Dans un entretien accordé au « Parisien », le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé l’accueil prochain de 2.000 soldats ukrainiens en France.
Soutenir l’Ukraine, sans jamais être dans la cobelligérance. Voici le défi auquel l’armée française est confrontée depuis le début de la guerre et de l’invasion du pays par la Russie. Cela s’est jusqu’ici traduit par de nombreuses livraisons d’armes, mais la France devrait aller un peu plus loin d’ici quelques semaines avec la formation sur le sol français de près de 2.000 soldats ukrainiens, comme l’a dévoilé le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, au journal Le Parisien. « Nous changeons d’échelle », s’est félicité le ministre.
Sébastien Lecornu a indiqué que le président avait « validé un plan de formation qui permettra d’accueillir jusqu’à 2.000 soldats ukrainiens en France ». Ceux-ci recevront une formation en trois niveaux, détaillés par le ministre. « D’abord, la formation généraliste du combattant. Ensuite, sur des besoins spécifiques signalés par les Ukrainiens, comme la logistique. Et un troisième niveau de formation sur les matériels fournis. » Actant que « la guerre va, hélas, durer », le ministre des Armées a par ailleurs précisé que des « rotations de contingents à former » seraient mises en place afin de « former une nouvelle génération de soldats, pour tenir dans la durée ».
Le ministre des Armées a par ailleurs tenu à souligner que les livraisons d’armes à l’Ukraine n’affaiblissaient en aucun cas l’armée française. « Il est vrai que la cession des 18 Caesar a pu déstabiliser des plans d’entraînement des unités d’artillerie. Mais rien de plus », concède-t-il. Quant à savoir si la France pourrait tenir en cas de guerre sur son territoire, Sébastien Lecornu affirme que le pays en a les moyens « grâce, notamment, mais pas uniquement, à notre dissuasion ».
A l’orée de la quinzième édition du festival d’humour « tuSeo » qui se déroulera en octobre à l’Institut français du Congo, le comité d’organisation invite les artistes congolais à postuler pour une formation en stand-up.
L’affiche de candidature/DR
Organisé sur le thème « Professionnalisons le stand-up », l’atelier de formation s’adresse spécialement aux humoristes, conteurs, comédiens passionnés ou évoluant dans le domaine du spectacle du rire. L’objectif de cette initiative est d’outiller les participants à l’écriture d’un texte pour la scène. Ce, dans la mesure où de nombreux artistes, quoiqu’ayant une carrière professionnelle prolifique, se butent quelques fois à cet exercice. Comme le soulignent les organisateurs, « cet atelier offert par l’Institut français du Congo et le festival tuSeo est un moyen de maîtriser des techniques d’écriture collectives pour écrire des sketchs et des textes de stand-up ». Par ailleurs, cette formation entend contribuer à la découverte de jeunes talents et soutenir des artistes en leur offrant la possibilité d’évoluer artistiquement, tant sur le plan national qu’international.
Les candidatures à cet atelier de professionnalisation au stand-up sont ouvertes jusqu’au 15 octobre au service de la communication de l’Institut français du Congo. La formation sera donnée par l’artiste franco-camerounais Saïdou Abatcha, invité spécial de cette quinzième édition du festival tuSeo. Des observations du monde contemporain au détournement des dons humanitaires, en passant par les dictatures, l’industrie envahissante… Saïdou Abatcha est un puits sans fond de proverbes africains assez hilarants et pleins de sagesse. Avec son parcours riche et inspirant, ce conteur-humoriste, magicien du langage, livrera aux participants son expertise et ses secrets professionnels qui lui ont, entre autres, permis dans la plupart de ses spectacles d’accrocher le public en toute finesse.
Notons qu’au terme de la formation les participants auront l’opportunité de restituer leur apprentissage en présentant des spectacles au cours de la tenue du festival tuSeo, prévu du 27 au 29 octobre à l’Institut français du Congo.
Des Taïwanais s’exercent au maniement d’armes à feu dans le cadre d’une formation destinée aux citoyens. Photo : Radio-Canada/Philippe Leblanc
La guerre en Ukraine et les tensions avec la Chine font peur à de nombreux Taïwanais qui se ruent sur les formations de maniement d’armes et de premiers soins. La Chine considère la petite île comme une partie de son territoire et promet de la reprendre.
Par un samedi matin suffoquant et collant à Taipei, dans un vieil entrepôt désert à la peinture défraîchie, une vingtaine de Taïwanais en tenue de sport manipulent des pistolets pour la première fois de leur vie.
Inspirés par la résistance ukrainienne et alarmés par la menace constante d’invasion chinoise, ils ont choisi d’apprendre les rudiments du maniement d’armes et de pratiquer leur tir avec des balles de plastique.
Welly Huang n’a aucunement l’air d’un guerrier. Il porte ses souliers de course habituels et un simple chandail bleu. Cet ingénieur est attentif. Il participe à cette formation avec sa famille en tête.
Si on se fie à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, c’est une bonne chose de se préparer et de se tenir au courant des plans de mobilisation et de défense du gouvernement, explique Welly Huang. Comme j’ai une famille, deux enfants, j’apprends à les protéger. Je dois le faire si la guerre inévitable devait arriver.
Dans un sondage effectué au mois de mai, plus de 60 % des Taïwanais disaient être prêts à prendre les armes pour défendre l’île contre la Chine. Mais Welly Huang doute de ces chiffres.
« Je pense qu’il n’y a que peu de gens qui sont vraiment prêts à défendre notre île. Peut-être que la majorité serait prête à se rendre. Mais Taïwan est une petite île, ce n’est pas l’Ukraine. Vous ne pouvez pas venir ici en voiture. Ça joue pour nous. »— Une citation de Welly Huang
À côté de lui, Wang Ying-jie pratique aussi son tir et écoute les conseils des enseignants, d’anciens militaires taïwanais. Elle porte un chandail à l’effigie de Franklin, personnage réfléchi et intelligent de la bande dessinée Charlie Brown.
Wang Ying-jie a des yeux espiègles qui cachent mal sa détermination. Elle n’hésitera pas à se défendre en cas d’invasion. Ce cours de base la rend déjà plus confiante en ses capacités.
Je ne veux pas avoir à le faire, mais je me défendrai, dit-elle. Je pense que je serais capable d’appliquer ce qu’on apprend ici. Les enseignants nous donnaient des informations claires et précises.
