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Qatar 2022 : l’encombrant président de la Fegafoot

novembre 30, 2022

Pierre-Alain Mounguengui a été invité par la Fifa à assister au Mondial. Sa présence, alors qu’il est accusé de ne pas avoir dénoncé un scandale de pédophilie, suscite de nombreuses réactions.

Pierre-Alain Mounguengui. © Fegafoot

Un président de fédération invité par la Fédération internationale de football association (Fifa) à assister à des matches de Coupe du monde est a priori d’une banalité confondante, et ne suscite aucun intérêt médiatique. Mais la donne n’est pas tout à fait la même lorsque ce président vient de passer six mois en détention, accusé d’avoir eu connaissance d’un vaste scandale de pédophilie dans le monde du football de son pays et de ne pas être intervenu. C’est précisément le cas de Pierre-Alain Mouguingui, le président de la Fédération gabonaise de Football (Fegafoot), incarcéré d’avril à octobre dernier à la maison d’arrêt de Libreville.

Présence dans les tribunes les plus luxueuses des stades du petit émirat, place de choix pour assister au match d’ouverture entre le Qatar et l’Équateur, participation à une réunion du comité exécutif de la Fifa… l’agenda de Pierre-Alain Mouguingui n’est pas passé inaperçu. La FIFPro, syndicat mondial des joueurs, s’en est ouvertement indignée dans un communiqué : « Pierre-Alain Mounguengui fait actuellement l’objet d’une enquête pour avoir prétendument dissimulé des abus généralisés en ne les signalant pas aux autorités compétentes. Cela n’incite pas les victimes et les lanceurs d’alerte à risquer leur vie pour témoigner. » La Fifa n’a, pour l’instant, pas réagi.

Soutiens

Au mois d’août dernier, Patrice Motsepe, le président sud-africain de la Confédération africaine de football (CAF) avait effectué une visite officielle, où il avait notamment rencontré Ali Bongo Ondimba, le chef de l’État gabonais et Franck Nguema, le ministre des Sports. Motsepe avait profité de sa présence à Libreville pour faire un détour par la maison d’arrêt de la capitale, afin d’apporter son soutien à Mounguengui.

Dès l’incarcération du patron de la Fegafoot, le 6 mai dernier, Motsepe avait refusé de le lâcher, déclarant que « les motifs de l’interpellation et de la détention sont troublants et peu clairs. » Deux mois plus tôt, Véron Mosengo-Omba, le secrétaire général de la CAF, avait également été aperçu à Libreville. Il s’était notamment entretenu avec le ministre des Sports.

Pour un acteur du football gabonais, qui a souhaité conserver l’anonymat, le message envoyé par la CAF et la Fifa est mauvais. « Ces deux instances donnent l’impression de ne pas prendre au sérieux ces affaires de pédophilie, que ce soit au Gabon et plus récemment en RDC. Avez-vous entendu la Fifa réagir ? Non. C’est déplorable. Comment voulez-vous que les victimes de ces actes criminels et leurs familles réagissent, quand elles voient Mounguengui parader à Doha ? Elles vont se sentir abandonnées, pas écoutées, et finalement se dire que dénoncer ces faits ne sert pas à grand-chose, puisque la Fifa et la CAF semblent s’en désintéresser, voire même cautionner… »

Pressions

Selon plusieurs sources approchées par Jeune Afrique, la Fifa et la CAF ont fait pression sur le gouvernement gabonais afin d’obtenir la libération du président de la Fegafoot, réélu le 16 avril dernier. « Ces méthodes de la CAF, avec l’appui de la Fifa, n’a pas du tout été bien perçues au Gabon », confirme l’une d’elles.

Toujours est-il que le 27 octobre dernier, Mounguengui a obtenu une libération provisoire. Il est néanmoins loin d’en avoir terminé avec la justice de son pays, puisqu’il risque une peine de prison ferme.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

Sepp Blatter déclare que l’octroi de la Coupe du monde au Qatar a été « une erreur »

novembre 8, 2022
Sepp Blatter place ses lunettes avec ses deux mains.

Sepp Blatter a dirigé la FIFA de juin 1998 à décembre 2015. Photo : Getty Images/Fabrice Coffrini

L’octroi de la Coupe du monde au Qatar il y a 12 ans a été une erreur, a déclaré mardi le président de la FIFA à l’époque, Sepp Blatter, rappelant de nouveau la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Michel Platini pour avoir influencé l’issue du scrutin.

Le Suisse de 86 ans a émis ces commentaires au conglomérat médiatique suisse Tamedia à sa première entrevue d’envergure depuis qu’il a été blanchi avec Platini, en juillet, des accusations d’inconduite financière à la suite d’un procès criminel en cour fédérale.

Ce pays est trop petit, a-t-il dit au sujet du Qatar, le plus petit en termes de taille depuis la tenue de la Coupe du monde en Suisse en 1954. Le soccer et la Coupe du monde sont trop imposants pour sa taille.

Les 32 équipes disputeront 64 rencontres dans 8 stades construits à Doha et dans sa périphérie. La ville qatarie s’est d’ailleurs métamorphosée depuis 2010 en raison des nombreux projets pharaoniques mis en chantier en vue du Mondial.

Les matchs seront présentés à compter du 20 novembre, et environ 1,2 million de spectateurs en provenance de l’étranger doivent visiter le Qatar. En raison de l’offre d’hébergement limitée, plusieurs d’entre eux devront faire des allers-retours quotidiens à partir de pays limitrophes.

