Posts Tagged ‘Évêques’

Vatican : des femmes à la commission qui nomme les évêques

juillet 13, 2022

Le pape François a nommé, mercredi 13 juillet, trois femmes pour servir en tant que membres du bureau du Vatican qui examine les nominations d’évêques.

Le pape Francois a nomme trois femmes membres du bureau du Vatican qui examine les nominations d'eveques.
Le pape François a nommé trois femmes membres du bureau du Vatican qui examine les nominations d’évêques.© Stefano Spaziani / Spaziani / picture alliance / Stefano Spaziani

Petite révolution au Vatican. Le pape François a nommé deux religieuses, dont une Française, et une laïque au département en charge du processus de sélection des évêques, a annoncé, mercredi 13 juillet, le Vatican. Les religieuses Yvonne Reungoat, une Française, et Raffaella Petrini, une Italienne, ainsi que la laïque argentine Maria Lia Zervino seront les premières femmes à exercer au sein de ce prestigieux dicastère, équivalent d’un ministère.

Ces nominations interviennent alors le pape de 85 ans a affirmé à plusieurs reprises que les femmes devraient jouer un plus grand rôle dans le gouvernement de l’Église.

Un changement de Constitution

L’an dernier, il a autorisé par un décret les femmes à lire au cours des liturgies et à donner la communion, sans toutefois aller jusqu’à leur ouvrir la porte de la prêtrise. La nouvelle Constitution de la Curie romaine (le gouvernement du Vatican), entrée en vigueur le mois dernier, autorise les femmes à diriger des départements au Vatican. Raffaella Petrini, une franciscaine, est depuis novembre la secrétaire générale du gouvernorat du Vatican, et la première femme à occuper ce poste.

Yvonne Reungoat, une salésienne de 77 ans, avait été nommée en 2019 avec six autres femmes à la congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, une institution en charge des ordres religieux et des congrégations. Il s’agissait là encore d’une première, car ses membres étaient jusqu’alors des prêtres, des évêques ou des cardinaux.

Maria Lia Zervino était jusqu’ici la présidente de l’Union mondiale des organisations catholiques féminines. Les membres du dicastère des évêques sont chargés d’évaluer les candidats potentiels et de donner des recommandations au pape.

Dans un communiqué, la Women’s Ordination Conference (WOC), une organisation qui milite depuis 1975 pour l’accès des femmes à la prêtrise, a salué ces nominations, tout en précisant qu’elles ne « peuvent pas à elles seules compenser les injustices auxquelles sont confrontées les femmes au sein de l’Église », dénonçant « une culture de sexisme ». « Nous notons aussi la profonde ironie du fait de faire participer des femmes à la sélection des évêques, une fonction dont elles sont elles-mêmes exclues à cause de leur sexe. »

Avec Le Point

Pédocriminalité dans l’Eglise: appel à la démission des évêques, mobilisation sur les réseaux sociaux

octobre 11, 2021
Pedocriminalite dans l'Eglise: appel a la demission des eveques, mobilisation sur les reseaux sociaux
Pédocriminalité dans l’Eglise: appel à la démission des évêques, mobilisation sur les réseaux sociaux© POOL/AFP/Archives/Thomas COEX

C’est un appel inédit qu’ont lancé lundi trois personnalités en réclamant la démission de l’ensemble des évêques, comme seule réponse « honorable », selon eux, aux conclusions du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l’Eglise catholique.

Par ailleurs, via les réseaux sociaux et des hashtags comme #MyChurchToo, des catholiques s’indignent ou se mobilisent pour réformer leur église.

Dans un texte transmis à l’AFP, trois personnalités ont réclamé lundi « la démission collective de l’ensemble des évêques en exercice », « comme un signe d’espoir et de renouveau ».

Il s’agit du cofondateur de l’association de victimes La parole libérée (aujourd’hui dissoute) François Devaux, de la directrice de la rédaction de Témoignage chrétien Christine Pedotti et de la théologienne Anne Soupa, qui milite depuis plusieurs années pour donner davantage de place aux femmes dans la gouvernance de l’Eglise.

Selon eux, la démission « est le seul geste à la mesure de la catastrophe et de la perte de confiance dans laquelle nous sommes. C’est un premier acte de repentir concret, coûteux, à l’égard des victimes. C’est la seule attitude qui peut permettre de restaurer la maison Eglise ».

C’est aussi « la seule façon de rendre possible l’indemnisation des victimes car la faillite de l’institution est aussi matérielle. Les fidèles ne veulent pas contribuer pour des fautes qu’ils n’ont pas commises. Mais dans une Eglise restaurée dans laquelle tous et toutes seront représentés, cette solidarité et cette fraternité nouvelles permettront de trouver les ressources financières nécessaires », détaillent-ils.

