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[Chronique] Joseph Kabila privé de sa Garde républicaine : un ex-roi nu ?

février 24, 2021
Damien Glez

Est-ce l’ultime passe d’armes entre l’ancien président et son successeur ? Alors que la Garde républicaine qui assurait la sécurité de Joseph Kabila est remplacée par des policiers, certains dénoncent une désacralisation de l’ex-chef de l’État.

Machiavel machiavelisé ? Au jeu du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette », le clan du président Félix Tshisekedi excelle et assène des coups symboliques à l’ancien régime. Beaucoup d’observateurs riaient pourtant sous cape quand le Medvedev congolais décida de s’émanciper de son Poutine local. À l’issue de la dernière présidentielle, le chef de l’État élu apparaissait comme le bénéficiaire d’une alternance en trompe-l’œil, tout comme le candidat de l’ancien régime, Emmanuel Ramazani Shadary, ressemblait, a posteriori, à un dauphin en carton-pâte.

Dans l’ombre, aux manettes d’une majorité censément solide, confortablement installé dans son fauteuil de sénateur à vie, l’impénétrable Joseph Kabila attendait que le pouvoir lui revienne comme un boomerang.

Cheval de Troie

Mû par un regain d’orgueil, l’élu déploya patiemment sa stratégie : un cheval de Troie dans le cheval de Troie d’une majorité kabiliste qu’on croyait verrouillée. Deux ans après son accession à la magistrature suprême, au tournant de l’année 2020 et au début de 2021, « Fatshi » a fissuré patiemment le clan de son allié de circonstance.

Après avoir obtenu le départ de la présidente de l’Assemblée nationale, une majorité d’« Union sacrée de la nation » de 391 députés et le changement de Premier ministre, il restait à Tshisekedi quelques mesures symboliques à prendre, qui frisent l’humiliation de son prédécesseur…

CELUI QUI RÉGNA SUR LA RDC PENDANT DIX-HUIT ANS SERA DÉSORMAIS GARDÉ PAR 75 « SIMPLES » POLICIERS…

Quelques jours auparavant, plusieurs centaines de Gardes républicains qui protégeaient Joseph Kabila et l’ensemble des lieux où évoluait sa famille proche ont été rapatriés dans leur unité d’origine.

Il y a deux semaines déjà, à Kinshasa, étaient enlevés les barrières, voitures blindées et chars qui empêchaient l’accès au monument érigé en hommage à Laurent-Désiré Kabila et à la rue kinoise où se situe la résidence du « président honoraire » et « sénateur à vie » Joseph Kabila. Celui qui régna sur la RDC pendant dix-huit ans sera désormais gardé par 75 « simples » policiers…

Kabila désacralisé

Bien entendu, les tshisekedistes ont beau jeu de rappeler que la loi affecte la Garde républicaine à la seule protection du chef de l’État en exercice. Il n’empêche. La figure de Kabila est d’autant plus désacralisée que des badauds curieux peuvent désormais faire des selfies à proximité de sa porte d’entrée. Ce week-end, à Lubumbashi, le départ des Gardes républicains affectés aux propriétés de l’ancien président a même suscité des rumeurs…

À MALIN, MALIN ET DEMI ?

Reste à savoir si la guéguerre entre le fils d’Étienne et celui de Laurent-Désiré sera une partie de billard français à trois bandes. À malin, malin et demi ? Toujours jeune pour un dirigeant politique, Joseph Kabila sortira-t-il un ultime tour de sa besace politicienne ? Il aurait quitté sa ferme de Lubumbashi pour chercher l’inspiration en Zambie puis aux Émirats arabes unis. Objectif 2023 ?

Avec Jeune Afrique par  Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Congo: le nouvel homme de confiance de la garde républicaine

janvier 12, 2018

 

Le visage du nouveau patron de la garde républicaine, le Colonel Gervais AKOUANGUE.
Colonel AKOUANGUE, nombreux de vos prédécesseurs qui ont occupé ces postes juteux et mielleux auprès du Kagni, avec rang de conseiller, ne sont plus de ce monde, notamment: Blaise Adoua et Emmanuel Avoukou sans oublier les hommes forts comme Yves Motandot Mongo et Marcel Ntsourou

Autre nomination qui vient de tomber : Monsieur Paul Morossa est nommé Secrétaire général adjoint du Conseil national de sécurité.

De peur d’une éventuelle attaque ce soir vers le domicile de NIANGA MBOUALA, certains habitants des quartiers comme Moungali et Ouenze ont commencé à plier bagages.

