La vice-présidente américaine entame une tournée africaine qui la mènera aussi en Tanzanie et en Zambie. À la suite du sommet États-Unis-Afrique de décembre, Washington veut concrétiser sa présence sur le continent face à l’influence croissante de la Chine et de la Russie.
La vice-présidente américaine Kamala Harris entame ce lundi 27 mars une tournée au Ghana, en Tanzanie et en Zambie jusqu’au 2 avril. Elle intervient après le sommet États-Unis-Afrique de décembre à Washington, au cours duquel le président Joe Biden a plaidé pour créer un vaste partenariat avec l’Afrique, cherchant à affirmer la présence américaine sur le continent face à l’influence croissante de la Chine et de la Russie.
Accompagnée de son mari Douglas Emhoff, Kamala Harris a été accueillie à l’aéroport d’Accra par le vice-président du Ghana Mahamudu Bawumia et de hauts responsables ghanéens. « Nous avons hâte de faire de ce voyage une nouvelle affirmation de la relation et de l’amitié durables et très importantes entre le peuple des États-Unis et ceux qui vivent sur le continent africain », a déclaré la vice-présidente. « Je suis très enthousiaste quant à l’avenir de l’Afrique. Je suis très enthousiaste quant à l’impact de l’avenir de l’Afrique sur le reste du monde, y compris les États-Unis », a-t-elle ajouté à son arrivée.
Investissements et crise climatique
À Accra, elle s’entretiendra avec le président Nana Akufo-Addo et rencontrera des représentants de la société civile. Elle devrait aborder au cours de sa visite la crise climatique, l’amélioration de la sécurité alimentaire et la hausse des investissements sur le continent, a-t-elle indiqué. La vice-présidente américaine devrait rencontrer des entrepreneurs, des étudiants, des femmes et des paysans. Elle doit aussi visiter une ancienne plaque tournante de la traite des esclaves, le fort de Cape Coast (sud).
Le Ghana est confronté à une crise économique avec une inflation de plus de 50% et une baisse de la monnaie locale, le cedi, touchée par les effets de la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Le Ghana a conclu un accord de 3 milliards de dollars de crédit avec le FMI et est également en pourparlers avec la Chine sur ses problèmes économiques.
Près de deux semaines après le séisme qui a frappé le sud de la Turquie le 6 février, ce que l’on craignait s’est confirmé. « Le corps sans vie d’Atsu a été retrouvé sous les décombres. On retire encore ses affaires. Son téléphone a aussi été retrouvé », a affirmé Murat Uzunmehmet, son agent en Turquie, cité par l’agence privée turque DHA. Cela met fin à une lourde période d’inquiétude et de recherches pour les proches du footballeur de 31 ans.
Confirmation de la mort du joueur par plusieurs sources
« C’est avec le cœur lourd que je dois annoncer à tous […] que le corps de Christian Atsu a été retrouvé ce matin », a de son côté indiqué sur son compte Twitter Nana Sechere, l’agent ghanéen d’Atsu. « Je présente mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches. Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier tout le monde pour leurs prières et leur soutien », a-t-il ajouté. Selon les médias turcs, l’ancien joueur de Chelsea et de Newcastle en Angleterre a été découvert sous les décombres de la résidence Rönesans, une tour de 12 étages qui s’est effondrée dans le séisme. « L’ambassade du Ghana en Turquie, qui a transmis la triste nouvelle, indique que le corps a été retrouvé tôt ce matin », explique dans un communiqué le ministère ghanéen des Affaires étrangères. « Le frère aîné, la jumelle de Christian Atsu ainsi qu’un attaché d’ambassade étaient présents sur le site au moment où le corps a été récupéré », précise le texte. L’ambassade ghanéenne en Turquie et la Fédération ghanéenne de football avaient initialement assuré que l’attaquant avait été retrouvé vivant 24 heures après le tremblement de terre, mais ces informations s’étaient par la suite révélées fausses. Le promoteur de la résidence de luxe transformée en ruine, où 800 personnes seraient ensevelies, a été arrêté la semaine dernière alors qu’il tentait de quitter la Turquie. Le séisme, suivi de puissantes répliques, a tué plus de 40 000 personnes en Turquie et en Syrie, selon les derniers bilans officiels diffusés vendredi, faisant également des milliers de blessés et de sans-abri par un froid glacial.
Christian Atsu, un Black Star passé par de nombreux clubs
En équipe nationale du Ghana, Atsu, impliqué par ailleurs dans plusieurs actions caritatives, aura eu une carrière vraiment bien accomplie. C’est ainsi qu’il a été retenu pour représenter son pays dans quatre éditions de la Coupe d’Afrique des nations. Pour commencer, il a été du voyage pour le Mondial 2014 au Brésil où les Black Stars ont été éliminés dès le premier tour. Titulaire en finale en 2015 contre la Côte d’Ivoire mais remplacé en prolongations, juste avant la séance de tirs au but homérique perdue par les siens, Christian Atsu avait d’ailleurs été désigné meilleur joueur de la CAN 2015. Il a aussi été retenu dans l’équipe type de la CAN en 2017. Le signe de performances qui ont pu justifier qu’il ait attiré l’attention de clubs européens mais aussi asiatiques.