C’était une mauvaise décision. Et j’en suis responsable puisque j’étais président à l’époque, a confié M. Blatter, qui avait déjà déclaré avoir voté pour les États-Unis. La candidature américaine a été battue par celle du Qatar lors du dernier tour du scrutin réunissant cinq pays.

Le point de bascule qui a fait dérailler la candidature des États-Unis s’est produit lorsque Sarkozy a organisé une rencontre à Paris pendant la semaine qui a précédé le scrutin du comité exécutif de la FIFA le 2 décembre 2010.

Platini, alors président de l’UEFA et vice-président de la FIFA, a été invité par Sarkozy, alors président de la France, à sa résidence officielle. Le prince héritier du Qatar Hamad ben Khalifa Al-Thani, aujourd’hui l’émir du pays, était aussi présent.

M. Blatter a répété mardi ses allégations au sujet de Sarkozy, qui aurait tenté d’influencer Platini, et a de nouveau livré sa version du coup de fil que lui aurait passé l’ancien footballeur après la rencontre à Paris pour lui dire que le processus du scrutin pour l’octroi du Mondial avait changé.

Grâce aux quatre voix de Platini et de son équipe (de l’UEFA), la Coupe du monde a été octroyée au Qatar plutôt qu’aux États-Unis. C’est la vérité, a raconté M. Blatter au sujet du scrutin qui s’est terminé 14-8 en faveur du pays du Moyen-Orient.

Dans un entretien accordé à l’Associated Press (AP) en 2015, Platini avait confirmé l’importance de la rencontre à Paris dans l’issue du scrutin.

Sarkozy ne m’a jamais demandé de voter pour le Qatar, mais je savais que ce serait préférable, avait-il dit à l’AP à Zurich il y a sept ans. Il avait aussi admis qu’il aurait pu avoir dit aux dirigeants américains qu’il allait voter pour leur candidature pour 2022.

Sepp Blatter n’a cependant pas fait allusion aux critiques relatives au travail forcé et aux droits de la personne bafoués au Qatar depuis 2010.

Il s’est cependant demandé pourquoi son successeur au poste de président de la FIFA, Gianni Infantino, a déménagé au Qatar il y a de ça au moins un an.

M. Blatter a pris connaissance des nombreuses requêtes des groupes humanitaires et de certaines fédérations membres de la FIFA, dont l’Angleterre et les États-Unis, pour la création d’un fonds d’indemnisation pour les familles des travailleurs qui ont été blessés ou qui sont décédés pendant les préparatifs. Le gouvernement du Qatar a toujours nié l’existence du problème et a ajouté qu’il s’agissait d’un coup d’éclat publicitaire.

Qu’est-ce que la FIFA peut faire si son président se trouve dans le même bateau que le Qatar? a lancé Blatter au sujet d’Infantino, qui a choisi d’habiter au Qatar.

La FIFA n’a toujours pas répondu aux requêtes afin d’obtenir des commentaires au sujet de l’entrevue accordée par Sepp Blatter.

La FIFA a choisi l’argent

L’entraîneur argentin du Séville FC Jorge Sampaoli a critiqué mardi le choix du Qatar.

La FIFA a déterminé que cette Coupe du monde devait se jouer dans un lieu où on ne devrait pas jouer, à des dates où on ne devrait pas jouer. Et ils ont fait tout pour l’argent, pour les affaires, a-t-il affirmé M. dans une rencontre avec les médias.

Un joueur de soccer marche sur le terrain, on voit son entraîneur sur la touche et ses coéquipiers dans l'abri.

Jorge Sampaoli (à gauche) et Lionel Messi en 2018 Photo : Reuters/Sergio Perez

Donc, on va accepter ce négoce et on va tous aller de l’avant. On ne peut pas se plaindre, les plaintes auraient dû arriver avant, a-t-il ajouté.

Comme c’est un gros business, et qu’on laisse de côté tout le reste, après, les conséquences, ce sont d’autres gens qui les paient, ceux d’en bas, a-t-il conclu, lucide.

Par Radio-Canada avec Associated Press

Cameroun : la CAN aura bien lieu aux dates prévues

décembre 21, 2021
Patrice Motsepe, (centre droit), le président de la CAF, accompagné notamment de Samuel Eto’o (à sa droite), à la sortie de leur entretien avec le président Paul Biya, le 21 décembre 2021. © DR

La CAF n’a pas cédé aux injonctions de report de la FIFA. Après avoir rencontré Paul Biya, ce mardi 21 décembre, Patrice Motsepe, le patron du football africain a confirmé que la Coupe d’Afrique des nations se tiendra bien au Cameroun du 9 janvier au 6 février.

Face aux pressions, la Confédération africaine de football (CAF) a donc tenu bon. En milieu d’après-midi, ce mardi 21 décembre, son patron, Patrice Motsepe, a mis fin à plusieurs jours de suspense et de polémique : la Coupe d’Afrique des nations (CAN) aura bien lieu comme prévu. Les sélections africaines ont rendez-vous du 9 janvier au 6 février au Cameroun.

Lundi soir, en arrivant à Yaoundé, le président de la CAF avait déjà commencé à dévoiler ses intentions après sa visite du stade d’Olembé, où la compétition doit être lancée. « Nous serons tous présents au Cameroun dans quelques semaines. Je suis si fier du travail effectué. », avait-il déclaré. Cette décision a finalement été entérinée 24 heures plus tard, lors de la rencontre entre Paul Biya, le président camerounais et Patrice Motsepe, ce mardi après-midi.

