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La canicule a fait au moins 15 000 victimes en Europe

novembre 7, 2022

Selon une estimation dévoilée par l’OMS à l’occasion de la COP27, les décès liés aux vagues de chaleur devraient augmenter dans le futur.

Selon l'OMS, les vagues de chaleur auraient fait environ 4 500 morts en Allemagne en 2022.
Selon l’OMS, les vagues de chaleur auraient fait environ 4 500 morts en Allemagne en 2022.© Vincent Isore / MAXPPP / IP3 PRESS/MAXPPP

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié une estimation, toujours incomplète, lundi à l’occasion de la COP27 sur le climat. Celle-ci affirme qu’au moins 15 000 décès en Europe sont directement liés aux graves vagues de chaleur ayant affecté le continent durant l’été 2022. Ce bilan, qui inclut 4 500 morts en Allemagne, près de 4 000 en Espagne, plus de 3 200 au Royaume-Uni et un millier au Portugal, « devrait augmenter, plusieurs pays ayant rapporté des surmortalités liées à la chaleur », indique la directeur de la branche européenne de l’OMS, Hans Kluge, dans un communiqué.

L’OMS souligne ainsi que l’Institut français de la statistique, l’Insee, a enregistré une surmortalité de 11 000 personnes durant l’été 2022 par rapport à l’été 2019 précédant la pandémie de Covid, « probablement » expliquée par les très fortes chaleurs enregistrées en juin et en juillet, notamment. Selon les données de l’OMS, les températures extrêmes sont responsables de 148 000 décès en Europe depuis 50 ans. Avec 15 000 morts et sans doute plus en une seule année, 2022 représenterait à elle seule plus de 10 % de ce total.

« Le changement climatique nous tue déjà, mais une action forte aujourd’hui peut éviter davantage de morts », souligne l’organisation onusienne de la santé, au moment où se tient la COP27 en Égypte. Selon un rapport de l’ONU publié la semaine dernière, le continent européen est celui qui se réchauffe le plus rapidement, enregistrant une hausse des températures plus de deux fois supérieure à la moyenne planétaire au cours des trente dernières années.

Par Le Point avec AFP

« Des poissons morts partout » : crainte de désastre environnemental en Europe

août 13, 2022
Des poissons morts.

Des poissons morts flottent à la surface de la rivière Oder. Photo : Reuters/Cezary Aszkielowicz/Agencja Wybo

Des milliers de poissons flottent sans vie sur la rivière Oder, qui coule en Allemagne et en Pologne, laissant craindre un « désastre » pour l’environnement tandis que la population locale est appelée à rester éloignée de ces eaux.

Ces bancs de poissons affluant, ventre en l’air, sur les rives proches de la ville de Schwedt, dans l’est de l’Allemagne, ont probablement été portés par le courant à partir de la Pologne où les premiers cas ont été signalés dès le 28 juillet par des habitants de la région et des pêcheurs.

Des poissons morts flottent à la surface d'une rivière.

Des poissons morts flottent à la surface de la rivière Oder à Krajnik Dolny, en Pologne près de la frontière allemande. Photo: Reuters/Annegret Hisle

Des responsables allemands, pris par surprise par leur arrivée en masse, ont accusé les autorités polonaises de ne pas les avoir informés.

La ministre allemande de l’Environnement, Steffi Lemke, a exigé une enquête exhaustive afin de déterminer les causes de ce désastre environnemental.

En Pologne, le gouvernement populiste de droite s’est retrouvé sous le feu des critiques pour ne pas avoir réagi plus tôt.

Le premier ministre Mateusz Morawiecki a assuré samedi avoir été informé le 9 ou 10 août de la pollution. Il est évident que j’ai appris cela trop tard.

Au départ, tout le monde a pensé qu’il ne s’agissait que d’un problème local, avait-t-il déclaré sur son balado hebdomadaire vendredi.

« L’échelle de la pollution est très grande, suffisamment grande pour dire que l’Oder aura besoin d’années entières pour retrouver son état naturel. »

Debout au bord de l’eau, Michel Tautenhahn, chef adjoint du parc national de la vallée de la Basse-Oder, regarde, consterné, en direction de la rivière, qui forme une frontière naturelle entre la Pologne et l’Allemagne.

Nous sommes côté allemand. Nous avons des poissons morts partout, dit-il à l’AFP.

Je suis profondément choqué… J’ai l’impression de voir des décennies de travail ruiné. […] L’eau c’est notre vie, dit-il, ajoutant qu’une foule d’autres animaux aquatiques tels que les moules ont également succombé.

Les poissons, c’est juste la partie émergée de l’iceberg, assure-t-il.

Quatre hommes debout sur la rive d'une rivière observant des poissons morts.

Des gens regardent des poissons morts sur les rives de l’Oder. Photo : Reuters/Cezary Aszkielowicz/Agencja Wybo

L’Oder est une rivière considérée comme relativement propre depuis de nombreuses années, abritant une quarantaine d’espèces de poissons.

De nombreux poissons – certains longs de quelques centimètres, d’autres de près de 40 centimètres – flottent désormais sans vie sur la rivière. Parfois, on en voit quelques-uns battre la queue et se retourner avec peine pour essayer de nager.

En quête de réponses

Les autorités estiment que les poissons ont probablement été empoisonnés.

Leur mort est atypique, explique Axel Vogel, ministre de l’Environnement du Land de Brandebourg, jugeant que des tonnes de poissons ont déjà sans doute péri.

