Posts Tagged ‘Floribert Chebeya’

RDC-Justice : un mandat d’arrêt international contre John Numbi

décembre 17, 2022

Le général en exil est recherché pour le rôle joué dans le double assassinat des défenseurs des droits de l’homme, Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.

Le général John Numbi /DR

Dans une correspondance, le ministre des Affaires étrangères congolais, Christophe Lutundula, demande à l’ambassadeur du Zimbabwe en République démocratique du Congo (RDC) de transmettre au BCN-Interpol/Harare/Zimbabwe, la commission rogatoire internationale,  le mandat d’arrêt international à l’encontre du général d’armée John Numbi, en exil au Zimbabwe depuis mars 2021. Ce mandat d’arrêt a été lancé par l’auditorat général des Forces armées de la RDC.

Le général John Numbi, rappelons-le, a fui le pays en mars 2021 dans un contexte marqué par la rupture de l’alliance entre Félix-Antoine Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila. Ce proche de l’ancien président est depuis exilé au Zimbabwe et tout le temps soupçonné de préparer une déstabilisation à partir de ce pays de l’Afrique australe. François Beya, l’ancien conseiller spécial en matière de sécurité du chef de l’État, a été notamment reproché lors de son arrestation en février dernier d’entretenir de liens avec le groupe de John Numbi, dont un voyage non signalé au Zimbabwe.

Le nom de John Numbi est surtout associé à l’affaire de l’assassinat, en juin 2010, de deux activistes des droits de l’homme, dont Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Le corps de ce dernier n’a jamais été retrouvé jusqu’à ce jour. Pour les activistes des droits de l’homme et la famille des deux défenseurs des droits de l’homme, John Numbi est le suspect numéro 1 dans ce double meurtre, étant considéré et cité par ses collaborateurs comme le donneur d’ordres. Dernièrement, une bonne cargaison d’armes de guerre a été découverte dans une de ses résidences, dans la commune de la Gombe.

Avec Adiac-Congo par Lucien Dianzenza 

RDC : Paul Mwilambwe, « témoin » crucial du procès Chebeya

décembre 8, 2021
Paul Mwilambwe au mois de juin 2019 à Dakar, au Sénégal. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Condamné par contumace en première instance, le major est revenu à Kinshasa après dix ans d’exil pour donner sa version lors du procès en appel des assassins présumés de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Un moment très attendu par les parties civiles.

Voilà dix ans qu’il n’avait pas enfilé son uniforme bleu marine de major de la police congolaise. Rentré à Kinshasa le 2 décembre par un vol commercial de la compagnie Brussel Airlines, une décennie après avoir fui la RDC, Paul Mwilambwe est appelé à comparaître ce 8 décembre devant le tribunal militaire siégeant à la prison de Ndolo. Il doit y livrer sa version des faits lors du procès en appel des assassins présumés de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.

Depuis le 22 septembre, le major Christian Ngoy Kenga Kenga et le sous-commissaire adjoint Jacques Mugabo comparaissent devant la Haute cour militaire. Le premier refuse de se présenter devant les juges, mais le second a déjà livré certains détails sur son rôle, sur celui de son co-accusé et sur celui de l’ancien tout-puissant général John Numbi. Lors du procès en première instance, en juin 2011, Kenga Kenga et Mugabo avaient été condamnés à mort par contumace, tout comme le major Paul Mwilambwe et le colonel Daniel Mukalay, qui était alors le seul haut gradé présent sur le banc des accusés. La sentence de ce dernier a été commuée en une peine de quinze ans de prison en appel en 2015.

Depuis dix ans, Paul Mwilambwe assure qu’il est innocent. Ses confessions, recueillies et diffusées le 10 juillet 2012 par le réalisateur belge Thierry Michel, avaient été parmi les premières à mettre directement en cause le général John Numbi, identifié par les parties civiles comme le commanditaire du double assassinat, et à livrer les noms des membres du commando ayant participé au meurtre.

Tout suivi, tout entendu

Pour les parties civiles, Mwilambwe est un témoin crucial. Il est celui qui a tout suivi, tout entendu le soir du 1er juin 2010. « C’est le témoin clé, le témoin oculaire, se réjouit Me Richard Bondo, l’un des avocats des familles des victimes, qui avait réclamé sa comparution au début de la procédure. Nous espérons que cela va relancer le procès et surtout que cela aura un impact sur le dossier en cours d’instruction dans lequel John Numbi est poursuivi. »

IL ASSISTE À LA SCÈNE DE L’ASSASSINAT DE CHEBEYA PAR LE BIAIS DES CAMÉRAS DE SURVEILLANCE

Le puzzle de cette macabre soirée, progressivement reconstitué à la faveur des récents témoignages des membres du commando, récupère, avec le retour de Mwilambwe, une nouvelle pièce. En cette fin d’après-midi du 1er juin 2010, le major Mwilambwe se trouve, selon son propre récit, à son bureau, à l’étage de l’Inspection générale de la police (IGP), où il s’occupe de la sécurité. Il est le premier à accueillir Floribert Chebeya lorsque celui-ci s’extrait de la Mazda grise conduite par son chauffeur du jour, Fidèle Bazana. Mwilambwe sait tout de suite à qui il a affaire. Le major Christian Ngoy Kenga Kenga l’a informé qu’un invité de marque est venu rencontrer le patron des forces de l’ordre congolaises : le général John Numbi.