Ailleurs à Taipei, une autre fin de semaine, des hommes en vêtement d’armée courent avec des armes automatiques. Ils pratiquent une formation de guerre. Des cours plus poussés de guérilla urbaine sont offerts par l’organisation Polar Light Training.
La Chine compte 10 fois plus de soldats que Taïwan et 4 fois plus d’avions de chasse. Mais pour beaucoup de Taïwanais, la guerre en Ukraine prouve qu’ils pourraient résister eux aussi.
Les inscriptions à tous les types de formation de maniement de guerre et de protection du territoire offerts aux civils ont quadruplé depuis le début de la guerre en Ukraine qui exacerbe le sentiment de crise à Taïwan.
« Chaque fois que l’actualité rapporte l’augmentation des tensions entre la Chine et Taïwan, nous voyons le nombre d’inscriptions augmenter. La moitié des participants citent ces tensions comme motivation à suivre nos cours. D’autres parlent plutôt de la guerre en Ukraine. »— Une citation de Shen Zhi-liang, entraîneur de la formation de base de maniement d’arme
Dans un petit centre communautaire moderne situé derrière une église du centre-ville de Taipei, des dizaines de participants jouent aux médecins de fortune.
Un groupe s’entraîne à donner les premiers soins pour des blessés. Photo : Radio-Canada/Afore Hsieh
Vivre avec la menace sans pour autant être terrorisé
Les formations de premiers soins en temps de guerre sont aussi courues. Dans ces cours pratiques de quelques heures offerts chaque samedi matin cet été, les participants apprennent à arrêter un saignement abondant en appliquant de la pression ou en posant un garrot. On leur enseigne aussi quelques techniques d’évacuation rapide des blessés.
« Si la Chine nous attaque, il y aura beaucoup de blessés. Je veux pouvoir faire ma part. Ce n’est pas compliqué de savoir comment faire de la pression sur une plaie ou évacuer des blessés. On nous a aussi donné des exemples pour rester calmes en cas d’urgence. Je me sens un peu plus brave après ce cours. »— Une citation de Jo Yi Shao
La menace d’invasion chinoise fait partie du quotidien à Taïwan depuis longtemps. Les craintes et inquiétudes sont omniprésentes, mais pas paralysantes. On ne peut pas parler de terreur ou de Taïwanais terrifiés.
Ça ne nous empêche pas de vivre, soutient Enoch Wu de Forward Alliance qui organise les formations de premiers soins. Nous nous occupons de nos familles et nous allons travailler, mais nous avons toujours la menace d’invasion à l’esprit. C’est une menace nationale.
À la formation sur le maniement d’armes de poing, Welly Huang partage cette vision de la menace d’invasion chinoise.
Je ne peux pas dire que je suis inquiet en permanence, chaque jour. Je dois juste vivre et me réaliser avec cette menace. Mais je sais que cette invasion arrivera éventuellement. Peut-être dans un an, peut-être dans cinq ans.
Il croit qu’il ne peut que se préparer. Il compte continuer à pratiquer son tir.
Notre correspondant en Asie Philippe Leblanc sera basé à Taïwan pour les prochains mois, afin de nous faire découvrir cette île de près de 24 millions d’habitants, sa société et les défis qui l’animent. Et aussi afin de couvrir les enjeux d’actualité de toute la région Asie-Pacifique.
Le régiment Azov a bénéficié de la formation offerte aux militaires ukrainiens malgré la promesse canadienne de ne jamais s’aventurer dans cette voie.
Des militaires canadiens de l’opération Unifier ont formé des membres de la Garde nationale ukrainienne à Zolotchiv en novembre 2020. Photo : AVR Melissa Gloude, Forces Armées Canadiennes
Le Canada a dépensé près d’un milliard de dollars pour former des forces ukrainiennes depuis 2014. Des militaires du régiment Azov, connu pour ses liens avec l’extrême droite, ont profité de cet entraînement, selon des documents analysés par Radio-Canada.
Fondé par un néonazi notoire, le régiment Azov s’est fait connaître pour ses faits d’armes en 2014 contre les séparatistes prorusses, notamment à Marioupol, là où il combat de nouveau aujourd’hui. D’ailleurs, avec le repositionnement des forces russes dans le sud et dans l’est de l’Ukraine, le bataillon pourrait avoir un rôle central à jouer dans les futurs combats.
Lorsque Vladimir Poutine avance vouloir dénazifier l’Ukraine en envahissant ce pays, il fait notamment référence à cette unité controversée. Si l’effectif du bataillon s’est diversifié depuis son intégration au sein de la Garde nationale ukrainienne (GNU), il entretient toujours des liens avec l’extrême droite.
C’est en raison de ces affiliations fascistes qu’Ottawa répète d’ailleurs, depuis 2015, que jamais les Forces armées canadiennes (FAC) ne fourniront ou n’ont fourni d’entraînement ou de soutien à ce régiment ni à des unités affiliées.
Pourtant, des photos prises au centre de formation de Zolochiv de la garde nationale ukrainienneGNU, dans l’ouest de l’Ukraine, montrent le contraire. Les Forces armées canadiennesFAC ont bel et bien contribué à la formation des soldats du régiment Azov en 2020, au point où cette unité se targue maintenant de pouvoir former ses propres militaires selon les standards occidentaux.
Sur cette photo publiée sur les réseaux sociaux de la Garde nationale ukrainienne, on aperçoit un militaire qui porte un écusson du régiment Azov, alors qu’il participe à un entraînement auprès de militaires canadiens.
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Sur cette photo publiée sur les réseaux sociaux de la Garde nationale ukrainienne, on aperçoit un militaire qui porte un écusson du régiment Azov, alors qu’il participe à un entraînement auprès de militaires canadiens. Photo : Garde nationale ukrainienne. Photomontage : Charlie Debons, Radio-Canada
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Sur cette photo publiée sur les réseaux sociaux de la Garde nationale ukrainienne, on aperçoit un militaire qui porte un écusson du régiment Azov, alors qu’il participe à un entraînement auprès de militaires canadiens.Photo : Garde nationale ukrainienne. Photomontage : Charlie Debons, Radio-Canada
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Sur cette photo publiée sur les réseaux sociaux de la Garde nationale ukrainienne, on aperçoit un militaire qui porte un écusson du régiment Azov, alors qu’il participe à un entraînement auprès de militaires canadiens.Photo : Garde nationale ukrainienne. Photomontage : Charlie Debons, Radio-Canada
Selon Oleksiy Kuzmenko, un journaliste spécialiste de l’extrême droite ukrainienne, la présence de ces écussons suggère fortement que le régiment Azov a eu accès à l’entraînement militaire canadien.