Christian Atsu avait été recruté en septembre dernier par le club turc de Hatayspor, basé dans la province de Hatay (Sud), près de l’épicentre du violent séisme qui a frappé le 6 février la Turquie et la Syrie, loin du Ghana, où il avait grandi dans une famille de dix enfants. Formé dans son pays natal au sein d’une académie du club néerlandais du Feyenoord, le petit ailier de 1,65 m, arrivé à 17 ans en Europe en 2011 au FC Porto, avait rapidement séduit certaines des plus grandes écuries du continent, suscitant par sa vivacité balle au pied des comparaisons avec Lionel Messi. C’est Chelsea qui l’avait finalement attiré en 2013, mais le club londonien l’avait immédiatement envoyé en prêt au Vitesse Arnhem aux Pays-Bas.
Ballotté ensuite de club en club, Atsu, passé sans convaincre par Everton, Bournemouth et Malaga, ne disputera finalement aucun match officiel sous les couleurs des Blues. Prêté en 2016 à Newcastle, il y est transféré l’année suivante pour près de 8 millions d’euros. Il n’inscrit que trois buts en quatre saisons avec les Magpies, avant de s’exiler en Arabie saoudite en rejoignant l’équipe d’Al-Raed, puis Hatayaspor. Plusieurs de ses anciens clubs, dont, Porto, Chelsea et Newcastle, lui ont rendu un hommage samedi matin par voie de communiqué. Atsu laisse une veuve et trois enfants orphelins.
Le Burkina Faso se dit « profondément affecté » par les déclarations du président ghanéen affirmant que Ouagadougou a « conclu un arrangement » avec le groupe paramilitaire russe Wagner.
Le Burkina Faso a qualifié de « très graves », ce vendredi 16 décembre, les propos tenus deux jours plus tôt par le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, à Washington. « Ces 48h ont été marquées par les propos du président Nana Akufo-Addo sur une prétendue passation de marché entre le gouvernement de la transition et une société privée russe. Une note verbale de protestation a été adressée au Ghana », a expliqué le ministre délégué chargé de la Coopération régionale, Karamoko Jean Marie Traoré, affirmant que le Burkina était « profondément affecté » par ces déclarations.
« Nous avons écouté l’ambassadeur du Ghana et lui avons fait savoir la position du gouvernement qui juge très graves les propos venant d’un chef d’État, de surcroît d’un pays ami et voisin », a déclaré Karamoko Jean Marie Traoré. Plus tôt dans la journée, l’ambassadeur du Ghana au Burkina avait été convoqué et s’était entretenu avec le ministre tandis que l’ambassadeur burkinabè à Accra avait été rappelé pour consultation.
« Attirer l’attention des partenaires »
Mercredi, lors d’une entrevue aux États-Unis avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, le président ghanéen Akufo-Addo, avait assuré que le Burkina avait « conclu un arrangement pour, comme le Mali, employer des forces de Wagner« . « Je crois qu’une mine dans le sud du Burkina leur a été allouée comme une forme de paiement pour leurs services », avait-il ajouté, précisant que, selon lui, « les mercenaires russes sont à la frontière nord » du Ghana.
Lors de son entretien avec le ministre, l’ambassadeur du Ghana, Boniface Gambila Adagbila, a assuré que les propos de son président « ne visaient pas à condamner le Burkina Faso, ni à semer le doute dans les esprits », selon le compte-rendu de la rencontre, publié par le ministère des Affaires étrangères burkinabè. « L’intention était surtout d’attirer l’attention des partenaires afin de susciter un grand intérêt à l’endroit du Burkina Faso », a-t-il ajouté.
En réponse, le ministre Traoré a estimé que le « Ghana aurait pu entreprendre des échanges avec les autorités burkinabè sur la question sécuritaire afin d’avoir les bonnes informations ».
NOUS ESSAIERONS DE DIVERSIFIER NOS RELATIONS DE PARTENARIAT JUSQU’À TROUVER LA BONNE FORMULE POUR LES INTÉRÊTS DU PAYS
Dans plusieurs pays d’Afrique francophone, Moscou mène une campagne d’influence active, notamment sur les réseaux sociaux, et jouit d’un soutien populaire grandissant, quand la France y est de plus en plus vilipendée. Certains pays accusent la junte au pouvoir au Mali d’avoir recours aux services de Wagner, réputé proche du régime de Moscou, ce que Bamako dément.
Le Premier ministre à Moscou
La question d’un éventuel rapprochement avec la Russie se pose également au Burkina depuis le coup d’État du 30 septembre, le deuxième en huit mois, qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré, alors que le pays peine à faire face à des attaques jihadistes meurtrières récurrentes depuis 2015.
Lundi, le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tambèla, a rencontré à Moscou le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, pour évoquer « les questions prioritaires du renforcement des relations » entre les deux pays, selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères. Interrogé sur ce voyage, le porte-parole du gouvernement burkinabè n’a pas souhaité faire de commentaire.
Apollinaire Kyélem de Tambèla avait affirmé fin octobre qu’il n’excluait pas de rééxaminer les « rapports » de son pays avec la Russie. « Nous essaierons, autant que possible, de diversifier nos relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso. Mais il ne sera pas question de nous laisser dominer par un partenaire, quel qu’il soit », avait-il dit mi-novembre.
Disposant d’autant de députés que l’opposition et confronté à une dégradation des résultats économiques, le régime du chef de l’État fait face des législateurs du parti au pouvoir qui réclament la tête de deux responsables des Finances.
