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Canada: Pas de hausse d’immigration au Québec, pour l’instant

décembre 8, 2022

En 2023, près de 50 000 résidents permanents devraient à nouveau être admis par le gouvernement Legault.

François Legault parle au Salon bleu.

Le gouvernement de François Legault pourrait revoir ses cibles d’immigration l’an prochain, après une consultation publique. Photo : La Presse Canadienne/Jacques Boissinot

La révision des seuils d’immigration au Québec, ce n’est pas pour tout de suite.

Comme il l’avait promis en campagne électorale, François Legault va dans un premier temps maintenir des cibles identiques d’immigrants permanents pour l’année prochaine.

Il y aura donc, en 2023, entre 49 500 et 52 500 résidents permanents qui seront admis au Québec.

Ces informations proviennent du premier plan d’immigration de la nouvelle ministre Christine Fréchette, qui vient d’être déposé à l’Assemblée nationale. Celui-ci est en fait un quasi-copier-coller du dernier plan réalisé par son prédécesseur Jean Boulet.

Une nouvelle fois, le gouvernement Legault compte mettre l’accent sur l’immigration économique, qui est essentiellement gérée par Québec. En vertu d’un accord avec Ottawa, Québec sélectionne les personnes de cette catégorie.

La part de l’immigration économique devrait représenter, l’an prochain, 65 % du nombre total d’immigrants admis, soit environ 33 000 personnes. Un chiffre similaire à 2022 et en nette hausse par rapport aux dernières années (51 % en 2020, 53 % en 2021).

Ces données montrent cependant un portrait partiel de l’immigration au Québec, puisqu’elles ne concernent que les résidents permanents.

Depuis l’arrivée au pouvoir de François Legault, un nombre record d’immigrants, toutes catégories confondues, se sont installés au Québec, principalement des travailleurs temporaires, avec des contrats généralement de deux ou trois ans.

Le nombre total d’immigrants temporaires au Québec reste flou. Au printemps, l’ex-ministre de l’Immigration, Jean Boulet, a évoqué le chiffre de 177 000 temporaires, y compris les étudiants étrangers.

68 000 résidents permanents en 2022

Selon les données présentées par Québec, les cibles prévues pour 2022 devraient globalement être atteintes.

Entre 68 000 et 69 000 résidents permanents seront admis dans la province d’ici la fin de l’année, a indiqué la ministre Christine Fréchette, devant les médias.

Ce total inclut les seuils prévus – environ 50 000 – ainsi qu’un rattrapage dû au retard du gouvernement fédéral au plus fort de la pandémie.

Pour combler un manque à gagner, selon les termes de la ministre Fréchette, Québec avait annoncé l’an passé l’admission de 18 000 autres résidents permanents. Une mission désormais réussie, a-t-elle soutenu.

« Ce retard dû à la pandémie est maintenant complété. On n’a plus à ajouter de gens au-delà de la cible officielle. »— Une citation de  Christine Fréchette, ministre de l’Immigration

Ce bilan présenté par Québec remet cependant en question des déclarations récentes du premier ministre Legault.

Ce dernier se vante régulièrement d’avoir considérablement augmenté la proportion d’immigrants connaissant la langue française. Selon ses propos, cette barre aurait dépassé les 80 %. Aucun autre gouvernement, a-t-il déjà clamé, n’a atteint un tel pourcentage.

Les chiffres présentés par son ministère de l’Immigration montrent des données différentes. En réalité, 61 % des immigrants admis au Québec, pour la cible totale de 2022, connaissent le français.

Ce pourcentage est cependant plus élevé dans le rééquilibrage prévu par Québec, qui ciblait les personnes déjà au Québec, avec un emploi. Dans cette catégorie, 86 % de ces immigrants connaissent le français.

Pour 2023, l’objectif du ministère de l’Immigration est d’admettre, au total, 66 % de personnes connaissant le français.

Un rééquilibrage sans les réfugiés

Initialement, le rééquilibrage prévu de 18 000 résidents permanents cette année ciblait l’ensemble des catégories d’immigration. Par exemple, 1500 réfugiés supplémentaires et 1000 personnes issues du regroupement familial devaient être admis au Québec, selon le plan 2022.

Finalement, le gouvernement Legault a revu ses projections. Aucun rééquilibrage n’a été fait dans ces deux catégories. L’essentiel de cet ajout a été consacré à l’immigration économique.

Révision à venir, hausse à prévoir

Ces cibles d’immigrants permanents devraient être revues dans les prochains mois. Comme l’a révélé Radio-Canada le mois passé, le gouvernement Legault songe à rehausser ces seuils en ciblant l’immigration francophone.

Des discussions sont en cours avec Ottawa pour créer, éventuellement, une autre voie de passage pour les étudiants étrangers, diplômés d’un établissement francophone, et pour les travailleurs temporaires francophones, déjà installés dans la province depuis plusieurs années.

On n’a pas statué [sur une révision à la hausse des cibles], a affirmé Christine Fréchette, tout en gardant une porte grande ouverte.

On veut faire en sorte de rehausser notre capacité d’accueil, dans les régions notamment. Elle n’est pas inamovible, a-t-elle précisé.

Québec devrait présenter ses orientations lors d’une consultation publique, ouverte au milieu des affaires et à la société civile, qui devrait avoir lieu au printemps ou durant l’été prochain.

S’il y a un ensemble d’éléments qui nous permet de considérer cette option [d’augmenter les seuils], ce sera considéré, a-t-elle ajouté.

Ces discussions mèneront à la présentation du prochain plan pluriannuel de l’immigration, pour la période 2024-2026.

Avec Radio-Canada par Romain Schué

Première rencontre Trudeau-Legault à Djerba

novembre 19, 2022
Justin Trudeau et François Legault en train de marcher dans un corridor en discutant.

C’est en marge du Sommet de la Francophonie que Justin Trudeau et François Legault ont tenu leur première rencontre depuis la réélection du premier ministre québécois. Photo : La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick

En Tunisie pour participer au 18e Sommet de la Francophonie, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et son homologue du Québec, François Legault, se sont entretenus en coulisse pendant une vingtaines de minutes, samedi.

C’est la première fois qu’ils se rencontrent depuis la réélection de M. Legault le 3 octobre dernier. Tout indique qu’ils ont abordé la protection de la langue française ainsi que l’épineuse question des transferts fédéraux en santé.

S’adressant brièvement aux médias avant de s’entretenir avec M. Legault, M. Trudeau a dit vouloir discuter avec son homologue de la meilleure façon de promouvoir le français dans le monde et de faire le point sur nos valeurs partagées.

Évidemment, on va aussi parler de la protection de la langue française, pas juste au Québec, au Canada, mais partout dans le monde.

