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L’Érythrée et la Somalie vont rétablir des relations diplomatiques

juillet 30, 2018

Le président somalien Mohamed Abdullahi Farmajo à Djibouti, le 05 juillet 2018 / © AFP/Archives / Yasuyoshi CHIBA

L’Érythrée et la Somalie ont signé lundi à Asmara un accord portant sur l’établissement de relations diplomatiques et l’envoi d’ambassadeurs dans leur capitale respective, a annoncé le gouvernement érythréen dans un communiqué.

« Les deux pays établiront des relations diplomatiques et échangeront des ambassadeurs », fait valoir cet accord intitulé « déclaration sur des relations fraternelles ». Il a été signé par le président érythréen Issaias Afeworki et son homologue somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed.

Cet accord marque une nouvelle étape dans le réchauffement des relations entre pays de la Corne de l’Afrique, après le rapprochement spectaculaire intervenu ces dernières semaines entre l’Érythrée et l’Éthiopie.

Il a été signé à l’occasion de la visite de M. Mohamed, dit « Farmajo », arrivé samedi à Asmara, la première d’un chef de l’État somalien depuis l’indépendance de l’Érythrée en 1993.

Les deux pays avaient depuis plus d’une décennie des relations tendues en raison notamment du soutien présumé d’Asmara aux islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda et qui ont juré la perte du gouvernement somalien.

Ces accusations valent à l’Érythrée d’être sous le coup de sanctions de l’ONU depuis 2009, qui imposent notamment des gels d’avoirs et des interdictions de voyage à l’étranger pour des responsables politiques et militaires, ainsi qu’un embargo sur les armes.

Mais Asmara a toujours contesté ces accusations et les derniers rapports des experts de l’ONU montrent qu’il n’existe pas de preuves d’un tel soutien.

« L’Érythrée soutient fermement l’indépendance politique, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie, ainsi que les efforts des Somaliens et de leur gouvernement pour restaurer la stature légitime de leur pays et pour répondre aux nobles aspirations de leur peuple », ajoute l’accord signé lundi.

Le président de l’Erythrée Issaias Afeworki accueilli par le Premier Ministre éthiopien Abiy Ahmed le 14 juillet 2018 à Addis-Abeba en Ethiopie / © AFP/Archives / MICHAEL TEWELDE

Cette déclaration, dont le texte a été mis en ligne sur son site internet par le ministère érythréen de l’Information, affirme aussi que les deux pays « s’efforceront de forger une coopération approfondie dans les domaines de la politique, de l’économie, du social, de la culture, de la défense et de la sécurité ».

Ils promettent également « d’œuvrer de concert pour promouvoir la paix, la stabilité et l’intégration économique dans la région. »

La visite du président somalien fait suite au rapprochement entre l’Érythrée et l’Éthiopie qui ont signé le 9 juillet une déclaration commune mettant fin à près de deux décennies d’état de guerre, depuis leur dernier conflit en 1998-2000.

La Somalie est l’alliée de l’Éthiopie, qui lui fournit des troupes pour lutter contre les shebab.

Le nouveau Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, arrivé au pouvoir en avril, a changé la donne régionale en amorçant le rapprochement entre son pays et l’Érythrée.

L’Éthiopie a déjà formellement demandé à l’ONU que les sanctions à l’encontre de l’Érythrée soient levées. Et le secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, a laissé entendre que ces sanctions pourraient n’être plus justifiées.

Romandie.com avec(©AFP / 30 juillet 2018 12h42)

Le président érythréen célèbre les retrouvailles avec l’Éthiopie lors d’une visite historique

juillet 14, 2018

Des habitants de la capitale éthiopienne Addis Abeba sortent sur leurs balcons pour accueillir le convoi du président érythréen Issaias Afeworki le 14 juillet 2018 / © AFP / STRINGER

Le président érythréen Issaias Afeworki a promis samedi de consolider le rapprochement avec l’Ethiopie, au début d’une visite historique à Addis Abeba après vingt ans d’hostilité entre les deux voisins de la corne de l’Afrique.

« Nous ne sommes plus les peuples de deux pays. Nous sommes un », a-t-il lancé devant les élites politiques et culturelles réunies dans un palais de la capitale éthiopienne construit à une époque où les deux voisins formaient une même nation.

