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États-Unis: Trump accorde une deuxième vie à Guantanamo

janvier 31, 2018

Image en intérieur de la prison de Guantanamo prise pendant une visite supervisée par l’armée américaine le 8 avril 2014 / © AFP/Archives / Mladen ANTONOV

Donald Trump a décidé de garder le centre de détention controversé de Guantanamo et envisage d’y incarcérer de nouveaux détenus, accordant une deuxième vie à cette prison décriée par les défenseurs des droits de l’homme.

Dans son premier discours sur l’état de l’Union mardi soir, le président américain a prévenu que pour les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) faits prisonniers en Syrie et en Irak, « ce sera maintenant Guantanamo Bay ».

Il a annoncé avoir signé un décret ordonnant au ministre de la Défense Jim Mattis « de réexaminer notre politique d’incarcération militaire et de maintenir ouvertes les installations carcérales de Guantanamo Bay », une nette rupture avec les tentatives répétées et finalement vaines de son prédécesseur Barack Obama de fermer le site controversé.

Le décret précise que Guantanamo pourra se révéler utile pour détenir des jihadistes de l’EI, dont plusieurs centaines ont été capturés en Syrie par les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliés de la coalition internationale antijihadiste.

Les militaires américains ont commencé récemment à évoquer les prisonniers de l’EI actuellement détenus par des alliés des Etats-Unis. « Ils se comptent maintenant par centaines », indiquait il y a peu le chef d’état-major adjoint, le général Paul Selva.

Les Etats-Unis tentent de négocier leur renvoi vers leur pays d’origine mais certains pays ne reconnaissent pas les FDS et refusent de coopérer avec ces forces, a indiqué à l’AFP le porte-parole de la coalition, le colonel Ryan Dillon. « C’est un problème mondial qu’il faut régler », a-t-il ajouté.

Pour autant, aucun transfert de prisonniers n’est prévu dans l’immédiat, a indiqué à l’AFP une porte-parole du Pentagone, le commandant Sarah Higgins. « Nous n’ajoutons pas, à ce stade, de personnels » sur la base.

Un des premiers cas examinés pourrait être celui d’un combattant de l’EI de nationalité américaine détenu en Irak depuis plus de trois mois, après avoir été capturé par les FDS le 12 septembre et remis aux forces armées américaines. Son nom reste un mystère, et seule la Croix-Rouge a pu le rencontrer, deux fois, le 29 septembre et le 23 octobre.

– Détention indéfinie –

Située sur une base navale appartenant aux Etats-Unis, à la pointe est de l’île de Cuba, le centre de détention et d’interrogatoires de Guantanamo incarne les excès dans la lutte antiterroriste des Etats-Unis, hors du système judiciaire américain.

Au plus fort de son activité, 780 personnes y ont été détenues pour leurs liens présumés avec Al-Qaïda et les talibans, sous le statut de « combattant ennemi », ce qui les a exclus de la Convention de Genève relative aux prisonniers de guerre et a fait peser de forts soupçons de torture à leur encontre.

Une dizaine seulement ont été jugés, les autres ayant été libérés, parfois totalement innocentés. Seuls 41 prisonniers sont encore détenus à Guantanamo, dont 23 sans chef d’accusation.

Sur les 693 prisonniers libérés depuis 2002, le gouvernement américain évalue à 17% la proportion des récidivistes que les Etats-Unis ont retrouvés plus tard sur le champ de bataille, selon le dernier rapport sur le sujet des services de renseignement américains.

Selon les défenseurs des droits, les dures conditions de détention et les techniques d’interrogation « renforcées » de l’armée américaine ont contribué à radicaliser nombre d’entre eux, comme Abou Bakr al-Baghdadi, qui après sa libération de camps de détention américains en Irak, est devenu le dirigeant de l’EI.

« En essayant de donner une deuxième vie à une prison qui symbolise la plongée des Etats-Unis dans la torture et la détention indéfinie, illégale, Trump ne vas pas rendre le pays plus sûr », a souligné dans un communiqué la grande association américaine de défense des droits civiques ACLU.

En outre, l’entretien du camp de Guantanamo coûte 445 millions de dollars par an, beaucoup plus qu’une prison de haute sécurité aux Etats-Unis, ajoute l’ACLU.

Mais plusieurs élus se sont félicités de cette décision, notamment le sénateur républicain de l’Oklahoma James Inhofe, qui considère Guantanamo comme « l’un des meilleurs outils, et des plus efficaces, de la lutte anti-terroriste ».

« Beaucoup trop de terroristes libérés de Guantanamo sont repartis se battre et ont menacé directement la sécurité des militaires américains et de nos citoyens dans le monde entier », a renchéri le sénateur républicain de Floride Marco Rubio.

Romandie.com avec(©AFP / 31 janvier 2018 20h04)                

Obama va présenter un plan de fermeture de la prison de Guantanamo

février 23, 2016

Washington – Le président américain Barack Obama s’exprimera mardi à à 10H30 (15H30 GMT) depuis la Maison Blanche sur le devenir de la prison militaire de Guantanamo, a annoncé l’exécutif américain.