Les proches de Chebeya assurent que, ce jour-là, l’emblématique président de l’ONG la Voix des sans voix (VSV) était venu confronter Numbi aux éléments dont il dispose sur la répression du mouvement Bundu Dia Kongo en 2008, dans la province du Bas-Congo. Le bataillon Simba, police dans la police aux ordres de Numbi et dirigée par Kenga Kenga, est accusé d’avoir été le moteur de ces opérations.

Mais Mwilambwe, qui suit quotidiennement l’agenda de Numbi, sait qu’il n’est pas présent sur les lieux ce 1er juin : le patron de la police s’est absenté il y a quelques heures et n’est toujours pas revenu. Il reste donc avec Chebeya dans son bureau pendant plus d’une heure. Numbi ne remettra jamais les pieds à l’IGP ce soir-là. Chebeya et Mwilambwe sont rejoints par le major Kenga Kenga, qui s’excuse de l’absence de son chef et propose au patron de la VSV de se rendre à la résidence de Numbi. Les deux hommes sortent. La suite, Paul Mwilambwe y assiste par le biais des caméras de surveillance.

Toujours selon son récit, Chebeya est étouffé à l’aide d’un sac en plastique. La scène de son assassinat est ensuite maquillée puisqu’il sera retrouvé à l’intérieur de la Mazda avec laquelle il est arrivé, des préservatifs à son côté et de faux SMS envoyés depuis son téléphone. Resté au parking, Fidèle Bazana a déjà été attaqué par une partie du commando. Son corps n’a toujours pas été retrouvé malgré une descente des juges à Mitendi – selon les témoignages, il s’y trouverait, sur la parcelle du général Zelwa Katanga, dit « Djadjidja ».

Fuite par les toilettes

Lorsque la presse révèle la mort des deux hommes le lendemain, la nouvelle provoque un choc et la chasse aux coupables commence. Au moment du procès en première instance, Paul Mwilambwe est considéré comme en fuite par la justice congolaise. Selon le récit qu’il tient depuis neuf ans, il aurait pourtant consenti à témoigner et se serait même livré à l’auditorat militaire en avril 2011. Il y aurait été auditionné pendant plusieurs heures par le procureur militaire, le général Ponde. Le major dit avoir ensuite été remis à des agents de l’Agence nationale de renseignement (ANR), puis transféré en juillet via un vol cargo vers Lubumbashi, où il sera détenu dans différentes résidences. Convaincu que sa vie est en danger, Mwilambwe parviendra à s’échapper par la fenêtre des toilettes de la maison où il se trouve.

IL A TOUJOURS DIT QU’IL DISPOSAIT D’ÉLÉMENTS CONTRE CES GENS ET QUE SON INTENTION N’ÉTAIT PAS DE FUIR LA JUSTICE

Passant par la Tanzanie puis le Kenya, il trouve refuge au Sénégal, où sa famille finit par le rejoindre. Une procédure y est ouverte en 2014 à la suite d’une plainte des deux familles des victimes. Elle ne connaîtra jamais de suite concrète, mais son instruction empêchera Mwilambwe d’obtenir l’asile sur place. Récemment, il avait fini par rejoindre la Belgique.

Pendant toutes ses années d’exil aux quatre coins du continent et jusqu’en Europe, l’ancien major n’a cessé de marteler qu’il dispose d’éléments solides pour prouver le rôle de Joseph Kabila et de John Numbi dans l’assassinat de Chebeya et de son chauffeur. Mais il s’est toujours refusé à en dire plus, assurant qu’il réservait sa parole pour la justice. Ce sont les arrestations de nombreux membres du commando depuis septembre 2020 et les témoignages de trois policiers en exil qui ont ouvert la porte à une relance du procès.

« Rétablir la vérité »

.es avocats de la défense lors du procès en premier instance, en 2012, à Kinshasa
.es avocats de la défense lors du procès en premier instance, en 2012, à Kinshasa © JUNIOR D. KANNAH/AFP

Joint à plusieurs reprises ces derniers mois, Paul Mwilambwe nous avait affirmé se montrer prudent concernant un éventuel retour en RDC pour témoigner. Malgré le départ de Joseph Kabila du pouvoir, malgré aussi le limogeage et la fuite de John Numbi, les conditions de sécurité et d’équité devant le tribunal militaire n’étaient, selon lui, pas réunies. Déterminé à obtenir son acquittement, il a fini par rentrer pour « rétablir la vérité ».

Cette fois dans le costume du prévenu, il se fait discret depuis son arrivée à Kinshasa, et vit en résidence surveillée, gardé par des militaires congolais. Fini les interviews, il espère désormais se défendre devant la justice. « Il a toujours dit qu’il disposait d’éléments contre ces gens, que son intention n’était pas de fuir la justice et que la hiérarchie militaire avait fait de lui le fugitif qu’il n’est pas. Donc nous attendons son témoignage avec impatience », conclut Me Bondo, qui espère voir relancée la procédure contre John Numbi. Cet espoir se heurte néanmoins à un obstacle : huit mois après sa fuite, le général reste introuvable.

