La fuite de gaz «est dangereuse pour le trafic maritime», a indiqué l’autorité maritime danoise dans un avis aux navires.
Le gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne mais n’a pas été mis en service, est victime d’une fuite de gaz en mer Baltique, ont annoncé lundi l’opérateur du pipeline et les autorités danoises.
Après l’annonce par l’autorité danoise du trafic maritime d’une fuite de gaz détectée sur le tracé de Nord Stream 2, son opérateur a confirmé dans un communiqué adressé à l’AFP que la fuite touchait bien le gazoduc sous-marin, majoritairement détenu par le géant russe Gazprom.
Repérée à une vingtaine de kilomètres au sud-est de l’île danoise de Bornholm, juste à l’extérieur des eaux territoriales danoises, la fuite «est dangereuse pour le trafic maritime», indique l’autorité maritime danoise dans un avis aux navires. «La navigation est interdite dans un rayon de cinq milles nautiques (environ 9 kilomètres, ndlr) autour de la position signalée», précise l’autorité.
«Baisse de pression»
Selon des sources officieuses de l’AFP, une interdiction de survol a aussi été décrétée pour les avions au-dessus de la zone. Juste avant l’annonce de cet incident côté danois, le ministère allemand de l’Économie avait fait savoir qu’il enquêtait sur une «baisse de pression» imprévue et rapide dans le gazoduc Nord Stream 2.
Cette baisse de pression avait été repérée au cours de la nuit de lundi à mardi, selon l’opérateur du gazoduc, «et les autorités maritimes de l’Allemagne, du Danemark, de la Suède et de la Russie ont été notifiées immédiatement». «Grâce à cette coopération avec les autorités maritimes, le lieu de l’incident a été identifié dans la zone économique exclusive danoise au sud-est de Bornholm», écrit Nord Stream 2.
Bien que son ouverture ait été annulée en début d’année en représailles à l’invasion russe de l’Ukraine, le pipeline avait été «préparé techniquement» et «rempli de gaz», a expliqué lundi à l’AFP Ulrich Lissek, porte-parole de la société Nord Stream 2. Ce pipeline controversé devait renforcer les capacités d’exportations de gaz russe directement vers l’Allemagne, en supplément du premier gazoduc Nord Stream. Ce dernier a été complètement arrêté début septembre par Gazprom.
Le gazoduc Yamal achemine le gaz russe des champs gaziers de la péninsule de Yamal et de la Sibérie occidentale vers la Pologne et l’Allemagne en passant par le Bélarus, où se trouve la station de compression de gaz près de Nesvizh, au sud-ouest de Minsk, la capitale. Photo: Reuters/Vasily Fedosenko
L’entreprise publique polonaise gazière PGNiG a indiqué mardi que le géant gazier russe Gazprom cessera ses livraisons de gaz naturel dès mercredi.
Dans un communiqué, PGNiG a dénoncé une violation du contrat la liant à Gazprom et a fait savoir qu’elle entendait prendre des mesures pour rétablir ces livraisons de gaz.
En quête accélérée de diversification de ses sources d’approvisionnement en gaz depuis le début du conflit russo-ukrainien, l’Italie signe un nouvel accord avec le Congo pour la production et l’exploitation de trois millions de tonnes de GNL par an.
Une signature d’accord entre la République du Congo et Eni Congo a été finalisée le 21 avril à Brazzaville, pour augmenter la production et l’exportation de gaz de la société italienne. Une adoption d’engagement qui s’est tenue en présence du ministre congolais des Hydrocarbures, Bruno Jean Richard Itoua, du ministre des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, de son homologue italien, Luigi Di Maio, de son confrère pour la Transition écologique, Roberto Cingolani, et du PDG d’Eni, Claudio Descalzi. Après la signature de cet accord, une rencontre a eu lieu avec le président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso.
Dans le détail, l’accord prévoit l’accélération et l’augmentation de la production de gaz au Congo, principalement par le développement d’un projet de gaz naturel liquéfié (GNL), avec un démarrage prévu en 2023 et une capacité estimée à plus de 3 millions de tonnes/an (plus de 4,5 milliards de mètres cubes/an).