C’est un beau moment pour se rassembler pour être alignés et travailler ensemble sur les enjeux qui nous tiennent à cœur, a ajouté M. Trudeau.

Le premier ministre du Québec a renchéri en disant qu’il y avait beaucoup de travail à faire pour protéger le français dans le monde et en sol canadien.

Il y a un déclin du français, entre autres à Montréal. On a des gestes à poser ensemble, pour arrêter […] le déclin du français […] pour qu’il y ait un plus grand pourcentage de Montréalais qui soient francophones, a-t-il dit.

S’il s’est fait évasif après la rencontre, François Legault a indiqué que le sujet des transferts en santé avait également fait partie des discussions entre les deux hommes.

Rencontre avec le président tunisien

Plus tôt, M. Legault avait participé à la cérémonie d’ouverture officielle du Sommet de la Francophonie, qui se déroule sous le thème de la connectivité et du numérique dans l’espace francophone.

Il doit également s’entretenir samedi avec le président de la Confédération suisse, Ignazio Cassis, ainsi qu’avec le président tunisien, Kaïs Saïed.

Ce dernier fait l’objet de critiques à l’échelle internationale depuis l’adoption d’une nouvelle loi fondamentale lui octroyant de vastes pouvoirs et rompant avec le système parlementaire en place depuis 2014.

Vendredi, M. Legault avait indiqué en mêlée de presse vouloir rappeler au controversé président l’importance des valeurs démocratiques. Il souhaite toutefois donner la chance au coureur à la veille d’élections législatives prévues à la mi-décembre.

« On fonde beaucoup d’espoir pour que les élections du 17 décembre se passent bien. »— Une citation de  François Legault, premier ministre du Québec

La journée de François Legault se terminera par une mêlée de presse au Musée Lalla Hadria et par la visite du kiosque du Québec au Village de la Francophonie.

Dimanche, le premier ministre Legault devrait intervenir au Forum économique francophone

Justin Trudeau s’abstient

S’il prévoit aussi souligner l’importance de protéger la démocratie et les droits de la personne, Justin Trudeau n’a pour sa part pas prévu de tête-à-tête avec M. Saïed.

Selon une source près du gouvernement fédéral, le Canada est préoccupé par certains enjeux démocratiques en Tunisie et craint qu’une telle rencontre ne vienne légitimer  l’approche du président à quelques semaines des élections législatives.

Radio-Canada avec les informations de Sébastien Bovet, Louis Blouin et La Presse canadienne.

Canada: Québec prêt à accueillir plus d’immigrants, s’ils sont francophones

novembre 9, 2022

Le gouvernement Legault réfléchit à créer une autre voie d’immigration pour les travailleurs et les diplômés francophones déjà installés au Québec, a appris Radio-Canada.

François Legault à l'Assemblée nationale

L’équipe de François Legault étudie différentes possibilités concernant les prochains seuils d’immigration, pour privilégier notamment les immigrants francophones. Photo : Radio-Canada/Sylvain Roussel

Il pourrait bientôt y avoir plus d’immigrants permanents au Québec. Mais uniquement s’ils sont francophones.

Le gouvernement Legault, qui s’était pourtant récemment fermement opposé à une hausse des seuils d’immigration, songe à la création d’un nouveau programme ou d’une nouvelle catégorie qui viserait spécifiquement les immigrants déjà installés au Québec.

On parle par exemple des diplômés d’une institution francophone – dans les universités et les cégeps – ou de travailleurs temporaires francophones bien intégrés au Québec depuis plusieurs années.

Cette idée est dans les cartons, nous ont confirmé plusieurs sources, tant du côté de Québec que d’Ottawa. Des discussions vont avoir prochainement lieu sur ce sujet.

L’objectif serait de garder ces familles, ces étudiants et ces travailleurs dans la province, en créant ainsi une autre voie plus rapide vers la résidence permanente.

Urgence de protéger la langue française

Selon nos informations, l’équipe de François Legault aurait pris conscience de l’urgence de protéger la langue française en attirant ainsi plus d’immigrants francophones de manière durable au Québec.

Voir les leviers qu’on a pour choisir plus de francophones, ça me semble être une priorité, nous a glissé une source gouvernementale, alors qu’Ottawa compte attirer 500 000 nouveaux résidents permanents par an d’ici 2025.

Le nombre d’immigrants admis au Québec comme résidents permanents, actuellement aux alentours de 50 000, pourrait ainsi augmenter, mais rien n’est encore formellement décidé, nous a-t-on précisé.

Aucun chiffre sur d’éventuels nouveaux seuils ne circule non plus. On est en train de brasser ça, a mentionné une autre source.

Le gouvernement Legault pourrait notamment proposer différentes options dans les prochains mois à Ottawa, mais aussi aux acteurs québécois du milieu de l’immigration.

Repoussées en raison de la campagne électorale, des consultations publiques sont prévues l’année prochaine pour définir le prochain plan triennal d’immigration au Québec.

Ça va aboutir assez vite, affirme-t-on, tout en soutenant qu’il faut également évaluer rigoureusement l’impact sur les logements et services sociaux.

Un inventaire toujours très important

Le Québec accueillera cette année un nombre record d’immigrants permanents. Outre les quelque 50 000 personnes initialement prévues, un rattrapage de 18 000 immigrants supplémentaires a été programmé, en raison de problématiques liées à la pandémie. Ces objectifs, selon des informations provenant d’Ottawa, sont en passe d’être remplis. Selon nos informations, ces seuils ne suffisent cependant pas à vider l’inventaire de demandes, toujours très important. À l’heure actuelle, plus de 40 000 travailleurs qualifiés québécois attendent leur résidence permanente, qui leur est délivrée en fonction des cibles de Québec.

Québec a déjà les pouvoirs, mais…

En réalité, rien n’empêche, à l’heure actuelle, Québec de revoir déjà ses critères de sélection et de choisir plus d’immigrants francophones dans les catégories économiques. Selon l’accord Québec-Ottawa en immigration, le gouvernement provincial dispose de ces pouvoirs.

Imposer une obligation de connaître la langue française pour immigrer au Québec n’est cependant pas à l’étude. Cette idée se heurte au monde des affaires – bien connu par la nouvelle ministre de l’Immigration Christine Fréchette – qui a déjà fait connaître son opposition.

Le milieu entrepreneurial privilégie, tout comme le gouvernement Legault, une francisation des immigrants, dès leur arrivée, à travers notamment les entreprises. Ainsi, ces dernières peuvent recruter plus aisément des travailleurs très convoités, anglophones, dans des secteurs de pointe.

