La nomination d’Amira Elghawaby à titre de représentante spéciale de la lutte contre l’islamophobie du gouvernement fédéral alimente la controverse depuis plusieurs jours. Photo : La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick
Dans la foulée de la levée de boucliers qu’a suscitée sa nomination, la représentante spéciale de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby, s’est dite mercredi « désolée » de la façon dont ses propos ont blessé le peuple québécois. Elle s’en est excusée.
Elle s’exprimait en marge d’une rencontre avec le chef bloquiste, Yves-François Blanchet.
Je voudrais dire que je suis extrêmement désolée de la façon dont mes propos ont blessé le peuple québécois, et c’est ce que je vais exprimer à M. Blanchet, a-t-elle affirmé aux médias, en anglais.
À la sortie de la rencontre, ses excuses, exprimées en français, étaient plus explicites : Je suis convaincue, je sais et je le dis que les gens québécois ne sont pas racistes. Ce n’était pas mon intention et, pour les blessures que j’ai faites avec mes mots, je m’excuse sincèrement.
L’ancienne chroniqueuse, nommée la semaine dernière représentante spéciale de la lutte contre l’islamophobie au gouvernement fédéral, a souligné qu’elle avait de l’empathie pour ce que peuvent vivre les Québécois.
« Vous savez, en tant que membre de la communauté musulmane du Canada, nous savons ce que c’est que d’être stéréotypé. Nous savons ce que c’est que les gens ont des préjugés. Et je comprends les mots que j’ai dits ont blessé des gens au Québec. J’ai écouté très attentivement. Je vous ai entendus. Et je sais ce que vous ressentez. Et je suis désolée. »— Une citation de Amira Elghawaby
Amira Elghawaby est sur la sellette depuis sa nomination par le gouvernement Trudeau en raison des opinions qu’elle a exprimées et défendues par le passé. En 2019, elle écrivait au sujet de la Loi sur la laïcité de l’État, la loi 21, que la majorité des Québécois [semblaient] influencés […] par un sentiment antimusulman.
Mme Elghawaby, qui a qualifié sa rencontre avec M. Blanchet de constructive, a affirmé avoir discuté de la loi 21 avec le leader bloquiste : Nous avons échangé nos opinions et, bien sûr, nous avons été d’accord pour être en désaccord sur la loi 21. Mais c’est ça le dialogue, non?
« J’ai mon opinion sur la loi 21, je crois qu’elle est discriminatoire. […] Nous devons avancer dans ce dialogue difficile d’une manière qui ne soit pas blessante pour l’autre, loin de la confrontation. »— Une citation de Amira Elghawaby
Elle a enfin affirmé être la bonne personne pour mener à bien cette mission : Mon intention est de faire avancer le vivre-ensemble que les Québécois veulent aussi.
Trudeau réaffirme sa confiance envers Amira Elghawaby
Le premier ministre Justin Trudeau, qui a plus tôt cette semaine défendu sa nomination, a tenté mercredi matin de calmer le jeu.
Les Québécois sont parmi les plus ardents défenseurs des droits et libertés individuelles, et ça vient d’une place dans l’histoire récente où, avant la Révolution tranquille, le Québec a été soumis à une religion qui ne respectait pas ces droits et libertés individuelles, a-t-il dit.
Et donc, les Québécois, ça vient d’une bonne place de vouloir défendre l’égalité homme-femme, de défendre les droits des individus, de défendre la communauté LGBTQ, a-t-il poursuivi.
Disant ne pas être d’accord avec certains des propos de Mme Elghawaby, il a affirmé avoir confiance que c’est la bonne personne pour pouvoir bâtir des ponts, pour écouter, pour apprendre, pour enseigner aussi et pour rassembler les gens.
Pas assez, dit Jean-François Roberge
Tout en accueillant favorablement les excuses de Mme Elghawaby, le ministre québécois responsable de la Laïcité et des Relations canadiennes Jean-François Roberge l’a invitée à renoncer à son poste, réitérant ainsi sa demande formulée lundi.
Il a rappelé qu’elle a tenté de justifier ses propos en continuant de citer à tort un sondage, en interprétant de manière incorrecte les informations. Et c’est une erreur qui est trop grave. Donc, je pense que c’était une bonne chose qu’elle s’excuse.
« J’apprécie ses excuses, mais je ne crois toujours pas qu’elle a la légitimité, la crédibilité pour occuper la fonction que le premier ministre lui a confiée. Donc, je pense que maintenant, la deuxième chose à faire, c’est de remettre sa démission. »— Une citation de Jean-François Roberge
Pour le ministre Roberge, Amira Elghawaby a fait des déclarations qui sont terribles, qui s’apparentent à du racisme. Elle a exprimé d’abord des préjugés qui sont très graves à l’égard des Québécois. Elle a pris beaucoup de temps avant de s’excuser.
