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Côte d’Ivoire : au PDCI, Henri Konan Bédié face à la grogne de jeunes militants

mai 23, 2022

Alors que l’ancien parti unique est toujours dirigé par l’ancien président de 88 ans, certains représentants de la jeune génération s’inquiètent publiquement de sa capacité à remporter les prochaines échéances électorales.

L’ancien président Henri Konan Bédié, 86 ans, célèbre sa candidature pour le parti d’opposition PDCI-RDA à l’élection présidentielle, le 12 septembre 2020 à Yamoussoukro. Former president Henri Konan Bedie, 86, attends a party rally to celebrate his presidential candidacy for the opposition PDCI-RDA party and as a show of strength ahead of next months presidential election, in Yamoussoukro, Ivory Coast Saturday, Sept. 12, 2020. Bedie, who led the country from 1993-1999, and Pascal Affi N’Guessan of the Ivorian Popular Front party, are the two opposition leaders who pose the strongest threat to incumbent President Alassane Ouattara. © Diomande Ble Blonde/AP/SIPA

« Est-ce que les militants ne servent qu’à payer des cotisations et à organiser les réunions ? Est-ce que la jeunesse sert seulement à soulever des bâches et des chaises lors des meetings ou à être instrumentalisée dans d’absurdes guerres internes ? » Des jeunes militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) se posent des questions et, cette fois, ils le font haut et fort.

Ces derniers temps, sur les réseaux sociaux ou dans la presse ivoirienne, ils multiplient les prises de position, regrettant de ne pas être écoutés ou reçus par les instances dirigeantes du parti d’opposition, dirigé par l’ancien président Henri Konan Bédié, malgré leurs sollicitations. « Ce n’est pas facile de se faire entendre dans un parti comme le PDCI », résume Franck Medard Kouassi, secrétaire général du mouvement “Marée verte” qui revendique entre 4 000 et 5 000 adhérents et dont l’objectif depuis son lancement en 2020 est de faire vivre le plus vieux parti ivoirien sur les réseaux sociaux afin d’en « rafraîchir l’image avec une communication plus moderne ».

« Parti réfractaire au débat et à la contradiction », « folklore du culte de la personnalité », « pas de vision », délégations « en hibernation », absence de mobilisation de terrain, lutte interne des cadres du parti, les griefs sont nombreux à en croire tous ceux, membres de “Marée verte” ou non, qui osent s’exprimer publiquement.

Ambition

« Nous sommes inquiets pour l’avenir de notre parti qui, je le rappelle, est dans l’opposition depuis 23 ans. Comment remporter les élections locales de 2023 et surtout la présidentielle de 2025 sans stratégie et sans impliquer les jeunes ? Nous demandons qu’un bilan soit tiré pour identifier ce qui ne marche pas et avancer. Notre ambition est de gouverner, le président Bédié doit se saisir du problème », poursuit Franck Medard Kouassi. Ce dernier espère que le congrès du parti, repoussé à de multiples reprises, se tiendra cette année et qu’au bout un candidat consensuel sera désigné. Et si ce doit être l’ancien président de 88 ans, comme en 2020, les jeunes suivront, assure Franck Medard Kouassi.

Cette demande d’un examen de conscience n’est pas nouvelle. Depuis l’échec de la stratégie du parti lors de l’élection présidentielle d’octobre 2020 et malgré des ajustements dans l’organisation de la formation politique, les récriminations, à bas bruit, sont constantes.

Manipulation

« Ces reproches sont le fait d’une poignée de jeunes manipulés. Sinon, pourquoi cette action coordonnée sur les réseaux sociaux, du jour au lendemain ?» s’interroge un haut cadre du parti. Une manipulation qui serait d’après lui orchestré par des mécontents des changements intervenus à la tête du PDCI l’année dernière. « Il n’y a pas péril en la demeure, nous sommes zen », assure-t-il.

Il rappelle les propos de Valentin Kouassi, le président de la jeunesse du PDCI (JPDCI Urbaine), un des organes officiels des jeunes du parti, qui dans une interview récente à Ivoir’hebdo refusait lui aussi de parler « de colère et encore moins de grogne », même s’il évoquait quelques jours plus tôt « des discordes » .