Affaire à suivre

Photo de BrazzaNews.
Colonel Gervais AKOUANGUE
Photo de BrazzaNews.
Avec Brazzanews.fr

Côte d’Ivoire: un mutin tué à Yamoussoukro par la Garde Républicaine (source militaire)

janvier 17, 2017

Abidjan – Un soldat mutin ivoirien a été tué mardi par la Garde Républicaine devant le camp de ce corps d’élite à Yamoussoukro, la capitale politique de Côte d’Ivoire, a appris l’AFP de source militaire.

« Le mutin a été tué par la GR (Garde républicaine) devant le camp » à Yamoussoukro? a affirmé une source militaire à l’AFP sous couvert de l’anonymat. Une source proche du ministère de la Défense a confirmé. Le mutin faisait partie des militaires qui ont commencé à protester en tirant en l’air dans la matinée.

C’est le premier mort depuis le début du mouvement de mutinerie initiée à Bouaké (Centre) le 5 janvier.

Mardi matin, des soldats ont commencé à tirer en l’air, rackettant les habitants notamment sur la route nationale Abidjan-Bouaké, principal axe du pays, qui traverse la ville.

En effet les soldats qui se sont mutinés le 5 janvier ont trouvé vendredi dernier un accord avec le gouvernement qui prévoit que chacun des 8.500 anciens rebelles intégrés dans l’armée touche 12 millions de CFA (18.000 euros) d’ici la fin de l’année. Il n’est pas prévu que cette prime soit donnée aux autres militaires et gendarmes du pays.

Nouvelle colère de militaires qui tirent en l’air dans plusieurs villes

Des coups de feu tirés par des soldats mécontents ont à nouveau résonné mardi dans plusieurs villes de Côte d’Ivoire, quatre jours après un accord financier trouvé entre le gouvernement et d’anciens rebelles, ont constaté un journaliste de l’AFP et des témoins.

Au total, cinq villes – dont Bouaké et la capitale Yamoussoukro – ont été touchées par ces manifestations de colère des soldats, selon les médias ivoiriens.

Ces tirs étaient majoritairement l’oeuvre de soldats ou gendarmes qui ne sont pas concernés par l’accord trouvé vendredi soir entre le gouvernement et les soldats qui se sont mutinés au début du mois. Selon cet accord, 8.500 anciens rebelles intégrés dans l’armée devraient toucher 12 millions de CFA (18.000 euros) chacun d’ici la fin de l’année.

A Yamoussoukro, la capitale politique du pays, des soldats circulaient en tirant dans le centre-ville et rackettaient les habitants, notamment sur la route nationale Abidjan-Bouaké, principal axe du pays, qui traverse la ville.

« Ils circulent en ville à bord de cargos (camions militaires). Ils arrachent (volent) des véhicules » a affirmé Ahmed Ouattara, un garagiste de Yamoussoukro.

« J’ai préféré rentrer chez moi. Ils volent des véhicules », a affirmé à l’AFP un habitant Koffi Germain. « Nous nous cachons, il y a beaucoup de tirs », a ajouté un fonctionnaire sous couvert d’anonymat.

Selon plusieurs témoins, ces tirs étaient l’oeuvre de soldats venus de la caserne de Zambakro, à une dizaine de km de Yamoussoukro – et qui ne sont donc pas d’anciens rebelles -, afin de réclamer une prime semblable à celle promise à leurs collègues.

A Bouaké, épicentre de la mutinerie du début du mois, les gendarmes, également non concernés par l’accord, ont aussi commencé à tirer pour revendiquer de l’argent. Leur camp a été ensuite encerclé par des soldats (anciens mutins) dont certains avaient commencé à retirer leurs paiements dans les banques mardi matin, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des tirs ont été entendus dans plusieurs autres villes à Dimbokro (50 km de Yamoussoukro) selon une habitante jointe par l’AFP, mais aussi à Man (ouest) et Daloa (centre-ouest), selon des médias ivoiriens.
       

Romandie.com avec(©AFP / 17 janvier 2017 15h50)             

Congo: Révélations troublantes et accablantes d’un dissident de la garde républicaine

décembre 24, 2016

 

Côte d’Ivoire : l’ancienne garde militaire de Laurent Gbagbo à son tour sur le banc des accusés

mars 12, 2015

Le général Dogbo Blé, ancien chef de la garde républicaine, se rendant à son procès en 2012.
Le général Dogbo Blé, ancien chef de la garde républicaine, se rendant à son procès en 2012. © AFP

Quatorze militaires, anciens membres de la garde rapprochée de Laurent Gbagbo, doivent être jugés jeudi pour leur rôle dans la crise postélectorale.

