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Le Canada plus prisé que le Royaume-Uni par les étudiants hongkongais

décembre 12, 2022
Des manifestants participent à une manifestation à Osaka le 27 juin 2019 contre un projet de loi controversé sur l'extradition à Hong Kong, lors du sommet du G20.

Des manifestants de Hong Kong ont appelé les pays du G20 à affronter la Chine au sujet des libertés glissantes du géant lors d’une manifestation en 2019. Photo : Getty Images/Charly Triballeau

Alors que le contrôle de la Chine sur Hong Kong grandit, des milliers d’étudiants hongkongais choisissent le Canada plutôt que des pays comme le Royaume-Uni ou l’Australie pour continuer leurs études.

Après le dépôt d’un projet de loi pour faciliter les extraditions vers la Chine, les manifestations prodémocratie, menées en grande partie par des étudiants, s’étaient multipliées à Hong Kong.

Après l’adoption de la loi, Ottawa a ouvert des voies d’accès à la résidence permanente, en 2021, pour les Hongkongais qui obtiennent un diplôme d’un programme postsecondaire canadien désigné. Ce programme vient à échéance en 2026(Nouvelle fenêtre).

Selon les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, Ottawa a approuvé 7920 permis d’étudiants en 2022. En 2021, le ministère a accepté 6300 demandes, soit deux fois plus que le nombre accepté pendant les années précédant la répression des manifestations à Hong Kong.

En Angleterre, les données démontrent qu’environ 5000 permis d’études ont été octroyés entre janvier et septembre 2022. Plus de 2000 permis ont aussi été délivrés en Australie de janvier à octobre.

D’après Ken Tung, le président de Civic Education Society, en Colombie-Britannique, les Hongkongais choisissent surtout de s’établir dans le Grand Vancouver et la région de Toronto. Selon lui, le programme fédéral attire toutes sortes de personnes de différents âges qui souhaitent approfondir leurs connaissances.

« À Hong Kong, la liberté, la démocratie et le système de justice sont en train de s’effondrer. »— Une citation de  Ken Tung, président de Civic Education Society, en Colombie-Britannique

Par Radio-Canada avec les informations de Jon Hernandez

Canada-Québec: Quand le cœur des jeunes balance entre le travail et les études

août 31, 2022

Le marché de l’emploi n’a jamais été aussi favorable à qui veut travailler, même pour les jeunes inexpérimentés. Un contexte qui risque cependant d’encourager le décrochage scolaire, met en garde le milieu de l’éducation.

Camille, employée dans un café de Montréal

Camille, employée dans un café, préfère conserver son emploi que retourner à l’école Photo : Vincent Rességuier

Camille travaille dans un petit café au cœur du Marché Maisonneuve, dans l’est de Montréal. Un emploi qu’elle découvre et qu’elle se voit bien conserver encore quelques mois.

La jeune femme de 17 ans, dynamique et avenante, se présente comme une décrocheuse parce qu’elle n’a pas terminé son secondaire. Depuis quelques années, sa présence en classe était aléatoire. Elle avait l’intention d’intégrer une formation pour adultes cet automne, mais elle s’est ravisée en voyant sa fiche de paie.

Avec les pourboires, son salaire peut atteindre 21 $ de l’heure.

« J’ai commencé à faire beaucoup de pourboires. Je me dis qu’un temps plein, ce serait payant, ça fait que j’ai un peu mis de côté l’idée [de retourner à l’école]. En même temps, les deux sont le fun, c’est juste que quand tu goûtes à l’argent et à la liberté, tsé… »— Une citation de  Camille, 17 ans, employée dans un café

En fait, les nombreuses possibilités d’emploi ne l’encouragent pas à poursuivre ses études. Il y a des options partout en ce moment, se réjouit-elle.

Camille n’est pas la seule à céder à la tentation et à quitter l’école pour profiter de revenus réguliers.

La Fédération des cégeps, par exemple, constate une baisse de 1 % des inscriptions cet automne. Une tendance qui contraste avec les prévisions à la hausse du ministère de l’Enseignement supérieur.

Une opportunité à double tranchant

L’an dernier déjà, les données sur le décrochage scolaire à Montréal n’étaient pas encourageantes, et rien n’indique que la tendance s’est inversée. Plusieurs acteurs du milieu de l’éducation déplorent d’ailleurs que les chiffres officiels sur le décrochage scolaire à l’échelle québécoise n’aient pas été publiés depuis le début de la pandémie.

Il existe cependant des indicateurs montrant que les jeunes ont pris d’assaut le marché de l’emploi.

Selon Statistique Canada, chez les jeunes âgés de 15 et 16 ans encore aux études en juin, le taux d’emploi était de 36,6 % en juillet, soit une augmentation de 4,3 % par rapport à juillet 2019.

Et 62,1 % d’entre eux occupaient un emploi dans le commerce de détail ou dans les services d’hébergement et de restauration. Deux secteurs où le manque de main-d’œuvre est criant.

Ève Cyr, Carrefour jeunesse-emploi Hochelaga-Maisonneuve

Ève Cyr, directrice générale, Carrefour jeunesse-emploi Hochelaga-Maisonneuve Photo : Vincent Rességuier

Les jeunes sont parfaitement conscients que les portes peuvent s’ouvrir même s’ils n’ont pas beaucoup d’expérience ou une formation limitée, constate Ève Cyr, directrice générale du Carrefour jeunesse-emploi Hochelaga-Maisonneuve.

C’est qu’en ces temps de pénurie, les employeurs sont plus conciliants et vont donner une chance aux travailleurs ayant des difficultés à réaliser leurs tâches ou un temps d’apprentissage plus long.

« Normalement, au bout de deux ou trois jours, les employeurs auraient dit : ça suffit! Mais là, ils vont avoir plus de tolérance parce qu’ils ont besoin. »— Une citation de  Ève Cyr, directrice générale du Carrefour jeunesse-emploi Hochelaga-Maisonneuve

Elle prédit cependant une rentrée pleine de questionnements pour les étudiants les plus susceptibles de décrocher. Comme Camille, plusieurs vont hésiter entre réussir à l’école et conserver leur emploi.

À partir du moment où un jeune va devoir choisir entre un nouvel iPhone ou aller à l’école et vivre certaines difficultés, c’est là que c’est très risqué, conclut Mme Cyr, tout en appelant les employeurs à faciliter la conciliation travail-études.