En réponse, Franck Medard Kouassi réfute toute forme de manipulation, malgré des rumeurs de proximité avec Jean-Louis Billon qui avait, un temps, fait part de son souhait d’être candidat à la présidentielle au nom du PDCI. « J’ai lu ça mais c’est complétement faux. Nous travaillons sur fonds propres, nous ne sommes affiliés à personne ».

Le PDCI dit attendre la fin des obsèques du frère aîné du président, décédé en août dernier, qui se dérouleront à Daoukro du 28 mai au 5 juin, pour convoquer un bureau politique afin de fixer la date du congrès et mettre les choses à plat. Après avoir passé trois mois dans sa région natale, Henri Konan Bédié a retrouvé sa résidence d’Abidjan le 17 juin, accueilli notamment par son directeur de cabinet, Bernard Ehouman et le secrétaire exécutif adjoint du parti, Georges Philippe Ezaley. Et si certains y ont vu un retour précipité en raison de la grogne, son entourage assure qu’au contraire, il était tout à fait prévu.

Avec Jeune Afrique par Florence Richard – à Abidjan

Canada: Une publicité de Québec sur les salaires dans les CPE suscite la grogne

décembre 5, 2021
Une salle de jeu dans un centre de la petite enfance.

La CSQ, la CSN et la FTQ doivent présenter une déclaration commune dimanche matin (archives). Photo : Radio-Canada/ Gilles Munger

De nombreuses éducatrices en centres de la petite enfance (CPE) s’expliquent mal une publicité de Québec qui leur demande de régler le conflit de travail en cours.

La publicité, diffusée dans certains quotidiens, met en valeur l’expression 30 $/h, soit le salaire que le gouvernement Legault dit avoir offert aux éducatrices.

On s’occupe de gens qui s’occupent de nos enfants, peut-on lire dans la publicité. C’est pourquoi un salaire pouvant dépasser 30 $ de l’heure pour les éducatrices qualifiées leur a été offert, ce qui représente un salaire annuel pouvait dépasser 64 000 $. 

Ce sont les Québécoises et les Québécois qui paient leurs augmentations de salaire avec leurs taxes et leurs impôts, peut-on aussi lire.La publicité, diffusée dans certains quotidiens, met en valeur le terme 30$/h, soit le salaire que le gouvernement du Québec dit avoir offert aux éducatrices.

La publicité, diffusée dans certains quotidiens, met en valeur le terme 30$/h, soit le salaire que le gouvernement du Québec dit avoir offert aux éducatrices. Photo: Crédit : Ma Place au Travail

Grogne

Ces déclarations n’ont pas tardé à susciter la grogne chez des centaines d’éducatrices.

Une publication du groupe Facebook Ma place au travail, qui rassemble des milliers d’éducatrices, a provoqué de nombreux commentaires et plus de 2000 partages.

Non seulement on est en colère, mais on trouve ça complètement dégueulasse, écrit le groupe.

Est-ce que c’est comme ça qu’ils pensent valoriser les métiers de la petite enfance? En les humiliant sur la place publique comme si elles étaient ridicules de demander des conditions à la hauteur de leurs professions?

Contrairement à ce que le gouvernement indique dans la publicité, le groupe estime que pour obtenir ce fameux 30 $ de l’heure [dans quelques années], les éducatrices doivent être au douzième et dernier échelon.

La publicité a également été partagée par la députée solidaire de Taschereau Catherine Dorion. Manipulation du monde avec l’argent de nos taxes, écrit-elle.

De son côté, la présidente du Syndicat québécois des employés de service (SQEES), affilié à la FTQ, critique le gouvernement pour ce message qui ne dit pas tout.

On voudrait qu’il investisse dans les CPE plutôt que dans les publicités qui ne donnent pas toute l’information, a affirmé Sylvie Nelson.

Le premier ministre doit agir

La CSQCentrale des syndicats du Québec, la CSNCSN et la FTQFédération des travailleurs et travailleuses du Québec ont présenté une déclaration commune dimanche matin. Les trois organisations demandent au premier ministre François Legault d’intervenir.

Jusqu’à 11 000 employés de la CSNConfédération des syndicats nationaux sont en grève générale depuis mercredi matin. Les CPECentre de la petite enfance affiliés à la CSQCentrale des syndicats du Québec doivent être en grève illimitée à partir du 9 décembre.

Le gouvernement demande depuis plusieurs jours aux syndicats de régler le conflit de travail.

