Un remaniement du gouvernement a été annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi en République démocratique du Congo, maintenant en fonction le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde mais redessinant l’équipe ministérielle à neuf mois de la prochaine présidentielle.
Parmi les nouveaux poids lourds du gouvernement figure, à la Défense, l’ancien vice-président (2003-2006) Jean-Pierre Bemba. Ex-chef de guerre, Jean-Pierre Bemba avait été condamné à 18 ans de prison par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes commis en République centrafricaine avant d’être acquitté en appel en 2018, au terme de dix ans d’emprisonnement.
Il est nommé vice-Premier ministre et ministre de la Défense, alors que la RDC, aux prises avec des violences armées depuis près de trente ans dans sa partie orientale, connaît un pic de tension avec son voisin le Rwanda, accusé de soutenir la rébellion du M23 qui occupe, depuis l’année dernière, de larges pans de la province du Nord-Kivu.
Autre retour en grâce : Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, condamné en 2020 à 20 ans de prison pour détournement de fonds avant d’être acquitté en appel en 2022. Il est nommé à l’Économie, au rang, lui aussi, de vice-Premier ministre. Il y a cinq postes de vice-Premier ministre.
Un remaniement était présenté comme imminent depuis trois mois, après la démission, fin décembre, de trois ministres membres du parti de l’homme d’affaires Moïse Katumbi, candidat à la prochaine présidentielle, qui avaient quitté le gouvernement en solidarité avec leur mouvement politique en rupture avec la coalition au pouvoir.
La présidence a averti jeudi en début de soirée d’une « communication importante » à venir, avant qu’une porte-parole de Félix Tshikedi n’apparaisse à la télévision nationale après minuit pour lire la composition du nouveau gouvernement.
La prochaine présidentielle est prévue le 20 décembre prochain. Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, a annoncé depuis des mois qu’il serait candidat à sa réélection.
Jean-Michel Sama Lukonde est Premier ministre depuis février 2021. Le président Tshisekedi l’avait nommé pour conforter sa majorité après avoir mis fin à la coalition qu’il formait au sommet de l’État avec son prédécesseur, Joseph Kabila.
Vingt-quatre heures après l’approbation à l’unanimité par le Parlement angolais de l’envoi d’un contingent militaire à l’est de la République démocratique du Congo, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a rencontré, le 18 mars, à Luanda son homologue João Lourenço.
La rencontre en tête-à-tête pendant plus de deux heures au Palais présidentiel de la Cidade Alta a permis aux présidents Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et Joâo Lourenço d’évaluer le processus de paix dit de Luanda que ce dernier en qualité de médiateur désigné par l’Union africaine. A ce titre, le président angolais avait reçu le mandat de ses pairs au cours de la dernière assemblée générale annuelle de l’Union africaine de notifier aux rebelles terroristes du M23, appuyés par le Rwanda, toutes les décisions et recommandations les concernant, notamment l’arrêt des hostilités, leur cantonnement ainsi que leur retrait du territoire congolais.
Les deux chefs d’Etat n’ont pas communiqué sur les détails de leur entretien à huis clos. Toutefois, dans leur entourage respectif, l’on affirme que les détails opérationnels du contingent angolais de cinq cents combattants ainsi que la suite du processus ont été largement évoqués. Les unités spéciales des Forces armées angolaises (FAA), rappele-t-on, sont très redoutées pour leur combativité. Appelées en renfort en 1998 dans le cadre de la Communauté de développement de l’Afrique australe, elles avaient réussi à mettre en déroute les troupes rwandaises qui avaient attaqué la ville de Kinshasa après leurs raids sur la base de Kitona. Cette fois, les FAA sont sollicitées pour une mission de maintien de la paix dans le processus de cantonnement des éléments terroristes du M23 et leurs alliés du RDF. Après cette visite éclair de quelques heures à Luanda, le président Félix Tshisekedi a regagné Kinshasa en début de soirée.
Les dirigeants des pays de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) sont réunis ce samedi en sommet extraordinaire à Bujumbura pour discuter de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC.