« Je serai là le 7 janvier, et je viens pour regarder du football. Je viens pour, le 9 janvier, voir le match Cameroun-Burkina Faso. » À la sortie de l’audience, alors qu’un journaliste lui demandait si la CAN se tiendrait aux dates prévues, ce dernier l’a affirmé sans ambages : « Autant que je sois concerné, et autant que la CAF est concerné, oui. » Et d’ajouter : « Nous avons parlé d’infrastructures, des installations, et du très bon travail qui a été fait pour s’assurer que nous pourrons accueillir une CAN qui rendra le peuple du Cameroun fier, qui rendra le peuple d’Afrique fier. »

La peur d’Omicron, la colère d’Eto’o

Ces derniers jours, la tenue de la CAN s’est transformée en bras-de-fer entre la CAF et la Fédération internationale de football (FIFA). Gianni Infantino, le président de la FIFA, appuyé par l’Association européenne des clubs, avait sommé les dirigeants du football africain de reporter la CAN. La date de 2023 avait été suggérée, alors même que cette compétition a déjà été reportée. Les clubs européens ont même menacé d’empêcher leurs joueurs évoluant en Europe de se rendre au Cameroun. Officiellement, ils s’inquiètent de la propagation fulgurante du variant Omicron.

ON EST EN TRAIN DE NOUS TRAITER, COMME ON NOUS A TOUJOURS TRAITÉS : NOUS SOMMES DES MOINS QUE RIEN

Sur cet aspect sanitaire, Patrice Motsepe s’est voulu rassurant. « Nous devons identifier les problèmes et les défis. Nous devons aussi avoir confiance dans le fait que nous pouvons les surmonter et y répondre de manière responsable. Personne n’entrera dans un stade sans avoir fait un test PCR. Bien sûr, il y a des inquiétudes sur le fait qu’il y ait beaucoup de faux tests en circulation. Mais nous sommes en train de traiter ce problème », a-t-il souligné. Le Cameroun avait déjà annoncé un durcissement des mesures sanitaires. Tous les spectateurs voulant assister aux matchs devront notamment être vaccinés.

Dans ce feuilleton, la superstar et nouveau président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto’o, est en personne monté au créneau. « Je ne vois pas pourquoi [la CAN] n’aurait pas lieu », a-t-il lâché, interrogé par nos confrères de Canal+ Sport Afrique sur l’éventualité d’un nouveau report. Le ton posé, mais visiblement en colère, l’ancien international de football a affirmé que la Fecafoot « défendra avec la dernière énergie la tenue de cette Coupe d’Afrique des nations ». Et de continuer : « Pourquoi la Coupe d’Afrique des nations ne se jouerait pas ? Donnez-moi une seule raison valable ! Ou alors, on est en train de nous traiter, comme on nous a toujours traités : nous sommes des moins que rien et nous devons toujours subir »

Avec Jeune Afrique

Possible report de la CAN : le coup de colère de Samuel Eto’o

décembre 21, 2021
Samuel Eto’o, le 24 octobre 2021, en Turquie. © ESRA BILGIN/Anadolu Agency via AFP

Alors que les rumeurs sur un possible report de la CAN ne cessent d’enfler sous la pression de la Fifa, Samuel Eto’o dit son exaspération. Fraîchement élu à la tête de la Fédération camerounaise de football, l’ancien international affirme qu’il « défendra avec la dernière énergie la tenue de cette Coupe d’Afrique des nations ».

« Nous sommes très clairs en ce qui concerne notre engagement à faire [de la Coupe d’Afrique des nations] un succès au Cameroun. […] Nous serons tous présents au Cameroun dans quelques semaines », a assuré Patrice Motsepe lundi soir. Alors que les rumeurs sur un nouveau report de la CAN, qui doit se tenir au Cameroun du 9 janvier au 6 février, ne cessent d’enfler, le patron de la Confédération africaine de football (CAF) s’est voulu rassurant.

« On peut se rendre compte de l’ampleur des engagements pris pour que les problèmes évoqués ces derniers jours soient réglés, a-t-il ajouté. Nous allons organiser cette CAN, en partenariat avec le gouvernement du Cameroun, le peuple du Cameroun, la CAF et le nouveau président de la Fédération camerounaise, Samuel Eto’o. Ce sera une CAN réussie, la plus réussie de toutes ! »

Des déclarations qui interviennent alors que Samuel Eto’o, tout récemment élu à la tête de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), a poussé un véritable coup de gueule, lundi.  « Je ne vois pas pourquoi elle n’aurait pas lieu », a-t-il lâché, interrogé par nos confrères de Canal+ Sport Afrique sur l’éventualité d’un nouveau report de la CAN. Le ton posé, mais animé d’une colère froide, l’ancien international de football a affirmé que la Fecafoot « défendra avec la dernière énergie la tenue de cette Coupe d’Afrique des nations ».

« Certains Africains sont encore complices »

« Pourquoi la Coupe d’Afrique des nations ne se jouerait pas ? Donnez-moi une seule raison valable ! Ou alors, on est en train de nous traiter, comme on nous a toujours traités : nous sommes des moins que rien et nous devons toujours subir », a-t-il martelé, pointant la différence de traitement entre l’Europe et l’Afrique : « L’Euro s’est joué alors que nous étions en pleine pandémie, avec des stades pleins. Il n’y a pas eu d’incidents, et nous avons joué dans plusieurs villes en Europe. »

« Que l’on nous dise clairement les choses ! », a-t-il encore insisté, avant de regretter le fait que « dans cette façon de faire, certains Africains [soient] encore complices ».

