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Le gouvernement ivoirien «prend acte» de la suspension de la FESCI et de l’AGEECI

décembre 9, 2015

 

Le gouvernement ivoirien a pris, mercredi, « acte » de la suspension de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) et de l’Association générale des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (AGEECI), les deux principaux syndicats estudiantins à l’origine des récentes violences survenus au campus de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody avec un mort et six blessés.
« Le Conseil (des ministres) a été informé des incidents survenus sur le campus de l’Université Houphouët-Boigny de Cocody qui comme vous le savez, deux groupes d’étudiants les uns se réclamant de la FESCI et les autres se réclamant de l’AGEECI se sont affrontés les 18 et 19 novembre », a déclaré le porte-parole du gouvernement Bruno Nabagné Koné à l’issue d’un Conseil de ministre présidé par le Chef de l’Etat Alassane Ouattara.

« L’élément déclenchant de ces affrontements semble être le contrôle et la gestion du quai de la SOTRA (Société des transports abidjanais) situé aux environs du campus et l’attribution des chambres dans les résidences universitaires », a-t-il expliqué.

Selon M. Koné, par ailleurs ministre de la Poste, des technologies de l’information et de la communication, « ces affrontements ont malheureusement fait un mort et six blessés ».

Suite à ces incidents, le gouvernement a ouvert des enquêtes en vue de « déterminer évidemment les circonstances de la mort de l’étudiant identifié et dans ce cas de poursuivre et de punir les auteurs de ces faits », a-t-il poursuivi.

A ce stade, a annoncé Bruno Nabagné Koné, « le gouvernement a pris acte des décisions de suspension des syndicats, prises par les Conseils d’université et le moment venu, le gouvernement se prononcera sur le sort à réserver à ces syndicats ».

Il a, dans la foulée, souligné que « le gouvernement comprend bien le besoin d’avoir des associations, des comités d’amphi qui défendent les intérêts des étudiants liés à leur scolarité, mais le gouvernement comprend moins bien les raisons qui ont pu amener à ces affrontements et comprend également moins bien tous les débats politiques qui animent, souvent, la vie de ces syndicats ».

« Le gouvernement, dans l’intervalle, continuera de travailler sur tout ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie et d’études sur les campus universitaires. Cela a commencé et va se poursuivre,
l’objectif étant que nos étudiants puissent étudier dans de meilleures conditions.

Apanews.net

Côte d’Ivoire – Fulgence Assi : « La Fesci est un esprit, on ne peut ni le supprimer ni le dissoudre »

avril 3, 2015

Fulgence Assi a été élu à la tête de la Fesci en juillet 2014.
Fulgence Assi a été élu à la tête de la Fesci en juillet 2014. © DR

Une grève lancée par la Fesci perturbe le milieu scolaire ivoirien. Alors que certains responsables du gouvernement dénoncent une manipulation politique et appellent à la dissolution du syndicat étudiant, son secrétaire général, Fulgence Assi, répond aux questions de « Jeune Afrique ».

Depuis une dizaine de jours, certaines universités, grandes écoles et lycées ivoiriens sont perturbés par un mouvement de grève lancé par la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), qui dénonce des « conditions d’études difficiles et inadéquates ». Un mouvement émaillé par des bagarres, notamment dans les lycées, entre grévistes et non-grévistes et des arrestations d’étudiants, qui font resurgir le spectre de la violence en milieu scolaire et estudiantin, dont la Fesci, – proche du front populaire ivoirien (FPI, opposition, parti de Laurent Gbagbo) jusqu’à la fin de la crise-post-électorale de 2010-2011 -, était devenu le symbole par excellence.

Alors que le dialogue entre le ministre de l’Enseignement supérieur, Gnamien Konan, et l’organisation syndicale semble au point mort, et que Joël N’Guessan, le porte-parole du Rassemblement des républicains de Côte d’Ivoire (RDR, parti au pouvoir), a demandé hier au gouvernement de dissoudre la Fesci, le syndicat étudiant semble plus que jamais déterminé à faire entendre ses revendications. Son secrétaire général, Fulgence Assi a répondu aux questions de Jeune Afrique.

Jeune Afrique : Quelles sont aujourd’hui les revendications de la Fesci ?