Québec ne peut pas demander non plus à Ottawa de délivrer en priorité des résidences permanentes aux candidats francophones. Cette éventualité, nous a-t-on indiqué, pourrait se heurter aux tribunaux.

La création cependant d’un nouveau programme spécifique avec d’autres critères, comme l’envisage Québec, pourrait régler cette situation et faciliterait grandement les négociations avec Ottawa, qui verrait cette éventualité d’un bon œil.

Le plan d’immigration au Québec pour 2023 devrait être déposé d’ici la mi-décembre. Le prochain plan triennal, pour 2024-2026, sera quant à lui connu dans un an.

Avec Radio- Canada par Sébastien Bovet et Romain Schué

Québec-Gouvernement: Geneviève Guilbault obtient les Transports et Bernard Drainville, l’Éducation

octobre 20, 2022
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Geneviève Guilbault devient ministre aux Transports. Photo : Radio-Canada/Sylvain Roy Roussel

Le Conseil des ministres du premier ministre François Legault est maintenant connu. Parmi les changements majeurs : les Transports sont confiés à Geneviève Guilbault et l’Éducation à Bernard Drainville.

Avec ses 90 députés élus au scrutin du 3 octobre dernier, M. Legault avait l’embarras du choix. Son cabinet n’est pas paritaire : il compte 16 hommes et 14 femmes.

Geneviève Guilbault, vice-première ministre, prend la tête du ministère des Transports. La députée de Louis-Hébert détient ainsi un rôle important, car à Québec, la Coalition avenir Québec (CAQ) entend mener à bien son projet de troisième lien. Mais elle devra s’occuper aussi de la région métropolitaine, avec la réfection du Pont-tunnel Louis-Hippolyte-LaFontaine.

L’Éducation, l’un des plus gros ministères, revient à Bernard Drainville, député de Lévis.

Des responsabilités accrues sont confiées à Pierre Fitzgibbon : lui qui avait déjà l’Économie hérite de l’Énergie, avec ce gros morceau qu’est Hydro-Québec. Le député de Terrebonne est aussi responsable du Développement économique régional, de la Métropole et de la région de Montréal.

La Sécurité publique, dossier de taille vu la multiplication des incidents impliquant des armes à feu, est confiée à François Bonnardel, député de Granby, qui est aussi responsable de la région de l’Estrie.

Christine Fréchette, une recrue de la CAQ élue dans Sanguinet, devient ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.

Pascale Déry, nouvellement élue dans Repentigny, accède à l’Enseignement supérieur.

Kateri Champagne Jourdain, première femme autochtone élue à l’Assemblée nationale, devient ministre de l’Emploi.

Martine Biron, députée de Chutes-de-la-Chaudière, devient la responsable des Affaires internationales et de la Francophonie.

Jean-François Roberge, député de Chambly, est notamment nommé ministre responsable de la Langue française, de la Laïcité et des Relations canadiennes.

Mathieu Lacombe, député de Papineau, devient ministre de la Culture.

Sonia Bélanger, qui dirigeait le Centre intégré universitaire du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, devient ministre déléguée à la Santé. La députée de Prévost succède à Marguerite Blais au ministère des Aînés.

Suzanne Roy, ancienne mairesse de Sainte-Julie et ex-présidente de l’Union des municipalités du Québec, obtient le ministère de la Famille.

Maïté Blanchette Vézina, ex-mairesse de Sainte-Luce, accède au ministère des Ressources naturelles et des Forêts. La députée de Rimouski est aussi responsable de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.

France-Élaine Duranceau, députée de Bertrand, devient ministre responsable de l’Habitation.

Christopher Skeete est nommé ministre délégué à l’Économie; le député de Sainte-Rose devient le responsable de la Lutte contre le racisme, en plus d’être responsable de Laval.

Jonatan Julien, député de Charlesbourg, récolte le ministère des Infrastructures et obtient la responsabilité de la Capitale-Nationale.

Des ténors restent en place

Parmi ceux qui conservent leurs fonctions figure Christian Dubé. Le député de La Prairie reste à la tête du ministère de la Santé, où il a entamé une vaste réforme.

Eric Girard, député de Groulx, est maintenu aux Finances.

Sonia LeBel, députée de Champlain, conserve la présidence du Conseil du trésor.

Benoît Charette, député de Deux-Montagnes, reste titulaire du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

François Legault a annoncé qu’il présidera un nouveau comité comprenant les ministres de l’Économie, des Finances, de l’Environnement, de la Transition énergétique, des Premières nations et des Inuit et de la PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu.

Simon Jolin-Barrette, conserve le ministère de la Justice. Le député de Borduas conserve par ailleurs son titre de leader parlementaire du gouvernement.

Ian Lafrenière reste responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit.

Andrée Laforest, députée de Chicoutimi, reste aux Affaires municipales.

Jean Boulet, député de Trois-Rivières, demeure ministre du Travail, lui qui auparavant avait aussi la responsabilité de l’Immigration, de la Solidarité sociale et de l’Emploi.

Lionel Carmant, député de Taillon, devient ministre aux Services sociaux.

Éric Caire, député de La Peltrie, reste ministre de la Cybersécurité et du Numérique.

Les travaux de l’Assemblée nationale reprendront le 29 novembre prochain.

Qui sont les 30 ministres du Gouvernement Legault: https://ici.radio-canada.ca/info/2022/elections-quebec/quebec-2022-cabinet-legault/

Avec les informations de La Presse canadienne par Anne Marie Lecomte

Canada-Québec/« Comme des votes à la poubelle » : le mode de scrutin rattrape déjà François Legault

octobre 5, 2022
Francois Legault en point de presse.

Au lendemain de sa réélection, François Legault a fermé la porte à double tour à une réforme du mode de scrutin. Photo: La Presse Canadienne/Jacques Boissinot

À peine réélu, François Legault est rattrapé par sa promesse rompue de réformer le mode de scrutin. Avec l’appui de 41 % des électeurs, il a décroché « 72 % des sièges » et « 100 % des pouvoirs », une « injustice » qui doit être corrigée, plaide le Mouvement démocratie nouvelle (MDN).

Dans une campagne publicitaire dévoilée mercredi et intitulée C’est juste pas juste, le MDN demande aux Québécois de se mobiliser pour réclamer une réforme du mode de scrutin.

Le résultat des élections provinciales, lors desquelles les quatre partis d’opposition ont conjointement récolté 59 % des votes mais seulement 28 % des sièges, constitue une aberration aux yeux du président du MDN et ex-ministre péquiste, Jean-Pierre Charbonneau.