Vendredi, la ministre Sonia LeBel a affirmé avoir répondu aux objectifs et aux priorités des syndicats en ayant bonifié son offre.

Sonia LeBel a indiqué qu’il n’y avait aucune raison valable  pour que le gouvernement et les syndicats de travailleuses de CPECentre de la petite enfance ne puissent arriver à s’entendre.

Pour ce qui est de l’éventualité d’une loi spéciale pour mettre fin à la grève, la ministre LeBel l’a encore une fois écartée, car elle préfère en venir à une entente avec les organisations syndicales.

Avec Radio-Canada par Félix Morrissette-Beaulieu

Burkina Faso : la grogne monte contre Roch Marc Christian Kaboré

novembre 18, 2021
Inauguration d’un monument a la mémoire de Thomas Sankara à Ouagadougou, le 2 mars 2019. © Sophie Garcia

Des marches d’une ampleur inédite depuis plusieurs années ont eu lieu dans le pays. Initialement organisées pour protester contre l’insécurité, elles se sont muées en manifestations de colère contre le président.

Combien étaient-ils mardi 16 novembre à arpenter les grandes artères de Ouagadougou pour protester contre les exactions des groupes terroristes qui endeuillent les Burkinabè ? Des milliers ? Plusieurs dizaines de milliers ? Cela faisait des années qu’on n’avait vu pareille mobilisation.

Au lendemain de l’ultimatum que lui a lancé l’opposition pour mettre fin aux actions sanglantes des terroristes, Roch Marc Christian Kaboré va devoir composer avec un nouveau front : la colère grandissante d’une partie de ses compatriotes qui se sentent « abandonnés » face à la violence des groupes terroristes alliés au groupe État islamique (EI) et à Al-Qaïda.

Colère crescendo

Comme une onde de choc, les manifestations hostiles au régime du président Kaboré, réélu il y a près d’un an pour un second et dernier mandat, se sont étendues de la capitale à plusieurs villes comme Bobo-Dioulasso, Dori, Titao, Kantchari. « Nous sommes désormais à un tournant dans la lutte contre le terrorisme. Soit le régime reconnaît ses erreurs et se rattrape en posant des actes forts pour regagner la confiance du peuple, soit il reste dans le déni, explique Mahamoudou Sawadogo, expert burkinabè en sécurité. La situation va alors s’empirer et la colère populaire ira crescendo. »

Dans tous les rassemblements, les slogans ont dépassé les questions sécuritaires pour devenir politiques. Les manifestants réclamaient le départ de Roch Marc Christian Kaboré et de son gouvernement. La mobilisation s’est poursuivie mercredi 17 novembre dans certaines villes comme Kaya. Cette ville, située à 100 km au centre-nord de la capitale, a vu sa population tripler ces derniers mois à cause de l’arrivée de déplacés venus des zones où l’insécurité est forte.

« Le président Kaboré a failli à son serment de protéger et de défendre notre pays. Il doit donc tirer les conséquences de son échec, et sa démission est la conséquence logique de sa gestion calamiteuse », martèle Marcel Tankoano, membre du directoire national du Mouvement populaire « Sauvons le Burkina Faso ».

Sauver le Faso

À l’initiative de cette fronde, ce Mouvement qui dit agréger environ 200 organisations de la société civile explique avoir été débordé par l’ampleur de la mobilisation. Il tient à clarifier le sens de sa lutte. « Nous n’avons aucun agenda politique caché. L’urgence est de sauver le Faso. Nous n’avons pas chassé Blaise Compaoré en 2014 pour laisser ce pays s’effondrer aujourd’hui », avance Tankoano, qui n’exclut d’autres actions.

En six ans, les violences, parfois mêlées à des affrontements intercommunautaires, ont fait environ 2 000 morts et contraint 1,4 million de personnes à fuir leurs foyers, principalement dans le nord du Burkina Faso.

Dimanche 14 novembre, l’armée avait annoncé la mort de 20 soldats du détachement d’Inata, dans le Soum. Un bilan qui s’est depuis alourdi à 53 tués, parmi lesquels 49 soldats, alors que des rumeurs persistantes que Jeune Afrique n’a pu confirmer évoquent des pertes plus élevées.

Pendant que l’exécutif déclarait avoir neutralisé près de 90 présumés terroristes qui tentaient d’attaquer le détachement du groupement de sécurisation et d’intervention rapide stationné à Toéni, dans le Nord-Ouest, une note circulant sur les réseaux sociaux affirme que les soldats tombés à Inata manquaient de rations alimentaires.