« Le tribunal militaire va juger dès jeudi quatorze membres de la garde rapprochée de (Laurent) Gbagbo, dont son médecin militaire », a déclaré le procureur militaire Ange Kessi lors d’une conférence de presse, mercredi 11 mars. « Il s’agit du procès militaire des éléments de la garde républicaine et des soldats en relation avec la crise post-électorale », poursuivis pour « violation de consigne » et « atteinte à la sûreté de l’État », a-t-il ajouté.

Jean-Noël Abéhi, Anselme Séka Yapo et Brunot Dogbo Blé, trois piliers de l’appareil sécuritaire sous Laurent Gbagbo, seront aussi jugés par la justice militaire pour leur rôle dans la crise, a indiqué Ange Kessi, sans fournir de précision sur le calendrier.

Le commandant Jean-Noël Abéhi dirigeait l’escadron blindé d’Agban, le plus grand camp de gendarmerie du pays, basé à Abidjan, une unité qui fut l’un des derniers remparts du régime Gbagbo durant la crise.

Le commandant Anselme Séka Yapo, dit « Séka Séka », ex-chef de la sécurité rapprochée de Simone Gbagbo, fut quant à lui l’un des hommes les plus craints de Côte d’Ivoire, décrit par ses détracteurs comme l’un des chefs des « escadrons de la mort » accusés d’avoir sévi sous l’ancien président.

Enfin, le général Brunot Dogbo Blé, qui commandait la garde républicaine, a déjà été condamné à quinze ans de prison en 2012 pour complicité dans l’assassinat d’un officier à la retraite. Mardi, la cour d’assises d’Abidjan lui a également infligé 20 ans de réclusion pour « atteinte à la sûreté de l’État ».

« Acharnement » contre les proches de Laurent Gbagbo ?

L’annonce intervient au lendemain du verdict d’un procès civil, qui a duré plus de deux mois. Outre la condamnation de Simone Gbagbo à vingt ans d’emprisonnement, des peines de cinq ans de réclusion ont été prononcées contre Michel Gbagbo, le fils de l’ex-président, et contre Abou Drahamane Sangaré, un cadre du Front populaire ivoirien (FPI), le parti pro-Gbagbo.

« Le verdict donne le net sentiment qu’il s’agit d’un acharnement contre la famille et les proches de Laurent Gbagbo », a regretté Alphonse Douati, ministre sous Laurent Gbagbo et cadre du FPI. Me Habiba Touré, avocate de l’ex-Première dame, avait dénoncé mardi une justice « instrumentalisée » par le pouvoir, ce que les autorités ont démenti mercredi.

« Il n’y a absolument pas d’interférence, la justice fait son travail de manière totalement indépendante », a affirmé mercredi Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement.

Jeuneafrique.com  avec AFP

Congo: Le général Nianga Ngatsé Mbouala invite les éléments de la GR à plus de discipline

août 4, 2014

 Le général Nianga Ngatsé Mbouala faisant la revue des troupes


Le général Nianga Ngatsé Mbouala faisant la revue des troupes

CONGO BRAZZAVILLE (CONGOSITE) – Le commandant de la garde républicaine (GR), le général de brigade Nianga Ngatsé Mbouala a invité ce 1er août à Brazzaville, les éléments placés sous sa direction à plus de discipline dans l’exercice de leurs missions en cette période des festivités de la fête nationale de l’indépendance qui sera célébrée le 15 août prochain à Sibiti dans le département de la Lékoumou.

«La cohésion, la discipline, le dévouement et l’éthique républicaine sont des valeurs qui doivent s’enraciner en vous afin que la garde républicaine soit un corps très efficace. Mais, vous devez par ailleurs, bannir le mensonge, la calomnie, la diffamation, la zizanie et l’intox. Ayez toujours la détermination, la volonté et la rage de vaincre. Mais, observez surtout la discipline sans laquelle, il n’y a pas d’efficacité opérationnelle», a-t-il déclaré.

Du groupement Nord de la garde républicaine au groupement Sud en passant par celui du Centre, le message du général Nianga Ngatsé Mbouala a été le même envers les éléments placés sous son commandement.

«Si Djambala en 2013 était une réussite, il n’y a pas de raison que la garde républicaine échoue à Sibiti en 2014», a-t-il insisté.

Selon lui, la garde républicaine est chargée d’assurer la sécurité et la protection du président de la République, des institutions de la République, des citoyens et des biens.

