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RDC-Belgique : déboulonnage anticolonialiste à Ixelles

juillet 2, 2022

Cohérente avec les « regrets » du roi des Belges réitérés récemment à Kinshasa, la commune d’Ixelles a retiré de l’espace public la statue d’un colon particulièrement brutal…

© Damien Glez

En dépit des tenants d’une histoire affichée mais contextualisée, différentes versions de repentance infusent les démembrements locaux d’anciens colons, tout autant que l’esprit woke se diffuse dans l’opinion publique. Du côté de la Belgique, les autorités d’Ixelles –l’une des 19 communes bilingues de la région de Bruxelles-capitale– ont déboulonné, vendredi 30 juin, le monument commémoratif dédié au général Émile Storms. Située à la frontière du quartier africain de Matongé et du quartier européen, la copie en marbre du buste de bronze initial dérobé indique sur son socle : « Il fonda M’Pala (1883) et étendit la civilisation jusqu’au Tanganyika »…

Décédé en 1918, le sulfureux Émile Pierre Joseph Storms fut l’un des Belges chargés par le roi Léopold II de coloniser le Congo au XIXe siècle. Réputé pour sa brutalité, « Bwana Boma » (« Monsieur Forteresse ») commettra de nombreux pillages et exactions, tranchant notamment la tête d’un chef congolais, Lusinga Iwa Ngombe, dont il enverra le crâne en Belgique. Depuis 2018 et une enquête journalistique sur les restes humains présents dans les collections du musée royal de l’Afrique centrale, dans la ville flamande de Tervuren, des voix de la société civile réclamaient le déboulonnage de la statue d’Ixelles qui fut, le 13 juin 2000, aspergée de peinture rouge.

Personnalité de troisième rang

Le retrait de l’espace public du monument dédié à Émile Storms est un symbole fort, car il avait fait l’objet, en 1972, d’un classement au titre des monuments historiques. Décidée à déboulonner le buste dès 2020, la commune d’Ixelles devra attendre une décision de la Commission royale des monuments et sites et négocier un accueil de la sculpture au musée de Tervuren, afin de calmer les plus nostalgiques de l’ère coloniale qui tolèrent un déplacement de l’œuvre mieux que sa destruction.

Si le démontage du monument a été possible, c’est que, contrairement à d’autres personnages historiques dont certains actes peuvent être valorisés, l’homme lige de Léopold II n’a pas légué de face lumineuse à l’Histoire. Le bourgmestre d’Ixelles, Christos Doulkeridis, insiste : « C’est une personnalité vraiment de deuxième, troisième rang, un lieutenant-général qui n’était connu que pour ses actes barbares ». Il existe toujours, sur le sol belge, des centaines de statues de personnes qui ont joué un rôle dans le passé colonial…

En attendant d’autres batailles dans la guerre mémorielle, la concrétisation du retrait du buste d’Ixelles tombe à point nommé, le roi Philippe de Belgique ayant réitéré, le 8 juin dernier à Kinshasa, ses « plus profonds regrets pour les blessures » infligées à l’ex-Congo belge durant la période coloniale.

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Mort du général iranien Soleimani: une opération sans précédent pour l’armée américaine

janvier 3, 2020
Un slogan en arabe "mort à l'Amérique" est dessiné sur le sol à Bagdad, le 3 janvier 2020
© AHMAD AL-RUBAYE Un slogan en arabe « mort à l’Amérique » est dessiné sur le sol à Bagdad, le 3 janvier 2020
Le raid américain sans précédent dans lequel le général iranien Qassem Soleimani a été tué vendredi à Bagdad ouvre une période d’incertitude pour les Etats-Unis et leurs alliés dans la région, et suscite de nombreuses questions.

Comment l’opération a-t-elle été menée?

Le Pentagone est resté vague sur l’opération elle-même lorsqu’il a reconnu dans un communiqué avoir mené cette action sur ordre du président Donald Trump. Mais selon plusieurs médias américains, elle a été menée par un drone américain qui a frappé deux véhicules convoyant Soleimani, dirigeant des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la république islamique, sur une route d’accès à l’aéroport international de Bagdad.

Mini bio du général Qassem Soleimani, en charge des opérations extérieures de la République islamique, tué à Bagdad dans un raid américain.