Avec Jeune Afrique par Romain Gras

RDC : macabres confessions au procès Chebeya

octobre 14, 2021
Floribert Chebeya et Fidèle Bazane ont été assassinés dans la soirée du 1er juin 2010 © JUNIOR D. KANNAH/AFP

Pour la première fois depuis la reprise du procès des assassins présumés de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, Jacques Mugabo, l’un des membres du commando, a avoué avoir joué un rôle dans leur meurtre. Il a livré le détail de cette sinistre soirée du 1er juin 2010.

Le troisième jour d’audience aura été celui des aveux pour Jacques Mugabo. L’ancien policier, membre du redouté bataillon Simba, comparaît depuis le 22 septembre devant la haute cour militaire siégeant à la prison de Ndolo. Il est jugé aux côtés du major Christian Ngoy Kenga Kenga pour son rôle dans l’assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana.

Ces derniers mois, de nombreux éléments ont permis de reconstituer le fil de la soirée du 1er juin 2010, au cours de laquelle un commando de sept personnes a tué les deux défenseurs des droits humains dans les locaux de la police congolaise. Mais c’était la première fois, ce mercredi 13 octobre, que l’un d’entre eux livrait un récit aussi détaillé devant une cour de justice et reconnaissait sa participation directe au crime.

« Il ne pouvait pas se défendre »

Venu à la barre dans l’uniforme bleu marine des officiers de la police congolaise, Mugabo raconte que lorsque que Floribert Chebeya s’est présenté au siège de l’Inspection générale de la police (IGP), il a d’abord été reçu au bureau du protocole par le major Paul Mwilambwe. « La personne qui avait appelé Chebeya, c’est le colonel Daniel Mukalayi [principal condamné du procès en première instance]. Ils se connaissaient, poursuit-il. Lorsque nous sommes arrivés à l’IGP un peu plus tard, nous avons trouvé dans le bureau à l’étage Daniel Mukalayi, Paul Mwilambwe et Christian Ngoy Kenga Kenga. Ils nous ont remis Chebeya. »

« Nous, on ne connaissait pas Chebeya, on nous a demandé de l’arrêter, reprend l’ancien policier. Lui s’interrogeait, mais personne n’arrivait à lui dire le moindre mot. » L’emblématique président de l’ONG La Voix des sans voix et son chauffeur, qui attendait dans le véhicule, sont alors sauvagement assassinés. « Il nous a été d’abord demandé de tuer Bazana, précise à la barre Mugabo. Il a été étouffé dans un sachet en plastique. On l’a cagoulé avec et on l’a scotché. Nous étions nombreux et Bazana était seul, il ne pouvait pas se défendre. » Pour Floribert Chebeya, « on a fait le même exercice, vers 23 heures ».

PRÉSERVATIFS, MÈCHES DE CHEVEUX, FAUX ONGLES… LA SCÈNE DE CRIME EST GROSSIÈREMENT MAQUILLÉE

Un meurtre à 50 dollars

À partir de là, les membres du commando se séparent. « Daniel Mukalay est rentré chez lui, affirme l’ancien policier. Mwilambwe, lui, résidait avec Christian Ngoy Kenga Kenga. » Les six hommes et leur chef quittent les locaux de l’IGP à bord de trois véhicules, deux Defenders et un Land Cruiser. « Les corps étaient chacun dans un Defender, précise-t-il. On a emprunté la route de Bandal, puis celle de Ma Campagne pour atteindre Mitendi. »

Le corps de Chebeya est abandonné dans le véhicule avec lequel il était arrivé à l’IGP, une Mazda grise. Les premiers policiers chargés de l’affaire y découvriront une scène de crime grossièrement maquillée. Des préservatifs, des mèches de cheveux et des faux ongles sont retrouvés à côté du corps de Chebeya, dont le pantalon est descendu au niveau des genoux. « Tous les objets que nous avons utilisés pour les tuer avaient été achetés par Daniel Mukalay », assure Jacques Mugabo.

Le corps de Bazana, qui n’a jamais été retrouvé, est déplacé un peu plus loin. « Nous l’avons enterré dans la ferme privée du général Djadjidja”, explique le prévenu, confirmant les propos tenus ces derniers mois par d’autres membres du commando aujourd’hui en exil. La soirée meurtrière s’achève à la résidence du colonel Mukalay, où les complices se retrouvent après leur passage à Mitendi. « Nous sommes allés chez lui pour fêter cela et chacun a été récompensé de 50 dollars américains », conclut le policier.

LES AVEUX DE JACQUES MUGABO POUSSERONT-ILS LE MAJOR KENGA KENGA À LIVRER SA VERSION DU MEURTRE ?

Djadjidja appelé à comparaître

Le détail de ce récit a surpris les parties civiles. Il tranche avec le silence du major Kenga Kenga, l’autre accusé de ce procès en appel, qui n’est même pas sorti de sa cellule pour cette troisième audience. Depuis le premier jour, ce très proche collaborateur de John Numbi, commandant du bataillon Simba, qui faisait office de police privée de ce dernier, refuse de s’exprimer. Les aveux de Jacques Mugabo le pousseront-ils à livrer sa version du meurtre de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana? « Tout se faisait sur ordre de Christian Ngoy Kenga Kenga, de qui je répondais au sein du bataillon Simba, sous l’autorité de John Numbi et Daniel Mukalay », a martelé celui-ci lors de l’audience.

