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Canada: 3000 éducatrices ont quitté les garderies du Québec en une année

mai 2, 2023

De nouvelles données montrent que le recrutement ne suffit pas à pourvoir les postes vacants et les absences prolongées, ce qui pourrait menacer la création de places.

Gros plan sur des jouets.

Près de 1600 éducatrices étaient en arrêt de travail de longue durée, au 31 mars 2022. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Le gouvernement du Québec est confronté au triple défi de recruter des milliers d’éducatrices de garderies tout en freinant les départs et les arrêts de travail de celles en poste. Des données inédites, obtenues par Radio-Canada, montrent l’ampleur de la tâche.

Pour créer des places en garderie pour les parents qui n’en ont pas, de nouveaux locaux ne suffisent pas, il faut y mettre des éducatrices. Or, 2956 d’entre elles ont quitté le réseau en 2021-2022.

Grâce à une source, nous avons mis la main sur des données du Portrait annuel de la main-d’œuvre réalisé, l’an dernier, par le ministère de la Famille. C’est la première fois que des informations aussi détaillées sont collectées.

Ces données, qui ne précisent pas les raisons de ces départs, ont été recueillies auprès des centres de la petite enfance (CPE), des garderies subventionnées (GS) et des garderies non subventionnées (GNS).

Vague de départs

Les CPE, GS et GNS emploient 33 296 éducatrices (équivalent temps plein). Ce sont donc près de 10 % des éducatrices qui ont quitté leur emploi en 12 mois.

Sur le terrain, durant la pandémie, les gestionnaires de garderies constataient déjà une vague de démissions. Et, en 2021, un sondage du mouvement Valorisons ma profession révélait que près de la moitié des éducatrices songeaient à changer de métier.

« Ces femmes-là sont à bout de souffle et donc, dans beaucoup de cas, malheureusement, elles regardent la voie de sortie plutôt que la porte d’entrée. »— Une citation de  Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN, qui représente 13 000 travailleuses de services de garde au Québec

Postes vacants et arrêts de travail

Même si le ministère a pourvu 7040 postes durant l’année 2021-2022, il restait encore 3159 postes vacants d’éducatrices dans la province, au 31 mars 2022.

Et pour ne rien arranger, 1596 éducatrices étaient en absence de longue durée au même moment. Ce manque d’effectif a des conséquences concrètes sur les directions et sur les familles.

Une éducatrice à la petite enfance accompagne des enfants qui jouent avec des blocs.

Le remplacement des éducatrices absentes par des agences privées coûte cher aux garderies. Photo: Getty Images/Fatcamera

Bris de services et déficits

Selon des rapports financiers, 263 CPE ont été en bris de service au moins une journée, en 2021-2022, par manque d’éducatrice. Certaines installations l’ont été plus d’une fois, pour un total de 404 jours où des parents ont dû garder leurs enfants à la maison.

La pénurie de main-d’œuvre oblige les garderies à recruter du personnel d’agences de remplacement, ce qui plombe leur budget. Selon nos informations, près de la moitié des corporations qui gèrent les CPE ont affiché un déficit en 2021-2022, soit 418 sur 900 rapports financiers annuels analysés.

La qualité des services est aussi un enjeu lié à la pénurie de travailleuses adéquatement formées.

Difficile d’avoir assez d’éducatrices qualifiées

Sur les quelque 3000 éducatrices qui ont quitté le réseau durant l’année, 1225 étaient des éducatrices qualifiées. C’est une difficulté supplémentaire en raison des ratios à respecter.

Normalement, deux éducatrices sur trois doivent être qualifiées dans une installation. Mais avec la pandémie, le ministère a baissé le ratio à une sur trois. Depuis le 1er mars 2023, il est passé à une sur deux et il reviendra à deux sur trois le 1er mars 2024.

Sur les 7040 postes pourvus durant l’année, 2990 l’ont été avec des éducatrices qualifiées et 4050 par des non qualifiées.

Par ailleurs, 71 % des services de garde évalués par le ministère entre avril 2019 et novembre 2022 atteignent le seuil de qualité jugé suffisant (89 % des CPE, 64 % des garderies privées subventionnées et 53 % des non subventionnées), avec des différences marquées selon les régions.

La ministre de la famille Suzanne Roy.

La ministre de la famille, Suzanne Roy, sera questionnée par des parlementaires, mardi, au sujet des crédits de son ministère. Photo : La Presse Canadienne/Jacques Boissinot

Grande opération de recrutement et de valorisation

Le ministre de la Famille et le ministre de l’Emploi ont annoncé l’an dernier une offensive afin de recruter 18 000 nouvelles éducatrices et éducateurs, en plus d’en qualifier 7000 autres déjà en poste dans le réseau actuel d’ici 2026.