Le Parlement devient la voix d’une minorité de la population qui gouverne comme si elle était la majorité, ce qui laisse place à des débats teintés par l’arrogance, l’intransigeance et le populisme, dénonce le MDN sur un nouveau site web lancé dans le cadre de sa campagne.

« C’est comme si à chaque élection on jetait des votes à la poubelle pour avantager le vainqueur. »— Une citation de  Extrait du site web cestjustepasjuste.com

Legault dit non

Néanmoins, le premier ministre réélu François Legault ferme la porte à ressusciter la promesse d’une réforme du mode de scrutin, qu’il avait pourtant lui-même faite en 2018 avant de l’abandonner en cours de mandat.

Je ne pense pas qu’il soit mauvais, le mode de scrutin qu’on a. Pendant la campagne électorale, je me suis engagé à ne pas ouvrir ce débat-là et je vais respecter tous mes engagements, a-t-il dit mardi, au lendemain de sa victoire.

Au cours des dernières semaines, M. Legault a laissé entendre que ce sujet n’intéressait que quelques intellectuels et a répété que ce n’était pas une priorité des Québécois, après deux années de pandémie.

Mardi, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a aussi tenu à rappeler que le résultat obtenu par son parti est de loin le meilleur de ceux de tous ses adversaires.

« On a eu 41 % du vote et notre plus proche adversaire a eu 15 % du vote. Il faut quand même garder ça en tête. »— Une citation de  François Legault, premier ministre du Québec

Sur son nouveau site web, le MDN explique comment fonctionnerait un nouveau mode de scrutin proportionnel mixte avec liste régionale.

Comment ça marche?

Avec un tel système, les électeurs seraient appelés à voter deux fois. Le premier vote serait pour le député qu’ils veulent faire élire dans leur circonscription. Le deuxième serait pour le parti qu’ils souhaitent voir former le gouvernement.

C’est à partir de ce deuxième vote, comptabilisé dans chaque région du Québec, que des députés seraient élus pour représenter leur région, explique le site web, ce qui permettrait de rétablir une juste représentation de chaque parti.

« Les résultats de l’élection et les sièges obtenus à l’Assemblée nationale représenteraient ainsi fidèlement les convictions exprimées dans la population. »— Une citation de  Extrait du site web cestjustepasjuste.com

Le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) réclament tous deux cette réforme, tandis que la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ) se dit simplement ouverte à ce qu’il y ait des discussions.

Une différence majeure

Mardi, Radio-Canada diffusait un reportage avec une simulation à ce sujet. Si la réforme du mode de scrutin envisagée contenue dans le défunt projet de loi 39 avait été en vigueur le soir de l’élection, la CAQ aurait vraisemblablement récolté 75 sièges plutôt que 90.

Le PLQ en aurait obtenu 16 plutôt que 21, contrairement à QS qui aurait décroché 3 sièges de plus, pour un total de 14. Pour sa part, le PQ aurait fait élire 10 députés, alors qu’il n’en a que 3 à l’heure actuelle.

Même le Parti conservateur du Québec (PCQ) aurait pu faire son entrée à l’Assemblée nationale avec un mode de scrutin proportionnel mixte avec liste régionale : ses 13 % de votes se seraient traduits par 10 sièges au Salon bleu.

Le MDN promet qu’une pétition sera bientôt lancée afin que les Québécois puissent publiquement réclamer cette réforme auprès du gouvernement Legault.

Avec Radio-Canada par Alexandre Duval

Canada-Québec: Il serait « suicidaire » d’accueillir plus de 50 000 immigrants par an, selon Legault

septembre 28, 2022

Le chef de la CAQ a toutefois jugé que le ministre sortant de l’Immigration, Jean Boulet, ne pourrait réintégrer son poste après avoir tenu des propos controversés sur les nouveaux arrivants.

François Legault livrant un discours.

François Legault a pris la parole mercredi matin devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Photo : Radio-Canada/Mathieu Potvin

Afin de contrer la tendance du déclin du français dans la province, François Legault estime qu’il faut s’en tenir au seuil d’immigration proposé par son parti, à savoir 50 000 immigrants par an dès 2023. Il serait « un peu suicidaire » d’accepter davantage de nouveaux arrivants, selon le chef caquiste.

Le premier ministre sortant, sous qui le Québec a accueilli plus d’immigrants que jamais, a déclaré mercredi matin devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) que son parti serait plus exigeant en matière de connaissance du français chez les immigrants. On va essayer d’envoyer un plus grand pourcentage [d’immigrants] dans les régions francophones, a-t-il assuré.

« Mais tant qu’on n’aura pas stoppé le déclin du français, je pense que pour la nation québécoise qui veut protéger la langue, ce serait un peu suicidaire d’aller augmenter [le seuil]. »— Une citation de  François Legault, chef de la Coalition avenir Québec

Questionné en mêlée de presse, le chef caquiste ne s’est pas rétracté, estimant que les Québécois attendent du gouvernement des gestes concrets pour arrêter la tendance du déclin de la langue.

Au terme de sa discussion avec M. Legault, le président de la CCMM, Michel Leblanc, s’est dit en désaccord avec la position du premier ministre sortant. Dans notre esprit, ce n’est pas du tout suicidaire, a-t-il déclaré aux journalistes.

Boulet disqualifié pour le poste de ministre de l’Immigration

À cette déclaration du chef caquiste s’ajoute celle controversée de son ministre sortant de l’Immigration et du Travail, Jean Boulet, qui a refait surface après avoir été prononcée la semaine dernière lors d’un débat entre les candidats de la circonscription de Trois-Rivières.

M. Boulet y a déclaré que 80 % des immigrants s’en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise.

Mercredi, le candidat caquiste dans Trois-Rivières s’est dit désolé d’avoir mal exprimé [sa] pensée, jugeant que sa déclaration aurait dû être comprise en deux temps. D’une part, 80 % des immigrants s’en vont à Montréal. D’autre part, [il y en a qui ne] travaillent pas, [ne] parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise.

François Legault a pour sa part « regretté » les propos « inacceptables » de M. Boulet, assurant qu’ils ne reflétaient pas le fond de sa pensée.

Le député sortant peut toutefois faire une croix sur le ministère de l’Immigration. En entrevue à Midi info, François Legault a estimé qu’il s’agissait d’une question de perception, d’image, de confianceMalheureusement, je ne pense pas qu’il peut aspirer à retrouver son poste après cette déclaration, a-t-il expliqué.

Des propos irresponsables condamnés par les chefs

Le suicide, c’est se donner la mort. François Legault croit qu’accueillir plus d’immigrants, c’est la mort de la nation québécoise, a réagi le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, dont le parti propose d’augmenter les seuils de 60 000 à 80 000 personnes par an.