L’écusson en question est fermement et exclusivement associé au régiment Azov, dit-il. Ces éléments de preuve démontrent que les militaires canadiens n’ont pas mis en place les mécanismes qui empêcheraient cette unité militaire d’extrême droite d’accéder à l’aide occidentale fournie aux forces militaires et de sécurité, dit le reporter, qui collabore notamment avec le média d’investigation en ligne Bellingcat(Nouvelle fenêtre).
Chercheur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), spécialiste de l’Ukraine, de l’extrême droite et du nationalisme ukrainien, Adrien Nonjon reconnaît lui aussi ce symbole sur les photos.
Je peux vous assurer avec une certitude absolue que c’est un écusson d’Azov, fait-il observer. Ce régiment se présente comme une formation d’élite et essaie d’inculquer ce modèle de dépassement de soi à ses combattants. Cela dit, on peut aussi imaginer que l’individu qui porte cet écusson est un ancien membre du régiment.
Sur cette photo prise par les Forces armées canadiennes, on aperçoit un militaire ukrainien qui porte un écusson de la 14e division de la Waffen-SS. Photo : AVR Melissa Gloude, Forces Armées Canadiennes Photomontage: Charlie Debons, Radio-Canada
Si, historiquement, cette division de la Waffen-SS n’a pas participé aux massacres de Juifs en Ukraine durant la Seconde Guerre mondiale, il n’en reste pas moins que l’image du lion doré et des trois couronnes est très controversée.
On ne s’en sort pas : [la Waffen-SS], c’est une bande de nazis, affirme le professeur et titulaire de la Chaire en études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa, Dominique Arel. En tant que division, ils ont été créés trop tard pour participer à l’Holocauste et ont été utilisés comme de la chair à canon par les Allemands. Mais il n’en demeure pas moins que la symbolique est forte. Les SS, c’est le groupe le plus criminel du 20e siècle.
Opération Unifier
Depuis 2015, le Canada a contribué à former 33 346 candidats des Forces de sécurité de l’Ukraine, dont 1951 éléments de la garde nationale ukrainienneGNU, dans le cadre de l’opération Unifier, selon le ministère de la Défense nationale(Nouvelle fenêtre). Le coût de ce programme s’élève à plus de 890 millions de dollars. Tous les six mois, environ 200 membres des Forces armées canadiennesFAC se relaient pour offrir de l’aide en matière d’instruction sur la force de sécurité. Tout ce personnel a été temporairement déplacé en Pologne jusqu’à ce que les conditions permettent une reprise de l’entraînement.
Les militaires canadiens ont travaillé en collaboration avec le Centre de formation de la Garde nationale ukrainienne à Zolochiv du 20 février 2019 au 13 février 2022, selon les Forces armées canadiennesFAC.
Interrogé sur la présence de ces écussons sur l’uniforme de militaires ukrainiens durant un entraînement mené par les Forces armées canadiennesFAC, le ministère de la Défense nationale a formellement nié avoir formé des membres du régiment Azov.
Les Forces armées canadiennesFAC n’ont jamais donné quelque formation que ce soit aux membres du bataillon Azov, assure par courriel le ministère de la Défense nationale. Les militaires participant à l’op Unifier ont toujours reçu l’ordre de ne pas s’entraîner avec les membres du bataillon Azov et de n’avoir aucun contact avec eux.
Le porte-parole du ministère convient cependant que les membres de l’op Unifier n’exercent aucune surveillance sur les personnes choisies pour assister aux cours ou aux séances de formation.
Des membres de la Garde nationale ukrainienne en formation de la part de militaires canadiens de l’opération Unifier le 22 janvier 2021. Photo : AVR Melissa Gloude, Forces Armées Canadiennes
Selon le ministère, il incombe à l’Ukraine d’effectuer les vérifications requises en ce qui concerne les militaires en formation.
Les Forces armées canadiennesFAC n’ont ni le pouvoir ni le mandat de faire enquête sur les militaires d’autres pays. Toutefois, le personnel de l’op Unifier a toujours eu l’obligation et le droit de demander au personnel de commandement des installations d’entraînement ou des académies militaires ukrainiennes de retirer des cours donnés ou supervisés par des membres des Forces armées canadiennesFAC tout soldat ukrainien qu’ils soupçonnent d’être inadéquat du point de vue des valeurs canadiennes ou du droit international.
Contacté par courriel, un représentant de la garde nationale ukrainienneGNU a réfuté que des éléments du régiment Azov aient pu participer à une formation auprès de militaires canadiens, malgré les écussons particuliers du régiment observés sur leurs propres photos. Quant à la période que vous mentionnez [novembre 2020], cette unité n’y a pas fait d’exercice, écrit un porte-parole. Et cette pièce ne fait pas partie de leur uniforme.
Les membres du régiment Azov n’ont pas répondu à nos requêtes par courriel ni sur le réseau Telegram.
Des membres du régiment Azov de la Garde nationale ukrainienne ainsi que des activistes du parti d’extrême droite Corps national et du groupe radical Secteur droit ont participé à un rassemblement pour marquer la Journée des défenseurs de l’Ukraine, à Kiev, en octobre 2016. Photo: Reuters/Gleb Garanich
Former Azov par la bande
Le 18 août 2021, un communiqué publié sur le site web de la garde nationale ukrainienneGNU avançait par ailleurs que des éléments du régiment Azov (aussi connu sous le nom de détachement spécial de l’unité militaire 3057) avaient reçu un entraînement auprès d’instructeurs formés selon un programme élaboré avec la participation de représentants de l’opération Unifier, appelé PR-1.
Le premier groupe de chasseurs de l’unité militaire 3057 a commencé à s’entraîner dans le cadre du programme de formation de base des soldats selon les normes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN […], peut-on y lire. Un tel cours en Ukraine n’a lieu qu’au Centre de formation de la Garde nationale ukrainienne à Zolochiv […]. Le programme de formation de base des soldats est la première étape de la croissance du système de formation professionnelle de la Garde nationale d’Ukraine. Il a été élaboré conjointement avec des représentants de l’opération Unifier selon les normes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN.
Un communiqué publié sur le site web du régiment Azov au mois d’août 2021 précise que 35 combattants ont participé à cette formation.
