Le gouvernement allemand a annoncé l’expulsion de deux diplomates iraniens en représailles à la condamnation à mort d’un dissident germano-iranien, dont la fille appelle les Européens à « utiliser tous les moyens » pour le sauver.
La sentence visant Jamshid Sharmahd, 67 ans, est « inacceptable », a dénoncé dans un tweet le chancelier Olaf Scholz, « demandant au régime iranien de revenir sur sa décision ».
En représailles, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a « fait convoquer le chargé d’affaires de l’ambassade d’Iran » pour « l’informer que nous n’acceptions pas la violation massive des droits d’un ressortissant allemand ».
« Le gouvernement a déclaré indésirables deux membres de l’ambassade iranienne et leur a demandé de quitter l’Allemagne dans un bref délai », a annoncé la ministre, demandant « une procédure d’appel équitable et conforme à l’Etat de droit ».
« Dernière chance »
Mme Baerbock avait déjà prévenu mardi que l’application éventuelle de cette sentence « entraînerait une réaction significative » de Berlin.
Jamshid Sharmahd avait été présenté devant un tribunal à Téhéran en février 2022 en étant accusé d’avoir participé à un attentat contre une mosquée à Chiraz, dans le Sud de l’Iran, qui avait fait 14 morts en avril 2008.
La justice lui a reproché en outre d’avoir établi des contacts avec des « officiers du FBI et de la CIA » américains et d’avoir « tenté de contacter des agents du Mossad israélien ».
Les soutiens de M. Sharmahd en Allemagne avaient rejeté ces accusations, exhortant Berlin à « agir immédiatement » pour « sauver [sa] vie ».
Les pays européens « devraient utiliser tous les moyens de leur arsenal politique », pour faire pression sur Téhéran, a réagi auprès de l’AFP sa fille, Gazelle Sharmahd, réclamant des « mesures extrêmes ».
« C’est la dernière chance de sauver la vie de mon père », a-t-elle prévenu, alertant sur la détérioration en prison de l’état de santé du dissident.
« Nous ne savons même pas où il est, nous ne savons pas comment il va ou même s’il est au courant de cette horrible nouvelle » du verdict, explique-t-elle.
La condamnation à mort de Jamshid Sharmahd a été prononcée par un tribunal de première instance et peut donc faire l’objet d’un recours devant la Cour suprême.
L’Iran avait annoncé en août 2020 l’arrestation du dissident qui résidait alors aux Etats-Unis, lors d’une « opération complexe », sans préciser ni où ni comment ni quand il a été arrêté.
Selon sa famille, il a été enlevé par les services de sécurité iraniens alors qu’il était en transit à Dubaï et amené de force en Iran.
« Jeu malsain »
Cette condamnation a été dénoncée par plusieurs ONG comme Amnesty International.
« Ils ont kidnappé Jamshid Sharmahd et maintenant ils l’envoient à la mort après un simulacre de procès », a dénoncé mardi Mahmood Amiry-Moghaddam, le directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège.
« En fait, la République islamique menace tout simplement de tuer un otage », a-t-il fustigé.
Téhéran avait provoqué une vague d’indignation internationale après avoir exécuté en janvier un ancien haut responsable du ministère iranien de la Défense, l’Irano-Britannique Alireza Akbari, reconnu coupable d’espionnage.
La condamnation à mort de Jamshid Sharmahd a été annoncée au lendemain de nouvelles sanctions de l’Union européenne contre l’Iran. Deux ministres iraniens et 30 autres personnes ont été sanctionnés lundi par l’UE pour la répression des manifestations en Iran organisées depuis la mort en détention, le 16 septembre, d’une jeune Kurde iranienne, Mahsa Amini.
Au moins 16 détenteurs de passeports occidentaux, dont six Français, sont détenus en Iran.
La plupart d’entre eux sont des binationaux mais l’Iran ne reconnaît pas le statut de la double nationalité pour ses ressortissants.
« Mon père et tous les binationaux sont des boucs émissaires dans ce jeu malsain auquel » le pouvoir iranien se livre, selon la fille du dissident.
Guillaume Perrier a été arrêté par la police turque à l’aéroport d’Istanbul et empêché de se rendre dans les zones touchées par le séisme. Il témoigne.
Le nouvel aéroport d’Istanbul, inauguré en 2018 par le président Recep Tayyip Erdogan. Le reporter du Point Guillaume Perrier y a été arrêté et expulsé alors qu’il tentait de se rendre dans les régions touchées par les séismes dans le sud du pays.
Il est 18 h 45, mercredi, lorsque j’atterris à l’aéroport d’Istanbul. Je sors en vitesse de l’avion pour attraper un vol intérieur et rejoindre, dans la soirée, la ville de Kayseri, puis, de là, les zones touchées par les terribles tremblements de terre. Comme toute la Turquie, je suis un peu sous le choc. J’espère être rapidement sur le terrain. Je suis en contact depuis deux jours avec des amis et des connaissances dans les différentes régions touchées, à Marash, à Adiyaman, à Diyarbakir, à Gaziantep… Certains ont passé deux nuits dehors avec leurs familles, terrorisés et transis ; d’autres organisent des convois de vivres et de couvertures pour les villages les plus isolés… Je pars les retrouver, passer du temps avec eux. Je sais que ce sera un reportage difficile, mais je suis impatient d’y être, pour faire mon métier. Lorsque j’arrive au guichet de contrôle des passeports, je suis déjà projeté sur la longue route qui m’attend.
