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Si la Russie préparait une attaque nucléaire, les Etats-Unis le sauraient, estiment des experts

octobre 1, 2022
Si la Russie preparait une attaque nucleaire, les Etats-Unis le sauraient, estiment des experts
Si la Russie préparait une attaque nucléaire, les Etats-Unis le sauraient, estiment des experts© AFP/Kirill KUDRYAVTSEV

Les Etats-Unis seraient très probablement au courant de préparatifs russes pour une attaque nucléaire contre l’Ukraine, et Moscou pourrait aussi vouloir que cela se sache, estiment des experts.

Après avoir essuyé plusieurs revers militaires, le président russe Vladimir Poutine a menacé de recourir à « tous les moyens » pour défendre l’intégrité territoriale de la Russie, relançant les spéculations sur les risques d’un conflit nucléaire.

Une menace potentiellement étendue vendredi aux quatre régions ukrainiennes annexées par Moscou.

Dans l’immédiat, des analystes militaires relativisent ce risque et la Maison Blanche dit n’avoir vu aucune activité indiquant un plan d’attaque, mais les services de renseignement occidentaux surveillent de près l’émergence d’une menace réelle.

Si elle prenait corps, des experts parient plutôt sur l’usage d’une arme nucléaire tactique – plus petite en charge explosive qu’une arme nucléaire stratégique – probablement lancée sur un missile balistique Iskander à courte portée.

Et les préparatifs d’une attaque seraient évidents, assure à l’AFP Pavel Podvig, chercheur à l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (Unidir) à Genève.

Où sont les bombes ?

Un rapport de 2017 de cet institut dresse la carte de 47 sites de stockage nucléaire à travers la Russie.

Ceux-ci sont surveillés constamment et en détail par les satellites de renseignement et de surveillance militaire des Etats-Unis et d’autres pays. Ils peuvent même être surveillés par des satellites commerciaux, comme le montrent les images très répandues et régulièrement mises à jour des activités d’installations nucléaires nord-coréennes.

Pour M. Podvig, la Russie a déployé ses ogives nucléaires stratégiques ou à longue portée sur le terrain, sur des missiles, des bombardiers et des sous-marins.

Mais ses armes nucléaires non stratégiques ou tactiques, dont le nombre peut atteindre 2.000, ne sont pas installées sur des missiles d’après lui.

Pas d’installations cachées

« Je suis convaincu que les Etats-Unis verraient tout préparatif russe à l’utilisation d’armes nucléaires », ajoute Mark Cancian, un ancien fonctionnaire des ministères américains de la Défense et de l’Energie.

« Les armes doivent sortir du stockage, les unités concernées doivent être alertées, et les Russes pourraient également alerter leurs forces nucléaires stratégiques », explique à l’AFP cet expert, qui travaille désormais au Centre pour les études stratégiques et internationales de Washington.

Visibles aussi selon lui, les préparatifs nécessaires pour les forces terrestres russes, comme la fourniture d’équipements de protection et des instructions pour agir dans un environnement nucléaire.

« Les armes nucléaires ont besoin d’une certaine structure, de personnes formées et de maintenance. Vous ne pouvez pas faire cela dans un endroit aléatoire », estime de son côté Pavel Podvig, qui juge très peu probable la possibilité d' »installations cachées ».

« Techniquement, vous pourriez probablement faire sortir clandestinement quelques bombes d’un site de stockage sans être détecté », nuance le chercheur de l’Unidir.

Mais agir ainsi comporte ses propres risques, notamment celui de provoquer une attaque préventive de l’Occident. « Les Russes ne seront jamais certains que cela ne sera pas détecté. Ce serait un pari », prévient-il.

Surtout, ajoute-t-il, il est plus probable que la Russie souhaite que l’Occident voie ses préparatifs, en guise d’avertissement. « Ce serait une sorte de pas en avant dans l’escalade (et) la Russie voudrait que cela soit visible », pronostique encore Pavel Podvig.

Prévenir le monde

Les Etats-Unis ont averti pendant des semaines que la Russie avait l’intention d’envahir l’Ukraine avant son passage à l’acte le 24 février, dans l’espoir de préparer Kiev et ses alliés, et de tenter de dissuader Moscou.

Washington préviendrait-il ouvertement le monde s’il détectait des préparatifs d’attaque nucléaire, au risque de déclencher une panique sans précédent ?

Une telle panique se propagerait non seulement en Ukraine, mais aussi dans les régions potentiellement menacées par des retombées nucléaires, et plus largement encore si l’on venait à craindre une escalade irrésistible.

Les Etats-Unis alerteraient quasi certainement leurs alliés et d’autres puissances, notamment la Chine et l’Inde, en espérant qu’ils fassent alors pression sur Moscou pour renoncer.

D’après M. Podvig, Washington jugerait aussi probablement utile d’émettre des avertissements publics pour alourdir cette pression. « La stratégie doit être basée sur l’isolement. Il faut renforcer le caractère inacceptable de cette situation, qui est criminelle », a-t-il déclaré.

« Ce message pourrait avoir une valeur dissuasive », selon le chercheur.

Le Point avec AFP

Canada-Accident mortel au Collège militaire royal : le type d’enquête surprend des experts

août 21, 2022
Jack Hogarth, Andrei Honciu, Broden Murphy et Andrés Salek en uniforme sur des photos officielles.

Jack Hogarth, Andrei Honciu, Broden Murphy et Andrés Salek sont morts dans un accident. Photo : Ministère de la Défense Nationale

Des experts en droit militaire se disent surpris qu’un accident survenu sur le campus, qui s’est soldé par la mort de quatre élèves-officiers du Collège militaire royal de Kingston au printemps dernier, fasse l’objet d’une simple enquête sommaire interne au lieu d’une commission d’enquête.

Le 29 avril dernier vers 2 h, un véhicule qui transportait quatre élèves-officiers est tombé à l’eau au large de Point Frederick, une péninsule située entre le port de Kingston et la baie Navy sur le fleuve Saint-Laurent, où se trouve le campus du Collège militaire royal.

Andrei Honciu, Jack Hogarth, Andrés Salek et Broden Murphy sont morts. Ces étudiants de quatrième année s’apprêtaient à recevoir leur diplôme et leur brevet d’officier et à entreprendre une carrière dans les Forces armées canadiennes.

Bien que peu de détails sur l’accident soient connus, la possibilité qu’il s’agisse d’un acte criminel a été exclue dès le début. C’est pourquoi le Bureau du coroner en chef de l’Ontario a pris la direction de l’enquête. La police de Kingston et le Service national des enquêtes des Forces canadiennes (SNEFC) – le service d’enquête indépendant de la police militaire – apportent leur aide.