Fulgence Assi : Près de trois ans après la réouverture des universités ivoiriennes, fermées à cause de la crise postélectorale de 2010-2011, l’état de ces dernières reste très critique. Nous demandons donc au gouvernement d’ouvrir une véritable plateforme d’échange afin que nous puissions exposer les problèmes auxquels nous sommes confrontés et y trouver des solutions. Malheureusement, nous assistons depuis le début de l’année à l’inaction des autorités. L’ensemble des étudiants a donc compris qu’il était important de réagir afin de leur faire comprendre que nos problèmes sont réels.

Ces problèmes, quels sont-ils ?

Manque criant de bibliothèques, d’équipements dans les laboratoires de recherche, accès très limité et très difficile à internet etc… Il y a aussi des problèmes au niveau des frais d’inscription, notamment dans les grandes écoles, qui semblent dépendre aujourd’hui de chaque chef d’établissement et atteignent parfois des niveaux records. Résultat, ceux qui ont eu la chance d’y être acceptés mais qui ne sont pas issus de familles aisées, se retrouvent désemparés. Depuis l’année dernière, il y aussi eu une augmentation du prix de la carte d’étudiant, jusqu’à 10 000 F CFA pour une carte biométrique, à renouveler chaque année. Alors même que la carte nationale d’identité, valable dix ans, est à 5 000 FCFA.

La Fesci n’a pas besoin d’avoir recours à la violence pour faire observer un mot d’ordre de grève.

La question des bourses aussi est fondamentale. Nous sommes dans l’année scolaire 2014/2015, et certains n’ont même pas encore reçu leurs bourses de l’année 2013/2014 ! Enfin, il y a aussi le problème des cités universitaires occupées par des hommes en armes, qui n’ont rien à y faire. Alors que de nombreux étudiants, notamment ceux qui viennent de l’intérieur du pays pour étudier à Abidjan, ont des problèmes pour se loger. Nous avons interpellé plusieurs fois l’État à ce sujet, demandé que ces individus soient logés ailleurs, mais nous n’avons pas reçu de réponse.

Où en est aujourd’hui le dialogue avec votre autorité de tutelle, le ministère de l’enseignement supérieur ?

Nous sommes une organisation syndicale étudiante, les relations avec notre autorité de tutelle ont toujours été compliquées. Cependant, si le ministre de l’Enseignement supérieur avait une oreille attentive, il est certain que nous aurions déjà trouvé des solutions.

Vous avez récemment qualifié Gnamien Konan, le ministre de l’Enseignement supérieur, de « plaie du système éducatif ivoirien », ce qui n’a pas dû arranger le dialogue…

Mr Gnamien Konan est effectivement une plaie pour le système éducatif ivoirien. Depuis son arrivée à la tête de ce département, tous les acteurs du système – étudiants, élèves, professeurs – sont mécontents. C’est bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Mr le ministre a une influence négative sur un univers qu’il ne connaît pas. Un exemple : il avait annoncé il y a quelques mois la suppression du système de « repêchage » d’après baccalauréat. Ce qui avait provoqué beaucoup d’inquiétudes. Il y a quelques jours, il a été désavoué par la ministre de l’Éducation nationale, qui a déclaré que ledit repêchage, qui existe partout dans le monde, aurait bien lieu.

Votre mouvement de grève a été émaillé de violences dans certains établissements. La Fesci retombe-elle dans ses anciens travers ?

Non pas du tout. Par moment, il y a eu quelques bousculades ici et là, mais il n’y a pas eu de violences. La Fesci en a fini avec ces pratiques-là et n’a pas besoin d’avoir recours à la violence pour faire observer un mot d’ordre de grève. Nous sommes dans une dynamique de renouvellement, de redynamisation de nos sections, afin d’être à la hauteur du nouveau bail de confiance accordé par les étudiants.

Certains membres de la majorité présidentielle demande la dissolution de votre organisation, qui serait politiquement manipulée, que répondez-vous ?

Ces gens-là ont des préjugés. Et on ne gère pas des conflits avec des préjugés. Nous n’avons d’accointances avec aucune chapelle politique de ce pays. La Fesci c’est 25 ans d’existence, d’expérience, des prédécesseurs qui se sont donné corps et âmes pour défendre les intérêts des étudiants… La Fesci est un esprit. On ne peut donc ni le supprimer ni le dissoudre. Ce qui ont prédit il y a quelques années sa mort se rendent compte aujourd’hui qu’ils ont parlé beaucoup trop vite.