« Nous irons de l’avant ensemble », a poursuivi le chef de l’Etat érythréen au premier d’une visite de trois jours qui doit notamment voir l’ouverture d’une ambassade d’Erythrée à Addis Abeba.

Garde militaire, danses traditionnelles et tapis rouge : le président érythréen avait auparavant été accueilli avec les honneurs à son arrivée par le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed.

Vêtus de châles blancs et agitant des palmes, de nombreux Ethiopiens s’étaient massés le long de la route reliant l’aéroport au centre de la capitale. Les rues étaient ornées de drapeaux des deux pays, de bannières et photos des deux dirigeants signant la paix pas plus tard que lundi, lors d’une visite de M. Abiy en Erythrée.

Le président érythréen Issaias Afeworki (g) est accueilli par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed à l’aéroport d’Addis Abeba, le 14 juillet 2018 en Ethiopie / © AFP / MAHEDER HAILESELASSIE TADESE

Les deux dirigeants ont partagé rires et embrassades lors d’un déjeuner officiel où M. Abiy a assuré que le chef de l’Etat érythréen était « bien aimé et respecté par le peuple éthiopien à qui il avait manqué ». « Bienvenue à la maison, président Issaias!! », a renchéri le chef de cabinet de M. Abiy, Fitsum Arega, sur Twitter.

Après ce déjeuner, les deux dirigeants ont pris un vol pour Hawassa (sud) afin d’y visiter un important parc industriel.

Un dîner officiel est prévu dimanche et la réouverture de l’ambassade érythréenne est également au programme de la visite selon la radio-télévision éthiopienne Fana. Les vols directs entre les deux pays doivent quant à eux reprendre la semaine prochaine.

– Paix subite –

Un groupe de femmes brandit des drapeaux ethiopiens et erythréens le 14 juillet 2018 à Addis Abeban / © AFP / STRINGER

Cette visite inédite en Ethiopie survient une semaine après le déplacement de M. Abiy à Asmara qui a permis de concrétiser une initiative de paix lancée par le chef du gouvernement réformateur d’Addis Abeba, arrivé au pouvoir en avril dernier.

De 1998 à 2000, l’Éthiopie et l’Érythrée se sont livré une guerre conventionnelle qui a fait quelque 80.000 morts, notamment en raison d’un désaccord sur leur frontière commune.

Le refus éthiopien d’appliquer une décision en 2002 d’une commission soutenue par l’ONU sur le tracé de la frontière a ensuite entretenu une longue animosité entre les deux pays.

Mais le mois dernier, M. Abiy a annoncé la volonté de l’Éthiopie d’appliquer un accord de paix signé en 2000 à Alger avec l’Érythrée et les conclusions, deux ans plus tard, de la commission internationale indépendante sur la démarcation de la frontière.

L’Ethiopie et l’Erythrée en 5 indicateurs clés / © AFP /

« Quelqu’un peut-il trouver les mots justes pour décrire l’intensité du sentiment populaire dans les deux pays, la profondeur et la signification des changements prometteurs à l’oeuvre dans la région! », a tweeté le ministre érythréen de l’Information Yemane Gebremeskel.

– Des changements en Erythrée ? –

Autrefois façade maritime de l’Éthiopie avec les ports de Massawa et d’Assab, l’Érythrée a déclaré son indépendance en 1993 après avoir chassé les troupes éthiopiennes de son territoire en 1991 au terme de trois décennies de guerre.

L’indépendance de l’Érythrée a privé l’Éthiopie de tout accès à la mer et l’a forcée à s’appuyer presque exclusivement sur Djibouti pour son commerce maritime.

Le propriétaire éthiopien d’un hôtel, Taeme Lemlem (G), apprend la prochaine visite en Ethiopie du président érythréen Issaias Afeworki en regardant la télévision, le 13 juillet 2018. Son hotel avait été détruit par la guerre avec l’Erythrée, à Zalambesa (nord de l’Ethiopie) / © AFP / Maheder HAILESELASSIE TADESE

L’accès de l’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, aux ports érythréens devrait stimuler l’économie des deux Etats.

La liberté de mouvement de part et d’autre de la frontière doit permettre la réunion de deux peuples, liés par une histoire, une langue et une ethnicité communes, et de familles séparées depuis plus de 20 ans.

Samedi, Amnesty International a souhaité que la paix soit aussi un catalyseur de changements en Erythrée, où des milliers de gens « languissent en détention pour avoir simplement exprimé leur opinion ».