Et qu’adviendra-t-il des deux autres protagonistes cités dans la longue confession de Mugabo, le général Zelwa Katanga, dit Djadjidja, et John Numbi ? Le premier, dont la parcelle de Mitendi abriterait le corps de Fidèle Bazana, a été placé en résidence surveillée au mois de février. Il est cité à comparaître lors de la prochaine audience, prévue le 20 octobre.

Le second, dont l’ombre plane sur l’affaire depuis le premier jour, est toujours en cavale. Recherché depuis le 14 avril par la justice militaire congolaise, John Numbi reste pour le moment introuvable. Plusieurs sources sécuritaires l’ont un temps situé au Zimbabwe, mais sa localisation exacte demeure incertaine. Lors du premier procès, en 2011, ce puissant général, très proche des Kabila, était intervenu comme simple témoin.

Avec Jeune Afrique par Romain Gras

RDC : l’affaire Chebeya-Bazana de retour devant la justice

septembre 22, 2021
Floribert Chebeya

Le procès en appel de deux membres du commando qui a tué le défenseur des droits de l’homme et son chauffeur s’est ouvert ce mercredi 22 septembre. 

Pendant six ans, les parties civiles ont attendu que le dossier rebondisse. Ce mercredi 22 septembre, un nouveau procès en appel s’est ouvert à Kinshasa dans l’affaire de l’assassinat du célèbre défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya et de son collègue Fidèle Bazana, le 1er juin 2010. L’audience publique, qui s’est déroulée à la prison militaire de Ndolo, avait été convoquée par la Haute cour militaire la veille, en réponse à l’appel interjeté par deux protagonistes de l’affaire : le major Christian Ngoy Kenga Kenga et le sous-commissaire adjoint Jacques Mugabo.

Lors du procès en premier instance, en juin 2011, ces deux policiers avaient été condamnés à mort par contumace, tout comme le major Paul Mwilambwe, toujours en fuite, et le colonel Daniel Mukalay, principal haut gradé alors présent sur le banc des accusés. À l’issue de la procédure en appel, en 2015, ce dernier a vu sa sentence commuée en une peine de quinze ans de prison.

Très critiquées, notamment par les familles des deux victimes, ces deux procédures s’étaient déroulées en l’absence de nombreux suspects, pour la plupart en cavale à cette époque. John Numbi, le patron de la police congolaise, avec lequel Chebeya avait rendez-vous le soir du meurtre, n’avait comparu qu’en première instance et sous le statut de simple témoin. Depuis plus de dix ans, il est considéré par les parties civiles comme le principal commanditaire de l’assassinat.

Renvoyé au 6 octobre

Le procès qui s’est ouvert ce mercredi est donc la poursuite, pour Christian Ngoy Kenga Kenga et Jacques Mugabo, de la procédure entamée en 2011. Selon l’un des avocats des parties civiles, maître Richard Bondo, présent à l’audience, Christian Ngoy Kenga Kenga a refusé de venir à la barre et de faire des déclarations devant la cour, car il n’était pas assisté d’un avocat. « Il a aussi demandé que son rôle au service de l’État depuis qu’il a rejoint l’armée soit reconnu », poursuit l’avocat des familles Chebeya et Bazana. Jacques Mugabo attend lui aussi d’avoir un avocat. L’affaire a donc été renvoyée au 6 octobre.

Paul Mwilambwe, l’autre condamné à mort par contumace dans le procès en première instance, vit pour toujours en exil. Premier à avoir brisé le silence autour de cette affaire, en 2012, il réside actuellement en Belgique, après être passé par le Sénégal. « Nous allons faire une requête à la cour pour demander son extradition », assure à Jeune Afrique maître Richard Bondo. Contacté par le magazine, Mwilambwe dit n’attendre « que son acquittement ». Et d’expliquer : « J’ai été sollicité, par le biais de la Monusco au début de l’année pour rentrer au pays et témoigner, mais je considère que ma sécurité sur place n’est pas garantie. »

Onze ans après le meurtre de l’emblématique patron de l’ONG la Voix des sans voix et de son collègue et chauffeur, cette nouvelle procédure judiciaire va-t-elle permettre d’en savoir plus sur le déroulement de cette macabre soirée du 1er juin 2010 ?

Nouveaux témoins

Si l’affaire rebondit à nouveau six ans après, c’est avant tout grâce aux nombreuses avancées survenues au cours de ces derniers mois. En juillet 2020, le général quatre étoiles John Numbi – inspecteur général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) visé depuis 2016 par des sanctions internationales – est écarté de son poste et laissé sans nouvelle affectation.

Rentré dans sa ferme de Lubumbashi, il assiste quelques semaines plus tard à l’arrestation du major Christian Ngoy Kenga Kenga, interpellé dans la capitale du Haut-Katanga sur la base d’un mandat de la justice militaire. Proche collaborateur de Numbi depuis plusieurs années, il est soupçonné d’être le chef du commando qui a tué Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.