De son côté, le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, a lui aussi appelé au « remplacement » de Mme Elghawaby. Réagissant sur Twitter, il a qualifié ses excuses d’une « bonne chose », « nous estimons cependant que c’est trop peu, trop tard pour mériter notre confiance. »
Par Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne
Air Canada affirme que les passagers ayant un chien-guide doivent l’inscrire au moins 48 heures avant l’embarquement, selon sa politique. Photo : La Presse Canadienne/Graham Hughes
Dena Wainwright, qui est complètement aveugle, affirme qu’elle ne « voyagera plus jamais avec Air Canada ». Le transporteur a refusé de la laisser monter à bord avec son chien-guide la semaine dernière pour un vol entre Toronto et Minneapolis.
La Canadienne de 49 ans, qui travaille aux États-Unis pour la firme Fidelity Investments, était venue à Toronto pour célébrer sa fête avec sa fille.
Elle raconte qu’elle avait voyagé avec Air Canada sans problème de Minneapolis à Toronto.
Lors de l’enregistrement dans la ville américaine, on lui a demandé si elle avait aussi rempli un formulaire pour son animal, Milo. Elle a répondu que non et l’employé lui a simplement souhaité un bon vol, sans lui causer de tracas, dit-elle.
Au retour, toutefois, Mme Wainwright raconte que les employés d’Air Canada à l’aéroport Pearson ne voulaient pas la laisser embarquer dans l’appareil avec son labrador de 5 ans, parce qu’il n’avait pas été enregistré au préalable. On lui a offert de le mettre en soute, mais elle a refusé.
Elle ajoute que le personnel lui a dit qu’elle pourrait avoir son chien-guide avec elle si elle pouvait « prouver » qu’elle était aveugle en présentant une carte de l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA). Toutefois, elle n’avait pas une telle pièce d’identité étant donné qu’elle habite aux États-Unis.
« C’était humiliant, dégradant. »— Une citation de Dena Wainwright, personne aveugle
Dena Wainwright avec son chien-guide PHOTO : FOURNIE PAR DENA WAINWRIGHT
Elle accuse Air Canada de l’avoir traitée comme une criminelle et affirme que les employés du transporteur à l’aéroport Pearson s’adressaient à sa fille plutôt qu’à elle comme si j’étais handicapée mentalement.
Mme Wainwright a finalement décidé de prendre un train avec son chien jusqu’à Windsor pour ensuite traverser la frontière en taxi et prendre un vol entre Détroit et Minneapolis, ce qui lui a coûté 2000 $, dit-elle.
Air Canada s’explique
Selon Air Canada, le propriétaire d’un chien-guide doit l’enregistrer au moins 48 heures avant le vol.
Un porte-parole du transporteur qualifie toutefois ce qui est arrivé à Mme Wainwright de « regrettable » et affirme qu’Air Canada lui a parlé pour lui présenter des excuses.
« Chaque année, Air Canada transporte avec succès des dizaines de milliers de clients ayant un handicap, mais dans ce cas-ci, nous n’avons pas été à la hauteur de nos normes habituelles en matière de service à la clientèle. »— Une citation de Air Canada (déclaration)
Le transporteur dit enquêter à l’interne afin de déterminer pourquoi Mme Wainwright a pu prendre le vol entre Minneapolis et Toronto avec son chien-guide sans avoir rempli le formulaire requis.
Larissa Proctor, de l’Institut national canadien pour les aveugles, affirme que les chiens-guides ne devraient pas aller en soute, mais elle recommande aux voyageurs de s’informer à l’avance auprès de leur transporteur pour connaître leur politique.
Elle invite aussi les employés des transporteurs à traiter une personne aveugle comme tout autre passager. La plupart du temps, si vous parlez à quelqu’un qui est aveugle ou mal voyant, on veut [que l’employé] nous parle directement comme pour les autres clients, note-t-elle.
Avec Radio-Canada d’après des renseignements fournis par Trevor Dunn, de CBC
Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, estime que le pape François n’a pas mentionné les abus sexuels dans ses excuses aux Autochtones du pays et qu’il ne s’est pas excusé au nom de l’Église en tant qu’institution (Archives). Photo : La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick
Le pape François a omis certains éléments importants qui ne peuvent pas être ignorés lors de ses excuses aux survivants des pensionnats, estime le ministre fédéral des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller.
Le ministre a souligné en entrevue avec La Presse canadienne que le discours prononcé par le pape en début de semaine près d’Edmonton, en Alberta, a une signification particulière pour les Autochtones qui doivent maintenant se l’approprier dans leur processus de guérison.
C’est un moment très émotif, a-t-il mentionné.
M. Miller pense que c’est aux personnes concernées de décider si elles acceptent ou non les excuses pour le rôle que l’Église catholique a joué dans le système des pensionnats. Il a toutefois relevé des différences entre les excuses faites au Canada et celles que le Vatican a présentées aux victimes d’abus sexuels en Irlande, il y a quelques années.
Deux critiques principales ont fait surface depuis les excuses de lundi : le pape n’a jamais mentionné les abus sexuels dans les pensionnats du Canada et il ne s’est pas excusé au nom de l’Église en tant qu’institution, préférant plutôt demander pardon pour le mal commis par de nombreux chrétiens.
« Il y a une énorme différence entre les deux, a rappelé le ministre. Le choix qu’il a fait parle de lui-même. »— Une citation de Marc Miller, ministre des Relations Couronne-Autochtones
Le ministre Miller a rappelé que la Commission de vérité et réconciliation du Canada, qui a fait une enquête sur les pensionnats, avait précisément demandé que les excuses papales soient similaires à celles offertes par le Vatican en 2010 aux victimes en Irlande.