Les volumes estimés dépassant largement les besoins du marché congolais, Eni Congo entend valoriser cet excédent en l’exportant.
Objectifs de décarbonation
Brazzaville et Eni Congo se sont également accordés sur la définition « d’initiatives de décarbonation pour la promotion de la transition énergétique durable au Congo », notamment dans les domaines des énergies renouvelables, de l’agriculture avec le développement d’une filière agricole (non concurrente à la filière alimentaire) affectée à la production de matières premières nécessaires au bioraffinage. Les initiatives porteront également sur la conservation et la gestion durable des forêts, la promotion de systèmes de cuisson propres ainsi que sur la capture, l’utilisation et le stockage du CO2.
Une décision qui fait suite à la signature d’un protocole d’accord entre les deux parties en octobre 2021 sur le développement conjoint du secteur des biocarburants dans le pays, qui établit le cadre de la production industrielle d’huile de ricin permettant de fournir une matière première au système de bioraffinerie d’Eni.
En 2020, la production annuelle de pétrole d’Eni Congo s’élevait à 18 millions de barils, 1,35 milliard de m³ de gaz et 27 millions de barils équivalent pétrole selon des chiffres de la société. Présent au Congo depuis plus de cinquante ans, à ce jour, Eni Congo fournit du gaz à la Centrale électrique du Congo, qui garantit 70 % de la production d’électricité du pays avec sa capacité de production de 484 mégawatts.
« Nous n’allons pas non plus faire de charité », a déclaré le président russe Vladimir Poutine. Photo : Getty Images/Mikhail Klimentyev
Le président russe Vladimir Poutine a signé un décret stipulant que les pays « inamicaux » devront payer en roubles le gaz russe dès le vendredi 1er avril.
Pour acheter du gaz naturel russe, elles [les compagnies importatrices] doivent ouvrir des comptes en roubles dans des banques russes. C’est à partir de ces comptes que seront effectués les paiements pour le gaz livré à partir de demain, a déclaré le chef du Kremlin, jeudi à la télévision nationale.
Si de tels paiements ne sont pas effectués, nous considérerons cela comme un défaut de la part des acheteurs, avec toutes les conséquences qui en découlent, martèle le président russe.
Personne ne nous vend quoi que ce soit gratuitement, et nous n’allons pas non plus faire de charité -c’est-à-dire que les contrats existants seront annulés, a-t-il ajouté.
Pour M. Poutine, cette mesure était une réponse au gel de quelque 300 milliards de dollars des réserves en devises dont la Russie disposait à l’étranger, une sanction décidée par les Occidentaux en représailles à l’offensive russe en Ukraine. Et aussi une manière pour son pays de renforcer sa souveraineté.
L’Allemagne et l’Italie dépendent fortement du gaz russe pour répondre à leurs besoins énergétiques.
La décision de passer à une facturation en roubles doit permettre à la Russie de soutenir sa monnaie nationale, chahutée par les sanctions, mais la privera d’une source de devises.
D’ores et déjà, la Russie oblige ses exportateurs, y compris Gazprom, à convertir 80 % de leur chiffre d’affaires en roubles.
Ces mesures et un taux d’intérêt directeur à 20 % ont permis à la monnaie russe de se reprendre. Après avoir considérablement dévissé dans la foulée du début de l’offensive russe le 24 février, elle revient à des niveaux proches de ceux enregistrés avant l’assaut.
Pas de chantage, selon l’Allemagne
En réponse à la décision de la Russie de faire payer les acheteurs étrangers sur des comptes en roubles pour le gaz russe, l’Allemagne a déclaré qu’elle ne serait pas soumise au chantage de Poutine.
Il est écrit dans les contrats que les paiements se font en euros et parfois en dollars, a expliqué le chancelier allemand Olaf Scholz, lors d’une conférence de presse avec son homologue autrichien, Karl Nehammer.