Dans son rapport publié mardi dernier, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), présidée par Jean-Marc Sauvé, a estimé à 216.000 le nombre de mineurs victimes d’un prêtre ou d’un religieux en France depuis les années 1950, et à 330.000 si l’on ajoute les agresseurs laïcs en lien avec les institutions de l’Eglise.

La France compte un peu moins de 120 évêques.

#MyChurchToo

« Le rapport Sauvé dit que la pédocriminalité est un phénomène systémique. C’est donc l’ensemble du corps – institutionnel – qui doit réagir », a déclaré à l’AFP le père Pierre Vignon. « Les évêques sont responsables, dans l’ensemble du corps – même s’il ne s’agit pas de la responsabilité personnelle de l’un ou l’autre ».

« Ce qui aurait eu du panache et aurait marqué les esprits, aurait été de démissionner aussitôt collectivement », a-t-il écrit ce week-end, dans un texte au site internet religieux italien Adista. Le père Vignon avait réclamé, en août 2018, la démission du cardinal Barbarin.

Tous rappellent qu’en Allemagne, en juin dernier, un des cardinaux les plus influents du pays, l’archevêque de Munich Reinhard Marx, a demandé au pape François d’être démis de ses fonctions, tirant les conséquences de l' »échec », selon lui, de l’Église catholique dans « la catastrophe des abus sexuels », notamment dans le diocèse de Cologne, le plus important du pays. Une demande qui sera ensuite rejetée par le pape.

Trois mois avant, un rapport accablant avait révélé que des centaines de mineurs avaient subi des violences sexuelles dans le diocèse de Cologne entre 1975 et 2018, et que plusieurs responsables religieux s’étaient tus.

Le rapport Sauvé a continué lundi à susciter des réactions. Vendredi des messages ont émergé sur le réseau Twitter sous les hashtags #AussiMonÉglise et #MyChurchToo, relayés par des influenceurs catholiques comme Erwan Le Morhedec, auteur du blog koztoujours. Des fidèles, pratiquants ou non, s’interrogent sur les réformes à mener, ou expriment leur indignation.

« Aux victimes qui nous lisent, pardon. Pardon de ne pas avoir été là pour vous, hier. Croyez que nous voulons l’être aujourd’hui. Laïcs, nous réclamons les réformes nécessaires. Pas au rabais, pas au minimum, avec ambition ! », a lancé Erwan Le Morhedec.

De son côté, la conférence des baptisés francophones, un réseau d’associations de catholiques réformateurs qui tenait ses assises ce week-end à Paris, a prévenu dans un communiqué que les fidèles attendaient « des changements de fond à hauteur des enjeux » et prévenu qu’elle serait « la vigie exigeante de la mise en œuvre des recommandations » de la Ciase.

Par Le Point avec AFP

En Roumanie, le pape béatifie sept évêques martyrs du régime communiste

juin 2, 2019

Pope Francis visits Romania

Le pape François à son arrivée à la cérémonie de béatification de sept évêques gréco-catholiques roumains. REUTERS/Remo Casilli

Le pape François a béatifié dimanche sept évêques gréco-catholiques roumains, des «martyrs de la foi» emprisonnés et torturés par le régime communiste. «Les nouveaux Bienheureux ont souffert et sacrifié leur vie, en s’opposant à un système idéologique totalitaire et coercitif», a déclaré le pape lors d’une messe géante à Blaj (centre), au troisième et dernier jour de sa visite en Roumanie. D’après les organisateurs, quelques 60.000 fidèles étaient rassemblés sur le Champ de la liberté de cette ville de 20.000 habitants, siège de l’Eglise uniate (dite aussi gréco-catholique).

«Ces pasteurs, martyrs de la foi, ont recueilli et laissé au peuple roumain un précieux héritage que nous pouvons synthétiser en deux mots : liberté et miséricorde», a-t-il ajouté, évoquant la «diversité des expressions religieuses» qui enrichit la Roumanie, majoritairement orthodoxe. Dans la nuit du 28 au 29 octobre 1948, ces hauts prélats ont été arrêtés par des agents du régime communiste, sous l’accusation de «haute trahison», pour avoir refusé de se convertir à l’orthodoxie. Torturés et humiliés, ils sont morts en détention ou en réclusion dans un monastère orthodoxe et enterrés furtivement, les lieux de sépulture demeurant secrets pour quatre d’entre eux.