Dans le viseur de Samuel Eto’o, les pressions exercées depuis plusieurs jours par la Fédération internationale de football (FIFA) pour reporter, à nouveau, la tenue de la CAN. Dimanche 19 décembre, Gianni Infantino, le président de la FIFA, a demandé au comité exécutif de la CAN, réuni à Doha, de reporter l’évènement. Outre les arguments sanitaires, Infantino s’inquiète de l’impact que pourrait avoir la tenue de la CAN aux dates prévues sur la Coupe du Monde des clubs, qui doit avoir lieu du 3 au 12 février aux Émirats arabes unis. Le président de la FIFA aurait évoqué la date de… 2023, pour cet CAN 2021 déjà reportée d’un an.

Dans son offensive pour obtenir le report de la CAN, le président de la FIFA est soutenu par l’Association européenne des clubs, qui argue de l’émergence du nouveau variant Omicron. L’instance, présidée par Nasser al-Khelaïfi, président du PSG, a menacé d’empêcher ses joueurs de participer à la compétition. En réponse, jeudi 16 décembre, les autorités camerounaises ont annoncé un relèvement des mesures de contrôle sanitaire, parmi lesquelles la vaccination obligatoire pour les spectateurs voulant assister aux matchs et l’instauration de tests systématiques pour les joueurs et équipes techniques.

Avec Jeune Afrique

Et si la CAN avait lieu tous les quatre ans ?

décembre 12, 2021
Le trophée de la Coupe africaine des nations. © Giuseppe Cacace/AFP

La Confédération africaine de football (CAF) apporte son soutien au projet de la FIFA d’organiser la Coupe du monde tous les deux ans, ce qui pourrait changer la périodicité de la Coupe d’Afrique des nations. Pour le meilleur, ou pour le pire ?

La FIFA et son président, Gianni Infantino, vont-ils bouleverser les habitudes ? Ils disent en tout cas souhaiter organiser la Coupe du monde tous les deux ans, ce qui constituerait une véritable révolution footballistique.

Le projet, dirigé par le Français Arsène Wenger, ancien entraîneur de l’AS Monaco et d’Arsenal, est déjà bien avancé. Il a reçu le soutien de plusieurs confédérations (Asie, Amérique du Nord, Amérique centrale et Caraïbes) et, le 26 novembre dernier, au Caire, celui du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF).

Une question, qu’Infantino avait posée en mars 2020, taraude toutefois le monde du football africain. À l’occasion d’un séminaire qui s’était tenu à Salé, au Maroc, le Suisse s’était interrogé sur un changement calendaire de la Coupe d’Afrique des nations (CAN).

« Plus viable et plus attrayante »

« Je propose d’organiser la CAN tous les quatre ans, afin de la rendre plus viable  commercialement et plus attrayante sur le plan mondial », avait-il lancé devant les dirigeants des fédérations africaines.

Jamais à court d’arguments financiers, le patron du football mondial avait ajouté : « La CAN génère vingt fois moins de revenus financiers que l’Euro. Est-ce bien, au niveau commercial, qu’elle ait lieu tous les deux ans ? Cela a-t-il développé les infrastructures ? Réfléchissez à la possibilité de l’organiser tous les quatre ans ».

Les revenus de la CAN sont d’environ 45 millions d’euros. À titre de comparaison, ceux de l’Euro 2016, en France, ont avoisiné 1,9 milliard d’euros.

La proposition d’Infantino avait provoqué un certain nombre de réactions, majoritairement hostiles en Afrique. Le Sud-Africain Patrice Motsepe, président sud-africain de la CAF, avait rappelé son attachement au calendrier en vigueur, sans pour autant prendre le risque de froisser son ami européen en lui opposant une fin de non-recevoir. Et, jusqu’au dernier Comité exécutif de l’instance, le 26 novembre, le sujet n’avait plus été abordé.

Mais dans l’hypothèse, désormais de plus en plus probable, que le Mondial se jouerait tous les deux ans, la CAN pourrait par ricochet voir sa périodicité remise en cause.

Pour Mathurin de Chacus, président de la Fédération béninoise de football (FBF), une réflexion s’impose. « Si la Coupe du monde devenait biennale, il faudrait réfléchir à une harmonisation des calendriers internationaux. Des aménagements seront probablement nécessaires, notamment pour les confédérations qui organisent, comme l’Afrique, leur tournoi continental tous les deux ans. Personnellement, je suis attaché à une CAN disputée tous les deux ans, mais je ne suis pas opposé à des évolutions, puisque je considère que la Coupe du Monde biennale constitue une réelle opportunité pour le football africain. »

Attachement viscéral

Un avis que ne partage pas son homologue togolais, Guy Kossi Akpovy, qui souhaite que la CAN continue de se disputer au rythme qui est le sien depuis 1963. « C’est une compétition très attendue par les Africains qui aiment le football, qu’ils soient directement concernés par la phase finale ou non. Pour les joueurs et les sélectionneurs qui y participent, c’est un moment particulier. »

Outre l’attachement viscéral de l’Afrique à sa compétition phare, Akpovy met en avant les conséquences sportives d’une organisation quadriennale. « L’Afrique perdrait en visibilité au niveau international. Le fait que la CAN ait lieu tous les deux ans permet à des joueurs de se faire remarquer. Elle permet également à des équipes modestes ou moyennes d’avoir des chances de participer à une grande compétition, car la Coupe du monde semble inaccessible à beaucoup. »

Sans les citer, Akpovy pense notamment à la Guinée-Bissau, à la Mauritanie, au Burundi, à Madagascar, au Malawi ou à la Sierra Leone, qui ont réussi à se qualifier pour les phases finales de 2019 et/ou de 2022.