J’ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi et les entreprises veulent pouvoir payer en euros et le feront, a-t-il ajouté.
Pour le ministre de l’Économie allemand, Robert Habeck, il est important que ce qui écrit sur les contrats [payés en euros ou en dollars] soit respecté.
Nous ne céderons pas au chantage de Poutine, a-t-il lancé.
De son côté, réagissant à la décision de Poutine, le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé que la France et l’Allemagne se préparent à une réduction des livraisons de gaz russe.
Il peut y avoir une situation dans laquelle […] il n’y aura plus de gaz russe, a-t-il déclaré.
Le gaz russe est crucial pour l’Union européenneUE, qui cherche depuis le début de l’offensive de Moscou en Ukraine à se défaire de cette dépendance. Il représente environ 40 % des importations de gaz naturel de l’Union, l’Allemagne étant de loin le plus gros client.
Les 27 [pays de l’Union européenneUE] veulent désormais des achats en commun de gaz et les États-Unis vont augmenter leurs livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’Europe.
Les Européens importent environ 85 % du gaz qu’ils consomment et la Russie est leur principal fournisseur. Photo : Reteurs/Maxim Shemetov
Les sanctions imposées à la Russie pour son invasion de l’Ukraine pourraient pousser Moscou à riposter en limitant ou en stoppant carrément l’offre de pétrole et de gaz à l’Ouest. Mais la Russie pourrait payer cher ce geste, disent des experts.
Selon Anessa Kimball, professeure au Département de science politique et directrice du Centre sur la sécurité internationale de l’Université Laval, si la Russie ralentit ou coupe l’approvisionnement du pétrole et du gaz vers l’Ouest, cette mesure sera vue comme une escalade qui vise à briser la cohésion des alliés.
La Russie est le troisième producteur mondial de pétrole et le deuxième des grands exportateurs. Ses exportations d’environ 5 millions de barils par jour de pétrole brut représentent environ 12 % du commerce mondial, et ses 2,85 millions de barils par jour de produits pétroliers représentent environ 15 % du commerce mondial des produits raffinés.
C’est sûr que c’est un levier de pression qu’ils ont dans leur boîte à outils, dit Mme Kimball.
Selon Mark Manger, professeur auMunk School of Global Affairs & Public Policy de l’Université Toronto et codirecteur du Global Economic Policy Lab, pour tenter de comprendre ce que la Russie envisage de faire, il faut distinguer entre l’exportation de gaz et celle de pétrole russe.
Si l’Europe dépend fortement du gaz russe, cette exportation ne rapporte que 7 % du revenu brut de l’économie de la Russie. Cela pourrait être tentant pour la Russie de couper l’approvisionnement en gaz, car cela ne leur fera pas de mal s’ils perdent 7 % de la valeur des exportations, explique M. Manger.
C’est pourquoi la Russie songe à utiliser le gaz comme monnaie d’échange pour rééquilibrer la situation, ajoute Mme Kimball.
Mais puisque l’impact financier sur la Russie ne serait pas significatif, l’Europe peut difficilement menacer Moscou d’arrêter les importations de gaz.
Même si l’Union européenne continue d’acheter du gaz de la Russie, M. Manger ne croit pas que cela remette en question les sanctions. C’est mineur [comme source de financement] pour la Russie.
Le terminal du gazoduc Nord Stream 2, à Lubmin, en Allemagne. L’Allemagne a suspendu le processus de certification du gazoduc à la suite de l’invasion de la Russie en Ukraine. Photo : La Presse Canadienne/AP/Michael Sohn
De plus, l’Europe pourrait difficilement trouver de nouvelles sources de gaz rapidement et des prix raisonnables. M. Manger rappelle que ce gaz est utilisé non seulement pour le chauffage et l’électricité, mais aussi pour la production d’engrais. Déjà, les prix de la potasse ont augmenté. Ces pays ne peuvent pas vraiment se sevrer de cette source de gaz à court terme.