Le président Tshisekedi a été convié à cette réunion organisée par le Burundi, qui préside actuellement l’EAC, avait indiqué un peu plus tôt une source diplomatique. Les chefs d’État de plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’Est sont réunis en sommet extraordinaire à Bujumbura pour discuter de la situation sécuritaire en RDC. Cette réunion intervient en pleine recrudescence des violences dans l’est du pays.
Feuille de route pour la paix
Dans la province congolaise du Nord-Kivu, la rébellion du M23, que Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir, s’est emparée de larges territoires riches en minerais, et elle continue d’avancer malgré une feuille de route pour la paix conclue à Luanda, en Angola, en juillet 2022. Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour faire taire les armes et apaiser les tensions, en vain jusqu’à présent. « Les discussions devraient se concentrer sur l’évaluation de la feuille de route de Luanda qui exigeait le retrait effectif et définitif des troupes du M23/RDF (Forces de défense rwandaises) des zones occupées avant le 15 janvier », a déclaré samedi la présidence congolaise.
« Les troupes terroristes du M23 n’ont jamais quitté ces zones, au contraire le M23 et ses alliés ont élargi leurs zones d’occupation », a-t-elle ajouté. Si la RDC accuse le Rwanda de soutenir le groupe rebelle, ce qui est corroboré par des experts de l’ONU et les pays occidentaux, Kigali s’en défend. Il s’agit de « parvenir à des décisions qui amélioreront la situation sécuritaire et faciliteront le rétablissement de la paix dans l’est de la RDC », a déclaré sur Twitter l’actuel président de l’EAC, le président burundais Évariste Ndayishimiye.
Outre les présidents burundais et congolais, participent au sommet les chefs d’État rwandais Paul Kagame, kényan William Ruto, ougandais Yoweri Museveni et tanzanienne Samia Suluhu Hassan. Cette rencontre est convoquée alors qu’une vive tension persiste entre la RDC et le Rwanda, et se tient peu après la visite du pape François à Kinshasa, où il a condamné les « cruelles atrocités » perpétrées dans l’est de la RDC. De nombreux groupes armés y sévissent depuis des décennies, dont beaucoup sont un héritage des guerres régionales qui ont éclaté dans les années 1990-2000.
« Clarification urgente »
Pour lutter contre ces groupes, l’EAC a créé en 2022 une force régionale devant comprendre des militaires kényans – arrivés à Goma à partir de novembre –, ougandais, burundais et sud-soudanais. Le mini-sommet réuni le 23 novembre à Luanda lui a confié la mission de « faire usage de la force » contre les rebelles du M23 s’ils refusaient de se retirer des zones occupées, ce qu’elle n’a pas encore fait. À Bujumbura, le président Tshisekedi « entend clarifier le mandat de la force régionale », a déclaré samedi la présidence congolaise.
À la demande de Kinshasa, cette force ne comprend pas de troupes rwandaises, mais quelques officiers rwandais étaient toutefois présents à son quartier général de Goma. Fin janvier, Kinshasa a fait savoir que ces officiers avaient été « enjoints de quitter le sol congolais pour des raisons sécuritaires ». Dans une lettre au ministre congolais des Affaires étrangères, le secrétariat général de l’EAC a demandé « une clarification urgente » sur cette décision.
Cette semaine encore, durant la visite du pape François à Kinshasa, Félix Tshisekedi a réitéré ses accusations contre Kigali. « Outre des groupes armés, des puissances étrangères avides des minerais contenus dans notre sous-sol commettent, avec l’appui direct et lâche de notre voisin le Rwanda, de cruelles atrocités », a-t-il déclaré.
Rapprochement rwando-burundais
Dans une déclaration avant le sommet, William Ruto a demandé que les riches ressources minières de RDC, à l’origine des nombreux conflits en cours, soient protégées. « Le moment est venu depuis longtemps pour la communauté internationale d’auditer avec la plus grande vigilance les chaînes d’approvisionnement industrielles et de s’assurer que la production et la consommation mondiales respectent la souveraineté congolaise en matière de ressources et ne profitent pas des conflits et des souffrances humaines », a-t-il déclaré.