© Janis LATVELS Mini bio du général Qassem Soleimani, en charge des opérations extérieures de la République islamique, tué à Bagdad dans un raid américain.
Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires majoritairement pro-Iran désormais intégrés à l’Etat irakien, est également mort dans ce bombardement.

Ce style d’assassinat de militaires étrangers fait davantage penser aux méthodes de l’armée israélienne qu’à celle des militaires américains, qui organisent d’habitude avec précision des opérations de leurs forces spéciales quand ils veulent éliminer des personnes recherchées comme Oussama Ben Laden ou, plus récemment, le leader du groupe Etat islamique Abou Bakr Al-Baghdadi.

Des véhicules des Nations Unies patrouillent dans la région du Golan, frontalier avec le Liban et la Syrie, le 3 janvier 2020

© Ali DIA Des véhicules des Nations Unies patrouillent dans la région du Golan, frontalier avec le Liban et la Syrie, le 3 janvier 2020

 

Pourquoi aujourd’hui?

Les Etats-Unis suivaient depuis des mois les déplacements du général Soleimani de près et auraient pu le tuer bien avant. Le Pentagone a expliqué que le général iranien « préparait activement des plans pour attaquer des diplomates et des militaires américains en Irak et à travers la région ».

Plus tôt, le ministre américain de la Défense Mark Esper avait prévenu que les Etats-Unis n’hésiteraient pas à prendre des mesures « préventives » s’ils avaient vent de nouvelles attaques en préparation.

Il avait prévenu que la mort la semaine dernière d’un sous-traitant américain dans une attaque à la roquette sur une base de Kirkouk (nord) attribuée à une faction pro-iranienne avait « changé la donne ».

Quelles conséquences?

D’ores et déjà, les prix du pétrole ont bondi de plus de 4% après l’annonce de la mort de Soleimani, les marchés craignant une escalade des tensions dans la région.

L’Iran a promis de se venger, de même que le mouvement chiite libanais Hezbollah qui s’est engagé à  « apporter le juste châtiment aux assassins criminels (…) dans le monde entier ».

Les nombreux groupes pro-iraniens de la région, pourraient lancer des attaques contre des bases américaines dans les Etats du Golfe, ou contre des pétroliers ou des navires marchands dans la région du détroit d’Ormuz que Téhéran peut fermer à tout moment

Ils pourraient viser les nombreuses bases où l’armée américaine est déployée en Irak, en Syrie, d’autres ambassades américaines dans la région, ou s’attaquer à des alliés des Etats-Unis comme Israël ou l’Arabie saoudite, voire des pays européens.

Pour Kim Ghattas, du Carnegie Endowment for International Peace, il est difficile de savoir comment la situation va évoluer.

« Une guerre? Le chaos? Des représailles limitées? Rien? Personne ne sait vraiment, ni dans la région, ni à Washington, parce que ceci est sans précédent. »

Quelles mesures de sécurité?

Les Etats-Unis ont envoyé plus de 14.000 militaires en renfort dans la région ces derniers mois, et ils ont annoncé l’envoi de 500 hommes de plus après l’attaque contre leur ambassade à Bagdad.

Jeudi, M. Esper a indiqué qu’un bataillon de 4.000 hommes avait reçu l’ordre de se tenir prêt et qu’ils pourraient être déployés dans les prochains jours.

Les Etats-Unis ont actuellement 5.200 militaires déployés en Irak, officiellement pour « assister et former » l’armée irakienne et pour éviter une résurgence du groupe Etat islamique. Leurs effectifs globaux au Moyen-Orient s’élève à 60.000 personnes.

L’ambassade américaine a appelé les ressortissants américains résidant en Irak à quitter le pays au plus vite.

Israël a fermé une station de ski sur les flancs du Golan, une région annexée à la frontière de la Syrie et du Liban.

Avec AFP

USA: un général conseille aux élèves-officiers de « foutre le camp »

septembre 29, 2017

Washington – « Foutez le camp! »: le directeur d’une académie militaire américaine n’a pas mâché ses mots quand il a découvert des insultes racistes dans son établissement, et la vidéo de son discours devant les étudiants faisait vendredi le tour du monde.