« On reçoit plein d’appels d’employeurs qui paniquent parce que leurs entreprises sont en péril, parce qu’ils manquent d’employés. Mais on vous rappelle qu’un employé à temps partiel qui continue l’école, c’est peut-être plus positif pour la société. »— Une citation de  Ève Cyr, directrice générale du Carrefour jeunesse-emploi Hochelaga-Maisonneuve

Le dilemme de Yunhao

Travailler c’est bon, mais au-delà de 20 heures, ça peut nuire aux études, martèle de son côté Andrée Mayer Périard, directrice générale du Réseau réussite Montréal.

Elle constate que les jeunes peu motivés par l’école sont facilement happés par des activités qu’ils trouvent plus stimulantes. Un premier emploi, par exemple, peut agir comme un révélateur, surtout si la personne est appréciée et valorisée par ses collègues.

C’est le cas de Yunhao, qui travaille pour une chaîne de restauration rapide depuis le début de l’été.

Le jeune homme de 17 ans, que nous avons rencontré sur son lieu de travail, a le regard qui brille dès qu’il évoque cette première expérience professionnelle. De son propre aveu, elle lui a donné confiance en lui. Avant, j’étais gêné, je ne parlais pas, je n’étais pas comme ça, dit-il avec enthousiasme.

Yunhao, 17 ans, employé dans la restauration rapide

Yunhao, 17 ans, a décroché son premier emploi au début de l’été Photo : Vincent Rességuier

À 17 ans, il entame sa 5e année de secondaire, mais pas de gaieté de cœur. L’école, ça va être compliqué, mais on va faire de notre mieux, il faut avoir un diplôme dans la vie, laisse-t-il tomber, résigné.

En fait, il a failli tout lâcher il y a quelques semaines, avant de subir, comme il le glisse dans un sourire malicieux, un CPP, un coup de pression parentale.

Après quelques jours de réflexion, il a décidé de conserver son emploi, mais de réduire ses heures pendant l’année scolaire.

L’influence des parents est décisive

Face à ce genre de dilemme, l’attitude de l’entourage immédiat est décisive, selon Andrée Mayer Périard. Mais dans le contexte économique actuel, elle redoute que certains parents n’aient pas le choix de demander à leurs adolescents de travailler.

Avec toute cette inflation galopante et la pression économique, on est très inquiets pour un certain nombre de jeunes les plus vulnérables, dit-elle. Le marché de l’emploi pourrait être un passage obligé afin de contribuer aux finances familiales, ce qui au final pourrait mettre en péril leur projet d’étude.

Un sondage réalisé en 2014 par le Réseau réussite Montréal a montré qu’un tiers des jeunes qui travaillaient plus de 20 heures par semaine le faisaient pour aider leur famille. C’était bien avant la pandémie et la flambée de l’inflation.

Andrée Mayer Périard rappelle qu’un passage sur le marché du travail est en général très positif, mais qu’à long terme, les non-diplômés rencontrent souvent des difficultés pour se replacer en cas de perte d’emploi.

Avec Radio-Canada par Vincent Rességuier

Chine: Le marché Huanan, à Wuhan, à l’origine de la pandémie, selon de nouvelles études

juillet 27, 2022
Des étals de poissons et de viande

Le marché Huanan à Wuhan attire de nombreux clients chaque jour. Photo : Radio-Canada

Deux nouvelles études publiées mardi, qui réexaminent les données concernant les premiers cas de COVID-19 à Wuhan, viennent corroborer la théorie selon laquelle le marché Huanan, et non une fuite d’un laboratoire, est à l’origine de la pandémie.

Notre analyse indique que l’émergence du SRAS-CoV-2 s’est produite par le commerce d’animaux sauvages vivants en Chine, et montre que le marché Huanan était l’épicentre de la pandémie de COVID-19, écrivent les auteurs de l’étude, publiée dans Science(Nouvelle fenêtre), qui a fait l’objet d’une révision par les pairs pendant plusieurs mois.

La cartographie pour cerner l’épicentre

Les chercheurs ont d’abord tenté de comprendre pourquoi, parmi les premières données sur les cas de COVID-19, seulement 50 des centaines de personnes hospitalisées au début de l’épidémie avaient un lien direct et traçable avec le marché Huanan.

Ils ont cartographié les cas, ce qui a permis de révéler qu’un grand nombre de ces personnes infectées vivaient à proximité du marché. Ainsi, les vendeurs et les clients ayant été infectés en premier au marché ont déclenché une chaîne d’infections parmi les membres de la communauté dans les environs. Sans le savoir, ces personnes ont alors transmis le virus à d’autres personnes dans la communauté.

En fait, dans cette ville d’une superficie de 7770 kilomètres carrés, la majorité des premiers cas étaient situés dans une zone à quelques pâtés de maisons du marché, et non près de l’Institut de virologie – qui est au cœur de la théorie de la fuite du laboratoire –, sis de l’autre côté de la rivière.

En cartographiant les premières infections, les chercheurs ont pu également observer comment, avec le temps, elles se sont répandues de façon concentrique, soit du marché Huanan au reste de la ville.

Des indices dans les échantillons et sur les réseaux sociaux

Un boucher affublé d'un masque attend des clients dans un kiosque extérieur.

C’est dans un marché de Wuhan, en Chine, que la pandémie de COVID-19 aurait pris son envol. Photo : Getty Images/Hector Retamal

Avant même la publication de cette étude, de nombreux scientifiques s’entendaient pour dire que les marchés d’animaux vivants constituent des foyers de transmission idéals pour la propagation de nouvelles maladies. Une étude(Nouvelle fenêtre) a d’ailleurs montré que près de 50 000 animaux – de 38 espèces différentes – ont été vendus dans les marchés de Wuhan dans les 18 mois précédant la pandémie.

L’étude publiée mardi a également analysé les données d’échantillons de liquides prélevés dans des drains et des étals du marché par les ​​Centres pour le contrôle et la prévention des maladies de la Chine.

La majorité des échantillons provenant du côté sud-ouest du marché étaient positifs au SRAS-CoV-2. C’est d’ailleurs dans cette zone du marché où l’on vendait des animaux susceptibles d’être infectés par des coronavirus, dont des chiens viverrins, des renards roux et des blaireaux. Et c’est de cette zone que provenaient les premiers cas détectés en décembre.

Ce n’est pas une coïncidenceécrit sur Twitter la Dre Angela Rasmussen(Nouvelle fenêtre), une des auteurs de l’étude et virologue à la Vaccine and Infectious Disease Organization (VIDO) à l’Université de la Saskatchewan.

