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L’eau de notre planète serait plus vieille que le Soleil

mars 13, 2023

Selon une étude parue dans « Nature », l’eau terrestre était déjà présente dans le nuage de gaz où notre étoile devait encore se former.

Vue d'artiste montrant le disque de formation de planetes autour de la protoetoile V883 Orionis. Dans la partie la plus externe du disque, l'eau est gelee sous forme de glace et ne peut donc pas etre facilement detectee. Une explosion d'energie en provenance de l'etoile naissante chauffe le disque interne a une temperature ou l'eau est a l'etat gazeux, ce qui permet aux astronomes de la detecter.
Vue d’artiste montrant le disque de formation de planètes autour de la protoétoile V883 Orionis. Dans la partie la plus externe du disque, l’eau est gelée sous forme de glace et ne peut donc pas être facilement détectée. Une explosion d’énergie en provenance de l’étoile naissante chauffe le disque interne à une température où l’eau est à l’état gazeux, ce qui permet aux astronomes de la détecter. © European Southern Observatory / ESO/ L. Calçada

S’il n’y avait pas eu d’eau sur Terre, la vie n’y serait très probablement jamais apparue. Il faut dire que ses propriétés facilitent les réactions chimiques comme aucun autre liquide. La question de l’origine de ce précieux fluide, particulièrement abondant sur notre planète, est donc fondamentale pour mieux comprendre d’où nous venons.

Pour tenter de remonter la piste de l’eau terrestre, les scientifiques utilisent sa signature isotopique. En clair, si un élément chimique, comme l’hydrogène de l’eau, correspond à un unique atome, il en existe toutefois plusieurs variétés. Ces variantes, que l’on appelle des isotopes, possèdent des propriétés chimiques quasi identiques, le même nombre de protons et d’électrons, mais un nombre différent de neutrons. De fait, il existe donc deux types d’eau : l’eau ordinaire (H²O), à base d’hydrogène (H) dépourvu de neutron, et l’eau lourde (D²O), faite d’un isotope de l’hydrogène doté d’un neutron, le deutérium (D), bien plus rare.

La signature de l’eau

Dans la nature, les deux sont mélangés, de sorte qu’en mesurant l’abondance respective du deutérium et de l’hydrogène (rapport D/H) on obtient une sorte de signature de l’eau étudiée. C’est ainsi que les scientifiques se sont, par exemple, aperçus que des météorites, les chondrites carbonées, véritables fossiles de la formation du système solaire, incorporent des minéraux hydratés dont l’eau présente un rapport D/H – autrement dit une signature isotopique – très proche de celui de l’eau de nos océans.

Mais en quoi ce rapport D/H est-il particulièrement significatif pour retracer l’origine de l’eau terrestre ? « Pour le comprendre, il faut savoir que tout l’hydrogène et tout le deutérium qui existent dans le cosmos se sont formés au début de l’Univers et qu’on n’en a pas fabriqué depuis. Il s’agit des premiers atomes à partir desquels tous les autres éléments chimiques ont été produits, par fusion nucléaire, dans le cœur des générations successives d’étoiles », nous explique l’astronome et chimiste Cecilia Ceccarelli, chercheuse à l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble. Or on estime qu’il y avait, au début de l’Univers, environ 1 atome de deutérium pour 100 000 atomes d’hydrogène.

Qu’en est-il du rapport D/H de l’eau terrestre ? On y trouve environ 1 atome de deutérium pour 10 000 atomes d’hydrogène, soit dix fois plus : voilà qui n’est pas anodin ! L’eau terrestre a donc subi une transformation qui fait qu’elle contient plus d’eau lourde qu’attendu. Autrement dit, un ou plusieurs processus l’ont enrichie en deutérium. Mais alors, où et quand ?

Un embryon de système solaire

Ces images du disque autour de la protoétoile V883 Orionis, prises par le radiotélescope Alma, montrent la distribution spatiale de l’eau (à gauche, orange), de la poussière (au milieu, vert) et du monoxyde de carbone (bleu, à droite). Comme l’eau gèle à des températures plus élevées que le monoxyde de carbone, elle ne peut être détectée sous forme gazeuse que plus près de l’étoile. L’écart apparent entre les images de l’eau et du monoxyde de carbone est en fait dû à l’émission brillante de la poussière, qui atténue l’émission du gaz.© European Southern Observatory/Ama (ESO/NAOJ/NRAO)/J. Tobin, B. Saxton (NRAO/AUI/NSF)

Une nouvelle étude publiée cette semaine dans la revue Nature vient nettement confirmer ce que les spécialistes de la question, comme l’Italienne Cecilia Ceccarelli, subodorent depuis déjà quelque temps : l’eau que nous buvons, et que les dinosaures ont bue avant nous, s’est formée avant notre propre étoile, dans le nuage de gaz où le Soleil n’était encore qu’en gestation. Elle est donc plus vieille que le Soleil lui-même ! C’est du moins ce que suggèrent des observations réalisées grâce au radiotélescope Alma de l’Observatoire européen austral (ESO), qui ont permis de trouver, en quelque sorte, le chaînon manquant de l’histoire.