Il ne faut jamais parler trop vite. En 2017, le président ghanéen Nana Akufo-Addo avait émoustillé les panafricanistes de tout poil en labourant le sillon de Kwame Nkrumah, évoquant sa ferme intention d’affranchir son pays de l’aide au développement. Cinq ans plus tard, sa présidence en exercice de la Conférence des chefs d’États et de gouvernement de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a écorné la dimension idéologique de son discours, et son appel au Fonds monétaire international (FMI) lui a attiré les foudres de ses propres partisans…
Au Ghana, l’inflation est actuellement estimée à 37 %, la croissance de l’économie nationale tend à la baisse, le cédi a perdu 14 % de sa valeur rien que la semaine dernière, la crise ukrainienne diffuse ses conséquences économiques délétères et le Parlement ghanéen s’apprête à entamer les débats sur un budget 2023 qui ressemble à un casse-tête. Non seulement ledit Parlement est partagé, à proportions égales, entre le Nouveau parti patriotique (NPP) d’Akufo-Addoet les opposants du Congrès démocratique national (NDC), mais les piques ne viennent pas seulement des rivaux du chef de l’État.
Calcul politicien ?
Ce 25 octobre, au moment où le responsable des parlementaires NDC avait déposé une requête en destitution du ministre des Finances, Ken Ofori-Atta, 80 des 137 élus du parti au pouvoir menaçaient de boycotter la session consacrée au budget, si ledit membre du gouvernement et son collègue délégué, Charles Adu Boahen, n’étaient, d’ici là, ni démissionnaires ni démis de leurs fonctions. Ces membres du groupe parlementaire majoritaire alertaient même qu’ils pourraient ne plus prendre part « à aucune activité gouvernementale ».
Selon le porte-parole des frondeurs majoritaires, Andy Kwame Appiah-Kubi, le titulaire du maroquin des Finances découragerait le secteur financier. Le ministre rentre à peine de Washington où il a négocié auprès du FMI un prêt controversé de trois milliards de dollars. Calcul politicien ? Les membres du groupe parlementaire se mettent au diapason des grognes populaire et commerçante, qui craignent des mesures d’austérité en pleine augmentation des prix. La semaine dernière, des vendeurs d’Accra avaient fermé boutique pour protester contre la flambée du coût de la vie.
S’il ne faut jamais parler trop vite, il ne faut pas non plus parler trop tard. Éreinté au milieu d’un second mandat présidentiel auquel il avait pourtant été élu dès le premier tour de scrutin, Nana Akufo-Addo devrait bientôt s’adresser à la nation sur la situation économique, si l’on en croit le ministre de l’Information.
Le pays a enregistré en mai une inflation de 27%, son niveau le plus haut depuis deux décennies, et les manifestations contre la vie chère se multiplient.
Le Ghana sollicite le soutien du Fonds monétaire international (FMI) alors que le pays traverse une crise économique aggravée par l’invasion russe en Ukraine qui a fait exploser les prix, notamment à la pompe, a indiqué vendredi 1er juillet le gouvernement. En mai, le pays a enregistré une inflation de 27%, son niveau le plus haut depuis deux décennies.
Le président Nana Akufo-Addo avait précédemment rejeté les appels à solliciter l’aide financière du FMI. Mais vendredi, il a « autorisé le ministre des Finances Ken Ofori-Atta à entamer des engagements formels » avec l’organisation, a déclaré le ministre de l’Information, Kojo Oppong Nkrumah, dans un communiqué.
Manifestations contre la vie chère
« Cela fait suite à une conversation téléphonique entre le président et la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, qui a fait part de la décision du Ghana de s’engager avec le Fonds, précise le communiqué. L’engagement avec le FMI visera à fournir un soutien à la balance des paiements (…) pour accélérer le redressement du Ghana face aux défis induits par la pandémie de Covid-19 et, récemment, par les crises en Russie et en Ukraine. »
Depuis plusieurs mois, de nombreux Ghanéens manifestent contre la vie chère dans un contexte de hausse croissante des prix alimentaires et des carburants, mettant sous pression le président Akufo-Addo. Plusieurs bagarres ont par ailleurs éclaté au sein du Parlement sans majorité, alors que le gouvernement tente d’imposer des réformes qui, selon lui, pourraient sauver l’économie.
Le président cherche urgemment à trouver de nouvelles sources de revenus pour combler le poids de la dette de son pays, qui représente près de 80% du PIB. En 2015, le Ghana avait déjà sollicité l’aide du FMI et obtenu un prêt d’environ un milliard de dollars en contrepartie d’un plan de rigueur budgétaire, qui prévoyait une baisse des dépenses publiques.
La multinationale a présenté un nouveau système pour accroître les revenus des planteurs de cacao, lutter contre le travail des enfants et améliorer la traçabilité des fèves. Salué par Abidjan et Accra, le dispositif doit faire ses preuves sur le terrain.
Nestlé a-t-il trouvé la solution miracle pour améliorer les revenus des planteurs de cacao ivoiriens ? C’est la question qui se pose après la présentation, le 27 janvier, par la multinationale basée en Suisse d’un ambitieux système de primes. Ce dernier doit profiter à quelque 10 000 familles de cultivateurs cette année en Côte d’Ivoire, avant d’être étendu à partir de 2024 au Ghana.
Présenté par le PDG du géant agroalimentaire, Mark Schneider, lors d’une conférence virtuelle à laquelle a pris part le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, le nouveau système est intégré à un plan plus global visant à « lutter contre les risques de travail des enfants » et à « atteindre une traçabilité intégrale du cacao ». Le recours à une main d’œuvre mineure et le manque de transparence de l’approvisionnement sont deux critiques récurrentes adressées aux chocolatiers.