Comment savoir si le marché Huanan n’était pas seulement le lieu d’un évènement superpropagateur?

Les chercheurs ont examiné d’autres marchés et d’autres endroits présentant une forte densité de population dans Wuhan pour savoir s’ils étaient à l’origine de la pandémie.

Des gens dans une rue bondée à Wuhan.

Les premières transmissions du SRAS-CoV-2 auraient eu lieu au marché Huanan, dès novembre ou décembre 2019. Le virus s’est ensuite propagé dans les quartiers avoisinants, puis à toute la ville de Wuhan. Photo : Reuters/Aly Song

Ils ont examiné les données de réseaux sociaux pour comparer l’achalandage dans des centaines de lieux dans Wuhan. Le marché Huanan avait l’un des taux d’achalandage les plus bas, ce qui indique que cet endroit était moins susceptible d’être le lieu d’un évènement superpropagateur.

Sur Twitter, la Dre Rasmussen précise qu’il est difficile de déterminer quel animal était l’hôte du virus, mais que les échantillons appuient également la théorie selon laquelle une zoonose – la transmission naturelle d’une maladie ou d’une infection d’un animal vertébré à un humain – est à l’origine de la pandémie.

Par ailleurs, une autre étude(Nouvelle fenêtre), également publiée mardi dans la revue Science, montre que les échantillons du marché contenaient deux variants du SRAS-CoV-2. Ainsi, les chercheurs croient que les lignées A et B seraient apparues au marché Huanan en novembre ou décembre 2019, puis se seraient répandues dans les quartiers environnants.

Ces résultats indiquent qu’il est peu probable que le SRAS-CoV-2 ait largement circulé chez l’homme avant novembre 2019, écrivent les auteurs de l’étude. Ils ajoutent que comme pour les autres coronavirus, l’émergence du SRAS-CoV-2 a probablement résulté de plusieurs évènements zoonotiques.

Des preuves supplémentaires que le virus ne vient pas d’un laboratoire

Dans une enfilade sur Twitter(Nouvelle fenêtre), la Dre Rasmussen explique que ces éléments viennent de nouveau contredire la théorie d’une fuite de laboratoire. Bien que de nombreuses questions restent en suspens, ces résultats fournissent des preuves irréfutables que le SRAS-CoV-2 est apparu par le biais d’au moins deux zoonoses provenant d’animaux vendus au marché Huanan.

L’un des chercheurs, David Robertson, un virologue et professeur de l’Université de Glasgow, a déclaré à la BBC(Nouvelle fenêtre) qu’il espérait que leur travail aiderait à corriger le faux débat selon lequel le virus provenait d’un laboratoire.

La Dre Rasmussen écrit par ailleurs qu’il reste encore de nombreuses questions à résoudre et précise que leur étude ne peut pas répondre à toutes les questions sur l’origine du SRAS-CoV-2. Par exemple, quels animaux ont d’abord été infectés? D’où venaient-ils? Est-ce que les animaux étaient aussi porteurs d’autres coronavirus?

Ces questions sont essentielles pour comprendre le risque d’émergence d’un SRAS-CoV-3, écrit-elle, en ajoutant qu’on n’obtiendra peut-être jamais des réponses à toutes les questions, mais que la communauté scientifique doit continuer son travail de recherche.

La Dre Rasmussen rappelle que toutes enquêtes sur les origines de virus peuvent prendre des années et que les preuves sont généralement rares et incomplètes. Par exemple, près de 50 ans plus tard, souligne-t-elle, l’origine du virus Ebola n’est pas encore bien comprise.

Avec Radio-Canada par Mélanie Meloche-Holubowski

Aucune grande ville canadienne n’est viable financièrement pour les jeunes

mai 31, 2022
Vue de la ville d'Halifax.

Quatre villes du Canada atlantique font partie des villes où les 15 à 29 ans ont le plus de dettes au pays. Photo : Radio-Canada/Robert Short

Une étude montre qu’aucune grande ville canadienne n’est viable financièrement pour les jeunes de 15 à 29 ans.

Le déficit mensuel moyen pour cette tranche d’âge est de 750 $ au Canada. À Halifax, ce déficit monte jusqu’à 1290 $ par mois. Il est calculé lorsque le revenu moyen est soustrait du coût de la vie.

L’étude menée par le groupe de réflexion Youthful Cities, en partenariat avec le programme Objectif avenir de la Banque Royale du Canada, montre que les centres urbains sont inabordables pour les jeunes.

Claire Patterson travaille aux communications de Youthful Cities. Elle explique qu’il était important d’inclure le prix des études postsecondaires dans le coût de la vie des jeunes. En parlant avec les jeunes, le prix de l’éducation et du logement est un thème qui revient, affirme Claire Patterson.

« À l’origine, nous voulions voir quelle était la ville la plus abordable du Canada, et le résultat est évidemment qu’aucune ville du Canada ne l’est. »— Une citation de  Claire Patterson, communication, Youthful Cities.

Selon les résultats du groupe, les principaux obstacles à l’abordabilité pour les jeunes sont les salaires, l’emploi à temps plein et l’équité salariale. Les revenus dans les villes canadiennes indiquent une disparité de 30 % entre les revenus les plus élevés à Yellowknife et les revenus les plus faibles à Halifax.

Le salaire minimum vital pour un emploi à temps plein à Halifax est évalué à 21,01 $ l’heure. Le salaire minimum en Nouvelle-Écosse est de 13,35 $ depuis le 1er avril 2022. L’étude a également trouvé que la majorité des jeunes d’Halifax travaillent dans le secteur des services, un domaine où beaucoup ne touchent que le salaire minimum.

Les emplois à temps plein sont le billet d’entrée des jeunes pour l’accessibilité financière, mais ce n’est pas une garantie. Les deux tiers des villes sont encore inabordables même lorsque les jeunes travaillent à temps plein.

Les conséquences

Marie-Anne Sergent a déménagé à Halifax il y a quelques semaines pour poursuivre ses études. Elle prépare une maîtrise sur l’étude des femmes et des genres. C’était super stressant parce que le prix est super élevé par rapport au Nouveau-Brunswick où j’étais avant. C’est quand même haut, mais pas autant qu’Halifax, j’ai vu qu’il y a vraiment une différence. Surtout quand on cherche des appartements qui sont proches du campus, affirme-t-elle.Enseigne devant l'Université Saint Mary's à Halifax en juin 2018.

