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Ethiopie : l’UA réclame un cessez-le feu, les rebelles du Tigré « prêts à le respecter » appelle les belligérants à « se réengager » dans la paix

octobre 16, 2022
Ethiopie : l'UA reclame un cessez-le feu, les rebelles du Tigre "prets a le respecter"appelle les belligerants a "se reengager" dans la paix
Ethiopie : l’UA réclame un cessez-le feu, les rebelles du Tigré « prêts à le respecter » appelle les belligérants à « se réengager » dans la paix© AFP/Archives/Amanuel Sileshi

L’Union africaine (UA) a appelé dimanche à un cessez-le-feu immédiat au Tigré, où la violence s’intensifie, les rebelles de cette région du nord de l’Ethiopie se disant « prêts à le respecter ».

La ville de Shire, dans le nord-ouest du Tigré, a été bombardée pendant plusieurs jours, au cours d’une offensive commune des troupes éthiopiennes et érythréennes contre les rebelles tigréens qui a fait plusieurs victimes civiles.

Un membre de l’International Rescue Committee (IRC), une ONG apportant des secours aux sinistrés, a été tué et un autre blessé dans une de ces attaques vendredi, qui a fait deux autres morts, des civils, selon l’IRC.

Après le secrétaire général de l’ONUAntonio Guterres, qui s’est dit préoccupé par l’aggravation des violences, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a réclamé « un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel ».

« Le président exhorte les parties à réitérer leur engagement au dialogue conformément à leur accord pour que des pourparlers directs soient convoqués en Afrique du Sud« , a-t-il ajouté dans un communiqué.

En réponse, les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) se sont dits « prêts à respecter » une telle pause dans les combats.

« Nous sommes prêts à respecter une cessation immédiate des hostilités. Nous appelons également la communauté internationale à contraindre l’armée érythréenne à se retirer du Tigré, à prendre des mesures en vue d’une cessation immédiate des hostilités et à faire pression sur le gouvernement éthiopien pour qu’il vienne à la table des négociations », a déclaré le TPLF.

Report des négociations

Peu avant, le bureau Afrique du Département américain avait jugé sur Twitter que « la priorité » était de « parvenir à une cessation immédiate des hostilités ».

La balle est désormais dans le camp du gouvernement éthiopien qui, contacté par l’AFP, n’a pas souhaité dans l’immédiat faire de commentaires.

Ce gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed et les autorités tigréennes avaient accepté une invitation de l’UA à discuter, mais les négociations qui devaient commencer le week-end dernier en Afrique du Sud n’ont pas eu lieu.

Des diplomates ont suggéré que des problèmes logistiques étaient en partie à l’origine de leur report.

Les derniers combats ont eu lieu lorsque l’envoyé spécial américain, Mike Hammer, est arrivé à Addis-Abeba pour faire pression en vue de mettre fin à cette guerre qui dure depuis près de deux ans.

La ville de Shire, à environ 40 km au sud de la frontière éthiopienne avec l’Érythrée, a été « soumise à des frappes aériennes et d’artillerie lourde continues toute cette semaine », a déclaré à l’AFP un travailleur humanitaire sur place.

Un membre de l’IRC y a été tué lorsque l’ONG distribuait de la nourriture aux « bénéficiaires du PAM, y compris des mères et des enfants vulnérables », a déploré dimanche le Programme alimentaire mondiale (PAM) des Nations unies.

« Le PAM condamne tout ciblage délibéré des activités humanitaires et appelle fermement toutes les parties au conflit à respecter et protéger les opérations et le personnel humanitaires, conformément à leurs obligations liées au droit international humanitaire », a déclaré à l’AFP un porte-parole du PAM en Éthiopie.

Evoquant les « récentes attaques aveugles » des forces éthiopiennes et érythréennes, la cheffe de l’Agence américaine pour l’aide humanitaire (USAID), Samantha Power, juge, quant à elle, que « le risque d’atrocités et de pertes de vies supplémentaires s’intensifie, en particulier autour de Shire ».

Les affrontements avaient repris en août au Tigré après une accalmie de cinq mois, ébranlant les espoirs de régler un conflit qui a provoqué la mort d’un nombre incalculable de civils et diminuant l’aide humanitaire nécessaire.

Le conflit a éclaté en novembre 2020 lorsqu’Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix, a envoyé des troupes contre le TPLF, le parti au pouvoir au Tigré qu’il accuse d’avoir organisé des attaques contre des camps militaires.

Le TPLF a dominé la coalition au pouvoir en Éthiopie pendant des décennies, avant qu’Abiy Ahmed n’arrive au pouvoir en 2018.

Par Le Point avec AFP

Les Etats-Unis et le Kenya poussent à un cessez-le-feu en Ethiopie

novembre 17, 2021
Les Etats-Unis et le Kenya poussent a un cessez-le-feu en Ethiopie
Les Etats-Unis et le Kenya poussent à un cessez-le-feu en Ethiopie© POOL/AFP/Andrew Harnik

Les Etats-Unis et le Kenya ont poussé mercredi à un cessez-le-feu en Ethiopie, réaffirmant leur espoir d’une conclusion positive aux intenses efforts diplomatiques déployés pour une solution négociée au conflit entre gouvernement et rebelles dans le nord du pays.