Pour y arriver, plusieurs incitatifs financiers ont été mis en place. Le personnel éducateur qualifié bénéficie d’une augmentation salariale de 18 % après un an au dernier échelon. Pour le personnel éducateur non qualifié, il s’agit d’une hausse de 10 %.

Ces ententes prévoient également une prime d’encouragement à la qualification de 450 $ et un montant forfaitaire correspondant à 2 % pour chaque heure rémunérée au cours des 12 mois précédant la date de délivrance du diplôme.

Des éducatrices retraitées sont aussi encouragées à faire un retour au travail en échange d’une prime salariale de 6,6 %.

Le défi du recrutement et de la rétention des éducatrices n’est pas unique au Québec. L’an dernier, des garderies de l’Ontario déploraient une vague de démissions.

Avec Radio-Canada

Thomas Gerbet

par Thomas Gerbet

Canada-Écoles et garderies : la santé publique du Québec change d’approche

janvier 12, 2022
Un élève portant un masque se retourne vers un autre élève dans une salle de classe.

Avec le variant Omicron, la présence d’un seul cas dans une classe ou un groupe suffisait à entraîner l’isolement de tous ses membres. Photo: AFP/Getty Images/Martin Bureau

La santé publique ne veut plus fermer les classes et les groupes de garderies après la découverte d’un cas et l’isolement est réduit à 5 jours en garderie, a appris Radio-Canada.

Le document de la recommandation pour les moins de 12 ans, daté du 10 janvier, obtenu par Radio-Canada, précise en effet qu’un enfant symptomatique, considéré positif, ou un enfant asymptomatique en contact avec un cas à domicile devra s’isoler 5 jours et subir un autotest au jour 5 pour pouvoir revenir.

L’enfant de moins de 12 ans ne devra plus avoir de fièvre depuis 24 heures et il faudra avoir constaté une baisse des symptômes. Et si le résultat de l’autotest se révèle positif, l’isolement devra être prolongé de 5 jours supplémentaires.

Terminée donc la période d’isolement de 10 jours dans les CPE et autres services de garde. Quant à l’obligation d’un résultat d’autotest négatif pour revenir en classe, c’est une nouveauté à l’école.

Ces conditions sont valables quel que soit le statut vaccinal de l’enfant, précise la recommandation de la santé publique du Québec.

Le port du masque n’est pas requis à la garderie ni à la maternelle. En revanche, l’élève du primaire de retour de sa période d’isolement devra porter le masque en continu durant 5 jours et se distancer autant que possible.

Pour le personnel symptomatique ou en contact avec un cas à domicile, l’isolement de 5 jours s’applique, avec deux exceptions :

  • pas d’autotest négatif requis après 5 jours;
  • les adultes non vaccinés devront s’isoler 10 jours.

Rappelons que la santé publique considère une personne avec des symptômes de la COVID-19 comme positive, même si elle n’a pas de résultat de test pouvant le confirmer.

Possible de revenir plus tôt avec deux tests négatifs

La recommandation de la santé publique précise que selon la disponibilité des tests, deux autotests négatifs à 24-36 heures d’intervalle pourraient mettre fin à la période d’isolement.

Les cas contacts, à domicile seulement

La santé publique n’imposera pas d’isolement aux élèves et personnel scolaire pour des cas contacts survenus dans un groupe ou au travail. Seuls les cas contacts au domicile ou avec un partenaire sexuel entraîneront une période d’isolement de 5 jours.

Les enfants de moins de 12 ans devront obtenir un résultat d’autotest négatif, mais pas les adultes.

Comme pour les symptomatiques, considérés positifs, le personnel et les élèves du primaire devront garder le masque pour 5 jours et se distancer des autres, mais pas les enfants de garderies.

Le personnel non vacciné pourra s’isoler 5 jours s’il est cas contact à domicile ou avec partenaire sexuel.

Prenons l’exemple fictif de Julie, 9 ans, à l’école primaire :

Si elle est en contact avec un cas positif à la maison, elle doit d’isoler 5 jours et obtenir un résultat d’autotest négatif au jour 5.

En revanche, si Julie a été en contact avec un autre élève de sa classe déclaré positif, elle peut rester à l’école.