Face à l’ampleur du désastre, devant les destructions énormes provoquées par les deux méga séismes qui ont secoué la Turquie et le nord de la Syrie, lundi, je n’ai pas hésité longtemps à partir. Dès les premières heures, il est clair que le bilan humain dépassera celui du séisme d’Izmit en 1999, qui fit, officiellement, 17 000 morts, près d’Istanbul. Ma place était sur ce terrain meurtri, dans ces régions et ces villes que je connais bien et dans lesquelles j’ai effectué d’innombrables reportages ces dernières années. Je voulais raconter le déploiement des opérations de secours, la solidarité internationale qui se met en place, la détresse des populations, l’incertitude que cela allait faire planer sur les élections, prévues dans 3 mois… Raconter aussi à quel point les tremblements de terre et leur mémoire sont inscrits dans l’histoire et la géographie des lieux. Être là, aux côtés de la Turquie et des Turcs, dans cette terrible épreuve.
De la bouche des survivants, j’ai souvent entendu les récits des catastrophes d’Erzincan, rasée en 1939 par une secousse de 7,9 sur l’échelle de Richter, de Lice en 1975, de Samsun ou Kütahya. Tous ceux qui ont vécu une secousse, même brève, connaissent cette sensation qui s’imprime dans un coin du cerveau et ne le quitte plus jamais. J’en ai moi aussi ressenti quelques-unes. À Istanbul, où j’ai habité pendant dix ans, le risque sismique fait partie du quotidien de chacun, c’est une réalité qui a traversé les siècles. Sainte-Sophie, détruite à plusieurs reprises, reconstruite et renforcée par des piliers antisismiques qui lui donnent cette allure caractéristique, est là pour en témoigner.
Les mystères des tremblements de terre
Le plus effrayant lorsque la terre commence à trembler, c’est qu’on ne sait pas quelle sera la durée et l’intensité de la secousse. Il faut attendre que cela se termine. Elle est, le plus souvent très brève, quelques secondes, parfois dix ou vingt. Lundi, cela a duré plus d’une minute.
Au 4e étage de l’immeuble où je vivais à l’époque, sur la rive européenne du Bosphore, les murs se mettaient parfois à danser et, d’un bond, je plongeais sous une grosse table en bois pour me protéger. À chaque fois, heureusement, il s’agissait de petites secousses, 4 ou 5 sur l’échelle de Richter, qui ne provoquaient pas trop de dégâts. Je voyais aussi les petits sacs que les Turcs rangeaient souvent dans un coin de leur appartement, derrière une porte. Des sacs de survie avec un peu d’eau, un paquet de biscuits, un sifflet, une couverture. Je connaissais les gestes, ceux qu’on apprend aux enfants dans les écoles, comment se recroqueviller en position fœtale, en protégeant ses organes vitaux.
En 2011, un séisme de 7 fit près d’un millier de morts dans la région de Van, tout à l’est du pays. J’étais parti immédiatement sur les lieux. Les conditions de reportage étaient difficiles : un froid glacial, peu de nourriture et d’eau, des opérations de secours compliquées, des répliques violentes qui faisaient trembler la terre toutes les dix minutes et fragilisaient un peu plus les bâtiments qui n’étaient pas tombés. Je me souviens qu’un hôtel de Van, où s’étaient installés des sauveteurs japonais et près duquel je dormais, s’était ainsi écroulé un matin faisant de nombreuses victimes. J’avais retenu cette leçon, il faut toujours dormir dans une voiture. De ce reportage, une sensation m’avait marquée. Celle de ce silence, lourd et épais, dans la nuit noire, l’oreille tendue de tous les sauveteurs, des proches de disparus, pour essayer d’entendre, dans les tas de gravats, la sonnerie d’un téléphone, une voix, une respiration. Cette gravité qui unit tout le monde, dans le but de sauver qui peut l’être.
Le huis clos de l’aéroport
Je tends mon passeport au policier, échange avec lui quelques formalités cordiales, lui présente mes condoléances pour les victimes. Il me répond d’un sourire et d’un clignement des yeux, je regarde la petite caméra qui m’enregistre. Il s’apprête à tamponner mon document, lorsqu’un dernier coup d’œil sur son écran d’ordinateur l’interrompt dans son geste. Il me demande de me mettre sur le côté et envoie mon passeport au guichet du chef. Dix longues minutes plus tard, mon passeport revient avec un autre fonctionnaire et l’on m’annonce que je fais l’objet d’une « interdiction de territoire ». Je suis escorté jusqu’à un autre guichet, à l’autre bout du gigantesque terminal de l’aéroport. Je comprends que mon voyage va prendre un itinéraire qui n’était pas celui que j’avais envisagé. Mon vol vers Kayseri va bientôt décoller, mon reportage va tourner court. Je me préparais aux paysages enneigés, aux villes détruites, aux étendues sinistrées. Je ne vais pas sortir du huis clos de l’aéroport.