Pope Francis visits Romania

Le pape François a donné une messe géante à Blaj, durant laquelle il a béatifié sept évêques gréco-catholiques roumains Vatican Media/ Fourni par Reuters

Pope Francis visits Romania

Cette icône représente les sept prêtres béatifiés. Vatican Media/ Fourni par Reuters

Symboliquement, des barreaux des cellules où ils ont été emprisonnés ont été incorporés dans le trône créé spécialement pour la venue du pape. Les uniates sont des catholiques de rite byzantin issus d’une scission au sein de l’orthodoxie remontant à la fin du 17e siècle, lorsque la région de Transylvanie (centre) faisait partie de l’empire austro-hongrois: tout en conservant leurs pratiques orthodoxes, ils ont reconnu l’autorité du pape. Une allégeance que les communistes ne pouvaient tolérer: un décret adopté fin 1948 a interdit de facto le gréco-catholicisme et affirmé que ses fidèles étaient «revenus au culte orthodoxe». L’Eglise orthodoxe s’est ainsi vu attribuer les biens, et notamment les lieux de culte, de ces nouveaux hors-la-loi.

Soumis à de fortes pressions, la plupart des fidèles uniates abandonnèrent leur foi : s’ils étaient plus de 1,5 million en 1948, il ne sont plus que 200.000 aujourd’hui pour une population de 20 millions de Roumains, dont 86% d’orthodoxes. Sur les plus de 2.000 églises saisies par les communistes, moins de 150 leur ont été restituées ces trente dernières années. Ce différend patrimonial empoisonne toujours les relations entre les deux Eglises, même si, en prévision de la visite papale, les gréco-catholiques ont mis un bémol à leurs critiques.

Par Le Figaro.fr avec AFP

France: Des enfants de prêtres bientôt reçus par des évêques

mai 18, 2019

 

Plusieurs évêques français vont rencontrer en juin des enfants de prêtres, a annoncé samedi le secrétaire général de la Conférence des évêques de France (CEF), Olivier Ribadeau-Dumas, un geste d’ouverture inédit sur un sujet hautement tabou dans l’Eglise catholique.

En amont de cette rencontre, Mgr Ribadeau-Dumas a expliqué à l’AFP avoir reçu trois enfants de prêtres en février, confirmant une information du quotidien Le Monde.

Ces trois personnes étaient membres de l’association Les Enfants du silence, qui fédère des enfants d’ecclésiastiques, et doivent prochainement livrer leurs témoignages à d’autres évêques.

«Ils rencontreront les évêques de la Cemoleme (Commission épiscopale pour les ministères ordonnés et les laïcs en mission ecclésiale, ndlr) à la mi-juin», a précisé Mgr Ribadeau-Dumas, en se refusant à tout commentaire.

Selon Le Monde, la rencontre de février a permis d’aborder la «question du sort réservé aux prêtres ayant un enfant au cours de leur sacerdoce» et celle de «la reconnaissance de ces enfants dans les communautés paroissiales».

Le sujet est extrêmement sensible dans l’Eglise catholique, l’existence de ces enfants étant une preuve des manquements à la règle du célibat des prêtres imposée depuis le XIe siècle. En janvier, le pape François avait clairement rejeté toute remise en cause générale du célibat des prêtres, qu’il considère comme un «don pour l’Eglise», qui ne peut pas devenir «optionnel».

Par Le Figaro.fr avec AFP

 

Le pape François reconnaît sept évêques nommées sans son aval par Pékin

septembre 22, 2018

– Baptême – / © AFP / Nicolas ASFOURI

Le pape François a reconnu samedi sept évêques chinois qui avaient été nommés sans son aval par le régime communiste, dans le cadre d’un accord historique signé entre le Saint-Siège et la Chine.

Dans un communiqué, le Vatican précise que le pape a décidé de réintégrer dans son giron ces évêques « officiels » ainsi qu’un huitième évêque, aujourd’hui décédé. Au moins trois d’entre eux avaient été excommuniés dans le passé.

Mais le Vatican évite de préciser si la Chine reconnaîtra pour sa part les évêques reconnus unilatéralement par le Saint-Siège.

Les chiffres du nombre d’évêques en Chine varient selon les sources. Selon le décompte d’un expert, la Chine compterait au total 77 évêques, dont les deux tiers étaient reconnus à la fois par Rome et Pékin. Mais dix-sept d’entre eux reconnus par le pape n’étaient pas reconnus par le régime communiste.

L’accord ne précise pas non plus les modalités des futures nominations d’évêques.

« Le pape François espère, qu’avec ces décisions, un nouveau processus pourra commencer qui permettra aux blessures du passé de se refermer », ajoute le communiqué du Vatican.