Si la CAQ souhaitait vraiment encourager la francisation au Québec, a-t-il plaidé, elle aurait ajouté des sommes à cet égard dans son cadre financier. Les propos tenus par son chef sont « blessants, grossiers et irresponsables ».

Même son de cloche du côté du Parti québécois, où le chef Paul St-Pierre Plamondon a dit qu’il était de plus en plus difficile de croire que les déclarations de la CAQ soient chaque fois […] des accidents.

Les caquistes cherchent, selon lui, à « mettre sous le tapis » le fait qu’accueillir 50 000 immigrants par année était propice au déclin du français. C’est une façon d’essayer de faire oublier la pauvreté de leur programme, la pauvreté de leur bilan et ce qu’ils ont à proposer en matière de langue française. Je trouve ça très irresponsable, a-t-il lancé.

Sa formation, qui fait de la défense du français son cheval de bataille, entend pour sa part abaisser les seuils d’immigration à 35 000 par année.

Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a pour sa part rappelé que M. Legault n’en était pas à son premier faux pas en la matière : au cours de la campagne, il avait dû s’excuser pour des propos qui établissaient un lien entre l’immigration et la violence.

Sous son gouvernement, le Québec a accueilli 70 000 immigrants en un an, a-t-il poursuivi. Était-ce un suicide pour la CAQ? Je ne pense pas. J’ignorais qu’il jugerait son propre mandat si sévèrement, a déclaré M. Duhaime, qui s’oppose à une augmentation des seuils.

Se disant « en désaccord profond » avec la vision caquiste, la cheffe du Parti libéral du Québec Dominique Anglade, qui plaide pour une augmentation des seuils à 70 000 personnes par an, a jugé que François Legault avait fait preuve d’un « manque flagrant d’empathie ».

Alors que l’histoire tragique de la jeune Amélie Champagne, qui s’est enlevé la vie après avoir été hospitalisée, a défrayé les manchettes cette semaine, le mot est « particulièrement mal choisi », a-t-elle accusé.

Radio-Canada par Valérie Boisclair avec la collaboration de Jérôme Labbé

Canada-Québec: De nouveaux barrages pour remédier au manque d’électricité, propose la CAQ

septembre 6, 2022
François Legault lors d'un point de presse.

François Legault a annoncé à Bécancour son intention d’augmenter la production d’énergie propre au Québec. Photo : La Presse Canadienne/Jacques Boissinot

Pour pallier le manque d’électricité anticipé d’ici 2030 et réaliser sa promesse d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, François Legault envisage la construction de nouveaux barrages hydroélectriques au Québec.

L’époque où François Legault, alors nouvellement premier ministre, proposait à son homologue ontarien Doug Ford les surplus d’électricité du Québec est loin derrière. La situation a changé, a insisté mardi le chef caquiste, qui a rappelé que l’électricité viendrait à manquer d’ici 2030.

Pour y remédier, le premier ministre sortant souhaiterait donner à Hydro-Québec le mandat d’étudier la possibilité de construire de nouveaux barrages en sol québécois. M. Legault ramène ici une idée déjà évoquée lors de son arrivée au pouvoir, à l’automne 2018.

Juste pour vous donner un ordre de grandeur, Hydro-Québec produit par année 200 térawattheures [TWh] d’électricité. […] On va en avoir besoin de 100 TWh de plus dans les prochaines années, a déclaré M. Legault.

« On prévoit que d’ici 2050, on va avoir besoin [de l’équivalent] d’un demi Hydro-Québec. »— Une citation de  François Legault, chef de la Coalition avenir Québec

Afin d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, la Coalition avenir Québec (CAQ) sait qu’elle devra électrifier tous les secteurs d’activité de la province. Ça va nous prendre beaucoup d’électricité pour remplacer les hydrocarbures, a offert M. Legault.

En plus d’alimenter le Québec en entier, Hydro-Québec doit aussi acheminer de l’électricité vers les États voisins avec qui le gouvernement Legault a conclu des ententes.

Sous sa gouverne, le Québec a obtenu deux des plus importants contrats d’approvisionnement en électricité de son histoire, à savoir un projet de 30 milliards de dollars américains avec l’État de New York et la ligne Appalaches-Maine, qui doit permettre à la société d’État d’importer son énergie jusqu’au Massachusetts.

Si la construction de nouveaux barrages hydroélectriques se concrétise, le chef de la CAQ compte en raccourcir les échéanciers, qui sont pour l’instant évalués à une quinzaine d’années. L’élaboration de ces grands chantiers se fera en collaboration avec les communautés autochtones et inuit, a-t-il ajouté.

Questionné sur les lieux où pourraient être aménagées ces nouvelles installations, M. Legault a répondu qu’il reviendrait à Hydro-Québec d’évaluer les meilleurs endroits pour les accueillir. Selon le premier ministre sortant, Hydro-Québec considère déjà quelques alternatives.

La CAQ mise également sur l’efficacité énergétique pour augmenter sa production d’énergie propre. D’ici 2030, la formation politique estime pouvoir obtenir au moins 8 TWh en intensifiant ses efforts en la matière. Dans un prochain mandat, le parti ajouterait aussi 3000 mégawattheures (MW) d’électricité éolienne.

En parallèle de ces mesures, la CAQ promet d’injecter 40 millions de dollars pour financer le projet de la Vallée de la transition énergétique, qui réunit les villes de Trois-Rivières, Shawinigan et Bécancour, afin de favoriser le développement et la fabrication de batteries pour voitures électriques.

M. Legault s’engage en outre à faire passer de 6500 à 21 500 le nombre de bornes de recharge de niveau 2, et de 1000 à 2200 le nombre de bornes rapides pour les voitures électriques d’ici 2026. Dans son Plan pour une économie verte, présenté en 2020, le gouvernement Legault s’était fixé un objectif de 2500 bornes rapides d’ici 2030.

Un gouvernement Legault injecterait 50 millions de dollars pour l’augmentation de bornes de recharge d’un bout à l’autre de la province.

Radio-Canada par Valérie Boisclair

Canada-Québec: Un record d’immigrants sous Legault

août 26, 2022

Jamais le Québec n’a accueilli autant d’immigrants. Un bilan contraire aux promesses faites par François Legault en 2018.

Un ouvrier fait des semis.

Le nombre de travailleurs étrangers arrivés au Québec a explosé ces dernières années. Photo : La Presse Canadienne/Graham Hughes

En prendre moins, mais en prendre soin. Tel était le slogan répété, jour après jour, durant la dernière campagne électorale victorieuse de François Legault.

Pourtant, dans les faits, c’est un tout autre scénario qui a déboulé sur le Québec au cours des quatre dernières années.