La mort des poissons est souvent causée par la distorsion des niveaux d’oxygène quand le niveau de l’eau est trop bas, explique-t-il.

« Mais nous avons noté une augmentation du niveau d’oxygène depuis plusieurs jours, ce qui indique qu’une substance étrangère a été introduite et a provoqué tout ça. »

Des tests sont en cours en Allemagne afin d’établir la nature de cette substance. Les autorités ont d’ores et déjà fait état de signes indiquant des niveaux extrêmement élevés de mercure.

D’autres tests préliminaires publiés vendredi soir ont révélé un taux de salinité inhabituellement élevé. D’autres résultats sont attendus sur la présence éventuelle de métaux lourds ou de mercure.

En Pologne, le parquet a été saisi de l’affaire, alors que l’indignation grandit dans le pays. Le chef du gouvernement a limogé vendredi deux responsables des eaux et de la protection de l’environnement, à qui il a reproché une action trop lente.

Samedi, la police polonaise a offert une récompense de 210 000 euros pour trouver l’auteur de la pollution.

Sur les bords de l’Oder en Allemagne, M. Tautenhahn s’inquiète pour l’avenir. Si c’est du mercure, il va rester là pendant longtemps, dit-il, rappelant que ce métal ne se désintègre pas et pourrait rester de longues années dans les sédiments.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

La canicule en Europe sème la mort en Espagne

juillet 20, 2022
Des gens se baignent dans la mer sous un ciel bleu partiellement enfumé.

Ciel enfumé près de La Teste-de-Buch, dans le sud-ouest de la France, où des incendies ont déjà ravagé des milliers d’hectares de forêt. Photo: AFP via Getty Images/Thibaud Moritz

La canicule qui frappe l’Europe depuis près de 10 jours aurait provoqué la mort de « plus de 500 personnes » en Espagne, a indiqué le premier ministre Pedro Sanchez lors d’un déplacement en Aragon.

Je demande aux citoyens d’être extrêmement prudents, a ajouté M. Sanchez. La surmortalité serait due à cette vague de chaleur, où le mercure a atteint 45 °C, mais il s’agit là d’une estimation du nombre de décès et non d’un registre officiel, a prévenu l’Institut public Carlos III.

Selon des données préliminaires publiées mercredi par l’agence météorologique nationale espagnole, la vague de chaleur actuelle est la plus importante et la plus intense jamais enregistrée dans le pays.

De nombreuses régions espagnoles sont aussi ravagées par des incendies qui ont détruit jusqu’à maintenant des milliers d’hectares à travers le pays.

Des feux de forêt touchent également la France et la Grèce.

La canicule des derniers jours s’étend sur une bonne partie de l’ouest de l’Europe, touchant le Portugal, le Royaume-Uni et la France, et balaie de nombreux records de température. Il s’agit du deuxième épisode de chaleur intense en un mois en Europe.

En France, deux incendies ont détruit près de 20 600 hectares de forêt en Gironde depuis le 12 juillet. Le feu semblait toutefois ralentir mercredi : le bilan est positif, même si les incendies ne sont pas toujours fixés, a mentionné à la presse un porte-parole des pompiers, le lieutenant-colonel Arnaud Mendousse.

Le président français Emmanuel Macron devait se rendre mercredi à La Teste-de-Buch, puis à Langon, à 40 kilomètres au sud de Bordeaux, aux côtés des sapeurs-pompiers, du personnel de la sécurité civile, des forces de l’ordre, des élus et de l’ensemble des personnes mobilisées, a annoncé l’Élysée.

Nuit d’incendies et records battus

En Grèce, après une nuit mouvementée, des moyens aériens ont été déployés pour combattre un feu qui ravage le pied du mont Penteli, au nord d’Athènes, et qui menace de nombreuses habitations.

Près de 500 pompiers, 120 véhicules, 10 hélicoptères et 9 avions étaient toujours mobilisés mercredi pour tenter d’éteindre l’incendie.

Plusieurs autres incendies se sont déclarés un peu partout en Europe, notamment au Royaume-Uni. Trois feux dans les environs de Londres ont mobilisé 300 pompiers, mais ceux-ci n’ont pas fait de blessés.

Dans un village à l’est de Londres, un feu d’une superficie de 40 hectares a éclaté, touchant des habitations, des bâtiments et des garages. Une dizaine de personnes ont dû être évacuées. L’origine du brasier n’a pas été établie.

Un feu a parcouru des champs et détruit plusieurs maisons du village de Wennington, à une trentaine de kilomètres du centre de Londres.

Les pompiers londoniens affirment qu’ils ont connu leur nuit la plus occupée depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Des records de chaleur sont tombés depuis les derniers jours en Europe. Il a fait 40,2 °C à l’aéroport d’Heathrow, une température jamais atteinte, puis 40,3 °C dans le village de Coningsby, au nord-est de l’Angleterre, selon l’agence météo Met Office.

En Écosse, la température a elle aussi fracassé des records avec 34,8 °C. En France, les 40 °C ont été dépassés dans des centaines de villes.

Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse

Canicule en Europe : le Royaume-Uni dépasse les 40°C, un record historique

juillet 19, 2022
Des gens se rafraîchissent, les pieds dans l'eau de la fontaines de Trafalgar Square, dans le centre de Londres, le 17 juin 2022.

Le mercure a dépassé mardi le record jamais atteint au Royaume-Uni avec 40,2 °C à l’aéroport Heathrow. Photo: AFP via Getty Images/Carlos Jasso

La température a dépassé mardi le seuil des 40 °C au Royaume-Uni, une première dans ce pays frappé comme le reste de l’Europe occidentale par une canicule qui occasionne des feux de forêt dévastateurs, notamment en France.