Selon le ministre, ces excuses – présentées par le pape Benoît XVI dans une lettre – faisaient directement référence aux abus sexuels subis par les enfants irlandais et au rôle joué par l’Église catholique.
L’organisme Keewatinowi Okimakanak du Manitoba, qui représente les Premières Nations du Nord, a indiqué par voie de communiqué qu’il est heureux d’avoir reçu des excuses, mais a aussi déploré l’absence de référence aux abus sexuels.
Demander pardon et reconnaître les torts causés n’est que la première de plusieurs étapes qui doivent être franchies. Il y a encore beaucoup de travail qui doit être fait.
Le pape François s’est vu remettre une coiffe traditionnelle autochtone à la fin de son discours, lundi, à Maskwacis, en Alberta. Photo : Reuters/Guglielmo Mangiapane
Le pape François a de nouveau demandé pardon aux peuples autochtones « pour les crimes commis par de nombreux chrétiens envers eux » et a reconnu que ces excuses constituaient la première étape d’un long processus de réconciliation.
Il s’agissait de ses premières paroles publiques au Canada, adressées aux milliers de personnes, surtout des survivants des pensionnats et leurs familles, rassemblées à Maskwacis, une communauté crie de l’Alberta.
« Je voudrais le répéter avec honte et clarté : je demande humblement pardon pour le mal commis par de nombreux chrétiens contre les peuples autochtones. »— Une citation de Le pape François
Je demande pardon pour la manière dont, malheureusement, de nombreux chrétiens ont soutenu la mentalité colonisatrice des puissances qui ont opprimé les peuples autochtones, a affirmé le pape, suivi d’applaudissements de la foule.
Je suis affligé, a-t-il continué. Je demande pardon, en particulier, pour la manière dont de nombreux membres de l’Église et des communautés religieuses ont coopéré, même à travers l’indifférence, à ces projets de destruction culturelle et d’assimilation forcée des gouvernements de l’époque, qui ont abouti au système des pensionnats.
Il a également parlé des nombreux cas exemplaires de dévouement envers les enfants et de la présence de la charité chrétienne dans les pensionnats.
Néanmoins, les conséquences générales des politiques liées aux pensionnats ont été catastrophiques, a-t-il admis.
Dans l’assistance, de nombreux survivants étaient en pleurs et en profondes réflexions.
Certains d’entre vous sont certainement en difficulté pendant que je vous parle, a reconnu le souverain pontife. Il est cependant important de faire preuve de mémoire pour éviter l’oubli, parce que l’oubli mène à l’indifférence.
Et le contraire de l’amour, ce n’est pas la haine, c’est l’indifférence, a-t-il ajouté.
Ces excuses étaient similaires à celles prononcées au Vatican plus tôt cette année. Le pape a en effet demandé pardon pour les crimes commis par des membres de l’Église sans toutefois reconnaître le rôle de l’institution en soi.
« Je vous demande pardon »
Au premier jour de sa visite au Canada, dans la région d’Edmonton, en Alberta, le pape François a demandé pardon aux Autochtones qui ont été arrachés à leurs familles et envoyés dans les pensionnats. Plus de 60 % de ces écoles étaient gérées par l’Église catholique. Environ 150 000 enfants ont été forcés de les fréquenter. Reportage de Mathieu Gohier.
Une première étape
Le pape François a par ailleurs reconnu que davantage doit être fait, outre la demande de pardon.
Considérant l’avenir, rien ne doit être négligé pour promouvoir une culture capable non seulement de faire en sorte que de telles situations ne se reproduisent pas, mais encore que celles-ci ne puissent trouver de terrain propice à la dissimulation et la perpétuation, a-t-il soutenu.
« Une partie importante de ce processus consiste à mener une sérieuse recherche sur la vérité du passé et à aider les survivants des pensionnats à entreprendre des chemins de guérison pour les traumatismes subis. »— Une citation de Le pape François
Le pape a notamment appelé à ce que les chrétiens et la société civile puissent respecter l’identité et l’expérience des peuples autochtones.
J’espère que des moyens concrets seront trouvés pour les connaître et les apprécier, en apprenant à avancer tous ensemble, a-t-il dit.
Avant cette allocution du pape, un discours de bienvenue a été énoncé par Wilton Littlechild, un survivant du pensionnat Ermineskin et ancien commissaire de la Commission de vérité et réconciliation.
Le discours officiel du pape s’est tenu sur le site réservé au pow-wow de Maskwacis. Des danses et des chants traditionnels l’ont d’ailleurs accueilli sur les lieux.
Je me suis revu enfant
Evelyn Korkmaz, survivante du pensionnat de Sainte-Anne, en Ontario, dit avoir attendu 50 ans pour enfin entendre des excuses du pape.
Je suis reconnaissante d’avoir vécu assez longtemps pour vivre ce jour, a-t-elle affirmé en conférence de presse.