Au premier jour d’une tournée africaine centrée notamment sur la démocratie qui le mènera ensuite au Sénégal et au Nigeria, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a également appelé le Kenya, un allié de longue date, à garantir l’année prochaine des élections libres.

A Nairobi, le chef de la diplomatie américaine s’est entretenu pendant une heure et demie -au lieu des 10 minutes initialement prévues- avec le président Uhuru Kenyatta, qui participe activement aux tentatives de médiation régionale sur le conflit éthiopien.

M. Kenyatta s’est rendu dimanche à Addis Abeba, alors que la guerre qui dure depuis un an entre les rebelles de la région du Tigré et le gouvernement a connu une escalade ces dernières semaines.

« Nous croyons qu’un cessez-le-feu est possible », a déclaré lors d’une conférence de presse conjointe la ministre kényane des Affaires étrangères, Raychelle Omamo.

M. Blinken a, lui, appelé à des « avancées concrètes pour la paix » et à la reprise de l’aide humanitaire au Tigré, où des centaines de milliers de personnes vivent dans des conditions proches de la famine, selon les Nations unies.

« Je réitère notre appel à toutes les parties à urgemment et sérieusement engager des négociations sur la cessation des hostilités sans conditions préalables », a-t-il déclaré, renouvelant par ailleurs l’appel aux citoyens américains à quitter l’Ethiopie.

Les Etats-Unis ont récemment critiqué l’Ethiopie et pris des sanctions contre cet allié, dénonçant des entraves à l’acheminement d’aide alimentaire et des violations des droits humains.

Interrogé par un journaliste, M. Blinken n’a pas exclu que les Etats-Unis puissent éventuellement qualifier les « exactions » commises au Tigré de faits relevant d’un génocide.

« Quelle que soit la manière dont nous les appelons, cela doit cesser et il faudra rendre des comptes », a-t-il dit.

Influence chinoise

Le président américain Joe Biden a promis des actions pour promouvoir mondialement les valeurs américaines face à l’influence croissante de la Chine qui multiplie les investissements sur le continent et se montre moins regardante sur les pratiques politiques.

Soulignant que les Etats-Unis ont donné 50 millions de doses de vaccins contre le Covid à l’Afrique, M. Blinken a dit: « Nous avons fait cela sans conditions politiques. »

« Il s’agit de sauver des vies. »

M. Blinken, qui se rend pour la première fois en Afrique depuis sa prise de fonctions, a également déclaré que le Soudan retrouvera le soutien de la communauté internationale si la « légitimité » de son gouvernement – renversé par un coup d’Etat militaire le 25 octobre – est restaurée.

« Il est vital que la transition retrouve la légitimité qu’elle avait (…) Si l’armée remet ce train sur les rails et fait le nécessaire, je pense que le soutien de la communauté internationale, qui a été très fort, peut reprendre », a-t-il dit.

Les Etats-Unis ont suspendu 700 millions de dollars d’aide au Soudan après ce coup d’Etat qui a interrompu le processus de transition démocratique lancé en 2019 après la chute de l’autocrate Omar el-Béchir.

Élections kényanes

Mercredi matin, M. Blinken avait commencé sa tournée par une rencontre avec des responsables de la société civile kényane, les appelant, à l’approche de l’élection présidentielle de 2022, à rester vigilants face aux menaces croissantes contre la démocratie.

« Nous avons assisté au cours de la dernière décennie à ce que certains appellent une récession démocratique », a-t-il déclaré, estimant que les Etats-Unis ont eux aussi pu observer récemment que leur démocratie « peut être fragile ».

Les élections au Kenya sont régulièrement marquées par des violences meurtrières.

Le pays doit tenir sa présidentielle en août prochain et ce scrutin porte « tous les signes d’une élection très contestée et violente », a mis en garde Irungu Houghton, le directeur exécutif d’Amnesty International au Kenya, qui a participé à la rencontre avec Blinken.

L’Afrique est le dernier continent visité par le chef de la diplomatie, bien que le président Biden se soit engagé à prêter une attention particulière au continent, se démarquant de son prédécesseur Donald Trump.

Dans le cadre de cette tournée, Antony Blinken se rendra jeudi au Nigeria. Il ira ensuite au Sénégal, considéré comme un exemple de stabilité démocratique en Afrique.

Par Le Point avec AFP

Ethiopie: Des milliers de manifestants à Addis-Abeba en soutien au gouvernement

novembre 7, 2021

ETHIOPIE: DES MILLIERS DE MANIFESTANTS À ADDIS-ABEBA EN SOUTIEN AU GOUVERNEMENT

© Reuters/TIKSA NEGERI 

ADDIS-ABEBA (Reuters) – Des dizaines de milliers d’Ethiopiens ont manifesté dimanche à Addis-Abeba en soutien au gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed, alors que les combats se poursuivent entre l’armée et les rebelles tigréens qui menacent de marcher sur la capitale.

Des manifestants scandaient des slogans hostiles aux Etats-Unis, pays qui a appelé à un cessez-le-feu en Ethiopie, à l’instar du Conseil de sécurité de l’Onu, de l’Union africaine, du Kenya et de l’Ouganda.

L’armée éthiopienne a appelé vendredi ses soldats retraités à revêtir l’uniforme pour participer à la guerre contre les rebelles du Tigré, alors que neuf groupes antigouvernementaux ont annoncé une alliance visant à chasser du pouvoir le Premier ministre.