« La fin des hostilités avec l’Ethiopie est un moment de joie pour les Erythréens mais il doit être suivi par des réformes tangibles qui fassent une véritable différence dans la vie quotidienne des gens et mettent fin à des décennies de répression », a déclaré le directeur adjoint de l’ONG pour la région, Seif Magango.

Amnesty a aussi appelé à la fin du service militaire illimité, qui était justifié à Asmara par l’état de guerre avec l’Ethiopie. La mesure a provoqué l’émigration de centaines de milliers de jeunes Erythréens, notamment en Europe.

Romandie.com avec(©AFP / 14 juillet 2018 17h32)

Asmara, « ville moderniste de l’Afrique » couronnée par l’Unesco

juillet 8, 2017

Asmara, capitale de l’Erythrée. © David Stanley/Flickr

Les Erythréens ont toujours soutenu qu’il n’y avait pas en Afrique une autre ville comme leur capitale Asmara et l’Unesco a confirmé leur sentiment en l’inscrivant samedi sur sa liste du patrimoine culturel mondial.

La décision, annoncée à Cracovie, où le Comité du patrimoine mondial est réuni, couronne un long effort des autorités érythréennes pour faire reconnaître par la communauté internationale l’architecture unique de la ville.

Celle-ci possède notamment un bowling art-déco avec des fenêtres aux vitres de couleur et une station-service qui ressemble à un avion en train de s’élever dans les airs.

Premier site érythréen inscrit au Patrimoine mondial

Il s’agit de la première inscription d’un site érythréen sur la liste du Patrimoine mondial.

« La reconnaissance de la ville comme un site du patrimoine d’une valeur universelle exceptionnelle nous remplit d’une immense fierté et de joie, mais aussi d’un sens de responsabilité et de devoir », a déclaré la déléguée permanente de l’Erythrée auprès de l’Unesco Hanna Simon, invitant « le monde entier » à visiter Asmara.

C’est une bonne nouvelle pour le pays de la Corne de l’Afrique dont l’image est mauvaise en Europe, qui voit débarquer sur ses rives un grand nombre de migrants érythréens fuyant la répression chez eux.

Marquée par la présence italienne depuis 1869, intégrée dans l’Afrique orientale italienne en 1936, l’Erythrée fut une colonie jusqu’en 1941, sous la dictature fasciste de Benito Mussolini, et l’architecture futuriste d’Asmara remonte en grande partie à cette époque-là.

« Petite Rome »

Des architectes dont les projets ne trouvaient pas preneur dans les villes conservatrices d’Europe avaient migré vers Asmara. A l’époque, la moitié de ses habitants étaient Italiens et on l’appelait « Piccola Roma » ou « Petite Rome ».

Les bâtiments modernistes des autres villes érythréennes ont été détruits au cours de la longue guerre de libération contre l’Ethiopie. Ceux d’Asmara y ont survécu et la ville a été déclarée en 2001 monument national par le gouvernement qui l’appelle « Cité de Rêve » de l’Afrique.

Mais les efforts pour restaurer les façades de marbre et les piliers à la romaine des théâtres et des cinémas se sont heurtés au manque de fonds et de main d’oeuvre qualifiée, reconnaissent les autorités municipales.

Le délégué permanent du Liban, Khalil Karam, tout en se félicitant de la décision de l’Unesco, a évoqué la « sous-représentation de l’héritage moderne en Afrique », suggérant que le quartier italien de Benghazi – si la situation en Libye se stabilise – et Casablanca, soient les prochains sites sur la liste des candidats.

Le Comité du patrimoine mondial a inscrit auparavant samedi matin une autre « première » africaine en plaçant sur la même liste le centre de la ville angolaise de Mbanza Kongo, ancienne capitale du royaume du Kongo.

Jeuneafrique.com avec AFP

L’Ethiopie met en garde l’Erythrée contre une guerre totale

juin 14, 2016

Addis Abeba – L’Ethiopie a prévenu mardi son voisin érythréen, auquel de violents combats l’ont opposée dimanche à leur frontière, que de son attitude dépendrait le déclenchement ou non d’une guerre totale.

Nous avons la capacité de mener une guerre totale contre l’Érythrée, mais nous ne voulons pas le faire, a affirmé mardi le porte-parole du gouvernement éthiopien, Getachew Reda, lors d’une conférence de presse à Addis-Abeba.