Malheureusement, bon nombre de mes amis et camarades du pensionnat ne sont plus parmi nous et n’ont pas pu entendre ces excuses, a-t-elle dit. Les traumatismes qu’ils ont vécus ont eu raison d’eux par le suicide ou la consommation.
J’aurais aimé voir un plan précis du Vatican sur ce qu’il compte faire pour la réconciliation, a-t-elle ajouté.
Mon cœur s’est brisé pour tous les survivants présents. C’était beaucoup d’émotions au même moment, a confié l’un des chefs de Maskwacis, Randy Ermineskin. Je suis allé au pensionnat ici et quand j’attendais le pape, je me suis revu enfant.
Après aujourd’hui, a-t-il poursuivi, je veux qu’on se concentre sur l’espoir. Nous avons la chance de prendre la parole et de continuer de faire avancer la vérité.
La militante et professeure Cindy Blackstock a pour sa part partagé une réaction vidéo sur les réseaux sociaux. Pour elle, ce sont les actions qui suivront qui comptent le plus.
Ces excuses ne doivent pas être jugées sur la base des mots ‘’je suis désolé’’, mais plutôt sur les actions qui seront par la suite engendrées, a-t-elle dit.
Est-ce que le Vatican donnera un accès complet à ses documents? Est-ce qu’il y aura une réforme interne pour assurer que les abus d’enfants seront éliminés de l’Église? Est-ce que le Vatican prendra la responsabilité des sévices vécus par les enfants?, s’est-elle interrogée.
Le pape demande pardon aux Autochtones
Le pape François est visite au Canada. Il reconnaît les torts de l’église et présente ses excuses aux Autochtones. Entrevue avec Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador.
Le ministre fédéral des Relations Couronne-Autochtones était présent à Maskwacis.
Je ne peux pas parler au nom des survivants, mais aujourd’hui j’ai vu beaucoup de pleurs, les gens étaient définitivement touchés; par contre, il est certain qu’il y aura aussi de la déception, a-t-il déclaré aux médias.
Il est clair que ces excuses ne doivent pas être une finalité, a-t-il ajouté. Il y a encore beaucoup de travail à faire, notamment l’accès aux documents, et on espère pouvoir compter sur la collaboration et le soutien de l’Église catholique pour la suite.
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a quant à lui émis une déclaration écrite.
« L’événement qui nous a rassemblés aujourd’hui à Maskwacis est le fruit du courage, des efforts de sensibilisation et de la persévérance des Survivants des Premières Nations, inuits et métis qui ont relaté leurs souvenirs douloureux et raconté leurs expériences », a-t-il écrit.
« Aujourd’hui, nous pensons aux enfants qui ont été arrachés à leur famille et privés de leur enfance. »— Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada
« La réconciliation est l’affaire de tous les Canadiens. […] Personne ne doit oublier ce qui s’est passé dans les pensionnats du Canada, et nous devons tous veiller à ce que cela ne se reproduise jamais. »
La gouverneure générale du Canada, Mary Simon, était aussi présente et a réagit par écrit plus tard en soirée. « Certains faits sont indéniables. Il est difficile d’être confronté à notre véritable histoire. […] Plusieurs enfants et familles ne s’en sont jamais remis. Plusieurs enfants ne sont jamais rentrés chez eux. »
« Pour les peuples autochtones, ce moment n’est ni le début ni la fin du parcours de guérison. En tant que pays, nous devons nous interroger : Quelle est notre prochaine étape? Quelle est la société à laquelle nous aspirons? »— Une citation de Mary Simon, gouverneure générale du Canada
La gouverneure générale Mary Simon a rencontré le pape François à son arrivée sur le tarmac. Photo : La Presse Canadienne/Nathan Denette
Une arrivée dans l’humilité
C’est un pape d’une humilité et d’une simplicité étonnantes, malgré l’important cortège de sécurité l’entourant, qui est arrivé à Maskwacis autour de 10 h, heure locale.
Après une visite privée à l’église locale Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, il s’est rendu en fauteuil roulant jusqu’au cimetière d’Ermineskin au son du tambour de l’aîné Jerry Saddleback. Le pape y a pris quelques instants pour prier en silence.
Le pape François a prié en silence devant les tombes du cimetière de Maskwacis, en Alberta, à l’occasion de sa rencontre avec la communauté autochtone, et il a visité le site de l’ancien pensionnat Ermineskin. Photo : Reuters/Guglielmo Mangiapane
Ensuite, le chef de l’Église catholique s’est dirigé vers le site de l’ancien pensionnat, où il a été accueilli par les quatre chefs de Maskwacis, Desmond Bull, Randy Ermineskin, Wilton Littlechild et Vernon Saddleback.
Avant l’arrivée du souverain pontife, l’ambiance était déjà ponctuée d’émotions fortes parmi les gens présents.
Mon cœur bat très fort, a confié, ému, André Carrier, un survivant des pensionnats qui est le vice-président de la Fédération métisse du Manitoba.
J’ai subi les abus sexuels d’un prêtre, alors écouter les excuses du pape, c’est la première étape vers la réconciliation, a-t-il ajouté.
Le pape en compagnie des chefs de Maskwacis. Photo : (Nathan Denette/The Canadian Press)
Plusieurs dignitaires présents
Plusieurs leaders autochtones et représentants de l’État canadien étaient présents lors de ce premier événement de la visite papale.