L’Université Saint Mary’s à Halifax, en Nouvelle-Écosse Photo : Radio-Canada/Frédéric Wolf

Malgré de nombreuses recherches pour avoir un appartement au début de mai, elle n’a rien pu trouver. J’ai trouvé une chambre jusqu’en septembre, explique Marie-Anne Sergent. Après ça, ses amies et elle espèrent trouver leur propre appartement, mais les recherches n’ont toujours pas été fructueuses.

« Il faut vraiment que je fasse plus de budgets et que je coupe plus les dépenses qui sont moins importantes. »— Une citation de  Marie-Anne Sergent, étudiante à l’Université Saint-Mary’s

Marie-Anne Sergent a un travail à temps plein, mais est en train de chercher un deuxième emploi pour avoir une vie plus confortable. Elle envisagerait même d’en avoir trois si cela pouvait l’aider.

Des études qui coûtent cher

Il y a une bonne nouvelle qui est que si vous pouvez vous permettre d’être une ville chère, cela signifie qu’il y a une bonne activité économique, dit le professeur en économie de l’Université Dalhousie Talan Iscan.Une photo de Talan Iscan.

Talan Iscan est professeur à l’Université Dalhousie à Halifax. Photo : Radio-Canada

Selon l’économiste, la situation rend la rétention des étudiants beaucoup plus difficile. Il explique qu’avant, les universités justifiaient le coût des droits de scolarité par le faible coût de la vie dans la province. Ce n’est plus le cas, dit-il.

En effet, dans la liste des 20 universités les plus chères au pays pour l’année scolaire 2021-2022, trois d’entre elles se trouvent en Nouvelle-Écosse. L’Université Acadia est en tête avec une moyenne de droits de scolarité allant de 8000 $ à 20 000 $ pour une année d’étude. L’Université du Cap-Breton est 10e et l’Université Dalhousie est 15e.

Que pouvons-nous faire?

Afin de se rapprocher de l’accessibilité financière pour les jeunes au cours des trois prochaines années, tout en tenant compte de l’inflation, l’étude de Youthful Cities contient trois recommandations.

Recommandations :

  • Atteindre 66 % d’emplois à temps plein pour les 15 à 24 ans. Pour l’instant, ce chiffre est à 49 % comparativement à 86 % pour les plus de 25 ans;
  • Augmenter le salaire minimum de 5 $ dans chaque province et territoire;
  • Réduire les coûts d’éducation de 15 %, de transports en commun de 25 % et de logements locatifs de 20 %.

De son côté, la Municipalité régionale d’Halifax dit être au courant de l’étude et affirme qu’elle en tiendra compte dans la révision du plan régional de la ville, qui a pour but de façonner la façon dont la municipalité se développera à l’avenir. L’un des principaux domaines d’intérêt est l’abordabilité du logement.

Avec Radio-Canada par Kheira Morellon

Canada-Étudiants africains francophones refusés au Québec : « C’est un scandale! »

décembre 1, 2021

Depuis plusieurs années, les cégeps et les universités du Québec se heurtent à un problème commun et constant : les demandes de permis d’études provenant d’Afrique francophone sont massivement refusées par Ottawa.

Immigration Canada rejette massivement, depuis plusieurs années, les demandes de permis d'études provenant de certains pays d'Afrique francophone, au grand désarroi de nombreux établissements québécois.

© Ivanoh Demers/Radio-Canada Immigration Canada rejette massivement, depuis plusieurs années, les demandes de permis d’études provenant de certains pays d’Afrique francophone, au grand désarroi de nombreux établissements québécois.

«C’est un scandale!», s’emporte Sylvain Blais, le directeur général du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue.

L’an passé, les cégeps ont accueilli près de 5000 étudiants étrangers, dont plus de deux tiers de Français. Un nombre en hausse constante depuis une décennie.

Le nombre d’Africains est cependant famélique. On compte par exemple autant de Camerounais accueillis dans le réseau collégial public que de Chinois, soit environ 4 % des effectifs internationaux.

«Inacceptable», «discriminatoire», «un bourbier»

Au Québec, comme l’a expliqué Radio-Canada la semaine passée, le taux de refus de ces dossiers est nettement plus élevé que dans le reste du Canada.

En moyenne, tous pays confondus, 61 % des demandes de permis d’études visant un établissement québécois, qui avait déjà donné son accord à l’étudiant, ont été rejetées en 2020. Des chiffres bien différents de l’Ontario (47 %) et de la Colombie-Britannique (37 %), les deux autres provinces qui accueillent le plus d’étudiants étrangers au pays.

Ces données varient encore lorsqu’on se penche sur la citoyenneté de ces étudiants. L’immense majorité des demandes provenant du Sénégal, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Togo, de la Guinée, de l’Algérie ou de la République démocratique du Congo – des pays où la langue française est couramment utilisée – sont refusées par Immigration Canada.

Le ministre Fraser troublé

Selon l’entourage du nouveau ministre fédéral de l’Immigration, Sean Fraser, ce dernier aurait été troublé par ces récentes révélations. Il est au fait de l’enjeu, il se penche sur la question et a demandé des pistes de solution, car les chiffres semblent indiquer un problème», nous a-t-on glissé.

L’ensemble des universités et des cégeps contactés par Radio-Canada ignoraient jusqu’à maintenant ces données et l’ampleur de ces refus.

«C’est inacceptable et scandaleux», affirme, avec véhémence, le président de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay.

«Cette situation nuit à l’image des cégeps» qui tentent de recruter des étudiants à travers le monde «pour assurer la vitalité de nos programmes», reprend-il.

«On se bat, mais on fait face à une action bureaucratique indescriptible et un bourbier qui met vraiment à mal nos efforts», reprend Bernard Tremblay.

Le Cégep de Matane recrute désormais, en grande majorité, des étudiants français.

© Boris Firquet/Radio-Canada Le Cégep de Matane recrute désormais, en grande majorité, des étudiants français.

Face à cette problématique, des établissements ont confié à Radio-Canada avoir abandonné l’idée d’attirer des étudiants africains. C’est le cas par exemple du Cégep de Matane.

«On a consacré beaucoup d’efforts en Afrique du Nord, pour très peu de résultats. On a toujours été confrontés à la difficulté d’avoir ces permis», raconte Brigitte Lavoie, qui s’occupe du développement international de l’établissement.