Jeuneafrique.com par Haby Niakaté

Côte d’Ivoire : ex-miliciens pro-Gbagbo et ex-combattants pro-Ouattara dans la même caserne

juillet 10, 2011

Dans une caserne d’Abidjan, les frères ennemis d’hier, des miliciens de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et des combattants qui ont porté Alassane Ouattara au pouvoir, se côtoient au nom du retour à « la paix », en attendant d’être fixés sur leur avenir.

« Nous sommes ensemble! », clame un homme en treillis, kalachnikov en bandoulière. Dans le quartier de Yopougon (ouest), théâtre des derniers combats, ce qui fut la caserne de la BAE (Brigade anti-émeutes), une unité d’élite du régime déchu, est désormais sous l’autorité des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), à qui la victoire est revenue en avril après quatre mois de crise post-électorale.

La base, dirigée par le commandant Ousmane Coulibaly, dit « Ben Laden » – l’un des chefs les plus connus des FRCI et de l’ex-rébellion du Nord qui en est l’ossature -, accueille plusieurs centaines de jeunes, membres des anciennes milices et volontaires FRCI.

Apprentissage de la discipline

Au petit matin, c’est le rassemblement sur la place d’armes en terre battue, au pied du drapeau ivoirien. La journée est rythmée par les exercices physiques et l’apprentissage de la discipline. Dans les rues de ce quartier très populaire qui a été un fief de Laurent Gbagbo, on voit ces jeunes courir en entonnant des chants guerriers.

Augustin Mian, chef de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), tout-puissant et sulfureux syndicat sous l’ère Gbagbo, a été un artisan de ce rapprochement en appelant à déposer les armes après la chute de son mentor le 11 avril. « Il faut que véritablement la tranquillité, la quiétude, la sécurité soient de mise pour tout le monde », explique-t-il à l’AFP. De nombreux sympathisants de la Fesci s’étaient engagés au sein des milices, connues pour leurs exactions, qui combattaient aux côtés des militaires loyaux à l’ex-président.

« Je suis un ex-milicien, j’ai pris les armes pour une cause, mais j’ai compris qu’il fallait revenir à la paix », confie Guy-Hermann Gnakabi, étudiant. « Nous avons été accueillis après notre ralliement par nos frères des FRCI », dit-il, vantant « cohésion » et « fraternité ».

« On mange le même repas »

« Ici on patrouille ensemble, on dort dans la même chambre, on mange le même repas », confirme un élément FRCI. Ex-milicienne devenue secrétaire du commandant en second du camp, Edichy Gladis N’guessan renchérit : « il n’y a plus de miliciens pro-Gbagbo ni de rebelles pro-Ouattara, nous formons une seule entité pour aller à la paix ».

Mais une autre, Annick Emma Tieyon, reconnaît que les débuts ont été difficiles. « Il fallait enlever la peur et vivre ensemble. Ce n’était pas évident de rencontrer ses ex-ennemis ».

« C’est ici que la nouvelle armée ivoirienne est en train de prendre forme », s’enthousiasme un officier FRCI. Beaucoup de jeunes encadrés dans cette base – souvent des chômeurs – souhaitent embrasser le métier des armes. Si M. Ouattara vient tout juste de nommer un nouvel état-major, le chantier de la fusion-restructuration de l’armée n’est cependant pas vraiment lancé, et il fera nécessairement des déçus: nombre de FRCI et d’anciens miliciens seront recalés.

« Pour l’instant, on n’a pas eu d’assurance », témoigne un jeune. En attendant, placardé dans le camp, un message de « Ben Laden » annonçant la mort de « Maguy Le Tocard », ex-chef de milice emporté par une maladie, démontre que l’heure est officiellement à la réconciliation. « Information: le commandant Coulibaly Ousmane a le profond regret de vous annoncer le décès du commandant Maguy Le Tocard survenu le 3/07/11 ».

Jeuneafrique.com

Côte d’Ivoire : fin de règne pour la Fesci

juillet 5, 2011

Le sujet l’irrite. Immanquablement. Kouadio Konan Bertin n’a pas de mots assez durs pour qualifier la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). « Une association de bandits, qui a fait de la loi du plus fort son seul moyen d’expression », s’emporte le président de la jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), plus connu sous le nom de « KKB ». Et de critiquer au passage cette presse internationale – dont Jeune Afrique, selon lui – qui donnerait trop d’importance au mouvement estudiantin.