En effet, les astronomes ont pu détecter de l’eau à l’état gazeux dans un disque où l’on pense que vont se former des planètes autour de l’étoile naissante (ou protoétoile) V883 Orionis, située à environ 1 300 années-lumière de la Terre. Un objet qui est considéré comme un analogue des premiers instants de la formation de notre propre système solaire. Or non seulement les chercheurs sont parvenus à détecter de l’eau autour de la protoétoile mais ils ont également pu « lire » sa signature isotopique.

Résultat : son rapport deutérium/hydrogène est là aussi étonnamment élevé, encore plus que celui de l’eau terrestre. C’est donc bien dans les nuages de gaz où se forment les étoiles que l’eau des systèmes planétaires est enrichie en deutérium. Elle qui aura peut-être quelque part, comme sur Terre, fait le lit de la vie.

Avec Le Point par Chloé Durand-Parenti

Pour vivre plus longtemps, il faut dormir mieux

février 24, 2023

Selon une étude scientifique, il faudrait privilégier la qualité à la quantité du sommeil. Cela irait jusqu’à jouer sur notre espérance de vie.

Selon cette etude, les hommes sont avantages s'ils respectent les cinq criteres de bon sommeil. Ils gagneraient en effet 4,7 ans d'esperance de vie, contre 2,4 ans pour les femmes. Des chiffres encore inexpliques, d'autres recherches devront etre faites pour determiner les raisons de cet avantage masculin. (Image d'illustration)
Selon cette étude, les hommes sont avantagés s’ils respectent les cinq critères de bon sommeil. Ils gagneraient en effet 4,7 ans d’espérance de vie, contre 2,4 ans pour les femmes. Des chiffres encore inexpliqués, d’autres recherches devront être faites pour déterminer les raisons de cet avantage masculin. (Image d’illustration)© SCIENCE PHOTO LIBRARY / R3F / Science Photo Library via AFP

Pour bien vivre, il faut bien dormir. Jusqu’ici, rien d’étonnant, c’est une affirmation commune. Sauf que selon Frank Qian, clinicien au Beth Israel Deaconess Medical Center de Boston, aux États-Unis, il faut aller plus loin. Selon ses études, il faut privilégier la qualité du sommeil à la quantité. Il a établi les cinq facteurs garantissant un bon sommeil, qu’il a expliqués au Guardian : « Il faut dormir entre sept et huit heures par nuit, ne pas être sujet à l’insomnie plus de deux fois par semaine, ne pas avoir du mal à s’endormir plus de deux fois par semaine, ne pas utiliser de somnifères et se sentir reposé après le réveil au moins cinq jours par semaine. »

Pour en arriver à de telles conclusions, le chercheur et son équipe ont analysé les données du sommeil de 172 321 personnes, d’une cinquantaine d’années en moyenne, pendant un peu plus de quatre ans. Durant cette période, 8 681 personnes de l’enquête sont mortes. L’étude, qui sera présentée en détail au début du mois de mars, est catégorique : les personnes rassemblant les cinq facteurs du sommeil de qualité « avaient 30 % de risque en moins de mourir toutes causes confondues, 21 % de risque en moins de succomber d’une maladie cardiovasculaire et 19 % en moins de mourir d’un cancer ».

« Je pense que ces résultats soulignent qu’il ne suffit pas d’avoir suffisamment d’heures de sommeil. Il faut vraiment avoir un sommeil réparateur et ne pas avoir trop de mal à s’endormir et à rester endormi. Si les gens ont tous ces comportements de sommeil idéaux, ils sont plus susceptibles de vivre plus longtemps. Donc, si nous pouvons améliorer le sommeil en général, et que l’identification des troubles du sommeil est particulièrement importante, nous pourrons peut-être prévenir une partie de mortalité prématurée », insiste Frank Qian.

Les hommes avantagés

Toujours selon cette étude, les hommes sont avantagés s’ils respectent les cinq critères de bon sommeil. Ils gagneraient en effet 4,7 ans d’espérance de vie, contre 2,4 ans pour les femmes. Des chiffres encore inexpliqués, d’autres recherches devront être faites pour déterminer les raisons de cet avantage masculin.

Si les personnes étudiées étaient pour la plupart quinquagénaires, les conclusions sont valables pour tout le monde, selon Frank Qian : « Même dès le plus jeune âge, si les gens peuvent développer ces bonnes habitudes de sommeil consistant à dormir suffisamment, à s’assurer qu’ils dorment sans trop de distractions et à avoir une bonne hygiène de sommeil dans l’ensemble, cela peut grandement bénéficier à leur santé globale à long terme. »

L’enquête scientifique contient cependant un bémol dans sa méthodologie : les habitudes de sommeil étaient autodéclarées par les personnes y participant, et non mesurées objectivement par les scientifiques.

Par Martin Pereira pour Le Point

L’obésité augmente fortement chez les jeunes Français

février 20, 2023
L'obesite augmente fortement chez les jeunes Francais
L’obésité augmente fortement chez les jeunes Français© AFP/Archives/PHILIPPE HUGUEN

La part de Français obèses a continué à augmenter ces dernières années, avec une hausse particulièrement marquée chez les plus jeunes adultes, ont détaillé lundi des chercheurs menant une étude de référence sur le sujet.

