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Rwanda : le centre culturel franco-rwandais de Kigali démoli à la pelleteuse

juillet 4, 2014
La destruction du Centre Culturel Franco-Rwanda au 2 juillet,2014. © Cyril NDEGEYA pour J.A.

La destruction du Centre Culturel Franco-Rwanda au 2 juillet,2014. © Cyril NDEGEYA pour J.A.

Après des années de tractations infructueuses sur l’avenir du centre culturel franco-rwandais de Kigali, le Rwanda a mis en oeuvre une décision radicale : détruire l’ensemble des bâtiments à la pelleteuse et récupérer le terrain.

Un vaste tas de gravats derrière des palissades de tôles. Depuis le passage des pelleteuses, c’est tout ce qu’il reste de l’ancien centre culturel franco-rwandais, qui fut, durant des décennies, un haut lieu culturel en plein centre de Kigali. Le dernier bâtiment de cet ensemble, la grande salle de concert, a été démolie mercredi, rayant de la carte toute une page de l’histoire de la coopération franco-rwandaise.

Cette opération spectaculaire est évidemment hautement symbolique, à l’heure où les relations entre les deux pays sont au plus bas. Mais cela fait en réalité plusieurs années que ce scénario se dessine.

En 2008, la ville de Kigali a en effet adopté un plan directeur qui détermine la hauteur à laquelle doivent se conformer les bâtiments de chaque quartier. Et le vénérable centre culturel d’un étage ne correspondait pas aux nouveaux critères. Laurent Contini, le premier ambassadeur nommé après le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda, en 2009 (qui entretenait alors de bons rapports avec le gouvernement de Kigali) échafaude un projet de partenariat public-privé pour construire un nouvel immeuble.

L’idée est simple : le centre culturel occupera une partie du nouvel ensemble, le reste revenant au promoteur privé retenu. Cet arrangement devait permettre à la France de conserver la propriété de ce terrain idéalement situé au cœur de la capitale rwandaise. Restait à trouver ce partenaire privé… Le maire de Kigali, Fidèle Ndayisaba, se disait alors « très satisfait » du projet mais prévenait: s’il ne voit pas le jour, le terrain sera confisqué…

C’est alors qu’Alain Juppé, qui entretient des relations exécrables avec Kigali, est nommé ministre des Affaires étrangères par Nicolas Sarkozy. En novembre 2011, Juppé rappelle Contini à Paris. Et Kigali refuse d’agréer sa remplaçante : l’actuelle conseillère Afrique de l’Élysée, Hélène Le Gal.

Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de François Hollande, et la nomination de Michel Flesch, l’actuel ambassadeur, pour que cette situation singulière prenne fin. Mais entre-temps, les Rwandais se sont impatientés…

L’appel d’offre pour trouver ce partenaire privé est finalement lancé mais il est infructueux. « C’est l’échec de cet appel d’offre qui a causé la situation actuelle et rien d’autre, affirme Maurice Brouard, le directeur de l’Institut Français au Rwanda. Il se trouve que cela a coïncidé avec la crise diplomatique. Mais ce sont deux sujets distincts. »

Selon une source rwandaise proche du dossier, Paris n’a toutefois pas faits assez d’efforts. « Leur appel d’offre proposait un bail de 20 ans seulement au promoteur. C’était beaucoup trop peu pour intéresser un éventuel partenaire », affirme-t-elle.

« Nous avons laissé assez de temps à l’ambassade de France pour réaliser son projet, affirme pour sa part le maire de Kigali. Elle n’a pas respecté les délais auxquels elle s’était elle-même engagée. Le gouvernement rwandais a confisqué le terrain en respectant les procédures, comme dans n’importe quel cas de ce genre. Nous leur avons laissé un mois pour quitter les lieux. Aujourd’hui, le terrain appartient au gouvernement rwandais ».

« Nous n’avons abandonné aucune de nos activités culturelles, tient toutefois Maurice Brouard. L’école française continue de fonctionner sans problème. Nous avons même trouvé de nouveaux studios pour les artistes que nous hébergions au centre ». À quel endroit ? « Au Goethe Institute »… allemand. Tout un symbole.
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Jeuneafrique.com par Pierre Boisselet, envoyé spécial à Kigali

Rwanda : selon un journal canadien, le gouvernement est derrière des tentatives d’assassinat d’opposants

mai 3, 2014

Le gouvernement rwandais aurait fomenté des tentatives d’assassinat contre des opposants au régime de Paul Kagame exilés à l’étranger, selon une enquête du quotidien canadien The Globe and Mail.