Le pape souhaite que l’accord provisoire mène à « des gestes concrets fraternels de réconciliation » afin de dépasser « les tensions passées et même les récentes », a ajouté dans un texte séparé le numéro deux du Vatican, Pietro Parolin, l’un des grands partisans de l’entente.

Romandie.com avec(©AFP / (22 septembre 2018 15h02)

Vatican: Le pape accepte la démission de deux évêques chiliens

juin 28, 2018

Cité du Vatican – Le pape François a accepté jeudi la démission de deux nouveaux évêques chiliens (portant leur total à cinq), continuant ainsi à sanctionner une hiérarchie de l’Eglise accusée d’omertà par des victimes de prêtres pédophiles.

Le Saint-Siège a annoncé dans un communiqué la démission de l’évêque de Rancagua, Mgr Alejandro Goic Karmelid, 78 ans, ainsi que de l’évêque de Talca, Mgr Horacio del Carmen Valenzuela Abarca, 64 ans.

Mgr Goic avait présenté sa démission il y a trois ans, en raison de son âge avancé, mais le pape ne l’avait pas acceptée. Son départ survient dans le cadre d’un scandale sexuel au sein de son diocèse, dont 14 prêtres ont été suspendus, dénoncés pour des délits sexuels présumés.

Les délits auraient été commis par un réseau dénommé « La famille », pendant au moins une décennie, avant d’être dénoncés par une membre de la paroisse, la semaine dernière, dans un reportage de la télévision chilienne Canal 13. Le parquet a ouvert une enquête.

Mgr del Carmen Valenzuela a lui été un disciple du prêtre Fernando Karadima, reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d’avoir commis des actes pédophiles et contraint de se retirer pour une vie de pénitence. Il a été désigné par les victimes du père Karadima comme l’un des religieux qui auraient ignoré ou couvert les abus commis par ce dernier.

L’ensemble de l’épiscopat chilien avait présenté sa démission en bloc le 18 mai après une série de dures rencontres avec le pape argentin au Vatican, une démarche inédite dans l’histoire récente de l’Eglise catholique.

Le pape François avait déjà accepté récemment la démission de trois évêques chiliens, le controversé Mgr Juan Barros – accusé d’avoir couvert les agissements du père Karadima – qu’il avait défendu lors d’un voyage en janvier au Chili et deux évêques de plus de 75 ans ayant atteint l’âge de la retraite.

Romandie.com avec(©AFP / 28 juin 2018 14h52)                                                        

Nicaragua: les évêques ont une réponse d’Ortega, convoquent vendredi gouvernement et opposition

juin 13, 2018

Managua – Les évêques du Nicaragua ont annoncé mercredi soir avoir reçu une réponse du président Daniel Ortega à leur proposition de réformes, et ont demandé au gouvernement et à l’opposition de reprendre vendredi le dialogue pour trouver une issue à la crise politique, qui a fait plus de 150 morts.

« Nous avons reçu la réponse du président de la République à la proposition que (…) nous lui avons présentée lors de notre rencontre » de jeudi dernier, ont déclaré les évêques dans un communiqué.

« Nous convoquons une session plénière du Dialogue national pour vendredi 15 juin », a aussi annoncé la conférence épiscopale, qui y présentera la réponse apportée par l’ancien guérillero de 72 ans à son plan de démocratisation du système politique.

« Nous communiquerons à la communauté nationale et internationale, la proposition que nous fait le président et la lettre qu’il nous a envoyée avec sa signature », est-il ajouté.

Les évêques se sont posés en médiateur depuis mai, essayant de faire dialoguer le gouvernement et l’opposition – formée de représentants des étudiants, d’entreprises et de la société civile – qui manifeste depuis près de deux mois contre le président Ortega, à la tête du pays depuis 2007, après un premier passage de 1979 à 1990.

Ils avaient présenté jeudi dernier au chef de l’Etat une proposition de démocratisation du pays, prévoyant notamment d’anticiper l’élection présidentielle prévue en 2021 et d’instituer des réformes constitutionnelles, deux exigences clé des manifestants.

Face à l’absence de réponse du président, une coalition d’opposition a appelé à une grève générale jeudi.

Cette coalition est à la pointe des manifestations lancées le 18 avril et qui n’ont cessé de prendre de l’ampleur, malgré une féroce répression qui a fait 152 morts et 1.340 blessés, selon le dernier bilan du Centre nicaraguayen des droits de l’homme (Cenidh).

