Ruslan Obiang Nsue, fils du président de Guinée équatoriale, est soupçonné d’avoir vendu un avion de la compagnie aérienne nationale. Il a été arrêté sur ordre de son demi-frère, Teodorín, et placé en résidence surveillée.
L’arrestation de Ruslan Obiang Nsue, l’un des fils du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, est inédite pour un membre de la famille présidentielle de Guinée équatoriale. Soupçonné d’avoir vendu un avion de la compagnie aérienne nationale, il a été appréhendé ce lundi 16 janvier et placé en résidence surveillée, a annoncé mardi la télévision d’État (TVGE).
Fin novembre, les autorités avaient ouvert une enquête « après avoir constaté la disparition de l’appareil ATR 72-500 appartenant à la compagnie nationale », Ceiba Intercontinental, qui se trouvait depuis 2018 en révision de routine en Espagne, explique la TVGE. Selon la même source, Ruslan Obiang Nsue aurait « vendu l’avion ATR à l’entreprise BinterTechnic », spécialisée dans la maintenance aéronautique et basée à Las Palmas, sur l’île espagnole de Grande Canarie.
En décembre dernier, la nouvelle de la disparition de cet avion et sa vente présumée par Ruslan Obiang Nsue avait suscité l’indignation nationale. Ancien secrétaire d’État chargé des Sports et de la Jeunesse, Ruslan Obiang Nsue, actuel directeur de Ceiba Aéroport, a d’abord été directeur adjoint de Ceiba Intercontinental, puis son directeur général.
Mise à disposition de la justice
« Ruslan Obiang a avoué qu’il était la personne qui a vendu l’ATR de Ceiba, je ne vais pas me laisser emporter par le familialisme ou le favoritisme, c’est pourquoi j’ai ordonné son arrestation immédiate et sa mise à disposition de la justice », a indiqué sur Twitter son demi-frère, le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé « Teodorín ».
Teodorin Obiang a lui-même été définitivement condamné par la justice française fin juillet 2021 à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende et à la confiscation de ses biens en France pour s’y être constitué frauduleusement un luxueux patrimoine dans le cadre des affaires de « biens mal acquis ». En juillet 2021, Londres a également gelé ses actifs financiers au Royaume-Uni et l’a interdit de séjour sur son territoire au terme d’enquêtes anti-corruption. Malabo a alors fermé son ambassade dans le pays pour protester contre cette décision.
De grosses cylindrées rutilantes et d’imposants 4×4 sont garés dans le quartier Buena Esperanza à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, où des milliers de logements sociaux promis depuis 13 ans par le chef de l’Etat aux plus pauvres sont occupés par les classes moyennes ou riches.
Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui dirige d’une main de fer depuis 43 ans ce petit pays d’Afrique centrale riche de son pétrole, est assuré d’être proclamé samedi vainqueur de la présidentielle du 20 novembre, face à une opposition réprimée et muselée.
Dans certains quartiers de Malabo, des enfilades d’immeubles récents, tous identiques, s’étendent à perte de vue. A Buena Esperanza, ce sont 2.300 maisonnettes à l’aspect cosy, copies conformes, qui ont essaimé depuis le début des années 2010.
Car, à la présidentielle de 2009, M. Obiang avait promis « un logement social pour tous ».
Ces bâtisses ont poussé comme des champignons au moment où la flambée des prix du pétrole enrichissait considérablement ce pays au régime parmi les plus fermés et autoritaires au monde, mais où la richesse est concentrée dans les mains de quelques familles, reléguant l’immense majorité dans la pauvreté.
M. Obiang, qui détient à 80 ans le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’Etat encore vivant, hors monarchie, clamait alors qu’il allait faire raser tous les bidonvilles du pays.
Et au premier chef celui de Nubili, véritable verrue en plein coeur d’une capitale plutôt coquette et où des milliers de personnes s’entassent dans des petites baraques en tôle ou en bois dans un entrelacs de ruelles étroites et insalubres.