En février dernier, c’est un autre membre présumé de ce commando, le policier Jacques Mugabo, qui a été arrêté, tout comme le brigadier-chef Doudou Ilunga, interpellé le 24 août. Les trois hommes ont en commun d’avoir été interpellés à Lubumbashi, où plusieurs membres du commando auraient été exfiltrés après le meurtre. Ils appartiennent  surtout au redoutable bataillon Simba, sorte de police dans la police aux ordres de Numbi, dont Christian Ngoy Kenga Kenga était le commandant.

Outre ces arrestations, l’attention autour de ce dossier a surtout été relancée par les témoignages de trois policiers en exil, Hergil Ilunga, Alain Kayeye Longwa d’abord, puis Erick Kibumbe Banza, dit Saddam. Ils ont, pour la première fois, reconnu leur participation au double assassinat.

L’ombre de John Numbi

Reste qu’en dépit des avancées, des nouveaux témoignages et de cette nouvelle procédure, il est difficile pour les parties civiles de ne pas penser au principal absent de cette audience, celui qu’elles considèrent comme le commanditaire majeur du crime : le général John Numbi. Proche de Kabila, qu’il connaît depuis son passage dans l’AFDL, le puissant général est présenté depuis le début de l’affaire comme le cerveau de l’opération. Il a été directement mis en cause par les policiers qui ont témoigné en exil, mais il n’avait jusque-là pas été directement poursuivi dans ce dossier.

Retranché pendant des mois dans sa ferme de la périphérie lushoise, où il fait depuis plusieurs années des affaires dans différents domaines, John Numbi a finalement quitté la RDC fin mars. Des sources sécuritaires congolaises assurent qu’il est passé par le Zimbabwe mais il demeure introuvable, alors qu’il est officiellement poursuivi par la justice militaire pour « association de malfaiteurs » et « assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana » depuis le 14 avril 2021. Les enquêtes le concernant ont été bouclées par l’auditorat militaire et l’affaire renvoyée au niveau de la Haute cour militaire.

« Nous attendons désormais d’être notifiés mais encore faudrait-il que des démarches soient entreprises pour savoir où il se trouve », s’inquiète maître Bondo. « La réouverture du procès nous redonne un peu d’espoir mais nous attendons surtout que tous les membres du commando comparaissent enfin. Nous avons déjà connu beaucoup de déceptions dans cette affaire. Cette fois nous voulons voir Numbi et les autres à la barre », a commenté Annie Chebeya, la veuve de Floribert Chebeya, depuis le Canada, où elle réside.

Avec Jeune Afrique par Romain Gras

Affaire Chebeya en RDC : le général John Numbi a fui le pays

mars 22, 2021
John Numbi au tribunal, à Kinshasa, en janvier 2011.

Jamais mis en cause mais régulièrement soupçonné d’avoir été le commanditaire de l’assassinat de Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, le général John Numbi, introuvable depuis plusieurs semaines, a quitté le pays, selon plusieurs sources sécuritaires.

Où se trouve le général John Numbi ? C’est la question qui anime les services de sécurité et l’entourage présidentiel depuis ce week-end. Longtemps l’un des généraux les plus en vue de l’armée congolaise, ce haut gradé, sous sanctions internationales, très proche de l’ancien président Joseph Kabila, était retiré depuis plusieurs mois dans sa ferme de Lubumbashi, dans le Haut-Katanga. Introuvable ces dernières semaines, l’ex-inspecteur général des forces armées congolaises a, selon nos informations, bel et bien fui le pays.

L’information, qui a circulé dès le 20 mars sur le compte Twitter de Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj), a été confirmée à Jeune Afrique par plusieurs sources sécuritaires. La destination exacte du général Numbi reste cependant encore incertaine. « Les services qui ont perquisitionné sa ferme n’ont pas pu le retracer », précise une source sécuritaire, qui affirme que le général de 59 ans « a d’abord été aperçu en Zambie ». Une seconde source, dans l’entourage de Félix Tshisekedi cette fois, confirme que John Numbi a pris la direction du Zimbabwe.

La rencontre Kabila-Mnangagwa

Ni Harare, ni Kinshasa n’ont à ce stade confirmé que le général s’y était réfugié. Le Zimbabwe est néanmoins un pays dont l’administration Kabila était très proche. L’ancien président s’y est d’ailleurs rendu le 2 mars dernier, à la fin d’une tournée qui l’a mené à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, et Dar es Salaam, en Tanzanie. À l’occasion de son escale à Harare, l’ancien président avait, selon nos informations, dîné avec le chef de l’État Emmerson Mnangagwa.

Mis à l’écart de l’armée en juillet 2020 à l’issue d’un vaste remaniement au sein des Forces armées de la RDC (FARDC), John Numbi était ces dernières semaines confronté aux nouvelles révélations de deux policiers dans l’affaire de l’assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana, les deux défenseurs des droits de l’homme tués en juin 2010. Deux procès ont eu lieu et quatre condamnations à mort ont été prononcées dans cette affaire emblématique de la dernière décennie, mais le général John Numbi, régulièrement soupçonné par les parties civiles d’être le commanditaire de ce crime, n’a jamais été inquiété. L’homme, qui était le patron de la police congolaise au moment des faits, a toujours nié le rôle qui lui est prêté dans cette affaire.