Romandie.com avec(©AFP / 13 juin 2018 21h31)                                                        

Congo: le message des évêques commence à produire des résultats

mai 23, 2018
Photo de BrazzaNews.

L’ÉDITO DE JEAN MERCKAERT sur RCF en a fait une tribune spéciale

« Le Congo-B est-il maudit ? »

Je veux vous parler d’un pays dont on parle très peu dans les médias, c’est le Congo-Brazzaville. Si j’en parle aujourd’hui, c’est que les évêques congolais viennent de lancer ce qui s’apparente à un appel au secours : « Nous appelons les Églises sœurs du nord, écrivent-ils, à porter [notre] message auprès de leurs gouvernements respectifs pour que les fonds détournés au Congo soient restitués aux populations congolaises. »[1]

Pour comprendre, il faut rappeler que le Congo est un pays riche : un territoire vaste comme l’Allemagne, des ressources forestières inestimables[2], et un sous-sol riche en minerais, en gaz et en pétrole. Avec toutes ces richesses, les Congolais devraient être prospères, ils ne sont que 5 millions ! Et pourtant, écrivent les évêques, « Notre pays est incapable de payer les salaires des travailleurs, les pensions des retraités, les bourses des étudiants. Nos hôpitaux sont délabrés, la mortalité ne cesse d’augmenter. Dans les familles, même le repas unique apparaît de plus en plus comme un privilège ». Et je vous passe ce qu’ils disent des suicides, du chômage endémique des jeunes et de la dette qui explose.

En résumé : un pays riche, une population pauvre. Les spécialistes ont inventé un concept pour désigner ce type de situation : ils parlent de « malédiction des ressources ». Je voudrais ici tordre le cou à cette expression : quand on parle de « malédiction », on donne l’impression que des forces surnaturelles s’acharnent sur les pays riches en pétrole. Comme s’il s’agissait d’une fatalité. Or les responsables de cette tragédie sont parfaitement identifiés.

Le premier responsable, c’est Denis Sassou Nguesso. L’homme fort de Brazzaville a conquis le pouvoir il y a bientôt quarante ans. Après douze ans à la tête de l’État, il avait déjà fait 3000 morts[3]. Ecarté à la faveur de la seule véritable élection démocratique qu’ait connu le pays, il a reconquis le pouvoir au prix de guerres fratricides, entre 1997 et 1999. On parle de 20 000 à 100 000 morts. Depuis, Sassou s’accroche à son trône à tout prix. En 2015, la Constitution lui interdisait de se représenter : trop vieux, trop de mandats cumulés. Alors les Congolais se sont mis à espérer qu’ils allaient pouvoir « tourner la page »[4]. Mais Sassou est passé en force : il a modifié la Constitution à sa guise, maté les manifestations, envoyé ses troupes semer la terreur dans la région du Pool, sans qu’aucun journaliste ne soit autorisé à s’y rendre[5]. L’Onu parle de 138 000 déplacés. Ce mois-ci, une vingtaine de jeunes militants pro-démocratie ont été jetés en prison[6]. Et le tyran, via une justice aux ordres, règle même ses comptes avec ses alliés d’hier : 20 ans de prison contre le général Mokoko, qui avait osé le défier à la dernière présidentielle, 5 ans contre son ancien chef de la police, Norbert Dabira.

Mais un tyran, aussi cruel soit-il, ne tient pas sans appuis extérieurs. Or qui a financé la reconquête du pouvoir par Sassou, à la fin des années 90 ? C’est l’argent d’Elf (devenue Total), avec le soutien de plusieurs grandes banques françaises.[7] Qui a aidé le régime à berner le FMI, dans les années 2000 ? C’est encore Total, avec l’aide de la BNP Paribas et d’une kyrielle de paradis fiscaux[8]. Qui s’enorgueillit aujourd’hui d’être le premier donateur bilatéral du Congo ? L’Agence française de développement[9]. Pourtant, le Congo n’aurait pas besoin d’être aidé si l’argent du pétrole n’était pas volé !

Alors, pour vaincre la soi-disant malédiction, ce que demandent les évêques congolais est simple : restituer au peuple congolais les fonds détournés. Et il me semble qu’il faut entendre ici, non pas seulement les biens mal acquis du clan Sassou Nguesso, mais aussi les profits mal acquis des groupes français[10].

Congo: un prêtre contre l’esprit obtus du ministre Thierry Moungala

mai 14, 2018

Oui! Thierry Moungala il est de ceux qui croient que pour avoir la confiance du chef de l’État, il faut nécessairement qu’il défende même  l’indéfendable.