La nouvelle alliance est constituée autour du Front populaire de libération du Tigré (TPLF), dont le soulèvement contre le gouvernement d’Addis-Abeba a fait des milliers de morts et plus de deux millions de déplacés depuis un an.

Par Reuters avec (Bureaux d’Addis-Abeba et Nairobi, rédigé par Duncan Miriri; version français Sophie Louet)

L’Ethiopie rappelle ses soldats retraités, l’opposition s’organise

novembre 5, 2021

L'ETHIOPIE RAPPELLE SES SOLDATS RETRAITÉS, L'OPPOSITION S'ORGANISE

© Reuters/TIKSA NEGERI

NAIROBI (Reuters) – L’armée éthiopienne a appelé vendredi ses soldats retraités à revêtir l’uniforme pour participer à la guerre contre les rebelles du Tigré, rapportent les médias officiels, alors que neuf groupes antigouvernementaux ont annoncé une alliance visant à chasser du pouvoir le Premier ministre Abiy Ahmed.L'ETHIOPIE: LES REBELLES TIGRÉENS ET LEURS ALLIÉS MENACENT D'AVANCER VERS LA CAPITALE

© Reuters/Reuters Staff L’ETHIOPIE: LES REBELLES TIGRÉENS ET LEURS ALLIÉS MENACENT D’AVANCER VERS LA CAPITALE

Appelé Front uni des forces fédérales et confédérales, la nouvelle alliance est constituée autour du Front populaire de libération du Tigré (TPLF), dont le soulèvement contre le gouvernement d’Addis-Abeba a fait des milliers de morts et plus de deux millions de déplacés depuis un an.

Alors que les rebelles tigréens et leurs alliés menacent d’avancer vers la capitale, située à un peu plus de 300 km au sud de leurs positions actuelles, l’armée éthiopienne a appelé ses anciens soldats à revenir sous les drapeaux d’ici au 24 novembre.

Signe de leur inquiétude, le gouvernement et les autorités municipales d’Addis-Abeba ont déjà appelé cette semaine les habitants de la capitale à répertorier leurs armes et à se préparer à défendre leurs quartiers.

Face à l’escalade des violences, de nombreux pays africains et occidentaux ont lancé jeudi un appel au cessez-le-feu, qui n’a pas rencontré beaucoup d’écho jusqu’à présent.

Outre le TPLF, la nouvelle alliance antigouvernementale repose sur l’Armée de libération de l’Oromo (OLA), une ethnie dont est issu Abiy Ahmed et qui présente pour les insurgés l’intérêt d’être bien implantée autour de la capitale.

« Nous envisageons de mettre en place un régime de transition et nous sommes d’accord pour dire que le pouvoir actuel doit s’en aller au plus vite », a déclaré à Reuters Yohannes Abraha, un responsable du TPLF.

Les opposants, qui dénoncent la gestion trop centralisée d’Abiy Ahmed et la politique répressive du lauréat du prix Nobel de la Paix 2019 (pour son rapprochement avec l’Érythrée), ne discutent pas avec le gouvernement mais entendent se tourner vers des autorités et des institutions étrangères, a-t-il ajouté.

Le procureur général éthiopien, Gedion Temothewos, a qualifié de son côté l’alliance rebelle de « coup de pub » et accusé les groupes qui la composent de s’être livrés par le passé à des opérations de « nettoyage ethnique ».

Reuters par (Maggie Fick, avec George Obulutsa à Nairobi, version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)

Ethiopie: le gouvernement affirme mener une « guerre existentielle » face aux rebelles tigréens

novembre 4, 2021
Ethiopie: le gouvernement affirme mener une "guerre existentielle" face aux rebelles tigreens
Ethiopie: le gouvernement affirme mener une « guerre existentielle » face aux rebelles tigréens© AFP/EDUARDO SOTERAS

Le gouvernement éthiopien a affirmé jeudi qu’il ne reculera pas dans la « guerre existentielle » face aux rebelles tigréens, qui ont affirmé ces derniers jours s’être emparés de plusieurs villes stratégiques et menacé de marcher sur la capitale Addis Abeba.

Un an jour pour jour après l’envoi de l’armée fédérale au Tigré, la région la plus septentrionale de l’Ethiopie, les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) affirment avoir progressé jusqu’à quelques centaines de kilomètres d’Addis Abeba.

Ce week-end, ils ont revendiqué la prise de deux villes stratégiques dans la région de l’Amhara, où ils ont avancé après avoir repris l’essentiel du Tigré en juin.

Mercredi, ils ont annoncé être entrés dans Kemissie, à 325 kilomètres au nord de la capitale, où ils ont rejoint des combattants de l’Armée de libération oromo (OLA), groupe armé de l’ethnie oromo avec lequel ils ont fait alliance.

Cette organisation nationaliste est implantée en Oromia, la plus grande région d’Ethiopie qui entoure Addis Abeba. Un porte-parole de l’OLA a affirmé mercredi à l’AFP que la capitale pourrait tomber en quelques semaines.

« Le TPLF et ses marionnettes sont en train d’être encerclés » par les forces gouvernementales, a démenti le gouvernement dans un communiqué au ton belliqueux, dénonçant une « propagande étrangère » favorable aux rebelles.