L’obésité connaît « une augmentation qui est forte dans les classes d’âge les plus jeunes », a résumé Annick Fontbonne, épidémiologiste à l’Inserm, lors d’une conférence de presse.

La chercheuse a détaillé une étude qu’elle a menée sur la proportion d’adultes obèses ou en surpoids en France en 2020.

Selon cette étude, effectuée par sondage auprès d’environ 10.000 personnes représentatives de la population, près de la moitié des Français –47 %– pèseraient un poids trop élevé par rapport aux recommandations médicales.

Parmi eux, un sixième des Français (17 %) seraient obèses, c’est-à-dire à un niveau de poids considéré comme maladif par opposition à un simple surpoids.

Cette étude est une référence sur le sujet de l’obésité et du surpoids en France, car elle est régulièrement effectuée depuis la fin des années 1990.

Elle est donc intéressante pour évaluer l’évolution de l’obésité et du surpoids. Or, si ce dernier tend à se stabiliser voir diminuer depuis une décennie, l’obésité continue à toucher de plus en plus de Français.

Ces résultats étaient déjà globalement connus, car ils avaient été rendus publics l’an dernier par la Ligue contre l’Obésité, association qui a relancé cette étude après une période d’inactivité.

Mais ils font désormais l’objet d’une publication dans une revue, le Journal of Clinical Medicine, et dans l’intervalle, les chercheurs ont pu affiner leurs conclusions.

Ils ont donc remarqué que la hausse de l’obésité frappait particulièrement les 18-24 ans. Ces derniers sont, dans l’absolu, la classe d’âge la moins touchée avec un dixième –9,2 %– d’obèses, mais cette part a quadruplé depuis une vingtaine d’années.

Autre conclusion notable, l’obésité est plus ou moins fréquente selon les régions: elle touche plus de 20 % des personnes interrogées dans les Hauts-de-France ou le Grand Est.

Cette répartition géographique correspond notamment à des réalités socio-économiques, les régions les plus pauvres tendant à être plus affectées.

« Les gens ne sont pas +addicts+ à la mauvaise bouffe mais ils sont incités à en acheter parce que c’est moins cher », relève Mme Fontbonne. « Les aliments de bonne qualité, les aliments que l’on dit sains, ils sont généralement plus chers »

Avec Le Point.fr par AFP

Une étude affirme que les humains ont davantage besoin de sommeil en hiver

février 19, 2023

Plusieurs chercheurs allemands ont mis en évidence le besoin supérieur de sommeil pendant les mois les plus froids de l’année chez l’humain.

Le corps humain a besoin d'un sommeil plus profond en hiver, selon une etude. (Photo d'illustration).
Le corps humain a besoin d’un sommeil plus profond en hiver, selon une étude. (Photo d’illustration).© Vanessa Meyer Wirckel / MAXPPP / PHOTOPQR/L’ALSACE

De nouvelles recherches suggèrent que, même si les humains n’hibernent pas, ils ont besoin de plus de sommeil pendant les mois les plus froids, rapporte The Guardian. L’analyse de personnes soumises à une étude sur le sommeil a révélé que les individus dorment davantage en hiver. Ainsi, la durée totale du sommeil semble être plus longue d’environ une heure en hiver qu’en été. Le sommeil paradoxal (dont on sait qu’il est directement lié à l’horloge circadienne, qui est affectée par les changements de lumière) est de 30 minutes plus long en hiver qu’en été.

L’étudesuggère que même dans une population urbaine dont le sommeil est perturbé, les humains connaissent un sommeil paradoxal plus long en hiver qu’en été et un sommeil moins profond en automne.

Une adaptation en fonction des saisons ?

Les chercheurs affirment que si les résultats de l’étude peuvent être reproduits chez les personnes ayant un sommeil sain, cela fournirait les premières preuves de la nécessité d’adapter les habitudes de sommeil aux saisons ; peut-être en se couchant plus tôt pendant les mois les plus sombres et les plus froids.

Le Dr Dieter Kunz, responsable de l’étude, qui exerce dans un hôpital en Allemagne, estime que « la saisonnalité est omniprésente chez tout être vivant sur cette planète ». « Même si nos performances restent inchangées pendant l’hiver, la physiologie humaine est régulée à la baisse, avec une sensation de ‘marche à vide’ en février ou en mars », indique-t-il. « En général, les sociétés doivent adapter leurs habitudes de sommeil, notamment la durée et le moment du sommeil, à la saison, ou adapter les horaires d’école et de travail aux besoins saisonniers en matière de sommeil », assure-t-il.

Avec Le Point.fr

Canada: La santé des jeunes Québécois se dégrade de façon « alarmante »

décembre 7, 2022

Selon une étude, la consommation maximale d’oxygène en aérobie des adolescents a diminué de 20 % depuis le début des années 1980.

Un adolescent regarde une tablette, allongé sur le plancher du salon.