L’esprit intellectuel voudrait que face l’objectivité et à l’évidence qu’on se taise, en signe de sagesse et de bon sens.

En effet, le porte parole du gouvernement congolais, monsieur Thierry Moungala, depuis un certain temps il fait montre d’un homme qui a perdu ce bon sens, car il reste obtus et aveugle face à toute évidence.

Pour preuve, il ignore le rôle des Évêques et partant, celui de L’Église qui consiste entre autre à s’exprimer, à faire entendre sa voix, lorsque les droits de l’homme sont menacés ou bafoués. J’estime que la dignité du peuple congolais est en train d’être traînée dans la boue lorsque dans un pays de quatre millions d’habitants et avec tout ce que nous avons comme potentiel économique, qu’on remarque que les retraités ne sont pas payés, que les étudiants sont abandonnés à leur triste sort et que le traitement sanitaire dans nos hôpitaux laisse à désirer.

A côté d’un tel décor ignoble nous sommes sans ignorer qu’il y a des congolais qui ont amassé et qui gardent des fonds inimaginables dans des paradis fiscaux. Avoir dénoncé celà, les Évêques n’ont pas touché un domaine qui ne soit pas de leur compétence. Car tout ce qui concerne la gestion de la reste publica n’est pas étrange à la philosophie de L’Église.

Monsieur Thierry Moungala du fait qu’il soit aveuglé par la défense d’un régime et des personnes précises, il ignore peut-être qu’il y a  au sein de L’Église Catholique ce que nous appelons la Doctrine Sociale de L’Église: un instrument ou un espace d’expression dont l’Église se sert pour faire entendre sa voix, dans des moments précis, suivant les contextes de l’heure. C’est au nom de cette Doctrine Sociale de L’Église que les Papes peuvent et doivent intervenir devant les institutions internationales telles que l’ONU ou le parlement Européen.

Lorsque les Papes interviennent devant ces organes ils ne  se trompent pas de rôle dans l’exercice de leur mission. Au contraire, malheur à eux s’ils ne le font pas. Malheur aux Évêques congolais s’ils se taisent, s’ils ferment les yeux devant la misère de leur peuple.

Lorsque les Évêques interviennent dans une circonstance comme celle-ci où le peuple est prostré dans une misère injustifiée, ils n’entendent pas défendre un régime ou un individu comme le fait monsieur Moungala. Ce que les Évêques défendent c’est la dignité du peuple congolais tout entière.

Avec les interventions biscornues et dénuées de fondement argumentaire, monsieur Thierry Moungala a démontré à suffisance qu’il est l’un de ceux qui travaillent à renforcer l’instinct dictatorial dont le Chef de l’État est accusé à tort ou à raison.   En effet, la force et l’obstination d’un dictateur sont dues souvent à l’approbation aveuglée des ses proches qui sont prêts à encenser mêmes les actions abjectes les plus ostentatoires.

Peuple congolais, soutenez vos Évêques dans leur action qui consiste à lutter contre le mal qui est en train de se cristalliser, au point de vouloir devenir une culture au Congo.

A monsieur Thierry Moungala je voudrais m’adresser en définitive pour dire ce qui suit:

1/lorsque tu prends la parole pour défendre un régime ou un individu contre tout un peuple, c’est toi qui es perdant. Devant le peuple congolais ta faute est plus grave que celle de celui que tu prétends défendre. Tous les mannes congolais qui ont fait leur plongeon dans l’éternité après avoir versé leur sang pour ce pays n’auront jamais un sentiment de bénédiction vis-à-vis de toi.

2/ Il ne suffit pas d’aligner des concepts en bon français pour construire un raisonnement rationnel et convainquant.

3/Dans certaines circonstances, il faut savoir se taire et écouteurs la voix de la conscience.

Large diffusion

Auteur: prêtre congolais vivant au Congo.

Message des Évêques du Congo à l’issue de leur Session extraordinaire

mai 12, 2018

 

Réunis à Brazzaville du 8 au 9 mai 2018 en session extraordinaire, Nous, Evêques du Congo, avons examiné la crise socio-politique et économique préoccupante que vit notre pays. Fidèles à la mission de l’Eglise depuis les commencements, qui est d’annoncer la Parole de Dieu à temps et à contretemps (Mt.28,19) et d’accompagner les fidèles chrétiens à être dans le monde, selon le commandement du Seigneur, véritablement et continuellement « sel de la terre et lumière du monde » (Mt.5, 13-14), nous délivrons, au terme de notre rencontre, au Peuple de Dieu ainsi qu’aux femmes et aux hommes de bonne volonté, le message suivant.