Autre considération pour la Russie : elle pourrait difficilement vendre ce gaz ailleurs, parce qu’elle n’a pas les infrastructures nécessaires pour le transporter. Moscou souhaite construire des gazoducs vers la Chine, mais ça prendra plusieurs années, dit M. Manger.
L’arme du pétrole
En revanche, environ 60 % des exportations de la Russie proviennent de la vente du pétrole.
Ainsi, les exportations de pétrole font rouler l’économie en Russie, et ce, depuis très longtemps, précise M. Manger. C’est le cas depuis l’ère soviétique, dit-il, en ajoutant que cette dépendance aux exportations de pétrole est l’une des plus grandes faiblesses de la Russie. D’ailleurs, environ 60 % des exportations pétrolières de la Russie sont destinées à l’Europe.
Même si l’Europe importe près du tiers de son pétrole de la Russie, elle pourrait trouver du pétrole ailleurs, indiquent M. Manger et Mme Kimball. Il n’y a pas de pénurie de pétrole, rappelle M. Manger. On peut facilement augmenter la cadence de production et transporter le pétrole par navire.
Il croit que les États-Unis pourraient convaincre les Saoudiens d’accroître leur production de pétrole, ce qui aurait comme effet non seulement d’offrir à l’Europe une autre source de pétrole, mais aussi de réduire les prix du baril de pétrole, qui sont au plus haut depuis 2014, lors de l’annexion de la Crimée par la Russie.
Sans marché européen et avec un prix du pétrole réduit, les revenus de la Russie baisseraient significativement.
« Ceci mettrait l’économie russe à genoux. »— Une citation de Mark Manger, professeur à l’Université de Toronto
Mme Kimball est d’accord. Selon elle, une intervention de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est un autre moyen de couper une partie du financement de la Russie.
Et comme pour le gaz, la Russie pourra difficilement exporter son pétrole ailleurs. Elle dépend largement des ports de la mer Noire, des routes qui sont actuellement perturbées par l’invasion en Ukraine.
De plus, certains pays, comme le Royaume-Uni et le Canada, ont fermé leurs ports à tous les navires russes. Oui, les Russes peuvent continuer à exporter vers la Chine, mais la Chine va peut-être exiger une réduction des prix. Après tout, les Chinois ne sont pas dans le marché de la charité.
À Mozyr, au Bélarus, des pipelines qui transportent du pétrole de la Russie vers l’Europe. Photo : Reuters/Vasily Fedosenko
Déjà des actions concertées contre la Russie
Mardi, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a annoncé que les 31 pays membres libéreront 60 millions de barils de brut de leurs réserves pour faire face aux prix élevés du pétrole exacerbés non seulement pas la pandémie, mais par la crainte d’approvisionnement de la Russie.
Les ministres ont décidé aujourd’hui que l’approvisionnement énergétique ne devrait pas être utilisé comme un moyen de coercition politique ni comme une menace pour la sécurité nationale et internationale, peut-on lire dans le communiqué de l’Agence internationale de l’énergieAIE.
Le Canada a annoncé pour sa part qu’il interdisait les importations de pétrole russe. Cette annonce est davantage symbolique, puisque le Canada n’a pas reçu de cargaison de pétrole brut russe depuis 2019. Le Canada importe toutefois certains produits pétroliers raffinés de la Russie.
L’industrie du pétrole représente plus du tiers des revenus du budget fédéral de la Russie, et bien que le Canada ait importé très peu de quantités ces dernières années, cette mesure envoie un message fort, a déclaré le premier ministre Justin Trudeau en conférence de presse cette semaine.
Mais malgré ces actions, le prix du pétrole risque d’augmenter encore, surtout si la guerre persiste, prévient M. Manger. L’utilisation des réserves stratégiques de pétrole ne pourra pas stabiliser le prix éternellement.
Poutine n’a pas besoin de fermer complètement les robinets pour punir l’Occident. La banque JPMorgan Chase a d’ailleurs averti que le prix du pétrole pourrait atteindre 150 $ le baril si les exportations russes étaient réduites de moitié.