Même constat dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. C’était 99 % d’énergie pour 1 % de rendement», se désole France Voisine, directeur adjoint des études du Cégep de Saint-Félicien.

«C’est une aberration totale, surtout au moment où il y a des besoins de main-d’œuvre», affirme Sylvain Blais.

«C’est incohérent», souligne pour sa part Sabrina Potvin, coordonnatrice au Cégep de Jonquière. Ce dernier a récemment haussé le ton pour déplorer le refus d’Immigration Canada visant des étudiants ghanéens, qui avaient pourtant obtenu une bourse d’excellence du Québec.

«C’est un non-sens et c’est préoccupant. On a besoin d’une explication. Est-ce qu’on recrute pour rien dans certains pays? On a besoin de savoir», lance-t-elle.

Un traitement différent pour l’Inde et la Chine

Face au nombre important de demandes de résidences temporaires provenant de l’Inde et de la Chine, Immigration Canada a lancé, dès 2018, un programme d’intelligence artificielle pour traiter les demandes de visas touristiques. Ce système, qui a pour objectif d’éliminer certains biais discriminatoires, a, depuis, été élargi à l’étude des demandes de permis d’études de ces deux pays, qui se comptent, annuellement, par dizaines de milliers.

Avant la pandémie, en 2019, le taux d’acceptation des demandes de permis d’études étaient de 64 % pour l’Inde et de 85 % pour la Chine.

Ce programme d’intelligence artificielle est différent de l’outil informatique utilisé par les agents d’immigration pour analyser les dossiers provenant d’autres pays. En 2018, pour accélérer le traitement de ces demandes, Immigration Canada a lancé Chinook. Il s’agit d’un système qui réunit différentes informations dans une feuille de calcul Excel, avant que l’agent ne prenne une décision finale.

Un plan» réclamé à Immigration Canada

Plusieurs universités tiennent un discours similaire. Ce phénomène n’est pas nouveau», regrette le chancelier de l’Université de Montréal, Frantz Saintellemy.

Ce dernier cite l’un des principaux motifs de refus avancés par Immigration Canada : la crainte, par les agents, que l’étudiant ne retourne pas dans son pays d’origine. Mais dans les faits, dit-il, c’est le genre d’immigrants qu’on veut. «Il aura développé des compétences, il se sera intégré. On veut qu’ils restent le plus longtemps possible.»

Pierre Cossette, qui est recteur de l'Université de Sherbrooke, préside le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI).

© /Radio-Canada Pierre Cossette, qui est recteur de l’Université de Sherbrooke, préside le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI).

Il y a un manque d’arrimage dans l’application des stratégies des gouvernements provinciaux et fédéral», constate Pierre Cossette, recteur de l’Université de Sherbrooke et président du Bureau de coopération interuniversitaire.

Ce n’est pourtant pas la première fois qu’un tel problème est soulevé. Au printemps, un rapport gouvernemental du Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration avait mis en exergue cet enjeu.

Différents témoins ont relaté des exemples identiques, et les membres de ce comité avaient recommandé à Immigration Canada d’examiner les taux d’acceptation des étudiants étrangers dont les demandes sont traitées en Afrique, plus particulièrement dans les pays d’Afrique francophone» et d’élaborer un plan pour augmenter les taux d’acceptation des étudiants de cette région».

Une telle recommandation a-t-elle été suivie? Immigration Canada n’a pas répondu à nos questions.

Avec Radio-Canada par Romain Schué

Canada: Le dépistage rapide serait utile dans les écoles, dit une nouvelle étude

octobre 18, 2021

 

MONTRÉAL — Les tests rapides de dépistage de la COVID-19 qui sont en voie d’être déployés dans les écoles du Québec pourraient à tout le moins permettre d’éviter de renvoyer inutilement à la maison les enfants qui présentent des symptômes inquiétants, démontre une nouvelle étude québécoise.

© Fournis par La Presse Canadienne

Le ministère de la Santé et des Services sociaux et le ministère de l’Éducation ont récemment annoncé que ces tests seraient implantés dans les écoles de dix régions de la province, notamment à Montréal, à Laval et en Montérégie.

La docteure Caroline Quach-Thanh, du CHU Sainte-Justine, et ses collègues ont étudié l’utilisation optimale des tests rapides pour contenir les éclosions et évaluer leur efficacité en milieu scolaire.

Ils en viennent à la conclusion que les tests par réaction de polymérisation en chaîne (les tests PCR) demeurent la technique la plus sensible chez les individus symptomatiques, mais que les tests rapides ont un rôle à jouer lorsque les enfants présentent des symptômes.

«Si tu arrives le matin et que tu réalises que l’enfant tousse un peu et peut-être qu’il a un mal de gorge, si le test est négatif, l’enfant peut rester à l’école, a résumé la docteure Quach. Évidemment, si ça perdure, il faudrait aller faire un (test) PCR comme d’habitude, mais on est capable de permettre une fréquentation scolaire autour de ce test-là.»

Il se pourrait que les tests rapides ratent quelques infections au SRAS-CoV-2 comparativement aux tests PCR, mais le risque est moindre chez les patients qui présentent des symptômes. Ces tests rapides sont aussi plus efficaces lorsque la charge virale est élevée, ce qui correspond au moment où la contagion est plus grande.

La docteure Quach en vient donc à la conclusion que les tests rapides devraient être réservés en priorité aux personnes symptomatiques.

Et même s’ils pourraient permettre à certains enfants de rester à l’école ou au service de garde, dit-elle, il faudra quand même faire preuve de discernement, puisque les critères qui existaient avant la COVID pour renvoyer un jeune à la maison demeurent valides.

«Si l’enfant fait de la fièvre, qu’il ne va pas bien, qu’il n’est pas capable de suivre les activités, on devrait encore le renvoyer à la maison, a-t-elle dit. S’il fait 39 de fièvre et que le test est négatif, qu’il est amorphe, qu’il n’est pas capable de suivre ce qui se passe en classe, il y a peut-être une influenza, il y a peut-être d’autres virus qu’on ne veut pas non plus transmettre.» 

Les résultats de cette étude ont été obtenus grâce à la participation de plus de 2000 élèves du secondaire et près de 300 membres du personnel scolaires recrutés dans deux écoles secondaires de Montréal et suivis entre les mois de janvier et juin 2021.

Les chercheurs ont trouvé une plus grande proportion de cas asymptomatiques dans ces écoles participantes, ce qui voudrait dire que plus de cas ont été ratés dans les autres écoles de la province.