Une guerre dépendra de l’attitude d’Asmara, a-t-il ajouté. J’espère qu’ils ne répèteront pas l’erreur de nous entraîner dans une guerre ouverte.

Selon le porte-parole, l’armée éthiopienne a voulu mettre fin à une série de provocations le long de la frontière toujours disputée entre les deux pays.

Les derniers tirs de l’Erythrée (à la frontière) ont été la goutte de trop. Nous ne pensons pas qu’ils s’attendaient à une telle réponse de notre part, a expliqué M. Reda.

Les mesures prises au cours des dernières 48 heures envoient un message suffisamment clair au régime (érythréen). Espérons que l’étendue des dommages qu’il a subis le fera réfléchir à deux fois, a t-il ajouté.

Ces affrontements sont présentés par le gouvernement éthiopien comme les plus graves de ces dernières années avec l’Erythrée. Les deux pays ont déjà connu un conflit frontalier meurtrier de 1998 à 2000.

Les combats, que les deux pays s’accusent mutuellement d’avoir déclenchés, ont impliqué des tirs d’artillerie lourde de chaque côté de la frontière. Des témoins cités par la presse locale ont également parlé de mouvements de blindés.

Getachew Reda s’est refusé à dévoiler le nombre de soldats éthiopiens tués dans ces combats, se contentant d’affirmer que les pertes ont été importantes des deux côtés. Il a précisé que les opérations avaient cessé lundi à la mi-journée.

Forte d’une armée bien équipée et réputée parmi les plus efficaces du continent africain, l’Ethiopie, 96 millions d’habitants, bénéficie d’une puissance de feu bien supérieure à celle de l’Erythrée et de ses six millions d’habitants.

Le ministère érythréen de l’Information a de son côté dénoncé mardi le dernier acte d’agression militaire de l’Ethiopie, et affirmé avoir repoussé l’assaut qui a, selon lui, causé de lourdes pertes dans les rangs éthiopiens.

Chaque mois, des milliers d’Erythréens tentent de fuir leur pays, un des plus militarisés au monde, notamment en raison d’une conscription qui les soumet à un service militaire à durée indéterminée, selon les Nations unies.

Mais selon Asmara, l’Ethiopie aurait attaqué l’Erythrée parce qu’elle en jalouserait les conditions de vie.

L’opposition croissante de mouvements populaires éthiopiens, la corruption endémique et la crise économique qui va avec, ainsi que la volonté de freiner les progrès prometteurs de l’Erythrée sont parmi les facteurs qui ont poussé le régime du TPLF (le Front de libération du peuple du Tigré, au pouvoir à Addis Abeba, ndlr) à se laisser aller à des aventures militaires imprudentes, a soutenu le ministère érythréen de l’Information dans un communiqué.

Depuis les accords de paix signés en 2000, l’Ethiopie et l’Erythrée demeurent ennemies et leurs forces se surveillent de près le long de la frontière lourdement fortifiée, où des affrontements de faible intensité sont régulièrement observés.

Ces derniers combats interviennent quelques jours après la publication du rapport d’une commission d’enquête de l’ONU accusant le régime érythréen de crimes contre l’humanité à grande échelle et recommandant que le dossier soit porté devant la Cour pénale internationale (CPI). Asmara a réagi en dénonçant des accusations extrêmes et infondées.

L’Erythrée a obtenu son indépendance de l’Ethiopie en 1991 après trois décennies de guerre.

Romandie.com avec(©AFP / 14 juin 2016 14h03)

Dix footballeurs de l’équipe nationale d’Erythrée demandent l’asile au Botswana

octobre 15, 2015

Gaborone (Botswana) – Dix footballeurs de l’équipe nationale érythréenne ont demandé l’asile politique au Botswana, après avoir participé à un match de qualification pour la Coupe du monde de 2018, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

Mercredi, dix footballeurs ont refusé de monter à bord de l’avion qui les ramenait chez eux, expliquant qu’ils demandaient l’asile politique. Ils ont été placés en garde à vue pour être interrogés, a déclaré à l’AFP Dick Bayford, avocat représentant le Mouvement érythréen pour la démocratie et les droits de l’Homme (EMDHR) basé à Pretoria, en Afrique du Sud.