Un adolescent devant un écran Photo : Istock

Des chercheurs de l’Université de Sherbrooke se sont penchés sur la santé cardiométabolique des jeunes Québécois. Ils observent une baisse importante des capacités physiques des enfants et adolescents de 6 à 17 ans.

De 2012 à 2017, le chercheur Mario Leone et son équipe se sont rendus dans six villes du Québec, soit Montréal, Québec, Laval, Trois-Rivières, Sherbrooke et Saguenay, pour soumettre 3700 jeunes au test Léger navette, mieux connu sous le nom du test du BIP.

La détérioration de la condition cardiovasculaire des jeunes québécois : entrevue avec Mario Leone

Ce test consiste à faire courir les participants sur une distance de 20 mètres, à répétition, à un rythme qui augmente chaque minute. L’inventeur de ce test reconnu mondialement, Luc Léger l’avait fait passer aux enfants du primaire et du secondaire en 1982.

Il est aussi coauteur de l’étude qui sera publiée dans la revue scientifique Frontiers in Public Health.

On est retournés administrer le test de la même façon, dans les mêmes villes, pour les mêmes groupes d’âge et je vous dirais même que dans certains cas on s’est probablement pointés dans les mêmes écoles. La situation est catastrophique. On s’en doutait, mais là, on en est certains, lance Mario Leone.

Les enfants s'échauffent en cercle au gymnase

Des enfants font des échauffements dans un gymnase. Photo: Radio-Canada/Anthony Azard

Des jeunes moins résistants à l’effort

Comparativement aux données de 1982, les chercheurs observent une diminution de la capacité VO2 max de 20 % à la fin de l’adolescence et une diminution de 30 % de la capacité fonctionnelle, c’est-à-dire la capacité d’effectuer une activité d’intensité modérée à intense.

Ça a diminué de telle sorte que chez les garçons, à 17 ans, tu as 58 % des jeunes qui ont un niveau qui les expose à des problèmes de santé. Chez les filles, c’est encore pire. C’est 70 % des filles qui, à 17 ans, sont exposées à développer des problèmes cardiométaboliques importants dans les années à venir, a affirmé le Dr Mario Leone en entrevue à l’émission Première heure, diffusée sur ICI PREMIÈRE.

Les résultats de la recherche démontrent également que 20 % des garçons et 30 % des filles ont réussi deux paliers ou moins lors du test, ce qui correspond à un effort faible à modéré pendant deux minutes. Et 10 % du groupe est tout simplement incapable de réussir un seul palier.

Des effets sur le réseau de la santé

Mario Leone s’inquiète pour la santé des jeunes, mais aussi pour les répercussions que cette dégradation aura sur le système de santé dans les années à venir.

On regarde beaucoup en avant chez les personnes âgées en se disant : « la population vieillit, ça va coûter plus cher ». Il faut aussi regarder ce qui s’en vient. Ce sont des jeunes qui vont devoir avoir des traitements pendant les 50, 60, 70 prochaines années, estime le professeur associé à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.

Un enfant souffrant d'obésité dont on ne voit pas le visage.

Selon l’étude, les adolescents pèsent en moyenne environ 7 kg de plus qu’en 1982, mais leur taille moyenne n’a pas changé. Photo: Radio-Canada

L’augmentation de la sédentarité au banc des accusés

La recherche s’est aussi intéressée au poids, à la taille et à l’indice de masse corporelle des participants. Elle a permis de constater que les adolescents pèsent en moyenne environ 7 kg de plus qu’en 1982, mais que leur taille moyenne n’a pas changé.

Aujourd’hui, on note chez des jeunes de 8, 9, 10 ans, des cas de diabète de type 2 de façon assez régulière, alors que ce n’était pas le cas dans les années 1980. On voit des adolescents qui ont des problèmes d’hypertension artérielle, illustre Mario Leone.

Au banc des accusés, l’augmentation de la sédentarité.

On sait très bien que depuis l’avènement des ordinateurs, des téléphones cellulaires, des jeux vidéo, le nombre de minutes et d’heures dédiées à des activités sédentaires a augmenté de façon exponentielle. Le temps que les jeunes passaient dehors ou dans des activités physiques est maintenant investi dans la sédentarité, se désole Mario Leone.

Le temps passé devant les écrans est sans doute en cause, mais il faut aussi, selon lui, prendre en compte le contexte socio-économique pour expliquer cette tendance.

Une des solutions : ajouter des heures d’éducation physique

Mario Leone estime tout de même qu’il est possible de renverser la vapeur. Il propose notamment d’ajouter des heures d’éducation physique au primaire et au secondaire.

Il faut aussi, selon lui, se doter d’outils de surveillance qui permettent d’enquêter sur la condition physique des jeunes plus souvent qu’aux 40 ans, dit-il.

Par Jean-François Nadeau avec la collaboration de Jean-Philippe Martin

Depuis le Covid, le temps d’écran des enfants a augmenté de 50 %

novembre 11, 2022

Selon une étude, le temps passé devant les écrans par les enfants a bondi entre janvier 2020 et mars 2022. Cela représente 1 h 24 supplémentaire.