  1. Dans le présent message, nous voulons partager notre conviction profonde sur les origines du mal de notre pays et sur les perspectives de sortie de crise. Comme en témoignent nos différents messages antérieurs, notre conviction s’est forgée au fil des années et se trouve confortée par les difficultés que traverse notre pays depuis au moins trois ans. Toutes ces difficultés sont arrivées – c’est notre conviction la plus profonde – parce que le gouvernement et tous ceux à qui il incombait d’en décider, ont ignoré notre message de Noël 2014, à savoir : « en régime démocratique, aucune réforme qui suscite de fortes tensions et oppositions n’a jamais profité au peuple » et par conséquent, «un changement de la Constitution dans la division… mettrait en péril la paix sociale» (N°10). Dans le message de la 44ème Assemblée Plénière, N°31, nous appelions « au futur président de la République de s’engager à sauver la nation en imprimant un nouvel agir », comme déjà dit dans le message de la 41ème Assemblée Plénière sur les Antivaleurs.

 

  1. Et que dire de la crise dans le Pool ? Hélas, le Congo n’en est pas à « sa première guerre du Pool ». Depuis 1998, ce département est régulièrement secoué par des crises et des conflits armés, qui, à chaque fois, sont conclus par des accords de paix et de cessation des hostilités, doublés d’un programme de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants. Mais à chaque fois aussi, les véritables victimes que sont les populations civiles n’ont pas été prises en compte.

 

  1. Nous, Evêques, pensons que, pour conjurer définitivement ce « mal du Pool » des accords de paix sur le papier ne suffiront pas. Il faudra aller plus loin, en intégrant l’exigence de vérité sur les origines de cette crise récurrente. Le peuple a le droit de savoir ce qui s’est passé : les causes et les conséquences, mais surtout les responsabilités des uns et des autres. Les morts et les destructions dans ce département appellent justice et réparation. Une réconciliation véritable n’est qu’à ce prix, pour permettre à notre pays de sortir de la crise multiforme qu’il vit.

 

  1. Comment comprendre, en effet, qu’après des années fastes de boom pétrolier, le Congo soit en récession économique ? Cette situation n’est-elle pas trop vite attribuée à la chute des prix du baril sur le marché international ? Comment s’expliquer notre manque actuel de ressources et notre endettement excessif après dix ans d’embellie au cours desquels le pays avait engrangé des richesses si énormes que même un fonds avait été créé pour les générations futures ? Comment comprendre par exemple qu’au moment où le gouvernement affirmait détenir un compte à Exim Bank de Chine pour le paiement de nos infrastructures que la dette vis-à-vis de la Chine soit aussi colossale : 40% du montant total de la dette ?

 

  1. Et que dire de l’éternelle pratique des préfinancements pétroliers avec les traders, qui a également contribué à alourdir le niveau d’endettement ! Pourquoi avoir recouru à des préfinancements pétroliers à un moment où nous avions suffisamment de revenus disponibles pour financer notre développement ?

 

  1. A quand l’avènement de l’éthique dans le commerce de nos matières premières, mais aussi dans les montages financiers et les dettes qui sont contractés au nom du pays ? N’est-il pas venu aussi pour les gouvernements des pays d’où viennent les entreprises spécialisées dans l’exploitation et le commerce de nos matières premières le temps de surveiller les pratiques de corruption de leurs ressortissants qui ruinent tant notre pays ?

 

  1. A tous les créanciers de la République du Congo, nous adressons ce cri du prophète Amos : « Ecoutez ceci, vous qui écrasez le malheureux pour anéantir les humbles du pays, car vous dites : quand donc la fête de la nouvelle lune serait–elle passée, pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix et fausser les balances. Nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu’aux déchets de froment ! Le Seigneur le jure par la fierté de Jacob : Non jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits » (Amos 8. 4-7).

 

  1. A cause de la corruption, de la concussion et du vol, aujourd’hui notre pays est incapable de payer les salaires des travailleurs, les pensions des retraités, les bourses des étudiants qui sont abandonnés à leur triste sort au pays comme à l’étranger. Nos hôpitaux sont délabrés ou ferment, les malades refoulés, la mortalité ne cesse d’augmenter, les cas de suicide se multiplient, tandis que dans nos écoles l’opération du gouvernement sur les tables-bancs n’a pas eu les effets attendus. Dans les familles, même le repas unique qui était devenu la règle apparait de plus en plus comme un privilège, parce que le prix des denrées alimentaires ne cesse d’augmenter, en dehors de celui de la bière qui ne fait que baisser. Au chômage des jeunes qui était déjà endémique s’ajoute aujourd’hui celui de tous ceux qui perdent leur emploi à cause de la récession.