Dans ce hall que je traverse dans la foulée du policier qui tient mon passeport, je croise un groupe de 16 pompiers français qui vient d’arriver, sans doute par le même vol que moi. Au guichet où l’on me mène, il y a des Canadiens, des Américains, des Algériens… Un groupe d’une trentaine de sauveteurs Taïwanais, tout de rouge vêtus, qui arrive en file indienne, d’un pas militaire… Les secouristes débarquent par milliers, de toute la planète. Une policière à peine trentenaire tamponne leurs passeports à la chaîne. « Combien de personnes ? Combien de chiens ? » demande-t-elle ? J’ai aussi été rejoint par une jeune femme, de nationalité bosnienne. Elle porte un niqab écru, d’où n’émergent que deux yeux bleu clair et quelques centimètres carrés de peau blanche. Elle ne comprend pas le turc, je fais la traduction.
La jeune fonctionnaire de police a l’air surprise lorsque je lui explique que je suis journaliste et que je suis venu couvrir les événements, comme des dizaines de confrères et de consœurs. Son écran lui indique que je suis interdit de territoire, suite à une décision administrative qui date de novembre 2022. Personne n’en sait plus et il n’y a aucun moyen d’obtenir plus de précisions. Rapidement elle m’explique que je serai expulsé vers Paris par le premier vol, celui de 7 heures le lendemain matin. Je passerai donc la nuit en rétention à l’aéroport. Comme la jeune Bosnienne qui, à côté de moi, se met à fondre en larmes, derrière son niqab.
En Turquie, les restrictions de la liberté de la presse
Cette péripétie n’est pas une grande surprise. Je m’étais préparé à un tel scénario. Ces dernières années, de nombreux confrères étrangers se sont vus interdire l’entrée en Turquie sous divers prétextes, rarement très clairs. D’autres ont été expulsés. Certains d’entre eux étaient des correspondants de longue date, des reporters chevronnés. Et je ne parle même pas de tous les journalistes turcs qui subissent depuis des années les nombreuses restrictions à la liberté de la presse, largement documentées, sous le régime de Recep Tayyip Erdogan. Je ne connais pas la raison de la décision qui me concerne. Un tweet ? Un article ? Une interview ? Certaines de mes enquêtes récentes ont sans doute fait tiquer quelques lecteurs attentifs à Ankara. Mais malgré tout les signaux contraires, je voulais croire que l’on me permettrait de continuer à faire mon métier de journaliste dans ce pays, la Turquie, dans lequel j’ai tant d’attaches. Cela fait près de 20 ans que j’y travaille, j’y ai vécu dix ans et j’y ai réalisé des centaines de reportages, d’articles nourris par une bonne connaissance du pays et des gens qui le peuplent. Je n’y ai jamais ressenti aucune forme d’hostilité, bien au contraire. Et même là, à l’aéroport d’Istanbul, ce n’est pas du tout le cas.
Je suis conduit jusqu’aux locaux de la police de l’immigration (göç idaresi), toujours dans la zone internationale de l’aéroport. Là encore, les fonctionnaires de police sont aimables et semblent aussi désolés que moi. Nous parlons des dernières nouvelles. Tout le monde est abasourdi par la catastrophe qui vient de se produire en Anatolie. Chacun y connaît quelqu’un qui est touché. Mes bagages sont rapidement inspectés, on me confisque mes stylos, ma ceinture, ainsi qu’une plaquette de paracétamol. Et on me conduit dans une sorte de cellule améliorée, avec une pièce de vie commune et quelques chambres spartiates autour, équipées de fauteuils dont la couleur et l’odeur témoignent un certain vécu. Les pièces sont éclairées par des néons blafards que l’on a interdiction d’éteindre et surveillées 24 heures/24 par des caméras. On me dépose un plateau-repas avec un peu de riz et des haricots, quelques cuillérées de soupe de lentilles froide. La porte est fermée à clé. Il n’y a pas de fenêtre. On peut appeler un gardien grâce à un combiné accroché au mur. Dans la pièce de vie commune, arrivent d’autres voyageurs naufragés : un groupe d’Algériens, dont les documents de voyage étaient suspects, des sans-papiers somaliens, un touriste italien, dont la carte d’identité était abîmée. Je discute avec deux Iraniens, qui ont visiblement une certaine habitude de la procédure d’expulsion. L’un d’eux, qui baragouine quelques mots de français depuis un séjour dans la prison de Saint-Omer, m’explique être un passeur de migrants. Il connaît bien la région de Calais. Je sers de traducteur entre les policiers qui ne parlent pas anglais et les nouveaux arrivants qui ne parlent souvent pas un mot de turc.