La santé publique justifie ses nouvelles recommandations

Pour justifier ces nouvelles recommandations, la santé publique explique notamment avoir discuté avec des experts médicaux et avoir mené une revue des écrits scientifiques récents sur le variant Omicron.

Il est précisé dans le document qu’ont été prises en compte la faible probabilité des complications chez les enfants infectésla couverture vaccinale en augmentation chez les enfants du primaire, de même que les impacts négatifs cumulés des isolements des enfants sur leur apprentissage, leur développement et leur sécurité personnelle.

Le ministère de l’Éducation a par ailleurs annoncé qu’il distribuera des tests rapides dans les prochains jours dans les écoles primaires et les garderies.

Ouverture des écoles lundi?

Le document ne fait pas mention de la date de retour à l’école. Le nouveau directeur national de santé publique, Luc Boileau, doit faire sa recommandation à ce sujet sous peu. Le premier ministre François Legault a bien fait savoir, en sa présence, mardi, que sa priorité est une réouverture des écoles, comme prévu, le 17 janvier. Une annonce devrait être faite jeudi.

Des médecins et des pédiatres ont déjà réclamé que le retour en classe se fasse dès le 17 janvier, car ils sont inquiets des impacts de la fermeture à répétition des écoles et de l’enseignement à distance sur le bien-être des enfants. Ils demandaient aussi qu’on cesse de fermer les écoles pour tenter de contenir la pandémie.

Les garderies, elles, sont déjà ouvertes. La nouvelle directive doit être envoyée au réseau ce mercredi. Sur les 95 nouvelles éclosions déclarées cette semaine au Québec, 25 sont survenues en milieu de garde.

Avec Radio-Canada par

Thomas Gerbet

Thomas Gerbet

Canada-Québec: 200 millions $ pour créer des places en garderies en milieu familial

juin 3, 2021

Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, annonce une série de mesures, totalisant près de 200 millions de dollars sur cinq ans afin de favoriser la création de places en garderies familiales.

Un enfant qui tient des blocs de lego dans ses mains.

© Josée Ducharme/Radio-Canada Un enfant qui tient des blocs de lego dans ses mains.

Un montant forfaitaire de 3500 $ sera offert aux personnes qui veulent devenir responsables d’un service de garde en milieu familial (RSG). Elles devront s’engager à offrir le service pendant au moins un an.

Ce montant devra notamment servir à l’achat d’équipements.

Le ministère de la Famille compte également offrir une subvention pouvant aller jusqu’à 6 000 $ aux RSG qui offriront neuf places. Cette somme leur permettra, selon Mathieu Lacombe, de compenser les dépenses additionnelles, en particulier l’embauche d’une personne assistante. 

Un montant forfaitaire annuel de 3000 $ sera aussi versé pendant les deux prochaines années aux RSG ayant maintenu à leur reconnaissance au moins six places subventionnées durant une année complète d’ouverture.

Nouveau calcul de ratios

Certains allègements administratifs seront consentis aux responsables de services de garde en milieu familial. 

Les enfants de neuf ans et moins de la propriétaire de la garderie ou de son assistante ne seront plus comptabilisés dans le ratio, s’ils sont présents uniquement durant de courtes périodes de la journée.

Pas suffisant

Pour les parents qui sont en attente d’une place depuis des mois, voire même parfois des années, c’est un pas dans la bonne direction, mais c’est loin d’être suffisant.

Des parents  manifestaient jeudi matin devant l’Assemblée nationale, à l’invitation du mouvement #Ma place au travail.

Le besoin est criant, le besoin est maintenant aussi. C’est beau des annonces pour dans un an, deux, ans, trois ans. On les prend toutes, mais c’est maintenant qu’on a besoin d’aide. Les parents contraints de rester à la maison ont aussi besoin d’aide financière», affirme une mère présente avec son fils à la manifestation, Alexandrine Cardin-Dubé.

Elle rappelle que les besoins sont grands et qu’ils ne touchent pas uniquement la garde en milieu familial.

Il y a plus de 51 000 parents qui attendent sur les listes d’attente pour avoir une place pour leur enfant. Il manque de places en garderie, en milieu familial et en CPE»,lance Alexandrine Cardin-Dubé.

Bris de service

Ces nouveaux incitatifs pourraient inciter des éducatrices en CPE à quitter leur emploi pour fonder leur propre garderie à domicile.

Des embauches d’assistantes pourraient aussi être nécessaires.

Or, des CPE un peu partout dans la province sont régulièrement en rupture de services, en raison de la pénurie de personnel.