Un début de rapprochement rwando-burundais se noue par ailleurs en marge du sommet : c’est la première visite de Paul Kagame au Burundi depuis 2013. Les deux pays avaient jusqu’alors des relations tendues. Le Burundi a notamment accusé le Rwanda d’abriter les responsables d’un coup d’État raté en 2015. En 2020, Paul Kagame avait exhorté son homologue Évariste Ndayishimiye, élu depuis peu, à normaliser les relations diplomatiques, mais cette demande avait alors été rejetée, qualifiée d’« hypocrite ».
En accédant au pouvoir le 24 janvier 2019, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo avait des défis majeurs à relever car le pays présentait un visage très sombre et il fallait quasi commencer, ou mieux recommencer à zéro.
Le social, les infrastructures, les soins de santé, le niveau de vie, la sécurité à l’est du pays, le combat contre les inégalités, l’enracinement de la démocratie, le retour du pays dans le concert des nations, etc., autant d’équations qui requéraient des solutions urgentes. Après la passation pacifique du pouvoir selon les règles constitutionnelles au terme de plusieurs années de crise politique et les ratés de deux cycles électoraux précédents (2006 et 2011), il fallait prendre le risque d’acculer le pouvoir en place à l’époque. La finalité était d’aboutir à des élections relativement acceptables, censées mettre un terme à un pouvoir aux abois.
Prioriser l’État de droit, libérer les prisonniers politiques, faire revenir les Congolais contraints à l’exil, alléger les conditions d’accès au territoire par les Congolais ayant changé de nationalité…, bref, travailler pour la réconciliation nationale. Telles étaient les quelques actions phares autour desquelles le projet de société dont était porteur Félix Tshisekedi fut mis en branle à l’aube de son quinquennat. Du côté social, le président nouvellement élu a lancé un programme ambitieux pour la transformation positive de la République démocratique du Congo (RDC), programme dit de 100 jours. Les ponts, les routes, les écoles, les hôpitaux et autres infrastructures de base furent arrangés à défaut d’être reconstruits.
Dès l’entame de son quinquennat, le président Félix Tshisekedi a fait appliquer la disposition pertinente de l’article 43 de la Constitution qui consacre la gratuité de l’enseignement de base. Une approche qui a permis de ramener plus de six millions d’enfants supplémentaires à l’école avec pour conséquence positive l’amélioration du traitement des enseignants. À côté de cela, il y a eu la loi de la Programmation militaire pour l’amélioration des conditions sociales des hommes en armes. Le budget de l’État fut augmenté avec un impact positif sur ceux de l’armée, de la santé, de l’éducation et de plusieurs autres secteurs. Grâce aux efforts du gouvernement Sama Lukonde exécutant le programme du chef de l’État, le budget annuel de l’exercice 2022-2023 a quadruplé jusqu’à atteindre le chiffre record de 16 milliards de dollars.
Retour de la RDC à l’international
Sur le plan international, le cinquième président de la RDC se devait de sillonner le monde pour redorer le blason longtemps terni de son pays. Il fallait vendre son image positive pour qu’il soit à nouveau respecté tout en présentant son atout majeur, celui de « pays solution » dans la crise climatique mondiale. Durant les quatre premières années de ce quinquennat, la RDC, par le biais de son chef de l’État, a occupé la présidence tournante de l’Union africaine pendant l’exercice 2021-2022. Félix Tshisekedi préside présentement la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et la prestigieuse Communauté de développement des États de l’Afrique australe. Ce n’est pas tout puisqu’il a fait adhérer la RDC à l’East african community, une organisation régionale des pays de l’Afrique de l’Est. L’implication de celle-ci dans la stabilisation sécuritaire de la partie est de la RDC en proie aux groupes terroristes et rebelles a considérablement modifié les données sur le terrain. Dans la foulée, la RDC a été admise à l’organisation américaine chargée de l’éligibilité des pays sûrs pour les investissements (AGOA).
Autant dire qu’avec la volonté, la détermination et l’amour du pays qui le caractérise, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a rendu la RDC fréquentable. En témoigne la visite dans quelques jours du pape François. Ajouter à cela les Jeux de la francophonie prévus pour août prochain. Pour l’heure, le chef de l’Etat travaille davantage pour la restauration de la paix à l’est du pays mais aussi pour le progrès social à travers le programme de développement à la base de 145 territoires.