Si l’information n’a pas été confirmée par les autorités, mercredi 17 novembre, le président Kaboré a tout de même dit à demi-mot son indignation sur le fait que des soldats aient pu manquer de ravitaillement et ne pas recevoir leurs primes. Il a promis une enquête et des « sanctions sans exception »

Avec Jeune Afrique par Nadoun Coulibaly – à Ouagadougou

Congo: grogne dans « l’opposition radicale »

juin 16, 2018

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Les leaders de l’opposition. Photo archives

 

 

Parmi ces partis protestataires figurent: l’UPRN de Mathias Dzon, le CAP de Jean Itadi et Christophe Moukoueke, l’UP de Jean Martin Mbemba, l’UPC de Paulin Makaya, la CADD de André Salissa Okombi, le MUST de Claudine Munari, le RDR de feu, le Général Raymond Damasse Ngolo, l’udr-Mwinda de Guy Romain Kifoussia, le PSDC de Clément Mierassa, le MVC du professeur Henri Boukoulou, le PSRD de Georges Ntsiba, la Convergence Citoyenne de Bonaventure Mbaya, le PSVR de Michel Mampouya, etc.

«Tous ces partis, moteurs du dialogue alternatif de Diata, appartiennent à telle ou telle tendance de ce que le pouvoir désigne par l’expression l’opposition radicale».
Pour le ministère de l’Intérieur, ces partis concernés ne se seraient pas conformés aux dispositions de la loi N°20-2017 du 12 mai 2017, portant loi organique relative aux conditions de création, d’existence et aux modalités de financement des partis politiques qui, en son article 49, dispose: «les partis politiques déjà créés disposent d’un délai de 6 mois à compter de la promulgation de cette loi organique pour s’y conformer».
Selon le collectif des partis de l’opposition, ce motif ne tient pas la route, car ces partis ont été créés longtemps avant la promulgation de cette loi. «En vertu des dispositions de l’article 2 du code civil congolais qui stipule: «la loi ne dispose que pour l’avenir. Elle n’a pas d’effets rétroactifs», ainsi que des dispositions de l’article 4 du code pénal congolais qui stipule: «nulle contravention, nul délit, nul crime ne peuvent être punis de peines qui n’étaient pas prononcées par la loi avant qu’ils fussent commis».
Par conséquent, «la décision de ne plus reconnaître les principaux partis de l’opposition réelle, cités supra, est illégale et arbitraire. Cette décision constitue une atteinte très grave aux libertés de pensée, d’expression et d’association garanties par les lois et règlements de la République et vise à ramener le Congo à l’ère sombre du monopartisme, de la pensée unique, de l’unanimisme social et de l’intolérance politique que nous croyions à jamais révolus. Elle a pour objectif principal d’éliminer la vraie opposition, car, sur les 55 partis maintenus, la plupart appartiennent, soit à la mouvance présidentielle et à ses alliés, soit à l’opposition ralliée au pouvoir. Plus grave, beaucoup de partis reconnus sont des groupuscules sans assise nationale, mais affiliés au pouvoir», ont dénoncé les leaders de ce collectif de l’opposition.
Ils estiment que cette décision «cache mal le désir du pouvoir de verrouiller l’alternance démocratique et pacifique au profit d’une succession dynastique. Par ailleurs, la mise en cause du caractère non rétroactif de la loi met en danger les fondements de l’Etat de droit et ouvre une brèche béante à l’arbitraire. Le Congo n’a pas besoin de cela», ont-ils estimé.
Ces leaders ont dénoncé cette décision du pouvoir: «Nous interjetons appel auprès de la Cour suprême et sommes convaincus qu’elle dira le droit et remettra à l’endroit ce que le pouvoir exécutif a délibérément mis à l’envers», ont-ils fait savoir.
«Nous appelons nos militants, nos cadres et nos sympathisants à la sérénité, à la retenue et à la responsabilité et les invitons à ne pas tomber dans le piège du pouvoir et à ne pas céder à la provocation», ont-ils ajouté.