Depuis les révélations des deux policiers, l’étau a semblé progressivement se resserrer autour du général Numbi, alors que la justice s’intéresse à plusieurs autres protagonistes de l’affaire Chebeya. Jacques Mugabo, condamné à la peine de mort par contumace en 2011, a été arrêté mi-février dans le Katanga, où il vivait caché depuis plusieurs années. Le général Zelwa Katanga – dit Djadjidja -, également cité par les deux policiers comme ayant été l’un des commanditaires,  a quant à lui été placé en résidence surveillée. Deux rebondissements qui interviennent plusieurs mois après l’arrestation, en septembre 2020, du major Christian Ngoy, très proche collaborateur de Numbi.

Avec Jeune Afrique par Romain Gras et Stanis Bujakera Tshiamala

RDC/Affaire Floribert Chebeya : Maïck Lukadi exhorte à la réouverture du procès

juin 1, 2020

 

Dix ans après ce double assassinat, le président de l’ONG Assistance aux personnes vulnérables et enfants du Congo pense que la réouverture de ce procès permettra de connaître la vérité sur cette affaire et condamner les coupables.

 

Dix ans après l’assassinat du défenseur des droits de l’homme et directeur exécutif de la Voix des sans-voix pour les droits de l’homme, Floribert Chebeya, et son chauffeur et membre de cette ONG, Fidèle Bazana, le président de l’ONG Assistance aux personnes vulnérables et enfants du Congo (APVEC-ONGDH), Maïck Lukadi, exige de l’Etat congolais, la réouverture de ce procès. Dans un point de presse tenu le 1er juin à Kinshasa, Maïck Lukadi, qui s’est associé à d’autres activistes des droits de l’homme, se convainc que la réouverture de ce procès permettra que la vérité sur ce double assassinat soit connue et que les coupables subissent la rigueur de la loi.

Violations des droits de l’homme pendant la période de l’état d’urgence

Le président de l’APVEC-ONGDH a profité de cette rencontre avec la presse pour dénoncer les violations des droits de l’homme pendant la période de l’état d’urgence sanitaire due à la pandémie du coronavirus. Maïck Lukadi a, en effet, fait constater que le monitoring réalisé par son organisation sur le terrain pendant la période d’état d’urgence à Kinshasa a relevé certaines mauvaises pratiques et violations des droits de l’homme commis par les éléments des forces de l’ordre commis dans les opérations liées à cette dite période. « Nous assistons à une série de spectacles très désolants et décevants, qui sont contraires au respect des droits de l’homme. Toutes ces violations sont commises par les agents de l’Etat », a-t-il affirmé.

Selon le président de l’APVEC-ONGDH, ces agents de l’Etat ont transformé des mesures des restrictions liées à la pandémie du coronavirus en tracasseries de la population. A en croire Maïck Lukadi, des cas de violations des droits de l’homme répertoriés en infra sont notamment les droits à la vie, à la santé, à la liberté et à la sécurité de la personne, ainsi que les droits à l’intégrité physique, à la propriété, etc. Il en appelle ainsi aux responsables de ces services et aux gouvernements national et provinciaux en vue d’appeler à l’ordre ces services et les contraindre au respect des droits de l’homme. « Je profite de cette occasion pour exhorter nos compatriotes congolais au respect strict de mesures barrières mais également à la préservation des droits de l’homme, surtout en cette période liée à l’état d’urgence », a insisté Maick Lukadi. Je demande, a-t-il poursuivi, à l’Etat congolais de veiller et à assurer la promotion et la protection des droits de l’homme à ses citoyens et à chaque instant.

Le président de l’APVEC-ONGDH était accompagné, lors de ce rendez-vous avec la presse, de certains de ses collègues et membres du comité directeur de son organisation dont l’inspecteur général Charles Mukundi, le pasteur Michel Béni Beya, et le chargé d’éthique Tshiasuma Mbuyi Lukoji. Il est rappelé que les deux défenseurs des droits de l’homme ont été assassinés en 2010 dans les locaux de la police nationale congolaise. Dans le cadre du procès organisé, certains policiers dont le colonel Mukalay ont été condamnés mais les proches de deux victimes estiment que le principal accusé dans cette affaire, le général John Numbi, avait échappé aux poursuites.

 

Avec Adiac-Congo par Lucien Dianzenza

Un ex-policier congolais demande son extradition du Sénégal

juin 11, 2019

Le palais de justice de Dakar

Paul Mwilambwe a été condamné à mort par contumace pour son rôle présumé dans l’assassinat d’un militant des droits humains.

Cet ex-policier congolais vivant à Dakar et condamné pour son rôle présumé dans l’assassinat d’un militant des droits humains en 2010 à Kinshasa, a annoncé mercredi qu’il demandait son extradition du Sénégal vers la République démocratique du Congo (RDC).

« J’attends la réaction de ces deux Etats », a déclaré à l’AFP cet ancien cadre de la police, Paul Mwilambwe, joint au téléphone à Dakar.

« Je veux que la République démocratique du Congo demande mon extradition parce que je vis caché au Sénégal depuis cinq ans et je n’ai toujours pas été jugé. Je veux simplement que la justice fasse son travail », avait-il déclaré dans un entretien à l’hebdomadaire Jeune Afrique publié le 2 juin.