Le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a déposé une couronne de fleurs devant la dépouille de l’illustre personnage avant que le Premier ministre et les officiels présents à l’ émouvante cérémonie ne fassent de même.
Félix Tshisekedi s’inclinant devant le cercueil du disparu
Le chef de l’Etat a rendu hommage au caporal Albert Kunyuku Ngoma, le 6 janvier, à l’esplanade de la morgue de l’hôpital du cinquantenaire à Kinshasa. L’ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale (1940- 1945) est décédé depuis le 25 novembre 2022 à l’âge de 100 ans (il est né en 1922).
« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante », dit-on. Le caporal Albert Kunyuku Ngoma a servi les forces armées congolaises, alors La force publique, depuis l’époque coloniale jusqu’à l’indépendance, soit de 1940 à 1960. Cela lui a valu une reconnaissance mondiale de part le fait qu’il a servi sous la bannière belge pour le Congo-Belge dans l’armée de la coalition pour mettre fin à la Deuxième Guerre mondiale et faire échec au régime Nazi.
Cette reconnaissance a été matérialisée par les différentes décorations honorifiques ici même au pays, en Russie par le président Poutine et l’année dernière où le roi Philippe des Belges l’a personnellement décoré en juin, à Kinshasa. A cela, il est à ajouter le fait que le réalisateur congolais Voto lui a même dédié deux films documentaires « L’ombre des oubliés » et « Mon caporal » pour saluer sa bravoure et pour réclamer ses droits.
Ces trois personnalités congolaises, dont deux ont déjà déclaré leur candidature à la présidentielle de 2023, accusent le chef de l’État de déficit de « leadership ».
La RDC est menacée d’ »émiettement », de « balkanisation » et cette situation est « le résultat d’un déficit criant de leadership et de gouvernance de la part d’un régime irresponsable et répressif », écrivent dans une déclaration commune rendue publique ce 26 décembre Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, ainsi qu’Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre aujourd’hui sénateur, inquiété par la justice pour une affaire de détournement de fonds présumé et le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix.Les deux premiers ont déjà annoncé leur candidature à la présidentielle de 2023, et il se murmure que le troisième pourrait aussi être un prétendant à la magistrature suprême contre Félix Tshisekedi.
« Externalisation »
« Au lieu de doter le pays d’une armée efficace », notent les trois hommes, « le gouvernement a privilégié une politique d’externalisation de la sécurité nationale à des forces étrangères et pire, à des États à la base de la déstabilisation du pays. »
Évoquant « l’agression de notre pays par le Rwanda au travers de ses supplétifs du M23 », ils formulent une série d’exigences, parmi lesquelles : « la condamnation ferme du Rwanda par le Conseil de sécurité des Nations unies » ; « le retrait immédiat des éléments du M23 de toutes les positions qu’ils occupent » ; « le déplacement loin de la RDC des éléments rwandais des FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda] et Ougandais des ADF [Allied Democratic Forces] » ainsi que « la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda et la fermeture de toutes les frontières » entre le Rwanda et la RDC.
Sous la pression internationale, les rebelles du M23 qui ont conquis au cours des derniers mois de vastes pans du territoire du Nord-Kivu, ont participé le 23 décembre à une cérémonie en vue de remettre la ville stratégique de Kibumba à une force militaire régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Un évènement que l’armée congolaise a qualifié de « leurre ».
Sur la situation politique, Mukwege, Fayulu et Matata Ponyo ont exprimé leur « profonde inquiétude sur le caractère non-inclusif du processus électoral » qui a démarré avec l’enrôlement des électeurs, ainsi que « la violation de la Constitution » notamment en ce qui concerne « les poursuites judiciaires engagées contre certains acteurs politiques » dans le but de les « éliminer du processus électoral ».
« Le dernier arrêt rendu par la Cour constitutionnelle dans le dossier du sénateur Matata Ponyo Mapon, en violation de l’article 168 de la Constitution en témoigne à suffisance », notent les trois signataires dont Matata Ponyo lui-même.
Le président américain a réuni le 14 décembre à la Maison-Blanche les dirigeants de six pays africains où se tiendront l’an prochain des élections présidentielles, que les États-Unis suivront de près.