Les jeunes ont du mal a lacher leurs ecrans depuis la pandemie (photo d'illustration).
Les jeunes ont du mal à lâcher leurs écrans depuis la pandémie (photo d’illustration).© Alexandre MARCHI / MAXPPP / PHOTOPQR/L’EST REPUBLICAIN/MAXPP

C’est un effet néfaste des confinements de 2020. Le temps moyen passé devant les écrans par les 3-18 ans est passé de 162 minutes par jour (2 h 42) à 246 minutes (4 h 6) par jour pendant la pandémie, selon une étude internationale portant sur 30 000 enfants de différentes nationalités. Les auteurs expliquent que « pour faire face à ces perturbations sans précédent des conditions de vie normales, de nombreux enfants et familles ont probablement utilisé des appareils numériques pour occuper leur temps durant la pandémie ».

Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs de l’université de Calgary, de l’Alberta Children’s Hospital Research Institute et de l’University College Dublin se sont appuyés sur 46 études portant sur la période de janvier 2020 à mars 2022. Ils soulignent que les adolescents de 12 à 18 ans sont ceux qui ont montré la plus grande augmentation de temps d’écran avec en moyenne 110 minutes supplémentaires par jour.

Promouvoir l’activité physique

L’étude pointe surtout une augmentation du temps passé devant son ordinateur ou son smartphone et l’explique par leur usage dans le cadre scolaire et la nécessité d’avoir des interactions avec ses proches, malgré les privations de sortie. Elle rappelle toutefois que maintenant que les confinements sont derrière nous, il serait bon de « modérer l’utilisation quotidienne de ces outils » et de « promouvoir l’activité physique sans appareil » chez les enfants et les adolescents.

Par Le Point

« Les fruits et légumes sont protecteurs, quel que soit leur statut ! »

juin 3, 2022

INTERVIEW. Une étude américaine suggère que les résidus de pesticides pourraient être nocifs pour la santé. Une hypothèse fragile, selon l’expert Denis Corpet.

Un etal de legumes.
Un étal de légumes.© PATRICK LEFEVRE / BELGA MAG / Belga via AFP

Pour avoir voulu alerter ses lecteurs des conclusions erronées qui pourraient être tirées de l’interprétation d’une étude aux nombreuses limites méthodologiques, Le Point s’est attiré les foudres de certains de ses confrères, qui avaient relayé ces travaux, pourtant riches d’enseignements. Afin d’éclairer le débat, nous avons soumis cette étude à Denis Corpet, ancien professeur émérite « Hygiène et Nutrition humaine » à l’École nationale vétérinaire, à Toulouse, et ancien directeur de l’équipe Inra « Aliments et Cancers » (laboratoire ToxAlim, Toulouse). Il est l’un des 22 experts internationaux ayant participé en 2015 au Groupe de travail sur « viande et cancer » au Centre international de recherche sur le cancer. Interview.

Le Point : Une étude publiée en janvier dans le Environmental Journal, conduite par une équipe de chercheurs des départements de nutrition, d’épidémiologie et de santé environnementale de l’université Harvard, suggère que « la présence de traces de pesticides sur les fruits et les légumes est susceptible d’annuler les bénéfices de leur consommation pour la santé ». Ce résultat a été obtenu en suivant trois grandes cohortes épidémiologiques regroupant 160 000 Américains. Comment les chercheurs ont-ils travaillé ?

Denis Corpet : Il faut d’abord souligner que l’équipe de Harvard travaille depuis très longtemps, et reste l’une des meilleures équipes d’épidémiologie du monde. Les cohortes sur lesquelles elle appuie ses travaux, constituées au départ d’infirmières et de membres du personnel de santé, permettent des analyses solides. Tous les quatre ans, leurs membres remplissent un questionnaire alimentaire auto-administré, renseignent les détails de leur mode de vie, leurs maladies, leur évolution… Jusqu’au décès. Pour étudier l’effet éventuel de résidus de pesticides sur la santé, l’équipe de Harvard a eu l’idée de croiser les données de leur cohorte avec le contenu en pesticide supposé des fruits et légumes, estimé à partir d’une autre base de données, tenue par l’administration américaine. Ils ont trouvé que les gens qui mangent des fruits et légumes réputés contenir moins de pesticides voient leur mortalité réduite de 36 % par rapport à ceux qui en consomment plus. Il est normal qu’ils publient ces résultats. Mais leur étude n’annule pas ce qui a été démontré précédemment, et de façon répétée : que les fruits et légumes sont protecteurs, quel que soit leur statut !

Vous voulez dire que cette étude ne prouve pas d’effets particuliers des résidus de pesticides ?

Non, c’est pourquoi leur conclusion demeure très prudente, sous la forme d’une simple hypothèse : « Notre étude suggère, écrivent-ils, que le contenu en pesticides des fruits et légumes pourrait annuler l’effet bénéfique des fruits et légumes. » Mais ce n’est absolument pas prouvé.

Je comprends très bien que des gens qui ont peur des pesticides a priori se soient dit : « J’arrête de manger des fruits et légumes, c’est trop dangereux. » Et c’est réellement dramatique, car la santé globale française va se dégrader !

Comment cela ?