« Nous menons une guerre existentielle ! », a-t-il lancé, en écho aux déclarations du Premier ministre Abiy Ahmed accusant ces derniers jours les « terroristes » de vouloir « détruire » le pays.

« Nous devons tous nous unir (…) pour faire taire nos ennemis ivres de victoires temporaires », poursuit le texte.

Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique (plus de 110 millions de d’habitants), l’Ethiopie est une mosaïque de peuples réunis dans un système dit de « fédéralisme ethnique ».

Obstruction « flagrante »

Jeudi, le Parlement a approuvé l’état d’urgence décrété deux jours plus tôt par le gouvernement sur l’ensemble du territoire, tandis que les autorités de la capitale demandaient aux habitants de s’organiser pour défendre la ville.

« Après un an de guerre, le conflit éthiopien en est à un stade incroyablement dangereux, où aucune partie ne montre de signes de recul », estime William Davison, analyste à l’International Crisis Group.

Débuté le 4 novembre 2020, le conflit au Tigré, qui visait pour l’armée fédérale à destituer les autorités régionales dissidentes issues du TPLF, connaît un spectaculaire revirement ces derniers mois.

Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, avait proclamé la victoire le 28 novembre 2020. Mais en juin, les combattants pro-TPLF ont repris l’essentiel de la région, puis poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l’Afar et de l’Amhara.

La progression rebelle inquiète la communauté internationale.

Un haut responsable de l’agence humanitaire gouvernementale américaine (USAID) a prévenu jeudi qu’une marche des rebelles sur la capitale viendrait aggraver la situation humanitaire déjà désastreuse dans le nord du pays.

Plus de 400.000 personnes sont au bord de la famine au Tigré, soumis à un blocus « de facto » selon l’ONU.

Le gouvernement et le TPLF s’accusent mutuellement d’entraver l’acheminement de l’aide et d’affamer la population.

Mais le responsable de l’USAID a pointé jeudi la responsabilité du gouvernement qui mène contre le Tigré « peut-être l’obstruction humanitaire la plus flagrante au monde ».

« Pratiquement aucun carburant, argent liquide, médicament ou fourniture médicale n’est entré depuis des mois, obligeant les (organisations) humanitaires à réduire ou arrêter complètement leurs programmes », a-t-il indiqué.

Ces deux dernières semaines, aucune aide n’a pu atteindre le Tigré, a-t-il affirmé, soulignant également les besoins croissants en régions Afar et Amhara, où des centaines de milliers de civils fuient les combats.

Risque de « fragmentation »

L’émissaire américain pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman, est arrivé jeudi à Addis Abeba pour promouvoir une solution pacifique au conflit.

L’ambassade américaine a annoncé qu’elle autorisait le départ volontaire de la plupart de son personnel et déconseillé les voyages en Ethiopie.

L’ambassade britannique a, elle, conseillé à ses citoyens « d’envisager de partir » sur les vols commerciaux disponibles.

L’UE a renouvelé ses appels à un cessez-le feu et à des négociations, estimant que « la récente escalade (…) risque d’entraîner un peu plus le pays dans la fragmentation et les conflits armés généralisés, et d’aggraver la situation de la population ».

Par Le Point avec AFP

Ethiopie: combats entre armée et rebelles tigréens autour d’un carrefour stratégique

novembre 1, 2021
Ethiopie: combats entre armee et rebelles tigreens autour d'un carrefour strategique
Ethiopie: combats entre armée et rebelles tigréens autour d’un carrefour stratégique© AFP/Archives/Amanuel Sileshi

Les combats font rage entre forces éthiopiennes et rebelles tigréens autour de la ville de Kombolcha, ont raconté lundi des habitants, au lendemain de l’annonce par les rebelles de la prise de ce carrefour stratégique du nord de l’Ethiopie.

Les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ont affirmé dimanche s’être emparés de Kombolcha après avoir revendiqué la veille la prise de la ville voisine de Dessie, deux affirmations démenties par le gouvernement.

Ces villes de la région de l’Amhara, au sud du Tigré, sont situées à un carrefour routier stratégique à environ 400 kilomètres au nord de la capitale éthiopienne Addis Abeba.

Si leur prise se confirmait, elle marquerait une nouvelle étape majeure dans ce conflit qui dure depuis un an.

Les communications sont coupées dans une grande partie du nord de l’Ethiopie et l’accès des journalistes est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante des informations données par les deux parties.

Lundi, des habitants de Kombolcha joints par l’AFP ont raconté avoir entendu des coups de feu sans interruption jusqu’au petit matin, certains évoquant également une frappe aérienne.

« La nuit a été marquée par de nombreux coups de feu », a déclaré Mohammed qui a refusé de donner son nom de famille pour des raisons de sécurité. « J’ai entendu une frappe aérienne après minuit à l’extérieur de Kombolcha », a-t-il ajouté.

Hamdiu, un commerçant, a lui aussi déclaré avoir entendu ce qui ressemblait à une frappe aérienne vers minuit, en plus « d’énormes coups de feu (…) jusqu’à ce matin ».

Une porte-parole du gouvernement a démenti, assurant à l’AFP qu' »il n’y a pas eu de frappe aérienne sur Kombolcha durant la nuit ».

