En 2023, près de 50 000 résidents permanents devraient à nouveau être admis par le gouvernement Legault.
Le gouvernement de François Legault pourrait revoir ses cibles d’immigration l’an prochain, après une consultation publique. Photo : La Presse Canadienne/Jacques Boissinot
La révision des seuils d’immigration au Québec, ce n’est pas pour tout de suite.
Comme il l’avait promis en campagne électorale, François Legault va dans un premier temps maintenir des cibles identiques d’immigrants permanents pour l’année prochaine.
Il y aura donc, en 2023, entre 49 500 et 52 500 résidents permanents qui seront admis au Québec.
Ces informations proviennent du premier plan d’immigration de la nouvelle ministre Christine Fréchette, qui vient d’être déposé à l’Assemblée nationale. Celui-ci est en fait un quasi-copier-coller du dernier plan réalisé par son prédécesseur Jean Boulet.
Une nouvelle fois, le gouvernement Legault compte mettre l’accent sur l’immigration économique, qui est essentiellement gérée par Québec. En vertu d’un accord avec Ottawa, Québec sélectionne les personnes de cette catégorie.
La part de l’immigration économique devrait représenter, l’an prochain, 65 % du nombre total d’immigrants admis, soit environ 33 000 personnes. Un chiffre similaire à 2022 et en nette hausse par rapport aux dernières années (51 % en 2020, 53 % en 2021).
Ces données montrent cependant un portrait partiel de l’immigration au Québec, puisqu’elles ne concernent que les résidents permanents.
Depuis l’arrivée au pouvoir de François Legault, un nombre record d’immigrants, toutes catégories confondues, se sont installés au Québec, principalement des travailleurs temporaires, avec des contrats généralement de deux ou trois ans.
Le nombre total d’immigrants temporaires au Québec reste flou. Au printemps, l’ex-ministre de l’Immigration, Jean Boulet, a évoqué le chiffre de 177 000 temporaires, y compris les étudiants étrangers.
68 000 résidents permanents en 2022
Selon les données présentées par Québec, les cibles prévues pour 2022 devraient globalement être atteintes.
Entre 68 000 et 69 000 résidents permanents seront admis dans la province d’ici la fin de l’année, a indiqué la ministre Christine Fréchette, devant les médias.
Ce total inclut les seuils prévus – environ 50 000 – ainsi qu’un rattrapage dû au retard du gouvernement fédéral au plus fort de la pandémie.
Pour combler un manque à gagner
, selon les termes de la ministre Fréchette, Québec avait annoncé l’an passé l’admission de 18 000 autres résidents permanents. Une mission désormais réussie, a-t-elle soutenu.
« Ce retard dû à la pandémie est maintenant complété. On n’a plus à ajouter de gens au-delà de la cible officielle. »— Une citation de Christine Fréchette, ministre de l’Immigration
Ce bilan présenté par Québec remet cependant en question des déclarations récentes du premier ministre Legault.
Ce dernier se vante régulièrement d’avoir considérablement augmenté la proportion d’immigrants connaissant la langue française. Selon ses propos, cette barre aurait dépassé les 80 %. Aucun autre gouvernement, a-t-il déjà clamé, n’a atteint un tel pourcentage.
Les chiffres présentés par son ministère de l’Immigration montrent des données différentes. En réalité, 61 % des immigrants admis au Québec, pour la cible totale de 2022, connaissent le français.
Ce pourcentage est cependant plus élevé dans le rééquilibrage prévu par Québec, qui ciblait les personnes déjà au Québec, avec un emploi. Dans cette catégorie, 86 % de ces immigrants connaissent le français.
Pour 2023, l’objectif du ministère de l’Immigration est d’admettre, au total, 66 % de personnes connaissant le français.
Un rééquilibrage sans les réfugiés
Initialement, le rééquilibrage prévu de 18 000 résidents permanents cette année ciblait l’ensemble des catégories d’immigration. Par exemple, 1500 réfugiés supplémentaires et 1000 personnes issues du regroupement familial devaient être admis au Québec, selon le plan 2022.
Finalement, le gouvernement Legault a revu ses projections. Aucun rééquilibrage n’a été fait dans ces deux catégories. L’essentiel de cet ajout a été consacré à l’immigration économique.
Révision à venir, hausse à prévoir
Ces cibles d’immigrants permanents devraient être revues dans les prochains mois. Comme l’a révélé Radio-Canada le mois passé, le gouvernement Legault songe à rehausser ces seuils en ciblant l’immigration francophone.
Des discussions sont en cours avec Ottawa pour créer, éventuellement, une autre voie de passage pour les étudiants étrangers, diplômés d’un établissement francophone, et pour les travailleurs temporaires francophones, déjà installés dans la province depuis plusieurs années.
On n’a pas statué [sur une révision à la hausse des cibles]
, a affirmé Christine Fréchette, tout en gardant une porte grande ouverte.
On veut faire en sorte de rehausser notre capacité d’accueil, dans les régions notamment. Elle n’est pas inamovible
, a-t-elle précisé.
Québec devrait présenter ses orientations lors d’une consultation publique, ouverte au milieu des affaires et à la société civile, qui devrait avoir lieu au printemps ou durant l’été prochain.
S’il y a un ensemble d’éléments qui nous permet de considérer cette option [d’augmenter les seuils], ce sera considéré
, a-t-elle ajouté.
Ces discussions mèneront à la présentation du prochain plan pluriannuel de l’immigration, pour la période 2024-2026.
Avec Radio-Canada par Romain Schué