Étant donné que l’économie mondiale est toujours fragilisée par la pandémie, Mme Kimball se demande si l’Occident sera capable d’encaisser les contrecoups économiques que veut imposer la Russie. C’est un risque pour la Russie, mais il faut prendre en compte que Poutine est peut-être prêt à encaisser beaucoup plus de conséquences financières que les autres pays. Il n’essaie pas de plaire à tout le monde. Donc sa marge de manœuvre est assez large.
Cependant, M. Manger estime que la Russie joue un jeu dangereux en menaçant d’arrêter le flot de pétrole et de gaz vers l’Europe, et qu’elle risque de faire crouler son économie à long terme.
« Je pense que la Russie a complètement surestimé son pouvoir. [Elle a tenu] pour acquis que l’Occident n’était pas prêt à assumer un coût économique pour arrêter cette guerre. »— Une citation de Mark Manger, professeur à l’Université de Toronto
La Russie pourrait-elle perdre l’Europe comme marché?
La Russie a une longue histoire d’approvisionnement fiable en pétrole et en gaz. Même au plus fort de la guerre froide et lors de l’annexion de la Crimée en 2014, l’approvisionnement a toujours été maintenu.
Par contre, M. Manger pense que l’Occident et l’Europe ont de moins en moins confiance dans la stabilité de cet approvisionnement. Personne n’y croit maintenant, dit M. Manger.
Il s’agit d’une vulnérabilité à long terme pour le président Poutine. S’il militarise l’approvisionnement énergétique, cela ne fera qu’accélérer la diversification énergétique de l’Europe et de l’Occident pour s’éloigner de l’énergie russe, a déclaré Daleep Singh, conseiller adjoint américain à la sécurité nationale sur les ondes de CNBC.
Cette guerre pousse plusieurs pays européens à accélérer leur transition énergétique et à diversifier plus rapidement leurs sources d’énergie.
Par exemple, dit M. Manger, le chancelier de l’Allemagne a prononcé un discours dimanche dans lequel il affirme que son pays va accélérer l’atteinte d’une économie « zéro émission nette » et construire des terminaux de gaz naturel qui pourraient servir à l’importation d’hydrogène vert.
C’est un changement fondamental qui signifie essentiellement que, même s’il n’y a pas de solution à court terme et même à moyen terme, l’Allemagne essaiera de se sevrer des importations russes.
Au Canada, le premier ministre albertain, Jason Kenney, a déclaré mardi que l’invasion de l’Ukraine démontre que les démocraties, comme le Canada, doivent être plus autosuffisantes sur le plan énergétique. Il faut diminuer notre dépendance sur l’énergie du pétrole de conflit, de guerre. Chaque baril de pétrole russe fournit maintenant la machine de guerre de Poutine. Je crois que l’invasion a changé rapidement l’urgence [pour le Canada] de construire l’infrastructure, y compris les oléoducs et les exportations de gaz naturel liquéfié du Canada au reste du monde.
La Russie, dit-il, pourrait faire crouler son économie si elle choisit de couper l’approvisionnement de pétrole et de gaz à l’Europe.
Si le Congo poursuit la mise en œuvre des réformes recommandées par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), l’identification des « bénéficiaires effectifs » reste un chantier pour de nombreuses capitales africaines.
Au Congo, l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) poursuit son travail de « sensibilisation ». L’ITIE organise des ateliers à destination des acteurs privés comme publics au sujet de la mise en œuvre de diverses réformes. Début février, à Brazzaville, le Comité national de l’ITIE Congo, conduit par Florent Michel Okoko, secrétaire permanent de l’instance exécutive dudit comité, a organisé un atelier destiné aux administrations publiques. Deux jours plus tard, c’est à Pointe-Noire que s’est tenu l’atelier, à destination cette fois des représentants d’industries extractives et forestières.