C’est commencé dans notre région. Les directions sont nombreuses à avoir préparé des plans pour des bris éventuels. On a un service de remplacement. Elles nous appellent désespérées pour obtenir des remplacements, mais on n’est pas capables de répondre à la demande actuellement», illustre la directrice générale du Regroupement des centres de la petite enfance des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches, Élise Paradis.

 La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ) a sondé ses 13 000 membres et 23 % des répondantes affirment que leur CPE a dû refuser des enfants en raison d’un manque de main-d’œuvre au moins une fois dans la dernière année.

Les conditions salariales sont peu attrayantes, disent plusieurs éducatrices, qui songent à changer de domaine. Les inscriptions à la formation collégiale sont aussi en baisse.

Un sondage du mouvement Valorisons ma profession, réalisé auprès de 3669 éducatrices québécoises, révèle que 47 % des éducatrices songent à changer de métier d’ici trois ans.

Des données du ministère de la Famille démontrent que le nombre d’inscriptions au programme de techniques d’éducation à l’enfance a diminué de 23 % entre 2016 et 2020.

Avec Radio-Canada par Jean-François Nadeau

Canada-Québec: Plus de 300 nouvelles places subventionnées en garderie en Mauricie

octobre 5, 2020
Trois-Rivières — La Mauricie bénéficiera prochainement de 313 supplémentaires subventionnées en CPE et en garderies. C’est ce que doit annoncer lundi le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, selon ce qu’a appris Le Nouvelliste.
Le ministère de la Famille doit annoncer lundi la création de 313 nouvelles places subventionnées en garderie ou en CPE en Mauricie.
© ÉTIENNE RANGER, LE DROIT Le ministère de la Famille doit annoncer lundi la création de 313 nouvelles places subventionnées en garderie ou en CPE en Mauricie. À Trois-Rivières, 151 places subventionnées seront créées, soit 106 sur le territoire du CLSC Trois-Rivières, excluant la municipalité de Saint-Étienne-des-Grès, et 45 sur le territoire du CLSC Cap-de-la-Madeleine.

Dans le reste de la région, notons que 72 places seront créées dans la MRC des Chenaux, 58 à Shawinigan et 32 dans la MRC de Maskinongé.

Ces places peuvent venir de nouvelles installations ou de l’agrandissement de CPE ou de garderies déjà existants.

Les promoteurs auront jusqu’au 15 janvier prochain pour faire parvenir leur projet au ministère de la Famille. Les projets seront évalués et une sélection se fera ensuite. Le choix des projets et l’octroi du financement devraient avoir lieu l’été prochain.

Ces places subventionnées devraient être rendues disponibles en 2023.

L’appel de projets qui sera lancé par le ministère cible les régions qui ont un déficit particulièrement élevé de nombre de places, au lieu de l’ouvrir à l’ensemble du Québec. La région de Québec recevra de son côté 1132 places, l’Outaouis, 496, et l’Estrie, 350.

Au total, 4359 nouvelles places seront mises en chantier dans les garderies subventionnées et les centres de la petite enfance (CPE) de 13 régions, d’après TVA. Pour la première fois, le ministère de la Famille adopte une approche ciblée pour attribuer les places où les besoins se font le plus sentir. Par exemple, aucune place de plus cette fois-ci à Montréal, où l’on ne dénote pas de manque.

En date du 31 mars 2019, la province comptait 305 083 places existantes dans tous types de services de garde éducatifs à l’enfance reconnus. Autour de 46 000 petits Québécois attendent une place en ce moment.

429 places en chantier

On compte par ailleurs 429 places subventionnées en installation en Mauricie en chantier en ce moment dans la région. Ces places résultent pour la plupart d’anciens appels de projets remontant à 2011, 2013 et 2018. L’ancien gouvernement libéral avait été accusé par la Coalition avenir Québec d’avoir coupé le financement pour l’attribution de ces places.

Le ministre Lacombe avait annoncé leur mise en chantier par le biais de son Plan d’accélération et d’accessibilité des places, en février 2019. Les promoteurs bénéficiaient d’un délai de 24 mois, après l’obtention du financement, pour que leurs projets voient le jour.

Plus récemment, en février 2020, le ministre Lacombe avait également annoncé la création de 2500 places au Québec, principalement destinées aux parents étudiants. La Mauricie devait récolter 239 places et le Centre-du-Québec, 93. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et député de Trois-Rivières, Jean Boulet, avait alors confirmé que la Mauricie était l’une des régions de la province où le déficit de places était le plus élevé.

Par Matthieu Max-Gessler – Le Nouvelliste avec Le Soleil, Le Droit et La Tribune