Le bras armé du Front populaire ivoirien

Implantée dans les établissements de l’enseignement supérieur, présente sur tous les campus, la Fesci a pourtant bien été – et pendant longtemps – le syndicat le plus puissant du pays, celui où ont été formés nombre de leaders ivoiriens. Le plus décrié aussi. Les partisans du chef de l’État, Alassane Ouattara, ne lui pardonnent pas d’avoir soutenu Laurent Gbagbo avant et pendant la crise postélectorale. Encore moins d’avoir des années durant régenté la vie des 100 000 étudiants ivoiriens*.

Sonnée par l’arrestation de Gbagbo, le 11 avril, la Fesci avait, par la voix de son secrétaire général, Augustin Mian, appelé ses sympathisants à rallier le nouveau pouvoir et demandé aux élèves et étudiants belligérants de déposer les armes. Une invitation qui, dans la classe politique, résonnait comme un aveu de culpabilité. « La Fesci, c’était le bras armé du Front populaire ivoirien [FPI, NDLR] », déclare Yayoro Karamoko, ancien membre de la Fesci devenu président de la jeunesse du Rassemblement des républicains (RDR, parti d’Alassane Ouattara).

Retour de bâton

Près de trois mois après l’arrestation du président déchu, Augustin Mian en est encore à essayer de se dédouaner (« Jamais je n’ai demandé aux étudiants de prendre les armes pour se battre », jure-t-il) et à multiplier les ronds de jambe pour changer l’image du syndicat.

C’est pourtant bien au sein du syndicat que le camp Gbagbo a recruté une grande partie de ses miliciens. Cela n’a pas été difficile. Les deux mouvements sont nés dans la clandestinité – le FPI en 1988, la Fesci en 1990. Le FPI est un parti de gauche et la Fesci se sent en phase avec ses idées. Côte à côte, ils ont mené la fronde contre le régime affaibli du « Vieux », Félix Houphouët-Boigny, jusqu’à obtenir l’instauration du multipartisme en 1990. Pas étonnant alors qu’il ait suffi, le 19 mars, d’un appel du « général de la rue », Charles Blé Goudé (alors ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo et ancien secrétaire général de la Fesci, de 1998 à 2000) pour que des milliers de jeunes se précipitent à l’état-major des armées pour « offrir leur poitrine pour la patrie ».

Le retour de bâton a été rude. Lorsque résonnent les premiers coups de feu en mars, à Abobo, quartier nord d’Abidjan, les cités universitaires sont les premières visées. Les bâtiments partiellement calcinés de la cité d’Abobo-Adjamé et les impacts de balles sur les murs des cités de la Riviera ou de Port-Bouët 2 à Yopougon témoignent de la violence des affrontements.

Une dissolution de la Fesci ?

Depuis, la Fesci peine à reprendre ses marques. « La situation sécuritaire s’est beaucoup, beaucoup améliorée », affirme Augustin Mian. Mais une bonne partie de son équipe vit encore cachée par peur des représailles. La fermeture des cités universitaires, depuis le 19 avril, ne va pas accélérer le retour des dirigeants de la Fesci. Officiellement, les campus ferment pour être réhabilités. Officieusement, le nouveau gouvernement s’interroge sur l’attitude à tenir face à ce syndicat qui revendique plus de 2 000 sections et au moins quatre fois plus de militants et de sympathisants. La presse ivoirienne a largement relayé l’hypothèse d’une dissolution de la Fesci.

« La question n’est pas la priorité du moment », répond un conseiller du Premier ministre, Guillaume Soro (qui a lui-même été secrétaire général du mouvement, entre 1995 et 1998). « Je pense que le mouvement va mourir. Mais je souhaite qu’il meure seul, sans décision politique de dissolution », déclare pour sa part Soro Kanigui, délégué politique des Forces Nouvelles à Korhogo et proche du chef du gouvernement.