Le Gabonais Ali Bongo Ondimba, le Nigérian Muhammadu Buhari, le Libérien George Weah, le Sierra-Léonais Julius Maada Bio, le Malgache Andry Rajoelina et le Congolais Félix Tshisekedi avaient été conviés, a fait savoir la Maison blanche. Chacun de leur pays organise l’an prochain une élection présidentielle, et les États-Unis seront attentifs à ce que celles-ci soient « libres, justes et crédibles », avait déjà averti le 12 décembre le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, ajoutant qu’il ne s’agit toutefois pas de « tirer la sonnette d’alarme ou de dire que nous avons des inquiétudes et des solutions ».
Liste controversée
Soucieux de relancer la relation avec les pays africains, où Chine et Russie avancent leurs pions, Joe Biden reçoit depuis le 13 décembre à Washington 49 dirigeants du continent. Un sommet au format similaire s’était déroulé en 2014 sous la présidence de Barack Obama.
« Quand l’Afrique réussit, les États-Unis réussissent. Le monde entier réussit », a affirmé le président américain le 14 décembre dans un discours au cours duquel il a égrené une série d’investissements. Il entend dégager 55 milliards de dollars pour l’Afrique d’ici à trois ans dans des domaines aussi variés que le numérique, les infrastructures, la santé ou la transition énergétique.
La liste des invités à la Maison blanche a toutefois suscité des critiques en raison de la présence de dirigeants accusés de mener chez eux des politiques répressives. Et ce alors que les États-Unis n’avaient pas voulu convier, lors d’un précédent grand sommet organisé avec l’Amérique latine, Cuba, le Venezuela et le Nicaragua, invoquant les droits humains et la défense des libertés.
« Nous appliquons le même barème en matière de droits humains dans le monde entier », s’est défendu Jake Sullivan, interrogé le 12 décembre à ce sujet, indiquant que la liste des invités avait été décidée avec l’Union africaine (UA). Il avait assuré que la démocratie et la lutte contre la corruption feraient partie des sujets abordés.
Le président congolais Félix Tshisekedi a fustigé samedi 10 décembre des « velléités expansionnistes du Rwanda », qu’il a de nouveau accusé de soutenir le M23.
« L’année 2022 a été le témoin de la résurgence des velléités expansionnistes du Rwanda sous couvert du M23 », a déclaré le chef de l’État lors de son discours sur l’état de la nation prononcé devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès.
La RDC est victime d’une « agression sans équivoque par le Rwanda », a-t-il insisté. Depuis près de 30 ans, l’est congolais est en proie aux violences en raison de la présence de nombreux groupes armés « dans l’indifférence quasi totale de la communauté internationale », a estimé Félix Tshisekedi.
Massacre
Le M23 (« Mouvement du 23 mars ») a repris les armes en fin d’année dernière et conquis de larges portions d’un territoire du nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Depuis, la RDC accuse son voisin rwandais de soutenir le M23, ce qu’ont établi des experts de l’ONU. Mais Kigali dément, accusant en retour Kinshasa de collusion avec les FDLR, un mouvement constitué par certains auteurs du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.
Une enquête préliminaire de l’ONU rendue publique jeudi impute un massacre d’au moins 131 civils (dont 17 femmes et 12 enfants), au M23. Selon cette enquête, les victimes ont été exécutées arbitrairement par balle ou à l’arme blanche fin novembre à Kishishe et Bambo, deux villages dans l’est de la RDC.
Élection
Les relations déjà conflictuelles entre la RDC et le Rwanda se sont dégradées. Parmi les différentes initiatives diplomatiques lancées pour tenter de résoudre cette crise, un sommet organisé le 23 novembre à Luanda avait décidé d’un cessez-le-feu le 25 au soir, suivi deux jours plus tard d’un retrait du M23 des zones conquises. Faute de quoi, la force régionale est-africaine en cours de déploiement dans le Nord-Kivu interviendrait pour déloger les rebelles. Mais jusqu’à présent, ces derniers gardent les positions conquises.
Félix Tshisekedi a, par ailleurs, affirmé que l’année 2023 sera essentiellement électorale. La présidentielle est fixée au 20 décembre 2023, et le président congolais a déjà exprimé son intention de se représenter.