Les heures passent dans cette zone de rétention aéroportuaire. J’ai pu garder mon téléphone, ce qui me permet de tenir quelques personnes informées de ma situation. Et de suivre via Twitter, les dernières nouvelles du terrain. Le bilan des séismes s’alourdit d’heure en heure. 2 000, 3 000 morts… Quand on sait l’utiliser et suivre les bonnes sources, le réseau social fait remonter des informations utiles depuis les lieux sinistrés. Il permet aussi parfois de localiser des victimes, de coordonner des opérations… Mais tard dans la soirée, le réseau ralentit, des coupures sont signalées, des voix s’élèvent contre ce qui est perçu comme une nouvelle censure de l’information par le pouvoir. Dans ces premières heures, les autorités se voient reprocher par l’opposition turque et par beaucoup de « Depremzedeler » – les survivants des séismes- d’être plus préoccupées par la gestion de leur image à trois mois des élections, que par le drame qui frappe l’Anatolie.
Pendant cette longue attente, je repense aussi à cette menace sismique qui plane depuis des décennies sur Istanbul. La faille nord-anatolienne qui traverse le nord de la Turquie et passe à quelques kilomètres d’ici et menace de provoquer un tremblement de terre majeur, de la même ampleur que ceux de lundi. Mais Istanbul compte 17 millions d’habitants et l’on sait que plus de la moitié des constructions y est construite hors des règles légales et des normes antisismiques. Une telle catastrophe y serait encore plus destructrice. Est-ce que cet aéroport gigantesque dans lequel je passe la nuit, le plus grand du monde, construit à Istanbul ces dernières années et dont le chantier continue au moins jusqu’en 2027, résisterait à ce « big one » ? Les géants du secteur de la construction, cinq entreprises proches du pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, qui ont obtenu ce marché public et beaucoup d’autres à travers tout le pays, dans quelle mesure ont-ils tenu compte du risque sismique ?
L’heure de rejoindre Paris
Il est bientôt trois heures, la pièce s’est vidée, les passeurs iraniens ont été reconduits vers Téhéran. Rattrapé par la fatigue, je m’assoupis un peu sur mon fauteuil orange, malgré la lumière et cette caméra, au-dessus de ma tête. Mais à 4 h 15, des bruits des perceuses et de marteaux me tirent brusquement de ce demi-sommeil. En Turquie, on n’arrête jamais de construire, même la nuit. Les Algériens sont toujours là, mais moins bavards qu’à leur arrivée. Un Tchétchène nerveux fait des allers-retours aux toilettes pour fumer des cigarettes. Peu après six heures, un gardien vient me chercher. Il est l’heure de partir. Mon passeport et la notification de la décision de m’expulser sont glissés dans une enveloppe et confiés à une jeune femme qui m’accompagne jusqu’à l’avion. Je retraverse dans sa foulée l’immense terminal aéroportuaire quasiment désert.
À 7 heures, je suis à la porte du vol Air France qui me ramène à Paris. C’est le même équipage que la veille. Comme dans toute procédure d’expulsion, mon passeport est remis au commandant de bord et ne me sera rendu qu’à l’arrivée par la police française. Je vais dormir pendant tout le trajet, le cœur serré de ne pas pouvoir aller raconter le sort de ces dizaines de milliers de Turcs frappés par le séisme. Je quitte finalement la Turquie, ce pays que j’aime tant et qui est aussi un peu le mien, avec une interdiction de territoire temporaire. Temporaire. Je ne veux retenir que ce mot.
L’imam marocain Hassan Iquioussen a été expulsé vendredi vers le Maroc par la Belgique, après son expulsion de France cet été, annoncée par Gérald Darmanin.
L’imam marocain Hassan Iquioussen, arrêté en Belgique le 30 septembre après son expulsion de la France pour des « propos incitant à la haine et à la discrimination », a été expulsé vendredi 13 janvier vers le Maroc, ont annoncé son avocate française et les autorités belges. Le prédicateur du nord de la France, dont l’expulsion a été annoncée fin juillet par le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, a été reconduit par un avion à Casablanca, après que les autorités marocaines lui ont délivré un laissez-passer jeudi, a indiqué son avocate Me Lucie Simon.
La secrétaire d’État belge à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor, s’est félicitée de « la bonne coopération » avec la France sur ce dossier, en confirmant le renvoi de l’intéressé vers le Maroc. « Nous ne pouvons pas permettre à un extrémiste de se promener sur notre territoire. Toute personne qui n’a pas le droit d’être ici doit être renvoyée », a commenté Nicole de Moor, citée dans un communiqué.
« Gérald Darmanin s’était beaucoup impliqué auprès de ses homologues sur ce sujet. C’est une grande victoire contre le séparatisme », a de son côté commenté l’entourage du ministre français de l’Intérieur.
Fin juillet, Gérald Darmanin avait annoncé l’expulsion de l’imam Iquioussen, lui reprochant « un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d’une vision de l’islam contraire aux valeurs de la République ». Mais l’imam était introuvable au moment où l’arrêté d’expulsion avait été définitivement validé par le Conseil d’État le 31 août. Il avait fui en Belgique francophone où il a été arrêté dans la région de Mons le 30 septembre.