Retour sur un mandat controversé en matière d’immigration, où les contestations judiciaires, les bisbilles avec Ottawa et les affrontements avec le monde des affaires ont été omniprésents.

Des seuils baissés, mais…

François Legault a tenu sa principale promesse. Dès sa première année au pouvoir, il a baissé les seuils d’immigration d’environ 20 %. Près de 40 000 immigrants permanents ont été accueillis au Québec en 2019.

Mais, au total, il n’y a pas moins d’immigrants au Québec que sous l’ère libérale précédente. Bien au contraire.

Depuis l’arrivée au pouvoir du chef caquiste, le nombre de personnes arrivées dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) a rapidement explosé. Entre 2017 et 2019, ce nombre a même doublé, avant une stagnation due à la pandémie et à la restriction des voyages.

L’an passé, près de 36 000 travailleurs étrangers temporaires ont été embauchés au Québec. Aucune autre province n’a connu une telle augmentation durant cette période.

Alors que la frontière canadienne est désormais pleinement rouverte, ce chiffre a de bonnes chances d’être battu cette année. De janvier à mars, plus de 14 000 travailleurs étrangers temporaires ont eu l’autorisation de venir au Québec.

C’est d’ailleurs sur ce thème, l’immigration temporaire, que le gouvernement Legault a réalisé de véritables avancées, qui ont été saluées – une fois n’est pas coutume – à la fois par les immigrants et par les employeurs.

Depuis son arrivée en poste l’automne dernier, Jean Boulet – également ministre du Travail – a négocié avec Ottawa des assouplissements réclamés depuis longtemps au niveau des formalités administratives et du recrutement. Il est maintenant plus facile et moins long d’embaucher un travailleur étranger.

Bien plus de 100 000 immigrants en 2022

L’abaissement des seuils d’immigration n’a quant à lui pas duré très longtemps.

Petit à petit, le nombre d’immigrants permanents accueillis au Québec est revenu à des niveaux similaires vus avant la prise de pouvoir caquiste. Un nombre record de nouveaux résidents permanents devrait même arriver d’ici la fin de l’année.

Pour compenser les effets de la crise sanitaire, le gouvernement a promis d’accueillir 18 000 personnes supplémentaires. Il devrait donc y avoir près de 70 000 nouveaux arrivants en 2022.

En cumulant les résidents permanents et les temporaires, la barre des 100 000 immigrants – hors étudiants étrangers – sera donc aisément franchie cette année.

Et ce décompte ne prend pas en compte, non plus, le nombre de travailleurs venant dans le cadre du Programme de mobilité internationale (PMI). Ce programme permet aux employeurs – selon les professions – de réaliser des embauches sans avoir à fournir une longue, coûteuse et pénible évaluation des impacts sur le marché du travail (EIMT).

Selon Immigration Canada, des dizaines de milliers travailleurs arriveraient ainsi au Québec chaque année, mais le ministère fédéral n’a pas été en mesure de nous fournir des données complètes, puisqu’il dit de pas connaître avec exactitude la province de destination de ces immigrants.

Le devant de bureaux de l’Immigration, de la francisation et de l’intégration

Québec est responsable d’une partie de la sélection des immigrants arrivant dans la province. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Qu’en sera-t-il pour l’avenir? Québec a refusé de publier sa prochaine planification avant la campagne électorale, mais François Legault a déjà fermé la porte à une révision à la hausse, tout en affirmant privilégier l’immigration économique, au détriment des autres catégories.

Le premier ministre a maintes fois clamé que le Québec a atteint sa capacité d’accueil, même si, comme l’a révélé Radio-Canada, aucune étude n’existe à ce sujet.

Il y a d’ailleurs eu, tout au long de ce mandat, des remous en interne. Plusieurs sources nous ont parlé de différends, au Conseil des ministres, entre les élus à vocation économique et le premier ministre, sur le nombre d’immigrants à admettre.

En mai dernier, le ministre Boulet avait par exemple jugé raisonnable une proposition d’augmenter les seuils à 58 000 immigrants permanents, avant de faire volte-face quelques heures plus tard.

Un accord complexe entre Québec et Ottawa

L’immigration est une compétence partagée entre Québec et Ottawa. Un accord a été signé en 1991 et le Québec est la seule province à disposer d’une telle entente. Celle-ci permet notamment au gouvernement québécois de sélectionner ses propres immigrants dans la catégorie économique.

Québec est également libre de fixer ses propres cibles d’immigration, même si, selon cet accord, le Québec devrait normalement recevoir un pourcentage d’immigrants égal au pourcentage de sa population par rapport à la population totale du Canada. Ce qui n’est pas le cas actuellement.

François Legault a fait part de son désir de revoir cet accord afin d’obtenir plus de pouvoirs. Il souhaite par exemple gérer le programme de réunification familiale pour imposer une meilleure connaissance de la langue française dans cette catégorie. Une demande déjà rejetée par Justin Trudeau.

Un moment de confidence lors d'une conférence de presse

Le premier ministre du Québec, François Legault, et Simon Jolin-Barrette lors du bilan du gouvernement en juin 2019 Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

De Jolin-Barrette à Boulet

Il faudrait d’ailleurs diviser ce mandat caquiste en deux parties bien distinctes, tant le style, le ton et les résultats ont été différents.

Au cours des deux premières années, le ministre Simon Jolin-Barrette, qui avait la pleine confiance de François Legault et la responsabilité de mettre en œuvre différentes réformes en immigration, s’est attiré les foudres d’experts, d’avocats et des oppositions.

En interne, on parlait même d’une guerre ouverte entre son cabinet et la machine administrative. À micro fermé, des conseillers et des élus à Ottawa fustigeaient également le comportement et les actions du ministre Jolin-Barrette.

Dans un premier temps, ce dernier a voulu revoir radicalement le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), un programme permettant d’accéder rapidement à la résidence permanente pour tous ceux qui ont déjà étudié ou travaillé dans la province. Critiqué de toutes parts, y compris par des sommités internationales, ce projet a dû être suspendu, avant d’être remis en place – avec des changements – quelques mois plus tard.

Ces différentes réformes, qui ont conduit à l’abandon contesté devant les tribunaux de milliers de dossiers d’immigration, avaient un but principal : privilégier Arrima, un nouveau système de sélection des immigrants. Or, ce dernier peine encore à trouver son rythme de croisière.

Les relations entre le gouvernement Legault, en matière d’immigration, se sont par la suite apaisées avec Ottawa et la société civile, après l’arrivée en poste de Nadine Girault (juin 2021), puis de Jean Boulet (novembre 2021).