C’EST À LA CAF, ET À ELLE SEULE, DE DÉCIDER DE L’AVENIR DU FOOTBALL AFRICAIN

La Coupe du monde permet actuellement la participation de cinq sélections africaines. À partir de 2026, quand le Mondial réunira 48 équipes (au lieu de 32 actuellement), le quota réservé aux Africains passera à 9 ou 10. « On devrait cependant presque toujours retrouver les mêmes sélections, les plus fortes, même si, ponctuellement, certaines sélections dites moyennes parviendront à créer la surprise en se qualifiant. En se jouant tous les deux ans, la CAN conservera toute son attractivité et sa mission de promotion des talents africains, notamment ceux qui évoluent sur notre continent », estime Akpovy.

Les sélectionneurs sont, eux aussi, plutôt favorables au maintien du format actuel. « L’Afrique a besoin de cette compétition tous les deux ans. Le football de ce continent se doit d’être en éveil et de travailler pour continuer à progresser. À cet égard, une CAN biennale est un élément incontournable », plaide le Français Patrice Neveu, sélectionneur du Gabon.

Le Malien Mohamed Magassouba partage cet avis, et, au passage, égratigne la FIFA. « Elle donne l’impression de décider ce qui est bon ou pas pour le football africain. Elle ne se permettrait de faire la même chose avec l’Europe ou l’Amérique du Sud, deux puissantes confédérations ! C’est à la CAF, et à elle seule, de décider de l’avenir du football africain. »

Le calendrier de la CAN ne bougera pas avant quelques années, puisque les éditions 2023 et 2025 auront lieu, respectivement, en Côte d’Ivoire et en Guinée. Mais le débat est clairement lancé.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

Enquête sur le Mondial au Qatar : Sepp Blatter entendu comme témoin

novembre 26, 2021

L’ex-président de la Fifa a été entendu par les enquêteurs français qui travaillent sur les investigations concernant l’attribution du Mondial 2022 au Qatar.

Sepp Blatter a ete president de la Fifa pendant 17 ans.
Sepp Blatter a été président de la Fifa pendant 17 ans.© SEBASTIEN BOZON / AFP

Les conditions d’attribution du Mondial 2022 au Qatar sont toujours sous le coup d’une enquête. Au fur et à mesure que l’on se rapproche du début de la compétition – qui se tiendra au Qatar du 21 novembre au 18 décembre 2022 –, la controverse prend de l’ampleur. Jeudi et vendredi, les enquêteurs français ont entendu Sepp Blatter, ancien président de la Fédération internationale de football (Fifa), à Zurich (Suisse), a-t-on appris auprès de la police, confirmant une information du Monde.

Président de la Fifa entre 1998 et 2015, Sepp Blatter, 85 ans, a été entendu comme « témoin » par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières (OCLCIFF) dans les locaux du ministère public de la confédération helvétique (MPC), dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en France par le Parquet national financier (PNF).

Un déjeuner réunissant Nicolas Sarkozy et Michel Platini au cœur de l’enquête

L’enquête menée en France sur l’attribution du Mondial au Qatar pour « corruption active et passive » s’intéresse à un déjeuner le 23 novembre 2010. Ce déjeuner aurait réuni le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, deux hauts dirigeants qataris et Michel Platini, alors patron de l’UEFA.

Michel Platini est soupçonné par les enquêteurs d’avoir voté en faveur du Qatar à la demande de Nicolas Sarkozy lors du vote d’attribution le 2 décembre 2010.

La justice française s’intéresse aussi à un contrat conclu avant l’attribution. Ce contrat a accordé les droits de diffusion TV des Mondiaux 2018 à 2022 à la chaîne qatarie Al Jazeera contre 300 millions de dollars.

Par Le Point avec AFP

CAF : pourquoi Issa Hayatou a été sanctionné par la Fifa

août 9, 2021
Issa Hayatou en 2016, à Zurich

La Fifa suspend l’ancien président de la Confédération africaine de football de toute activité liée au football pour un an. En cause : le contrat signé entre le Camerounais et Lagardère Sports en 2016.

C’est une nouvelle à laquelle Issa Hayatou (74 ans) devait s’attendre : l’ancien président de la CAF ne pourra pas exercer une quelconque activité liée au football jusqu’au 3 août 2022. Celui qui est depuis janvier 2021 président d’honneur de l’instance qu’il a dirigée pendant presque trente ans (1988-2017) – et qui préside en outre le conseil d’administration de l’Académie nationale de football au Cameroun – ne pourra plus exercer pendant douze mois ces deux fonctions, certes purement honorifiques. Hayatou a pris acte de cette sanction, assortie d’une amende de 28 000 euros, prononcée par la chambre de jugement de la Commission d’éthique de la Fifa.

« Verdict purement politique »

Après avoir mené sa petite enquête, la Fifa a motivé sa décision par deux points précis : le Camerounais n’aurait pas respecté les règles de la concurrence dans la signature du contrat avec Lagardère Sports, et n’aurait pas tenu informés certains membres du comité exécutif de la CAF de la reconduction de cette collaboration avec le groupe français. Contactée par Jeune Afrique, la Fifa n’a pas souhaité faire de commentaires supplémentaires, nous renvoyant au communiqué de presse expliquant sa décision.