Son avocate « surprise » par la « volte-face des autorités marocaines »
Hassan Iquioussen avait ensuite été placé en centre fermé près de Liège (est) à la mi-novembre pour séjour illégal, visé par un ordre de quitter le territoire belge après l’échec de la procédure du mandat d’arrêt européen lancée par la France.
Son avocate française Lucie Simon s’est étonnée vendredi soir de la « volte-face » du Maroc, qui avait refusé l’été dernier à la France le laissez-passer consulaire permettant l’éloignement de l’imam dans son pays d’origine.
« Je suis surprise de la volte-face des autorités marocaines et j’estime que la vie de Hassan Iquioussen est en France », a réagi Me Lucie Simon, soulignant que les avocats n’ont pas été informés de la délivrance du document consulaire. « Nous attendons le jugement sur le fond du Tribunal administratif de Paris, si l’arrêté d’expulsion (français) était annulé, la France devra assurer son retour », a-t-elle ajouté.
Elle a pour la circonstance bénéficier du soutien de ses parents au sein de la police et des services de sécurité de la ville de Pointe-Noire. Son époux blanc qu’elle a fait venir de France a été mis dans un vol d’Air France à destination de Paris après que la congolaise ait payé de sa poche le billet. Ex pauvre SDF en France, le blanc s’est revalorisé à Pointe-Noire, ville où il ne faisait que changer des Mbappé.
Dans le souci d’avoir des papiers français, Mère Solange, une congolaise qui exerce dans les affaires à Pointe-Noire, a demandé à ses proches en France de lui trouver un blanc SDF. Une fois le blanc trouvé et les accords conclus, Flavien, le français a pris pour la première fois de sa vie un avion à destination du Congo.
C’est à Pointe-Noire que Solange et Flavien ont célébré leur mariage et commencé une vie de couple au quartier Raffinerie. Tout va bien pour le blanc qui est même pistonné par la congolaise dans une société pétrolière. Dès qu’il commence à toucher ses premiers millions en salaire, Flavien montre enfin son vrai visage de coureur de jupons. Il est accro aux petites filles de Pointe-Noire et délaisse peu à peu son épouse.
La Congolaise va tout supporter jusqu’ à obtenir son titre de séjour de 10 ans qui la permet de faire des allers et retours entre Pointe-Noire et Paris. Entre temps, entre le couple, s’installent désormais des tensions et disputes à cause des infidélités répétitives de Flavien.
Mais la décision de Solange de faire expulser son époux blanc survient après une forte dispute qui termine en agression physique. La Congolaise porte plainte et fait intervenir ses proches des services de sécurité. Flavien est arrêté et détenu quelques jours dans les geôles du commissariat central de Pointe-Noire avant qu’un juge ne décide de son expulsion du territoire congolais.
Le Congo étant un pays bananier, il est demandé à Solange de s’occuper du billet d’avion par Air France de son propre époux. Le juge interdit aussi au blanc de revenir au Congo pendant une période de 10 ans pour le décourager définitivement de se moquer de son épouse. Il promettait revenir à Pointe-Noire vivre sa vie avec ses nombreuses Mbappé.
C’est dans un vol d’Air France que Flavien est expulsé de Pointe-Noire avec un seul bagage à cause de sa quéquette qu’il n’a pu contrôler. Comme quoi dans la vie, si vous lavez un singe, il va toujours se moquer de vous.
L’Italienne Barbara Manzi a été déclarée « persona non grata » et priée de quitter Ouagadougou ce vendredi. La junte au pouvoir lui reproche d’avoir « terni » l’image du pays.
La coordonnatrice de l’ONU au Burkina Faso, l’Italienne Barbara Manzi, a été déclarée « persona non grata » et « priée de quitter le pays », dès ce vendredi 23 décembre, par la junte dirigée par Ibrahim Traoré. Selon un communiqué du ministère des Affaires Étrangères, « Barbara Manzi, coordonnatrice résidente du système des Nations unies, est déclarée persona non grata sur le territoire du Burkina Faso. Elle est donc priée de quitter le Burkina Faso aujourd’hui même, le 23 décembre 2022 ».
« Longue liste de récriminations »
Selon la ministre des Affaires Étrangères, Olivia Rouamba, cette expulsion se justifie notamment par le fait que Mme Manzi a décidé « unilatéralement » de retirer le personnel non essentiel de l’ONU à Ouagadougou. « C’est jeter le discrédit, ternir l’image du pays et décourager les potentiels investisseurs. C’est inconcevable et nous devons prendre nos responsabilités », a-t-elle ajouté, lors d’une interview sur la RTB, la télévision nationale.
« Au-delà de ces faits, il nous est revenu que Mme Manzi prédisait le chaos au Burkina Faso dans les prochains mois. Nous ne savons pas sur quelles bases elle peut le faire. De gros efforts sont faits sur le plan sécuritaire et l’ONU devrait se constituer en structure de soutien », a poursuivi la ministre.
Mme Rouamba a toutefois souhaité faire la différence entre « la personne de Mme Manzi et l’ONU », avec laquelle le Burkina « garde toujours une très bonne coopération ».