Pays riche, population pauvre
Depuis, quelque 20.000 logements sociaux sont sortis de terre dans ce pays de près de 1,5 million d’habitants, selon l’entreprise nationale de gestion immobilière (ENPIGE). Or, les plus pauvres n’y ont toujours pas accès.
Assis au pied de sa cabane en bois à Nubili, Julio Ondo, 70 ans, désespère d’habiter un jour dans un « logement digne ». « On s’est moqué des pauvres », lâche-t-il.
Car si Buena Esperanza devait permettre de reloger une partie des habitants de Nubili, les conditions de ressources sont rédhibitoires: 10 millions de francs CFA (15.000 euros) à la vente pour une maisonnette, payables par mensualités de 50.000 francs CFA (75 euros).
La Banque mondiale estime que la grande majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté international, 2,15 dollars (2 euros) de revenu par jour et par personne.
Pourtant, la Guinée équatoriale est classée par la Banque mondiale troisième pays le plus riche d’Afrique subsaharienne en PIB annuel par habitant en 2021 (8.462 dollars). Mais au 172e rang mondial sur 180 dans le baromètre de la corruption de Transparency International.
En 2006, alors que la manne pétrolière jouait à plein, l’institution de Bretton Woods estimait que près de huit habitants sur dix (76,8 %) vivait « sous le seuil de l’extrême pauvreté ». Depuis, ces statistiques ne sont plus disponibles en l’absence de données sur le pays.
« Le gouvernement nous avait donné des bons de logement pour qu’on parte vivre à Buena Esperanza, mais il fallait payer » une mise d’entrée de « 1,5 million de francs CFA (2.270 euros) », déplore Antonio Omecha, 72 ans. Une somme astronomique pour ce cultivateur de bananes plantain qui dit gagner 20.000 FCFA par mois (30 euros).
Biens détournés
« Pensez-vous que quelqu’un qui passe sept jours sans même gagner 2.000 francs CFA (3 euros) peut posséder ces logements ? » renchérit un voisin, Tobias Ondo, 65 ans. « C’est peut-être après ma mort que j’irai vivre dans un logement social promis aux pauvres par le président », souffle-t-il dans sa barbe grisonnante.
Ces promesses avaient suscité une vague d’espoir à Nubili, pour échapper à des conditions d’hygiène déplorables, aux épidémies et aux incendies fréquents dans le bidonville.
Le 6 novembre dernier, au troisième jour de sa campagne, le président Obiang a froidement reconnu que les logements sociaux pour les « personnes sans grand revenu » ont été « encore pris » par des « personnes capables de construire leur maison ». Sans dire comment y remédier.
A Buena Esperanza et ailleurs, ces biens ont été détournés de leur vocation sociale, explique à l’AFP le sociologue Nsogo Eyi. « Certains hommes puissants et riches en ont acheté pour les mettre en location, notamment à des expatriés » qui paient le prix fort, déplore-t-il.
Dans ces quartiers, les propriétaires refusent de parler.
Pour qu’ils soient accessibles aux habitants de Nubili, « il aurait fallu que ces logements ne coûtent pas plus de 500.000 francs CFA (756 euros) avec des mensualités de 1.000 ou 2.000 francs par mois », calcule Martinez Obiang, de Atom Finances, une société de micro-financement.
« En raison de son charisme, de son leadership et de son expérience politique (…) », le parti au pouvoir « a élu à l’unanimité le frère militant Teodoro Obiang Nguema Mbasogo comme candidat qui représentera le parti aux élections présidentielles » le 20 novembre, a écrit sur Twitter le fils du chef de l’État et vice-président, Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorin.
Mardi, la date de l’élection présidentielle avait été avancée de cinq mois, au 20 novembre. Le seul enjeu de l’élection résidait dans la désignation du candidat du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), qui occupe 99 des 100 sièges de la chambre basse sortante et la totalité des 70 sièges du Sénat.