« Si vous n’êtes pas capable de traiter quelqu’un d’une autre race ou d’une autre couleur de peau avec dignité et respect, alors il faut partir », a déclaré aux élèves-officiers le général Jay Silveria, directeur de l’Académie de l’armée de l’Air à Colorado Springs, dans le Colorado (ouest du pays).

« Si vous n’êtes pas capables de traiter quelqu’un avec dignité et respect, foutez le camp! », a-t-il ajouté dans ce discours filmé par l’académie, équivalent de l’Ecole de l’air française, et mis en ligne sur son site.

Cinq étudiants noirs en année préparatoire à cette école, qui forme les futurs officiers de l’armée de l’Air américaine, ont trouvé lundi des injures racistes sur leur porte. L’un d’eux a posté sur Facebook une photo d’une ardoise blanche sur laquelle était inscrite: « Rentre chez toi, le Nègre ». Des parents ont alors alerté le corps enseignant.

Jeudi, le directeur de l’académie a réuni tout les enseignants et tous les étudiants à l’heure du déjeuner, pour leur rappeler que « ce genre de comportement n’a sa place ni dans les classes préparatoires, ni à l’académie, ni dans l’armée de l’Air américaine ».

Les étudiants écoutaient, au garde à vous, lorsque leur directeur leur a demandé de sortir leur smartphone de leur poche. « Je suis sérieux, prenez vos téléphones, je veux que vous fassiez une vidéo de tout ceci, que vous la gardiez, que vous l’utilisiez ».

La réaction du directeur de l’Académie de l’armée de l’Air était largement saluée vendredi sur les réseaux sociaux et montrée en boucle sur les chaînes de télévision américaines.

« Je suis d’accord, le racisme n’a pas sa place parmi nos militaires ou dans notre pays », a notamment tweeté le sénateur républicain John McCain.

Interviewé vendredi par CNN, le général Silveria a expliqué avoir voulu convaincre les élèves-officiers de l’importance de la diversité au sein d’un groupe.

« En fin de compte, ces jeunes hommes et jeunes femmes vont devenir des lieutenants de l’US Air Force. Ils iront au combat et ils prendront des décisions de vie ou de mort sur le champ de bataille. Nous avons besoin de ces idées diverses », a-t-il noté.

Selon un journal local, un suspect aurait été identifié après une analyse graphologique mais l’académie militaire s’est refusée vendredi à tout commentaire. Une enquête est en cours et « nous ne pouvons donner aucun détail actuellement », a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’académie.

– Un contexte tendu –

Cet incident intervient en pleine polémique sur la vague de protestations chez les joueurs de football américain qui s’agenouillent pendant l’hymne national, un moyen de symboliquement dénoncer le racisme aux Etats-Unis. Donald Trump a violemment critiqué leur attitude, leur reprochant un manque de patriotisme.

A la mi-août, les plus hauts gradés de l’armée américaine s’étaient désolidarisés des propos ambigus et des atermoiements du président américain, après les violences racistes qui ont secoué la petite ville de Charlottesville, où certains manifestants se réclamant de l’extrême droite arboraient des uniformes ou insignes de l’armée.

« L’US Navy s’opposera toujours à la haine et à l’intolérance », avait déclaré dès le lendemain l’amiral John Richardson, chef de la marine américaine, suivi aussitôt par ses collègues des armées de terre et de l’air.

Le chef d’état-major, le général Joe Dunford, avait lui aussi affirmé qu’il « n’y a pas de place pour le racisme et l’intolérance dans l’armée américaine et aux Etats-Unis dans leur ensemble ».

La question raciale est aussi sensible au sein des forces armées que dans le reste de la population: les minorités y sont très largement représentées mais plus on monte dans la hiérarchie, plus les Blancs sont majoritaires.

Selon des chiffres du Pentagone actualisés en juillet, les Noirs représentent 19% des troupes à eux seuls (alors que leur part de la population américaine tourne autour de 13%). Mais quand on monte dans la hiérarchie, les Noirs ne représentent plus que 9% des officiers de l’armée américaine.

Toutes minorités confondues (Hispaniques, Asiatiques, multiraciaux), les militaires se déclarant non-blancs représentent 29% des effectifs, mais seulement 17% des officiers.

Romandie.com avec(©AFP / 29 septembre 2017 22h53)