Les autorités éthiopiennes ont accusé le TPLF d’avoir « exécuté sommairement plus de 100 jeunes habitants de Kombolcha », sans fournir de détail. Le TPLF n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP.

Les Etats-Unis « alarmés »

L’AFP n’a pu joindre des habitants de Dessie, où des combats ont été rapportés dimanche.

Le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken s’est dit « alarmé » par la situation, appelant sur Twitter à un arrêt des combats et à « des négociations de cessez-le-feu sans conditions préalables ».

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a également exhorté les belligérants à cesser les combats, « à lever le blocus de l’aide humanitaire et s’abstenir de tout discours de haine ». Il a dit souhaiter des négociations sous l’égide du Haut représentant de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique, Olusegun Obasanjo.

Débuté en novembre 2020, le conflit au Tigré connaît un spectaculaire revirement de situation ces derniers mois.

Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, avait proclamé la victoire le 28 novembre, après avoir envoyé l’armée au Tigré pour destituer les autorités régionales dissidentes, issues du TPLF.

Mais les rebelles ont repris l’essentiel de la région en juin, forçant les troupes gouvernementales à se retirer largement. Ils ont poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar.

Le porte-parole du TPLF Getachew Reda – qui a menacé en juillet de « marcher sur Addis Abeba (…) pour défendre le Tigré » – a déclaré que le TPLF n’avait « d’autre motivation que de briser le siège meurtrier » sur la région, en proie à une grave crise humanitaire.

Le conflit a poussé 400.000 personnes au bord de la famine au Tigré, selon l’ONU.

La propagation des combats en Afar et Amhara a également déplacé des centaines de milliers de personnes. En septembre, les autorités amhara estimaient qu’au moins 233.000 civils avaient trouvé refuge à Dessie et Kombolcha.

« Mourir pour l’Ethiopie »

Abiy Ahmed a exhorté dimanche les Éthiopiens à utiliser « n »importe quelle arme (…) pour bloquer le TPLF destructeur, le renverser et l’enterrer ».

« Mourir pour l’Éthiopie est un devoir pour nous tous », a-t-il déclaré sur Facebook.

L’administration amhara a, elle, publié un décret ordonnant à toutes les institutions de suspendre leurs services réguliers et de consacrer leurs budgets et leur énergie à « la campagne de survie ».

L’Armée de libération oromo (OLA), groupe rebelle de l’ethnie oromo avec qui le TPLF a fait alliance en août, a dans le même temps annoncé que ses combattants étaient entrés à Kemise et Senbete, villes situées au sud de Kombolcha sur l’autoroute A2 menant à Addis Abeba. Senbete est située à 260 kilomètres d’Addis.

Avec Le Point avec AFP

Ethiopian Airlines et Boeing veulent faire de l’Ethiopie le hub de l’aviation africaine

août 31, 2021
Ethiopian Airlines et Boeing veulent faire de l’Ethiopie le hub de l'aviation africaine

(Agence Ecofin) – Ethiopian Airlines, premier opérateur d’avions Boeing sur le continent, règne sans concurrence dans le ciel africain depuis plusieurs années. Talonnant les meilleurs mondiaux, la compagnie éthiopienne entend maintenant  ériger une solide chaîne de valeurs dans l’industrie aéronautique nationale.

Ethiopian Airlines et Boeing renforcent leur partenariat. La compagnie membre de Star Alliance et l’avionneur américain ont annoncé, mardi 30 août, la signature d’un protocole d’accord (MoU) stratégique visant à positionner l’Ethiopie en tant que plaque tournante de l’aviation en Afrique. Ce nouveau partenariat triennal, qui cimente les 70 ans d’histoire commune des deux parties dans l’aviation, s’appuiera sur quatre domaines de collaboration stratégiques : le développement industriel, la formation avancée en aviation, le partenariat éducatif et le développement du leadership.

A cet effet, des équipes pluridisciplinaires conjointes ont été constituées pour son implémentation. « Je suis très heureux non seulement de signer ce protocole d’accord historique avec notre partenaire aéronautique de longue date, Boeing, mais également de la mise en œuvre de jalons », a déclaré M. Tewolde GebreMariam, PDG du groupe Ethiopian Airlines. « Nous travaillons en collaboration avec Boeing sur différents projets à grande échelle dans l’aviation depuis plus de 70 ans pour desservir le continent africain et ce partenariat élargit et renforce nos capacités dans de multiples domaines ».

En vertu de cet accord, les deux parties se donnent pour mission d’ériger Ethiopian Aviation Academy en tant que centre de référence mondiale dans la formation aéronautique. Pour se faire, des collaborations à venir sont annoncées avec des établissements d’enseignement hautement qualifiés et des partenaires de l’industrie aéronautique afin d’élaborer des programmes d’apprentissage et d’ouvrir des filières qui répondent aux besoins du marché.

En s’y mettant, Ethiopian Airlines et Boeing entendent ainsi développer les générations actuelles et futures de dirigeants en Ethiopie au profit de l’Afrique. Le constructeur américain s’est en outre engagé à développer localement la capacité de fabrication et le service après – vente des produits aéronautiques, le but étant de rendre l’Éthiopie compétitif à l’échelle mondiale.