« Le respect des cycles électoraux demeure une exigence pour la consolidation de notre jeune démocratie encore fragile, a-t-il dit. Le gouvernement, tout en restant ouvert à l’accompagnement des partenaires (…), finance à 100% l’organisation des élections ».
Dans un discours d’État ce mercredi, le président rwandais s’est montré très virulent. Se défendant de tout rôle dans la crise qui secoue l’est du pays voisin, il a rejeté la responsabilité sur son homologue congolais.
Le mercredi 30 novembre, lors d’une cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres du cabinet, le président rwandais, Paul Kagame a accusé son homologue Félix Tshisekedi de tirer parti des violences du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo pour retarder les élections.
Dans un discours d’État, Paul Kagame a déclaré que « le monde entier » imputait au Rwanda la responsabilité de la crise, mais que c’était Félix Tshisekedi qui cherchait à tirer profit des violences avant la présidentielle, prévue le 20 décembre 2023.
« Ce problème peut être résolu si un pays qui se dirige vers des élections l’année prochaine n’essaie pas de créer les conditions d’une situation d’urgence pour que les élections n’aient pas lieu », a-t-il ainsi affirmé. « S’il essaie de trouver un autre moyen de faire reporter les prochaines élections, alors je préférerais qu’il utilise d’autres excuses, et pas nous », a-t-il ajouté.
Les combats dans l’est de la RDC entre les forces gouvernementales et le M23 ont exacerbé les tensions avec le Rwanda voisin, que la RDC accuse d’encourager les rebelles. Kigali nie toute implication. Les pourparlers entre les deux pays, en Angola la semaine dernière, ont abouti à un cessez-le-feu qui semble tenir depuis plusieurs jours.
L’insécurité, un défi pour un vote « libre »
La commission électorale a déclaré ce mois-ci que l’insécurité persistante dans certaines parties du pays constituerait un défi pour un vote « libre, démocratique et transparent ». En RDC, la présidentielle est une élection à un seul tour, couplée aux législatives ainsi qu’aux élections des députés provinciaux et des conseillers communaux. Dans le cadre du cessez-le-feu entré en vigueur le 25 novembre, les combattants du M23 doivent se retirer des « zones occupées », faute de quoi une force régionale est-africaine interviendrait.
Une série de pourparlers avec des groupes armés s’est tenue au Kenya mercredi 30 novembre, sans la présence du M23. Uhuru Kenyatta, l’ancien président kenyan qui supervise les pourparlers, a déclaré que les groupes rebelles étrangers opérant sur le sol congolais « devraient partir » ou affronter les troupes de la RDC et de l’Afrique de l’Est. « Ils ont déjà été prévenus : la RDC ne sera pas un centre de combat pour d’autres pays », a déclaré Uhuru Kenyatta.
La prochaine élection présidentielle en RDC est fixée au 20 décembre 2023, selon le calendrier annoncé officiellement samedi 26 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Après les prochaines élections, la prestation de serment du président élu aura lieu le 20 janvier 2024, a précisé l’organisation.
L’insécurité, l’un des « défis »
Cette annonce intervient alors que l’est du pays reste en proie aux violences de groupes armés, dont la rébellion du M23 qui contrôle une partie d’un territoire du Nord-Kivu. « L’insécurité persistante dans certaines parties du territoire » est un des « défis » à relever par la Ceni pour organiser un scrutin qu’elle veut « libre, démocratique, transparent », a déclaré son président, Denis Kadima, lisant le calendrier électoral au siège de la commission.
Des experts ont en outre manifesté leurs doutes sur un processus qui, selon eux, a pris « un mauvais départ ». En RDC, la présidentielle est une élection à un seul tour, couplée aux législatives, ainsi qu’aux élections des députés provinciaux et des conseillers communaux.
Tshisekedi en lice
Félix Tshisekedi a déjà exprimé son intention de se représenter. « J’ai une vision pour ce pays, je veux la concrétiser. Si le peuple veut bien m’accorder ce second mandat, je poursuivrai ma mission. Et après, je passerai la main »,déclarait-il à Jeune Afrique en août 2021.