Lutte de pouvoir
L’hypothèse de voir Teodorin, longtemps considéré comme le dauphin de son père prendre sa relève, avait pris de l’épaisseur en raison de son omniprésence sur la scène politique depuis deux ans. Ce dernier, tout-puissant et redouté vice-président chargé de la Défense, jet-setteur publiquement assumé et condamné en 2021 à trois ans de prison avec sursis en France dans le cadre des affaires dite des « biens mal acquis », n’avait finalement pas été désigné candidat en novembre 2021 à la surprise générale.
Les observateurs et diplomates ont récemment pointé une lutte de pouvoir entre Teodorin et certains caciques du régime, peu enclins à voir le fils prendre les rênes du pays.
Si l’anticipation de la présidentielle a officiellement été justifiée par la nécessité de regrouper des scrutins coûteux en pleine crise économique, due notamment à « la guerre en Ukraine » et à la « pandémie de Covid », ces mêmes observateurs y avaient plutôt vu la volonté d’un des deux camps de pousser son avantage.
La Guinée équatoriale a avancé son élection présidentielle de cinq mois. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo laissera-t-il son fils, considéré comme son dauphin mais contesté par des caciques du pouvoir, lui succéder ?
« Les élections présidentielle, de la Chambre des députés, du Sénat et les municipales sont convoquées le 20 novembre 2022 », selon un décret du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo lu mardi 20 septembre lors du journal du soir de la télévision d’État.
Le principal enjeu du scrutin réside dans la désignation du candidat du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), qui occupe 99 des 100 sièges de la chambre basse sortante et la totalité des 70 sièges du Sénat : le chef de l’État, 80 ans, se présentera-t-il pour un nouveau mandat ou laissera-t-il son fils Teodoro Nguema Obiang Mangue, dit Teodorin, lui succéder ?
Ce dernier, tout-puissant et redouté vice-président chargé de la Défense, est depuis longtemps considéré comme le dauphin de son père et est omniprésent sur la scène politique depuis deux ans. Mais le congrès du PDGE qui devait l’introniser candidat en novembre 2021 ne l’a finalement pas fait, à la surprise générale.
Deux camps
À deux mois du scrutin, les Équato-Guinéens – mais aussi les observateurs et diplomates – s’interrogent aujourd’hui sur qui l’emportera entre Teodorin et les caciques du régime, qui voient d’un mauvais œil le fils à la tête de ce pays riche de ses hydrocarbures et poussent le père à rempiler. L’issue des législatives ne fait, elle, guère de doute, comme à chaque scrutin : le PDGE ne devrait laisser que quelques miettes à des mouvements d’opposition.
L’anticipation de la présidentielle a officiellement été justifiée par la nécessité de regrouper des scrutins coûteux en pleine crise économique, due notamment à « la guerre en Ukraine » et à la « pandémie de Covid ». Mais les observateurs y voient plutôt la volonté d’un des deux camps de pousser ce qu’il croit être son avantage.
Rugueuse, combative et portée par son gardien Jesus Owono, la Guinée équatoriale a créé la surprise en éliminant le Mali aux tirs au but (0-0 après les prolongations, 6 à 5 tirs au but), rejoignant le Sénégal en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), mercredi à Limbé.
Jesus Owono a stoppé deux tentatives maliennes durant l’haletante série de tirs au but entre le Mali et la Sierra Leone (Issouf Sanogo / AFP)
Derniers qualifiés pour le « top 8 » de l’édition camerounaise, les joueurs du « Nzalang Nacional » (« L’Eclair ») sont sortis vainqueurs d’une séance de tirs au but irrespirable pour faire basculer une rencontre longtemps indécise et souvent indisciplinée.
Malgré deux échecs équato-guinéens, le jeune portier d’Alaves, Jesus Owono, a sauvé les siens en réalisant deux parades décisives, en plus de la tentative tirée au-dessus par le capitaine malien, Hamari Traoré.
Owono et ses partenaires tenteront dimanche (20h00) de décrocher une place en demi-finale pour la deuxième fois de leur histoire après 2015, dès leur troisième participation à la CAN. Le rêve continue pour ceux qui ont déjà battu en poules l’Algérie, tenante du titre.