L’équipe des Red Sea Camels est composée de footballeurs vivant en Erythrée et de membres de la diaspora jouant à l’étranger. La majorité des joueurs qui ont demandé l’asile au Botswana habitent en Erythrée et font partie de l’armée érythréenne, a précisé Adane Ghebremestel, de l’EMDHR.

S’ils sont renvoyés chez eux, ils seront inculpés pour trahison et tués ou emprisonnés, a-t-il affirmé.

L’association de football au Botswana a confirmé l’incident. Dix joueurs de l’équipe nationale d’Erythrée ont refusé de rejoindre le reste de l’équipe qui a quitté par la route Francistown (ville de l’est du Botswana où se jouait le match de qualification mardi) pour Gaborone où ils devaient prendre l’avion, a déclaré le vice-président de l’association, Basadi Akoonyatse.

Dans le cadre d’un match de qualification pour la Coupe du monde de football 2018, les Red Sea Camels ont joué contre l’équipe nationale du Botswana, les Zèbres. Les Erythréens se sont inclinés 3-1.

Les joueurs restés au Botswana craignent d’être renvoyés dans leur pays avant que leur demande d’asile ne soit examinée, a ajouté Me Bayford. Or, a-t-il expliqué dans une lettre adressée à la police, il est illégal de renvoyer dans leur pays les demandeurs d’asile tant que leur demande n’a pas été étudiée.

Il est fréquent que des sportifs érythréens profitent de déplacements à l’étranger pour fuir leur pays, contrôlé d’une main de fer par le président Issaias Afeworki depuis 1993.

En 2012, 18 footballeurs érythréens avaient déjà demandé l’asile en Ouganda alors qu’ils participaient à un tournoi de football. En 2007, six footballeurs avaient fait de même en Angola, et 12 autres en 2009 au Kenya.

Devant ses défections à répétition, les Red Sea Camels, qui figurent à la 202e place du classement de la Fédération internationale de football (Fifa), se sont retirés de plusieurs compétitions. L’an dernier, l’Erythrée a ainsi renoncé à participer à la Coupe africaine des nations, quelques semaines seulement avant son match contre le Soudan du Sud.

L’une des causes principales du départ des jeunes Erythréens est le service militaire obligatoire, officiellement de dix-huit mois, mais qui peut durer indéfiniment. Et en fait de service militaire, les jeunes sont souvent employés aux tâches les plus ingrates par l’Etat, sans salaire. Une pratique assimilée par les Nations unies à du travail forcé.

L’Érythrée, un des pays les plus pauvres d’Afrique qui a acquis son indépendance de l’Ethiopie en 1993, figure systématiquement dans les derniers des classements internationaux en matière de libertés politiques, libertés d’expression ou droits humains de base. Arrestations arbitraires, tortures et disparitions d’opposants politiques sont fréquemment rapportées.

Les Erythréens constituent le troisième grand groupe de migrants, avec les Syriens et les Afghans, à tenter de rejoindre l’Europe.

Romandie.com avec(©AFP / 15 octobre 2015 12h14)

Des experts de l’ONU menacés après un rapport sur l’Érythrée

juin 26, 2015

Des membres de la Commission d’enquête internationale sur les droits de l’homme en Érythrée auraient été victimes de menaces et d’intimidation lors de leur passage à Genève, en Suisse, deux semaines après avoir publié un rapport accablant sur les violations « massives » des droits de l’homme dans le pays d’Issayas Afewerki.

« J’ai appris que des membres de la Commission d’enquête sur l’Érythrée ont été victimes de menaces et d’actes d’intimidation à leur hôtel et dans les rues depuis leur arrivée à Genève », a confirmé Joachim Ruecker, le président du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Les 23 et 24 juin, ces agents des Nations unies étaient à Genève pour débattre de la situation en Érythrée et du rapport publié le 8 juin sur les graves violations des droits de l’homme qui poussent 5000 Érythréens à fuir leur pays chaque mois. Le document de 500 pages souligne les violations « systématiques et à grande échelle » des droits humains par le gouvernement du président Issayas Afewerki. Le président de la Commission d’enquête, Mike Smith, a proposé mercredi que le Conseil de sécurité de l’ONU détermine si le gouvernement érythréen est responsable de « crimes contre l’humanité ».