Une source diplomatique a confirmé à l’AFP qu’une « longue liste de récriminations » ont conduit « la diplomatie burkinabè à prendre ses responsabilités ». Outre la demande du retrait du personnel non essentiel, il est aussi reproché à Mme Manzi une « tentative d’influence négative » et de « s’immiscer dans les affaires politiques du Burkina », selon cette source. Les représentants des Nations unies à Ouagadougou n’étaient pas immédiatement joignables vendredi après-midi.
Cette expulsion intervient quelques jours après celle de deux Français qui travaillaient pour une société burkinabè et qui étaient soupçonnés par les autorités d’être des espions.
Sur les pas du Mali de Goïta
Le Burkina n’est pas le premier Etat ouest-africain à expulser un responsable onusien cette année. En juillet, le Mali, pays voisin du Burkina, également pris dans une grave crise sécuritaire, avait expulsé Olivier Salgado, le porte-parole de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), pour avoir publié, selon la junte au pouvoir, des « informations inacceptables » au lendemain de l’arrestation de 49 soldats ivoiriens à Bamako.
Mme Manzi, qui était également coordonnatrice humanitaire de l’ONU, était en poste au Burkina Faso depuis août 2021. Elle avait présenté ses lettres de créances à l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré, renversé en janvier 2022 par un coup d’État militaire mené par Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Ce dernier a lui-même été renversé fin septembre par le capitaine Ibrahim Traoré. Son Premier ministre, Apollinaire Kyélem de Tembela, a souhaité mi-novembre « diversifier les relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso ». Il a également affirmé que « certains partenaires » n’avaient « pas toujours été loyaux », sans citer de pays. Alors qu’il a effectué récemment une discrète visite à Moscou, la question d’un éventuel rapprochement avec la Russie se pose au Burkina depuis le coup d’État qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré.
Les autorités congolaises, qui accusent Kigali de soutenir la rébellion du M23, ont décidé d’expulser Vincent Karega, l’ambassadeur du Rwanda, a fait savoir samedi soir le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
L’annonce du gouvernement congolais survient alors que le M23, qui a repris les armes à la fin de 2021, a de nouveau gagné du terrain samedi 29 octobre dans l’est de la RDC. Les rebelles, qui tiennent la ville de Bunagana depuis la mi-juin, se sont emparés de nouvelles localités, Kiwanja et Rutshuru-Centre, situées sur la RN2, axe stratégique desservant Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Samedi, le président Félix Tshisekedi a présidé « une réunion élargie du Conseil supérieur de défense », pour évaluer la situation après « une série d’attaques et d’occupations de localités congolaises […] par le M23 appuyé par l’armée rwandaise », a indiqué le porte-parole du gouvernement congolais dans un communiqué lu à la télévision officielle.
« Il a été observé ces derniers jours une arrivée massive des éléments de l’armée rwandaise pour appuyer les terroristes du M23 en vue d’une offensive générale contre les positions des forces armées » congolaises, a ajouté Patrick Muyaya.
« Aventure criminelle et terroriste »
« Cette aventure criminelle et terroriste », a-t-il dit, a provoqué le « déplacement massif de plusieurs milliers » de personnes. « Au regard des faits qui précèdent », le Conseil supérieur de défense a demandé au gouvernement d’expulser dans les 48 heures Vincent Karega, ambassadeur du Rwanda en RDC, du fait notamment « de la persistance de son pays à agresser la RDC », a continué le porte-parole.
Ce dimanche 30 octobre, Kigali a dit « regretter » cette décision et a affirmé que ses forces de sécurité positionnées à la frontière congolaises demeuraient en état d’alerte.
Kinshasa accuse depuis des mois Kigali de soutenir le M23. Un rapport non publié de l’ONU pointait une implication du Rwanda auprès du M23 et, cette semaine, un ambassadeur américain aux Nations unies a évoqué sans détour « l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23 ».
Le Rwanda dément et accuse en retour la RDC de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un mouvement rebelle qui lui est hostile et qui est actif dans l’est de la RDC.
Dans le communiqué publié ce dimanche à la suite de l’annonce de l’expulsion de Vincent Karega, le Rwanda s’est de nouveau dit particulièrement préoccupé par cette « collusion », de même que par la « rhétorique belliqueuse anti-rwandaise » utilisée par les autorités congolaises.
Kaba Keita, ce Guinéen menacé d’expulsion, a reçu un sursis à la toute dernière minute avant de partir pour prendre son vol à Montréal. Photo : Radio-Canada/Audrey Paris
Kaba Keita, le Guinéen menacé d’expulsion, a reçu un sursis de quelques jours de l’Agence des services frontaliers du Canada au moment où il quittait le restaurant Le Continental à Québec pour prendre son vol à Montréal.
Il manquait vraiment une intervention ministérielle pour opérer minimalement le sursis. […] L’important là pour tout le monde, je pense, c’était que M. Keita puisse dormir dans son lit avec sa femme ce soir, souligne son avocat Maxime Lapointe.
Il attend maintenant d’obtenir le permis de séjour temporaire pour ensuite avoir le visa de travail. Il est convaincu qu’à cette étape, la suite des choses ira vite.