Leur prochain adversaire, le Sénégal, est-il prenable ? Il a en tout cas été mis en difficulté en huitièmes de finale par le Cap-Vert mardi (2-0). Et cet opposant rappellera de bons souvenirs à la Guinée équatoriale : lors de l’édition 2012, cette dernière s’était imposée pendant la phase de groupes contre ce cador du continent (2-1).
Pour le Mali, c’est une désillusion : favoris face à la 114e nation mondiale, les hommes de Mohamed Magassouba ont peiné dans la touffeur de Limbé. Ils regretteront sans doute aussi quelques situations litigieuses qui auraient pu aboutir à des penalties en leur faveur.
Moussa Doumbia a ainsi été bousculé dans la surface par Josete Miranda (40e mn), mais l’arbitre a annulé sa décision de siffler penalty grâce à l’assistance vidéo. Et après l’heure de jeu, une main de Saul Coco dans sa surface n’a pas été étudiée par la VAR.
Les Equato-Guinéens et leur teigneux leader, Iban Salvador Edu, ont, de leur côté, opposé une belle agressivité, quitte à écoper de quatre cartons jaunes et de frôler, parfois, l’exclusion. Mais leur hargne a fini par payer, au bout de seize tirs au but !
La suite de l’aventure de la Guinée équatoriale se disputera au stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé, dimanche, et non au stade Japoma de Douala comme initialement prévu : le match a été relocalisé, en raison de l’état de la pelouse de celui-ci.
Les biens confisqués par les États-Unis au vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue seront rendus aux Équato-Guinéens. Sous forme de médicaments et de doses de vaccins anti-covid.
Aux confiscations internationales de biens jugés « mal acquis » à des caciques de régimes approximativement démocratiques, l’opinion africaine applaudit majoritairement, comme par réflexe. Mais rapidement se pose la question du retour des fortunes gelées aux pays lésés. Il y a loin de la coupe de la saisie occidentale aux lèvres du recouvrement populaire africain… Le cas de la Guinée équatoriale – singulièrement celui de son vice-président – cristallise les affaires dites des « biens mal acquis », tant le « fils de » s’est vu confisquer de « jouets » au niveau international : hôtels particuliers, voitures de course ou encore montres de luxe.
En juillet dernier, la Cour française de cassation confirmait la condamnation de Teodoro Nguema Obiang Mangue à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende, pour « blanchiment d’abus de biens sociaux », « blanchiment de détournement de fonds publics » et « blanchiment d’abus de confiance », le tout en rapport avec des détournements présumés de fonds publics d’environ 150 millions d’euros, soit près de 100 milliards de francs CFA. En 2019, le vice-président avait dû renoncer à 25 voitures de luxe pour mettre fin à des poursuites en Suisse…
Que faire du butin ?
Aux États-Unis, pays de l’ultra-judiciarisation tout autant que des arrangements judiciaires à l’amiable, « Teodorín » n’a pu mettre fin à des poursuites pour corruption, en 2014, qu’en renonçant à quelque 26 millions de dollars. Que faire de cette somme, lorsqu’on sait que le paternel du « mal acquérant », le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, détient le record de longévité au pouvoir en Afrique : 42 ans. Bien qu’un proverbe africain dise que « si tu n’as pas la force de ton voleur, aide-le à porter le butin », le gouvernement de la Guinée équatoriale n’est censément pas le partenaire indiqué pour rendre les sommes à un peuple dont une partie vit sous le seuil de pauvreté…
Pour ne pas être accusé de spoliation, le gouvernement américain a donc annoncé, le 20 septembre, que l’argent provenant de la liquidation des biens de Teodorín sera converti en médicaments – pour 6,35 millions de dollars, via l’ONG Medical Care Development International– et en vaccins contre le coronavirus – pour 19,25 millions de dollars, via l’ONU. Pas moins de 600 000 Équato-guinéens pourraient bénéficier de ces deux opérations.