CARACTÉRISER L’IDENTITÉ DES « PROPRIÉTAIRES RÉELS » EST DÉTERMINANT POUR LES GOUVERNEMENTS
L’atelier sur le thème de la propriété réelle, c’est-à-dire la notion du détenteur final d’une entreprise dans le cadre réglementaire d’un pays, visait à sensibiliser sur l’identification des bénéficiaires effectifs (BE) et à rappeler l’importance de la divulgation des données pour faciliter la mise en œuvre de « l’exigence » 2.5 de la norme ITIE [cette dernière compte près de 40 exigences de la clause 1.1 à la clause 7.4.]. Caractériser l’identité des personnes physiques ou « propriétaires réels » est déterminant pour les gouvernements. Souvent, cette identité ne peut être clairement établie parce qu’elle est dissimulée derrière une chaîne d’entreprises fictives. Dans le secteur extractif, où il est essentiel de savoir qui détient les droits d’extraction du pétrole, du gaz et des minerais, cela peut engendrer des risques de gouvernance (détournements, conflits d’intérêts, pertes fiscales pour les États).
Cadre législatif et juridique adapté
« La transparence n’est pas la panacée pour lutter contre la corruption, mais son effet dissuasif est significatif. La publication des contrats extractifs décourage les représentants de l’État de conclure des contrats qui seraient contraires aux – ou mal alignés avec les – intérêts nationaux », avançait dans une tribune en février 2021 Bady Baldé, directeur exécutif adjoint et directeur pour l’Afrique de l’ITIE. Adhérente de l’ITIE depuis juin 2004, la République du Congo effectue des « progrès significatifs », selon le rapport 2019 de l’organisme mais publié fin 2021. Concernant les recettes publiques, les revenus de commercialisation de la part de l’État dans la production des hydrocarbures sont en léger recul de 2,5%, avec 1,61 milliard de dollars perçus en 2019 contre 1,65 milliard en 2018.
Dans son rapport, l’ITIE insiste sur l’absence de registre public ou de cadastre dans le secteur minier comme forestier mais surtout, l’absence de registre public des bénéficiaires effectifs, un des points essentiels de la norme ITIE sur la transparence. D’autres recommandations datant des années précédentes n’ont pas encore été mises en œuvre, notamment la publication des textes d’application de la loi n°2016-28 du 12 octobre 2016 portant sur le Code des hydrocarbures et la procédure d’attribution des permis. Le manque d’informations sur les critères techniques et financiers utilisés pour sélectionner les entreprises acheteuses des parts de l’État dans la production des hydrocarbures avait été souligné dès l’édition 2018 du rapport.
L’exemple du Sénégal
Si 26 pays africains mettent en œuvre les normes d’ITIE, certains sont plus avancés que d’autres en ce qui concerne les exigences de transparence. Depuis 2015, au Kenya, la loi sur les sociétés a consolidé les exigences relatives à la constitution, l’enregistrement et le fonctionnement des sociétés. Un plan d’action 2020-2022 vise notamment à étendre la portée de cette loi en prescrivant la publication d’un registre public et accessible à tous.
Pour se conformer à l’exigence de propriété effective de la norme ITIE, le Sénégal a en adopté une définition en février 2018, et renforcé ce cadre par la loi du 02 mars 2021 portant sur les contrats de Partenariats publics-privés. Le Congo de son côté a appliqué six des quinze mesures correctives arrêtées lors de sa première validation en 2013 et planche sur un projet de loi portant sur les bénéficiaires effectifs. Le rapport annuel ITIE 2020 sur la transparence au Congo devrait être publié d’ici à un mois tandis qu’un troisième processus de validation devrait avoir lieu en juillet 2022.
L’Afrique de l’ouest détient le tiers des réserves de pétrole et de gaz naturel du continent noir, a annoncé lundi à Abidjan, un haut responsable de la Cédéao, évoquant une région au « cœur des enjeux géostratégiques ».