Le major-général D. Craig Aitchison, commandant de l’Académie canadienne de la défense, a également ordonné une enquête sommaire interne qui a débuté le 17 mai. Une enquête sommaire interne est un des deux types d’enquêtes administratives que l’armée ordonne habituellement après le décès d’un militaire.

Ces enquêtes n’ont pas pour but d’adresser un blâme légal ou civil ou d’infliger une punition. Dans le cas des quatre cadets, l’enquête sommaire examinera les circonstances de l’accident liées au service et formulera des recommandations afin d’éviter que des décès similaires se reproduisent.

Lors d’une enquête sommaire, un seul officier s’occupe de l’affaire.

On choisit généralement une [enquête sommaire] lorsque l’affaire est moins complexe, a déclaré un porte-parole du ministère de la Défense nationale.

La deuxième forme d’enquête administrative est une commission d’enquête qui, selon le ministère, est généralement choisie pour des affaires plus complexes. Il s’agit d’un groupe de militaires qui entend les preuves et les témoignages de personnes assermentées.

J’ai été un peu surpris qu’ils ne recourent pas à une commission d’enquête, a déclaré l’avocat militaire Rory Fowler, lieutenant-colonel à la retraite et ancien juriste au sein du cabinet du juge-avocat général.

Généralement, dans le passé, les décideurs supérieurs des Forces canadiennes, lorsqu’il s’agissait de décès très médiatisés et non liés au combat, ont généralement ordonné par défaut une commission d’enquête.

Compte tenu de la gravité de l’accident […], je me serais attendu à une commission d’enquête, qui est plus formelle, ne serait-ce que pour s’assurer d’examiner l’affaire de fond en comble, a déclaré Michel Drapeau, un colonel à la retraite qui pratique le droit militaire et qui enseigne à l’Université d’Ottawa.

Une commission d’enquête est toujours possible

Bien qu’une enquête sommaire soit beaucoup moins solide qu’une commission d’enquête, l’armée peut avoir des raisons de choisir cette voie, a dit M. Fowler.

Les Forces armées canadiennes peuvent estimer que les enquêtes parallèles de l’armée, de la police civile et du coroner sont suffisamment approfondies, a-t-il ajouté.

Si d’autres enquêtes vont remplir cette fonction d’établissement des faits, il n’est probablement pas nécessaire de créer une commission d’enquête, a déclaré M. Fowler.

Puisque cette circonstance tragique particulière a suscité une forte attention médiatique, l’autorité convocatrice peut très bien être d’avis que  »mieux vaut tôt que tard » en ce qui concerne l’achèvement de l’enquête administrative.

L’ouverture d’une enquête sommaire n’empêche pas la tenue d’une commission d’enquête à un moment ultérieur, selon le ministère de la Défense.

Attendre les rapports post mortem

Au cours d’une enquête sommaire, l’enquêteur contacte les familles pour leur poser des questions et leur transmet ensuite les résultats, a indiqué le ministère.

Les conclusions ne sont pas rendues publiques dans leur intégralité compte tenu des éléments délicats et des informations personnelles qu’elles contiennent, a ajouté le ministère de la Défense.

Un véhicule est repêché à l'aide d'une grue.

Un véhicule avait été repêché dans le fleuve Saint-Laurent. (Archives) Photo : CBC

Un porte-parole du Collège militaire royal a déclaré la semaine dernière qu’aucun changement n’avait été apporté à l’infrastructure de Point Frederick pour le moment, car les militaires attendent les rapports finaux du bureau du coroner en chef ainsi que les résultats de l’enquête sommaire.

Il serait prématuré d’amorcer tout changement jusqu’à ce que les recommandations finales de l’enquête sommaire aient été soumises, a déclaré le porte-parole.

Plus tôt cette semaine, un porte-parole du bureau du coroner a déclaré qu’il attendait les rapports post mortem finaux, y compris les résultats toxicologiques, avant de fournir les résultats des quatre enquêtes sur les décès au SNEFC et à l’officier chargé de l’enquête sommaire interne.

Les résultats des enquêtes sur les décès peuvent également être fournis aux familles sur demande, a ajouté le porte-parole.

Radio-Canada avec les informations de CBC

RDC-Rwanda : des experts de l’ONU confirment des attaques de l’armée rwandaise

août 4, 2022

Un rapport d’experts missionnés par les Nations unies, transmis au Conseil de sécurité, affirme que l’armée rwandaise est intervenue dans l’est de la RDC, directement et en soutien à des groupes armés, depuis novembre 2021.

Le président rwandais Paul Kagame et son homologue congolais Félix Tshisekedi. © Paul Kagame/Flickr

L’armée rwandaise a « lancé des interventions militaires contre des groupes armés congolais et des positions des Forces armées congolaises » depuis novembre 2021 et jusqu’en juin 2022, selon ce rapport transmis au Conseil de sécurité. Les experts indiquent que Kigali a également « fourni des renforts de troupes au M23 pour des opérations spécifiques, en particulier lorsque celles-ci visaient à s’emparer de villes et de zones stratégiques ». Les auteurs du rapport affirme avoir des preuves de l’implication directe du Rwanda « unilatéralement ou conjointement avec les combattants du M23 » dans l’est de la RDC.

Le M23, pour « Mouvement du 23 mars », ancienne rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013, a repris les armes en fin d’année dernière pour demander l’application d’un accord signé avec Kinshasa. Depuis fin mars, la fréquence et l’intensité des combats ont augmenté drastiquement et le M23 s’est emparé de pans du territoire de Rutshuru, jusqu’à une dizaines de kilomètres au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.

« Pas de doute », pour Tshisekedi

Les autorités congolaises accusent Kigali de soutenir ces rebelles, tandis que le Rwanda n’a cessé de démentir son implication. « Il n’y a pas de doute, le Rwanda a soutenu le M23 pour venir agresser la RDC », avait notamment affirmé Félix Tshisekedi, début juin. Le président rwandais Paul Kagame dénonce pour sa part une coopération entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Dans un entretien accordé à Jeune Afrique en juin dernier, Vincent Biruta, le ministre rwandais des Affaires étrangères, avait notamment affirmé que ces accusations relevait « d’un agenda politique intérieur » à la RDC et considéré que « le Rwanda sert de bouc émissaire ».

Par Jeune Afrique (Avec AFP) 

Canada: Déplacer les camions du centre-ville est « presque impossible », disent des experts

février 7, 2022
Des camions bloquent la rue.

Manifestation des camionneurs à Ottawa Photo : Radio-Canada/Michael Charles Cole

Déplacer la centaine de camions garés illégalement au centre-ville d’Ottawa est « presque mission impossible » sans la coopération des camionneurs, selon différents experts en remorquage.

La police d’Ottawa évalue que 500 véhicules lourds paralysent présentement les environs de la colline du Parlement, désignée comme étant la zone rouge par les autorités.