Plus d’un milliard d’euros d’ici à 2030
Dans le détail, Nestlé a fixé quatre pratiques vertueuses qu’il veut encourager : la scolarisation des enfants, l’utilisation de techniques agricoles performantes (dont l’élagage), l’agroforesterie (dont la plantation d’arbres d’ombrage) et la diversification des cultures (combiner la production de cacao à celle de manioc et/ou à des activités d’élevage, d’aviculture, d’apiculture). Pour chacune d’entre elles, le groupe prévoit de verser 100 francs suisses (96 euros) par an aux paysans qui les adoptent avec un bonus de 100 francs en cas de mise en œuvre des quatre.
LA PRIME DE 500 FRANCS REPRÉSENTE UNE AUGMENTATION DE PRÈS DE 20 % DU REVENU ANNUEL
La prime maximale, qui se monte donc à 500 francs suisses par an (482 euros), doit être versée pendant deux ans, avant d’être réduite de moitié les années suivantes. Ce qui représente un engagement total de « 1,3 milliard de francs suisses d’ici à 2030 » (1,25 milliard d’euros), soit le triple de « son investissement annuel actuel », souligne le groupe, avec l’objectif de toucher au total 160 000 familles.
« Les agriculteurs qui sont membres du Plan cacao de Nestlé [le plan développement durable du groupe lancé en 2009] ont un revenu annuel d’environ 3 000 francs suisses par an, ce qui est déjà plus élevé que le revenu moyen d’un cultivateur, situé autour de 2 000 francs », met en avant un porte-parole de Nestlé, sollicité par Jeune Afrique.
Sur le papier, le plan de Nestlé coche beaucoup de cases. Présenté à grand renfort de communication, il adopte une approche globale et responsable et s’inscrit dans la droite ligne des efforts faits ces dernières années par les acteurs de la chaîne du cacao – chocolatiers, acheteurs et transformateurs de fèves, certificateurs et États – pour rééquilibrer le rapport en faveur des planteurs. Ces derniers ne touchent que 6 % des 100 milliards de dollars générés chaque année dans le monde par la vente de chocolat, selon l’organisation non gouvernementale (ONG) Public Eye.
LE PROJET ENTEND CRÉER UN NOUVEAU MODÈLE AGRICOLE BASÉ SUR LA DIVERSIFICATION DES REVENUS DU PRODUCTEUR
Saluée par la Côte d’Ivoire et le Ghana, le projet du groupe suisse bénéficie aussi du soutien de plusieurs partenaires internationaux, dont le KIT Royal Tropical Institute, l’Initiative internationale sur le cacao, l’Initiative pour le commerce durable et l’ONG Rainforest Alliance. En outre, le système proposé a déjà été testé auprès de 1 000 producteurs ivoiriens en 2020.
« Les avis et suggestions des agriculteurs et coopératives agricoles, ainsi que la collecte et l’évaluation en continu de données par des tiers seront utilisés pour renseigner, réajuster et améliorer le programme au fur et à mesure qu’il sera étendu à d’autres communautés », précise Nestlé.
Un acteur du secteur a salué « les bonnes bases » du projet, qui « entend créer un nouveau modèle agricole basé sur la diversification des revenus du producteur, tant en ce qui concerne les sources de revenus que les cultures ». Il cite également comme point positif le recours au paiement mobile pour verser la prime, un gage de transparence.
La transaction financière se fera, via un transfert électronique opéré par téléphone, depuis le compte du fournisseur de Nestlé vers les fermiers et leurs épouses afin d’encourager, par la même occasion, l’autonomisation des femmes, détaille le porte-parole de la multinationale. Ainsi, « il est facile de vérifier et tracer tous les paiements depuis le fournisseur vers les bénéficiaires », insiste-t-il.
Un système toujours trop opaque
Reste que plusieurs acteurs de terrain sont beaucoup plus réservés sur l’impact réel du dispositif. Si au niveau du Conseil café-cacao, on salue toute initiative visant à améliorer le revenu des planteurs, on attend de voir les modalités concrètes de mise en œuvre. L’organisme rappelle que Nestlé n’achète pas directement les fèves aux cacaoculteurs mais se fournit auprès d’intermédiaires, dont les broyeurs. Ce qui rend la traçabilité des fèves comme du versement des primes plus compliquée.
SEUL UN PAIEMENT DIRECT AUX PLANTEURS AURAIT UNE CHANCE D’AMÉLIORER LA TRANSPARENCE DE LA FILIÈRE
« L’ensemble des primes et avantages consentis aux producteurs transitent aujourd’hui par les coopératives et les exportateurs. Or, les études menées sur ce système montrent qu’il donne lieu à d’importantes pertes de charge, de l’ordre de 70 % », pointe François Ruf, économiste du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) installé en Côte d’Ivoire et qui travaille avec une équipe d’une dizaine de chercheurs.
Pour lui, seul un paiement direct aux planteurs aurait une chance d’améliorer la transparence de la filière en mettant notamment la pression sur les coopératives pour clarifier leurs pratiques. Or, ce n’est pas la voie choisie par Nestlé qui, en confiant la mission du paiement à ses fournisseurs, prend le risque d’entretenir les pratiques opaques actuelles que les contrôles extérieurs ont bien du mal à combattre.
Quant à la traçabilité totale des fèves, elle demeure un défi. La demande de chocolat étant cyclique et concentrée sur la fin de l’année civile, elle astreint les coopératives à fournir sur une courte période un grand volume de fèves. Cette réalité les conduit bien souvent à recourir aux pisteurs (intermédiaires qui achètent les fèves bord de champs aux paysans et les revendent aux coopératives) pour répondre aux quotas imposés par les acheteurs, sans garantie sur l’origine de l’or brun. Une difficulté identifiée de longue date, mais sur laquelle les multinationales se gardent bien de se positionner.
