MONTRÉAL — Le premier ministre François Legault demande aux Québécois de reporter leurs plans de Noël si possible, tout en permettant à ceux qui veulent absolument se rassembler de le faire «pour un seul souper» d’ici le 25 décembre, à dix personnes ou moins.

© Fournis par La Presse Canadienne
Il suggère aux gens de tenter de minimiser les risques de transmission du coronavirus en maintenant une distance entre eux, en portant un masque, en laissant une fenêtre ouverte pour favoriser l’aération et en se lavant les mains fréquemment.
Québec va toutefois serrer la vis dès le lendemain de Noël en limitant les rassemblements à six personnes au maximum ou de deux bulles familiales, donc à compter du 26 décembre. La même restriction s’appliquera dans les restaurants.
En conférence de presse mercredi soir à Montréal pour dresser le portrait de la situation sur la COVID-19, qui évolue très rapidement au Québec, M. Legault a mentionné que la province est passée de 2700 cas il y a quelques jours à peine à plus de 6000 cas recensés mardi. Cette montée fulgurante devrait se poursuivre alors qu’environ 9000 nouveaux cas de COVID-19 seraient annoncés jeudi, en raison de la propagation liée au variant Omicron, plus contagieux.

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L’impact pourrait se faire sentir sur les hospitalisations a prévenu M. Legault, indiquant que les Québécois de 60 ans et plus sont davantage à risque de se retrouver à l’hôpital après avoir contracté le virus. Il les invite à aller chercher leur troisième dose de vaccin.
Plus de la moitié des lits réservés aux patients atteints du coronavirus sont occupés, avec 445 hospitalisations, dont 88 aux soins intensifs. Une augmentation de 30 hospitalisations depuis la veille.
Même en prenant toutes les précautions possibles, «on ne peut pas exclure un dépassement des capacités hospitalières», a indiqué l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dans un communiqué.
Selon les projections de l’INSPQ, mises à jour mercredi, la hausse des cas et des hospitalisations s’annonce exponentielle dans la plupart des scénarios présentés.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a tenté de se faire rassurant. Les hôpitaux ont «encore de la marge de manœuvre», notamment avec le délestage, a-t-il mentionné. Le degré de sévérité du variant Omicron reste cependant inconnu et son effet sur les hospitalisations sera à suivre dans les prochains jours, a précisé M. Dubé.
«Un peu de bonheur»
Les traits tirés et l’air plutôt sombre, M. Legault a prévenu que les Québécois «traverseront une très dure épreuve», mais il les a invités à garder espoir, saluant leur résilience.
Devant une situation de plus en plus critique, plusieurs s’attendaient à des resserrements plus sévères. Les mesures annoncées sont «suffisantes pour garder le contrôle dans les hôpitaux», selon M. Legault. Mais il n’a pas caché que d’autres décisions pourraient venir après le 26 décembre, si nécessaire.
M. Dubé a affirmé que les personnes vaccinées et ayant fait «tous les sacrifices» ont droit à «un peu de bonheur dans les prochains jours».
«Pour le moment, essayons de fêter un beau Noël avec le nombre le plus restreint possible étant donné les circonstances», a-t-il soutenu.
Le premier ministre a toutefois invité les non-vaccinés à éviter les rassemblements alors qu’ils représentent 50% des hospitalisations, mais environ 10% de la population adulte.
«Pas assez» de tests de dépistage
Depuis lundi, des milliers de Québécois se ruent vers les pharmacies pour tenter de mettre la main sur l’une des trousses de tests de dépistage rapide. Ils sont toutefois nombreux à ressortir bredouilles puisque les pharmacies les reçoivent au compte-gouttes.
M. Legault a prévenu qu’il n’y avait «pas assez» de tests pour tout le monde en ce moment. «C’est pour ça qu’on a dit que pour l’instant c’est important que ces tests-là soient réservés pour les personnes qui ont des symptômes», a-t-il affirmé.
Le premier ministre a dit attendre de recevoir prochainement des livraisons supplémentaires du fédéral. M. Dubé a affirmé que d’autres alternatives sont considérées pour assurer de répondre à la demande.
Les tests PCR dans les cliniques de dépistage, qui ont atteint leur capacité quotidienne, doivent aussi être réservés aux personnes symptomatiques, a également soutenu le directeur national de la Santé publique, le Dr Horacio Arruda.
Les réactions des partis d’opposition
Plus tard en soirée, la cheffe libérale Dominique Anglade a reproché au premier ministre d’être «dépassé par la situation». Elle a cependant incité les Québécois à «se serrer les coudes, question de reprendre le dessus sur le virus».
«Nous devons tous et toutes agir de façon responsable à la veille de Noël, alors que le gouvernement renvoie le fardeau sur les épaules des Québécois.es, ainsi que sur le réseau de la santé», a déclaré la cheffe de l’opposition officielle par voie de communiqué.
Selon Mme Anglade, «la CAQ aurait dû être mieux préparée», se disant «sidérée de voir l’improvisation du gouvernement caquiste».
Du côté de Québec solidaire, on souligne que plusieurs questions demeurent sans réponse sur la façon dont le gouvernement compte augmenter ses capacités de dépistage et de traçage.
«Que va-t-il faire pour accélérer et fluidifier la distribution des tests rapides, qui sont attendus depuis si longtemps? Nous sommes à deux jours de Noël et tous les Québécois n’ont pas reçu leurs tests rapides», a déclaré par communiqué le porte-parole en matière de Santé, Vincent Marissal.
«Le gouvernement doit partager largement et clairement les consignes entourant le dépistage, tant au sein de la population que dans les centres de soin de santé : la confusion règne et nuit à l’effort collectif», a-t-il poursuivi.
«Soupir de soulagement»
La Fédération des chambres de commerce du Québec s’est pour sa part réjouie de voir que les commerces évitent la fermeture pour le temps des Fêtes, contrairement à l’an dernier. «Un soupir de soulagement» pour les entreprises.
«C’est un gain qui reflète l’ampleur des efforts déployés par les entrepreneurs pour faire respecter les normes sanitaires dans leurs commerces tout au long de l’année », a affirmé le président-directeur général de la FCCQ, Charles Milliard, dans un communiqué.
Il accueille aussi favorablement l’annonce d’Ottawa d’élargir des critères d’admissibilité dans certains programmes d’aide pour les entreprises et travailleurs.
Avec La Presse Canadienne