Congo-site.com par Christian Brice Elion

Après la crise-électorale: la garde républicaine demande pardon aux musulmans

juillet 22, 2011

Le commandant de la garde républicaine (GR), le lieutenant-colonel Kouao Amichia Edouard a rendu visite au cheikh Boikary Fofana, président du Conseil supérieur des imams (Cosim) et guide de la communauté musulmane.

L’officier est allé se présenter à lui et demander pardon à la communauté musulmane pour tout ce qu’elle a pu subir pendant la crise post-électorale. Certainement touché par cette marque d’humilité, le cheikh en a parlé, jeudi, aux fidèles musulmans, lors du lancement officiel du Hadj 2011.

Joint au téléphone, un proche du lieutenant-colonel, également commandant du Palais présidentiel, confie que le chef religieux en accueillant ce dernier, s‘est enquis de la santé de la GR. « Comment va la garde républicaine ?», a-t-il demandé à son visiteur. Lequel qui l’a tout de suite rassuré que ses troupes se portaient bien. Pour les militaires, l’attention du guide traduit son intérêt pour l’ambiance qui prévaut en leur sein après la guerre. Ils pensent aussi, dit notre source, que le cheikh a donné l’impression qu’ils viendraient vers lui, à l’idée que le rôle de certains hommes en treillis a eu un impact négatif sur les religieux.

La visite du lieutenant-colonel, est une « logique » que suit ce dernier depuis le 28 mai, selon notre source. A cette date, rappelle-t-elle, le patron de la GR avait profité d’une cérémonie-hommage au président Alassane Ouattara, à Treichville, pour s’incliner devant la mémoire des victimes de la guerre. C’est donc un « mea-culpa de la GR » qui s’adresse à toutes les couches sociales, précise le militaire. Il ajoute même qu’après avoir rencontré les évangéliques, le lieutenant-colonel a sollicité dans ce sens une audience avec l’archevêque Jean Pierre Kutwa de l’église catholique.

Notons que pendant la crise post-électorale, les lieux de culte ont subi la furia des combattants dont les militaires de la garde républicaine. Des mosquées, des églises ont été profanées par ces hommes en armes qui ont parfois enlevé des fidèles retrouvés morts plus tard. Aux noms de tous ceux-là, le patron de la Gr et les religieux ont élevé des prières et demandé aux fidèles de pardonner le mal qui leur a été fait.

Nord-Sud par B. I.

Assassinat du Colonel Dosso Adama/Les gardes du corps d’Allou Eugène et Dogbo Blé avouent: « Nous l’avons tué et jeté le corps sur l’autoroute »

juin 8, 2011

Sergent-chef Lago Léo, sergent Toh Ferdinand, respectivement gardes du corps d’Allou Bity Wanyou Eugène, ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Cameroun et du général Dogbo Blé Brunot (ex-commandant de la Garde républicaine), ainsi que les sergents Toualy Jean-Noël (bataillon blindé), Yapi Yavo dit « Djoudjou » et Lobé Lobé, tous en service à la Garde républicaine, sont aux arrêts depuis quelques jours.

Gardés à vue au commissariat du 30 ème arrondissement de la Riviera Attoban, ces cinq soldats ivoiriens font l’objet d’une procédure pénale dans le cadre de la disparition du colonel-major Dosso Adama, ancien pilote d’Houphouët-Boigny, kidnappé dans la nuit du 12 mars 2011, au plus fort de la crise post-électorale.

Passés au laminoir par le procureur militaire, Ange-Bernard Kessi Kouamé, ils n’ont fait aucune peine à avouer leur crime, sans en donner, toutefois, les motivations.

Selon le sergent Toh Ferdinand, qui s’est d’ailleurs montré très prolixe, le mardi 07 juin 2011 en fin de matinée, lors de la reconstitution des faits, sur l’Autoroute du Nord, où il affirme avoir « jeté le corps dans la broussaille », « le colonel-major Dosso Adama a été interpellé à la hauteur d’un poste de contrôle des Fds ( Forces de défense et de sécurité) en face de l’Ambassade des Etats-Unis, peu après 20 h alors qu’il rentrait de l’Hôtel du Golf ».

Alassane Ouattara, le nouveau président ivoirien et son gouvernement y étaient reclus. Tout de suite, le général Brunot Dogbo Blé, commandant de la Garde républicaine (GR), est informé. « Nous tenons le colonel-major Dosso Adama qui vient de l’hôtel du Golf », lui lance au téléphone son garde du corps. Dogbo Blé donne l’ordre « de finir avec lui », avant de changer d’avis et de demander que « le colonel-major soit conduit à lui ». Ces hommes s’exécutent.