« Notre région regorge d’importantes ressources pétrolières et minières. L’Afrique de l’ouest représente 30% des réserves trouvées de pétrole et 30% des réserves trouvées de gaz naturel de l’Afrique », a déclaré M. Sediko Douka, le commissaire Énergies et Mines de la Cédéao (15 pays),
La région qui compte 330 millions d’habitants dispose également dans « son sous-sol de l’or, de l’Uranium, de la bauxite, du diamant, du fer , du manganèse etc.. avec par endroits des gisements de classe mondiale » , a souligné M. Douka qui s’exprimait lors du lancement de la deuxième édition du forum des mines et du pétrole de la Cedeao prévue du 9 au 11 octobre prochain à Abidjan.
L’Afrique de l’ouest est également passée première région minière aurifère devant L’Afrique du sud, affirme la Cédéao.
Outre l’or, la sous-région fournit 10% du manganèse, 8% de la bauxite et 7% de l’uranium mondial.
Entre 2006 et 2017, plusieurs nouvelles mines ont été autorisées en Côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso, Ghana et Guinée.
« Cette abondance de ressources minières et pétrolières place ainsi notre région au coeur des enjeux géostratégiques », a souligné le commissaire de la Cédéao.
« La plupart de ces ressources sont généralement exploitées sous forme brute sans transformation importante », a déploré de son côté le ministre ivoirien des Mines, Souleymane Diarrassouba, appelant à des « reformes vigoureuses » dans ces secteurs.
« Il s’agira pour la cédéao d’afficher sa vision d’une industrialisation. L’enjeu du développement minier de notre sous région est de faire en sorte que le secteur minier et pétrolier contribuent de façon significative au développement économique et social du fait de ses effets d’entrainements », a souligné M. Diarassouba.
Paris – La Banque mondiale arrêtera de financer après 2019 l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz, a-t-elle annoncé mardi à l’occasion du sommet climat de Paris.
L’institution multilatérale souhaite ainsi « aligner sur les objectifs de l’accord de Paris » les financements qu’elle accorde aux Etats, a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Si de plus en plus d’acteurs financiers affichent leur volonté de se désengager du charbon, énergie la plus polluante, la Banque mondiale est la première banque multilatérale à prendre un tel engagement dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz.
Toutefois, dans certaines « circonstances exceptionnelles », la Banque pourra continuer de financer des projets dans le gaz « dans les pays les plus pauvres où il y a un bénéfice clair en terme d’accès à l’énergie », et à condition qu’ils ne soient pas en contradiction avec les engagements de ces pays dans l’accord international de Paris sur le climat, signé en 2015.
En 2016, les financements de la Banque mondiale dans l’industrie pétrolière et gazière ont représenté près d’1,6 milliard de dollars, soit moins de 5% de la totalité des financements accordés la même année.
Les financements dans l’exploration et la production comptaient eux pour environ 2% du portefeuille de la Banque, qui affirme être « en ligne » avec son objectif de dédier 28% de ses prêts à la lutte en faveur du climat d’ici 2020.
Par ailleurs, à partir de l’an prochain, l’institution, qui est la plus importante banque multilatérale du monde, publiera tous les ans les émissions de gaz à effet de serre des projets qu’elle finance dans les secteurs les plus émetteurs, comme l’énergie, a-t-elle encore annoncé.
Elle va également généraliser la prise en compte d’un prix interne du carbone dans ses futurs investissements.
La Banque mondiale est la co-organisatrice, avec l’ONU, du sommet climat qui se tient à Paris ce mardi.
L’objectif de ce rendez-vous, initié par le président français Emmanuel Macron, est de renforcer la mobilisation de la finance mondiale, privée et publique, pour lutter contre le réchauffement climatique.
De nombreux experts (associations, économistes) ont appelé ces derniers jours à supprimer les subventions aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) afin de pouvoir financer le développement des énergies renouvelables et ainsi limiter le réchauffement climatique sous les 2 degrés, objectif de l’accord de Paris.
Paris – La filiale française de l’énergéticien italien Eni, qui commercialise déjà du gaz en France, a annoncé mardi son arrivée sur le marché de l’électricité pour les particuliers, perçu comme un important levier de croissance.