Le journal a parlé à des exilés basés en Afrique du Sud et en Belgique, l’ancienne puissance coloniale, qui ont été recrutés par des agents du renseignement militaire rwandais pour embaucher des hommes de main chargés de tuer les adversaires du président Paul Kagame. Dans une conversation téléphonique enregistrée en 2011, le chef du renseignement militaire rwandais, le colonel Dan Munyuza, discute avec l’ancien major Robert Higiro de la façon d’éliminer deux anciens collaborateurs de M. Kagame.

« Le prix n’est pas un problème »

« Le prix n’est pas un problème », a déclaré Munyuza, offrant un million de dollars pour l’assassinat de l’ex-général Faustin Kayumba Nyamwasa et de l’ancien chef des services secrets Patrick Karegeya, exilés à Johannesburg. « Ce serait formidable de se débarrasser des deux en même temps, mais si ce n’est pas possible, avec un seul, l’ennemi serait affaibli. (…) S’il (le tueur à gages) pouvait tuer les deux oiseaux avec une seule pierre et éliminer tous les deux à la fois, il pourrait gagner plus. »

Faustin Kayumba Nyamwasa a survécu à deux tentatives d’assassinat depuis 2010. Patrick Karegeya a été retrouvé mort le 1er janvier, étranglé dans un hôtel de luxe de Johannesburg. Selon The Globe and Mail à chaque fois que Kigali cherche à éliminer des opposants établis à l’étranger, « des agents rwandais recherchent des personnes vulnérables dans les cercles sociaux de leurs cibles et font pression sur eux ou leur offrent de l’argent en échange de leur coopération ».

Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime.

Le gouvernement rwandais est régulièrement accusé d’être derrière les mauvais coups frappant les opposants de Paul Kagame qui ont demandé l’asile politique à l’étranger. Kigali a toujours nié tout lien avec ces actions, quand bien même M. Kagame ne les a pas désavouées. A propos de l’assassinat de Patrick Karegeya, Paul Kagame a noté dans une interview au Wall Street Journal: « Le Rwanda n’a pas tué cette personne. Mais j’aurais bien aimé ». « Peut-être qu’il le mérite », a-t-il dit en 2012 de Faustin Kayumba Nyamwasa, qui a survécu à une tentative d’assassinat à Johannesburg.

« La trahison a des conséquences. Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime. Ce qui reste à voir, c’est comment il deviendra une victime », a récemment déclaré l’homme fort du Rwanda.

Jeuneafrique.com avec AFP

La CPI confirme que le Congolais Ntaganda est en route pour La Haye

mars 22, 2013

LA HAYE – La Cour pénale internationale a confirmé vendredi le transfèrement vers La Haye, annoncé quelques minutes plus tôt par le gouvernement rwandais, du général rebelle congolais Bosco Ntaganda, surnommé Terminator et soupçonné de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis dans l’est de la RDC en 2002 et 2003.

Il est actuellement en détention et accompagné par une délégation de la CPI qui a quitté Kigali (Rwanda) vers le quartier pénitentiaire de la CPI à La Haye (Pays-Bas), a indiqué la Cour dans un communiqué.

Le procureur de la CPI Fatou Bensouda a immédiatement réagi en assurant dans un communiqué que c’est une bonne journée pour les victimes de RDC et la justice internationale.

Elle a remercié les autorités américaines, rwandaises, néerlandaises et congolaises, notamment, pour le travail qui a fait que ce jour a été possible.

Soupçonné entre autres de meurtre, pillage et viol commis par les Forces patriotiques pour la libération du Congo en Ituri (est de la RDC), il devrait arriver dans la soirée au centre de détention de la CPI à La Haye après avoir atterri sur le sol néerlandais.

Selon une source proche de la CPI, il atterrira à l’aéroport de Rotterdam et sera escorté par la police néerlandaise vers le centre de détention de la CPI à Scheveningen, le quartier balnéaire de La Haye, à environ 25 kilomètres de là.

Il y rejoindra les quatres autres suspects de la CPI écroués à La Haye, tous Africains, et subira un examen médical.

Comme le prévoit le règlement de procédure et de preuve de la CPI, il comparaîtra devant la chambre préliminaire en présence du procureur aussitôt après son arrivée à la cour. Selon la source proche de la CPI, cette comparution aura probablement lieu mardi ou mercredi.

Le dernier suspect à avoir été écroué au centre de détention de la CPI, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, avait comparu cinq jours après son arrivée à La Haye.

Cette audience publique sert notamment à vérifier l’identité du suspect et à s’assurer qu’il a été correctement informé des crimes qui lui sont imputés et des droits que lui reconnaît le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI.

A l’issue de cette première comparution, la chambre préliminaire fixera la date de l’audience de confirmation des charges, étape suivante dans la procédure préliminaire, qui permettra aux juges de déterminer si le procureur dispose de suffisamment de preuves pour mener à un procès.