La cheffe de l’Assemblée des Premières Nations, RoseAnne Archibald, était accompagnée des trois leaders de délégations s’étant rendues à Rome rencontrer le pape ce printemps : Gerald Antoine (Premières Nations), Cassidy Caron (Métis) et Natan Obed (Inuit).
L’ancien chef de l’APN, Phil Fontaine, qui est lui aussi allé à Rome, faisait partie de l’assistance.
En plus de certains sénateurs et députés fédéraux, le premier ministre Justin Trudeau, la gouverneure générale Mary Simon, les ministres Marc Miller et Patty Hajdu ainsi que le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) Jagmeet Singh étaient sur place.
En fin de journée, le pape François s’est aussi rendu à l’église Sacré-Cœur des Premières Nations d’Edmonton, pour y rencontrer une délégation autochtone et des paroissiens.
Mardi, il officiera une messe au stade du Commonwealth, où plus de 60 000 personnes sont attendues.
Un défilé précédant excuses nationales aux parents et descendants des membres du 2e Bataillon de construction, au Truro Amateur Athletic Club de Truro, en Nouvelle-Écosse, samedi. Photo : Radio-Canada/Héloïse Rodriguez
Le premier ministre Justin Trudeau et la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, sont à Truro, en Nouvelle-Écosse, samedi, pour présenter des excuses aux descendants des soldats noirs du 2e Bataillon de construction qui ont servi durant la Première Guerre mondiale.
La cérémonie a débuté à 13 h, heure de l’Atlantique.
Le 2e Bataillon de construction est la plus grande unité noire de l’histoire du Canada, ségréguée des militaires blancs.
Des membres du 2e Bataillon de construction à Truro, en Nouvelle-Écosse, avant leur départ vers l’Angleterre et la France en 1917. Photo : Gracieuseté /George Borden
Il a été formé le 5 juillet 1916 à Pictou, en Nouvelle-Écosse, puis s’est entraîné à Truro, où la cérémonie de samedi prend place.
Déployés en France en 1917 et 1918, les 600 volontaires qui composaient le bataillon y ont construit des routes, des ponts et des chemins de fer, afin d’assurer le transport du bois nécessaire aux combattants qui étaient au front.
Le premier ministre Justin Trudeau arrive à la cérémonie d’excuses nationales aux parents et descendants des membres du 2e Bataillon de construction, au Truro Amateur Athletic Club de Truro, en Nouvelle-Écosse, samedi. Photo : Radio-Canada/Héloïse Rodriguez
Ses membres ont cependant dû se battre pour pouvoir s’enrôler dans l’armée canadienne lors de la Première Guerre mondiale.
Malgré leur importante contribution durant le conflit, ils ont été victimes de racisme de la part des autorités militaires et des autres soldats.
Des descendants venus de plusieurs pays
La foule se rassemble avant les excuses nationales, samedi à Truro. Photo : Radio-Canada/Héloïse Rodriguez
Le Centre culturel noir de la Nouvelle-Écosse (Nova Scotia Black Cultural Centre) a travaillé de concert avec le gouvernement canadien pour préparer l’événement de samedi.
Leurs efforts ont permis de retrouver les descendants des membres du bataillon qui ont servi lors de la guerre de 14-18.
Russell Grosse, le directeur du centre culturel, a indiqué que certaines des personnes présentes pour les excuses nationales à Truro sont arrivées d’aussi loin que de la Barbade et des Antilles.
« C’est un moment important pour les peuples autochtones » a souligné Murray Sinclair, ancien sénateur anichinabé qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
Le pape François, lors d’une audience rassemblant les représentants des peuples autochtones au Vatican Photo: Reuters/Vatican Media
Longtemps attendues, « sur des générations » même, les excuses du pape prononcées vendredi ont été immédiatement saluées au Canada par des représentants politiques autochtones et allochtones. Des excuses outre-Atlantique en forme de préambule, en somme, avant la visite officielle du pape sur le territoire canadien cet été.
C’est une étape importante, a reconnu d’emblée le premier ministre Justin Trudeau, en assurant que le gouvernement va continuer de soutenir les communautés autochtones à travers le pays avec les ressources nécessaires pour poursuivre les recherches des tombes anonymes, dévoiler la vérité, et continuer à guérir.
Dans une déclaration écrite, le premier ministre a rappelé l’incroyable démonstration de courage des membres de la délégation qui se sont rendus au Vatican cette semaine pour continuer à demander des excuses de la part de l’Église catholique au sujet des atrocités commises dans les pensionnats pour Autochtones.
« Ces excuses n’auraient pas eu lieu si les Survivants n’avaient pas raconté leur vérité directement à l’une des institutions responsables, et s’ils n’avaient pas relaté et vécu à nouveau leurs souvenirs douloureux. »— Une citation de Justin Trudeau, premier ministre
Seule une visite du pape sur le territoire pour obtenir des excuses in situ permettraient de répondre spécifiquement à l’appel à l’action no58 de la Commission de vérité et réconciliation, a toutefois indiqué le premier ministre.
