En Guinée, le chef de la junte a répété mardi 21 février, à l’occasion du lancement de la rédaction de la nouvelle Constitution, qu’il rendrait le pouvoir aux civils à l’issue de la transition, fin 2024.
Le chef de la junte en Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya, a réaffirmé mardi qu’il quitterait le pouvoir à l’issue de la transition fin 2024. Une déclaration faite lors du lancement de la rédaction de la nouvelle Constitution un an et demi après le coup d’État qui a renversé le président Alpha Condé.
La junte à la tête de la Guinée s’est engagée auprès des États ouest-africains à rendre le pouvoir aux civils au bout de deux ans à compter du 1er janvier 2023. Le colonel Mamady Doumbouya, qui s’est imposé par la force le 5 septembre 2021, a été investi président. « Nous allons bien sûr organiser la transition mais nous ne ferons pas partie de l’après transition. Pour nous, c’est clair et ça doit l’être », a insisté le colonel Doumbouya à l’ouverture d’un colloque organisé au Palais du peuple à Conakry, siège du Parlement de transition.
La parole donnée au peuple
Quand elle aura été rédigée, « c’est le peuple de Guinée dans son entièreté qui adoptera la Constitution par référendum », a dit le chef de la junte guinéenne. Il est « important que la Constitution ne soit pas faite sur mesure pour un parti politique ou une personne politique parce que nous-mêmes, nous ne ferons pas partie de la mesure », a-t-il ajouté devant des membres du Parlement de transition et des magistrats guinéens et étrangers. Le processus de rédaction de la nouvelle Constitution doit s’achever avant la fin de l’année 2023, ont indiqué des magistrats.
Le colonel Doumbouya a déjà assuré qu’il « ne passera pas un jour de plus à l’issue des 24 mois de la transition. Il a donné sa parole au peuple de Guinée », selon des propos rapportés le 9 février par le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, après un Conseil des ministres. Un engagement qu’il avait déjà pris lors de son discours du Nouvel an.
La junte en Guinée interdit toute manifestation depuis 2022. Elle s’est engagée à céder la place à des civils élus au terme d’une période au cours de laquelle elle dit vouloir mener de profondes réformes.
La deuxième édition du salon du livre africain de Paris à la mairie du sixième arrondissement se déroulera du 17 au 19 mars 2023.
L’affiche du deuxième Salon du livre africain de Paris
À nouveau, le rendez-vous parisien annuel inédit des amateurs de littérature et de culture africaine, lieu par excellence de rencontres des membres de la diaspora africaine, fera place durant trois jours aux auteurs, éditeurs, libraires, médias et institutions. Le pays invité d’honneur est la Guinée. À cette occasion, un hommage sera rendu à Nelson Mandela pour l’anniversaire des dix ans de sa disparition.
Pour cette nouvelle constellation d’offres culturelles, les organisateurs prévoient l’exposition de livres écrits par des auteurs résidant en Afrique et édités là-bas, mais pas seulement. Ils mettront également en avant des auteurs, quelles que soient leurs nationalités, qui ont écrit sur l’Afrique, laissant ainsi place à une diversité d’invités.
Et, bien sûr, les auteurs et éditeurs originaires des deux Congo seront à nouveau présents à ce salon : Eugénie Opou ; Marien Fauney Ngombé ; Blaise Ndala ; Gabriel Kinsa ; Christian Keita ; Urbain Ockh, Ferréol Gassackys, l’écrivain éditeur Elvez Ngaba ; Marie Françoise Ibovi, pour ne citer que ceux-là.
Le ministre de la Justice a adressé une liste de noms aux procureurs généraux, sur laquelle figurent celui de l’ancien président ainsi que de nombre d’anciens ministres.
Après avoir visé les caciques du régime d’Alpha Condé, la junte au pouvoir en Guinée s’attaque désormais à l’ancien président. Le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, a ordonné ce 3 novembre d’engager des poursuites judiciaires, notamment pour des faits présumés de corruption, contre l’ex-président Alpha Condé, qu’elle a renversé par un coup d’État en 2021, et contre plus de 180 hauts cadres ou ex-ministres.