Au mois d’octobre, Azov se targuait de former 33 cadets selon le programme PR-1, mais cette fois-ci dans ses propres installations, grâce aux entraînements reçus à Zolochiv. On y mentionne aussi que, pour le prochain cours, les instructeurs sont prêts à accepter deux fois plus de militaires et à dispenser régulièrement une telle formation.
Questionné sur cette formation offerte par des instructeurs d’Azov, élaborée avec des représentants de l’opération Unifier selon les normes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN, le ministère canadien de la Défense nationale affirme ne pas être au courant.
La garde nationale ukrainienneGNU et toutes ses sous-organisations, comme le Centre de formation de Zolochiv – où les membres des Forces armées canadiennesFAC opéraient –, ont toujours été pleinement conscients et ont convenu que le ministère de la Défense nationale et les FAC ne formeraient pas les membres du régiment Azov et n’auraient pas de contacts avec eux, indique un porte-parole par courriel. De plus, la [garde nationale ukrainienneGNU] a toujours accepté de prendre des mesures pour éviter des interactions.
La garde nationale ukrainienneGNU n’a pas donné suite à notre demande à ce sujet.
Dépolitisé ou néofasciste?
Le régiment Azov, qui participe à la défense de la ville de Marioupol, dévastée par l’armée russe, est une unité très controversée en Ukraine, comme ailleurs.
Les autorités russes utilisent le spectre d’Azov pour justifier l’invasion de l’Ukraine. Dans un discours diffusé quelques minutes avant le début de l’invasion, le 24 février, Vladimir Poutine avait déclaré chercher à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine, alors que le président du pays, Volodymyr Zelensky, est juif. Le 10 mars, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a justifié le bombardement d’une maternité à Marioupol par la présence du bataillon Azov et d’autres radicaux sur place.
Le président de la Russie, Vladimir Poutine, a déclaré chercher à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine au cours d’un discours télévisé le 24 février 2022. Photo: AP
Créé par le néonazi Andriy Biletsky, le régiment Azov compterait aujourd’hui 10 000 combattants sur les quelque 200 000 soldats de l’armée ukrainienne, selon son fondateur.
Il s’agit donc d’une entité minoritaire, bien loin de ce que laisse supposer la propagande de Vladimir Poutine.
Les quelque 800 combattants qui le composaient à l’origine, durant la guerre du Donbass, ont contribué à reprendre la ville de Marioupol aux séparatistes prorusses en 2014. De nombreux volontaires étaient issus de la formation ultranationaliste Patriote d’Ukraine et de l’Assemblée sociale nationale, d’allégeance néofasciste.
Andriy Biletsky a siégé au Parlement de 2014 à 2019. Si son discours s’est affiné depuis, il a mentionné en 2008 que la mission de l’Ukraine consiste à mener les races blanches du monde dans une croisade finale… contre les Untermenschen [les sous-humains] dirigés par les Sémites.
En juin 2015, le Canada a annoncé qu’il ne soutiendrait pas et n’entraînerait pas ce régiment. En visite à Kiev, le ministre de la Défense nationale de l’époque, Jason Kenney, l’avait alors qualifié (Nouvelle fenêtre)d’un petit nombre de pommes pourries.
Le bataillon Azov a été intégré à la garde nationale ukrainienneGNU en 2014 à la suite des premiers accords de Minsk. Il serait donc dépolitisé, selon le chercheur à l’INALCO Adrien Nonjon. Il n’aurait alors plus de liens avec le Corps national, le parti du fondateur du régiment Azov, Andriy Biletsky.
Des volontaires ukrainiens du bataillon Azov avec leurs drapeaux ont fait une démonstration de force lors de la Journée des volontaires ukrainiens à Kiev, en Ukraine, le samedi 14 mars 2020. Photo : AP/Eprem Lukaktsky
Tant les séparatistes que l’Ukraine se sont engagés dans une volonté de désescalade, fait-il observer. Ils ont intégré ces éléments subversifs pour pouvoir les surveiller et les contrôler. C’est un corps militaire comme un autre et je dirais même que c’est une unité d’élite au sein de la Garde nationale ukrainienne. On pourra toujours dire qu’il y a des liens qui existent, mais ils sont plutôt informels, basés sur une camaraderie, parce qu’ils ont tous été au front.
Toutefois, pour Oleksiy Kuzmenko, qui est aussi l’auteur d’un rapport pour l’université George Washington(Nouvelle fenêtre) sur les contacts entre les militaires occidentaux et des membres du groupe d’extrême droite ukrainien Ordre militaire Centuria, il ne fait aucun doute que le régiment Azov entretient toujours des liens avec le parti d’extrême droite Corps national, malgré un vernis politiquement correct.
Pour commencer, jusqu’au début de la nouvelle agression de la Russie, le centre de recrutement du régiment à Kiev partageait un emplacement avec les bureaux du parti au centre ATEK d’Azov. Il est aussi important de souligner que le chef actuel du régiment, Denis Prokopenko, et son adjoint, Svyatoslav Palamar, sont tous deux membres depuis 2014 et ont servi sous Biletsky. Le fondateur du régiment Azov et d’autres leaders du Corps national ont d’ailleurs continué à visiter le régiment avant la guerre. J’ajouterais aussi qu’en 2019, le régiment s’est rangé du côté du mouvement civil lorsqu’il a perturbé la campagne de réélection du président Petro Porochenko. Finalement, la faction armée d’Azov a accueilli l’aile jeunesse du Corps national en août 2021 dans le cadre d’un entraînement.
Dans de récents communiqués publiés sur la plateforme Telegram, un porte-parole du régiment dénonce le manque d’implication de l’Occident dans le conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie. Une des unités les plus motivées de notre pays, le régiment Azov, est qualifiée de fasciste et de nazie […]. On nous interdit d’obtenir des armes et de nous entraîner avec des instructeurs de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN, nos réseaux sociaux ont été bloqués, etc. Les vrais fascistes sont non pas les combattants du régiment Azov mais bien les dirigeants russes et l’armée russe, qui ont eu l’audace d’appeler la guerre en Ukraine une « opération spéciale de dénazification ».
Il reste que, selon le chercheur Dominique Arel, le régiment Azov n’est pas dépolitisé du tout. Par contre, il s’interroge quant à la pertinence d’aborder cette question alors que l’Ukraine subit l’invasion russe.
