Posts Tagged ‘Forces démocratiques de libération du Rwanda’

RDC: l’armée annonce le lancement d’une offensive contre les rebelles rwandais

janvier 29, 2015

Beni (RD Congo) – L’armée congolaise a annoncé jeudi le lancement d’une offensive contre les rebelles hutu rwandais dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), planifiée par elle seule et non conjointement avec les Nations unies, comme prévu.

Nous lançons ce jour de nouvelles opérations contre les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), a déclaré à la presse le général d’armée Didier Etumba à Beni, dans le nord de la province du Nord-Kivu, déchirée par les conflits armés depuis plus de 20 ans.

C’est une opération des FARDC (Forces armées de la RDC), a ajouté le général Etumba, ce sont les FARDC qui ont fait le plan.

Ce n’est pas une opération conjointe FARDC-Monusco, tout a été planifié par les FARDC, a confirmé le général de corps d’armée brésilien Carlos Alberto dos Santos Cruz, commandant de la Force militaire de la Mission de l’ONU au Congo (Monusco).

Le gouvernement congolais et la communauté internationale avaient donné jusqu’au 2 janvier aux FDLR pour déposer les armes et se rendre, faute de quoi ils s’exposeraient à un désarmement forcé.

Le groupe rebelle n’a pas répondu à cette injonction. Le président congolais Joseph Kabila était sous forte pression internationale depuis plusieurs semaines pour donner son feu vert au plan d’opération conjoint établi par les FARDC et la Monusco.

Mais selon une source militaire, le chef de l’État n’a pas signé l’ordre d’attaquer conformément à ce plan.

L’annonce de l’offensive survient à la veille d’un sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, où la question de la stabilisation de l’est de la RDC sera abordée.

Plusieurs experts et diplomates doutent de la détermination de Kinshasa à lutter contre les FDLR, opposées au régime du président rwandais Paul Kagame.

Plusieurs chefs des FDLR sont accusés d’avoir participé au génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda et sont recherchés par la justice internationale et par Kigali.

Romandie.com avec(©AFP / 29 janvier 2015 13h54)

RDC-Rwanda: les arbres de la discorde

juin 15, 2014

RDC-Rwanda: les arbres de la discorde © AFP

RDC-Rwanda: les arbres de la discorde © AFP


« C’est chaque fois la même chose. Les Rwandais se déploient comme s’ils allaient attaquer. Ils avancent jusqu’à quelques mètres de nos positions, nous disent que cet arbre leur appartient et que nous devons le couper de gré ou de force.  »

L’eucalyptus est toujours là, mais l’incident se reproduit deux ou trois fois par semaine, assure ce lieutenant de l’armée congolaise déployé depuis quatre mois à la frontière entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda.

L’affaire se dénoue par un dialogue plus ou moins courtois, dit l’officier, qui déplore des « provocations » et « menaces » permanentes des soldats rwandais.

« Ils nous accusent de ne pas être des Congolais, mais des FDLR », les Forces démocratiques de libération du Rwanda, une milice hutu rwandaise installée au Congo et accusée d’avoir participé en 1994 au génocide des Tutsi de leur pays, ajoute l’officier natif de Kinshasa.

A Nakabumbi, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC, les hommes du 391e bataillon commando ont creusé une tranchée derrière une rangée d’eucalyptus qui marque, disent-ils, la frontière.

Tous les 30 mètres environ, une sentinelle, armée d’une mitrailleuse ou d’une kalachnikov, surveille ce qui se passe de l’autre côté. Chaque poste de garde est doté d’une petit abri de branchages où le soldat peut passer la nuit.

Un champ de maïs les sépare du bâtiment abritant des soldats rwandais et des habitations du village d’en face, à environ 300 mètres.

D’après le lieutenant, les Rwandais revendiquent également trois autres arbres un peu plus jeunes, situés à quelque distance le long de la ligne arborée. « Une fois, ils ont même envoyé un général », s’amuse-t-il.

– ‘Ils massacraient nos cultures’ –

La frontière congolo-rwandaise a connu un brusque regain de tension à quelques kilomètres de là, mercredi et jeudi. Des combats ont coûté la vie à cinq militaires congolais. La situation est revenue au calme depuis lors.

Majoritairement hutu, les habitants de Nakabumbi gardent un souvenir amer de l’intervention des troupes rwandaises lors des deux guerres du Congo (1996-1997 et 1998-2003), qui se sont accompagnées de nombreux massacres, et des vexations quotidiennes sous la coupe des milices rebelles congolaises à dominante tutsi, soutenues par le Rwanda, qui se sont succédé dans la région jusqu’à la chute de la dernière d’entre elles, le Mouvement du 23 Mars (M23), en novembre 2013.

Les trois arbres, « des Rwandais sont venus les planter au Congo à l’époque du RCD, et maintenant ils disent vouloir les couper », dit Deo Makombe, chef du groupement de Buhumba, dont dépend Nakabumbi.

Contrôlée en sous-main par Kigali, la milice du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) a administré la zone pendant la deuxième guerre du Congo.

Après sa victoire sur le M23, l’armée congolaise s’est déployée à Nakabumbi, à une centaine de mètres en retrait de la frontière.

Mais les soldats rwandais « envoyaient les civils (d’en face) avec leur bétail pour venir paître ici », accuse un villageois.

Alors les hommes du « bataillon américain » – ils ont été formés par les États-Unis – ont avancé leurs positions jusqu’à leur emplacement actuel.