Eni Gas and Power France, qui revendique 700.000 clients dans le gaz actuellement (dont 635.000 particuliers), vise plus d’un million de clients dans le gaz et l’électricité d’ici à la fin de l’année et 2,1 millions en 2020, a indiqué son directeur général, Daniel Fava, lors d’une conférence de presse.
Sur les quelque 350.000 clients supplémentaires escomptés en 2017, 210.000 (soit 60%) seraient acquis dans le gaz et 140.000 (40%) dans l’électricité, a-t-il détaillé.
Le chiffre d’affaires doublerait à 2,4 milliards d’euros en quatre ans. En 2016, l’activité est ressortie à 1,2 milliard d’euros, en croissance de 35% sur deux ans.
« Pour nous, le marché de l’électricité est un accélérateur de croissance: un marché trois fois plus gros (que le gaz, NDLR) et encore peu libéralisé finalement », ce qui représente « un potentiel de développement énorme », a commenté le dirigeant.
Selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), près de 86% des 32 millions de sites particuliers étaient encore abonnés aux tarifs réglementés de l’électricité d’EDF fin 2016, les autres ayant opté pour un fournisseur alternatif dans un marché énergétique totalement ouvert à la concurrence depuis 2007.
Daniel Fava a également dit « parier sur une dépolitisation » du marché de l’électricité, reprochant à l’Etat français (principal actionnaire d’Engie et d’EDF) de freiner la concurrence et déplorant l’instabilité du cadre réglementaire.
« En France, contrairement à beaucoup de grands pays européens, l’énergie est un marché fortement politisé », a-t-il affirmé. « On fait le pari que le marché va s’ouvrir ».
Eni fournit déjà de l’électricité aux entreprises et collectivités en France, avec 1.500 clients acquis depuis novembre 2016.
Pour conquérir les ménages, l’entreprise proposera à partir de mercredi trois types d’offres, accompagnées d’un « bonus deux énergies », à savoir une remise pour une souscription couplée au gaz et à l’électricité. Le courant fourni peut également être d’origine renouvelable.
Eni France a dit attendre le résultat de l’élection présidentielle au printemps avant de décider d’investir ou non dans des moyens de production électriques dans le pays.
Barcelone – La police a dû tirer mardi à Barcelone (nord-est de l’Espagne) sur un camion de gaz butane volé pour arrêter son conducteur, un Suédois engagé dans une course folle à contresens sur le périphérique, a-t-on appris auprès des autorités.
« Il ne s’agit pas d’un acte terroriste », a écrit le ministre espagnol de l’Intérieur, Juan Ignacio Zoido, sur son compte Twitter.
« Le conducteur du camion de butane volé à Barcelone a des antécédents psychiatriques », a ajouté le ministre.
« Nous avons arrêté une personne de nationalité suédoise, qui roulait à contresens » au volant « d’un camion chargé de bonbonnes de butane », a déclaré à l’AFP un porte-parole des Mossos d’Esquadra, la police catalane.
« Pendant l’arrestation, il y a eu des tirs », a simplement ajouté ce porte-parole, sans vouloir donner davantage de détails avant une conférence de presse prévue à la mi-journée.
Une femme ayant vu passer le camion, Mireia Ruiz, a expliqué à l’AFP que l’homme « conduisait à grande vitesse ». « Quand les gens l’interpellaient, il riait et faisait des gestes obscènes », a-t-elle assuré.
Le camion avait été volé avant les faits, ont également indiqué à l’AFP des sources à la mairie de Barcelone, la deuxième ville d’Espagne.
Le véhicule a été stoppé dans une zone proche des plages, près du centre de cette ville très touristique.
Sur place, le petit véhicule chargé de dizaines de bonbonnes de gaz avait un pare-choc cassé et au moins un impact de balles dans le pare-brise, a constaté l’AFP, à une sortie du boulevard périphérique entourant la ville, la Ronda littoral.
A la mi-journée, une vingtaine de policiers étaient encore présents sur le site de l’arrestation, près du camion, avec une demi-douzaine de véhicules de police.
Plusieurs bouteilles de gaz étaient dispersées alentour.