Par Ecofin par Romuald Ngueyap

En Ethiopie, la jeunesse est appelée à prendre les armes pour freiner l’avancée des rebelles du Tigré

juillet 31, 2021

Cette campagne d’enrôlement express vise à renforcer une armée fédérale aux abois après des mois de guérilla dans la province du nord.

Henok Ashenafi se dit prêt à tout sacrifier. Ce jeune homme de 27 ans, légèrement bedonnant, vient d’abandonner l’épicerie qu’il tient à Addis-Abeba, la capitale de l’Ethiopie, et laisse sa femme derrière lui. Lui qui n’a jamais manipulé un fusil de sa vie part aujourd’hui à la guerre. « Un entraînement rapide me suffira pour être en forme et capable de combattre le Front de libération du peuple du Tigré [FLPT] », claironne-t-il, quelques heures avant son départ.

Ce jour de la fin juillet, à Addis-Abeba, ils sont plus de 3 000 à avoir répondu à l’appel du gouvernement. Alors que les troupes fédérales éthiopiennes sont engagées depuis neuf mois dans une opération militaire sans issue contre les forces rebelles de la province septentrionale du Tigré, les autorités appellent la jeunesse à prendre les armes.

Sur la grande place Meskel, en plein centre de la capitale, les nouvelles recrues sont exhibées par la mairie d’Addis-Abeba, face à un public majoritairement composé de fonctionnaires de la capitale éthiopienne. Sur l’estrade où se produit la fanfare de l’armée nationale, un slogan proclame en grosses lettres : « Tant que nous serons là, l’Ethiopie ne sera pas vaincue par une guerre par procuration. » La municipalité a convoqué ses associations pour participer au spectacle : un groupe de supporteurs d’un club de football de la capitale, des vétérans de l’armée éthiopienne et même l’équipe de taekwondo de la ville. Autour, pourtant, la vie suit son cours. L’événement n’attire que peu de curieux.

« En finir avec ce cancer »

Henok Ashenafi et ses comparses arborent tous un tee-shirt aux couleurs de l’armée éthiopienne et une casquette kaki marquée de l’inscription « L’Ethiopie nous appelle ». Mais sous leurs attirails militaires, les nouveaux appelés cachent des motivations diverses. « Le FLPT m’a terrorisé depuis ma naissance », lâche Temesgen Hailu, un maçon de 26 ans, accusant le parti tigréen d’avoir depuis toujours attisé les divisions ethniques dans le pays. « Je m’engage pour en finir une bonne fois pour toutes avec ce cancer », insiste-t-il, reprenant l’expression utilisée par le premier ministre Abiy Ahmed pour qualifier le FLPT.

Girma Takele, 18 ans, originaire de la région Oromia, la plus vaste du pays, explique quant à lui que rejoindre l’armée est le moyen « d’avoir enfin un travail », lui qui peinait à trouver comment gagner sa vie.

Ces derniers jours, l’enrôlement massif de la jeunesse éthiopienne se déroule dans la précipitation. Les rebelles tigréens progressent dans les régions Amhara et Afar, voisines du Tigré, menaçant de couper la route qui relie Addis-Abeba à Djibouti, un axe d’approvisionnement vital pour la capitale éthiopienne.

Des troupes fédérales émaciées

La guerre du Tigré, débutée en novembre 2020, a longtemps été confinée à la province du nord. Les troupes éthiopiennes, épaulées par l’armée érythréenne et les forces spéciales de la région Amhara, ont repoussé des mois durant les soldats du FLPT dans le maquis. Fin juin, lors d’une spectaculaire contre-offensive, les rebelles ont repris le contrôle de la quasi-totalité de la province, forçant l’armée nationale à une humiliante retraite.

Déterminé à récupérer un territoire de l’ouest du Tigré (le Wolkait) aujourd’hui contrôlé et revendiqué par les nationalistes amhara, le FLPT continue de se battre. En guise de riposte, la région Amhara a décidé de conscrire tous les hommes de plus de 18 ans possédant une arme. La levée massive de ces miliciens ainsi que la diffusion d’un discours identitaire font craindre un basculement dans la guerre civile.

Le pouvoir éthiopien tente de rester dans le jeu malgré l’effondrement de son armée nationale. Privées des nombreux généraux tigréens dès le début de la guerre, les troupes fédérales sortent émaciées de sept mois de guérilla dans les montagnes du Tigré. Au moins 6 000 soldats ont été faits prisonniers. Des milliers d’autres ont péri. De nombreuses armes lourdes ont été détruites ou récupérées par les rebelles.

« La soudaine vague de recrutement s’explique par une urgence militaire », confirme un humanitaire qui souhaite garder l’anonymat. « Sans réelle capacité opérationnelle, l’armée mise maintenant sur l’effet de nombre », ajoute-t-il.

« Ramassés de force dans la rue »

Questionnée sur l’ampleur des recrutements, Billene Seyoum, la porte-parole du premier ministre, n’a pas souhaité avancer de chiffre. Au moins cinq des dix régions éthiopiennes sont concernées par ces opérations de mobilisation, précise la porte-parole. « Ces individus veulent donner leur vie pour l’Ethiopie, assure-t-elle. Ils montrent leur solidarité en s’engageant dans l’armée. »

Pourtant, plusieurs partis d’opposition de la région Oromia interrogés par « Le Monde Afrique » affirment que ces jeunes hommes et femmes sont loin d’être toujours volontaires. « Certains s’inscrivent parce qu’ils n’ont pas de travail ou de famille. Mais la plupart ont été ramassés de force dans la rue », rapporte un membre du Congrès fédéraliste oromo (OFC).