Il s’agit du deuxième phénomène de chaleur intense en à peine un mois en Europe. Cette multiplication est une conséquence directe de la crise climatique, selon les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence.

Le mercure a dépassé un niveau jamais atteint au Royaume-Uni avec 40,2 °C à 11 h 50, heure locale, à l’aéroport d’Heathrow, dans l’ouest de Londres, a annoncé l’agence météo Met Office.

Le record historique de températures – qui datait de juillet 2019 avec 38,7 degrés – avait déjà été battu dans la matinée avec plus de 39 °C recensés au sud de Londres.

C’est sûr que les Anglais ne sont pas habitués à ça. C’est dur d’être dehors, même à l’ombre c’est étouffant, a déclaré à l’AFP Emily Nixon, 34 ans, qui lundi a trouvé refuge dans une piscine municipale de la capitale britannique.

Après avoir vécu lundi la journée la plus chaude de l’année, les Britanniques ont passé la nuit la plus chaude jamais enregistrée dans le pays avec des températures qui par endroits ne sont pas descendues sous les 25 °C.

Le ministre des Transports Grant Schapps a souligné sur la BBC que non, les transports publics du pays datant de l’époque victorienne n’étaient pas en mesure de gérer de telles chaleurs.

Tous les trains sont annulés à cause de la chaleur. Je ne comprends pas. Ils ont des trains en Australie. Qui fonctionnent. Quel est le problème ici?, s’est agacé Ashley Meeloo, un usager de 62 ans à Londres.

Le gouvernement a été accusé de prendre le phénomène à la légère. Le premier ministre démissionnaire Boris Johnson a séché une réunion d’urgence sur la crise dimanche, préférant assister à un pot de départ, et le vice-premier ministre Dominic Raab a dit aux Britanniques de profiter du soleil.

Un panneau routier avertissant les automobilistes des prévisions de canicule pour les 18 et 19 juillet.

L’agence météorologique britannique annonce que les températures pourraient dépasser mardi la barre des 40 degrés dans le sud-est du pays. Photo : Getty Images/AFP/Damien Meyer

Des militants écologistes du groupe Extinction Rebellion ont brisé mardi matin des vitres de News UK, qui édite notamment le tabloïd The Sun, pour protester contre le traitement de la canicule dans certains médias.

The Sun a choisi de mettre en une des images de femmes en bikinis, de plages et d’enfants heureux avec des glaces, a dénoncé le groupe. Un autre tabloïd a titré lundi Ce n’est pas la fin du monde, stay cool and carry on [restez au frais et continuez].

Léger répit en France

Ailleurs en Europe, les Pays-Bas, qui ont enregistré lundi leur jour le plus chaud de l’année avec 35,4 °C, étaient confrontés déjà à des températures de 33 degrés vers 9 h 20 GMT. Quelque 39 °C sont attendus dans l’après-midi.

La Belgique redoute des records, le thermomètre pouvant grimper par endroits jusqu’à 40 °C. Exceptionnellement, les grands musées gérés par l’État fédéral sont accessibles gratuitement aux plus de 65 ans, qui peuvent y trouver de la fraîcheur.

En France, la température devrait baisser mardi sur la façade atlantique après une nuit compliquée en Gironde sur le front des deux incendies géants qui ont déjà ravagé 17 000 hectares de forêt.

Lundi, les records ont été battus dans plusieurs villes : 39,3 °C à Brest [nord-ouest], 42 °C à Nantes [centre ouest] ou 42,6 °C à Biscarosse [sud-ouest], selon Météo France. Le record absolu dans le pays, 46 °C, remonte au 28 juin 2019 à Vérargues [sud].

Quelque 16 000 personnes ont dû être évacuées lundi sous plus de 40 °C en raison des feux dans la région de Bordeaux.

En Bretagne, région généralement peu touchée par les feux de forêt, près de 1400 hectares de végétation sont partis en fumée dans le Finistère et 500 personnes ont été évacuées, 260 sapeurs-pompiers étant encore à pied d’œuvre mardi matin.

Une femme est assise près d'une fontaine à Paris.

En France, les températures devraient baisser un peu, mais les autorités du pays ont appelé à la prudence. Photo : Getty Images/AFP/Stefano Rellandini

Ça brûle toujours en Espagne et au Portugal

En Espagne, où la vague de chaleur extrême sévit depuis près de dix jours, les feux de forêt continuaient de faire rage mardi matin, notamment dans la province de Zamora [nord-ouest]. Selon les autorités régionales, près de 6000 personnes ont dû être évacuées à cause des flammes qui ont détruit plusieurs milliers d’hectares de prairies et de forêts.

Un léger répit était annoncé côté températures par l’agence météorologique nationale, alors que le mercure a allègrement dépassé les 40 degrés ces derniers jours.

Le changement climatique tue des personnes […], mais aussi notre écosystème, notre biodiversité, a réagi lundi le président du gouvernement Pedro Sanchez.

Au Portugal, plus de 1400 pompiers continuaient de lutter mardi matin contre les incendies dans le centre et le nord du pays.

Les deux feux de forêt les plus préoccupants à l’extrême nord du pays. L’un d’entre eux mobilisait mardi près de 700 pompiers et a conduit dans la soirée de lundi à l’évacuation de 300 personnes.