Pro-Gbagbo, pro-Ouattara… Ils sont (presque) tous passés par là

La Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) acquise à l’ancienne majorité présidentielle ? Oui, mais pas seulement. Charles Blé Goudé, fidèle de Laurent Gbagbo, a certes été à sa tête, de 1998 à 2000, mais il avait succédé à son frère ennemi, et proche d’Alassane Ouattara, Guillaume Soro (de 1995 à 1998). De la même manière, le fondateur du mouvement, Martial Ahipeaud, a créé son propre parti, l’Union pour le développement et les libertés (UDL), et est resté très proche de l’ex-chef de l’État. Mais c’est aussi un ancien « fesciste », Yayoro Karamoko (militant de 1990 à 1998) qui dirige aujourd’hui la jeunesse du Rassemblement des républicains, le parti de Ouattara. Sans compter les centaines d’inconnus qui gravitent dans les formations politiques de tous bords… « Dans l’administration, la justice ou la presse, il y a des représentants de la Fesci partout ! » conclut Didier Depri, journaliste au quotidien Notre Voie… et militant de la première heure du syndicat.
Ne pas commettre d’erreur stratégique

Le pouvoir actuel semble avoir retenu la leçon : toutes les mesures prises contre la Fesci, au fil des ans, l’ont rendue plus forte. Alassane Ouattara, en 1991, puis Henri Konan Bédié, en 1993, en ont fait l’amère expérience. Chaque tentative de musellement l’a renforcée. « Ce serait une erreur stratégique que le pouvoir actuel ne fera pas, analyse Eugène Djué, président de l’Union des patriotes pour la libération totale de la Côte d’Ivoire, formation qui appartient à l’ancienne galaxie patriotique. Qu’on le veuille ou non, la Fesci est très populaire et l’ignorer, comme l’a fait le PDCI au début des années 1990, ne fera que radicaliser ses sympathisants. » Certains leaders politiques pourraient donc être tentés de récupérer les cadres du syndicat avant les élections locales, qui se tiendront à partir de la fin de l’année. Très politisés, rompus à l’exercice des campagnes électorales, les « fescistes » constituent une arme pour mobiliser la jeunesse urbaine.

En attendant, il faut bien régler le cas de ce mouvement aux méthodes peu orthodoxes. Pour l’instant, la fermeture des campus et cités universitaires a coupé le syndicat de sa base et de ses ressources. À Abidjan, par exemple, les « fescistes » avaient mis sur pied des business juteux. Cybercafés, cabines téléphoniques, restaurants, débits de boissons… sans compter les chambres universitaires dont ils ont accaparé la répartition. « Ce n’était plus le Crou [Centre régional des œuvres universitaires, NDLR], mais des responsables de section qui s’en occupaient, témoigne Souleymane Coulibaly, étudiant en lettres modernes. Ils louaient la chambre simple à 20 000 francs CFA [45 euros] au lieu de 3 000 francs, sans compter les taxes qu’ils prélevaient chez tous les commerçants qui s’installaient dans et aux abords des campus. »

Tous ces commerces ont été détruits sur instruction des autorités, et le ministre de l’Enseignement supérieur, Cissé Bacongo, s’est rendu sur les campus de Cocody (le plus grand d’Abidjan) et de Yopougon. Sans juger nécessaire d’en informer, le jour venu, l’indéboulonnable syndicat – chose impensable il y a encore quelques mois.

* Estimation. Etudiants inscrits dans le public et résidant sur les campus universitaires.

Jeuneafrique.com
Par Malika Groga-Bada, envoyée spéciale à Yopougon

Exactions de la Fesci: des étudiants portent plainte contre Laurent Gbagbo et la Fesci

juin 10, 2011

A l’image de tous les Ivoiriens, les étudiants ont subi des préjudices énormes à la suite de la crise postélectorale.

Dimanche dernier, au cours d’une conférence de presse animée à Abobo, Soumahoro Adama, président du Comité national des étudiants victimes de la crise postélectorale (CONEVI) est monté au créneau pour interpeller les nouvelles autorités sur la situation particulière des étudiants. «Certains des nôtres ont été atrocement tués par d’autres étudiants, d’autres ont perdu tous leurs bien» a indiqué d’entrée le conférencier.

Selon lui, les cités universitaires et les campus d’Abobo –Adjamé et de Cocody ont été transformés en camp pour les miliciens et des caches d’armes.

Pour que justice soit rendue, le CONEVI par la voie de son président attend, dès la semaine prochaine, porter plainte contre Laurent Gbagbo et la FESCI. «Pour nous la FESCI, durant plusieurs années s’est comportée comme une milice armée qui a sévit sur les campus et les cités universitaires.

L’heure est venue pour quelle soit jugée» a tranché le conférencier. Le CONEVI, est un assemble de structures universitaires, selon son président.

Le Patriote