Si plusieurs années de négociations diplomatiques ont été nécessaires pour aboutir à cet acte de reconnaissance par le Vatican, la question de l’imputabilité de l’Église reste en suspens aux yeux de nombreux observateurs autochtones.
Assumer [ses] responsabilités
L’ancien président de cette commission d’enquête qui a longuement documenté l’affaire des pensionnats a lui aussi reconnu que les excuses papales représentaient un moment important pour les peuples autochtones, pour le Canada et pour les catholiques du monde entier.
« Il est grand temps que l’Église commence à assumer la responsabilité de son rôle dans le système des pensionnats. Il s’agit d’un chapitre sombre de l’histoire colonialiste du Canada, dont l’Église a été l’un des principaux co-auteurs. »— Une citation de Murray Sinclair, ancien sénateur anichinabé qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation
Aujourd’hui, le pape a mis l’Église sur une meilleure voie, estime M. Sinclair. Ces excuses s’alignent sur les valeurs catholiques, dit-il, elles permettront aux croyants autochtones de revenir à la force de leur foi avec l’espoir qu’un chemin vers la réconciliation est possible.
Certains représentants autochtones émettent des réserves plus appuyées pour accompagner les formulations de gratitude usuelles.
En tant que survivant, il faut reconnaître, cette journée est importante pour l’ensemble des Premières Nations au pays, admet Jean-Charles Pietacho, chef du Conseil des Innus d’Ekuanitshit sur la Côte-Nord, même s’il déplore le fait que ces excuses interviennent trop tard pour des aînés qui ne sont plus de ce monde.
Son analyse du discours du pape? C’est un monologue qui dit ‘je m’excuse’ […], mais la réconciliation, on est encore à des kilomètres.
Ce qui me préoccupe aussi, c’est la suite des choses, partage sans ambages l’ancien survivant innu qui prône désormais des actions concrètes.
« L’accès aux archives est important. Pourquoi nous a-t-on refusé d’accéder à ces archives? […] Qu’est-ce qu’on fait de ceux et celles qui ont commis des crimes? »— Une citation de Jean-Charles Pietacho, chef du Conseil des Innus d’Ekuanitshit
La seule façon de reconnaitre les torts, c’est de dire la vérité, abonde Richard Kistabish, ancien chef de la Première Nation abitibiwinni. Ce survivant du pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery, en Abitibi-Témiscamingue, se dit tout bonnement très déçu[ par le discours du pape François.
Il a oublié certains détails importants dont la découverte des corps d’enfants à Kamloops, pointe-t-il. C’est quand même l’Église catholique qui a été partie prenante à ce massacre.
Après une annonce à Windsor, lundi, M. Ford a repris sa rhétorique familière au sujet du plus gros problème de l’Ontario: la pénurie de main-d’oeuvre, en particulier dans les métiers et la construction.
Il a déclaré que les personnes qui veulent venir trimer dur comme tous les autres nouveaux Canadiens devraient venir en Ontario, mais que ceux qui veulent «toucher l’allocation et s’asseoir» devraient aller ailleurs.
Lors de la période des questions à l’Assemblée législative, mardi, la néo-démocrate Doly Begum a déclaré que ces commentaires étaient offensants pour des familles comme la sienne, qui sont venues en Ontario pour bâtir un avenir meilleur, et elle a demandé des excuses au premier ministre.
M. Ford a assuré qu’il est pour l’immigration, d’où qu’elle vienne, et que sa base est composée de gens originaires du monde entier – mais il ne s’est pas excusé pour ses propos de lundi.
Le Conseil ontarien des agences au service des immigrants estime que M. Ford ne devrait pas utiliser des figures de rhétorique xénophobes en parlant des immigrants.
Une commission indépendante chargée d’enquêter sur les violences sexuelles auxquelles se sont livrés des employés de l’OMS en RDC a conclu le 28 septembre à des « défaillances structurelles » et des « négligences individuelles » de l’organisation.
L’affaire avait fait scandale. En septembre 2020, une enquête réalisée par The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters avait dévoilé les témoignages de dizaines de femmes racontant comment elles avaient été victimes de viols commis par des travailleurs humanitaires, alors engagés dans l’est du Congo dans le cadre de la riposte à l’épidémie d’Ebola entre 2018 et 2020.
Dans ses propos liminaires, la commission d’enquête lancée en octobre 2020 par le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, dresse un tableau très sombre de la situation sur place. La commission a identifié 83 auteurs présumés, dont 21 étaient des employés de l’OMS. L’organisation a mis fin, dès la publication du rapport, au contrat de quatre d’entre eux qu’elle employait encore. Les autres avaient des contrats de courte durée. Ils seront bannis de tout emploi futur.
« Je suis désolé »
La commission constate « l’ampleur des incidents d’exploitation et d’abus sexuels lors de la riposte à la 10ème flambée d’Ebola, toute chose ayant contribué à accroître la vulnérabilité des victimes présumées, lesquelles n’ont pas bénéficié de l’aide et de l’assistance nécessaires qu’exigeaient de telles expériences dégradantes ».