Un couple de septuagénaires a trouvé la mort lundi dans la zone après être sorti de la route alors qu’il tentait d’échapper aux flammes.

Une nouvelle hausse des températures est prévue dès mercredi dans le pays.

Un avion Canadair qui éteint le feu.

Au Portugal, les feux font toujours rage. Photo : Getty Images

Toute l’Allemagne est aussi confrontée à cette vague de chaleur, mais en Basse-Saxe [nord-ouest], les températures pourraient atteindre aujourd’hui les 40 degrés et donc s’approcher du maximum de 42,6 degrés enregistré dans cette région en juillet 2019 par le service météorologique allemand (DWD).

Environ la moitié du territoire de l’UE est actuellement confrontée à un risque de sécheresse à cause de l’absence prolongée de précipitations, qui expose des pays comme France, la Roumanie, l’Espagne, le Portugal et l’Italie à une probable baisse de rendement des cultures, selon la Commission européenne.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

L’Europe occidentale brûle toujours sous les effets de la canicule

juillet 16, 2022
L'Europe occidentale brule toujours sous les effets de la canicule
L’Europe occidentale brûle toujours sous les effets de la canicule© AFP/PATRICIA DE MELO MOREIRA

Une partie de l’Europe occidentale continuait de lutter samedi contre des feux de forêt dévastateurs, conséquence d’une vague de chaleur, selon les prévisionnistes, qui pourrait faire tomber plusieurs records de température au début de la semaine prochaine.

Dans le sud-ouest de la France, la mobilisation des pompiers ne faiblissait pas samedi pour fixer les incendies, particulièrement en Gironde où près de 10.000 hectares de forêt sont partis en fumée depuis mardi, dans un contexte de canicule généralisée où les températures pourraient atteindre 40°C localement, selon Météo-France.

Dans le touristique bassin d’Arcachon, en bord d’océan atlantique, les efforts déployés ont permis de ralentir la progression du feu. « Nous sommes toujours, et c’est une satisfaction, à 3.150 hectares brûlés, mais le feu n’est toujours pas maîtrisé », a déclaré à la presse un représentant de l’Etat, en saluant « l’énorme intensité et mobilisation » des pompiers.

Des reprises ont eu lieu ces dernières heures du côté de plages proches.

Plus dans les terres, le feu continue de progresser dans deux petites communes, avec désormais « plus de 7.000 hectares » brûlés, selon les autorités.

Ces feux, qui mobilisent plus d’un millier de pompiers, ont entraîné depuis mardi l’évacuation de plus de 12.000 personnes.

Accalmie en péninsule ibérique

Le Portugal connaissait une relative accalmie, avec un seul incendie important encore actif samedi, dans le nord du pays.

« Nous prévoyons de circonscrire ce feu dans la journée », a déclaré le commandant de la protection civile André Fernandes.

Ce feu semblait perdre en intensité en début d’après-midi, ont témoigné sur place des journalistes de l’AFP. Si la colline boisée d’où s’échappait de la fumée blanche était inaccessible aux pompiers, l’action d’un hélicoptère anti-incendie parvenait à ce stade à limiter la progression des flammes.

La veille, un avion bombardier d’eau qui combattait un feu de forêt dans la région de Guarda (nord) s’est écrasé, provoquant la mort du pilote, son unique occupant.

Selon un bilan de la protection civile portugaise, les incendies de la dernière semaine ont fait deux morts et une soixantaine de blessés. D’après ses estimations, ces feux ont ravagé, depuis le début de la canicule, entre 12.000 et 15.000 hectares de forêt et de broussailles.

En Espagne, des dizaines d’incendies faisaient toujours rage du nord au sud du pays. Dans la région d’Estrémadure, limitrophe du Portugal, un tronçon de l’autoroute A5, reliant Madrid à la frontière portugaise, a pu être rouvert à la circulation après avoir été fermé pendant plus de douze heures en raison d’un brasier.

A l’extrême sud, en Andalousie, un feu près de Malaga a obligé à l’évacuation préventive de plus de 3.000 personnes, selon les services de secours andalous.

En Grèce, les pompiers continuaient de combattre un foyer qui s’était déclaré vendredi matin, provoquant l’évacuation préventive de sept villages dans une zone rurale de la préfecture de Rethymno, sur l’île de Crête.

L’Agence météorologique espagnole a maintenu pratiquement tout le pays sous différents niveaux d’alerte aux températures élevées samedi, avec des valeurs supérieures à 40ºC dans de nombreuses régions et jusqu’à 44ºC par endroits.

Au Portugal, seule la région de l’Algarve au sud ne se trouvait pas en alerte à la chaleur. Dans le reste du pays, l’Institut météo prévoit samedi des températures pouvant atteindre les 42°C par endroits.

Alerte rouge au Royaume-Uni

Plus au nord de l’Europe, au Royaume-Uni, un comité de crise composé de ministres du gouvernement britannique devait se réunir dans la journée de samedi après que l’agence météorologique nationale a émis la toute première alerte « rouge » pour chaleur extrême, mettant en garde contre un « risque pour la vie ».

Le Met Office a déclaré que dans le sud de l’Angleterre, les températures pourraient dépasser les 40°C pour la première fois lundi ou mardi, pouvant ainsi battre le record de 38,7°C datant de 2019.

Le maire de Londres, Sadiq Khan, a conseillé aux Londoniens de n’utiliser les transports publics ces jours-là qu’en cas de « nécessité absolue ». Les compagnies ferroviaires ont également invité les passagers à éviter de voyager.