Le corps du défenseur des droits humains, Floribert Chebeya, a été retrouvé le 2 juin 2010 dans sa voiture à la périphérie de Kinshasa.

La veille, il avait été convoqué dans les locaux de la police de Kinshasa pour y rencontrer son chef, le général John Numbi.

Son chauffeur, Fidèle Bazana, avait disparu ce même 1er juin au soir, après l’avoir accompagné au rendez-vous avec la police. Son corps n’a jamais été retrouvé, et la justice a conclu en première instance qu’il avait été assassiné, tout comme Floribert Chebeya.

A l’issue d’un procès, deux officiers ont été condamnés à mort. Trois autres, dont Paul Mwilambwe, qui étaient en fuite, ont été condamnés à mort par contumace.

Dans l’interview à Jeune Afrique, Paul Mwilambe promet de témoigner contre l’ex-chef de la police, le général John Numbi, promu inspecteur général de l’armée et contre l’ancien président Joseph Kabila.

Chebeya était la figure de l’ONG la Voix des sans voix. Lors d’un hommage mercredi à Kinshasa sur la tombe de Chebeya, la Voix des sans voix a demandé au nouveau président Félix Tshisekedi « la réouverture du procès de l’assassinat de Floribert Chebeya ».

Par Bbc.com

RDC: perpétuité requise pour les policiers accusés du meurtre du militant Chebeya

août 13, 2015

Kinshasa – Le ministère public a requis jeudi la prison à perpétuité dans le procès en appel de cinq policiers accusés de l’assassinat, en juin 2010, du militant des droits de l’Homme Floribert Chebeya, a constaté une journaliste de l’AFP.

Le procureur a requis une peine de servitude pénale à perpétuité pour association de malfaiteurs et assassinat contre les cinq prévenus présents devant la Haute cour militaire de la République démocratique du Congo.

Ce réquisitoire rejoint les demandes formulées par les avocats des parties civiles dans leur plaidoirie de la semaine dernière.

Fondateur de l’ONG la Voix des sans-voix (VSV), Chebeya a été retrouvé mort le 2 juin 2010, après avoir été convoqué au siège de l’inspection générale de la police pour y rencontrer le général John Numbi, qui était alors chef de la police.

Le général, suspendu de ses fonctions peu après l’assassinat, a toujours nié avoir donné ce rendez-vous, mais les parties civiles le considèrent comme le suspect numéro un, dans ce crime d’État dont, selon elles, Chebeya a été victime.

Quant au chauffeur de Chebeya, Fidèle Bazana, il a disparu après l’avoir déposé à ce rendez-vous, et la justice a conclu qu’il avait lui aussi été assassiné. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Le réquisitoire du ministère public répond à la mémoire des défenseurs des droits de l’Homme Chebeya et Bazana qui se sont battus tout au long de leur vie contre la peine capitale, s’est réjoui Me Richard Bondo, avocat des parties civiles.

Pour Me Bokata Ikundaka, avocat du principal accusé, le colonel Daniel Mukalay, le réquisitoire est extrêmement dur. En terme de droit, c’est quelque chose de lourd et de sérieux, a-t-il ajouté.

Me Didier Dimina, avocat du colonel Georges Kitungwa Amisi, acquitté en première instance, a de son côté indiqué qu’il va plaider pour montrer que l’accusation (…) n’est fondée que sur des simples affirmations [sans] preuve.

Militant connu et respecté, M. Chebeya était devenu très critique vis-à-vis du pouvoir du président Joseph Kabila, à la tête de la RDC depuis 2001.

Les avocats de la défense doivent commencer leur plaidoirie le 20 août.

Au terme du procès en première instance, en 2011, et après une enquête dénoncée comme bâclée par les parties civiles, des organisations de défense des droits de l’Homme et plusieurs chancelleries occidentales, quatre policiers avaient été condamnés à mort (dont trois par contumace). Un autre avait été condamné à perpétuité et trois agents acquittés.

Le procès en appel s’est ouvert en juin 2012. Après près de deux ans d’interruption, il a repris en avril de cette année.

La Haute Cour a alors décidé rapidement de suspendre les poursuites en appel contre trois des policiers condamnés à mort et aujourd’hui en fuite.

L’un d’eux, le major Paul Mwilambwe, contre qui une procédure est ouverte au Sénégal dans le cadre de l’affaire Chebeya, a mis en cause le général Numbi dans la mort du militant.

Romandie.com avec(©AFP / 13 août 2015 19h34)

RDC : quatre condamnations à mort dans l’affaire Chebeya

juin 23, 2011

Quatre officiers de police congolais ont été condamnés à mort pour l’assassinat de Floribert Chebeya, dont l’ex-adjoint de l’ancien chef de la police John Numbi. Un autre militaire a écopé d’une peine de perpetuité et trois autres ont été acquittés.

Après un report inexpliqué d’une semaine, le verdict est enfin tombé dans l’affaire de l’assassinat de Floribert Chebeya, militant des droits de l’homme congolais (RDC) retrouvé mort le 2 juin 2010 dans sa voiture à la périphérie de Kinshasa, et de la disparition de son chauffeur, Fidèle Bazana, dont le corps n’a jamais été retrouvé.