« C’est un jour sombre pour l’OMS, a reconnu lors d’une conférence de presse Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui brigue un second mandat à la tête de l’organisation, une candidature pour laquelle il a reçu la semaine dernière le soutien de la majorité des pays de l’Union européenne, mais aussi du Kenya. « La première chose que je tiens à dire aux victimes et aux survivants, c’est que je suis désolé. Je suis désolé, désolé de ce qui vous a été imposé par des personnes qui étaient employées par l’OMS pour vous servir et vous protéger », a déclaré Tedros Ghebreyesus, promettant des conséquences sévères aux responsables.
Quand une journaliste lui a demandé s’il avait l’intention de démissionner, il a esquivé. « Je suis allé sur place 14 fois et ce problème n’a pas été soulevé. Peut-être que j’aurais dû poser des questions », a-t-il toutefois reconnu.
Perception d’impunité
La commission a révélé « la perception d’impunité du personnel de l’institution de la part des victimes présumées », tout comme le fait que face à des dizaines de victimes qui se sont présentées, il y a « une absence totale de signalement de cas » au niveau institutionnel.
Tedros Ghebreyesus a assuré que l’OMS transmettrait les allégations de viol aux autorités nationales en RDC pour qu’elles enquêtent, ainsi que dans les pays d’origine des auteurs présumés. « Deux hauts responsables ont été placés en congés administratifs et nous prenons des mesures pour nous assurer que d’autres personnes susceptibles d’être impliquées soient temporairement déchargées de tout rôle décisionnel dans cette affaire », a-t-il détaillé. Le patron de l’OMS a aussi indiqué qu’un organisme externe serait chargé d’identifier les manquements individuels au sein de son organisation.
Après son concert éclair de 18 minutes sur la scène du Femua, le 12 septembre à Abidjan, la star congolaise a choisi de s’expliquer. Jeune Afrique publie son droit de réponse.
« Le Femua est un événement culturel majeur pour l’Afrique et pour la promotion des musiques africaines sur le continent et pour les diasporas. J’ai toujours pris plaisir à y participer et toujours vécu comme un honneur d’y être convié au fil de mes années de carrière. Cependant, cette édition n’a pas eu la même saveur… Dès les prémices, de nombreux problèmes sont apparus. D’abord, d’ordre budgétaire. J’ignore les raisons de ces coupes, mais les conditions de voyage de mon équipe s’en sont ressenties. Puis, d’ordre logistique, ce qui a conduit à cette situation qu’on a choisi d’ériger en polémique. Je tiens toutefois à saluer la détermination des organisateurs qui, en dépit de ces lacunes, ont fait le maximum pour maintenir le festival.
Ce dimanche, le groupe et moi-même étions d’abord programmés à minuit. Je suis un artiste, j’ai l’expérience de la scène et sait que la programmation peut parfois être retardée. Passer une heure plus tard n’aurait pas entraîné de scandale. Mais ce n’est que vers 23 h 45, alors que nous étions prêts à faire le show, que l’on est venu nous prévenir que notre passage avait été décalé à 4 h du matin !
« La déception fut douloureuse »
En 40 années de carrière assidue, rien ne m’a jamais plus meurtri que l’idée de manquer une rencontre avec mon public ; où qu’il se trouve. Nous avons donc pris notre mal en patience et trompé l’attente en profitant de la magie des lieux de fête abidjanaise. De retour sur le festival, en avance pour être à l’heure, comme toujours, on nous annonce encore un report : nous passerons finalement à 6 heures du matin.
IMAGINEZ ENCORE L’ÉTAT DE FATIGUE QU’A DÛ COMBATTRE UN HOMME DE MON ÂGE
Mais à notre arrivée sur scène, alors que nous étions décidés à célébrer cette musique que nous aimons tant, malgré tout, la déception fut douloureuse. Imaginez ce public, mobilisé depuis la veille au soir, épuisé par une succession d’artistes des plus talentueux, qui, au petit matin – et cela est naturel –, commence à ressentir la fatigue et à déserter les lieux. Imaginez l’état de ces jeunes après une soirée enivrée par les basses et les percussions.
Si vous pouvez le ressentir, imaginez encore l’état de fatigue qu’a dû combattre un homme de mon âge après des heures d’attente ; imaginez l’état de lassitude de mes musiciens et danseurs dont on a brutalement fait redescendre l’adrénaline à trois reprises… Imaginez-nous, imaginez-moi, doyen des ambassadeurs de la musique africaine, affronter une poignée d’irréductibles clairsemés dans cet espace. Moi, surplombant l’endroit et capable d’apercevoir le sol et tout cet air rempli par le vide.
« Nous aurons d’autres rendez-vous »
J’ai vécu cet épisode comme un manque de considération envers ma personne, mes musiciens, et en particulier envers mes fans qui en ont fait les frais. Ils sont les seuls à qui j’adresse mes excuses, bien qu’on ait choisi de me jeter en pâture.
Cette affaire n’en n’est pas une mais je vous devais ma version. Abidjan, nous aurons d’autres rendez-vous. Vive la musique et vive l’Afrique. Rendez-vous le 27 novembre à Paris, pour ceux qui pourront y être, afin de partager cette passion que nous avons en commun depuis le début.