Le maire Jim Watson a répété à plusieurs reprises, au cours de la fin de semaine, qu’il souhaitait leur départ.

Le remorquage de véhicules lourds est toutefois un processus beaucoup plus compliqué que le remorquage d’une simple voiture, a déclaré Randy Whan, le propriétaire d’une compagnie de remorquage de Kingston qui s’est entretenu avec Canadian Broadcasting CorporationCBC. 

Ce n’est ni facile ni simple, a-t-il expliqué. Cela peut prendre jusqu’à 30 minutes et, de plus, c’est presque impossible sans la coopération du conducteur du camion.Des camions stationnés derrière des blocs de béton, avec des slogans anti-Trudeau et des drapeaux du Canada et du Québec.

Des images de la manifestation des camionneurs à Ottawa le 6 février 2022 Photo : Radio-Canada

Les camions comportent de nombreuses pièces d’équipement — telles que des chaînes pesant plus de 15 kilos — destinées à empêcher le remorquage sans le consentement du conducteur. 

Si le camionneur a enclenché les freins à air et verrouillé les roues de son véhicule, le remorquage devient encore plus difficile. Dans ces conditions, le camion ne bouge plus.

« C’est le camionneur qui décide en fin de compte si vous pouvez emporter son camion ou non. »— Une citation de  Randy Whan, propriétaire d’une compagnie de remorquage

Si on le lui demandait, M. Whan dit qu’il hésiterait à déplacer un camion sans la coopération du conducteur parce cela placerait ses employés dans une position vulnérable, car ces derniers doivent passer sous le camion pour faire leur travail.

Honnêtement, je ne vois pas comment on pourrait procéder, a-t-il déclaré. Chaque compagnie qui envoie une [dépanneuse] là-bas met son chauffeur en danger d’être blessé.Des manifestants sur un camion brandissent des drapeaux devant le parlement d'Ottawa.

Des images de la manifestation des camionneurs à Ottawa, le 6 février 2022 Photo : Radio-Canada/Brigitte Bureau

Une tâche difficile, mais possible 

David Allen, le propriétaire d’une compagnie de remorquage à London, a lui aussi soutenu que remorquer le camion d’un conducteur récalcitrant est une tâche très difficile, mais elle n’est pas impossible.

Même si les freins à air sont enclenchés, a-t-il dit, certaines dépanneuses ont la capacité de les desserrer ou de les mettre en cage, en transférant de l’air de leur système vers les camions.

Nous avons toutes les capacités sur nos dépanneuses pour le faire, mais le problème est que je ne vois pas qui voudrait le faire, a-t-il nuancé.Début du widget . Passer le widget?

Aperçu de la rue Wellington à Ottawa ce matin en route vers le travail. #polcan pic.twitter.com/DAlU2rD47w— Louis Blouin (@ICILouisBlouin) February 7, 2022

En effet, Canadian Broadcasting CorporationCBC rapporte que de nombreuses entreprises qui fournissent des services de remorquage pour véhicules lourds ne veulent pas risquer leurs relations avec les camionneurs.

Différentes sources ont déclaré au réseau anglais que plusieurs entreprises engagées par la Ville ont refusé de déplacer les camions stationnés illégalement.

Jusqu’ici, la Ville soutient que 28 véhicules associés à la manifestation ont été remorqués, parce qu’ils entravent la circulation et bloquent des allées. La Ville a toutefois refusé de dire s’il s’agissait de camions commerciaux. 

Radio-Canada avec les informations de Michelle Allan

Canada-Québec: La contribution santé mal accueillie par des experts en santé publique

janvier 12, 2022
Des ambulanciers transportent un homme en civière.

Le premier ministre Legault justifie son intention d’imposer une « contribution santé » aux personnes non vaccinées en soulignant qu’elles ne représentent que 10 % de la population, mais 50 % des personnes hospitalisées aux soins intensifs. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

De nombreux experts en santé publique rejettent catégoriquement l’idée d’imposer une contribution santé aux personnes non vaccinées, comme le préconise le premier ministre du Québec, François Legault. Cette approche n’est tout simplement pas ancrée dans les principes et les valeurs reconnus en matière de santé publique, disent-ils.

Je pense qu’il faut éviter d’ouvrir cette boîte de Pandore, de taxer des comportements à risque, a notamment commenté Roxane Borgès Da Silva, professeure au Département de gestion, d’évaluation et de politique de santé à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Sinon, ça ouvre la porte à taxer par exemple des personnes qui ne font pas d’activités physiques – puisqu’on sait que c’est mauvais pour la santé – ou taxer des personnes qui mangent trop de « junk food », a-t-elle fait valoir en entrevue à 24/60.

Elle rappelle en outre que les personnes non vaccinées ne sont pas toutes des antivaccins. La littérature scientifique, dit-elle, montre qu’une certaine proportion d’entre elles sont plutôt des personnes défavorisées et moins scolarisées.

« Est-ce qu’on veut vraiment une plus grande précarité financière auprès de ces personnes? Et on sait que la précarité financière va amener toutes sortes de comportements, de l’anxiété, de l’angoisse, détresse, violence des femmes, etc. »— Une citation de  Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique

Si c’est appliqué comme taxe avec un montant, ça va être extrêmement inéquitable, parce que le fardeau pour certaines personnes ne sera presque rien, tandis que pour d’autres, ce serait extrêmement élevé, souligne également sa collègue Vardit Ravitsky, professeure de bioéthique à la même École de santé publique.

Le Dr Yv Bonnier-Viger, directeur de santé publique de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, croit aussi que cette approche est viciée à la base, puisqu’elle contrevient à la Charte d’Ottawa, qui consigne les consensus scientifiques permettant de promouvoir la santé.

Pour y parvenir efficacement, y stipule-t-on, il convient d’augmenter le pouvoir d’agir des citoyens et des communautés, d’avoir des environnements et des politiques publiques favorables à la santé et d’avoir un système de santé orienté vers la promotion et la prévention, a-t-il détaillé en entrevue à Tout un matin.

En agissant comme entend le faire Québec envers les non-vaccinés, se demande-t-il, est-ce qu’on augmente leur pouvoir d’agir, leur pouvoir de décision, leur entendement de ce qui devrait être fait pour améliorer leur santé, leur bien-être? Je pense qu’on est à tout à fait à l’envers de ça. […] On induit par ça beaucoup d’inégalités sociales de santé, qui vont être augmentées.

« C’est une mesure qui va à l’encontre des valeurs de santé publique : des valeurs de bienveillance et de non-malfaisance, des valeurs aussi de solidarité, de cohésion sociale, qui nous permettent d’augmenter notre santé globale. On ne tient pas compte de ça, je pense, quand on lance cette idée. »— Une citation de  Yv Bonnier-Viger, directeur de santé publique de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine

La plupart des personnes qui sont non vaccinées, poursuit le Dr Bonnier-Viger ont choisi de le faire en raison de certaines peurs [et de] certaines expériences vécues dans le passé avec système de santé, surtout pour certaines populations récemment arrivées et certaines populations autochtones.