M. Obama devrait dévoiler un nouveau plan pour la fermeture de la prison controversée située sur l’île du Cuba.

Il avait fait de la fermeture du centre de détention, ouvert en janvier 2002 par le président George W. Bush dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 et de l’intervention menée par les Etats-Unis en Afghanistan, une de ses promesses de campagne.

M. Obama fait face à un Congrès dominé par ses adversaires républicains, qui sont vent debout contre une fermeture du site.

Il reste à ce jour 91 détenus dans la prison, dont 34 qui ont vu leur transfèrement approuvé par les autorités. Elle en a accueilli jusqu’à 680 à son pic d’activité en 2003.

L’an dernier, le Pentagone avait envoyé une équipe d’experts visiter des sites aux Etats-Unis pouvant accueillir ces détenus après la fermeture de la prison.

Un rapport, préparé par le Pentagone et qui devait être remis mardi au Congrès américain, devrait notamment détailler le coût estimé de leur détention pour chaque site.

Parmi les sites envisagés figurent le Consolidated Naval Brig de Charleston (Caroline du sud, sud-est), Fort Leavenworth (Kansas, centre) et la prison fédérale de haute sécurité de Florence (Colorado, ouest).

Romandie.com avec(©AFP / 23 février 2016 13h47)

Ghana: les deux ex-détenus de Guantanamo veulent mener une vie normale

janvier 12, 2016

Accra – Deux anciens détenus yéménites de la prison de Guantanamo récemment transférés au Ghana ont assuré vouloir vivre une vie normale et ne pas chercher à se venger, dans leur premier entretien, accordé à une radio ghanéenne.

Nous avons été détenus par erreur pendant 14 ans, sans aucun chef d’accusation contre nous, a déclaré Mahmud Umar Muhammad Bin Atef, l’un des deux anciens prisonniers, à la radio Uniiq FM, dans cet entretien diffusé lundi soir.

Nous avons souffert, mais nous n’avons pas l’intention de nous venger, a-t-il ajouté.

Le Pentagone, qui a annoncé le 6 janvier le transfert de M. Bin Atef et de Khalid Muhammad Salih Al-Dhuby, a assuré que les deux hommes ne présentaient aucun danger pour le petit pays ouest-africain, mais qu’ils seraient tout de même surveillés.

Cela n’a pas suffi à rassurer l’opinion publique ghanéenne.

Selon les Etats-Unis, M. Al-Dhuby, qui a vécu en Arabie saoudite, a probablement été membre d’Al-Qaïda et reçu un entraînement en Afghanistan.

M. Bin Atef était quant à lui un taliban présumé, ayant combattu au sein de la 55e brigade arabe d’Oussama Ben Laden contre les forces de l’Otan, selon des éléments de leurs dossiers publiés par le New York Times.

Nous n’appartenons à aucun groupe tel qu’Al-Qaïda ou autre, a insisté M. Bin Atef sur Uniiq FM.

Nous sommes guéris. Nous voulons vivre une vie normale. Qu’Allah vous bénisse ainsi que le peuple du Ghana, a-t-il poursuivi.

Le président John Dramani Mahama a déclaré mardi que ces détenus étaient ceux de Guantanamao qui présentaient le moins de risques et qu’une enquête approfondie avait été menée avant d’accepter la requête de Washington demandant de les accueillir.

M. Mahama a ajouté que les informations selon lesquelles le Ghana aurait reçu 300 millions de dollars pour avoir accepté étaient absolument fausses.

Il n’y a eu aucune transaction financière et les Etats-Unis l’auraient d’ailleurs stipulé si cela avait été le cas, a déclaré le président lors d’une conférence de presse à Accra.

Les deux hommes ont déclaré être de grands fans du joueur de football ghanéen Asamoah Gyan, et avoir soutenu l’équipe nationale ghanéenne, les Blacks Stars, avec de nombreux autres détenus du centre de détention militaire américain à Cuba, lors du 8e de finale contre les Etats-Unis pendant la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud.

Quand le Ghana a battu les Etats-Unis, cela nous a rendu vraiment très heureux. Nous avons fait la fête. Nous avons même dit aux gardes que nous avions gagné, a raconté M. Bin Atef.

Le président Barack Obama, qui avait fait de la fermeture de la prison controversée une promesse phare dès son premier mandat, s’est résigné à signer fin novembre la grande loi de défense 2016 qui renouvelle en particulier l’interdiction de fermer Guantanamo.

MM. Bin Atef et Al-Dhuby font partie des 17 détenus considérés comme à faible risque dont le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a approuvé le transfert le mois dernier.

Romandie.com avec (©AFP / 12 janvier 2016 13h39)

Obama pourrait se passer du Congrès pour fermer Guantanamo

novembre 5, 2015

Washington – Le président américain Barack Obama pourrait décider de se passer du Congrès pour fermer la prison de Guantanamo (Cuba), l’une de ses promesses de campagne, qui se heurte au refus des républicains de ramener les prisonniers aux Etats-Unis.