Certaines écoles du sud de l’Angleterre ont annoncé aux parents qu’elles resteraient fermées en début de semaine prochaine.

Cette vague de chaleur est la deuxième en à peine un mois en Europe. La multiplication de ces phénomènes est une conséquence directe du réchauffement climatique selon les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence.

Par Le Point avec AFP

Belgique : la prostitution est désormais autorisée, première en Europe

juin 5, 2022

Si le proxénétisme est encore interdit dans le plat pays, les travailleuses du sexe peuvent librement travailler, indique « Ouest-France ».

La prostitution est desormais totalement legale en Belgique.
La prostitution est désormais totalement légale en Belgique.© MYRIAM TIRLER / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Une première en Europe. Depuis le 1er juin dernier, les travailleuses du sexe sont des « professionnelles » à part entière en Belgique, révèle Ouest-France. En effet, le Parlement belge avait voté en mars dernier une grande loi sur le droit pénal lié aux infractions sexuelles. Parmi les principales mesures, l’intégration de la notion de consentement, une définition légale du viol plus large mais surtout la dépénalisation totale de la prostitution. Objectif : faire évoluer le code pénal belge aux problématiques actuelles.

D’après la police belge, il y aurait 26 000 prostituées dans le pays. Or, jusqu’ici celles-ci travaillaient dans un cadre très flou. Et pour cause, leur activité bien qu’illégale était tolérée par les autorités. Dans le même temps, toutes ces femmes n’avaient pas forcément une activité régulière. Ainsi, selon l’Université catholique de Louvain, elles seraient moins de 6 000. Il y a fort à parier que cet éclaircissement législatif va rebattre les cartes. Selon le texte voté par les parlementaires en mars dernier, les prostituées peuvent désormais bénéficier des mêmes droits que tous les travailleurs belges. En outre, elles pourront accéder à l’ensemble de la protection sociale – de la maladie au chômage – au même titre que les salariés « classiques ». 

Dans la loi belge, il est cependant toujours interdit de faire du proxénétisme. D’autant que le but de la loi est de « couper l’herbe sous le pied » de ces individus profitant souvent de personnes fragiles physiquement et psychologiquement. En revanche, un banquier ou un assureur qui travaillerait avec une prostituée ne tombera plus sous le coup de la loi.

La Belgique, un pays en avance ?

À ce jour, Bruxelles est la seule capitale à avoir légalisé la pratique de la prostitution, au sein de l’Union européenne. Si des législations similaires existent dans d’autres pays européens, les conditions étant trop restrictives, les effets ne se sont jamais fait ressentir. En Allemagne, par exemple, pour être reconnue comme « prostituée », il faut un contrat de travail. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Par ailleurs, ce n’est pas la première fois que la Belgique s’illustre sur une telle avancée sociétale. En 2002, c’était le deuxième pays au monde à rendre l’euthanasie possible. Un an plus tard, le mariage entre personnes de même sexe était légalisé. A contrario, le pays a durci en 2017 sa législation sur le cannabis. Jusqu’à cette date, les autorités permettaient aux habitants de détenir sans problème jusqu’à trois grammes de cannabis. 

Pour ce qui est de la prostitution, cette réforme était réclamée depuis de nombreuses années par les prostituées elles-mêmes. Leurs arguments : cela mettrait fin aux discriminations et permettrait de lutter efficacement contre la traite d’êtres humains. « L’histoire nous a montré que le seul outil pour lutter contre l’esclavage, ce sont les droits. Et en criminalisant, on crée une zone de non-droit », explique Daan Bauwens, directeur de l’organisation de représentation des travailleuses (et travailleurs) du sexe, à Ouest-France.

Avec Le Point avec AFP

Gaz : le Sénégal prêt à fournir l’Europe en GNL

mai 23, 2022

Macky Sall et son homologue allemand Olaf Scholz étudient la mise en place d’un partenariat permettant d’alimenter l’Europe en GNL.

Le chancelier allemand Olaf Scholz assiste à l’inauguration d’une centrale photovoltaïque à Diass aux côtés de Macky Sall et de Sophie Gladima, ministre de l’Énergie, le 22 mai 2022. © MICHAEL KAPPELER / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP

L’Allemagne est en discussions « intensives » avec le Sénégal pour participer à des projets autour des ressources en gaz du pays ouest-africain, lui-même prêt à alimenter l’Europe, ont annoncé le 22 mai le chancelier allemand Olaf Scholz et le président sénégalais Macky Sall. Lors d’une conférence de presse conjointe, les deux dirigeants s’exprimaient sur les conséquences de la guerre en Ukraine et son impact sur les approvisionnements en énergie, en particulier pour l’Allemagne, très dépendante du gaz russe.

Le Sénégal, pays membre de la Cedeao, place beaucoup d’espoir dans l’exploitation future commune avec la Mauritanie des champs de gaz et de pétrole découverts dans l’Atlantique ces dernières années. Le président sénégalais a prévu le début de la production en décembre 2023, à raison de 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an dans un premier temps, et 10 millions en 2030.

Gas-to-power

« Nous sommes prêts, le Sénégal en tout cas, à travailler dans une perspective d’alimenter le marché européen en GNL », a déclaré Macky Sall. « J’ai demandé au chancelier de nous accompagner pour le développement de ces ressources de gaz, pour la production de GNL à partir de l’Afrique vers l’Europe, et aussi pour le gas-to-power« , c’est-à-dire la production de gaz destinée à alimenter les centrales électriques locales, a-t-il ajouté. L’Allemagne est déjà engagée dans des projets d’énergie renouvelable ou de stockage de l’énergie, et des discussions ont commencé au sujet du gaz, a répondu le chancelier allemand.