Si on veut vraiment être capables de les amener à se faire vacciner, c’est beaucoup plus en s’adressant aux motivations profondes qui les empêchent d’être vaccinés que d’essayer de les contraindre, croit le directeur régional de santé publique de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.

D’autant plus qu’en imposant une somme quelconque, c’est clair qu’on ne pénalise que ceux qui n’ont pas les moyens de les payer vraiment, pour qui ça a un sens. Parce que ceux qui ont beaucoup d’argent, ça ne les dérange pas, dit-il, faisant écho à Mmes Borgès Da Silva et Ravitsky.

Élargir le recours au passeport vaccinal

Pour les deux professeures de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Québec fera plus de progrès en augmentant le nombre de commerces qui devraient exiger le passeport vaccinal.

Je pense que restreindre les libertés individuelles, restreindre la liberté d’accès aux commerces, [cela] va avoir un effet beaucoup plus direct, estime Roxane Borgès Da Silva, qui dit voir dans cette approche une forme de vaccination obligatoire déguisée.

« C’est ce qu’il faut vraiment encourager et pousser jusqu’au bout, comme a commencé à faire le gouvernement avec la SAQ et la SQDC. D’ailleurs on a vu que ça a eu un effet sur de nombreuses personnes, qui sont allées chercher leur première dose suite à ces mesures-là. »— Une citation de  Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique

Ce qui est bien aujourd’hui, c’est augmenter la pression à travers l’application élargie du passeport vaccinal, croit aussi sa collègue Vardit Ravitsky. On l’exige déjà pour quelques services non essentiels, mais on peut aller jusqu’au bout, et exiger la preuve de vaccination pour avoir accès à tous les services et tous les commerces, tout ce qui n’est pas […] ou épicerie ou pharmacie.

« On a des alternatives qui répondent mieux aux principes éthiques. Il faut les choisir, les favoriser, avant […] d’ouvrir une boîte de Pandore. »— Une citation de  Vardit Ravitsky, professeure à l’École de santé publique

En entrevue à 24/60 lui aussi, l’immunologiste André Veillette a émis une opinion discordante, en disant être en faveur de toute mesure permettant d’accroître la couverture vaccinale de la population, pour autant qu’elle soit légale, éthique et efficace.

Il y a possiblement des gens chez qui ça pourrait marcher, des gens qui seraient capables de payer cette taxe, et possiblement que la mesure pourrait fonctionner chez ces gens, a avancé celui qui est également chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal.

Mais si on veut vraiment vacciner le plus de monde possible, si on veut vraiment contrôler la pandémie – et je le sais que je vais recevoir des tweets de menace ce soir – c’est de rendre la vaccination obligatoire, a-t-il ajouté un peu plus tard, en précisant ne pas croire que Québec en arrivera là.

Avec Radio-Canada

Canada/Mystérieuse maladie au N.-B.: 2 expertes disent qu’on ne doit pas céder à la panique

mars 20, 2021

 

De nombreuses questions demeurent sans réponse au sujet de la présence d’un syndrome neurologique dégénératif au Nouveau-Brunswick.

© Fournis par La Presse Canadienne

Deux expertes de l’Université de l’Alberta, Valerie Sim et Debbie McKenzie, étudient les maladies à prions qui sont causées par une protéine anormalement repliée dans le cerveau. Ces maladies provoquent un dépérissement du cerveau et les organes atteints sont souvent criblés de trous, explique la Pre Sim.

Parmi elles, on retrouve la maladie de Creutzfeldt-Jakob, une maladie rare et mortelle chez l’humain, la maladie de la vache folle chez les bovins et la maladie débilitante chronique, qui affecte le cerf, le wapiti, l’orignal et le renne.

«En ce moment, je dirais que c’est une bonne chose que les autorités du Nouveau-Brunswick regardent cela plus en détail, dit la Pre Sim. Cela ne signifie pas avec certitude qu’il existe un syndrome neurologique progressif. Cela signifie simplement qu’il existe un schéma intéressant et que nous avons besoin de plus d’informations.»

Une mention du syndrome inconnu est apparue pour la première fois dans une circulaire du 5 mars de la médecin hygiéniste en chef adjointe, la Dre Cristin Muecke, aux diverses associations professionnelles médicales de la province. Elle demande à tous ceux qui soupçonnent avoir rencontré un patient atteint de la maladie de les orienter vers une clinique spécialisée.

Les symptômes sont similaires à ceux de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, un trouble cérébral dégénératif et mortel, a déclaré jeudi la médecin-hygiéniste en chef, la médecin hygiéniste en chef de la province, Jennifer Russell.

Il y a 43 cas faisant l’objet d’une enquête dans la province, avec 35 cas confirmés et huit cas suspectés, a indiqué Mme Russell. Les cas ont été en grande partie détectés par des médecins de la région de Moncton et du nord-est de la province, a-t-elle mentionné. Le premier remonte en 2015.

Selon les deux scientifiques, il est peu probable qu’il s’agisse d’une maladie à prions encore inconnue, même si cela est déjà arrivé par le passé. En 1996, une variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob a été découverte au Royaume-Uni, signale la Pre McKenzie.

Ces maladies sont facilement identifiables par une autopsie en raison des lésions cérébrales qu’elles causent.

L’hypothèse que la maladie est causée par une sorte de toxine est sensée, souligne la Pre McKenzie. Elle mentionne que les autorités ont affirmé que les cas sont concentrés dans des zones précises.

«Ce serait en fait plus étrange, dans un sens, si la maladie était répandue dans tout le Nouveau-Brunswick ou dans tout le Canada atlantique, souligne-t-elle. Nous devons parler de quelque chose de très, très différent.»

Elle craint que d’en retracer les origines soit difficile. Premièrement, le premier patient a contacté la maladie il y a un certain temps déjà. Secundo, la perte de mémoire est l’un des symptômes de la maladie.

«Je suggérerais de ne pas trop s’inquiéter, dit la Pre McKenzie. On a besoin de beaucoup plus d’informations sur la source ou la cause sous-jacente de ces problèmes.»

Elle espère les gens consulteront un médecin s’ils présentaient l’un des symptômes associés à la maladie.

La Pre Sim dit qu’il reste encore de nombreuses questions auxquelles il faut répondre avant de conclure que les cas résultent tous d’une seule cause, en particulier une cause inconnue. Les symptômes révélés jusqu’à présent — une démence à progression rapide ainsi que des spasmes musculaires, une atrophie, des hallucinations et une foule d’autres complications — impliquent une grande partie du cerveau et pourraient survenir pour de nombreuses raisons différentes, a-t-elle déclaré.