DÉCRYPTAGE. Alors que la course à la monnaie numérique de banque centrale bat son plein, l’Afrique n’est pas en reste et le Ghana se rêve en précurseur avec de nombreux avantages à la clé.
La banque centrale du Ghana planche activement sur le lancement d’une monnaie numérique, appelée e-Cedi. En juin dernier, le gouverneur Ernest Addison a révélé que le projet à un stade avancé passerait par trois phases : conception, mise en œuvre et pilotage – avant sa mise en circulation. En cette rentrée de septembre, le pays est bien décidé à entrer en phase pilote. L’ex-Gold Coast veut figurer parmi les premiers pays du continent africain à engager un tel chantier. « La phase de conception, qui implique la conception de la monnaie numérique, est terminée. La banque centrale en est à la phase de mise en œuvre et de pilotage où quelques personnes pourront utiliser le cedi numérique sur leurs applications mobiles et autres appareils », indique l’institution. Dans la course à la monnaie numérique, les grandes puissances comme la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Brésil ou encore l’Union européenne sont déjà dans les starting-blocks. Seules les Bahamas disposent à ce jour officiellement d’une monnaie numérique nationale.
Pourquoi l’Afrique se lance
Bien que les contextes soient différents, le continent africain offre des opportunités considérables pour la monnaie numérique. Si l’Afrique reste l’un des continents les moins bancarisés du monde, seulement 15 % de la population dispose d’un compte bancaire, le paradoxe veut que les Africains soient très bien équipés en mobiles. Deux éléments qui donnent des idées aux banques centrales qui espèrent atteindre rapidement leurs objectifs.closevolume_off
Ainsi, le e-Cedi numérique serait un futur moyen de paiement électronique sur smartphone amené à potentiellement compléter et non pas remplacer les pièces et les billets en circulation aujourd’hui. Pour les gouvernements, une monnaie numérique émise par une banque centrale (MNBC), permet non seulement d’apporter une réponse à la dématérialisation croissante des paiements, mais aussi de prévenir les risques que fait peser la multiplication des cryptomonnaies, des stablecoins et autres projets financiers des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Les avantages de la monnaie numérique sont nombreux pour les Africains, qui pourront par exemple transférer de l’argent sans frais.
Haro sur les cryptomonnaies ?
Mais alors quelle différence avec les cryptomonnaies ? Selon Investopedia, un site Web américain dédié aux questions monétaires et financières, les cryptomonnaies sont trop instables pour jouer le rôle d’argent car elles ne sont pas réglementées par un organisme public ou reconnu au sein de l’État. Elles sont gérées par des sociétés privées et sont soumises à la volatilité du marché, qui les rend inaptes à satisfaire les capacités habituelles de trésorerie. Contrairement aux cryptomonnaies qui connaissent des inflations élevées, des pertes importantes et des incertitudes sur les valeurs futures, le e-Cedi devrait être moins volatil car il sera soutenu par l’État. En cas de fluctuations du marché, la banque centrale interviendra et trouvera une solution durable à l’instabilité du marché.
Pékin interdit l’utilisation des cryptomonnaies car elles ne sont pas régulées par des institutions financières et sont sujettes à spéculation.
L’inclusion financière en ligne de mire
L’enjeu de l’inclusion financière est tout aussi important dans le contexte africain. Selon l’Atlantic Council Geotech Center, les solutions d’argent numérique tout comme le mobile money sont considérés comme des moyens d’accroître l’inclusion financière en poussant les gouvernements à inclure les populations non bancarisées dans l’économie digitale. Selon la Banque d’Angleterre, la monnaie numérique peut également augmenter le produit intérieur brut (PIB) d’un pays jusqu’à 3 % en réduisant les coûts de transaction associés aux transferts et aux transactions.
« Je peux par exemple avoir une carte – une carte très simple – sur laquelle je peux stocker mon e-Cedi. Plutôt que de transporter une grosse somme d’argent quelque part pour effectuer un paiement, je pourrais avoir une de ces cartes et enregistrer l’e-Cedi dessus. Il est également important de mentionner que parce que c’est numérique, vous pouvez économiser au-delà des cartes ; vous pouvez également l’enregistrer sur des appareils intelligents tels que des montres intelligentes, des téléphones intelligents. Vous pouvez enregistrer [ l’e-Cedi] sur n’importe quel appareil intelligent », a précisé cette semaine Kwame Oppong, responsable de la technologie financière et de l’innovation à la Banque du Ghana. « Heureusement pour nous, nous disposons d’un système QR (Quick Response) unifié qui permet aux très petits commerçants – les microcommerçants – d’avoir la possibilité de recevoir des paiements par voie numérique », a-t-il souligné. La banque centrale du Ghana s’est associée à Emtech, une startup fintech américaine dédiée aux banques centrales. Ce partenariat vise à utiliser le logiciel d’Emtech pour tester des solutions innovantes, notamment la blockchain. La société allemande Giesecke + Devrient a également été sollicitée pour piloter le projet.
Pour le Ghana, cette annonce intervient dans un contexte de tensions autour de la monnaie, le Cedi. Depuis mai, la devise du deuxième plus grand producteur de cacao au monde ne fait que baisser. En effet, le rebond de l’économie après l’épidémie a incité les entreprises à stocker des dollars pour acheter des produits et se développer. Bien que la banque centrale du Ghana ait reçu une injection massive de devise américaine, la demande pour le dollar a bouleversé l’offre, provoquant la chute du Cedi. Malheureusement, la valeur de la monnaie numérique est basée sur les fluctuations de la devise physique.