Financement des énergies fossiles

Des discussions qui devraient se poursuivre de « manière très intensive » au niveau des experts « parce que cela a du sens » et qu’il « est dans notre intérêt commun d’accomplir des progrès », a-t-il poursuivi. Le président sénégalais s’est à nouveau élevé contre un arrêt des financements de l’exploitation des énergies fossiles au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Une vingtaine de pays, dont les États-Unis et la France, se sont engagés lors de la conférence sur le climat COP26 en 2021 à mettre un terme d’ici à fin 2022 au financement à l’étranger de projets d’énergies fossiles sans techniques de capture du carbone.

« L’Afrique est un continent d’1,3 milliard d’habitants, dont 600 millions n’ont pas accès à l’électricité », a déclaré Macky Sall. « Il faut aussi soutenir l’industrialisation. Dans ce contexte, n’étant pas les plus grands pollueurs puisque n’étant pas industrialisés, il serait injuste dans la recherche de solution (au réchauffement climatique) qu’on veuille interdire à l’Afrique d’utiliser les ressources naturelles qui sont dans son sous-sol ».

Tournant

Interrogé sur le caractère éventuellement prématuré d’engagements pris contre le réchauffement, Olaf Scholz, faisant référence aux crises en cours, a répondu que « le fait que, de manière générale, nous devions regarder d’un nouvel œil la situation dans le monde résulte de ce que j’ai appelé un tournant entre deux époques ». « Nous ne pouvons pas accepter qu’on empêche quelques pays dans le monde d’exploiter leurs possibilités » parce qu’ils n’avaient pas les capacités financières de le faire ou parce qu’ils n’en avaient pas encore eu l’occasion, a-t-il dit.

Par Jeune Afrique avec AFP

Russie: Poutine menace de couper le gaz dès minuit si l’Europe ne paye pas en roubles

mars 31, 2022

« Nous n’allons pas non plus faire de charité », a déclaré le président russe Vladimir Poutine. Photo : Getty Images/Mikhail Klimentyev

Le président russe Vladimir Poutine a signé un décret stipulant que les pays « inamicaux » devront payer en roubles le gaz russe dès le vendredi 1er avril.

Pour acheter du gaz naturel russe, elles [les compagnies importatrices] doivent ouvrir des comptes en roubles dans des banques russes. C’est à partir de ces comptes que seront effectués les paiements pour le gaz livré à partir de demain, a déclaré le chef du Kremlin, jeudi à la télévision nationale.

Les clients, principalement européens, ne pourront donc plus payer leurs factures en euros ou en dollars, sous peine de voir les livraisons cesser, avait annoncé la semaine dernière le président russe.

Si de tels paiements ne sont pas effectués, nous considérerons cela comme un défaut de la part des acheteurs, avec toutes les conséquences qui en découlent, martèle le président russe.

Personne ne nous vend quoi que ce soit gratuitement, et nous n’allons pas non plus faire de charité -c’est-à-dire que les contrats existants seront annulés, a-t-il ajouté.

Pour M. Poutine, cette mesure était une réponse au gel de quelque 300 milliards de dollars des réserves en devises dont la Russie disposait à l’étranger, une sanction décidée par les Occidentaux en représailles à l’offensive russe en Ukraine. Et aussi une manière pour son pays de renforcer sa souveraineté.

L’Allemagne et l’Italie dépendent fortement du gaz russe pour répondre à leurs besoins énergétiques.

La décision de passer à une facturation en roubles doit permettre à la Russie de soutenir sa monnaie nationale, chahutée par les sanctions, mais la privera d’une source de devises.

D’ores et déjà, la Russie oblige ses exportateurs, y compris Gazprom, à convertir 80 % de leur chiffre d’affaires en roubles.

Ces mesures et un taux d’intérêt directeur à 20 % ont permis à la monnaie russe de se reprendre. Après avoir considérablement dévissé dans la foulée du début de l’offensive russe le 24 février, elle revient à des niveaux proches de ceux enregistrés avant l’assaut.

Pas de chantage, selon l’Allemagne

En réponse à la décision de la Russie de faire payer les acheteurs étrangers sur des comptes en roubles pour le gaz russe, l’Allemagne a déclaré qu’elle ne serait pas soumise au chantage de Poutine.

Il est écrit dans les contrats que les paiements se font en euros et parfois en dollars, a expliqué le chancelier allemand Olaf Scholz, lors d’une conférence de presse avec son homologue autrichien, Karl Nehammer.

J’ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi et les entreprises veulent pouvoir payer en euros et le feront, a-t-il ajouté.

Pour le ministre de l’Économie allemand, Robert Habeck, il est important que ce qui écrit sur les contrats [payés en euros ou en dollars] soit respecté.

Nous ne céderons pas au chantage de Poutine, a-t-il lancé.

De son côté, réagissant à la décision de Poutine, le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé que la France et l’Allemagne se préparent à une réduction des livraisons de gaz russe.

Il peut y avoir une situation dans laquelle […] il n’y aura plus de gaz russe, a-t-il déclaré.

Le gaz russe est crucial pour l’Union européenneUE, qui cherche depuis le début de l’offensive de Moscou en Ukraine à se défaire de cette dépendance. Il représente environ 40 % des importations de gaz naturel de l’Union, l’Allemagne étant de loin le plus gros client.