De plus, parmi les infections dont la source était connue, 72,5 % découlaient d’une transmission familiale et 25 % d’une transmission scolaire.

Avec Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

Violences en RDC : la justice transitionnelle doit être décolonisée

octobre 16, 2021
Un soldat de l’armée congolaise dans le camp de déplacés de Bijombo, dans l’est de la RDC. © ALEXIS HUGUET / AFP

Comment répondre aux violations massives des droits humains dans l’est de la RDC ? La justice transitionnelle peut être une solution, si elle est mise en œuvre par les Congolais eux-mêmes.

Depuis plus de trois décennies, la RDC vit au rythme des conflits et violences incessantes qui emportent des milliers de vies et causent de multiples blessures physiques et traumatismes mentaux dans toutes les communautés du pays, particulièrement dans les provinces orientales du Nord et du Sud Kivu, de l’Ituri et du Tanganyika. Répondre à ces violations massives des droits humains requiert une prise en compte globale des facteurs historiques, politiques, sécuritaires, économiques et sociaux qui peuvent nous éclairer sur les mécanismes ayant conduit au chaos et à la dévalorisation de la vie humaine dans ce pays. Mais les débats restent dominés par l’activisme en faveur de la création de mécanismes de justice transitionnelle.

Milices ethniques

Par justice transitionnelle, les Nations unies entendent « l’éventail complet des divers processus et mécanismes mis en œuvre par une société pour tenter de faire face à des exactions massives commises dans le passé en vue d’établir les responsabilités, de rendre la justice et de permettre la réconciliation ».  Dans le contexte congolais, les débats sont étroitement centrés sur le Mapping Report. Publié en août 2010, ce rapport du Haut-commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme inventoriait les « 617 incidents les plus graves » survenus entre mars 1993 et juin 2003, pouvant, « s’ils sont dument enquêtés et prouvés […], suggérer la commission de multiples violations des droits de l’homme». Les dits incidents couvraient notamment les violences au Shaba/Katanga et au Nord Kivu à partir du début 1993, celles précédant et accompagnant les deux guerres du Congo (1996-1998/1998-2001) ainsi que la difficile transition vers un gouvernement post-rebellions (2001-2003).

Parmi leurs auteurs présumés se trouvent diverses milices congolaises souvent organisées sur des bases ethniques, les forces armées régulières congolaises, les mouvements armés, notamment l’AFDL, le MLC, et les forces en provenance des pays voisins de la RDC, dont les armées rwandaise (APR/RDF), ougandaise (UPDF), burundaise (FAB), zimbabwéenne (ZDF) et angolaise (FAA).

Dans ses conclusions, le rapport recommandait « une politique holistique de justice transitionnelle qui s’appuierait sur la création de mécanismes divers et complémentaires », notamment un tribunal mixte pour la RDC ; une Commission vérité et réconciliation ; des programmes de réparation et de réformes institutionnelles. La juridiction mixte devrait mener des enquêtes approfondies devant éventuellement conduire à des poursuites judiciaires contre les auteurs des crimes commis dans le pays.

Au terme d’une campagne médiatique plutôt réductrice autour du Rapport Mapping et face aux protestations ou aux objections des pays voisins de la RDC, ce travail est quasiment tombé dans l’oubli. Il a resurgi ces dernières années grâce à l’activisme de personnalités telles que le Dr. Denis Mukwege, Prix Nobel 2018, d’acteurs politiques comme Martin Fayulu (coalition Lamuka) ainsi que de membres de la société civile portés par leurs soutiens internationaux, surtout européens.

Théories complotistes, rapport politique

Mais cet activisme soulève bien des interrogations tant il procède d’une lecture plutôt sélective du rapport. Ainsi, lors de sa publication, la tempête médiatique soulevée par l’évocation des «  attaques contre les réfugiés hutu », qualifiées de génocidaire, était en totale contradiction avec le silence quasi absolu sur les violences dirigées contre les Banyamulenge et les Tutsi congolais. De même, la qualité de victime ou de bourreau est attribuée aux uns et aux autres de manière fantaisiste, suivant le principe de l’objectivité sélective.

L’exemple le plus frappant est l’attitude paradoxale des personnalités comme Martin Fayulu qui promeuvent le Rapport Mapping ainsi qu’un vague concept de « génocide congolais » en souscrivant aux théories complotistes sur la balkanisation et l’occupation tutsi-rwandaise de la RDC tout en niant toute présence de Banyamulenge dans le pays.

IL NE FAUT PAS FÉTICHISER LE RAPPORT MAPPING ET IGNORER LES RÉALITÉS CONTEMPORAINES, Y COMPRIS LES ATROCITÉS EN COURS

Deuxièmement, l’usage sélectif du Rapport Mapping comme fondement d’une future justice transitionnelle en RDC rétrécit, de manière artificielle, les limites matérielles et temporelles des débats sur la responsabilisation pénale pour les violations des droits humains en RDC. En effet, celles-ci ont perduré au-delà de la décennie 1993-2003 couverte dans le document, jusqu’à aujourd’hui. Diverses sources, notamment l’ONU et le Baromètre sécuritaire du Kivu, ont récemment recensé dans les provinces orientales plus d’une centaine de groupes armés, essentiellement locaux, régulièrement accusés de multiples exactions. Les forces régulières (FARDC) et des groupes armés étrangers s’illustrent également par leurs abus envers des populations civiles.

De ce fait, une poursuite de justice transitionnelle qui fétichise le Rapport Mapping tout en ignorant les réalités contemporaines, y compris des atrocités en cours, revêt un caractère plus politique qu’une sincère défense des droits des victimes.

Décolonisation de la justice

En effet, l’activisme déployé pour la création d’un Tribunal pour la RDC trahit une certaine volonté d’externalisation des responsabilités pour tous les crimes commis dans le pays. Comme le déclarait récemment un député provincial sud-kivutien favorable à une justice international(isée) – et par ailleurs chantre du discours anti-banyamulenge-tutsi –, la justice pour laquelle il milite viserait à la condamnation des acteurs étrangers (rwandais, ougandais, burundais…) qu’il considère comme seuls responsables des violations commises en RDC. Cet argument trahit une lecture erronée du Rapport Mapping et surtout l’absence de regard introspectif sur les responsabilités congolaises dans les conflits, violences et autres maux qui gangrènent le pays.