Parmi les objets cédés par le vice-président en échange de sa relaxe, figuraient une villa californienne, une Ferrari, mais aussi une collection consacrée à Michael Jackson. Si Teodorín a pu conserver les gants blancs incrustés de cristaux du « roi de la pop », il a dû se séparer d’un blouson dédicacé et de six statues grandeur nature du chanteur. Il n’est, pour autant, pas tout à fait fauché.
La Cour de cassation française a confirmé la condamnation de Teodoro Nguema Obiang Mangue – dit Teodorín. Le vice-président de la Guinée équatoriale avait été condamné à trois ans de prison avec sursis dans l’affaire des « biens mal acquis », en février 2020. Une condamnation qui pourrait avoir des conséquences diplomatiques lourdes.
C’est l’épilogue d’une longue procédure judiciaire. La Cour de cassation, saisie par le fils du chef de l’État équato-guinéen, a confirmé ce mercredi 28 juillet la condamnation de Teodorín Obiang à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende, dans l’affaire dite des « biens mal acquis ».
L’arrêt de la Cour de cassation vient confirmer le jugement en appel de février 2020, qui faisait suite à sa condamnation en première instance, en octobre 2017, par le Tribunal correctionnel de Paris.
Le vice-président équato-guinéen est reconnu définitivement coupable de « blanchiment d’abus de biens sociaux », « blanchiment de détournement de fonds publics » et de « blanchiment d’abus de confiance ». Il est accusé d’avoir détourné des fonds publics en Guinée équatoriale pour acquérir des biens en France, pour une somme estimée à 150 millions d’euros par les juges français. La décision de la cour de Cassation a également confirmé la confiscation de l’ensemble des biens saisis, parmi lesquels un somptueux hôtel particulier situé avenue Foch, à Paris.
Tout au long de la procédure, et jusqu’à la barre des tribunaux, les avocats de Teodorín Obiang ont remis en cause la légitimité de la justice française à se saisir de cette affaire, considérant qu’il s’agissait d’une forme d’ingérence dans les affaires intérieures équato-guinéennes.
Le fils du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a également tenté de faire pression par la voie diplomatique, avant que la Cour de cassation ne rende sa décision. Le 20 avril dernier, le chef de l’État équato-guinéen avait notamment reçu l’ambassadeur de France à Malabo, menaçant alors de rappeler son propre ambassadeur à Paris. Il avait également évoqué une possible rupture des relations diplomatiques entre les deux États en cas de condamnation de Teodorín Obiang.
Jeudi 22 juillet, le gouvernement britannique a édicté une série de sanctions à l’encontre de Teodorín Obiang, l’accusant notamment de « détournement de fonds publics » et de pots-de-vin. Les autorités britanniques, qui estiment que le vice-président équato-guinéen a consacré plus de 500 millions de dollars à l’acquisition de résidences de luxe à travers le monde, d’un jet privé, de voitures et d’objets de collection liés au chanteur Michael Jackson, ont prononcé un gel de ses avoirs au Royaume-Uni, ainsi qu’une interdiction de séjour dans le pays.
Cinq jours plus tard, lundi 26 juillet, Malabo annonçait sa décision de fermer son ambassade à Londres. « Nous n’admettons pas d’ingérence dans les affaires internes de notre pays », avait alors déclaré le ministre équato-guinéen des Affaires étrangères, jugeant que ces sanctions « violent le principe du droit international ». Un précédent récent qui laisse augurer d’un avis de tempête à venir sur les relations entre la France et la Guinée équatoriale.
Le fils du président équato-guinéen, et vice-président du pays, est sous l’objet de sanctions édictées jeudi par le gouvernement britannique.
Ces sanctions, qui prévoient un gel des avoirs et des interdictions d’entrée au Royaume-Uni, ont été prises dans le cadre d’un régime de sanctions anticorruption qui avait déjà permis de punir en avril 22 individus de six pays différents, dont la Russie. « Les mesures que nous avons prises aujourd’hui ciblent des individus qui se sont enrichis aux dépens de leurs citoyens », a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, dans un communiqué.