Pour quantifier la teneur en résidus de pesticides des différents aliments, les auteurs se basent sur les statistiques établies, par prélèvement, par les autorités américaines. On sait, grâce à cette base, que certains fruits et légumes contiennent habituellement peu de pesticides, et d’autres beaucoup. Mais leur conclusion n’est pas du tout obtenue à partir de ces données, puisqu’ils n’ont pas étudié les pesticides, mais l’effet des fruits et légumes ! Leurs données montrent que les gens qui mangent un certain type de fruits et légumes (par exemple beaucoup de petits pois et d’oranges) ont moins de cancers et de maladies cardiovasculaires que ceux qui mangent beaucoup de pommes, de fraises et d’épinards. Cela confirme que certains fruits et légumes sont associés à une bien meilleure protection que d’autres. Nous le savions déjà : les oignons par exemple, qui contiennent beaucoup de phyto-nutriments (des composés soufrés), protègent beaucoup mieux que les pommes de terre. On sait également que les oranges protègent réellement contre le cancer de l’estomac, alors que la pomme, pas du tout. Or dans leur enquête, les oranges sont dans le groupe des produits peu contaminés, et les pommes dans celui des produits très contaminés. Mais objectivement, on ignore si l’effet bénéfique observé est lié à la présence moindre de pesticides, ou à la composition du fruit lui-même. L’hypothèse qu’ils formulent n’est absolument pas prouvée.

Que sait-on, aujourd’hui, de l’effet des aliments bio sur la santé ?

Très peu de choses, en réalité. On a observé que les agriculteurs, qui épandent ou sont au contact direct des pesticides, souffrent davantage de la maladie de Parkinson. Mais sur la population générale, il n’y a quasiment rien. Les études épidémiologiques sont complexes, car les différences observées entre les consommateurs de bio et les autres peuvent être attribuées à beaucoup d’autres facteurs, les consommateurs de bio prenant en général mieux soin de leur santé, ils fument moins, font plus de sport, etc. La meilleure étude qui ait été réalisée vient de l’équipe de Serge Hercberg, en France, à partir de la cohorte Nutrinet, et publiée sous la plume de Julia Baudry. Ils n’ont pas trouvé d’effet de l’alimentation bio, sauf sur un type de cancer, le lymphome non hodgkinien, qui est un cancer assez rare.

N’y a-t-il pas un effet pervers à médiatiser ces résultats sans mise en contexte ?

En lisant plusieurs quotidiens, je comprends très bien que des gens qui ont peur des pesticides a priori se soient dit : « J’arrête de manger des fruits et légumes, c’est trop dangereux. » Et c’est réellement dramatique, car la santé globale française va se dégrader ! En dépit des pesticides, les fruits et légumes sont globalement protecteurs. C’est totalement démontré ! Le premier message à passer devrait être que les fruits et légumes protègent. Peut-être que les pesticides diminuent légèrement cette protection, mais à ce jour ce n’est pas démontré.

La question des résidus de pesticides est omniprésente dans le débat public. Est-il raisonnable de s’en inquiéter ?

Au sein du laboratoire Toxalim, j’ai travaillé sur les liens entre alimentation et cancer. J’ai choisi d’étudier la viande et les charcuteries, car leur potentiel cancérigène m’apparaissait vraiment préoccupant. Quinze ans plus tard, en partie grâce à nos études, l’OMS a conclu que la charcuterie était cancérigène, et la viande rouge probablement aussi. Mais sur les pesticides, on ne voit rien qui sort ! Même la meilleure étude, celle de Julia Baudry que nous avons citée, sortie en 2018, ne voit un effet que sur un cancer rare, en diminution régulière depuis 1990, probablement parce qu’on a interdit certains pesticides, notamment organochlorés.

L’étude des chercheurs américains ne doit-elle pas inciter à chercher davantage ?

Leur étude est suffisamment importante, en tout cas, pour que l’on décide de se donner les moyens d’étudier, aux États-Unis, la raison pour laquelle les fraises ou les épinards ont autant de résidus de pesticides, par exemple. Tout en rappelant que les mangeurs de fraises et d’épinards se portent de toute façon beaucoup mieux que les autres, résidus de pesticides ou pas. En France, les normes ne sont pas les mêmes, donc ces résultats ne nous concernent pas.

Par Le Point

Maroc, Sénégal, Gabon… Qui sont les champions africains de la finance verte ?

mai 14, 2022

Dans une nouvelle étude, la Banque africaine de développement (BAD) distingue sept pays africains pionniers en matière de croissance verte et de financement climatique.

Dans une pépinière, à Buee, dans le sud de l’Éthiopie, en juin 2020. © Michael Tewelde/AFP

Alors que le débat sur la dette africaine fait rage, la Banque africaine de développement (BAD) a, dans une étude publiée à la fin de janvier et qui vient d’être rendue publique, évalué les nouveaux mécanismes de financement d’une croissance soucieuse de la préservation de l’environnement.

