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L’employeur montréalais d’un journaliste tué en Haïti suspend ses activités

janvier 7, 2022
Des manifestants portant des pancartes.

En novembre dernier, des Haïtiens manifestaient contre les gangs de rue et les enlèvements. Photo : AFP Via Getty Images/Richard Pierrin

Un des deux journalistes tués jeudi dans une fusillade en banlieue de Port-au-Prince travaillait pour Radio-Écoute FM, un média en ligne montréalais.

Pour rendre hommage à son correspondant, Radio-Écoute FM a décidé de suspendre toutes ses opérations jusqu’à nouvel ordre.

Quand on regarde un pays comme ça, on se demande c’est quand vraiment que ça va arrêter, a indiqué le directeur général, Francky Attis.

Le journaliste John Wesley Amady, âgé de 32 ans, s’était rendu dans la banlieue de la capitale, une région contrôlée par les gangs, pour un reportage sur le climat d’insécurité, mais les circonstances exactes qui ont mené à sa mort ne sont pas connues, selon M. Attis. Celui-ci a expliqué dans un communiqué que le journaliste a été tué et brûlé vif.

C’est un journaliste qui travaille pour tout le monde. Donc, il pouvait vraiment interviewer les gangs. Il a toujours accompagné des journalistes étrangers comme interprète, comme accompagnateur pour faire des reportages dans les quartiers difficiles comme ça, explique Francky Attis.

Les gangs de rue font la loi en Haïti, notamment à Port-au-Prince, depuis plusieurs mois. Le journaliste indépendant Étienne Côté-Paluck, qui vit sur l’île des Caraïbes, a pu constater ce phénomène.

Plusieurs parties de la capitale sont fermées, des postes de police, laissés à l’abandon. Les gens ont peur, surtout que sur le reste du territoire, il y a toujours le risque de kidnapping parce que c’est devenu un peu la vache à lait de ces groupes-là, témoigne-t-il.

L’emprise des gangs de rue

Le contrôle des gangs de rue va au-delà des quartiers pauvres de Port-au-Prince.

La crise politique qui secoue ce pays s’est aggravée encore avec l’assassinat du président Jovenel Moïse, il y a six mois. La situation sécuritaire ne cesse de se détériorer depuis.

Samedi dernier, le premier ministre Ariel Henry a dénoncé une tentative d’assassinat contre lui lors d’une cérémonie célébrant la fête nationale aux Gonaïves, à 150 kilomètres au nord de la capitale.

Le premier ministre et plusieurs responsables ont dû être évacués sous les rafales de tireurs non identifiés.

La police haïtienne, sous-équipée, est dans l’incapacité de faire face à des groupes criminels disposant d’un arsenal de guerre. Aucune opération policière n’a été menée contre les gangs depuis mars 2021.

Lors d’une intervention contre des groupes criminels, quatre policiers ont été tués et leurs corps n’ont jamais pu être récupérés.

Au moins 950 enlèvements ont été recensés en Haïti en 2021, selon le Centre d’analyse et de recherche en droits de la personne, organisation basée à Port-au-Prince.

Par Radio-Canada reportage de Yessica Chavez