Monnaie numérique : quels avantages pour l’Afrique ?
Au-delà de la question de savoir quel sera le premier africain à lancer une monnaie numérique soutenue par l’État, des questions plus globales restent en suspens. La monnaie numérique augmentera-t-elle la facilité de paiement et de règlement des transactions ? Répondra-t-elle aux défis des envois de fonds sur le continent ? Sur quelle blockchain fonctionnera-t-elle ? D’autres préoccupations tournent autour de la question de sa pertinence dans le maintien de la stabilité des régimes budgétaires et monétaires.
En attendant, les Ghanéens se demandent s’ils pourront utiliser l’e-Cedi dans d’autres pays. Le Dr. Maxwell Opoku Afare, premier vice-gouverneur de la Banque du Ghana s’est voulu rassurant en affirmant qu’il y aurait une coordination entre la banque centrale du Ghana et d’autres banques centrales à travers le monde, pour permettre aux Ghanéens d’utiliser également l’e-Cedi pour les transactions internationales. Cette affirmation pourrait devenir une réalité, puisque dans la sous-région ouest-africaine, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) planche déjà sur ce sujet. Plusieurs pays africains travaillent à élaborer leur devise numérique, parmi eux on peut citer l’Afrique du Sud, le Nigeria ou encore le Maroc.
Le Parlement ghanéen a décidé de réaliser un emprunt de 1,45 milliard de dollars pour sa compagnie pétrolière. Mais cette décision est loin de faire l’unanimité.
« Et c’est ainsi qu’un pays d’Afrique de l’Ouest en difficulté a signé une aubaine de plusieurs centaines de millions de dollars pour l’un des hommes les plus riches de l’un des pays les plus riches du monde », a déploré l’entrepreneur et activiste ghanéen Bright Simons dans une tribune publiée récemment dans The Africa report.
Un milliard six cent millions de dollars : tel est le montant demandé par le ministre de l’Énergie ghanéen, Matthew Prempeh, devant le Parlement afin de les prêter à sa compagnie pétrolière la Ghana National Petroleum Corporation (GNPC). Cet emprunt devrait permettre l’achat de participations dans des blocs pétroliers exploités par deux sociétés norvégiennes Aker Energy et AGM.
AKER ET AGM SONT DEUX COMPAGNIES NORVÉGIENNES DÉTENUES PAR LE MILLIARDAIRE KJELL INGE RØKKE
Concrètement, le gouvernement souhaite acquérir une participation directe et indirecte de 37 % dans le bloc Deepwater Tano/Cape Three Points (DWT/CTP) auprès d’Aker Energy, et une participation de 70 % dans le bloc adjacent South Deepwater Tano (SDWT) auprès d’AGM Petroleum.
Aker et AGM sont deux compagnies norvégiennes détenues par le milliardaire Kjell Inge Røkke, qui a fait fortune dans le transport maritime. Aker Energy est une coentreprise à parts égales entre Aker, une société pétrolière de 7,5 milliards de dollars détenue à plus de 80 % par Kjell Inge Røkke, et un holding familial, TRG. AGM Petroleum est, quant à elle, entièrement détenue par TRG.
Plafonnement à 1,4 milliard de dollars
Un milliard trois cent millions de dollars devront permettre le rachat de participation dans des blocs pétroliers, et 350 millions de dollars serviront à couvrir des coûts de développement du champ de Pecan, qui pourrait produire du pétrole d’ici à 2024.
LES DÉCOUVERTES POURRAIENT AJOUTER 200 000 BARILS PAR JOUR À LA CAPACITÉ PÉTROLIÈRE GHANÉENNE
Or, après plusieurs réunions et délibérations, le Parlement a décidé de réduire le financement de 1,3 à 1,1 milliard de dollars. Le montant de 350 millions de dollars pour le champ de Pecan est quant à lui maintenu. Ainsi, le Parlement ghanéen a ouvert la voie permettant au gouvernement d’emprunter 1,45 milliard de dollars pour investir dans le secteur pétrolier.
Selon le ministère de l’Énergie, cet accord aboutira à la formation d’une société d’exploitation conjointe avec Aker Energy, AGM et GNPC Exploraco, la filiale d’exploitation de la compagnie pétrolière ghanéenne.
« Les découvertes réalisées dans les deux blocs pourraient ajouter 200 000 barils par jour à la capacité pétrolière du Ghana d’ici quatre à cinq ans, soit près du double de la production actuelle », a déclaré Matthew Prempeh. « La valeur des deux licences d’exploitation a été estimée entre 2 et 2,55 milliards de dollars », poursuit ce dernier.
Un montant « terrifiant »
Mais les projets du gouvernement du président Nana Akufo-Addo sont loin de faire l’unanimité. Selon l’activiste Bright Simons, les estimations des deux blocs n’ont pas été faites correctement.
Selon lui, si l’analyse des risques du projet et le prix du pétrole avaient été raisonnables sur le long terme, l’évaluation correcte de l’investissement nécessaire aurait été compris entre 350 et 450 millions de dollars. Or, « l’écart entre ces chiffres et le montant de 1,1 milliard de dollars que le gouvernement du Ghana est prêt à payer est terrifiant », explique l’entrepreneur.