Des milliers de civils sont toujours coincés à Marioupol, qui est bombardée quotidiennement par les forces russes. Photo : AFP via Getty Images/Aris Messinis
C’est une branche qui est dangereuse, admet-il. Mais en ce moment, ils ne tabassent pas de Roms dans la rue : ils défendent leur pays. Les fascistes, ce sont les Russes qui terrorisent les populations civiles. Après la guerre, ça pourrait poser problème que l’extrême droite se retrouve armée. Mais actuellement, au-delà du régiment Azov, c’est une très bonne chose que l’Armée canadienne ait formé les forces ukrainiennes. On voit les résultats exceptionnels sur le terrain. Sur le sol, à Marioupol, l’armée, dont le régiment Azov, résiste toujours.
Nommés récemment par le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, huit ambassadeurs congolais suivent, du 14 au 19 mars, une formation à l’institut Edgmont à Bruxelles, consacrée à laprise de fonctions de la direction d’un poste diplomatique.
Les ambassadeurs congolais et les représentants de l’institut Edgmont
Les ambassadeurs en formation sont Christian Ndongala Nkuku, ambassadeur plénipotentiaire de la République démocratique du Congo (RDC) près le Royaume de Belgique, le Royaume des Pays-Bas, le Grand-Duché de Luxembourg et Mission auprès l’Union européenne ; Paul Empole Efambe, représentant de la RDC auprès des institutions internationales basées à Genève ; Fidèle Mulaja Binene, amabssadeur de la RDC en Afrique du Sud ; Gilbert Naiya Nabina, ambassadeur de la RDC en Côte d’Ivoire ; John Nyakeru, ambassadeur de la RDC au Kenya ; Marie-Hélène Mathey Boo, ambassadrice de la RDC aux États-Unis ; Isabel Machik Tshombe, ambassadrice de la RDC en France et Ivan Vangu Ngimbi, ambassadeur de la RDC en Russie.
La semaine de formation est consacrée à un échange sur les questions diplomatiques et sur le rôle et le fonctionnement des postes bilatéraux et multilatéraux. La journée du 14 mars avait été consacrée à une discussion sur les relations bilatérales.
Selon Hugues Chantry, directeur général de l’institut Edgmont, les nouveaux ambassadeurs bénéficieront des « compétences techniques » comme la prise de parole en public. En outre, a—t-il fait savoir, cette formation s’adresse aux personnes ayant de l’expérience, mais qui exercent pour la première fois le rôle d’ambassadeur, après leur nomination par le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Il a ajouté que cette initiative s’inscrit également dans la redynamisation des relations bilatérales belgo-congolaises décidée lors de la visite officielle que le chef de l’Etat congolais avait effectuée en Belgique, en septembre 2019, et qui avait mis fin à une longue crise diplomatique, entre Bruxelles et Kinshasa, à l’époque de son prédécesseur, Joseph Kabila Kabange.
L’Institut royal des relations internationales est un groupe de réflexion indépendant basé à Bruxelles. Ses recherches interdisciplinaires sont menées dans un esprit de totale liberté académique et s’appuient sur l’expertise de ses propres chercheurs, ainsi que sur celle des spécialistes externes belges et étrangers, pour fournir des analyses et des options politiques qui se veulent aussi opérationnelles que possible.
Depuis 2014, a rappelé Hugues Chantry, grâce au soutien de l’agence belge de développement Enabel, l’institut Edgmont conseille également l’École nationale d’administration de Kinshasa, qui forme de hauts fonctionnaires congolais.
Ce défenseur des cultures afro-caribéennes anime son émission musicale sur RFI depuis vingt-six ans, tout en faisant de la juste représentation des Noirs de France son cheval de bataille. Il projette désormais de créer son propre parti.
« J’en refuse beaucoup ! », affirme l’homme de radio en évoquant les nombreuses invitations qu’il reçoit. À peine rentré d’un rendez-vous pour préparer le prochain sommet Afrique-France qui se tenait le 8 octobre à Montpellier, Claudy Siar prend le temps de nous accueillir dans son bien confortable appartement parisien situé dans le très chic 16e arrondissement.
Une rangée de beaux livres sur l’Afrique est soigneusement disposée près d’une collection de masques africains exposés au mur du spacieux salon aux côtés de peintures contemporaines colorées, que l’on imagine signées d’artistes afro-descendants.
Le Guadeloupéen n’est pas un amoureux de l’Afrique. L’Afrique est ce qui le définit. « La terre guadeloupéenne est gorgée d’africanité, d’indianité et d’européanité aussi, mais le socle, c’est l’africanité », insiste-t-il.
Un peu plus tôt cette même semaine, c’est sur le plateau de l’émission politique C ce soir sur France 5 que le vice-président du Crefom (Conseil représentatif des Français d’Outre-mer) se rendait pour participer à un débat sur les « Outre-mer, les grands oubliés de la République », aux côtés de l’ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira.
Panafricaniste et fervent anti-raciste
Le journaliste de 51 ans occupe l’antenne de RFI depuis vingt-six ans avec Couleurs tropicales, l’émission musicale qu’il anime et produit. Certes, ce n’est pas la radio internationale qui résume sa carrière médiatique. Passé par France Télévisions et TFI à la fin des années 1980 et à l’aube des années 1990, puis par Canal+ début 2000, il anime aujourd’hui The Voice Afrique francophone sur Voxafrica.
Mais c’est surtout avec ses cinq rendez-vous radiophoniques par semaine que Claudy Siar, panafricaniste et fervent anti-raciste, fait entendre sa voix. Son émission est souvent l’occasion pour lui de rappeler et de partager des pans de l’histoire qu’il estime éludés par le paysage médiatique français.
« En 2005, j’ai bien failli quitter l’antenne, glisse-t-il. Un ancien ambassadeur de France au Mali considérait que j’étais un mauvais Français et qu’on devait me renvoyer de RFI. Mais des personnes de l’État m’ont soutenu », assure l’ex-délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer sous Nicolas Sarkozy.
PERSONNE NE PARLAIT COMME ÇA SUR RFI À CE MOMENT-LÀ. MAIS JE SUIS UN JOURNALISTE D’OPINION
Certains lui reprochent par ailleurs d’avoir entretenu des amitiés avec des personnalités publiques aux idéologies dangereuses, comme avec l’humoriste et militant politique franco-camerounais Dieudonné – condamné plusieurs fois en France pour discriminations raciales et incitation à la haine. « Toutes les personnes du show-biz étaient également proches de lui à une certaine époque », se justifie le journaliste, ou encore avec des dirigeants africains controversés, à l’instar de Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo.