Intitulée « Croissance verte en Afrique », cette étude, menée conjointement avec l’Institut mondial de la croissance verte (GGGI), présente une cartographie des pays selon leur degré d’avancement en matière de projets verts (énergies renouvelables, parcs éco-industriels, etc.). Elle désigne des pionniers en matière de croissance verte et, surtout, de finance climatique.

  • Kenya et Rwanda, deux grands leaders

Parmi ceux qui sortent du lot, le Kenya, dont le leadership en matière de croissance verte découle d’un changement institutionnel efficace. Le Rwanda, qui, lui, a mobilisé 160 millions de dollars par le biais du Fonerwa – un fonds par lequel le financement environnemental et climatique est acheminé, décaissé et suivi –, démontre que le financement de la croissance verte peut être stimulé par un mécanisme de lutte contre le changement climatique.

Bien que la création d’emplois dans les secteurs dits verts ne soit pas systématiquement suivie au niveau national, le Fonerwa estime avoir contribué à en créer 144 858, est-il écrit dans le rapport de la BAD.

  • Maroc, Tunisie et la part des énergies renouvelables

L’étude relève que, tout comme la Tunisie, le Maroc a atteint 100% d’accès à l’électricité, ce qui se traduit par une consommation par habitant relativement élevée dans ces deux pays.

Le Gabon, où la forte consommation d’électricité provient des citadins nantis (40% des populations rurales n’ont pas accès à l’électricité) est également dans cette catégorie. Au Gabon, au Kenya, au Rwanda et au Mozambique, la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité est importante (entre 60% et 90%) en raison du poids de l’hydroélectricité.

  • L’exemple éthiopien

L’Éthiopie, qui tente de jeter les bases d’une industrie verte par le biais d’un parc éco-industriel, fait également office de pionnier en matière de financement de la croissance verte, souligne le rapport. Grâce à de « bonnes pratiques de gestion des terres », ce pays a inversé la courbe de la dégradation du couvert végétal, qui est passé de 5% en 2010 à 13 ou 15% trois ans plus tard. Ce qui représente une contribution monétaire d’environ 27 milliards de birr, soit 520 millions de dollars selon le cours actuel.

L’expérience éthiopienne suggère, précise le rapport, que la réussite de la croissance verte dépend en partie de l’adoption et du respect d’un processus de planification ancré localement. En Tunisie, un mécanisme de financement innovant a produit des résultats probants dans le secteur des chauffes-eau solaires grâce au programme Prosol, censé lutter contre la déforestation.

Le mécanisme financier Prosol a été lancé entre 2005-2009 afin d’installer 300 000 m2 de capteurs solaires pour développer le marché des chauffes-eau dans le secteur résidentiel.

  • Lutte contre la déforestation : le label gabonais

Enfin, le Gabon comme le Mozambique constituent des modèles dans la lutte contre la déforestation, en vue d’assurer une croissance verte. L’annulation de l’exploitation forestière sur 1,3 million d’hectares, notamment dans les sanctuaires et les parcs nationaux, ainsi que l’interdiction d’exporter du bois non transformé ont entraîné une baisse de 50% de l’exploitation forestière.

Recouvert à 98% de forêt tropicale, le pays, qui exploitait 3,5 millions de mètres cubes de bois par an il y a quinze ans, a ramené ce seuil à 1,5 million de m3. Libreville a d’ailleurs demandé à toutes les sociétés forestières présentes sur son sol de se conformer au Forest Stewardship Council (FSC), un label qui promeut une gestion durable de la forêt.

Avec Jeune Afrique par Nadoun Coulibaly

Un institut du Vatican sur les agressions d’enfants étend son mandat aux adultes

octobre 13, 2021

ROME — Le principal institut de recherche de l’Église catholique qui étudie les agressions sexuelles sur mineurs étend son mandat pour inclure également les agressions sexuelles et spirituelles sur les adultes.

© Fournis par La Presse Canadienne

Le Vatican semble ainsi prendre conscience que les enfants ne sont pas les seules victimes de membres du clergé qui abusent de leur pouvoir et de leur autorité.

Le révérend Hans Zollner, l’un des principaux conseillers du pape François dans le dossier des agressions sexuelles, a déclaré que la portée plus large de l’institut académique reflète les leçons du mouvement #MoiAussi, la propre reconnaissance du pape que les religieuses et les séminaristes adultes peuvent aussi être maltraités par leurs supérieurs, et la preuve que des problèmes systémiques et structurels au sein de l’Église ont permis une multiplication des agressions.

«Nous ne pouvons plus nous limiter aux problèmes individuels: nous devons également examiner les conditions institutionnelles qui favorisent (les agressions) ou empêchent un environnement sécuritaire», a déclaré M. Zollner à l’Associated Press mercredi.

Il a accordé cette entrevue à la veille du lancement officiel du nouvel institut à l’Université pontificale grégorienne, à Rome. L’Institut d’anthropologie et d’études interdisciplinaires sur la dignité humaine et le soin intègre le Centre pour la protection de l’enfance, fondé il y a dix ans. En tant que département d’anthropologie sanctionné par le Vatican, l’institut académique peut désormais décerner des diplômes universitaires, former son propre corps professoral et s’associer sur un pied d’égalité avec d’autres universités.