EN PRÊTANT CET ARGENT, LE GOUVERNEMENT AUGMENTE LA DETTE NATIONALE DE 5 %
« Il est conseillé au Ghana de ralentir ce plan hallucinant visant à accroître la richesse des milliardaires norvégiens et à accumuler des centaines de millions de dollars de nouvelles dettes et de risques financiers dans le processus », poursuit Bright Simons.
En outre, une alliance composée de quinze associations issues de la société civile s’est indignée de cet accord. « En prêtant cet argent, le gouvernement augmente la dette nationale de 5 % », affirme cette dernière dans une tribune publiée dans la presse ghanéenne.
Enfin, la compagnie pétrolière russe Lukoil, qui détient une participation de 38 % dans le bloc Deepwater Tano Cape Three Points (DWT/CTP), a déclaré ne pas avoir été mise au courant de la vente éventuelle des parts d’Aker Energy à la GNPC.
Négociations en cours
Face à ces inquiétudes, le ministre de l’Énergie s’est voulu rassurant « Nous pouvons confirmer que GNPC dispose du soutien financier et des compétences techniques nécessaires pour acquérir les participations en discussion et participer à la société opératrice, qui restera inchangée ».
Pour le gouvernement ghanéen, il s’agit avant tout de prendre des garanties pour le futur, dans le cas où les actionnaires majoritaires actuels du projet, engagés dans un « tournant vert », décideraient de reconsidérer la production des deux sites.
NOUS DEVONS CORRIGER CETTE IMPRESSION QU’UN PRIX A ÉTÉ DÉTERMINÉ
« Les pays occidentaux ont extrait du pétrole dans leur arrière-cour et dans nos champs, et veulent maintenant que nous y laissions le nôtre. En tant que ressortissant d’un pays en développement, j’ai beaucoup de mal à accepter cette situation […]. S’ils nous retirent les investissements, cela signifie que nous ne pourrons pas développer nos champs et que notre pétrole restera dans le sol », à déclaré le directeur général de la GNPC Kofi Koduah Sarpong.
« Nous devons donc corriger cette impression qu’un prix a été déterminé. Ce n’est pas le cas, nous sommes en train de discuter, de négocier et de nous mettre d’accord sur le prix. Le Parlement, dans sa sagesse, a fixé un plafond que nous ne devons pas dépasser. Je tiens à féliciter le Parlement d’avoir donné un seuil au ministre. Ainsi, l’allégation selon laquelle un prix a été déterminé est erronée », a souligné Kofi Koduah Sarpong.
Premiers fournisseurs mondiaux, les exportateurs africains de cacao ne touchent que 5 % des revenus de l’industrie du chocolat, sur un total annuel mondial de 130 milliards de dollars. Ils doivent maintenant faire face à l’arrivée de la Chine sur le marché.
En 2013, Mondelez, la société mère de Cadbury Australia, avait annoncé qu’elle allait investir 59 millions de dollars dans des essais de culture de cacaotiers le long de son usine de Hobart, en Tasmanie, au nord de l’Australie. Le but était d’augmenter la production annuelle de fèves.
Cela aurait dû être un premier signal d’alarme pour les producteurs africains. C’est désormais la Chine qui se lance dans la production de cacao, avec des projets expérimentaux qui ont déjà permis l’exportation de fèves vers la Belgique.
L’Afrique subsaharienne fournit aujourd’hui 86 % de la production mondiale de fèves de cacao, les 14 % restants étant apportés par le Brésil (12 %) et Trinidad-et-Tobago (2 %), mais elle ne touche que 5,35 % des revenus générés par l’ensemble de l’industrie (de la fève brute aux tablettes de chocolat).
Pourquoi ? Pour certains, cela tient au fait que l’Afrique consomme elle-même peu de ses produits dérivés, avec seulement 1 % de la consommation mondiale.
D’autres estiment que l’Afrique, contrairement à l’Europe, n’a pas encore la capacité technique de construire des modèles intégrés pour transformer la matière première en produits finis et gérer la chaîne d’approvisionnement.
D’aucuns mettent en avant le manque d’investisseurs industriels, dû à des conditions d’emprunt difficiles (taux trop élevés, garanties exigées trop strictes), d’une préférence pour la liquidité et plus globalement d’un manque de confiance dans l’économie.
Une vision trop réduite des choses
Ces trois arguments sont tout à fait recevables. Mais si nous ne parvenons pas à capter plus de la valeur de la chaîne d’approvisionnement c’est parce que nos petits exploitants agricoles, nos coopératives, nos organismes de réglementation et les gouvernements en place ne voient pas assez grand.
Ils laissent l’ensemble de l’industrie locale planter les fèves, les récolter et les vendre à des courtiers internationaux à des prix inférieurs à ceux acceptés sur les marchés internationaux des matières premières.
La chaîne de valeur est donc biaisée, au détriment des pays qui dépendent de la production primaire. En effet, l’agriculture comprend quatre socles : la production primaire, le stockage, la transformation et la distribution, mais ces différents niveaux ne sont pas rémunérés de la même manière. Plus on avance dans la chaîne d’approvisionnement, plus on gagne.
Menace chinoise
C’est dans ce contexte inquiétant qu’il faut placer l’arrivée de la Chine sur le marché du cacao. L’Académie chinoise des sciences agricoles tropicales (CATAS) a travaillé à la culture du cacao dans la province de Haina et a récemment exporté 500 kg de fèves de cacao vers la Belgique, pour une valeur dérisoire de 3 044 euros (pour l’instant).