Quatre policiers congolais – et non pas cinq comme le réclamait le ministère public – ont été condamnés à la peine de mort. Il s’agit du colonel Daniel Mukalay, chef adjoint des services spéciaux de la police, et de trois officiers en fuite : le lieutenant-colonel Christian Ngoy, chef du bataillon d’élite Simba, le garde du corps de ce dernier, l’adjudant Jacques Mugabo, et Paul Milambwe, le chef du protocole à l’inspection générale (IG) de la police.

Réclusion à perpetuité

Le lieutenant Michel Mwila a quant à lui été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité dans l’assassinat de Chebeya et l’arrestation et la détention arbitraire de Fidèle Banzana. Enfin trois autres policiers présents au procès, contre lesquels une peine de 20 ans de prison avait été requise, ont été acquittés par la cour militaire de Kinshasa.

La veille de son assassinat, Chebeya s’était rendu avec son chauffeur à l’IG pour un rendez-vous avec le chef de la police congolaise, l’inspecteur général John Numbi, suspendu depuis de ses fonctions. Lequel n’a jamais été inquiété par la justice congolaise, au grand dam de toutes les associations de défense des droits de l’homme. (avec AFP)

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RDC: verdict attendu pour les policiers accusés de l’assassinat de Chebeya

juin 16, 2011

La cour militaire de Kinshasa doit rendre jeudi son verdict dans le procès de huit policiers accusés de l’assassinat du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, début juin 2010 dans la capitale de la République démocratique du Congo.

Seuls cinq prévenus, qui ont toujours nié les faits, ont comparu devant la cour, les trois autres étant en fuite.

Débuté le 12 novembre 2010, à raison de deux audiences par semaine, le procès s’est tenu à la prison centrale de Kinshasa, préférée à la cour militaire exiguë.

La peine de mort a été requise contre le colonel Daniel Mukalay, chef adjoint des services spéciaux de la police nationale (PNC) et un lieutenant, et 20 ans de prison sont demandés contre les trois autres accusés présents.

La peine capitale a aussi été réclamée pour les fugitifs: le lieutenant-colonel Christian Ngoy, chef du bataillon d’élite « Simba », son garde du corps et le chef du protocole à l’inspection générale (IG) de la PNC.

Militant respecté et connu, directeur-fondateur de l’ONG la Voix des Sans Voix (VSV), Floribert Chebeya, 47 ans, a été retrouvé mort le 2 juin 2010 dans sa voiture sur une route de Kinshasa, les poignets portant des marques de menottes.

La veille en fin de journée, il s’était rendu à l’IG pour un rendez-vous avec le chef de la PNC, l’inspecteur général (IPGN) John Numbi, suspendu depuis de ses fonctions. Son chauffeur, Fidèle Bazana, qui l’avait accompagné, n’a jamais été retrouvé.

M. Chebeya a été découvert le pantalon baissé à mi-cuisse et des préservatifs et des faux cheveux et ongles de femme se trouvaient notamment dans sa voiture. Une « grossière mise en scène » ont dénoncé les parties civiles: les familles des victimes, la VSV et une autre ONG de défense des droits de l’homme.

Selon le rapport d’autopsie, réalisée par des légistes néerlandais, Chebeya a succombé à un arrêt cardiaque après avoir subi des mauvais traitements, qui n’ont toutefois « pas joué un rôle significatif » dans le décès. La mort du militant avait suscité l’émotion et l’indignation en RDC et dans la communauté internationale.

Les parties civiles ont réclamé en vain l’arrestation du général Numbi, « suspect numéro un » selon elles. Entendu à l’audience, il a affirmé n’avoir « jamais » donné rendez-vous à M. Chebeya. Peu avant le rendez-vous, le militant avait envoyé un texto à sa femme: « Je vais rencontrer l’IGPN (. . . ), je vous préviens après l’entrevue ».

Selon le chef du quartier où le corps a été retrouvé, des habitant ont dit avoir vu le 2 juin vers 05H00 (04H00 GMT) deux jeep de la police arriver avec la voiture du militant, puis abandonner celle-ci et repartir. Un témoin camerounais, présent le 1er juin à l’IG, a déclaré y avoir vu M. Chebeya vers 20H00 (19H00 GMT), attendant non loin du bureau du colonel Mukalay, qui était lui-même présent. L’officier a toujours nié avoir été à cette heure à l’IG et que le militant soit venu à l’inspection.

« Si on se base uniquement sur le dossier judiciaire, ça ne peut être que l’acquittement de mon client. Mais comme il y a des éléments externes, politiques, il sera difficile que nous l’obtenions », a déclaré à l’AFP Me Bokata Ikunduka, avocat du colonel Mukalay, le présentant comme « un fusible qu’on fait sauter ». Mi-mai, l’évocation -non suivie d’effet- par la cour d’une requalification de l’assassinat en « homicide involontaire » avait suscité la colère des parties civiles qui s’étaient retirées des audiences.

« Les parties civiles n’ont plus confiance dans les juges », a déclaré à l’AFP l’un des avocats, Me Kabengela Ilunga. « Nous irons en appel, parce que le procès n’a pas été équitable », a estimé Dolly Ibefo, directeur exécutif de la VSV.

Jeuneafrique.com avec AFP