 

Lasemaineafricaine.net par KAUD

Côte d’Ivoire: des mutins bloquent les accès à Bouaké, tirent en l’air

mai 13, 2017

Bouaké (Côte d’Ivoire) – Les soldats mutins de Bouaké (centre), épicentre des mutineries de janvier et de vendredi, ont tiré en l’air toute la nuit et bloqué samedi matin l’accès des quatre entrées de la deuxième ville du pays, a constaté un journaliste de l’AFP.

Par ailleurs, à Daloa (centre), des mutins ont également tiré pendant la nuit et continuaient à circuler en ville, selon deux habitants joints par l’AFP par téléphone.

Ce mouvement de grogne survient au lendemain des déclarations du chef d’état-major des armées ivoirien, le général Touré Sekou, qui a menacé vendredi soir les mutins de « sanctions disciplinaires sévères », et alors qu’un représentant de mutins avait annoncé jeudi au nom de tous les soldats renoncer à « toute revendication d’ordre financier ».

« Nous voulons notre argent », a lancé samedi à Bouaké sous couvert d’anonymat l’un des mutins, qui portait une cagoule sur la tête.

Ces mutins ont chassé les policiers qui contrôlent habituellement les « corridors », et ont pris position sur les routes, bloquant les accès à Bouaké et empêchant toute circulation. Les corridors Nord et Sud sont situés sur le principal axe routier du pays qui part de la capitale économique Abidjan, et poursuit vers le nord jusqu’au Burkina Faso voisin.

Les mutins tiraient samedi sporadiquement en l’air au niveau de ces corridors mais aussi à l’intérieur de la deuxième ville du pays, où les banques et les magasins n’ont pas ouvert samedi matin.

Vendredi, des mutins avaient tiré et pris position autour du camp Gallieni situé au centre d’Abidjan. Ils avaient également tiré en l’air à Akouedo (est d’Abidjan) et paralysé plusieurs villes du pays dont Bouaké, Korhogo (nord), Odienné (nord) et Man (ouest).

Les forces loyalistes avaient de leur côté déployé vendredi un important dispositif à Abidjan, et menacé dans la soirée les mutins de sanctions, lors d’une allocution du chef d’état-major des armées au journal télévisé.

Samedi, la situation était calme à Abidjan, a constaté un journaliste de l’AFP.

« La situation est plus compliquée à Bouaké que dans les autres villes du pays. N’oubliez pas que cette ville fut la capitale de la rébellion », a commenté auprès de l’AFP Yao Kobena, enseignant à Bouaké.

Bouaké a été la capitale de la rébellion à partir de 2002. Une large partie de ces rebelles, qui ont soutenu le président Alassane Ouattara lors de la crise de 2010-2011 contre l’ancien président Laurent Gbagbo qui refusait de reconnaître sa défaite électorale, ont ensuite été intégrés à l’armée. C’est ce contingent de 8.400 hommes qui a lancé la mutinerie de janvier.

Anciens rebelles intégrés dans l’armée, les mutins réclament le paiement de reliquats de primes que leur avait promis le gouvernement après les mutineries de début janvier qui avaient ébranlé le pays.

Les mutins avaient réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis de payer les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai.

Toutefois, jeudi soir, un représentant de soldats avait annoncé renoncer à leurs revendications financières, lors d’une cérémonie au Palais présidentiel en présence du président Ouattara et d’autres soldats.

Cette cérémonie, organisée sans la présence de la presse et diffusée en différé après montage, se voulait visiblement un point final à la protestation de l’ensemble des forces de sécurité, mais a finalement déclenché un nouveau mouvement de grogne.

Romandie.com avec(©AFP / 13 mai 2017 12h23)                                            

Burkina Faso : la grogne monte contre Zida et le gouvernement de transition

avril 3, 2015

Lors d'une manifestation contre la révision constitutionnelle, le 28 octobre 2014 à Ouagadougou.
Lors d’une manifestation contre la révision constitutionnelle, le 28 octobre 2014 à Ouagadougou. © AFP

Après les propos du Premier ministre Zida visant les grévistes impliqués dans de récents mouvements sociaux, la quasi-totalité des syndicats du public et du privé ont appelé à une grève générale le mercredi 8 avril.

Un peu plus de cinq mois après la chute de Blaise Compaoré, le 31 octobre dernier, l’euphorie insurrectionnelle laisse progressivement place à la grogne populaire au Burkina. Ces derniers jours, le pays a vécu deux conflits sociaux d’importance qui ont ravivé les déceptions d’une partie de la population à l’égard des autorités de transition, désormais ouvertement critiquées par les syndicats. Explications.