Les 27 [pays de l’Union européenneUE] veulent désormais des achats en commun de gaz et les États-Unis vont augmenter leurs livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’Europe.

Avec Radio-Canada

Le G7 refuse de payer le gaz russe en roubles

mars 28, 2022

Gazprom fournit environ 40 % du gaz importé de l’Europe. Photo: Reuters/Maxim Shemetov

Les ministres de l’Énergie du G7 rejettent l’exigence du président russe, Vladimir Poutine, d’un paiement en roubles du gaz russe vendu par Moscou aux pays « inamicaux », a déclaré lundi le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, après des discussions avec ses homologues.

Tous les ministres du G7 se sont accordés sur le fait qu’il s’agissait d’une rupture unilatérale claire des contrats existants, a-t-il dit après une réunion en visioconférence.

Ils ont souligné une nouvelle fois que les contrats conclus étaient valides et que les entreprises devaient les respecter […]. Le paiement en roubles est inacceptable et nous appelons les entreprises concernées à ne pas se plier à l’exigence de Poutine, a-t-il ajouté.

La tentative de Poutine de nous diviser est évidente, mais comme vous pouvez le constater au vu de cette grande unité et de cette détermination, nous ne nous laisserons pas diviser.

La semaine dernière, le président russe a demandé à ce que les pays jugés inamicaux payent leurs achats de gaz et de pétrole russes en roubles, la monnaie nationale russe.

Le Kremlin a donc demandé au gouvernement, à la banque centrale russe et à Gazprom, qui fournit 40 % du gaz importé dans l’Union européenneUE, de lui soumettre d’ici au 31 mars des propositions visant à permettre le règlement en roubles.

Nous n’allons pas fournir de gaz gratuitement, c’est très clair, a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, pendant une conférence téléphonique.

Dans notre situation, il n’est ni possible ni approprié de faire de la charité, a-t-il ajouté.

Cette décision du Kremlin vise à soutenir la monnaie nationale russe sur les marchés alors qu’une partie des réserves de la banque centrale est bloquée par les sanctions décrétées par les pays occidentaux en raison de l’invasion de l’Ukraine.

Les pays membres de l’Union européenne, dont l’Allemagne, l’Italie et la Pologne, qui sont de gros importateurs d’hydrocarbures russes, se sont fixé comme objectif de s’en passer totalement d’ici à 2027. D’ici la fin de l’année, ils ambitionnent même de couper leur dépendance du deux tiers.

Vendredi, les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient faire en sorte de fournir 15 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié à l’Union européenneUE cette année, soit 10 % du gaz russe qu’elle importe. Les usines de liquéfaction américaine tournant déjà à plein régime, ces livraisons se feront au détriment d’autres pays, ont cependant souligné plusieurs experts.

Par Radio-Canada avec les informations de Reuters et Agence France-Presse

Canada: Au revoir les camionneurs, bonjour l’Europe

mars 6, 2022

Justin Trudeau entame dimanche un voyage de six jours au Royaume-Uni, en Lettonie, en Allemagne et en Pologne. Au cœur des discussions, bien sûr, la guerre en Ukraine — un conflit qui, malgré toutes ses horreurs, a permis au premier ministre canadien de tourner la page sur une crise domestique qui lui collait à la peau.

Justin Trudeau.

Le gouvernement Trudeau a multiplié les sanctions depuis l’invasion russe en Ukraine. Photo: La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick

À 16 h 40, le mercredi 23 février, Justin Trudeau terminait un dernier point de presse sur la controversée Loi sur les mesures d’urgenceIl venait d’annoncer qu’il mettait fin à cette législation extraordinaire qui avait permis, disait-il, de chasser les camionneurs du centre-ville d’Ottawa.

L’invocation de la loi a encouragé certaines personnes à quitter [les lieux] et a permis aux forces de l’ordre de pouvoir en finir avec ces occupations, expliquait alors le premier ministre.

Cinq heures plus tard, une autre occupation débutait, celle-là beaucoup plus sanglante : Vladimir Poutine lançait ses troupes à l’assaut de l’Ukraine. La guerre était de retour en Europe.

En coulisses, plusieurs libéraux pensent que l’invasion russe et, surtout, la réponse canadienne coordonnée avec celle des alliés ont permis à Justin Trudeau de retrouver sa stature d’homme d’État.

L’enjeu des camionneurs, c’est complètement disparu des écrans radars, confie une source libérale, qui croit que pour beaucoup de gens, la guerre en Ukraine a mis les choses en perspective, entre autres sur ce que ça voulait dire, défendre la liberté.

Un sondage réalisé par la firme Research Co. à la fin de février montre que 52 % des Canadiens interrogés approuvent la réponse du premier ministre dans le dossier ukrainien.Trudeau entouré des ministres Mélanie Joly, Anita Anand  et Chrystia Freeland.

Justin Trudeau, entouré des ministres Mélanie Joly, Anita Anand et Chrystia Freeland, lors d’une annonce sur de nouvelles sanctions imposées à la Russie. Photo: The Canadian Press/Adrian Wyld

Même des personnes généralement critiques quant à la politique étrangère de Justin Trudeau reconnaissent que son gouvernement a bien agi jusqu’à maintenant.

Je pense que le gouvernement canadien a été à la hauteur de ce qui était demandé par les alliés, lance Jocelyn Coulon, au bout du fil. L’ancien conseiller de l’ex-ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion avait publié en 2018 Un selfie avec Justin Trudeau, un ouvrage dans lequel il reprochait au premier ministre son manque d’ambition sur le front diplomatique.