NOUS DEVONS CHANGER AU PLUS VITE LA FAÇON DONT NOUS PRODUISONS LE CACAO
Alors que le Cocobod du Ghana (l’organisme paraétatique qui organise la production de cacao du pays) a assuré que cette exportation chinoise n’avait rien d’inquiétant, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs agricoles du Ghana, Edward Kareweh, s’est montré lui beaucoup plus préoccupé. « Nous devons changer au plus vite la façon dont nous produisons le cacao dans ce pays. Nous utilisons des pioches et des couteaux dans nos exploitations depuis plus de 100 ans », a-t-il déclaré.
La Chine a compris qu’elle pouvait tirer parti de la fragilité du modèle africain en produisant suffisamment de fèves pour le vendre à l’Europe, dans le but de réduire sa balance commerciale due à l’importation de chocolat.
Elle songe même à développer ses propres industries pour fabriquer des barres de chocolat et d’autres produits dérivés qui serviront à nourrir 1,4 milliard de Chinois. La fève de cacao est riche, et peut être utilisée dans les barres de chocolat donc, mais aussi dans les préparations pour gâteaux, les aliments pour le petit-déjeuner, les boissons, la crème glacée.
Des solutions malgré tout
Pour tenter de s’emparer d’une plus grande partie de la chaîne de valeur le Ghana et la Côte d’Ivoire ont créé un « Chocopec », avec un prix plancher en dessous duquel les agriculteurs ne peuvent pas vendre leurs matières premières.
Mais la décision du Cocobod au Ghana et du gouvernement ivoirien de fixer un prix plancher pour la fève est en réalité contre-productive. Car si l’Afrique subsaharienne contrôle 86 % de la chaîne d’approvisionnement mondiale en intrants primaires, elle ne contrôle pas la division « achat » des produits dérivés, ni les sections secondaire (autrement dit la fabrication) et tertiaire (la logistique et la distribution) de la chaîne de valeur ajoutée.
La réponse se situe en partie dans l’intégration en amont, c’est-à-dire par la substitution des importations.
Certains pays comme la Côte d’Ivoire ont déjà entamé ce processus. Mais la plupart des additifs primaires nécessaires à la transformation du beurre de cacao en chocolat, comme le lait et le sucre, sont encore importés d’Europe.
Pour que la Côte d’Ivoire puisse tirer pleinement profit de sa production primaire de fèves de cacao, elle doit en outre trouver des marchés dans son pays et sur le continent, car elle ne peut pas construire une chaîne d’approvisionnement sans acheteurs.
Une solution envisageable serait de veiller à ce que le Nigeria développe son plan national de transformation de l’élevage (NLTP) dans le cadre de son programme de développement laitier. Cela lui permettrait de fournir à ses voisins les matières premières et les additifs nécessaires à la transformation du cacao, sans avoir à aller les chercher en Amérique du Sud.
Autre possibilité, la construction au Ghana de fermes d’élevage entièrement mécanisées pour la production de lait, ou encore la mise en place de modèles verticalement intégrés pour pouvoir transformer la canne à sucre.
Ces projets doivent être débattus au niveau régional, par exemple lors des sommets économiques organisés par les dirigeants politiques du continent.
L’Institut de recherche sur le cacao du Ghana (CRIG) a de son côté produit des échantillons de produits issus de ses recherches sur les utilisations futures du cacao. Les usages futurs sont nombreux : cosmétiques, produits de toilette, engrais, boissons, biocarburants etc. La commercialisation des résultats de cette étude pourrait être très intéressante, à condition toutefois de trouver un financement privé.
Repenser le modèle de financement
Or les projets qui émergent ont en effet souvent du mal à se financer.
Aujourd’hui les entrepreneurs ne peuvent pas obtenir un prêt sans fournir aux banques des actifs physiques en garantie car il n’existe pas de système conçu pour analyser la solvabilité des emprunteurs. Autrement dit, il est impossible d’avoir accès au capital de long terme avec des garanties moins exigeantes.
Le cas d’Edmond Poky l’illustre bien. Cet homme d’affaires ghanéen, qui a obtenu un MBA à Columbia, a décidé de quitter son emploi chez Goldman Sachs pour créer son entreprise. Mais au moment du lancement de son projet, il n’a pu lever au Ghana que 2 millions de dollars sur les 40 qu’il espérait obtenir et a finalement dû se financer sur les marchés américains. Son entreprise, Niche Cocoa Processing Limited, a engrangé l’an dernier 120 millions de dollars de revenu.
Seul un fonds d’investissement dédié aux entreprises aux entreprises ayant des modèles commerciaux et financiers bancables de transformer la fève de cacao en produits finis permettrait de lever ces obstacles au financement.
Les gouvernements, en partenariat avec la Banque africaine de développement, la Banque africaine d’import-export (Afrexim) et la Société financière africaine, ainsi que les banques de dépôt, doivent s’unir pour fournir des capitaux « patients », au coût raisonnable aux entrepreneurs ayant des projets intéressants.
Comme le dit un célèbre proverbe chinois : « Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans, le deuxième meilleur moment est maintenant ». C’est aujourd’hui l’occasion pour le continent africain de récupérer sa part du gâteau.
Par Jeune Afrique avec
Kelvin Ayebaefie Emmanuel
* Kelvin Ayebaefie Emmanuel est le co-fondateur et le DG de Dairy Hills
La communauté Congolaise à Accra a le profond regret de vous annoncer le décès inopiné de Monsieur Freddy NGAMBA KAYA, ancien Président de la Communauté Congolaise au Ghana.