 

  1. Cette situation sociale dramatique interpelle notre conscience de Pasteurs, d’autant que certains citoyens exhibent leur richesse, acquise « miraculeusement » en un temps record, tandis que la majorité des Congolais croupit dans la misère. Des scandales de corruption, de concussion ont été révélés, mais la justice de notre pays peine à les élucider.

 

10. Nous devons avoir le courage de parler de ces sujets de manière ouverte et sans passion. Les partis de la majorité présidentielle ont jeté un pavé dans la mare, en exigeant le rapatriement des fonds volés au Peuple. Nous nous en réjouissons, mais nous en attendons surtout des résultats concrets. Ceux qui ont pris de l’argent appartenant au Congo doivent, en effet, le rendre au Peuple qui en est le seul propriétaire. Nous en appelons pour cela au courage et à la lucidité du Président de la République, qui peut à cet effet compter sur le soutien des Evêques du Congo et du Peuple. Que le FMI tienne bon pour que la lutte contre la corruption, la concussion et la promotion de la bonne gouvernance demeurent des critères intangibles pour la signature d’un programme éventuel. Que les institutions chargées de lutte contre ce fléau dans notre pays travaillent davantage pour éradiquer ce phénomène.

 

11. Fort de tous ces constats et dans le but de décrisper les tensions dans le pays, en vue de mobiliser la communauté nationale aux efforts de redressement de l’économie et pour promouvoir ainsi le bien-être de tous les fils et filles de notre pays, nous proposons :

 

A-   Au gouvernement et aux Personnes en responsabilités

 

  1. Ouvrir un dialogue politique le plus large possible en vue de discuter du modèle politique et institutionnel que nous voulons dans notre pays, qui s’appuiera sur des valeurs morales susceptibles de fonder une vie politique pérenne et stable, ce qui exige une justice équitable et indépendante. Dans ce cadre, comme déjà dit dans notre message de la 45ème Assemblée Plénière N°27, libérer toutes les personnes en prison à la suite des contentieux politiques.

 

  1. Travailler, avec une société civile vraiment représentative, à l’élaboration d’un nouveau système électoral dans la perspective des futures élections.
  2. Réfléchir sur les voies et moyens de résoudre de manière définitive la crise du Pool, avec une exigence de vérité, de réparation et de réconciliation.

 

  1. Faire un audit de la dette du Congo, de tous les projets réalisés particulièrement dans le cadre de l’accord de coopération avec la Chine et autres pays concernés ainsi que de tous les fonds obtenus grâce aux préfinancements pétroliers et de leur utilisation

 

  1.  A vous tous, qui avez pris et prenez l’argent public, nous vous demandons de le rendre au Congo.

 

  1. Créer un corps indépendant, constitué de magistrats élus par leurs pairs et d’Autorités morales, chargé de réprimer la corruption. Créer également un corps d’auditeurs généraux, dont le dirigeant serait nommé par vote des deux tiers du Parlement pour un mandat de 15 ans non-renouvelable ;

 

  1. g.    Aux gouvernements des pays du Nord, nous disons : Aidez les Congolais à recouvrer l’argent gardé impunément chez vous. Ces fonds pourraient servir ici la cause du développement.

 

B-   A vous fidèles laïcs, aux femmes et aux hommes de bonne volonté, nous lançons cet appel pressant :

 

  1. Engagez-vous par des actions citoyennes pour bâtir et consolider la démocratie et l’état de droit : faites le suivi des politiques publiques, observez les élections, refusez et combattez la corruption ;

 

  1. N’ayez pas peur d’aller à la rencontre des autres, de discuter avec respect et tolérance de l’avenir de notre pays.

 

  1. Nous appelons les Eglises sœurs du Nord à porter ce message auprès de leurs gouvernements respectifs pour que les fonds détournés au Congo soient restitués aux populations congolaises. Ensemble, mutualisons nos efforts pour un monde libre, prospère et juste.

 

C-  Aux jeunes

 

  1. Face à la médiocrité, au laisser-aller et au goût de la facilité, n’attendez pas que tout vous vienne de « l’Etat providence », engagez-vous avec rigueur à vos études, au travail productif.

 

  1. A toutes et à tous, face à la crise, nous vous appelons au sursaut patriotique.

Nous implorons la bénédiction de Dieu sur tout le Congo, sur chacun et chacune de vous, sur nos dirigeants. Que Dieu bénisse notre pays, l’Afrique et le monde entier. Que Notre Dame de la Paix intercède pour nous !

 

Les Evêques du Congo