INVESTIR DANS LA CAPACITÉ DES JURIDICTIONS CONGOLAISES AUSSI BIEN POUR LES VIOLATIONS PASSÉES QUE PRÉSENTES, SERAIT SALUTAIRE AU MOMENT OÙ L’AFRIQUE

Finalement – et c’est ici que se situe l’argument décolonial – le militantisme actuel, qui réduit la justice transitionnelle en RDC à une cour internationale ou mixte, est un aveu d’incapacité ou d’absence de volonté des acteurs congolais. La justice devant les tribunaux internationaux ou mixtes est essentiellement symbolique en ce sens qu’elle ne peut instruire qu’un nombre limité de dossiers. Après tout, la Cour pénale internationale a déjà mené des poursuites et reste saisie du dossier depuis 2004. Étant donné les coûts exorbitants que nécessite une telle démarche, investir dans la capacité des juridictions congolaises à délivrer la justice pour tous, aussi bien pour les violations passées que présentes, serait salutaire au moment où l’Afrique est appelée définir son avenir.

Avec le soutien d’institutions telles qu’Avocats sans frontières et l’International Centre for Transitional Justice, les juridictions congolaises ont démontré leur potentiel à surmonter les défis structurels – tels que la corruption institutionnalisée – pour instruire des dossiers, souvent très sensibles et médiatisés, sur certains crimes. La plainte récemment déposée devant les juridictions congolaises sur les crimes commis dans la région de Minembwe et les discours de haine s’inscrit dans ce cadre. Plutôt que de dépenser des ressources sur des juges, procureurs et experts de justice étrangers providentiels, un renforcement institutionnel de la capacité des praticiens congolais du droit à délivrer une justice véritablement indépendante, impartiale et inclusive contribuerait à une réelle décolonisation des interventions visant la justice, la paix et la sécurité en RDC et dans sa région est.

Félix Mukwiza Ndahinda

Avec Jeune Afrique par Félix Mukwiza Ndahinda

Chercheur congolais installé aux Pays-Bas.

Afghanistan: Les femmes pourront étudier à l’université, mais pas avec les hommes

septembre 12, 2021

AFGHANISTAN: LES FEMMES POURRONT ÉTUDIER À L'UNIVERSITÉ, MAIS PAS AVEC LES HOMMES

© Reuters/Mohammad Ismail 

(Reuters) – Les femmes afghanes qui le souhaitent seront autorisées à étudier à l’université, mais il sera mis fin à la mixité des cours, a annoncé dimanche le ministre de l’Education supérieure du gouvernement taliban, Abdul Baqi Haqqani.

En accord avec la Charia, a-t-il précisé lors d’une conférence de presse à Kaboul, les classes seront séparées entre hommes et femmes, les cours dispensés aux étudiantes le seront dans la mesure du possible par des enseignantes, et les jeunes femmes devront porter le voile intégral.

Abdul Baqi Haqqani a précisé que la non-mixité serait désormais de rigueur en Afghanistan et que les programmes d’enseignement seraient revus dans les mois qui viennent.

Avec Reuters par (Bureau d’Islamabad, version française Sophie Louet)

Pourquoi le Québec séduit toujours plus d’étudiants africains

juin 15, 2021
L’Université Laval a enregistré une hausse de 60 % de ses contingents d’étudiants africains depuis 2016.

Grâce au soutien de ses établissements universitaires, le Québec attire depuis longtemps les étudiants francophones étrangers, dont beaucoup d’Africains. Et en recueille en retour les fruits.

Cela fait bientôt cinquante ans que le Québec ouvre en grand les portes de ses établissements d’enseignement supérieur aux étudiants du monde entier, notamment francophones. Une destination depuis longtemps appréciée des Africains pour l’accessibilité de ses formations de haut niveau. Au point que le secteur fait partie des cinq piliers identifiés par le gouvernement québécois pour asseoir sa « Vision Afrique », qui doit être dévoilée avant la fin de cette année.

Ils sont chaque année plusieurs milliers à franchir l’Atlantique pour suivre des cycles d’études professionnelles, technologiques ou universitaires, avec l’objectif, diplôme en poche, de rentrer participer au développement économique de leur pays ou de solliciter la résidence au Québec pour intégrer en quelques années un marché du travail en pleine effervescence.

« Pour 2019-2020, nous avons reçu 16 000 demandes de dossiers en provenance de 45 pays d’Afrique pour l’ensemble de nos établissements partenaires », précise Catherine Plasse-Ferland, directrice-adjointe du Pôle régional en enseignements supérieur Capitale-Nationale. Également connu sous le nom de Québec Villes Études, il regroupe depuis 2018 les principales institutions universitaires et d’études supérieures de la province du même nom.

Pénurie de main-d’œuvre

Impulsé par le ministère de l’Éducation québécois, ce regroupement des principaux acteurs de la formation entre dans la stratégie gouvernementale destinée à répondre à la pénurie de main-d’œuvre observée dans de nombreux secteurs économiques de la province, et estimée actuellement à près de 150 000 postes, dont la moitié exigerait un niveau d’étude supérieure.

L’UNIVERSITÉ LAVAL A ENREGISTRÉ UNE HAUSSE DE 60 % DE SES CONTINGENTS D’ÉTUDIANTS AFRICAINS DEPUIS 2016

Une perspective qui suscite un intérêt grandissant ces dernières années chez les bacheliers africains, toujours plus nombreux à venir tenter leur chance au Québec. L’Université Laval, le plus grand établissement francophone d’enseignement supérieur d’Amérique du Nord, particulièrement présent à travers l’Afrique, a enregistré une hausse de 60 % de ses contingents d’étudiants africains depuis 2016.

Même progression dans le réseau des Collèges d’enseignement général et professionnel (Cegep) qui, dans le cursus scolaire québécois, fait le pont entre le lycée et l’université, avec un diplôme équivalent à une première année de licence. Un « animal solitaire » selon Francis Brown Mastropaolo, directeur des affaires internationales de la Fédération des Cegep, « suffisamment agile au niveau des formations proposées pour répondre aussi bien au souhait de spécialisation des doctorants qu’à l’urgence des migrants de s’insérer dans le marché du travail québécois ».

Avec ses 48 collèges, implantés sur l’ensemble du territoire, le réseau des Cegep constitue la porte d’entrée idéale pour les nouveaux arrivants, qui peuvent construire leur parcours en optant pour un diplôme d’études collégiales (DEC) leur permettant de suivre un cursus de niveau universitaire ou pour une attestation d’études collégiales (AEC), dont les formations plus ou moins longues sont censées correspondre au plus près aux besoins constatés en matière de ressources humaines.

