Le Président de la Guinée Conakry, Alpha Condé, a effectué une visite de travail à Brazzaville, au cours de laquelle il a exprimé son soutien à la médiation de son homologue congolais, Denis Sassou N’Guesso, dans la crise à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Arrivé vendredi, le Chef de l’Etat guinéen a regagné son pays ce samedi 20 juillet dans l’après-midi.
Interrogé par la presse sur l’objet de sa visite à Brazzaville, Alpha Condé a dit, de manière claire et précise : «Nous avons en commun d’être très panafricanistes. Aujourd’hui, il y a une situation un peu difficile en République démocratique du Congo. Nous savons que le Président Sassou est le mieux placé pour faire la médiation. Je suis venu l’encourager dans cette médiation, lui apporter mon soutien. Je suis arrivé au moment où le Président Kabila était ici à Brazzaville. Nous avons eu un entretien tous les trois. Je suis venu donc soutenir le Président Sassou afin qu’il puisse réussir dans cette médiation, car le Congo-Kinshasa est un grand pays. Si on peut trouver une solution à cette crise, c’est important pour toute l’Afrique».
A son arrivée, le Chef de l’Etat guinéen a été accueilli à l’aéroport international Maya-Maya par Denis Sassou N’Guessou, qui accompagnait déjà Joseph Kabila Kabange qui, lui, regagnait Kinshasa. Les trois Chefs d’Etat se sont entretenus pendant quelques minutes dans un des salons officiels de l’aéroport Maya-Maya.
Les Présidents Denis Sassou N’Guesso et Joseph Kabila ont dû faire un briefing de leur tête-à-tête au Président Alpha Condé. L’on retient, d’après le communiqué de presse rendu public à l’issue de ce tête-à-tête, que les Chefs d’Etat du Congo et de la RDC ont procédé à un large échange de vues sur la situation politique et sécuritaire dans la Région des grands lacs, plus particulièrement dans l’Est de la RDC ; en République Centrafricaine (RCA) ; et dans les deux Soudan.
Concernant la RDC, ils se sont réjouis du début de la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la stabilité et la coopération en RDC et dans la région, ainsi que de la résolution 2098 du Conseil de Sécurité visant la neutralisation des forces négatives en activité dans l’Est de la RDC. Denis Sassou N’Guessou et Joseph Kabila Kabange ont réaffirmé que l’Accord-cadre constitue une base essentielle pour la résolution du conflit dans l’Est de la RDC. Aussi se sont-ils engagés à favoriser l’application de ses dispositions dans le cadre des mécanismes prévus à cet effet.
Au sujet de la médiation qu’il va jouer dans la crise dans l’Est de la RDC, Denis Sassou N’Guesso bénéficie déjà du soutien de certains opposants au pouvoir de Kinshasa. Ces derniers ont réclamé, à l’issue d’une réunion tenue récemment à Kinshasa, «le Président Denis Sassou N’Guesso du Congo-Brazzaville comme médiateur dans les concertations politiques que le président Joseph Kabila veut initier. Le nom de Sassou N’Guesso est de plus en plus cité par les politiciens de Kinshasa pour le dénouement de cette crise», a rapporté le journal ’’Echos Grands Lacs’’ du 13 juillet 2013.
Le Président guinéen a effectué cette visite au moment où des affrontements interethniques sont en train de faire des victimes dans son pays. Selon la presse guinéenne, le dernier bilan de ces violents affrontements, survenus le 15 juillet dernier dans le Sud-est du pays, fait état de 74 morts et près de 150 blessés. Ces chiffres ont été confirmés par vendredi l’Organisation non-gouvernementale de Développement communautaire.
Sur cette question, Alpha Condé a déploré la mauvaise habitude qui s’est instaurée en Afrique de l’Ouest, où les populations veulent désormais se faire justice. «Ce qui se passe en Guinée Conakry, précisément à N’Zérékoré, c’est qu’on a attrapé un voleur et au lieu de l’amener à la police ou à la gendarmerie, on lui a coupé les doigts et il est mort. C’est ce qui a provoqué cette violence ethnique», a-t-il expliqué.
En effet, les affrontements opposent depuis quelques jours des Guerzé (une ethnie majoritaire en Guinée forestière) et des Konianké. Ils ont été déclenchés à Koulé, avant de s’étendre jusqu’à N’Zérékoré et Beyla. Une source de la policière guinéenne, citée par la presse, affirme que tout est parti du passage à tabac de trois jeunes Konianké par des gardiens guerzé d’une station-service à Koulé. Deux jeunes ont trouvé la mort quelques heures plus tard, entraînant une série d’attaques et de représailles à coups de machettes, haches, coupe-coupe, bâtons, pierres et armes à feu. Bilan provisoire : 74 morts et près de 150 blessés.
Selon Alpha Condé, la guerre du Liberia a donné naissance à des groupes armés qui circulent entre le Liberia, la Guinée Conakry et le Mali et qui sèment du désordre et la terreur dans les zones frontalières. «C’est pourquoi nous sommes en train de fouiller pour récupérer les armes», a-t-il indiqué.
Le Président de la Guinée Conakry a rassuré que ces affrontements ne devraient pas empêcher la tenue des élections législatives. Déjà il avait annoncé récemment qu’il se plierait à tout nouveau calendrier politique présenté par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et les experts internationaux. La date limite retenue pour le dépôt des listes de candidature des partis politiques pour ces élections législatives est ce 20 juillet 2013. Le scrutin devra avoir lieu le 24 septembre prochain.
Congo-site.com par Gaspard Lenckonov