«Des syndromes neurologiques progressifs et inexpliqués se produisent dans toutes les régions du pays et du monde, simplement parce que nous ne savons pas tout, souligne la Pre Sim. Nous n’avons pas découvert toutes les choses possibles qui peuvent arriver au cerveau.»

Avec Sarah Smellie, La Presse Canadienne

Quels sont les variants du coronavirus qui inquiètent les experts?

février 2, 2021

Depuis la fin de 2020, la multiplication des cas liés à des variants du SRAS-CoV-2 provenant de trois pays inquiète particulièrement les autorités. Quels sont ces variants qui pourraient provoquer une troisième vague d’infection?

La France a recours à l'analyse des eaux usées pour détecter la propagation du virus et de ses variants.

© Daniel Cole/Associated Press La France a recours à l’analyse des eaux usées pour détecter la propagation du virus et de ses variants.

D’entrée de jeu, il faut rappeler qu’il est tout à fait normal de voir des mutations dans un virus. Lorsque le virus se multiplie, il accumule des mutations (changements au code génétique). La plupart de ces mutations n’ont pas d’impact sur le taux de mortalité ou sur le rythme d’infection.

Toutefois, les variants identifiés au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et au Brésil ont tous subi des mutations dans la protéine nommée spicule. Ainsi, ces variants semblent être davantage capables d’attaquer les cellules et de se propager. Que sait-on de ces variants?

  • Découvert en septembre
  • Présent dans plus de 60 pays, dont le Canada
  • Ce variant se transmet de 30 % à 70 % plus facilement

Ce variant est responsable de la croissance exponentielle du nombre d’infections au Royaume-Uni. Le variant B.1.1.7. a frappé soudainement et très rapidement, il a donc été difficile de le contenir. Au début de novembre, le quart des nouvelles infections détectées au Royaume-Uni étaient liées à ce variant. En décembre, c’était 60 %. Aujourd’hui, ce variant domine les nouvelles infections.

Non seulement ce variant semble plus contagieux, mais il serait également plus mortel. Notons qu’environ 30 % des 106 000 décès au Royaume-Uni ont été recensés depuis le 1er  janvier 2021. Plus de 33 000 Britanniques sont morts de la COVID-19 en moins d’un mois. 

Le CDC a indiqué cette semaine que ce variant, même s’il est encore peu présent aux États-Unis, pourrait devenir le variant le plus dominant d’ici le mois de mars.

Ce variant a été détecté au Canada. Au début de février, il y avait plus de 70 cas en Ontario, près d’une dizaine au Québec, une cinquantaine en Alberta et une quinzaine en Colombie-Britannique.

Selon une modélisation de la propagation de la COVID-19 développée par des chercheuses de l’Université Simon Fraser, si le nombre de cas augmentait de 30 %, le pays pourrait connaître jusqu’à 20 000 nouveaux cas quotidiens lors d’une autre vague en mars.

Selon les premiers constats, le vaccin de Pfizer et BioNTech est efficace contre ce variant. Moderna étudie la possibilité d’ajouter une dose supplémentaire pour que son vaccin soit davantage efficace contre ce dernier.

Par contre, les autorités britanniques disent avoir récemment une autre mutation dans le variant B.1.1.7 qui serait potentiellement plus contagieuse et qui semble rendre certains vaccins moins efficaces. Une campagne de dépistage de porte-à-porte a été lancée dans certaines zones pour essayer de circonscrire la propagation de ce « super-variant ».

Les vaccins de Novavax et Janssen (pas encore approuvés au Canada) semblent être efficaces contre ce variant.

Variant B.1.351 (Afrique du Sud)

  • Découvert en octobre
  • Présent dans plus de 30 pays, dont le Canada

Ce variant inquiète les experts en raison de son nombre élevé de mutations, surtout dans le spicule.

Selon les estimations, ce variant est 50 % plus contagieux, mais il ne serait pas plus mortel. Ce nouveau variant pourrait aussi présenter un risque de réinfection plus élevé, mais les études à ce sujet sont encore préliminaires.

Le premier cas du variant B.1.351 a été découvert pour la première fois au pays en Alberta, au début du mois de janvier. Une personne en Ontario qui a été infectée par ce variant n’aurait pas voyagé ni n’aurait eu de contact avec un voyageur, signe que le variant a possiblement commencé à se propager dans la communauté.

Les vaccins semblent être un peu moins efficaces contre ce variant; Novovax (efficace à 60 %), Johnshon & Johnson (efficace à 57 %). Moderna et Pfizer disent qu’ils étudient la possibilité d’ajouter une dose supplémentaire pour que leur vaccin soit davantage efficace contre ce variant.

Variant P.1 (Brésil)

  • Découvert en novembre
  • Présent au Brésil et aux États-Unis

La ville de Manaus au Brésil avait été fortement touchée par le virus lors de la première vague au printemps. En fait, on estimait qu’en octobre, 75 % de la population avait été infectée. C’est pourquoi les experts ont été surpris par une nouvelle vague de cas et d’hospitalisations en janvier.

 Les hôpitaux de Manaus manquent de bonbonnes d'oxygène et plusieurs familles de patients hospitalisés essaient d'en acheter de compagnies privées.

© BRUNO KELLY/Reuters Les hôpitaux de Manaus manquent de bonbonnes d’oxygène et plusieurs familles de patients hospitalisés essaient d’en acheter de compagnies privées.

Les chercheurs ont encore peu de réponses à leurs questions concernant ce variant, mais la hausse fulgurante du nombre d’hospitalisations les inquiète. Est-ce que ce variant est plus contagieux et a réussi à infecter les personnes qui y avaient échappé? Ou est-ce que ce variant réinfecte ceux qui ont déjà été malades? Ont-ils surestimé le nombre de personnes qui avaient été infectées au printemps?

Tandis que le variant britannique a pris trois mois pour dominer les nouvelles infections, le variant brésilien a réussi à dominer en un mois. En décembre 52 % des nouveaux cas étaient liés à ce variant; en janvier, c’était plus de 85 %.

Variant CAL.20C (Californie)

  • Découvert en juillet
  • Présent en Californie et dans au moins 11 États (Arizona, Connecticut, Maryland, New Mexico, Nevada, New York, Texas, Utah, Washington, Wyoming et District de Columbia)

Les chercheurs américains cherchaient la présence du variant britannique, mais ils ont plutôt découvert un variant californien. Il semblerait que ce variant existe depuis juillet, mais il a commencé à se répandre davantage en novembre. Ce variant est maintenant responsable de plus de la moitié des cas à Los Angeles. Ailleurs dans l’État de la Californie, entre 20 % et 30 % des cas seraient reliés à ce variant.