« Fausses allégations » de l’ONU

Deux jours plus tôt, des centaines d’Érythréens, venus de partout en Suisse et en Europe, avaient manifesté devant le siège onusien de Genève pour demander au Conseil des droits de l’homme de rejeter les « fausses allégations » du rapport de la Commission. Proches du pouvoir, ils dénonçaient une campagne de harcèlement de l’ONU, réclamant la levée des sanctions internationales pesant sur leur pays.

« Des désaccords avec les membres de la Commission d’enquête peuvent toujours être exprimés. Cependant, il est inacceptable qu’ils soient victimes de menaces et d’intimidation », a déclaré Joachim Ruecker. « Nous avons pris des mesures de sécurité afin que le dialogue se déroule dans le calme et la dignité », explique-t-il, sans s’avancer sur la nature des menaces reçues par les membres de la Commission. Leur sécurité a été renforcée en collaboration avec la police suisse et une enquête a été ouverte.

Jeuneafrique.com par Sabrina MYRE

Droits de l’Homme: 5.000 Erythréens fuient leur pays chaque mois

juin 8, 2015

Droits de l'Homme: 5.000 Erythréens fuient leur pays chaque mois
Droits de l’Homme: 5.000 Erythréens fuient leur pays chaque mois © AFP

Les violations « systématiques et à grande échelle » des droits de l’Homme par le gouvernement d’Erythrée poussent quelque 5. 000 Erythréens à fuir leur pays chaque mois, selon une enquête des Nations Unies.

Après une année d’enquête, trois experts mandatés par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU ont décrit dans un rapport de 500 pages un système répressif où les gens sont régulièrement arrêtés, détenus, torturés ou portés disparus et tués.

« La commission a établi que des violations systématiques et à grande échelle des droits de l’Homme ont été et sont commises en Erythrée sous l’autorité du gouvernement (. . . ) certaines pourraient constituer des crimes contre l’humanité », affirment les experts dont le rapport a été publié lundi.

Ces violations interviennent « à une échelle rarement constatée ailleurs », ajoutent-ils.

Cela provoque un exode massif avec des centaines de milliers d’Erythréens qui ont quitté leur pays, s’exposant dans leur fuite aux multiples dangers des trafiquants et des passeurs et à l’ordre « tirer pour tuer » donné aux forces de sécurité gardant la frontière.

A la mi-2014, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU avait estimé leur nombre à 360. 000 répartis dans le monde, pour une population totale estimée à 6,3 millions d’habitants.

Les réfugiés Erythréens constituent la seconde population après les Syriens à se lancer dans la périlleuse traversée de la Méditerranée.

Après 22 ans de régime du président Issaias Afeworki, le rapport évoque un système orwellien de surveillance de masse, où voisins et membres de la famille doivent rendre compte les uns sur les autres, où les personnes sont détenues pendant des années dans des conditions horribles sans même savoir pourquoi, où le service militaire à durée illimitée permet au régime de compter sur une main d’oeuvre réduite à l’état d’esclavage pendant des décades.

L’Erythrée, petit pays fermé de la Corne de l’Afrique, s’était opposée à la création de la commission en juin 2014 et n’a pas autorisé les enquêteurs de l’ONU à se rendre sur place.

L’Erythrée est dirigée d’une main de fer par le président Issaias Afeworki depuis son indépendance de fait en 1991, après 30 ans de guerre d’indépendance contre l’Ethiopie.

« Le pays est gouverné non pas par la loi mais par la terreur », a déclaré aux journalistes Mme Sheila Keetharuth, une des auteurs du rapport. Il a été établi avec des entretiens avec 550 Erythréens vivant à l’étranger plus 160 témoignages recueillis par écrit.

Il n’a pas été facile de convaincre certains de témoigner tant le réseau d’espionnage du régime est aussi actif à l’étranger, entrainant des craintes de représailles contre les familles.

La torture est tellement répandue que « c’est une politique du gouvernement d’encourager son emploi », souligne le rapport.

Outre l?esclavagisme dans le travail, « l’esclavage sexuel » est lui aussi routinier. Un témoin a raconté comment il a reçu pour instructions d’amener des filles dans les chambres des officiers. Ils me donnaient leurs noms et leurs adresses et j’allais les chercher », a déclaré un assistant personnel d’un officiel d’un camp d?entrainement. Il conduisait ainsi une à deux filles par jour et en trois ans il estime avoir conduit quelques 1. 200 filles, précise le rapport.

Jeuneafrique.com