de 16 ans. « C’est un établissement qui prendra en compte et sa jeunesse et les soins dont il a besoin. »
« Nous parlons d’un jeune inconnu des radars judiciaires et éducatifs, qui est soudainement passé à l’acte, au prix de motivations personnelles que je m’interdis de mettre sur la place publique mais qui ont besoin d’être sondées, appréciées, testées par des psychiatres », afin de déterminer si son discernement était « entier », ou « au contraire aboli, ou éventuellement altéré ».
Quel degré de responsabilité pénale ?
« Il faudra aller bien au-delà de l’examen sommaire », a ajouté l’avocat qui s’est dit « effaré de lire le compte rendu » fait à la presse du premier examen psychiatrique dont a fait l’objet l’adolescent en garde à vue. Jeudi, le procureur de la République à Bayonne, Jérôme Bourrier, avait déclaré que ce premier examen avait révélé « une forme d’anxiété réactionnelle pouvant perturber son discernement » et « des éléments de dépression évoluant depuis une année », mais « aucune maladie mentale de type schizophrénie, état maniaque, mélancolie ou retard mental, ni décompensation psychiatrique aiguë ».
« L’adolescent apparaît accessible à une responsabilité pénale sous réserve des expertises qui devront être ordonnées et d’une possible altération de son discernement », avait ajouté le procureur. Mais son avocat s’interroge sur son degré de responsabilité pénale.Pour lui, cette première expertise « fait totalement l’impasse sur la tentative de suicide » de l’adolescent en octobre 2022, évoquée par le procureur, « et les prescriptions médicales dont il était l’objet ». Cette tentative de suicide « questionne considérablement au regard de ce qui lui est aujourd’hui reproché », a-t-il poursuivi. « La prise en charge était-elle adaptée ? Des signes avant-coureurs ont-ils été décelés ? Visiblement, non. » Selon l’avocat, « lorsqu’il raconte les faits, à mon sens, ce n’est pas lui qui agit. Lorsqu’on parle à la troisième personne de soi-même, je m’interroge sur une possible dissociation de personnalité. »
« Ce n’est pas une expertise digne de ce nom, c’est un avis », a ajouté l’avocat pour qui « les vérités d’aujourd’hui risquent fort de ne pas être celles de demain ». « Je ne veux pas brosser le portrait d’un jeune homme dont je n’ai pas la compétence pour dire de quoi il souffre […] mais beaucoup de ceux qui le connaissent devinent qu’il y a une problématique […] une sorte de noyade, de souffrance intime qui a pu mener à l’irréparable », a-t-il poursuivi.
L’adolescent « est évidemment ravagé par le geste qu’il a commis et qui lui est reproché », a également souligné l’avocat dressant le portrait d’un « garçon brillant dans les disciplines scientifiques, visiblement moins à l’aise dans la langue espagnole ». Selon lui, les parents du jeune homme sont « abasourdis » et « écrasés ».
Vendredi matin, à 8 heures, les élèves du collège-lycée Saint-Thomas-d’Aquin, établissement catholique privé réputé pour son calme et ses résultats scolaires, ont à nouveau afflué à l’heure de l’ouverture du portail, sous les yeux de trois policiers postés à l’entrée.
Le Point par L.L. avec AFP