Seule friction toujours vive : les délais d’immigration, très différents entre le Québec et le reste du Canada. Initialement, le gouvernement fédéral avait publiquement accusé Québec d’allonger ce temps d’attente pour les immigrants avant d’admettre sa part de responsabilité et d’être vivement accusé de négliger les dossiers des étudiants francophones voulant venir au Québec.

Jean Boulet s'exprime debout à l'Assemblée nationale, en gesticulant de la main.

Le ministre de l’Immigration, Jean Boulet, a obtenu des gains avec Ottawa afin de réduire les formalités administratives pour l’embauche de travailleurs temporaires. Photo : La Presse Canadienne/Jacques Boissinot

Francisation, réduction des exigences de français

Outre la baisse du nombre d’immigrants, le gouvernement Legault avait un autre cheval de bataille : améliorer le taux de francisation.

Chaque année, des dizaines de millions de dollars ont été dépensés à cet effet. Lors du plus récent budget, 290 M$ ont d’ailleurs été annoncés pour renforcer l’intégration en emploi des personnes immigrantes.

« Les dépenses du Québec en matière d’intégration et de francisation des personnes immigrantes ont atteint des niveaux historiques. »— Une citation de  Arianne Méthot, porte-parole du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec (MIFI)

Malgré ces mesures, qui ont été saluées, la CAQ s’est attiré les foudres des oppositions, notamment du Parti québécois. Ce dernier a par exemple demandé à plusieurs reprises de revoir le système de sélection des immigrants.

À ce jour, ne pas connaître la langue française n’est pas rédhibitoire pour immigrer au Québec. Le gouvernement a même ouvert la porte à une réduction de ces exigences pour permettre plus facilement à des talents – selon les mots utilisés par Nadine Girault – d’arriver dans la province.

Pour la première fois, un programme d’immigration, avec quelques centaines de places, a aussi été créé. Celui-ci est réservé aux non-francophones travaillant dans certains secteurs recherchés, avec des hauts salaires.

D’ailleurs, François Legault a confié ouvertement à des chefs d’entreprises avoir un problème avec les immigrants gagnant moins de 56 000 $ annuellement. Des propos qu’il ne regrette pas et qu’il justifie en invoquant son désir d’augmenter le salaire moyen au Québec.

Avec Radio-Canada par Romain Schué

Québec offre des funérailles nationales à Guy Lafleur

avril 22, 2022
Il salue la foule lors d'un match d'anciens joueurs.

Guy Lafleur, meilleur pointeur de l’histoire du Canadien. Photo: La Presse Canadienne/Clément Allard

La légende du Canadien de Montréal Guy Lafleur aura droit à des funérailles nationales, si sa famille le veut bien. Le premier ministre du Québec, François Legault, en a fait l’annonce vendredi lors d’un point de presse.

Au nom de la nation québécoise, je veux offrir mes plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Guy Lafleur. Suite à son décès, c’est tout le Québec qui est en deuil. Guy Lafleur a marqué plusieurs générations par ses exploits sportifs et aussi par sa gentillesse, sa générosité, a-t-il dit.

Il est parti trop tôt, trop jeune. Son décès nous rappelle à notre condition humaine. La vie passe tellement vite, comme une comète blonde. Comme Guy Lafleur dans ses montées à l’aile droite.

Québec est actuellement en discussion avec la famille Lafleur pour la tenue de funérailles nationales.

« Avec la permission de sa famille, l’État québécois va organiser des funérailles nationales. C’est tout le Québec qui va lui rendre hommage. Et graver à tout jamais le nom de Guy Lafleur dans notre mémoire collective. »— Une citation de  François Legault, premier ministre du Québec.

Seulement deux sportifs ont eu droit à des funérailles nationales dans l’histoire du Québec. Ce sont deux autres légendes du Canadien : Maurice Richard le 31 mai 2000 et Jean Béliveau le 10 décembre 2014.

Le gouvernement du Québec a par ailleurs ouvert un registre de condoléances et invite les Québécois qui le souhaitent à écrire un mot pour rendre hommage à Lafleur sur le site Québec.ca. Le registre sera ensuite remis à la famille.

M. Legault a aussi confirmé que son équipe est en train d’évaluer la possibilité de renommer des routes ou des infrastructures en l’honneur de Guy Lafleur, comme l’autoroute 50, qui passe par Thurso, sa ville natale en Outaouais.

L’ancienne vedette du CH est décédée vendredi à l’âge de 70 ans après un long combat contre le cancer.

Avec Radio-Canada

Canada: Québec présente son calendrier de déconfinement

février 8, 2022
Luc Boileau (flou, à gauche), François Legault avec un léger sourire au centre et Christian Dubé (flou, à droite), à la table de la conférence de presse.

En compagnie de Luc Boileau, directeur national de santé publique par intérim (à gauche), et Christian Dubé, ministre de la Santé (à droite), le premier ministre François Legault a annoncé un retour à une « vie plus normale » le 14 mars. Photo : Radio-Canada/Sylvain Roy Roussel

À l’heure où les signes d’impatience pandémique se multiplient, le gouvernement du Québec a dévoilé mardi un calendrier de déconfinement qui doit mener les Québécois à une « vie plus normale » à compter du 14 mars. « Il va falloir apprendre à vivre avec le virus », a résumé le premier ministre François Legault.

Le plan présenté par le premier ministre Legault s’articule autour de cinq dates en février et mars qui doivent conduire à une levée complète des restrictions imposées aux restaurants, bars, salles de spectacle, casinos, lieux de culte, gymnases et spas de la province, pour ne nommer que ces derniers.

Le calendrier de déconfinement en bref :

À compter du 12 février

  • Abolition de la limite légale pour le nombre de personnes permises dans les rassemblements dans les résidences privées. Par contre, la santé publique recommande un maximum de 10 personnes ou un groupe provenant d’un maximum de trois adresses différentes;
  • Le nombre maximum de personnes permises à la même table dans les restaurants et les salles à manger passe à 10 personnes par table ou un groupe provenant de trois adresses différentes;
  • Levée des restrictions sur les visiteurs dans les CHSLD et les RPA. Toutes les personnes qui possèdent un passeport vaccinal valide pourront désormais aller visiter leurs proches et leurs amis dans les milieux de vie pour aînés.

  • À compter du 14 février
  • Réouverture des salles de sport et des spas à 50 % de leur capacité et reprise de la pratique des sports pour les adultes;
  • La tenue de parties dans les sports d’équipe sera désormais permise;
  • La limite des spectacles extérieurs passe à un maximum de 5000 personnes.


À compter du 21 février

  • Tous les commerces pourront ouvrir à 100 % de leur capacité;
  • Retrait de la limite de 500 personnes imposée aux salles de spectacle qui ne pourront cependant remplir leurs salles qu’à 50 % de leur capacité.