Parmi les personnes ciblées figure Teodorin Obiang Mangue, vice-président de Guinée équatoriale et fils du président, notamment pour le « détournement de fonds publics » et des pots-de-vin lui ayant permis de financer un train de vie somptueux. Il aurait consacré plus de 500 millions de dollars à l’acquisition de résidences de luxe à travers le monde, d’un jet privé, de voitures et d’objets de collection liés au chanteur Michael Jackson.
Système indépendant de sanctions
En février 2020, il avait été condamné en appel en France à trois ans de prison avec sursis, 30 millions d’euros d’amendes et des confiscations. Nawfal Hammadi al-Sultan, l’ancien gouverneur de la province irakienne de Ninive, dont le chef-lieu est Mossoul, est lui visé pour avoir détourné des fonds publics destinés à la reconstruction.
Avec eux l’homme d’affaires zimbabwéen Kudakwashe Regimond Tagwirei, dont les agissements de sa société Sakunda Holdings ont contribué à la dévaluation de la monnaie et la hausse des prix de biens essentiels au Zimbabwe. Les hommes d’affaires colombiens Alex Nain Saab Moran et Alvaro Enrique Pulido Vargas se voient eux reprocher d’avoir détourné à leur profit des programmes publics au Venezuela en matière de logement et d’aide alimentaire.
Après être sorti de l’Union européenne, le Royaume-Uni, important centre financier international, avait adopté en 2020 un nouveau système indépendant de sanctions visant les auteurs de violations des droits humains, complété ultérieurement par un volet s’attaquant à la corruption
Le bilan des explosions qui ont ravagé un camp militaire à Bata, dimanche 7 mars, ne cesse de s’alourdir. Le chef de l’État a ordonné une enquête et lancé « un appel à la communauté internationale à soutenir la Guinée équatoriale ».
Secouristes ou simples civils extirpant des corps de ruines encore fumantes, hommes transportant un cadavre dans un drap jaune au milieu d’un amas de morceaux de béton et de tôles, un civil déposant le corps inanimé d’un enfant sur le plateau d’un pick-up, blessés gisant à même le sol d’un hôpital… Les images de Bata, diffusées par la TVGE, la télévision d’État qui dépend du ministère de l’Information, ou filmées par des témoins et relayées sur les réseaux sociaux depuis dimanche, sont terribles.
Au moins 98 personnes tuées
La première explosion s’est produite en début d’après-midi, dimanche 7 mars, dans le camp militaire de Nkoa Ntoma, situé dans la capitale économique équato-guinéenne, bientôt suivie de trois autres détonations dans cette base qui abrite notamment les forces spéciales ainsi que des hommes de la gendarmerie.
NOUS N’AVONS PAS DORMI DE LA NUIT, DES MAISONS ONT CONTINUÉ DE BRÛLER TOUTE LA NUIT
Selon des témoignages recueillis par l’AFP, les bâtiments ont ensuite continué à brûler au cours de la nuit de dimanche à lundi. « Mon oncle, un officier du camp, vient de nous appeler pour dire qu’il avait retrouvé ce matin les corps de cinq membres de sa famille entièrement brûlés », a rapporté par téléphone un habitant de Bata sous couvert d’anonymat.
« Nous n’avons pas dormi de la nuit, des maisons ont continué de brûler toute la nuit et on entendait encore des petites détonations ; les habitants des quartiers situés dans un rayon de 2 à 4 km du lieu des explosions n’ont pas pu rentrer », a assuré Teodoro Nguema, un autre habitant de la ville.
Une enquête et un appel
Lundi, les opérations de sauvetage ont continué. De nombreux cadavres ont été sortis des décombres, mais aussi des survivants. Trois enfants âgés de 3 et 4 ans ont ainsi pu être extraits vivants des ruines d’habitations et transportés à l’hôpital, selon la TVGE.
Le bilan, encore provisoire, s’établissait lundi à « 98 morts et 615 blessés », a annoncé le fils du chef de l’État, Teodoro Nguema Obiang Mangue – dit Téodorin – , vice-président en charge de la Défense et de la Sécurité. « Les dommages ne sont pas seulement physiques mais aussi psychologiques », a-t-il précisé.