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a présenté ses excuses aux Ontariens pour ses décisions impopulaires des derniers jours. Il a tenu jeudi une première conférence de presse depuis la levée de boucliers qui a suivi l’introduction des dernières restrictions contre la COVID-19.
Certaines de ces restrictions n’étaient pas recommandées par les experts de la santé et ont ensuite été annulées.
«Nous sommes allés trop vite. J’admets que certaines des mesures que nous avons annoncées sont allées trop loin. Nous nous sommes trompés. Nous avons fait une erreur. Ces décisions ont laissé beaucoup de gens inquiets, en colère et bouleversés. Je suis désolé, je m’excuse sincèrement», a dit le premier ministre de l’Ontario, au bord des larmes.
Il faisait notamment référence à la fermeture annoncée des structures de jeux pour enfants et des pouvoirs spéciaux accordés à la police, deux mesures qui ont soulevé la grogne des Ontariens et sur lesquelles le gouvernement a reculé en moins de 24 h.
M. Ford s’est adressé aux Ontariens de la cour arrière de la maison de sa défunte mère à Etobicoke. Il est actuellement en isolement préventif après qu’un membre de son personnel eut reçu un résultat positif après avoir subi un test de dépistage de la COVID-19. «Je réalise pleinement le privilège que j’ai de pouvoir m’isoler de manière sécuritaire.»
Le premier ministre s’est défendu, toutefois, d’être responsable de la situation sanitaire désastreuse dans laquelle se trouve l’Ontario. «Ce n’est pas moi qui ai gardé les frontières ouvertes ou qui n’ai pas obtenu assez de vaccins.»
Quant aux appels à sa démission, lancés par le chef libéral Steven Del Duca et plusieurs commentateurs politiques ontariens, Doug Ford n’a pas l’intention d’y donner suite. «Les chroniqueurs et les médias ont le droit de dire ce qu’ils veulent, a-t-il affirmé. Je vais nous sortir de cette pandémie. Je ne vais pas reculer. »
Le député libéral d’Ottawa-Sud John Fraser est quant à lui revenu à la charge en demandant à nouveau la démission du premier ministre ontarien jeudi. «Je sympathise avec lui. C’est clair qu’il travaille fort, mais il travaille mal», a-t-il mentionné en conférence de presse. «Il doit faire la bonne chose et démissionner.»
M. Fraser considère que Doug Ford agit trop lentement et écoute les mauvaises personnes en ne privilégiant pas la science dans sa gestion de la crise sanitaire en Ontario.
Des congés de maladie payés
Le premier ministre Ford a aussi confirmé l’engagement de son gouvernement, annoncé plus tôt cette semaine par ses ministres, de légiférer pour garantir des congés de maladie payés aux travailleurs essentiels. Jusqu’ici, Doug Ford rejetait pourtant l’idée avec véhémence en disant que le programme fédéral était suffisant.
Mais aucun échéancier n’a été présenté jeudi pour la mise en place de ce programme réclamé depuis des mois par les partis d’opposition et les intervenants du milieu de la santé. Pour le moment, Doug Ford se contente d’affirmer qu’il s’agira «du meilleur programme en Amérique du Nord».
Plus tôt cette semaine, le Groupe pour le consensus en matière de modélisation et de conseils scientifiques de l’Ontario, qui conseille le gouvernement ontarien sur les questions liées à la pandémie, réclamait de nouvelles mesures visant l’accélération de la vaccination des travailleurs essentiels et l’offre de congés de maladie payés.
Des excuses vides
La chef de l’opposition officielle de l’Ontario, la néo-démocrate Andrea Horwath, est restée sur sa faim après le mea-culpa public de Doug Ford jeudi matin. «Ce dont nous avions besoin aujourd’hui de la part de notre premier ministre et de son gouvernement était des actions pour sauver des vies», a-t-elle déclaré en conférence de presse. «Et nous n’avons rien eu de cela.»
Selon elle, la province aurait dû annoncer des mesures concrètes concernant entre autres les congés de maladie payés, la fermeture des entreprises non essentielles et la vaccination des milieux jugés à haut risque de transmission de la COVID-19. «Ce gouvernement n’a jamais compris l’urgence d’agir pour aider l’Ontario à traverser cette pandémie mondiale», a indiqué Mme Horwath.
La chef néo-démocrate se dit particulièrement troublée par l’état de la crise actuellement et accuse le premier ministre Ford de ne prendre «aucune responsabilité quant à la gravité de la situation dans laquelle il a plongé [la province].»
Selon le chef du Parti vert de l’Ontario, Mike Schreiner, la résistance et l’inaction du premier ministre Ford dans le dossier des congés de maladie payés ont déjà coûté la vie de nombreux Ontariens.
«Le fait qu’il ait fallu des milliers de décès et une crise qui fait rage en Ontario pour que le premier ministre s’en rende compte est consternant», fait-il valoir.
Le chef des verts demande au gouvernement Ford de légiférer immédiatement sur des congés de maladie payés «accessibles», «permanents» et «uniformes», ainsi que sur des congés payés pour permettre aux travailleurs de se faire vacciner.
D’après un récent sondage du syndicat Unifor, la grande majorité des Ontariens souhaite l’adoption d’une loi pour garantir des congés de maladie payés par l’employeur.