Les chercheurs n’ont pas encore déterminé avec certitude si ce variant est plus infectieux ou plus mortel. Toutefois, il faut noter que le nombre de cas et de décès a monté en flèche en décembre et en janvier dans cet État et que ce variant a été détecté dans plusieurs éclosions.

Un variant canadien à l’horizon?

Pour l’instant, il semblerait que le variant britannique se répande le plus rapidement à travers la planète. 

Mais le directeur national de santé publique du Québec, le Dr Horacio Arruda, est clair : le Québec et le Canada ne sont pas à l’abri de leur propre variant. «Plus on transmet la maladie, plus il y a de chances qu’il y ait des mutants qui s’installent. Ça peut être des mutants qui peuvent ne pas être dangereux du tout, mais ça peut devenir des souches dangereuses.»

Par exemple, le Québec a détecté dans le cadre de ses analyses génomiques un cas qui s’apparente à une mutation découverte en Australie. «Toutefois, les autres mutations qui définissent la lignée australienne n’étaient pas présentes dans l’échantillon du patient du Québec, explique l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). La souche québécoise porteuse de cette mutation appartient donc à une lignée distincte.»

L’INSPQ indique que cette «situation est sous surveillance, mais n’est pas source de préoccupation à l’heure actuelle».

La conseillère scientifique en chef du premier ministre, Mona Nemer, partage les préoccupations du Dr Arruda. Des variants pourraient échapper aux vaccins, a-t-elle prévenu dans une entrevue aux Coulisses du pouvoir. Elle ajoute que la stratégie de retarder la deuxième dose du vaccin – comme c’est le cas au Québec – peut entraîner le développement de variants.

Elle ajoute que les provinces doivent absolument accélérer la cadence du nombre de tests faits pour limiter la propagation de ces variants.

Avec La Presse acanadienne par Mélanie Meloche-Holubowski 

Le Canada peut éviter une deuxième vague de COVID-19, selon des experts

juin 25, 2020
Des élèves suivent leur cours de yoga dans des bulles à Toronto pour se protéger de la COVID-19.
© Cole Burston/Getty Images Des élèves suivent leur cours de yoga dans des bulles à Toronto pour se protéger de la COVID-19.
Les mesures d’hygiène et de distanciation mises en pratique ces derniers mois par les Canadiens et l’avancement rapide de la recherche pourraient permettre au Canada d’éviter une deuxième vague de COVID-19, estiment plusieurs chercheurs.

Alors que la première vague de coronavirus s’essouffle lentement au Canada ces dernières semaines avec des taux de contagion et d’hospitalisation en baisse plus ou moins constante, les autorités médicales et gouvernementales se préparent déjà activement à une deuxième vague de contagion.

Le scénario d’une nouvelle éclosion de masse qui semble inévitable aux yeux de nombreux experts devrait se produire quelque part entre l’automne et la fin de l’hiver prochain et pourrait durer au moins jusqu’au début de l’année prochaine, selon les prévisions.

Or, l’arrivée d’une deuxième vague de coronavirus n’est pas gravée dans le marbre, soutiennent plusieurs experts en santé publique, qui croient que le Canada pourrait plutôt affronter plusieurs petites vagues plutôt qu’une grosse dans les mois à venir ou même éviter complètement une deuxième vague, si les citoyens et les autorités demeurent alertes.

«Il n’y a en fait rien de prévisible à propos d’une deuxième vague», a expliqué Steven Hoffman, directeur du Global Strategy Lab et professeur de droit de la santé mondiale à l’Université York de Toronto, à nos collègues de CBC.

«Nous pourrions avoir une deuxième vague, une troisième, une quatrième et une cinquième. Nous pourrions ne pas avoir de deuxième vague du tout», croit Steven Hoffman.

Ce graphique montre qu'en gardant certaines mesures de distanciation sociale, il sera possible de garder le nombre de nouveaux cas bas. Ainsi, le Canada pourrait voir plusieurs petites vagues au cours des prochains mois.

© Adaptation d’un graphique d’Ashley Tuite, École de santé publique Dalla Lana de l’Université Toronto Ce graphique montre qu’en gardant certaines mesures de distanciation sociale, il sera possible de garder le nombre de nouveaux cas bas. Ainsi, le Canada pourrait voir plusieurs petites vagues au cours des prochains mois.
Le Dr Isaac Bogoch, médecin et scientifique spécialisé dans les maladies infectieuses à l’hôpital général de Toronto, est aussi de cet avis.

Selon lui, plutôt que d’essuyer une forte vague comme la première fois, nous serons probablement confrontés dans les mois à venir à des épidémies de moindre ampleur qui devront être jugulées rapidement.

Pas de retour en force de la maladie ailleurs dans le monde

Si on regarde ailleurs dans le monde, principalement où le coronavirus a frappé en début de pandémie, aucune deuxième vague de grande ampleur n’a été rapportée jusqu’ici, alors que les éclosions localisées, elles, se multiplient un peu partout.

Israël a connu des centaines de nouvelles infections après la réouverture des écoles, la Corée du Sud a connu une recrudescence des cas dans un quartier de boîtes de nuit à Séoul, tandis qu’une épidémie dans une usine de conditionnement de la viande en Allemagne a entraîné de nouvelles mesures de confinement. Mais nulle part pour le moment, la COVID-19 n’a engendré de deuxième vague massive.

Plus de 250 nouveaux cas de contamination au virus de la COVID-19 ont été confirmés à Pékin.

© Lintao Zhang/Getty Images Plus de 250 nouveaux cas de contamination au virus de la COVID-19 ont été confirmés à Pékin.
Dans d’autres régions du Sud-Est asiatique, notamment à Singapour, à Hong Kong et à Taïwan, qui ont réussi rapidement à contenir la maladie, aucune deuxième vague de coronavirus ne s’est manifestée. Il faut dire cependant que des mesures strictes de distanciation physiques sont toujours observées dans ces régions.

En Chine continentale, les autorités ont agi rapidement pour contenir une nouvelle éclosion ce mois-ci à Pékin en réinstaurant des mesures d’hygiène strictes et en suspendant 60 % des vols à destination et en provenance de la capitale après la découverte de 256 nouveaux cas depuis le début de juin.

Pour le Dr Bogoch, si le Canada adopte une approche similaire pour contrôler les nouveaux foyers qui apparaîtront à l’avenir, nous pourrons éviter l’imposition des mesures plus draconiennes, comme la fermeture d’entreprises non essentielles et la réimposition de mesures de confinement à grande échelle dans le pays.

Raywat Deonandan, épidémiologiste en santé mondiale et professeur associé à l’Université d’Ottawa, estime que la prochaine vague d’infection risque d’être moins grave, compte tenu de ce que nous avons appris sur la façon de contrôler le virus au cours des six derniers mois.