Des affinités qui, selon ses détracteurs, contrastent avec sa posture humaniste, mais qui n’empêchent pas Claudy Siar de continuer à défendre ses sujets de prédilection – quitte à se mettre certains de ses confrères à dos.
Parole libre
Histoire de l’esclavage, colonisation, néo-colonialisme, émancipation de la jeunesse africaine et de la diaspora… Autant de thèmes qui ont pu irriter certaines oreilles au début de sa carrière. « Personne ne parlait comme ça sur RFI à ce moment-là. Mais je suis un journaliste d’opinion, revendique celui qui a fini par faire accepter son point de vue. De nombreuses personnes ont compris que c’était une chance d’avoir quelqu’un qui s’adresse en majorité à un auditoire africain avec une parole aussi libre et respectueuse de tous sur une radio aussi forte que RFI », estime celui qui a initié la première marche de commémoration de l’abolition de l’esclavage en 1993.
Claudy Siar a fait des valeurs du vivre-ensemble son cheval de bataille. Un combat qui commence par la juste représentation de la diversité française. « On a le sentiment que le racisme n’est plus un délit en France quand on regarde la télévision ou que l’on écoute la radio. De temps en temps, le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) distribue des amendes, mais aujourd’hui il y a énormément de journalistes et d’intellectuels qui ont été condamnés pour racisme et qui restent dans les médias », s’insurge-t-il, avant de condamner les propos sur l’assimilation culturelle que tient son ex-ami Éric Zemmour, éditorialiste et chroniqueur sur la chaîne Cnews.
LA CRISE QUE TRAVERSE LA FRANCE EST AVANT TOUT IDENTITAIRE
Une dérive que Claudy Siar explique par le manque de dialogue autour de la notion d’identité nationale qui a animé le débat public sous la présidence de Nicolas Sarkozy. « Je regrette de m’être opposé à ce débat. Car la crise que traverse la France est avant tout identitaire. On a vu dans cette proposition de dialogue la voix des conservateurs. Or, l’identité nationale n’est pas monolithique, elle est diverse. Si on avait tous pris le temps de se parler, on n’aurait peut-être pas un Zemmour qui débite des propos racistes sans projets à la télévision, qui insulte les Africains, les écrase et n’accepte pas leur histoire. »
Pour Claudy Siar, le problème réside moins dans la surmédiatisation du polémiste sur une chaîne détenue par le groupe Bolloré – dont une grande partie du chiffre d’affaires est fait en Afrique – que dans l’absence de Noirs qui devraient s’emparer de ces débats dans les médias.
ON INVITE SEULEMENT LES GENTILS AFRO LORSQU’ILS ONT UN DISCOURS QUI CONVIENT AUX DIRIGEANTS DES CHAÎNES
« J’aime citer Mandela : ‘Si on parle de nous sans nous, c’est en réalité contre nous’, donc il faut être là », martèle-t-il, tout en s’indignant de la disparition de France Ô, chaîne dédiée aux Outre-mer, en août 2020. « On invite seulement les gentils afro lorsqu’ils ont un discours qui convient aux dirigeants des chaînes. Les gens comme moi ne sont pas les bienvenus sur Canal+ par exemple, pourtant j’ai y ai travaillé cinq ans avant l’arrivée de Vincent Bolloré. On ne me reçoit même pas sur les chaînes du groupe en Afrique, à quelques rares exceptions près. Ma posture professionnelle ne plaît pas, on ne sera jamais ennemis pour autant. »
Quid de la radicalisation du discours anti-raciste d’une certaine frange de militants ? À la question, le journaliste est catégorique. Le seul séparatisme qui existe, selon lui, vient des racistes, de ceux qui s’attellent à repousser hors du centre du pouvoir intellectuel, médiatique, économique ou politique les victimes de discriminations.
« Les mêmes qui vous disent que la France est envahie par des Africains ou qui prônent le grand remplacement [théorie d’extrême droite popularisée par l’écrivain Renaud Camus, ndlr]. Il est là le communautarisme, pour moi, estime-t-il. Le jour où l’histoire de l’esclavage et des colonisations seront des histoires moins prégnantes dans notre quotidien, on pourra en parler de manière dépassionnée. »
Un soutien sans filtre à Macron
Pour l’heure, Claudy Siar juge qu’il est urgent de reconnaître la souffrance liée au passé douloureux de la colonisation. Et d’effectuer un travail de mémoire.
Ambitieux, Claudy Siar affiche un soutien sans filtre à Emmanuel Macron et applaudit ses actions menées pour créer des ponts entre la France et l’Afrique, de « la Saison Africa 2020 au discours de Ouagadougou, en passant par la réflexion autour de la restitution des œuvres et le sommet Afrique-France », énumère-t-il.
L’IDÉE N’EST PAS DE CRÉER PLUS D’OPPOSITIONS AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE, MAIS DE PROPOSER QUELQUE CHOSE QUI RELÈVERAIT D’UN HUMANISME RÉEL
Celui qui refuse de faire « rimer politique avec polémique », n’hésite pourtant pas à réagir sur les réseaux sociaux à la moindre escarmouche médiatique liée aux questions raciales. C’est donc sans surprise que Claudy Siar réfléchit à aller plus loin avec – pourquoi pas – la création d’un parti politique.
« L’idée n’est pas de créer plus d’oppositions au sein de la société française, mais de proposer quelque chose qui relèverait d’un humanisme réel. La vie politique française a besoin de cet humanisme-là pour comprendre que la couleur de peau ne doit plus être un facteur de discriminations. » Après la présidentielle de 2022, le militant compte bien annoncer la création officielle de son parti dans l’espoir de « peser dans la société française, au moins avec les idées. »
Entouré de ses proches au Havre, l’ancien Premier ministre a lancé sa propre formation politique, qu’il veut être un « vrai parti » professionnel.
Édouard Philippe vogue vers de nouveaux horizons. Un an et demi après son départ de Matignon, le maire du Havre (Seine-Maritime) a officialisé, samedi 9 octobre, la création d’une nouvelle formation politique, baptisée Horizons. Objectif affiché : « Participer à la constitution d’une nouvelle offre politique », en élargissant à droite la base électorale d’Emmanuel Macron.