Les poursuites sont engagées « pour des faits présumés de corruption, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, faux et usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics et complicité ». Depuis son arrivée au pouvoir, la junte de Mamadi Doumbouya applique une « politique de moralisation de la vie publique » et a fait de la lutte contre la corruption l’un de ses porte-étendards.
Parmi eux, l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana et une quarantaine d’anciens ministres, comme Mohamed Diané à la Défense (incarcéré depuis le 6 avril, aux côtés notamment d’Ibrahima Kassory Fofana et d’Oyé Guilavogui), Mamady Camara, à l’Économie ou Mariama Camara, au Commerce. Un certain nombre de conseillers à la présidence sous le régime Condé sont également cités. Au total, la liste comporte 188 noms, dont certains sont déjà en prison – Mohamed Diané est incarcéré depuis le 6 avril, aux côtés notamment d’Ibrahima Kassory Fofana et d’Oyé Guilavogui – et d’autres cités plusieurs fois. Leurs comptes sont gelés, indique le document.
« Il est impératif d’ouvrir des enquêtes judiciaires pour élucider l’origine des fonds de ces différents comptes sans que cela ne porte préjudice au dégel lorsqu’il sera établi de manière contradictoire que ces comptes sont exempts de toutes présomptions d’enrichissement illicite », affirme le ministre de la Justice.
Alpha Condé déjà poursuivi pour assassinats
Ce n’est pas la première fois que des poursuites sont engagées contre l’ex-président Alpha Condé, 84 ans, mis en cause en mai pour des faits présumés notamment d’assassinats, actes de torture, enlèvements et viols, dans ce pays où la répression des manifestations politiques est souvent brutale.
La justice guinéenne avait agi à la suite de l’action engagée au mois de janvier 2022 par le Front national de défense de la Constitution (FNDC), un collectif à la pointe de la contestation contre le troisième mandat de Condé mais dissous au début d’août par la junte. Ses membres dénonçaient la gestion « unilatérale » de la période de transition, la confiscation du pouvoir, et avaient appelé à des manifestations, interdites par les autorités. Plusieurs de leurs cadres croupissent désormais depuis en prison.
Un autre procès emblématique en cours
Exemple de la volonté de justice – « boussole » du pays d’après les mots du colonel Doumbouya –, proclamée par la junte, le procès de l’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara et d’une dizaine d’anciens officiels militaires et gouvernementaux, prévu depuis des années, s’est ouvert le 28 septembre devant un tribunal de Conakry.
Ceux-ci doivent répondre du massacre du 28 septembre 2009, au cours duquel 156 personnes avaient été tuées, des milliers d’autres blessées et au moins 109 femmes avaient été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.
Auditionné jusqu’au 2 novembre, Aboubacar Sidiki Diakité (dit « Toumba »), l’ancien aide de camp de Dadis, a livré sa version des faits, racontant la gestion chaotique des manifestations, après avoir promis aux juges de coopérer pleinement.
« Dans un compromis dynamique, les experts de la Cedeao et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois », indique un document de l’organisation ouest-africaine transmis vendredi 21 octobre à l’AFP et publié sur les réseaux sociaux par les autorités guinéennes.
Le président de la transition Mamadi Doumbouya a ensuite précisé que ce calendrier prendra effet à compter du 1er janvier 2023, au cours de la cérémonie de clôture de la mission technique de la Cedeao dépêchée à Conakry cette semaine.
Sommet de la Cedeao avant la fin de l’année
Ce calendrier devrait être présenté au prochain sommet de la Cedeao « pour son approbation, afin de déclencher sa mise en œuvre », dit le document de l’organisation régionale. Un sommet ordinaire de la Cedeao est programmé avant la fin de l’année.
Après le coup d’État du 5 septembre 2021 qui avait renversé Alpha Condé, le colonel Mamadi Doumbouya s’était fait investir président, s’engageant à céder la place à des civils après des élections. La junte avait jusqu’alors affirmé son intention de gouverner pendant trois ans, le temps pour elle d’organiser des élections crédibles et de mener à bien d’importantes réformes nécessaires à ce qu’elle appelle une « refondation » de l’État guinéen.