La Maison Blanche doit présenter prochainement aux élus du Congrès un nouveau plan – annoncé de longue date – pour fermer cette prison hautement controversée, créée il y a 13 ans sur l’île de Cuba dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

Mais la partie s’annonce d’ores et déjà très compliquée: Je pense que les prisonniers de Guantanamo doivent rester à Guantanamo, a prévenu mercredi le républicain Paul Ryan, tout nouveau président de la Chambre des Représentants. Les républicains contrôlent les deux chambres du Congrès.

Interrogé jeudi sur la voie que M. Obama entendait suivre pour tenir sa promesse avant son départ de la Maison Blanche en janvier 2017, son porte-parole Josh Earnest a répondu qu’à ce stade, la priorité était de travailler avec le Congrès.

Mais je ne vais exclure aucune option, a-t-il ajouté. Sans évoquer explicitement le recours à un décret présidentiel, il a souligné que le président ferait tout ce qui est en son pouvoir pour avancer sur cette priorité de sécurité nationale.

La question de la marge de manoeuvre exacte du président américain fait l’objet d’intenses spéculations. Il appartiendra aux juristes de trancher sur cette question, a souligné M. Earnest.

L’exécutif américain rappelle inlassablement que nombre de personnes reconnues coupables de terrorisme sont actuellement écrouées sur le sol américain et juge que les arguments brandis par les républicains sont par conséquent infondés.

L’idée selon laquelle cela ne peut être fait dans des conditions de sécurité satisfaisantes ne résiste pas à l’épreuve des faits, a souligné Josh Earnest, citant en particulier le cas de Zacarias Moussaoui, qui purge une peine de prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle pour complicité dans les attentats du 11-Septembre.

En réaction à la possibilité que Barack Obama contourne le Congrès, le sénateur républicain Pat Roberts a prévenu qu’il pourrait bloquer au Sénat toute nomination du gouvernement.

J’ai actuellement la main sur la nomination du secrétaire à l’Armée de terre, a-t-il expliqué. Et je bloquerait toute candidature nécessaire pour empêcher cette action unilatérale, a-t-il menacé.

Barack Obama, qui a sans cesse réaffirmé cette promesse de campagne au cours de ses deux mandats, juge insensé de dépenser trois millions de dollars par prisonnier pour conserver une prison que le monde condamne et que les terroristes utilisent pour recruter.

Il s’agit désormais de savoir quel capital politique le président souhaite consommer dans ce combat, a estimé Stephen Vladeck, professeur de Droit à l’American University.

Un peu plus d’une centaine de prisonniers sont actuellement écroués à Guantanamo, contre près de 700 en 2003.

Les autorités américaines ont été accusées de manière répétée d’y avoir recours à la torture, par d’anciens prisonniers, des ONG, des journalistes… Le rapporteur de l’ONU sur la torture lui-même a l’interdiction du Pentagone d’y rencontrer les prisonniers.

Romandie.com avec(©AFP / 06 novembre 2015 02h56)

Le Canada remet en liberté un ex-prisonnier de Guantanamo

mai 7, 2015

La justice canadienne a ordonné la libération sous conditions de l’ancien détenu de Guantanamo Omar Khadr, capturé à l’âge de 15 ans en Afghanistan et emprisonné pendant 13 ans. Elle a pris cette décision en dépit de l’opposition du gouvernement conservateur.

« Je suis heureux, incroyablement heureux, cela a pris tellement d’années pour en arriver là », a déclaré son avocat Dennis Edney à la sortie du tribunal d’Edmonton sur les chaînes de télévision. « C’est un beau jour pour la justice », a-t-il ajouté.

L’avocat va héberger Omar Khadr dès sa libération jeudi dans la journée. Une domiciliation qui était l’une des conditions à cette remise en liberté.

Arrêté en 2002 en Afghanistan à l’âge de 15 ans, Omar Khadr avait été transféré à la prison américaine de Guantanamo, à Cuba, où il est resté incarcéré pendant 10 ans. Transféré ensuite dans une prison de haute sécurité au Canada, il était éligible à une libération conditionnelle mais le gouvernement canadien s’est toujours opposé à sa libération.

Bracelet électronique, couvre-feu
Les conditions de cette libération conditionnelle comportent une caution de 5000 dollars, soit nettement moins que les 100’000 réclamés par le gouvernement. Omar Khadr devra également porter en permanence un bracelet électronique, un couvre-feu lui est imposé et ses déplacements sont circonscrits à la province d’Alberta où réside son avocat.

Dennis Edney a offert de financer les études du jeune homme dans une petite université catholique d’Edmonton.

Accusé d’avoir tué un sergent US
M. Khadr avait été capturé par les forces américaines en Afghanistan et accusé d’avoir tué avec une grenade un sergent américain. En 2010, un tribunal spécial de l’armée américaine l’avait condamné à huit ans de prison pour ce meurtre.

En vertu d’un accord de « plaider-coupable » avec le Pentagone, il avait pu quitter Guantanamo pour purger le reste de sa peine au Canada, où il a été transféré en 2012.

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