M. Coulon complimente aussi la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, qui a eu le ton juste dans les dernières semaines : On voit qu’elle a pris de l’assurance dans les dossiers de politique étrangère.

Le travail de la vice-première ministre a également été remarqué. Une source gouvernementale confirme d’ailleurs que Chrystia Freeland a joué un rôle clé dans les discussions auprès des alliés occidentaux, qui ont permis d’aboutir à l’imposition de sanctions contre la Banque centrale russe.

Dialoguer avec ses adversaires

Toutefois, si le Canada a commis un sans faute jusqu’à maintenant, sa réponse n’est pas pour autant suffisante, croit Jocelyn Coulon. Comme il le faisait déjà dans son livre, l’ex-conseiller reproche au gouvernement Trudeau de ne pas avoir entamé de dialogue direct avec la Russie.Vladimir Poutine.

Le président russe Vladimir Poutine reste intransigeant dans sa volonté de continuer la guerre en Ukraine. Photo : Getty Images/MikhaiI Klimentyev

Il n’y a eu, par exemple, aucune rencontre bilatérale entre Vladimir Poutine et Justin Trudeau depuis l’élection de celui-ci, en 2015. Or, dans les dernières années, tous les autres leaders du G7 se sont entretenus avec le président russe, souvent à plusieurs reprises, malgré leur désapprobation de l’invasion de la Crimée en 2014.

Il faut toujours parler non seulement à nos amis, mais aussi à nos adversaires, ajoute Jocelyn Coulon. C’est là que la diplomatie prend son sens.

Le professeur Justin Massie, expert en sécurité internationale à l’Université du Québec à Montréal, abonde dans le même sens : C’est important de dialoguer même avec ses ennemis, même quand on est en conflit. Il cite en exemple la démarche de la France dans les derniers jours, qui s’est démarquée par sa diplomatie pour tenter d’organiser un corridor humanitaire afin de sortir les personnes de Kiev.

Bien sûr, reconnaît M. Massie, la diplomatie a ses limites. Vladimir Poutine, malgré toutes les pressions des alliés, n’a montré aucun signe de retrait et poursuit sans vergogne ses bombardements contre les villes ukrainiennes. Il est cependant nécessaire, d’après le politologue, de garder le dialogue ouvert, ne serait-ce que pour tenter d’alléger la situation pour les populations civiles.Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le président russe Vladimir Poutine.

Le président français Emmanuel Macron a eu plusieurs entretiens avec le président russe Vladimir Poutine. Photo : Getty Images/Michel Euler

Or, au Canada, ajoute-t-il, on n’aime pas beaucoup avoir l’air de discuter avec [nos] rivaux parce qu’on se fait accuser de complaisance par nos adversaires politiques, qui utilisent la politique étrangère à des fins partisanes. Et c’est malheureux.

Justin Massie déplore entre autres le fait que les conservateurs aient demandé d’expulser l’ambassadeur russe qui se trouve à Ottawa — une très mauvaise idée, selon lui : Même les États-Unis ont des relations directes et privilégiées avec la Russie pour éviter des interprétations ou des mauvais calculs qui pourraient, peut-être, mener à une escalade militaire.

La présence d’une large communauté ukrainienne au Canada – la troisième au monde – et ce que Jocelyn Coulon appelle l’influence très importante du lobby ukrainien au sein du gouvernement Trudeau ont aussi contribué, d’après l’ex-conseiller, à une absence de communication avec le géant russe.Le contrôle de l’Arctique constitue un enjeu sur lequel la Russie et le Canada devront inévitablement dialoguer dans les années à venir, selon Jocelyn Coulon.

La mainmise sur l’Arctique constitue un enjeu à propos duquel la Russie et le Canada, qui contrôlent environ 75 % du territoire, devront inévitablement dialoguer dans les années à venir. Or, Jocelyn Coulon estime qu’en « ayant une relation très mauvaise avec les Russes », le Canada « se positionne mal pour défendre ses intérêts dans l’Arctique ». Photo: East2West

Peu de succès en affaires étrangères

Même si Justin Trudeau ne va rencontrer que des alliés au cours de ce voyage en Europe, Justin Massie reconnaît que le gouvernement fédéral a bien géré jusqu’à maintenant le dossier ukrainien, surtout par comparaison avec certains ratés commis en matière de politique étrangère.

Le politologue cite en exemple le voyage en Inde, mais aussi les 200 Casques bleus que le Canada n’a jamais déployés comme prévu, le retrait de ses troupes du Mali avant la date demandée par l’Organisation des Nations uniesONU, ou encore l’échec du gouvernement libéral à obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies.

La politique étrangère de Justin Trudeau n’a pas eu beaucoup de succès, mis à part la négociation de l’Accord de libre-échange nord-américainALENA 2.0, le nouvel accord commercial avec les États-Unis signé sous Donald Trump, affirme M. Massie.

Les attentes dans ce conflit étaient donc assez basses d’après l’expert en sécurité internationale, encore plus après la crise des camionneurs qui a paralysé le centre-ville d’Ottawa, où on a vu un premier ministre plutôt absent dans les premières semaines du conflit.

Là, conclut-il, on sent que Justin Trudeau est plus présent et que son gouvernement multiplie les annonces. L’image d’inaction qui colle parfois à la peau du premier ministre semble donc plus difficile, jusqu’à maintenant, à apposer à sa réponse au conflit ukrainien.

Avec Radio-Canada par Laurence Martin