Étendre l’objectif de l’institut au-delà de la protection de l’enfance est important, étant donné que le Vatican a tendance à développer des politiques en s’appuyant sur la recherche universitaire et les conférences internationales de ses universités pontificales pour jeter les bases des décisions prises plus haut dans la hiérarchie de l’Église. 

Pour le père Zollner, la croissance d’un institut de sauvegarde à part entière couve depuis plus d’une décennie, et pourtant, elle se heurte toujours à des résistances. «Je me débats depuis longtemps avec cette question: pourquoi, dans l’Église, luttons-nous pour accepter l’existence parmi nous d’abus commis par des membres du clergé? Pourquoi est-ce si difficile d’accepter cela, de voir cette réalité? Parce qu’il y a encore des gens qui nient cette réalité et disent: ‘Nous n’avons pas de cas’», a-t-il déclaré.

M. Zollner a déclaré que l’idée d’élargir le champ de l’étude est venue après qu’un rapport du grand jury de Pennsylvanie en 2018 a révélé comment plusieurs évêques de l’État avaient systématiquement couvert les prêtres agresseurs. Des rapports d’enquête ultérieurs sur les abus du clergé, y compris en Allemagne, pays natal de M. Zollner, et plus récemment en France, ont identifié les mêmes problèmes systémiques et structurels.

Toujours en 2018, le Vatican a commencé son enquête sur l’ex-cardinal Theodore McCarrick, un archevêque américain qui a finalement été défroqué par François après que le Vatican a déterminé qu’il avait agressé sexuellement des mineurs ainsi que des séminaristes adultes sous son autorité.

M. Zollner a souligné que le nouvel institut ne mettait en aucun cas de côté son objectif principal sur la protection de l’enfance, qualifiant l’agression sexuelle d’enfants de «la chose la plus horrible à laquelle vous puissiez penser».

Mais le mandat élargi permettra l’étude de problèmes qui étaient auparavant en dehors de la portée d’origine du centre, a-t-il déclaré, tels que les abus spirituels d’adultes par les dirigeants de nouveaux mouvements religieux, ou les facteurs institutionnels et structurels au sein de l’Église qui ont facilité les abus.

Avec Nicole Winfield, The Associated Press

Espagne : des poissons tués par la pollution des élevages porcins ?

octobre 13, 2021

Selon une récente enquête citée par le « Guardian », l’impact de l’industrie porcine espagnole, en termes de pollution, pourrait avoir été sous-estimé.

La faune d'un des plus grands lagons d'eau salee d'Europe pourrait courir un danger jusqu'a present sous-estime.
La faune d’un des plus grands lagons d’eau salée d’Europe pourrait courir un danger jusqu’à présent sous-estimé.© JOSE MIGUEL FERNANDEZ / AFP

La faune d’un des plus grands lagons d’eau salée d’Europe pourrait courir un danger jusqu’à présent sous-estimé. Dans un article publié mercredi 13 octobre, Le Guardian évoque une récente enquête, selon laquelle la pollution causée par l’industrie porcine espagnole pourrait être à l’origine du décès massif de poissons. Cette enquête, conjointement menée pendant quatre mois par le collectif de journalistes Lighthouse Reports, ainsi que des collaborateurs du média elDiario.es, est arrivée à la conclusion que l’élevage intensif aurait grandement contribué à créer l’une des pires catastrophes environnementales de ces dernières années.

Dès le mois d’août, des habitants de la région de Murcie, située dans le sud-est de l’Espagne, ont commencé à tirer la sonnette d’alarme après avoir vu des dizaines de poissons morts s’échouer sur les rives de la lagune de Mar Menor, relate le quotidien britannique.

Plus de cinq tonnes de carcasses en décomposition

En quelques jours seulement, le bilan s’est aggravé, atteignant les plus de cinq tonnes de carcasses en décomposition, qui jonchaient alors des plages autrefois très prisées par les touristes. Petit à petit, des images montrant les eaux troubles de la lagune et des témoignages de plaintes provenant des habitants, au sujet de l’odeur nauséabonde qui découlait du phénomène, ont commencé à inonder les médias espagnols, poursuit le Guardian. Dans le même temps, des scientifiques ont pointé du doigt plusieurs décennies de ruissellement d’eau chargée en nitrates. Selon eux, ce phénomène serait à l’origine d’importantes proliférations d’algues, qui ont épuisé l’eau en oxygène, provoquant ainsi la mort des poissons par suffocation.

Alors que des poissons sans vie continuaient à s’échouer tout au long de l’été, le gouvernement régional a interdit l’utilisation d’engrais à une distance inférieure de 1,5 kilomètre de la lagune, suggérant que la responsabilité de la crise était imputable à la vaste étendue de champs agricoles qui bordent la lagune, observe le site d’information. De son côté, le gouvernement central s’est montré plus direct, reprochant aux responsables locaux d’avoir eu un comportement laxiste en matière d’irrigation des champs. Mais ni l’un ni l’autre n’a jamais mentionné les élevages porcins. Pourtant, comme le précise le Guardian, ces derniers ont proliféré au cours de la dernière décennie, près de la lagune.