Car si l’ancien membre des Républicains estime venu le temps d’avoir une formation politique taillée à sa mesure, il assure ne pas vouloir faire d’ombre au président de la République. « La ligne claire est le soutien au président de la République » pour que « les cinq années qui viennent soient des années utiles », a-t-il ajouté. Car « très clairement, mon objectif en 2022 est que le président de la République Emmanuel Macron soit réélu », a-t-il lancé, alors que certains le soupçonnent de vouloir faire cavalier seul.
« Avec Horizons, nous allons définir une stratégie pour la France, c’est une aventure collective », a-t-il déclaré dans sa ville du Havre, en expliquant que le nom avait été choisi « parce qu’il faut voir loin ». « Son positionnement, c’est devant, avec une logique de partenariat, de rassemblement, autorisant la double appartenance », et « la ligne est de préférer la sérénité à la fébrilité », a ajouté l’ancien Premier ministre.
Une clef de voûte pour la majorité ?
La réélection d’Emmanuel Macron « passera par un élargissement de sa base électorale » et « l’objectif est de créer un vrai parti, avec des statuts qui seront déposés lundi, une charte des valeurs », a-t-il affirmé, expliquant que les maires y auraient une place particulière avec une « assemblée » qui élira le vice-président.
Alors que la macronie essaie de structurer une « maison commune », il a assuré que « si c’est une bannière, nous serons derrière ». « C’est un combat démocratique, au long cours, mais essentiel, que nous engageons […] Nous manquons d’une stratégie à l’horizon 2050 […] je veux avec vous la bâtir », a-t-il ajouté devant une salle comble – les organisateurs revendiquaient 3 000 participants.
Face aux « quatre transformations extrêmement massives et signifiantes », démographique, environnemental, géopolitique et technologique, que le pays doit affronter, « il faut préparer une stratégie », a-t-il lancé, plaidant pour « la constance » et « la cohérence ».
Les patrons des trois groupes parlementaires de la majorité à l’Assemblée, Christophe Castaner (LREM), Olivier Becht (Agir) et Patrick Mignola (MoDem), avaient fait le déplacement, ainsi que 160 maires, 600 élus locaux (dont les maires de Fontainebleau Frédéric Valletoux, et de Reims Arnaud Robinet) et une soixantaine de parlementaires, dont Marie Lebec, Pierre-Yves Bournazel, Naïma Moutchou ou Marie Guévenoux.
Au cours de son discours de presque deux heures, émaillé de références à Nicolas Sarkozy, Valéry Giscard d’Estaing et Alexandre Dumas, Édouard Philippe a évoqué « quatre transformations extrêmement massives et signifiantes » que devra affronter le pays – démographique, environnemental, géopolitique et technologique – et défendu « la constance » et « la cohérence » pour y répondre.
Recomposition
Il a également appelé à « remettre de l’ordre dans nos comptes et dans nos rues », et a longuement défendu son idée de porter « probablement » à « 65, 66, 67 ans » l’âge de départ à la retraite. Autant de clins d’œil à droite, que l’ex-LR est soupçonné dans son ancienne famille de vouloir siphonner à l’approche de 2022, en profitant des hésitations sur le nom du candidat ou de l’attrait que pourrait exercer Éric Zemmour sur les plus droitiers.
« La poutre travaille, et croyez-moi, elle n’a pas fini de travailler », a affirmé Édouard Philippe, en allusion à une recomposition politique qui reste « évidemment en cours ». À son arrivée au Havre, Olivier Becht avait déjà assuré, en évoquant les adhérents « chez LR et à l’UDI qui partagent nos valeurs », que « si Édouard Philippe arrive à ramener ces gens dans la maison commune, c’est autant de points positifs pour élargir la majorité et faire en sorte qu’Emmanuel Macron soit réélu en 2022 ».
Le nouveau parti permettra de constituer « une formidable attaque, mais pas seulement pour l’élection présidentielle », avait abondé Patrick Mignola. Les statuts du parti seront déposés lundi, et il sera doté d’une charte de 20 principes défendant notamment « la poursuite de la transformation du pays », « l’ordre », « la justice sociale » et « le projet européen ». Il s’agit aussi de combattre « les extrêmes de tous bords », « les ennemis de la laïcité », « les partisans de la décroissance » ainsi que « les naïfs et les populistes de l’immigration ».Sponsorisé
Des 9866 volontaires inscrits à la formation accélérée de préposés aux bénéficiaires (PAB) en juin, seuls 6551 prêtent main-forte aujourd’hui dans les CHSLD. Ceux qui sont partis doivent rendre la bourse reçue du gouvernement, ce qui n’est pas simple.
La vie d’Èva Benoit-Dragon a changé depuis l’échec de sa formation de PAB. La Montréalaise de 21 ans a dû retourner vivre chez ses parents à Saint-Jérôme et elle doit travailler dans un dépanneur.
«J’ai une grosse dette et je sais que ça va prendre du temps à la rembourser.» Elle doit remettre les 6140 $ de bourse du gouvernement qu’elle a reçus durant ses deux mois d’alternance travail-études en CHSLD.
Cet argent, elle ne l’a pas. Elle en a dépensé une bonne partie pour payer son loyer des derniers mois, sa nourriture et s’occuper de son frère. «Je ne pouvais pas m’inscrire à la PCU et je n’ai pas le droit au chômage, car je n’ai pas accès à une cessation d’emploi, puisqu’il s’agit d’études», explique-t-elle.
Plusieurs syndicats de préposés nous ont fait part de situations semblables.
Remboursement obligatoire en cas d’échec ou d’abandon
Le contrat qu’elle a signé était clair : en plus de réussir la formation, les aspirants PAB doivent offrir une disponibilité d’un an. En cas d’abandon ou d’échec, ils doivent rembourser la bourse de formation, qui atteint un maximum de 9210 $.
Èva Benoit-Dragon n’a pas été jugée assez compétente par ses formateurs, mais c’est seulement deux jours avant la fin des 375 heures de formation requises qu’ils le lui ont annoncé. Juste avant qu’elle ne puisse toucher le dernier paiement de sa bourse.
«Je me sens extorquée et flouée», dit-elle.
Elle reconnaît quelques «petites erreurs» durant sa formation, comme avoir oublié de porter des gants à une reprise, mais rien ne lui laissait présager qu’elle allait être écartée du jour au lendemain. «J’ai fait les heures qu’ils m’avaient dit de faire, on me disait que je faisais des progrès.»