«Nous savons qu’il [le coronavirus] aime les rassemblements de masse à l’intérieur. Il semble que c’est là que les super-événements de propagation ont tendance à se trouver : les églises, les bars karaoké, les fêtes, les boîtes de nuit», explique-t-il.

«C’est donc notre façon de contrôler la deuxième vague, si nous surveillons vraiment les grandes activités à l’intérieur ou si nous les empêchons complètement.»

Les Canadiens toujours vulnérables

Mais en dépit du relâchement des stratégies le plus strictes, les Canadiens demeurent vulnérables à la COVID-19 essentiellement parce beaucoup d’entre eux n’ont pas encore été infectés.

Selon l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, près de 2,5 millions de Canadiens ont été testés pour la COVID-19, avec une moyenne d’environ 4 % de tests positifs et plus de 100 000 cas confirmés.

«Nous avons une très faible pénétration de cette maladie dans notre société», explique Raywat Deonandan.

«Cela signifie que la grande majorité des Canadiens sont encore sensibles, et s’ils le sont, il ne faudra pas grand-chose pour qu’une nouvelle croissance explosive du virus se produise.»

Les rassemblements populaires demeurent des activités à risque.

© André Vuillemin/Radio-Canada Les rassemblements populaires demeurent des activités à risque.
Pour Steve Hoffman, de l’Université York, malgré toutes les précautions, le coronavirus n’en continue pas moins de circuler dans le monde.

Une meilleure connaissance du virus pour repousser les futures vagues

Mais même s’il revient, les Canadiens seront mieux armés que la première fois pour y faire face, croient plusieurs chercheurs et scientifiques, notamment en raison des progrès de la médecine et de la science ces dernières semaines pour comprendre le virus, son mode de propagation, les symptômes qu’il provoque, mais aussi ses faiblesses.

«Nous avons appris qu’il s’agit d’une maladie très étrange qui semble se manifester différemment dans différentes populations, différents groupes d’âge, et que la symptomatologie n’est pas du tout ce à quoi on aurait pu s’attendre au début», explique Raywat Deonandan.

«Cette idée de perdre son odorat, par exemple, a pris tout le monde par surprise. Nous avons également appris la transmission asymptomatique et présymptomatique», poursuit l’épidémiologiste.

Il ajoute que les experts du monde entier avaient supposé à tort, au début de la pandémie, que le simple fait de tester précocement les patients symptomatiques permettrait de contrôler la propagation de COVID-19, un peu comme dans le cas d’une épidémie de grippe.

Une infirmière de Sudbury effectue un test de dépistage.

© CBC/Erik White Une infirmière de Sudbury effectue un test de dépistage.
La menace de différents modes de transmission, soit par les surfaces ou les excréments, a également suscité des inquiétudes au début, ce qui, selon M. Deonandan, a semé la confusion sur la manière de prévenir l’infection à un moment critique.

«Il semble maintenant que la quasi-totalité du virus soit véhiculée par des gouttelettes et des aérosols, principalement des gouttelettes», selon Raywat Deonandan.

Jason Kindrachuk, professeur adjoint de pathogenèse virale à l’Université du Manitoba à Winnipeg et titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les virus émergents, croit lui aussi qu’une meilleure compréhension de la maladie permettra de faire des gains importants en cas de deuxième vague.

«Nous sommes mieux préparés que lors du premier tour parce que nous avons une meilleure idée de ce qu’est ce virus et un peu plus sur son comportement.»

Qui plus est, souligne M. Kindrachuk, la première vague a exposé nos vulnérabilités, en particulier dans les maisons de soins de longue durée, où plus de 6000 Canadiens sont morts de la COVID-19 à ce jour.

«Si le virus connaît une nouvelle résurgence au Canada, explique-t-il, tant que nous pourrons limiter la propagation au sein de ces communautés vulnérables, nous savons que la majorité du reste de la population est gérable».

Avec CBC/Radio-Canada d’après les informations recueillies par Adam Miller

RDC/Covid-19 : arrivée des experts chinois à Kinshasa

mai 12, 2020

 

 

 L’équipe de douze spécialistes chinois dans la riposte au covid-19 a foulé, le mardi 12 mai, le sol congolais par l’aéroport international de N’djili  où elle a été accueillie par les vice-ministres de la Santé, Albert Mpeti, et des Affaires étrangères, Raymond Tchedya, en présence de l’ambassadeur chinois accrédité en RDC, Zhu Jing.

 

En séjour de travail en RDC dans le cadre de la riposte au Covid-19, ces douze spécialistes chinois, comme a souligné leur ambassadeur, sont venus renforcer la  lutte contre cette pandémie qui a déjà dépassé le cap de mille cas positifs en RDC en deux mois seulement. Ces experts chinois vont ainsi travailler avec la coordination nationale de la riposte pour l’appuyer à travers des partages de savoir-faire, par des conseils, échanges et séminaires. Cette équipe a aussi comme mandat d’organiser  des formations auprès du personnel soignant congolais et chinois se trouvant en RDC,  d’échanger avec les équipes congolaises sur le traitement des maladies infectieuses.

Aux dires de Zhu Jing, la délégation de douze meilleurs spécialistes sélectionnés par le gouvernement chinois est venue pour aider la RDC dans la riposte  au covid-19. Ces experts, a-t-il souligné, se rendront dans plusieurs endroits  du pays. Ils vont, durant leur séjour, tenir des séances  de travail avec des équipes congolaises qui sont dans la riposte. « J’espère que pendant les deux semaines suivantes, ils vont donner un coup de main positif  pour aider les autorités sanitaires congolaises à renforcer la capacité de riposte à la covid -19 », a affirmé l’ambassadeur chinois. Ces experts chinois ne sont pas venus bredouilles en RDC. Dans leur gibecière, ils ont amené  un don de quatre tonnes de matériel médical de leur gouvernement au peuple congolais. La dotation chinoise est composée  des médicaments,  des combinaisons de protection, des gants, des bottes et des masques.

 

Avec Adiac-Congo par Blandine Lusimana

Canada: Le Québec déconfine trop vite, selon des experts du Canada anglais

mai 10, 2020

Isaac Bogoch, infectiologue de l'Hôpital général de Toronto.
© Frédéric Lacelle/Radio-Canada Isaac Bogoch, infectiologue de l’Hôpital général de Toronto.
« Trop tôt » et « trop vite », voilà ce que pensent bien des experts au Canada anglais du déconfinement au Québec, citant en particulier la reprise des visites dans les CHSLD et la réouverture des écoles primaires à partir de lundi.

Ces experts soulignent que le Québec est la province ayant le plus de cas de coronavirus et de décès liés à la COVID-19 au pays.

Et des centaines de cas s’ajoutent chaque jour au bilan, note le Dr Isaac Bogoch, spécialiste des maladies infectieuses à l’Institut de recherche de l’Hôpital général de Toronto.

