
Femme enceinte blessée et évacuée de l’hôpital pédiatrique de Marioupol. Photo: La Presse Canadienne/AP/Evgeniy Malolekta
L’air hagard, une femme enceinte est étendue sur une civière pour être évacuée des ruines encore fumantes d’un hôpital pédiatrique : ce portrait a choqué la planète la semaine dernière, levant le voile sur la cruauté des bombardements russes sur l’Ukraine.
Cinq jours après le bombardement de l’hôpital pour enfants de Marioupol, le décès de cette femme a été confirmé à l’Associated Press par les autorités ukrainiennes.
Elle avait été évacuée d’urgence vers un autre hôpital, mais ses blessures étaient trop importantes. Après 30 minutes de réanimation, son décès a été constaté, a témoigné un médecin ukrainien, qui a aussi affirmé avoir tenté de donner naissance à son bébé par césarienne, mais il était déjà mort.
Plusieurs bombes ont été lâchées sur cet hôpital mercredi dernier, faisant au moins 3 morts, un bilan qui vient donc de s’alourdir.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait qualifié ce bombardement de crime de guerre
. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait de son côté justifié l’attaque en soutenant que des nationalistes ukrainiens
avaient trouvé refuge dans l’hôpital et qu’il n’abritaient plus de femmes enceintes.
Des justifications qui ont, comme la photo de l’Associated Press, provoqué l’indignation à travers le monde.
Immenses souffrances
Marioupol, ville portuaire du sud-est de l’Ukraine, est complètement assiégée par les troupes russes depuis plusieurs jours. La situation humanitaire y est qualifiée de critique par les autorités, qui estiment qu’au moins 2187 personnes y sont mortes depuis le début de l’offensive.
Les occupants frappent cyniquement et délibérément des bâtiments résidentiels, des zones densément peuplées, détruisent des hôpitaux pour enfants et des infrastructures urbaines
, a indiqué la mairie de Marioupol dimanche sur Telegram.
La ville, située entre la Crimée et le Donbass, est plongée dans une situation quasi désespérée
, manquant de vivres et privée d’eau, de gaz, d’électricité et de communications, a fait savoir vendredi Médecins sans frontières.
Le Comité international de la Croix-Rouge a déclaré que les souffrances à Marioupol étaient tout simplement immenses
et que des centaines de milliers de personnes étaient confrontées à des pénuries extrêmes de nourriture, d’eau et de médicaments.
« Des cadavres, de civils et de combattants, restent piégés sous les décombres ou gisent à l’air libre, là où ils sont tombés. »— Une citation de Extrait d’un communiqué de la Croix-Rouge
Plusieurs tentatives d’acheminer de l’aide humanitaire vers la ville ont échoué ces derniers jours. Un convoi accompagné par des prêtres orthodoxes avec 100 tonnes d’eau, de nourriture et de médicaments n’a pu atteindre la ville dimanche.
Des couloirs humanitaires ont aussi été établis à plusieurs reprises pour tenter de permettre aux centaines de milliers de citoyens pris au piège de sortir de la ville, mais ces tentatives ont été infructueuses étant donné le non-respect du cessez-le-feu.
L’évacuation des civils de Marioupol, une ville de 430 000 habitants en temps de paix, devrait être abordée lors de la ronde de pourparlers qui se déroule lundi entre Kiev et Moscou.
Le conseil de ville a par ailleurs affirmé lundi que 160 voitures privées étaient arrivées à sortir de la municipalité pour se diriger vers Berdiansk, une ville portuaire occupée par les Russes, située à 80 kilomètres à l’ouest.
Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse et Reuters