« C’est la plus grande victoire de toute ma carrière! »— Une citation de Maxime Lapointe, avocat spécialisé en droit de l’immigration
Kaba Keita est reconnaissant de toute l’aide qu’il a reçue. J’ai toujours dit, j’ai toujours l’espoir, ça peut se changer à la dernière minute. Heureusement, ça s’est fait. Merci tout le Canada. Je remercie aussi mon patron infiniment. Je remercie mon avocat, je remercie tout le monde qui m’a soutenu de cette lutte.
Un soulagement
Kaba Keita est entré au Canada en 2018 avec un statut de visiteur qu’il a fait changer pour celui de réfugié parce qu’il craignait sa famille s’il rentrait en Guinée.
Il a perdu ce statut cet été quand il a admis à la Commission du statut de réfugié que sa relation avec sa famille s’était améliorée, selon son avocat. Il a ensuite reçu un avis d’expulsion.
Marié depuis trois ans à Doussou Koulibaly, une Guinéenne qui a obtenu sa résidence permanente depuis une dizaine d’années, M. Keita n’avait pas envie de rentrer.
Avec l’aide de son avocat, sa conjointe et lui ont déposé une demande de parrainage, mais les délais de traitement dépassaient la date de l’expulsion fixée au 16 septembre.
Kaba Keita et son épouse Doussou Koulibaly lors de la manifestation devant le restaurant Le Continental. Photo : Radio-Canada/Magalie Masson
Kaba Keita travaille au restaurant Le Continental depuis 2018. Son employeur Mathieu Pettigrew l’apprécie à un point tel qu’il a décidé de l’appuyer moralement et financièrement dans la démarche. C’est lui qui paie les frais reliés aux démarches juridiques. Il a aussi organisé plus tôt cette semaine une manifestation pour appuyer son plongeur.
Le député Joël Lightbound avait également intercédé en faveur de M. Keita plus tôt cette semaine. Son adjoint de circonscription, Gabriel Bergevin-Estable, affirme qu’une lettre a été envoyée aux ministres Sean Fraser et Marco Mendicino afin que le gouvernement suspende son expulsion et lui accorde un statut de séjour temporaire en attendant que la demande de parrainage soit traitée.
Radio-Canada par Marie Maude Pontbriandavec la collaboration d’Audrey Paris et Audrey-Maude Vézina
Introuvable en France, il pourrait avoir fui en Belgique et le Maroc n’est plus prêt à l’accueillir en l’état : deux jours après sa validation par le Conseil d’État, l’expulsion de l’imam marocain Hassan Iquioussen se complique. Mis en cause pour des propos jugés contraires aux valeurs de la République, ce prédicateur proche de la mouvance frériste a été érigé au cours de l’été par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en emblème de la lutte contre les « séparatistes » qui répandent « un jihadisme d’atmosphère ». Selon les informations de BFMTV, il fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt européen, notamment en raison de sa potentielle présence en Belgique.
Le Conseil d’État a donné mardi son feu vert à son expulsion, mais deux « visites domiciliaires » menées par les autorités dans la foulée à Lourches, commune proche de Valenciennes (Nord) où il réside, se sont révélées infructueuses. « Le scénario qui est aujourd’hui privilégié est une fuite en Belgique de M. Iquioussen », a affirmé le préfet des Hauts-de-France, Georges-François Leclerc, lors d’une conférence de presse mercredi.
« Il sera interdit de venir en France »
Le prédicateur de 58 ans, dont la chaîne YouTube est suivie par 178 000 abonnés, est devenu un « délinquant » dès lors « qu’il s’est soustrait à un arrêt d’expulsion », a souligné le préfet, qui a saisi le parquet de Valenciennes.
Gérald Darmanin a affirmé mercredi qu’il donnerait des « informations » sur le prédicateur à son homologue belge afin qu’il ne puisse « pas venir en France ». « Il sera interdit de venir en France. Tant mieux », a-t-il dit, sans évoquer une action de la France pour que les Belges le recherchent et le remettent aux autorités françaises.
Tentant de se soustraire à un arrêt d’expulsion, l’imam Hassan Iquioussen aurait potentiellement pris la fuite en Belgique, selon le préfet des Hauts-de-France.
Le préfet des Hauts-de-France, Georges-François Leclerc, a affirmé mercredi 31 août que l’imam marocain Hassan Iquioussen, recherché depuis la validation mardi de son expulsion par le Conseil d’État, était susceptible d’avoir pris la fuite en Belgique.
« Le scénario qui est aujourd’hui privilégié est une fuite en Belgique de Hassan Iquioussen », a déclaré le préfet lors d’une conférence de presse, qualifiant le prédicateur, mis en cause pour des propos jugés contraires aux valeurs de la République, de « délinquant » dès lors « qu’il s’est soustrait à un arrêt d’expulsion ». « Il y a deux scénarios : ou bien Hassan Iquioussen, qui est sous le coup d’un arrêté exécutoire d’expulsion et d’une saisine de l’autorité judiciaire, est dans un pays étranger, auquel cas la coopération internationale se fera ; ou bien s’il est sur le territoire français et est interpellé, il sera immédiatement placé en rétention administrative », a-t-il expliqué.