Le Dr Bogoch souligne que c’est près du double du nombre quotidien de nouveaux cas recensés en Ontario au cours de la dernière semaine.

Oui, plus de la moitié des cas au Québec sont concentrés dans la région de Montréal et les décès touchent surtout les résidents des centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Mais pour lui, la situation demeure « préoccupante » au Québec.

Même son de cloche de la part de la professeure de mathématiques à l’Université Simon Fraser Caroline Colijn, qui est spécialisée en épidémiologie. À la lumière des statistiques, il n’y a « pas de signes » d’une réduction de la transmission communautaire au Québec, particulièrement dans la région de Montréal, conclut-elle.

Selon elle, il pourrait même y avoir 3 à 10 fois plus de cas que ne le laissent entendre les chiffres officiels, si l’on fait des projections à partir du taux de mortalité.

L’épidémiologiste et professeur à l’Université d’Ottawa Raywat Deonandan ajoute qu’environ 13 % des tests de dépistage sont positifs au Québec, comparativement à 5 % en Ontario.

Soit le Québec n’effectue pas assez de tests ou l’épidémie n’y a pas été maîtrisée, soutient-il.

Rouvrir les écoles : un risque

Pour la professeure Colijn, la réouverture des écoles est une « grande inconnue ». On ne sait pas si les enfants sont infectieux, dit-elle.

Les classes au primaire doivent reprendre lundi au Québec, sauf dans la région de Montréal, où la réouverture des écoles a été reportée au 25 mai, tout comme pour les commerces.

Le professeur Deonandan cite de nouvelles données d’Allemagne qui laissent entendre que les enfants risquent autant que les adultes de transmettre le coronavirus, contrairement à ce que pensaient les chercheurs auparavant.

Le Dr Raywat Deonandan est épidémiologiste et professeur à l'Université d'Ottawa.

© Courtoisie de Raywat Deonandan Le Dr Raywat Deonandan est épidémiologiste et professeur à l’Université d’Ottawa.
Pour lui, il vaudrait mieux être « plus prudent » étant donné qu’il reste toujours beaucoup d’interrogations au sujet de la transmissibilité de la COVID-19 chez les enfants.

La professeure de pédiatrie Anna Banerji de l’Université de Toronto pense que le Québec rouvre les écoles et les garderies « trop rapidement », soulignant elle aussi que des enfants infectés pourraient transmettre la maladie à des aînés vulnérables ou à des personnes ayant le cancer ou immunodéprimées.

«Étant donné que l’année scolaire est presque terminée, dit-elle, je ne suis pas sûre que ça vaille la peine de courir ces risques.»

  • En Ontario, les écoles resteront fermées au moins jusqu’au 31 mai; le gouvernement de Doug Ford n’a pas exclu un retour en classe le 1er juin.
  • La Nouvelle-Écosse, la Saskatchewan et l’Alberta, notamment, ont confirmé que leurs écoles ne rouvriraient pas avant septembre.
  • La Colombie-Britannique a un plan de retour en classe en plusieurs étapes. Actuellement, environ 5000 enfants de travailleurs de première ligne et élèves avec des besoins particuliers sont de retour en classe. D’ici juin, les élèves de la maternelle à la 5e année doivent pouvoir fréquenter l’école à temps partiel, s’ils le désirent, tout comme les élèves de la 6e à la 12e années qui ont des difficultés particulières.

Des inquiétudes entourant les foyers pour aînés

Une autre préoccupation au Québec pour la Dre Banerji : les résidences pour personnes âgées.

Selon elle, il est trop tôt pour permettre à nouveau les visites, même si le Québec promet de limiter cet accès aux proches aidants.

Pour elle, il vaut mieux utiliser Internet pour le moment et faciliter les rendez-vous virtuels entre les résidents des foyers et leurs proches.

Elle est toutefois d’accord avec la réouverture graduelle des commerces, à condition que la distanciation physique continue d’y être pratiquée.

Le professeur Deonandan affirme, lui, que si on autorise des visiteurs dans les centres de soins de longue durée, ils devraient se soumettre à une vérification des symptômes à l’entrée et porter de l’équipement protecteur. Il faut protéger la population des foyers à 100 %, dit-il.

« Sage » de déconfiner plus tard à Montréal

Le Dr Bogoch salue la décision du Québec de reporter le déconfinement dans la région de Montréal au 25 mai.

Selon lui, il s’agit d’une « sage » initiative.

Cela dit, il souligne que les « gens se déplacent » et qu’il pourrait être difficile pour le Québec de bloquer l’importation de cas de régions plus touchées aux secteurs moins touchés de la province avec sa stratégie de déconfinement régional.

Personnellement, je pense que le Québec déconfine trop tôt, dit-il. Le spécialiste des maladies infectieuses ajoute toutefois que chaque province doit soupeser dans sa décision une variété de facteurs, la santé bien sûr, mais aussi les répercussions sociales et économiques du confinement.

Le professeur Deonandan pense lui aussi que le Québec devrait aller plus lentement, pour mieux mesurer les effets de chaque phase de déconfinement. «On laisse les centres de jardinage rouvrir et on analyse les données, puis on permet par exemple aux gens de se rassembler pour des soupers et on mesure les effets», explique-t-il.

Deux solitudes?

Le Dr Yves Longtin, professeur de médecine à l’Université McGill et spécialiste en contrôle des infections à l’Hôpital général juif de Montréal, s’inquiète pour les hôpitaux de la région montréalaise.

Il affirme que le réseau est « plus fragile » qu’en janvier.

«Le déconfinement va augmenter les risques qu’un patient affecté par la COVID sans présenter de symptômes (un de ces cas « asymptomatiques ») introduise le virus dans nos hôpitaux, dit-il. La reprise des activités médicales telles les chirurgies et l’oncologie va exiger que des ressources soient déviées de la COVID-19.»

Il appréhende une deuxième vague.

Selon le Dr Bogoch, il ne serait pas surprenant malheureusement de voir une « flambée » de cas au Québec avec le déconfinement, ce qui pose aussi un risque, selon lui, pour les provinces voisines comme l’Ontario.

Tout comme le Québec, l’Ontario et plusieurs autres provinces ont donné le feu vert à la réouverture graduelle de certains commerces; le Nouveau-Brunswick autorise même les restaurants à rouvrir et permet les rassemblements de dix personnes ou moins à l’extérieur.

Toutefois, de toutes les provinces, le Québec est celle qui a le plan le plus ambitieux de réouverture des écoles, même si c’est la province qui a le plus de cas de COVID-19.

Pourquoi cette divergence d’approche sur le déconfinement entre le Québec et le reste du Canada? Il faudrait poser la question à M. Legault [le premier ministre du Québec]! rétorque le Dr Longtin.

Avec La Presse Canadienne par Michel Bolduc