C’EST AUSSI UN MOYEN DE PUNIR HAYATOU À QUELQUES MOIS DE LA CAN AU CAMEROUN »

« Ce verdict est purement politique. La Fifa vient de fournir des leviers à Patrice Motsepe, le nouveau président de la CAF pour mieux aborder la bataille juridique avec Lagardère Sports. C’est aussi un moyen de punir Hayatou à quelques mois de la CAN au Cameroun, où il aurait pu jouer un rôle, même mineur », estime un ancien membre de la CAF et bon connaisseur du dossier.

Cela fait plusieurs années que cette affaire de contrat signé avec Lagardère Sports en 2016 poursuit l’ancien patron du football africain, avec qui JA n’est pas parvenu à entrer en contact. Alors qu’il présidait la CAF, Issa Hayatou avait reconduit le bail pour la période 2017-2018 pour un montant de 906 millions d’euros, le groupe français s’engageant à assurer les droits TV et marketing des principales compétitions organisées par la CAF, et notamment la Coupe d’Afrique des nations (CAN), le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) et la Ligue des Champions.

Devant la justice suisse

À l’époque, la société égyptienne Presentation Sports s’était elle-aussi positionnée, et avait même proposé une somme supérieure (environ 1 milliard d’euros). Elle n’avait cependant pas été choisie. S’estimant lésée, elle avait ensuite saisi la justice de son pays, estimant que les règles de la concurrence n’avaient pas été respectées par les instances africaines du football. Les tribunaux égyptiens avaient alors jugé qu’Issa Hayatou n’avait pas lancé d’appel d’offres, favorisant ainsi Lagardère Sports, partenaire de la CAF depuis 1993.

Le Camerounais et le Marocain Hicham el-Amrani, secrétaire général de la CAF, avaient été condamnés à une amende d’un montant total de 49,5 millions d’euros, somme qui ne sera évidemment jamais réglée par les deux hommes. En novembre 2019, la CAF, alors présidée par le Malgache Ahmad Ahmad, avait mis un terme au contrat avec Lagardère Sports, en se réfugiant derrière le verdict rendu par les tribunaux cairotes. Mais l’affaire se poursuit en Suisse, devant la Chambre de commerce internationale de Genève, Lagardère Sports estimant avoir à son tour subi un préjudice lors de la résiliation du contrat par la CAF.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

Développement du football : la Fifa inaugure le bureau Afrique centrale à Brazzaville

février 20, 2021

Gianni Infantino a procédé le 20 février au siège de la Fédération congolaise de football (Fécofoot)  à l’ouverture du bureau régional de développement de la FIFA pour l’Afrique centrale

Gianni Infantino au bureau regional de developpement de la FIfa /Adiac

L’ouverture dudit  bureau régional est l’aboutissement de l’accord de siège signé  le 29 novembre 2019 entre  le gouvernement congolais et la FIFA. Quinze mois après son premier passage à Brazzaville, Gianni Infantino a tenu ses promesses  en dotant Brazzaville d’un bureau stratégique qui sert, en effet, d’examiner les différents programmes de développement  soumis par les associations membres de la Fifa.

«  C’est important que nous soyons présents. La FIFA est une organisation qui se veut être à l’écoute des fédérations. Nous devons travailler ensemble …On a déjà commencé avec notre programme Forward, un programme qui aide  les fédérations et qui nous a permis de multiplier par cinq les investissements qu’on fait dans le football », a expliqué le président de la Fifa.

Gianni Infantino, qui veut faire plus pour l’Afrique, a  estimé que ce bureau régional  va aider toutes les fédérations de l’Afrique centrale et contribuer en même temps au   rayonnement  du  football africain.

Le président de la Fifa a aussi confirmé l’augmentation du nombre des sélections  africaines  lors de la phase finale de la  Coupe du monde 2026. Il passera de cinq à  dix  dont neuf seront directement qualifiés et le 10e  passera par les barrages.

Le président de la Fifa et le ministre des Sports et de l’Education physique procédant à l’inauguration/ Adiac

Jean  Guy Blaise Mayolas a exprimé toute sa gratitude au président de la FIFA et à ses collaborateurs qui ont œuvré pour l’installation du bureau régional pour l’Afrique centrale à Brazzaville. « Nous pouvons désormais dire que nous sommes plus proches de la FIFA et nos différents projets seront mieux examinés et connaitront un aboutissement heureux, pour un meilleur développement du football en Afrique centrale », a-t-il déclaré.

De son côté, Hugues Ngouélondélé  a remercié, au nom du  gouvernement,  la FIFA pour ses multiples  réalisations au Congo, citant notamment la  rénovation du Centre technique d’Ignié et l’installation des deux poules synthétiques.  

Le Congo aspire grâce à la réalisation et à devenir l’épicentre du football de la sous région Afrique centrale, a-t-il souhaité. Le ministre compte par ailleurs sur l’appui de la FIFA pour la réalisation d’un certain nombre de projets.   « Notre pays  prépare, en concertation avec l’ensemble du mouvement sportif, une série de textes visant à créer les conditions  idoines pour un  développement harmonieux du sport et sa valorisation.  Nous serons heureux de compter la Fifa parmi nos partenaires stratégiques; le football étant le sport roi », a  rappelé  le ministre. 

Avec Adiac-Congo par James Golden Eloué

[Tribune] Crise à la CAF : l’Afrique doit s’en prendre à elle-même, pas à la Fifa

février 2, 2021
Ahmad Ahmad lors de l’assemblée générale de la CAF, en février 2018, à Casablanca

Si la Fifa intervient dans les scandales qui éclaboussent la CAF, c’est d’abord parce que les Africains ne parviennent pas à gérer leurs propres affaires. Et discréditent ainsi l’ensemble du continent.