«Ça manque d’humanité. Elle s’est fait jeter comme une vieille chaussette», dénonce le député de Rosemont de Québec solidaire, Vincent Marissal, qui a été contacté par la jeune femme, désespérée. «Peut-être que certains auraient besoin de plus de temps de formation.»
Le député de Québec solidaire rappelle que «ces gens-là ont travaillé en CHSLD durant leur formation, ils ont quand même donné des services».
Le ministère de la Santé explique que le remboursement n’est pas requis pour un candidat qui échoue pour une raison liée à une incapacité cognitive ou une maladie. «Un traitement humain au cas par cas est donc privilégié», ajoute le porte-parole Robert Maranda.
De plus, le ministère précise que «le candidat et l’établissement de santé et services sociaux qui a octroyé la bourse peuvent convenir d’une entente de remboursement étalée sur un nombre de mois convenu entre les parties».
Enfin, le contrat signé par les aspirants PAB prévoit la possibilité de retrancher du montant total le prorata du temps travaillé. Ce n’est toutefois pas ce qui a été proposé à Èva Benoit-Dragon.
La jeune femme avait été sélectionnée au départ parmi 80 000 volontaires. Le gouvernement avait un urgent besoin de 10 000 préposés dans les CHSLD de la province. Puisque seulement 6551 sont au travail, Québec a déjà prévu la formation de nouvelles cohortes pour ajouter 3000 personnes de plus.
L’ancien premier ministre Philippe Couillard confirme avoir bel et bien offert une formation au fils de l’ancien dictateur libyen en 2008, alors qu’il était ministre de la Santé et des Services sociaux. À l’époque, le géant du génie québécois SNC-Lavalin avait créé la « SNC-Lavalin University », un programme sur mesure pour Saadi Kadhafi.
« Je lui ai fait un exposé sur le fonctionnement du système de santé », confirme M. Couillard en entrevue avec Le Devoir.
« Ça n’a duré que 20 minutes. On a parlé de santé, de soins de première ligne, de prévention, mais, écoutez, j’avais très peu d’écoute, je me suis rapidement rendu compte que ça n’intéressait pas vraiment monsieur », raconte M. Couillard.
C’est l’ancien président de SNC Jacques Lamarre qui a contacté M. Couillard pour lui demander d’offrir cette formation. « C’était une époque où [la Libye] dégageait une image de volonté de modernisation et c’est dans ce contexte-là que Jacques Lamarre m’avait contacté. Il m’avait dit que c’était une session de formation qui était faite en pleine connaissance du gouvernement fédéral », souligne M. Couillard.
Il assure que c’est la seule fois où il a rencontré Saadi Kadhafi. « Et avant que vous me demandiez, je n’ai pas été rémunéré », s’est empressé de préciser M. Couillard. « Je voyais ça comme une façon de participer à l’éducation d’une personne qui voulait moderniser son pays. »
Programme sur mesure
En mars 2008, l’élaboration d’une formation spécialement dédiée au troisième fils de Mouammar Kadhafi s’est mise en branle au siège social de SNC-Lavalin, à Montréal. C’est que l’entreprise québécoise voulait s’assurer de conserver des liens étroits avec la Libye.
Le programme de cette « université » dont la formation s’est échelonnée sur six semaines a été exposé lors de l’enquête préliminaire de la firme d’ingénierie qui s’est tenue à l’automne 2018 et qui était frappée d’une ordonnance de non-publication. Il est désormais possible de rapporter ce qui y a été dit, puisque la firme a plaidé coupable mercredi à une accusation de fraude envers l’état libyen.
SNC-Lavalin avait commencé en 2008 des démarches pour obtenir un permis de travail temporaire pour engager Saadi Kadhafi au sein de l’entreprise montréalaise. En attendant l’obtention du permis, la firme de génie voulait « occuper » et « sensibiliser » l’ingénieur libyen à ses pratiques.
Le président de SNC-Lavalin, Jacques Lamarre, avait alors mandaté Gilles Laramée, vice-président directeur et chef des affaires financières, pour élaborer une sorte de formation maison de 45 jours.
« Cette initiative est une occasion exceptionnelle d’aider [Saadi Kadhafi] dont nous connaissons bien le pays et où nous souhaitons continuer à contribuer au développement de ses infrastructures et de son économie en général », écrivait M. Laramée dans une invitation électronique envoyée à une dizaine d’employés.
Un agenda préliminaire et un calendrier des mois de mars, avril et mai 2008 montrent une ébauche des cours mis sur pied par l’entreprise pour Saadi Kadhafi.
C’est dans ces documents que figure à deux reprises le nom de Philippe Couillard qui était en 2008 député de la circonscription de Jean-Talon, à Québec, et ministre de la Santé et des Services sociaux du gouvernement libéral de Jean Charest.
Le nom de M. Couillard est d’abord inscrit sur un document annoté par M. Laramée. Il apparaît à nouveau en date du 26 mars 2008. « 15 h -16 h Health Care (Meeting with Mr. Philippe Couillard, Minister of Health and Social Services, Quebec », est-il écrit.
« Je ne suis pas heureux que mon nom s’y retrouve, mais à l’époque je l’ai fait dans une bonne intention. Il faut se ramener en 2008, SNC-Lavalin était une entreprise qui rayonnait à l’international », fait valoir M. Couillard.
Les noms d’autres figures publiques se retrouvent aussi dans ces documents. On y voit celui de Joël Gauthier, qui présidait alors l’Agence métropolitaine des transports (AMT), aujourd’hui abolie. Une formation d’une demi-journée sur les notions de base du métro était à l’horaire. L’ancien sénateur conservateur Hugh Segal se trouvait inscrit pour dispenser une formation de deux jours sur les politiques gouvernementales des affaires extérieures du Canada.
La Caisse de dépôt et la Banque Royale du Canada (RBC) figurent aussi parmi les formateurs du programme destiné à Saadi Kadhafi.
Selon les notes manuscrites de M. Laramée, deux périodes de cours étaient prévues, soit une en matinée de 9 h à 12 h, puis une en après-midi, de 14 h à 17 h.
Le délai pour trouver un nouveau chef de gouvernement en Israël a expiré aux premières minutes de la journée de jeudi, forçant la tenue de nouvelles élections prévues pour le mois de mars prochain.
Peu après la date-butoir fixée à 23H59 (21H59 GMT) mercredi pour trouver un chef de gouvernement obtenant une majorité d’appuis, des parlementaires discutaient toutefois toujours d’un projet de loi précisant entre autres des modalités des prochaines élections, prévues le 2 mars.