Pendant des années, les habitants du village rwandais voisin ont pris de mauvaises habitudes, « ils venaient couper des arbres comme ils le voulaient et ils se moquaient de nous », ou alors ils venaient avec leurs troupeaux et « massacraient nos cultures », dit Moïse Rame, agriculteur veuf de 53 ans.

« Notre armée nous aide beaucoup. Maintenant, il n’y a plus d’infiltrations », ajoute-t-il.

Intrigué par le rassemblement de curieux provoqué par la présence de trois journalistes de l’AFP, un petit groupe de soldats rwandais s’approche des lignes congolaises mais reste à distance. « Comment ça va aujourd’hui? », leur lance en swahili (langue comprise largement en Afrique de l’Est) le capitaine escortant la presse. On répond par un pouce levé.

Mais pas question d’autoriser les journalistes à traverser pour écouter ce que ceux d’en face auraient à dire. « Cela compromettrait votre sécurité », affirme l’officier.

Jeuneafrique.com avec AFP

RDC: silence assourdissant de Kigali depuis la débâcle du M23

novembre 9, 2013

Le Rwanda, sous pression internationale pour lâcher le M23, est muré dans un silence assourdissant depuis la défaite du mouvement rebelle face aux troupes de la République démocratique du Congo (RDC) appuyées par l’ONU.

Les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), qui ont annoncé mardi renoncer aux armes après leur déroute, se sont réfugiés en masse en Ouganda – un pays également accusé de les soutenir – en attendant la signature, lundi, d’un accord de paix avec Kinshasa.

Une centaine de rebelles blessés ont aussi franchi la frontière rwandaise – la seule information lâchée depuis mardi par Kigali.

Sollicité plusieurs fois par l’AFP, le Rwanda, qui a toujours nié soutenir les rebelles congolais, n’a jamais donné suite.

Tout au plus la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo s’inquiétait-elle lundi soir sur une radio locale, alors que le M23 était « chassé du territoire » de la RDC, d’une progression vers les frontières de son pays des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda).

Parmi ces rebelles hutu rwandais figurent des auteurs du génocide rwandais contre les Tutsi en 1994, qui sévissent depuis dans l’est congolais et continuent, selon Kigali, de menacer son régime.

Le silence du Rwanda est d’autant plus remarqué qu’il tranche avec les menaces de riposte que proférait Kigali il y a quelques semaines contre l’armée de RDC quand des obus tombaient sur son territoire, à la frontière de la région congolaise du Nord-Kivu où s’affrontaient le M23 et les forces de Kinshasa.

Kigali est intervenu à plusieurs reprises, parfois déguisé en rébellion locale, dans l’ex-Zaïre, invoquant un droit de poursuite des rebelles des FDLR, notamment au cours des deux guerres régionales sur le sol congolais (1996-1997 et 1998-2003).

Dès la deuxième guerre du Congo, ses incursions au Nord-Kivu, riche province minière de l’est de la RDC qui attise les convoitises, lui valent des critiques.

Dissensions internes

Mais c’est surtout l’émergence de la rébellion la plus récente, le M23, qui déclenche les foudres d’alliés de poids comme les Etats-Unis.

Les rebelles du M23, qui combattaient l’armée congolaise depuis avril 2012, sont essentiellement des Tutsi congolais issus d’une précédente rébellion, déjà liée au Rwanda, et qui avaient été intégrés aux forces de RDC après un accord de paix en 2009.

Plusieurs de ses membres, dont son chef militaire Sultani Makenga, font l’objet de sanctions onusiennes et américaines pour des atrocités perpétrées au Nord-Kivu (meurtres, viols, recrutement d’enfants. . . ).

Pour protester contre le soutien rwandais aux rebelles, les Etats-Unis ont d’abord suspendu 200. 000 dollars d’aide militaire à ce petit pays de la région des Grands Lacs, puis pris de nouvelles sanctions début octobre, le privant au moins partiellement d’aide militaire pour 2014.

Londres, traditionnel allié, Stockholm, La Haye et Berlin ont également partiellement gelé leur aide, pour les mêmes raisons.

« Le Rwanda a poussé le bouchon un peu loin dans son pari sur le M23 », estime l’analyste indépendant belge Kris Berwouts.

Du coup, « les partenaires traditionnels du Rwanda sont allés bien au-delà des pires craintes » de Kigali, longtemps protégé par la culpabilité de l’Occident honteux de sa passivité lors du génocide, a ajouté M. Berwouts.

Selon les analystes, la débâcle du M23, en partie due à une intervention inhabituellement musclée de la brigade de l’ONU chargée de rétablir la paix dans la région, s’expliquerait aussi par d’intenses pressions du Conseil de sécurité et des Etats-Unis pour que Kigali ne réagisse pas lors de l’offensive.

« Kagame n’avait pas le choix » et ne pouvait pas intervenir, relevait un spécialiste de la région avant même l’annonce du dépôt des armes par le M23.

La discrétion du Rwanda, disent les analystes, s’explique aussi par des dissensions internes au sein du régime. A Kigali, une partie des hauts responsables resterait favorable à une présence et une influence au Nord-Kivu pour, au-delà des intérêts miniers, continuer d’y traquer les FDLR. Pour d’autres, le jeu n’en vaudrait plus forcément la chandelle.

Reste à savoir quelle sera l’attitude de la brigade de l’ONU vis-à-vis des FDLR et des nombreuses autres milices qui terrorisent les populations du Nord-Kivu depuis 20 ans.

Jeuneafrique.com avec AFP