M. Ntaganda avait surpris la communauté internationale en se présentant lundi à l’ambassade des Etats-Unis à Kigali et, officiellement, en demandant son transfèrement à la CPI.

Aujourd’hui, ceux qui ont souffert de la main de Bosco Ntaganda peuvent se réjouir du futur et la perspective que justice soit rendue, a ajouté Fatou Bensouda.

Alors que nous saluons les progrès dans une des affaires, d’autres faisant également l’objet de mandats d’arrêt de la CPI reste en fuite, a-t-elle toutefois regretté, appelant la communauté internationale à s’assurer de l’arrestation du chef des rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) Sylvestre Mudacumura.

Romandie.com avec (©AFP / 22 mars 2013 14h34)

RDC : recherché par la CPI, le général Bosco Ntaganda « s’est rendu à l’ambassade des États-Unis » à Kigali

mars 18, 2013

Le général congolais Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), s’est rendu à l’ambassade des États-Unis à Kigali ce lundi, selon le gouvernement rwandais. Washington a confirmé l’information.

« Nous avons appris aujourd’hui que Bosco Ntaganda s’est présenté à l’ambassade des États-Unis [à Kigali] tôt ce matin », a affirmé Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères dans un communiqué, lundi 18 mars.

Le département d’État américain a confirmé en fin d’après-midi que Bosco Ntaganda s’était rendu à leur ambassade à Kigali. D’après sa porte-parole Victoria Nuland, Ntaganda a demandé à être transféré à la Cour pénale internationale (CPI). Washington serait en train d’examiner sa demande.

Sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI depuis août 2006, ce chef rebelle congolais, surnommé « Terminator », était obsédé par le risque d’une arrestation. Ancien numéro deux de la rébellion majoritairement rwandophone du Congrès national de la défense du peuple (CNDP), Bosco Ntaganda avait succédé en janvier 2009 à Laurent Nkunda à la tête du mouvement, après l’arrestation de ce dernier par le Rwanda. Le gouvernement américain a confirmé que Ntaganda était à l’intérieur de l’ambassade américaine de Kigali et a même précisé que celui-ci avait demandé à être transféré à la CPI, aux Pays-Bas.

Influence

Réintégré dans les Forces armées de RDC (FARDC) à la faveur des accords du 23 mars 2009 avec Kinshasa et promu général dans la foulée, il a vécu trois ans durant à visage découvert, dans l’est du pays. Mais en mai 2012, craignant une arrestation, il avait pris le maquis dans le Nord-Kivu.

D’autres officiers congolais, principalement rwandophones, avaient déserté quasi-simultanément pour former une nouvelle rébellion, le Mouvement du 23 mars (M23), réclamant la pleine application des accords de 2009. Dirigé militairement par Sultani Makenga, le M23 a toujours nié que Bosco Ntaganda en faisait partie. Mais celui-ci exerçait, au minimum, une influence au sein du mouvement par l’intermédiaire d’officiers qui lui étaient proches ainsi que du président du M23 lui-même, Jean Marie-Runiga.

En novembre 2012, la rébellion avait pris la ville de Goma, la capitale de la région du Nord-Kivu, pourtant défendue par la Mission des Nations-Unies en RDC (Monusco), avant de se retirer au bout de quelques semaines. Malgré ce succès, les tensions entre pro-Makenga et pro-Ntaganda au sein du M23 étaient devenues de plus en plus insoutenables ces dernières semaines, Bosco Ntaganda craignant notamment d’être arrêté par la faction de Makenga.

Incertitudes

Le mouvement avait finalement éclaté le 28 février, avec la défection de Jean-Marie Runiga et des officiers proche de Bosco Ntaganda. Après deux semaines d’affrontements entre les deux factions du M23, le dernier carré de fidèles de Bosco Ntaganda avait été défait le 15 mars. Jean-Marie Runiga et quelque 600 soldats s’étaient réfugiés au Rwanda le lendemain. Les détails du chemin emprunté par Bosco Ntaganda pour arriver jusqu’à à l’ambassade des États-Unis à Kigali est pour l’instant inconnu. Tout comme son avenir proche.

Les États-Unis avaient récemment inclus Bosco Ntaganda dans leur programme « Rewards for justice », qui promet une récompense pour toute information permettant la capture de criminels de guerre en fuite. Le Rwanda, qui n’est pas signataire du Traité instituant la CPI, s’était toutefois engagé, dans l’Accord cadre sur les Grands Lacs signé à Addis-Abeba, le 24 février, à « ne pas héberger, ni fournir une protection de quelque nature que ce soit aux personnes accusées de crimes de guerre ».

Jeuneafrique.com par Pierre Boisselet