Ce propos, même s’il émane d’un parti d’opposition, jette le doute sur les prétentions d’Abiy Ahmed qui revendiquait, le 6 juillet, sa capacité à lever une force nationale en quelques jours seulement. « En une, deux ou trois semaines, 100 000 forces spéciales entraînées, armées et organisées peuvent être mobilisées. Si la force spéciale n’est pas suffisante, si une milice est nécessaire, en un ou deux mois, un demi-million de miliciens peuvent être mobilisés », affirmait-il.

Depuis les revers subis par son armée, le premier ministre, lui-même ancien lieutenant-colonel, multiplie les discours emphatiques pour appeler à la mobilisation. « Il n’y a pas d’engagement plus courageux que celui de servir son pays sans repos, de donner son amour sans hésitation et de se sacrifier pour ces principes », clamait-il sur son compte Twitter le 26 juillet.

La population incitée à mettre la main à la poche

Mais la guerre coûte cher. L’économie sort exsangue du conflit tigréen. L’Etat y a déjà consacré quelque 2,3 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros), soit la moitié du coût du grand barrage de la Renaissance sur le Nil, en construction depuis 2011. Outre la recherche de nouvelles recrues pour partir au front, le gouvernement éthiopien appelle donc la population à mettre la main à la poche. La région Amhara et la ville d’Addis-Abeba relaient quotidiennement des dizaines de numéros de comptes bancaires sur les réseaux sociaux, espérant voir affluer les dons de la population.

« Difficile de dire aujourd’hui combien d’argent nous est parvenu par ce canal, reconnaît Abdi Tsegaye, porte-parole de la mairie de la capitale. Mais les commerçants ont participé en nombre. » Près de 24 millions de dollars ont été récoltés dans les rues d’Addis-Abeba, selon la municipalité. Certains commerçants, notamment des bijoutiers, affirment pourtant que les autorités ne leur ont pas laissé le choix, les menaçant de difficultés administratives s’ils ne contribuaient pas.

Passée l’euphorie patriotique, Henok, Girma, Temesgen et les autres se retrouveront rapidement sur le champ de bataille. Ils n’ont pourtant aucune expérience militaire, et ne savent pas très bien ce qui les attend avant d’aller combattre.

L’armée éthiopienne, la mairie d’Addis-Abeba et le bureau du premier ministre n’ont pas souhaité préciser la nature des entraînements qui doivent leur être proposés. Une source gouvernementale dans la capitale éthiopienne glisse que ces jeunes sont envoyés directement en région Afar, sans formation préalable et parfois même sans armes.

Par Le Monde avec Noé Hochet-Bodin (Addis-Abeba, correspondance)

Éthiopie: la crise au Tigré se poursuit, dénonce Amnistie internationale

avril 15, 2021

NAIROBI, Kenya — Des soldats érythréens sont toujours déployés dans la région éthiopienne troublée du Tigré et continuent à tuer des civils plusieurs semaines après que l’Éthiopie eut promis leur départ, dénonce Amnistie internationale.

© Fournis par La Presse Canadienne

Le Conseil de sécurité des Nations unies doit discuter de la situation au Tigré au cours des prochaines heures. Des milliers de personnes ont déjà perdu la vie et les États-Unis ont soulevé des allégations de nettoyage ethnique dans la partie occidentale de cette région de six millions d’habitants.

Le nettoyage ethnique désigne le déplacement de certains habitants par la violence, souvent par le biais de meurtres et de viols.

Citant plusieurs témoins, Amnistie internationale a indiqué dans un communiqué que des soldats érythréens qui traversaient la ville d’Adwa, lundi, ont commencé à tirer sans raison sur les habitants, faisant au moins trois morts et 19 blessés.

Six victimes auraient été touchées grièvement, selon un employé de l’hôpital local.

La directrice régionale d’Amnistie, Sarah Jackson, a qualifié la fusillade «d’autre attaque illégale par les forces érythréennes contre les civils du Tigré».

Malgré les nombreux gains réalisés au cours des dernières décennies, un trop grand nombre de femmes dans le monde se voient toujours refuser l’égalité des droits avec les hommes. Trop souvent, les femmes sont la cible de violence et de discrimination en raison de leur sexe. Voici 50 photos inspirantes de partout dans le monde relatant la lutte des femmes pour leurs droits au fil des ans.

Une porte-parole du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, Billene Seyoum, n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.

M. Abiy a reconnu publiquement pour la première fois le mois dernier, après l’avoir nié pendant plusieurs mois, que des soldats érythréens se trouvaient au Tigré. Le secrétaire général de l’ONU a déjà dit que M. Abiy lui avait «garanti» qu’aucun soldat érythréen ne se trouvait au Tigré.

L’Éthiopie a récemment annoncé que les forces érythréennes avaient commencé à se replier.

Mais des témoins ont confié à l’Associated Press que des soldats circulent librement dans certaines régions du Tigré, pillant et tuant, alors qu’ils appuient les forces éthiopiennes et leurs alliés qui traquent les leaders en fuite de la région. Le gouvernement érythréen est un ennemi de longue date des leaders du Tigré.