Une situation sociale tendue depuis plusieurs jours

Une première grève a d’abord touché les Brasseries du Burkina, filiale du groupe Castel productrice de la célèbre bière locale Brakina. Réclamant une revalorisation salariale, les employés ont stoppé le travail pendant une semaine, provoquant une pénurie de bière et d’eau minérale Lafi, également produite par le groupe, dans la région de Ouagadougou. Un accord a finalement été trouvé entre la direction et les grévistes, qui ont repris le travail après avoir obtenu une hausse du salaire de base de 15% ainsi qu’une prime.

Un second mouvement social, aux répercussions plus larges, a ensuite éclaté. Lundi et mardi derniers, les chauffeurs routiers ont bloqué les routes pour obtenir l’application d’une convention collective leur fournissant une meilleure protection sociale. Cette grève a créé de longues files d’attente devant les stations-services et surtout bloqué l’approvisionnement en pétrole de plusieurs centrales électriques, provoquant des délestages importants dans tout le pays.

Zida met le feu aux poudres

Face à ces grèves qui ont mis en difficulté une des principales entreprises du pays et paralysé l’activité de la Sonabel, la compagnie nationale d’électricité, le Premier ministre Isaac Zida est monté au créneau. Et n’a pas mâché ses mots.

Mercredi soir, le chef du gouvernement de transition a prononcé un discours offensif à la télévision dans lequel il a accusé les grévistes « de chercher à saper les efforts du gouvernement en installant un climat d’anarchie ». « Les mouvements de grèves désordonnées, revendications intempestives, occupations des lieux de travail et autres entraves à la liberté de circuler indiquent clairement que l’on veut empêcher le gouvernement de travailler et, à terme, les élections de se dérouler, a-t-il poursuivi. Le gouvernement s’opposera désormais avec fermeté et responsabilité à toute tentative de déstabilisation, d’où qu’elle vienne. »

Sans surprise, ces propos ont choqué les différents syndicats burkinabè. Qualifiant les mots de Zida « de révoltants et d’insultants », le secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), Bassolma Bazié, interrogé par l’AFP, a tenu à « rappeler au Premier ministre Zida qu’il occupe ce poste grâce aux sacrifices de (la rue) », ajoutant que « le mouvement syndical continuera de se battre quelles que soient les menaces proférées ». « Même sous la dictature de Blaise Compaoré, nous menions nos activités sans problème », a de son côté renchéri Paul Ouédraogo, leader de la Confédération syndicale du Burkina (CSB).

Après son bras de fer musclé, en janvier, avec le régiment de sécurité présidentielle (RSP) – qui avait failli obtenir sa démission -, Yacouba Isaac Zida se retrouve donc pour la deuxième fois de son mandat dans une situation délicate.

Appel à la grève générale le 8 avril

Depuis le début du régime de transition, de nombreux Burkinabè attendent, outre de profondes réformes politiques et judiciaires, des mesures pour faire baisser le coût de la vie. La passe d’armes entre le Premier ministre et les syndicats a finalement convaincu la Coalition nationale contre la vie chère (CCVC), qui regroupe la quasi-totalité des centrales syndicales du public et du privé, à décréter une grève générale de 24 heures le mercredi 8 avril.

Les leaders syndicaux entendent ainsi mettre la pression sur les autorités de transition pour qu’elles répondent rapidement à une série de revendications, allant de la lutte contre la vie chère à celle contre l’impunité de dignitaires de l’ancien régime. La CCVC exige notamment qu’un mandat d’arrêt international soit lancé contre Blaise Compaoré et son frère cadet François pour leur implication présumée dans différents crimes économiques et de sang, aux premiers rangs desquels les assassinats de Thomas Sankara, en 1987, et de Norbert Zongo, en 1999.

La journée de grève du 8 avril, à laquelle devraient se joindre les étudiants, s’annonce chaude sur l’ensemble du territoire. Une grande marche et un meeting sont prévus à Ouagadougou et des manifestations devraient se tenir dans les principales villes du « pays des hommes intègres ». Un premier vrai test pour le gouvernement de transition, désormais sous la menace de syndicats qui ont d’ores et déjà promis de poursuivre leur mobilisation s’ils n’obtiennent pas satisfaction.

Jeuneafrique.com par Benjamin Roger