À compter du 28 février

  • Les tournois et les compétitions sportives pourront recommencer à avoir lieu;
  • Le télétravail ne sera plus obligatoire, mais seulement recommandé par la santé publique;
  • Les lieux de culte et les salles de spectacle pourront rouvrir à 100 % de leur capacité à l’exception du Centre Bell et du Centre Vidéotron;
  • Réouverture des bars et des casinos à 50 % de leur capacité d’accueil, mais sans danse ni karaoké.
  • Les restaurants et les bars devront fermer à 1 h, et le dernier service sera offert à minuit.


À compter du 14 mars

  • Retour de la danse et du karaoké dans les bars et les casinos.
  • Les restaurants, les bars et les grandes salles – comme le Centre Bell – vont pouvoir rouvrir à 100 % de leur capacité d’accueil.

« Ça veut dire que le 14 mars, l’essentiel des mesures sanitaires va être levé, donc on va revenir à une vie plus normale. »— Une citation de  François Legault, premier ministre du Québec

« Il va falloir apprendre à vivre avec le virus », dit François Legault

« Il va falloir apprendre à vivre avec le virus », dit François Legault

Le masque et le passeport maintenus partout

Aucune mesure de protection personnelle contre le virus, comme le port du masque, la désinfection et la distanciation sociale, n’est modifiée dans ce plan de déconfinement présenté par Québec. Toutes, y compris le passeport vaccinal, demeurent en place jusqu’à nouvel ordre.

Ce qui nous permet de faire le déconfinement, beaucoup, c’est l’espace dans les hôpitaux qu’on a créé, mais aussi le fait d’avoir un passeport vaccinal et le masque, a expliqué le ministre de la Santé, Christian Dubé, aux côtés du premier ministre Legault et du directeur national de santé publique par intérim, Luc Boileau.

M. Dubé ne s’est cependant pas avancé sur la possibilité que le passeport nécessite trois doses de vaccin.

« Nous ne prévoyons pas lever le port du masque actuellement, ça demeure une mesure très efficace pour réduire la contagion. […] Et nous souhaitons qu’il reste ainsi au moins jusqu’au 14 mars. On verra par la suite. »— Une citation de  Luc Boileau, directeur national par intérim de santé publique du QuébecUne grande table avec des étudiantes assises, elles portent un masque.

Le masque et les autres mesures individuelles seront maintenus au moins jusqu’à la mi-mars, assure le gouvernement Legault. Photo : Radio-Canada

Levée prochaine de l’urgence sanitaire

En ce qui a trait à l’état d’urgence sanitaire qui est maintenu depuis des mois au Québec par le gouvernement, François Legault a annoncé que son gouvernement prévoyait le lever en mars prochain.

Le ministre Dubé travaille actuellement au dépôt d’un projet de loi qui mettrait fin à cet état d’urgence, tout en maintenant certaines mesures toujours nécessaires.

Dépendamment de ce qu’on fait avec les masques, le passeport vaccinal, les primes aux infirmières… il va rester des raisons d’utiliser l’urgence sanitaire, a expliqué le premier ministre. Ce qu’on regarde, c’est pour déposer en mars un projet de loi qui viendrait encadrer ce besoin d’avoir des règles exceptionnelles.

« Ce n’est pas notre objectif de continuer à garder indéfiniment l’urgence sanitaire. »— Une citation de  François Legault, premier ministre du Québec

Rappelons que l’article 119 de la Loi sur la santé publique autorise le gouvernement à renouveler l’état d’urgence sans obtenir l’accord de l’Assemblée nationale. Une situation qui irrite l’opposition et plusieurs organismes qui accusent le gouvernement de profiter de la crise sanitaire depuis des mois pour gouverner par décrets et imposer des mesures plus politiques que sanitaires en contournant les mécanismes démocratiques en place.

Augmentation des hospitalisations à prévoir

Conscient de l’éventualité d’un rebond important du nombre de cas et d’hospitalisations à la faveur des mesures de déconfinement qui s’additionneront jusqu’à la mi-mars en cette fin de vague Omicron, le Dr Luc Boileau a reconnu qu’il y a beaucoup d’incertitude de ce côté-là.

Pour l’instant, nos calculs montrent que c’est un risque qui est réel d’avoir une augmentation, mais qui ne nous inviterait pas à reculer sur les mesures qui sont là, a-t-il soutenu.

Ce qu’on estime, c’est qu’avec la levée de plusieurs mesures qui ont eu lieu déjà depuis quelques semaines et celles qui sont annoncées aujourd’hui, on devrait avoir soit un plateau qui devrait s’installer pour les hospitalisations et peut-être une remontée. Mais nous calculons que la remontée ne devrait pas être à la hauteur de ce que nous avons connu, a ajouté le chef de la santé publique québécoise par intérim.

Plus de prévisibilité

L’annonce de ce calendrier de déconfinement était très attendue des Québécois, notamment des milieux d’affairestouristiques, hôteliersmunicipaux et culturels, où l’on réclame depuis des semaines plus de prévisibilité de la part du gouvernement dans sa gestion de la situation sanitaire.

Au Conseil du patronat, on a soupiré de soulagement dès la présentation du calendrier mardi après-midi, heureux que le gouvernement commence à faire confiance aux citoyens et aux employeurs.

« On nous donne enfin le plan détaillé, étape par étape, qu’on réclamait. La fermeture de l’économie ne doit plus être le premier réflexe après deux ans de pandémie. »— Une citation de  Conseil du patronat du Québec

Le Conseil se réjouit également de la fin annoncée du télétravail obligatoire à compter du 28 février. Les employeurs auront la flexibilité nécessaire afin de s’adapter à la situation, se félicite le Conseil du patronat du QuébecCPQ.

À Québec, les réactions ne se sont pas fait attendre dans les rangs de l’opposition où la cheffe libérale, Dominique Anglade, a déploré l’absence d’un plan à plus long terme.

Le PM commence à s’ouvrir les yeux, mais nous n’avons toujours pas de plan à long terme. À la prochaine vague, on va encore gérer à la petite semaine, s’est désolée Mme Anglade sur son compte Twitter.

Chez Québec solidaire, le chef parlementaire du parti, Gabriel Nadeau-Dubois, a déploré pour sa part que le gouvernement Legault annonce aux Québécois qu’ils devront désormais vivre avec le virus sans toutefois leur donner les outils pour le faire.

Rien n’a été annoncé pour améliorer la ventilation dans les écoles, pour distribuer massivement des masques N95 et pour relancer le dépistage PCR, a-t-il rappelé.

Avec Radio-Canada par Stéphane Bordeleau