Des combats meurtriers se poursuivent dans plusieurs secteurs du Tigré. Une querelle politique entre M. Abiy et les leaders du Tigré, qui ont dominé le gouvernement éthiopien pendant trente ans, s’est transformée en guerre ouverte.

– Par The Associated Press avec La Presse Canadienne

Éthiopie : plus de 160 personnes tuées dans des manifestations et des heurts communautaires

juillet 5, 2020

Un homme brandit le drapeau de l'Oromo Liberation Front (OLF), à Addis Ababa, en septembre 2015.

Un homme brandit le drapeau de l’Oromo Liberation Front (OLF), à Addis Ababa, en septembre 2015. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

 

Au moins 166 personnes ont perdu la vie au cours des manifestations et des heurts communautaires qui ont secoué l’Éthiopie depuis le meurtre lundi d’un chanteur vedette, a annoncé samedi la police.

« Après la mort d’Hachalu, 145 civils et 11 membres des forces de sécurité ont perdu la vie dans des troubles dans la région », a affirmé le chef-adjoint de la police de l’État d’Oromia, Girma Gelam, dans un communiqué diffusé sur la télévision d’État Fana Broadcasting Corporate. Dix autres personnes, dont deux policiers, ont été tuées à Addis Abeba, selon la police de la capitale.

Girma Gelam a aussi fait état de 167 personnes « sérieusement blessées » et d’un millier d’arrestations. Il a assuré que les violences avaient « complètement cessé ». Parmi les 166 morts, certains ont été tués par les forces de sécurité et d’autres dans des affrontements entre membres de diverses communautés.

Ces violences mettent en lumière les tensions ethniques grandissantes en Éthiopie et soulignent la fragilité de la transition démocratique mise en oeuvre par le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la Paix 2019. Depuis son accession au pouvoir, il s’est efforcé de réformer un système jusque-là très autoritaire. Mais ce faisant, il a ouvert la porte aux violences intercommunautaires qui mettent à l’épreuve le système éthiopien de fédéralisme ethnique.

Porte-voix des Oromo

Le chanteur Hachalu Hundessa a été assassiné lundi soir à Addis Abeba. Bien qu’apprécié d’Éthiopiens d’origines diverses, il a surtout été le porte-voix des Oromo, qui avaient dénoncé leur marginalisation économique et politique lors des manifestations antigouvernementales ayant débouché en 2018 sur l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed, un membre de cette communauté.

Ses textes très politiques exprimaient les frustrations de ce groupe ethnique, le plus important par le nombre, mais qui s’est longtemps estimé marginalisé économiquement et politiquement.

Aujourd’hui, de nombreux nationalistes Oromo se sentent trahis par le Premier ministre, qu’ils accusent de ne pas faire suffisamment pour défendre les intérêts de sa communauté, et d’avoir laissé les forces de sécurité ouvrir le feu sur les manifestants, à Addis Abeba et en région Oromia, le plus large des États fédérés éthiopiens, qui enserre la capitale.

Arrestation de Jawar Mohammed

Car Addis Abeba est bien au coeur de la crise actuelle : située en territoire oromo, elle dispose d’un statut spécial, et les Oromo estiment en avoir été déplacés au fil de l’Histoire. C’est d’ailleurs un plan du gouvernement fédéral prévoyant l’extension de la capitale vers l’Oromia qui avait déclenché en 2015 les manifestations antigouvernementales.

Hachalu n’était pas qu’un individu, il était comme les yeux du peuple Oromo »

Cette semaine, c’est le désir des nationalistes oromo de voir Hachalu être inhumé à Addis Abeba, et non dans sa ville natale d’Ambo, à 100 km à l’ouest de la capitale, qui a mis le feu aux poudres.

Selon les autorités fédérales, des nationalistes oromo comptant dans leurs rangs un populaire dirigeant d’opposition, Jawar Mohammed, ont intercepté mardi la dépouille d’Hachalu entre Addis Abeba, où le chanteur a été assassiné, et Ambo où il devait être inhumé, provoquant un affrontement avec la police et l’arrestation de Jawar Mohammed, qui a encore aggravé les tensions. Et jeudi, lors des funérailles à Ambo, des soldats ont ouvert le feu sur un groupe venu assister aux obsèques, faisant deux morts.

Marginalisation

Le mois dernier, Hachalu avait appelé au retrait de la statue proméminente de l’empereur Menelik II, dans le quartier de Piasa de la capitale, désormais sous protection policière. Si Menelik est respecté par beaucoup comme le fondateur de l’Éthiopie moderne, c’est de son règne que les nationalistes oromo datent le début de la marginalisation qu’ils dénoncent.

Pour bon nombre de manifestants, la mort d’Hachalu d’un côté, la protection policière autour de la statue de Menelik de l’autre témoignent des priorités que se fixe le gouvernement.

« Alors qu’ils auraient du protéger Hachalu, ils protégeaient une statue », déplore Firaol, l’un des étudiants réunis à Legetafo, près d’Addis Abeba, pour écouter les chansons du chanteur vedette éthiopien. « Hachalu n’était pas qu’un individu, il était comme les yeux du peuple Oromo. Maintenant, ils nous ont aveuglés ».

Par Jeune Afrique avec AFP