JE LANCE UN APPEL À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ET AUX BIENFAITEURS NATIONAUX POUR QU’ILS SOUTIENNENT LA GUINÉE ÉQUATORIALE EN CES MOMENTS DIFFICILES
Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo avait pour sa part, dans un premier communiqué, évoqué un « accident provoqué par la négligence de l’unité chargée de garder les dépôts de dynamite, d’explosifs et de munitions qui ont pris feu à cause des brûlis allumés dans leurs champs par les fermiers qui ont finalement fait exploser successivement ces dépôts ». Le ministère de la Défense a expliqué que ce sont des « munitions de gros calibre » qui ont explosé, provoquant une « des ondes de choc détruisant totalement de nombreuses maisons avoisinantes ».
Appel à la communauté internationale
« Compte tenu de l’ampleur des dommages occasionnés, encore provisoires, aux infrastructures officielles et privées, dont la réparation impliquera d’importantes ressources économiques, je lance un appel à la communauté internationale et aux bienfaiteurs nationaux pour qu’ils soutiennent la Guinée équatoriale en ces moments difficiles qui coïncident avec la crise économique résultant de la chute des prix du pétrole et de la pandémie de Covid-19 », a par ailleurs déclaré le chef de l’État.
Un appel auquel l’Espagne a d’ores et déjà répondu. Après un échange téléphonique avec son homologue équato-guinéen, Simeon Oyono Esono, Arancha Gonzalez, la ministre espagnole des Affaires étrangères, a annoncé l’envoi « immédiate » d’une cargaison d’aide humanitaire. Un premier avion a atterri à Malabo ce mardi 9 mars.
La Guinée équatoriale exige le départ de la représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qu’elle accuse de gonfler le bilan du coronavirus dans ce petit pays d’Afrique centrale, selon le gouvernement et un responsable de l’ONU.
«Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale a l’honneur de demander au bureau régional de l’OMS pour l’Afrique de mettre un terme aux fonctions du Dr Triphonie Nkurunziza (..) et de veiller immédiatement à son départ de Malabo», lit-on dans un procès-verbal du ministère daté du 26 mai que l’AFP a pu consulter mardi. Vendredi, devant le Sénat, le Premier ministre équato-guinéen Pascual Obama Asué a accusé la représentante d’avoir «falsifié les données de personnes contaminées» par le Covid-19. «Nous n’avons pas de problème avec l’OMS, nous avons un problème avec la représentante de l’OMS à Malabo» a-t-il ajouté au cours d’une session retransmise par la télévision d’Etat.
«Le gouvernement a demandé qu’elle parte, nous avons reçu un procès-verbal dans ce sens, elle est accusée d’avoir falsifié les données de Covid-19», a confirmé mardi à l’AFP un responsable du bureau des Nations unies à Malabo, sous couvert de l’anonymat, tout en refusant de commenter cette accusation. Selon cette source, Mme Nkurunziza n’a pas encore quitté Malabo parce qu’il n’y a pour l’heure aucun vol le lui permettant.
Dans ce petit pays pétrolier dirigé d’une main de fer par le président Teodoro Obiang Nguema depuis quarante ans, le gouvernement affirme qu’il y a 1.306 cas connus de coronavirus et 12 morts début juin, pour 1,3 million d’habitants. Mais les autorités ont cessé de mettre ce bilan à jour quotidiennement depuis le 28 avril, l’actualisant seulement de temps à autre. Les chiffres avancés par l’OMS, une agence de l’ONU, ont, parfois, dépassé ceux de Malabo depuis le début de l’épidémie, même s’ils sont redevenus identiques à ce jour.
«Si l’OMS arrête de donner les chiffres du Covid-19, il sera difficile d’avoir les vraies données sur l’évolution de la pandémie en Guinée équatoriale», a commenté dans un tweet le site d’informations Radio Macuto, basé en Espagne et proche de l’opposition.