En se rendant cette nuit-là au Golf, Dosso Adama était loin d’imaginer qu’il venait de signer son arrêt de mort. Il est alors emmené chez le général Dogbo Blé Brunot « qui ordonne à ses éléments de l’exécuter », toujours, selon Toh Ferdinand, son propre garde du corps. Le sergent Toualy Jean-Noël, qui a arrêté le colonel-major Dosso Adama au poste de contrôle, le sergent-chef Yapi Yavo dit « Djoudjou » et Lobé Lobé se joignent à l’escadron d’exécution. « Le général Dogbo Blé nous a ordonné de le « rafaler ». C’est ce que nous avons fait », ajoute, pour sa part, le sergent-chef Lago Léo, l’homme de main de l’Ambassadeur Allou Eugène, rentré du Cameroun quelques semaines plus tôt.

Douleur et émotion

Ils fourrent le corps criblé de balles du colonel-major dans le coffre de son propre véhicule.

Le sergent Lobé Lobé s’installe au volant. Destination, l’Autoroute du Nord, précisément à une quarantaine de kilomètres, peu après le pont bascule en construction. Parvenu à un endroit idéal pour se débarrasser du corps dans le silence et la pénombre de la nuit, ils font demi-tour dans le sens Sikensi-Abidjan et immobilisent le 4×4. Ils enjambent, selon eux, une glissière de sécurité qui borde la voie et « balance le corps dans la.broussaille ». « C’est moi qui ai revêtu le corps de feuillage », avoue le sergent Toh Ferdinand aux enquêteurs. Le « boulot » terminé, ils regagnent tranquillement leurs domiciles. « Il était 22 h 30 mn, » précise le sergent Toh Ferdinand. Mais avant, ils font les poches au cadavre. « Nous l’avons fouillé et avons découvert sur lui, la somme de 4 millions et deux portables. Nous nous sommes partagés les 4 millions et avons vendu les portables au black-market », ont-ils confessé.

Hier, la battue conduite par Ange Kessi et des enquêteurs du Tribunal Militaire pour retrouver le corps n’avait rien donné lorsque nous quittions les lieux en milieu d’après-midi. Les deux accusés ne se rappelant pas exactement, selon eux, le lieu « où ils ont jeté le corps dans la brousse ». Le garde du corps d’Allou Eugène, lui, soutient que « la dépouille a été jetée dans la brousse peu après le premier poste de contrôle de la gendarmerie après Attinguié, tandis que celui de Dogbo Blé affirme que « le corps se trouve dans un ravin, non loin d’un campement situé à deux kilomètres de ce poste ». Des « charbonniers » habitant à proximité du lieu ont été sollicités pour élaguer la voie sur une distance d’au moins deux kilomètres.

Ange Kessi a exigé la présence du sergent Lobé Lobé, chauffeur du commando, pour plus de précisions… « Ils ont tué mon frère gratuitement. Moi, si j’ai été ministre, c’est grâce à lui. C’est lui qui m’a élevé. C’est lui qui m’a scolarisé. Au niveau de la famille nous avons déjà pardonné. Il reste à la justice de faire son travail. Mais de grâce, qu’ils ne se moquent pas de nous. Qu’ils nous indiquent clairement là où ils ont mis le corps de mon frère », maugréait l’ex-ministre Youssouf Soumahoro, étreint par la douleur. Idem pour le fils du colonel, dont nous taisons le nom. Son regard était vide, les yeux rouges…

L’émotion était grande hier sur l’autoroute du Nord… La scène de reconstitution a été d’autant plus pénible pour les nombreux parents de la victime venus sur les lieux qu’ils sont hantés par la peur de ne jamais retrouver le corps. « Ils auraient pu se donner un peu de peine de l’enterrer, ne serait-ce que sommairement de sorte à donner une chance de retrouver son corps », s’est indigné l’un des proches de la victime. L’atmosphère était, en tout cas, pesante…

Dans une déclaration qu’il a faite, le procureur militaire Ange Kessi Kouamé est revenu sur les conditions, pour le moins effroyables, de l’assassinat du colonel-major avant d’indiquer que les meurtriers sont poursuivis pour quatre délits. « Meurtre, séquestration, vol et recel de cadavre ». Il a indiqué que les meurtriers ont dit avoir agi « sur ordre du général Brunot Dogbo Blé qui a dit finissez avec lui ».

Le procureur militaire a ajouté que le colonel-major Dosso Adama « a été tué gratuitement, sans motif. Il n’était pas au combat. Il a été tué simplement parce qu’il revenait de l’Hôtel du Golf ».

Soir Info Armand B. DEPEYLA