Il faut être sourd pour n’avoir pas entendu parler, ces derniers jours, des rebondissements – ou devrais-je dire des scandales – dont se nourrit la campagne pour l’élection, le 12 mars, du président de la Confédération africaine de football (CAF). Le Tribunal arbitral du sport vient de rétablir dans ses fonctions de président le sortant Ahmad Ahmad, mettant ainsi fin à la suspension de cinq ans de toute activité liée au football que lui avait infligée la Fifa pour des malversations financières présumées. Quarante-huit heures auparavant, précisément à cause de cette sanction, la candidature du Malgache à sa propre succession avait été jugée irrecevable par la commission de gouvernance de la CAF mais d’abord et surtout par… la Fifa.

Face à l’intervention de la Fifa, deux attitudes sont envisageables. On peut crier au paternalisme, car elle resserre son étreinte sur la CAF en la plaçant, de fait, sous tutelle. En effet, comment expliquer que cette instance censée être autonome, avec une commission d’intégrité chargée d’évaluer les candidatures, laisse la Fifa décider à sa place, sans aucune considération pour ses prérogatives, vidant ainsi ladite commission de toute sa substance ?

On peut aussi interroger la capacité des Africains à gérer leur football. En réalité, il importe surtout de savoir comment on en est arrivé là. Car ce qui se passe à la CAF n’a d’équivalent dans aucune autre confédération. Mais, il faut bien l’admettre, les Africains ont leur part de responsabilité. Si vous manquez de dignité, les autres vous manqueront de respect…

Plus opportunistes que convaincus

L’arrivée d’Ahmad Ahmad avait semblé marquer la fin de l’opacité dans la gestion de la CAF. On avait même parié sur l’émergence, dans cet environnement, d’un concept jusqu’alors inconnu, celui de « bonne gouvernance ». Pari risqué : façonnés dans le même moule que leurs prédécesseurs, les hommes censés incarner ce renouveau ont conservé les habitudes du passé. Et prôné un changement aux allures de slogan de campagne, d’ailleurs emprunté à la Fifa, qui, elle-même, n’avait pas réalisé sa mue de son plein gré mais sous la pression de la justice américaine.

La CAF n’a pas choisi non plus d’adhérer à un quelconque nouvel ordre. Celui-ci lui a été imposé sans qu’elle s’en saisisse pour évoluer. Pour preuve, ses chevaliers blancs, plus opportunistes qu’acteurs convaincus, se sont juste employés à crédibiliser leur campagne électorale. Eux qui avaient mis en avant l’exigence de transparence pour évincer Issa Hayatou auraient pourtant dû s’attendre à rendre des comptes.

LA GESTION PRÉCÉDEMMENT PEU ORTHODOXE ET OPAQUE DE LA CAF N’EST PLUS ACCEPTÉE

Longtemps, les présidents de la CAF comme ceux des différentes fédérations ont été perçus comme les propriétaires des instances sportives qu’ils dirigeaient. Hissés sur un piédestal, voire déifiés par les membres mêmes, ils étaient considérés comme incapables d’entendre la moindre voix discordante, la moindre proposition. Isolés de fait, ils sont devenus des potentats redoutés et ont pris, seuls, les décisions les plus contestables. C’est précisément du fait de leur incapacité à suivre les règles que se sont produits, à répétition, tant de scandales.

De même qu’en politique certains pays sont aujourd’hui pointés du doigt pour leur déficit de liberté – ce qui, il y a peu, était la norme –, l’idée de transparence, de strict respect des règles dans un monde qui se judiciarise, s’impose dans les esprits. Et la gestion précédemment peu orthodoxe et opaque de la CAF, à l’image d’un continent rompu aux petits arrangements, n’est plus acceptée. Tous ceux qui ont fait semblant de l’ignorer en paient aujourd’hui le prix.

Une incapacité à se prendre en main

La Fifa aurait-elle dû s’abstenir d’intervenir ? Il est peu souhaitable que la justice ait à faire irruption dans la sphère privée. La seule manière pour la CAF de l’éviter est de se montrer irréprochable, organisée et de porter à sa tête un chef consensuel. La Fifa ne s’invite pas à la CAF, ce sont les Africains qui l’y convient. Au vu du chaos qui y règne, elle finit par y faire ce qu’elle ne se permettrait nulle part ailleurs.

Dans un autre registre, c’est parce que nos autorités politiques osent l’indicible que l’ONU nous envoie ses forces. L’Italie change de Premier ministre tous les six mois. Lorsque la coalition au pouvoir ne s’entend plus, on dissout le gouvernement. Les Italiens sont ordonnés dans leur désordre. Si nous pouvions faire de même, notre linge sale serait lavé en famille.

Je n’en veux donc pas à la Fifa mais aux Africains, qui ne parviennent pas à gérer leurs propres affaires. Ils jettent l’anathème sur l’ensemble du continent, le discréditent, le fragilisent et freinent son évolution. Ce discrédit rejaillit sur la perception que les autres ont de nos États. Bien plus que sur le développement du football, la tutelle de la Fifa a des répercussions négatives sur l’Africain, dans son être même. Le football doit être un vecteur d’éducation et de communication. Or c’est par le football que les Africains sont infantilisés : à travers ce sport, on les place face à leurs insuffisances, à leur incapacité à se prendre en main.