Son domicile était surveillé
Le préfet a précisé avoir « saisi le parquet du tribunal de Valenciennes » mardi soir, après que deux « visites domiciliaires » organisées à Lourches, où réside l’imam, se sont « révélées infructueuses ». Un des fils du prédicateur avait affirmé mardi soir aux journalistes sur place que son père n’était pas présent à cette adresse et que lui-même ignorait où il se trouvait. Le domicile de Hassan Iquioussen « faisait l’objet d’une surveillance », a souligné Georges-François Leclerc, mais il « était susceptible d’être en plusieurs endroits ». « La surveillance de son domicile était proportionnée aux pouvoirs d’investigation dont les services de police bénéficiaient dans un cadre administratif », a-t-il mis en avant.
Le Conseil d’État a donné son feu vert mardi à l’expulsion de Hassan Iquioussen (né en France il y a 58 ans mais de nationalité marocaine) dont le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait fait ces dernières semaines un symbole de la lutte du gouvernement contre les « discours séparatistes ». Gérald Darmanin avait annoncé le 28 juillet l’expulsion de ce prédicateur du Nord, fiché S (pour sûreté de l’État) par la DGSI « depuis dix-huit mois », selon lui. L’arrêté d’expulsion lui reproche « un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d’une vision de l’islam contraire aux valeurs de la République ».
Le Maroc suspend son « laissez-passer consulaire »
Le Maroc a suspendu le « laissez-passer consulaire » qu’il avait délivré le 1er août à l’imam Hassan Iquioussen afin de permettre son expulsion par la France vers ce pays, a appris mercredi l’AFP de source proche du dossier. Cette source proche du Maroc a expliqué cette décision par le fait qu’il « n’y avait pas eu de concertations avec les autorités marocaines », au lendemain de la décision du Conseil d’État ouvrant la voie à son expulsion. La décision d’expulsion est « unilatérale », a-t-on ajouté.
Dans l’entourage du ministre de l’Intérieur, on a rappelé que la validité d’un laissez-passer était de « 60 jours », soulignant qu’il serait « incompréhensible que ce document qui n’a d’autre fonction que d’officialiser la reconnaissance par le Maroc de la nationalité de M. Iquioussen soit suspendu ». « Comment peut-on reconnaître la nationalité d’un de ses ressortissants un jour et ne plus la reconnaître le lendemain ? » s’est étonné l’entourage de Gérald Darmanin.
Né en France, Hassan Iquioussen n’avait pas opté pour la nationalité française à sa majorité, prenant la nationalité marocaine de ses parents. Âgé de 58 ans, il réside régulièrement en France. Il a 5 enfants et 15 petits-enfants, tous Français.
Aisi en « référé », c’est-à-dire en urgence, sur une suspension de l’expulsion vers le Maroc de l’imam Hassan Iquioussen, le tribunal administratif de Paris rendra sa décision vendredi au plus tard.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé la semaine dernière l’expulsion de ce prédicateur exerçant en France, réputé proche des Frères musulmans et accusé par les autorités françaises d’appels à la haine et à la violence visant notamment la communauté juive.
A l’audience jeudi, l’avocate de M. Iquioussen Me Lucie Simon a demandé au tribunal de « protéger les libertés fondamentales » en suspendant l’arrêté d’expulsion.
« Je vous demande de vous méfier de phrases coupées et sorties de leur contexte », a argumenté l’avocate rejetant tout autant « la gravité » que « l’actualité » des propos visés par le ministère de l’Intérieur, dont les plus récents remontent à 2019 et les plus anciens aux années 1990.
« Il n’y a aucune urgence à expulser Hassan Iquioussen », a déclaré Me Simon. « Vous n’êtes pas la caution judiciaire des effets d’annonce du gouvernement », a ajouté l’avocate de l’imam, évoquant les annonces de Gérald Darmanin mercredi sur son futur projet de loi sur l’immigration.
La Ligue des droits de l’Homme (LDH) est intervenue volontairement au soutien de la requête de Me Simon à l’audience.
« Ces propos anciens n’ont jamais donné lieu à un refus de titre de séjour ou à une condamnation pénale », a relevé Me Marion Ogier pour l’association, défendant « le droit au respect à la vie privée et familiale ».
Dans un communiqué diffusé plus tôt dans la journée, la LDH, tout en désapprouvant les propos de l’imam, fait valoir que M. Iquioussen est né en France, « y a toujours vécu et y a fondé sa famille ».
De son côté, la représentante du ministère de l’Intérieur a estimé que les propos de M. Iquioussen « constituent le terreau d’actions terroristes ». « C’est la même rhétorique que (Mohammed) Merah », a-t-elle ajouté, faisant allusion à l’auteur des attentats de Toulouse et Montauban de 2012.
« La récurrence (des propos) plaide pour la continuité de la menace », a estimé la représentante du ministère de l’Intérieur pour justifier la demande d’expulsion vers le Maroc.
Plus tôt dans la journée, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a rejeté une demande de suspension de l’expulsion de M. Iquioussen.