C’est notamment le cas des programmes de formation proposés par le Cegep Limoilou, définis avec le concours des chefs d’entreprise de la région et particulièrement pensés pour le public africain. La formule Cegep séduit sur le continent même, puisque les Québécois ont participé à la réforme de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel du Sénégal (Isep), lancée en 2013 par le président Macky Sall. Une première expérience a été menée avec succès à Thiès, dupliquée par la suite dans le reste du pays.

Cameroun et Mozambique

Les Cegep disposent aujourd’hui d’une cinquantaine d’accords de coopération (numérisation des formations, développement de l’entrepreneuriat, assistance technique…) en Afrique de l’Ouest, ainsi qu’au Cameroun ou au Mozambique. « Notre approche très professionnalisante orientée sur l’employabilité des personnes commence à être largement reconnue sur le continent », constate Francis Brown Mastropaolo.

AU FIL DES GÉNÉRATIONS, LE QUÉBEC S’EST CONSTITUÉ EN AFRIQUE UN RÉSEAU UNIQUE

D’autres grands établissements, tels que l’École nationale d’administration publique (Enap) et l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), constituent également des voies d’accès privilégiées pour les Africains désireux d’étudier outre-Atlantique. Tous deux accueillent plusieurs centaines d’étudiants africains qui, chaque année, représentent entre 20 % et 25 % de leurs contingents étrangers respectifs.

L’Enap, qui a vu passer sur ses bancs plusieurs milliers d’Africains en près de soixante ans, propose des doctorats et des maîtrises reconnus dans de nombreux pays francophones du continent. Certains cursus ont même été délocalisés sur place, pendant que des modules de formation continue sont également proposés aux administrations locales.

Au fil des générations, le Québec s’est constitué en Afrique un réseau unique qui se densifie à chaque nouvelle promotion. « Quand les étudiants restent, ils rentrent dans la famille. Quand ils repartent dans leurs pays respectifs, ils sont nos meilleurs amis sur place », constate Francis Brown Mastropaolo. Dans un cas comme dans l’autre, le Québec en sort gagnant. Et les étudiants africains qui ont franchi le pas également.

Avec Jeune Afrique par Olivier Caslin

Canada/Mystérieuse maladie au N.-B.: 2 expertes disent qu’on ne doit pas céder à la panique

mars 20, 2021

 

De nombreuses questions demeurent sans réponse au sujet de la présence d’un syndrome neurologique dégénératif au Nouveau-Brunswick.

© Fournis par La Presse Canadienne

Deux expertes de l’Université de l’Alberta, Valerie Sim et Debbie McKenzie, étudient les maladies à prions qui sont causées par une protéine anormalement repliée dans le cerveau. Ces maladies provoquent un dépérissement du cerveau et les organes atteints sont souvent criblés de trous, explique la Pre Sim.

Parmi elles, on retrouve la maladie de Creutzfeldt-Jakob, une maladie rare et mortelle chez l’humain, la maladie de la vache folle chez les bovins et la maladie débilitante chronique, qui affecte le cerf, le wapiti, l’orignal et le renne.

«En ce moment, je dirais que c’est une bonne chose que les autorités du Nouveau-Brunswick regardent cela plus en détail, dit la Pre Sim. Cela ne signifie pas avec certitude qu’il existe un syndrome neurologique progressif. Cela signifie simplement qu’il existe un schéma intéressant et que nous avons besoin de plus d’informations.»

Une mention du syndrome inconnu est apparue pour la première fois dans une circulaire du 5 mars de la médecin hygiéniste en chef adjointe, la Dre Cristin Muecke, aux diverses associations professionnelles médicales de la province. Elle demande à tous ceux qui soupçonnent avoir rencontré un patient atteint de la maladie de les orienter vers une clinique spécialisée.

Les symptômes sont similaires à ceux de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, un trouble cérébral dégénératif et mortel, a déclaré jeudi la médecin-hygiéniste en chef, la médecin hygiéniste en chef de la province, Jennifer Russell.

Il y a 43 cas faisant l’objet d’une enquête dans la province, avec 35 cas confirmés et huit cas suspectés, a indiqué Mme Russell. Les cas ont été en grande partie détectés par des médecins de la région de Moncton et du nord-est de la province, a-t-elle mentionné. Le premier remonte en 2015.

Selon les deux scientifiques, il est peu probable qu’il s’agisse d’une maladie à prions encore inconnue, même si cela est déjà arrivé par le passé. En 1996, une variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob a été découverte au Royaume-Uni, signale la Pre McKenzie.

Ces maladies sont facilement identifiables par une autopsie en raison des lésions cérébrales qu’elles causent.

L’hypothèse que la maladie est causée par une sorte de toxine est sensée, souligne la Pre McKenzie. Elle mentionne que les autorités ont affirmé que les cas sont concentrés dans des zones précises.

«Ce serait en fait plus étrange, dans un sens, si la maladie était répandue dans tout le Nouveau-Brunswick ou dans tout le Canada atlantique, souligne-t-elle. Nous devons parler de quelque chose de très, très différent.»

Elle craint que d’en retracer les origines soit difficile. Premièrement, le premier patient a contacté la maladie il y a un certain temps déjà. Secundo, la perte de mémoire est l’un des symptômes de la maladie.

«Je suggérerais de ne pas trop s’inquiéter, dit la Pre McKenzie. On a besoin de beaucoup plus d’informations sur la source ou la cause sous-jacente de ces problèmes.»

Elle espère les gens consulteront un médecin s’ils présentaient l’un des symptômes associés à la maladie.

La Pre Sim dit qu’il reste encore de nombreuses questions auxquelles il faut répondre avant de conclure que les cas résultent tous d’une seule cause, en particulier une cause inconnue. Les symptômes révélés jusqu’à présent — une démence à progression rapide ainsi que des spasmes musculaires, une atrophie, des hallucinations et une foule d’autres complications — impliquent une grande partie du cerveau et pourraient survenir pour de nombreuses raisons différentes, a-t-elle déclaré.

«Des syndromes neurologiques progressifs et inexpliqués se produisent dans toutes les régions du pays et du monde, simplement parce que nous ne savons pas tout, souligne la Pre Sim. Nous n’avons pas découvert toutes les choses possibles qui peuvent arriver au cerveau.»

Avec Sarah Smellie, La Presse Canadienne