Ceux d’entre nous qui crient à l’infantilisation seraient surpris du nombre de fois où la CAF a sollicité Zurich dans le règlement du moindre conflit. Comme si personne à Yaoundé, à Libreville, à Dakar ou à Abidjan n’était capable de dire le droit. Ils resteraient pantois de la voir se prosterner devant les envoyés de la Fédération internationale lorsque ceux-ci arrivent sur le sol africain.

Faire rimer football et éthique

J’ai appris du football une leçon essentielle : nous sommes tous soumis à des règles. L’arbitre est là non pas pour nous les imposer mais pour nous les rappeler. C’est sans doute là le sens de l’intervention de la Fifa. Efforçons-nous de suivre les règles, de les respecter et de les appliquer à tous et partout. Il faut que les Africains –  et les Européens – cessent de vouloir forger des règles spécifiques pour le continent. On ne peut pas prétendre à l’universel et militer pour des règles locales.

UNE PURGE POUR SAUVER LA CAF ? PAS NÉCESSAIREMENT

Une purge pour sauver la CAF ? Pas nécessairement. Il faudra en revanche arriver à faire rimer football et éthique, y croire, le marteler chaque jour. Que la CAF tende vers l’éthique doit être un combat de tous les instants. Le football n’est pas un îlot sacré. Il est le produit d’une société et il est géré par ceux-là mêmes qui, à sa tête, traînent des tares. Comment attendre de gens qui truquent le jeu politique qu’ils fassent montre d’un soudain sens de l’éthique lorsqu’il s’agit de football ? Pour que la CAF respecte les règles, l’ensemble des fédérations nationales qui la composent doivent être en mesure de les suivre. Ce défi n’est pas à relever par ce seul homme providentiel que serait le président de la CAF.

L’élection du 12 mars opposera des candidats au fait de ce qui s’est passé auparavant. Ceux-ci devront en tirer des enseignements pour leurs programmes. Surtout, ils devront eux-mêmes se fixer des limites, savoir qu’il y a des pratiques inadmissibles et des principes intangibles. Otages, de fait, de leurs électeurs, à eux de se constituer prisonniers de la vérité, en fondant leur campagne sur une nouvelle donne et en soulignant les risques encourus quand on s’affranchit des règles. Il est temps de sortir des scandales… et de redoubler d’attention.

Avec Jeune Afrique par  Joseph Antoine Bell

International Football

Michaëlle Jean nommée à la tête de la Fédération haïtienne de football

janvier 27, 2021
Michaëlle Jean va diriger la Fédération haïtienne de football jusqu’au 30 novembre 2022 au plus tard, sans possibilité de voir son mandat reconduit.

La Fifa a annoncé la nomination de l’ex-secrétaire générale de la Francophonie à la présidence de la Fédération haïtienne de football. Des fonctions qu’elle assumera jusqu’en 2022.

C’est à la suite d’un scandale que l’ancienne gouverneure générale du Canada s’est retrouvée à la tête de la Fédération haïtienne de football : son prédécesseur, le médecin Yves Jean-Bart, a été suspendu à vie pour agressions sexuelles sur mineures. La nomination – temporaire – de Michaëlle Jean a été annoncée le vendredi 22 janvier par la Fédération internationale de football association (Fifa).

Michaëlle Jean restera en fonction jusqu’au 30 novembre 2022 au plus tard, sans possibilité de voir son mandat reconduit. Elle devra notamment organiser des élections pour relancer l’institution avant l’année prochaine. La fédération était sous la tutelle de la Fifa depuis que Yves Jean-Bart avait été accusé d’agressions sexuelles répétées sur une dizaine de jeunes footballeuses.

Secrétaire générale de l’OIF

Née à Haïti en 1957, Michaëlle Jean avait fui la dictature de son pays d’origine pour rejoindre le Canada à l’âge de 11 ans. Son père, directeur d’un collège de Port-au-Prince, avait été arrêté et torturé par les Tontons macoutes du régime Duvalier.

Ancienne présentatrice phare de Radio-Canada, elle fut gouverneure générale de son pays entre 2005 et 2010, avant d’être nommée envoyée spéciale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) en Haïti.

Un poste auquel elle avait renoncé en 2014 après avoir été choisie pour succéder au Sénégalais Abdou Diouf au poste de secrétaire générale de la Francophonie. Elle fut la première femme, non africaine de surcroît, à diriger l’institution en dépit d’une règle tacite qui réservait jusque-là le siège à un personnalité du continent.

Mandat critiqué

Sa candidature, soutenue notamment par le président français François Hollande, avait fini par faire l’objet d’un consensus après de longues négociations. Mais son mandat avait rapidement été terni par des critiques en interne : pas assez africaine, pas assez proche de certains chefs d’État du continent, Michaëlle Jean avait été poussée vers la sortie en 2018, ses pairs lui préférant Louise Mushikiwabo. L’ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères avait alors pris ses quartiers au sein de l’institution en janvier 2019.

Le mandat de Michaëlle Jean avait également été entaché par des scandales financiers : la Canadienne avait été accusée d’avoir effectué des dépenses de plus de 350 000 euros pour rénover sa résidence de fonction à Paris, et d’avoir acquis un piano à queue pour plus de 13 000 euros.

Après avoir quitté le siège de l’avenue Bosquet, à Paris, Michaëlle Jean était revenue au Canada, où elle avait repris son travail auprès de la fondation créée avec son mari en 2010, qui soutient les jeunes à travers les arts.

Avec Jeune Afrique par Marième Soumaré