L’acteur, âgé de 37 ans, avait été transporté par hélicoptère au CHU de Grenoble, mardi après-midi, après être entré en collision avec un autre skieur.

L’acteur français Gaspard Ulliel est mort, mercredi 19 janvier, des suites d’un accident de ski survenu la veille à La Rosière (Savoie), a annoncé sa famille dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP) par son agent. Il avait 37 ans.
Mardi, peu avant 16 heures, Gaspard Ulliel avait été transporté par hélicoptère au centre hospitalier universitaire (CHU) de Grenoble après être entré en collision avec un autre skieur au croisement de deux pistes bleues, selon une porte-parole de la station. Selon la gendarmerie, l’état de l’acteur avait alors été jugé très critique. Une enquête a été ouverte et confiée à la compagnie républicaine de sécurité (CRS) des Alpes, a, par ailleurs, annoncé le parquet d’Albertville.
Le décès de Gaspard Ulliel a suscité un flot de réactions émues du distributeur Gaumont, de confrères comme de membres du gouvernement.
« Gaspard Ulliel a grandi avec le cinéma et le cinéma a grandi avec lui. Ils s’aimaient éperdument. C’est le cœur serré que nous reverrons désormais ses plus belles interprétations et croiserons ce certain regard. Nous perdons un acteur français », a immédiatement réagi le premier ministre, Jean Castex, sur Twitter.
« Sa sensibilité et l’intensité de son jeu faisaient de Gaspard Ulliel un acteur d’exception. Le cinéma perd aujourd’hui un immense talent. J’adresse mes condoléances à ses proches et mes pensées affectueuses à tous ceux qui le pleurent aujourd’hui », a déclaré la ministre de la culture, Roselyne Bachelot.
Pierre Niney, qui avait lui aussi incarné Yves Saint Laurent à l’écran, et remporté pour ce rôle le César, s’est dit « le cœur brisé ». « Gaspard était la bienveillance et la gentillesse. La beauté et le talent », a-t-il confié sur Twitter.
César du meilleur acteur
Sa dernière apparition sur les écrans remonte à l’automne dernier où il partageait l’affiche de la comédie La Vengeance au triple galop, d’Alex Lutz, avec Leïla Bekhti et Audrey Lamy. Deux ans auparavant, il était à l’affiche du film Sibyl, de Justine Triet, avec Virginie Efira et Adèle Exarchopoulos. Le film avait été présenté en compétition au Festival de Cannes de 2019.
Devenu en quelques années un acteur phare du cinéma français, Gaspard Ulliel est au casting de la minisérie Marvel Moon Knight, prochainement diffusée sur Disney +.
Révélé à 19 ans dans Les Egarés (2003), d’André Téchiné, aux côtés d’Emmanuelle Béart, où il incarne Yvan, un garçon plutôt sauvage qui, pendant l’exode, traverse les routes de France avec deux enfants et leur mère, Gaspard Ulliel a ensuite interprété un soldat de la première guerre mondiale dans Un long dimanche de fiançailles (2004), réalisé par Jean-Pierre Jeunet, un rôle qui lui a valu le César du meilleur espoir masculin en 2005.
L’acteur avait impressionné en 2014 pour son interprétation du couturier Yves Saint Laurent dans le biopic de Bertrand Bonello. En 2017, il a décroché le César du meilleur acteur pour son rôle dans Juste la fin du monde, de Xavier Dolan. Il y incarnait un écrivain retrouvant sa famille après douze ans d’absence, à qui il venait annoncer sa mort prochaine.
« Un garçon étrange, difficile à percer »
Né le 25 novembre 1984 de parents stylistes, il a passé son enfance entre l’école et l’appartement familial, dans le centre de Paris, où il dessinait pendant des heures. C’est une amie de sa mère qui lui propose d’intégrer l’agence de comédiens qu’elle vient de créer. Il n’a que 11 ans mais obtient très vite un petit rôle dans un téléfilm.
Après quelques stages d’été au cours Florent, il s’inscrit après son bac à l’université de Saint-Denis pour des études de cinéma qu’il abandonnera d’autant plus vite que sa carrière va vite décoller. Il est remarqué par Michel Blanc qui lui offre en 2002 un rôle dans une comédie à succès, Embrassez qui vous voudrez.
En 2009, on le retrouve en fils d’Isabelle Huppert dans Un barrage contre le Pacifique, de Rithy Panh, mais aussi en rejeton de Jean Reno dans un thriller, Le Premier Cercle. En 2010, il joue Henri de Guise dans La Princesse de Montpensier, de Bertrand Tavernier.
Devenu un acteur de premier plan, il enchaîne les tournages, y compris aux Etats-Unis dans Hannibal Lecter : les origines du mal, qui conte les jeunes années du serial killer cannibale. Son premier rôle en anglais.
Un contrat signé avec la marque Chanel pour laquelle il devient l’égérie d’un parfum lui a fait dire :
« Tout à coup, j’ai eu un confort financier qui m’a permis de choisir, d’attendre, de ne pas inonder les écrans. »
Un de ses metteurs en scène, Rodolphe Marconi, qui l’a fait tourner dans Le Dernier Jour, dit de lui :
« Gaspard est un ciel bleu traversé de nuages qui n’éclatent jamais. Un garçon étrange, difficile à percer. Il a sûrement une fêlure, le jour où ça va s’ouvrir, ça va faire mal… »
L’acteur était père d’un petit garçon.
Le Monde avec AFP