La Cedeao a dit un tel délai inacceptable. Le 22 septembre, les dirigeants des États membres, réunis en sommet à New York sans la Guinée, avaient donné un mois aux autorités pour présenter un calendrier « raisonnable et acceptable », faute de quoi des « sanctions plus sévères » que celles déjà imposées seraient appliquées.
Sanctions
Les ponts n’ont cependant jamais été rompus et les autorités guinéennes ont répété être prêtes à coopérer avec la Cedeao, qui a dépêché cette semaine une mission à Conakry pour élaborer un échéancier de compromis. Le Premier ministre Bernard Goumou avait déclaré jeudi que les autorités n’étaient « pas figées » sur les trois ans.
Différents responsables ouest-africains avaient signalé qu’une période de deux ans serait acceptable. C’est sur une durée similaire que la Cedeao et les militaires au pouvoir au Mali avaient fini par s’entendre, après des mois de bras de fer et de sévères mesures de rétorsion régionales.
Le compromis trouvé à Conakry l’a été dans un climat de grandes tensions entre la junte et l’opposition. Au moins quatre civils ont été tués jeudi et vendredi lors de manifestations contre les autorités, à l’appel d’un collectif citoyen qui réclame un retour rapide des civils au pouvoir et la libération de tous les prisonniers détenus selon lui pour des raisons politiques.
L’opposition accuse la junte de confisquer le pouvoir et de faire taire toute voix discordante. Les grands partis refusent le dialogue avec les autorités sur le contenu de la période dite de transition dans les conditions fixées par Mamadi Doumbouya. Ils demandent que le dialogue ait lieu sous arbitrage de la Cedeao. Celle-ci a affirmé sa volonté d’associer toutes les parties pour une « mise en oeuvre inclusive du chronogramme de la transition ».
L’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara et plusieurs coaccusés ont été envoyés en prison mardi, avant d’être jugés à partir de mercredi pour l’effroyable massacre commis le 28 septembre 2009, ont indiqué leurs avocats.
Le procureur a fait « embarquer nos six clients à la maison centrale (prison) où ils seront semble-t-il retenus jusqu’à la fin de la procédure », c’est-à-dire du procès, à la durée indéterminée, a déclaré un de ces avocats, Me Salifou Béavogui, à des journalistes devant le tribunal. L’avocat a contesté cette mesure en déclarant: « Très malheureusement, le procès commence par la violation des droits de la défense ».
Un correspondant de l’AFP a vu un minibus quitter à toute allure sous la protection de plusieurs pick-up le tribunal flambant neuf construit exprès pour le procès, et où s’est décidée pendant quelques heures la liberté des accusés.
Le capitaine Camara et dix autres anciens officiels militaires et gouvernementaux doivent répondre à partir de mercredi à 10H00 (locales et GMT) de leur responsabilité présumée dans les évènements du 28 septembre 2009 et des jours suivants. Un certain nombre d’accusés étaient déjà détenus depuis des années.
Les accusés encore libres avaient été convoqués vers 12H00 préalablement au procès. Les craintes de leurs avocats qu’ils ne soient placés en détention se sont révélées fondées.
Le représentant du parquet a lu aux accusés et leurs avocats les textes stipulant que les accusés devaient se constituer prisonniers avant leur procès, a rapporté Me Béavogui. Les avocats ont vainement plaidé que ces dispositions ne s’appliquaient pas parce que les décisions de justice les renvoyant devant le tribunal ne prévoyaient pas explicitement une telle mesure, a-t-il dit.
Les 11 hommes seront jugés à partir de mercredi pour leurs agissements il y a 13 ans.
Des soldats, des policiers et des miliciens avaient fait couler un bain de sang lors du rassemblement de dizaines de milliers de sympathisants de l’opposition, réunis dans un stade de la banlieue de Conakry pour démontrer pacifiquement leur force et dissuader M. Camara de se présenter à la présidentielle de janvier 2010.
Le capitaine Moussa Dadis Camara avait été porté au pouvoir en décembre 2008 par un coup d’Etat militaire. Il avait ensuite été investi président.
Le 28 septembre 2009 et les jours suivants, 156 personnes ont été tuées et des milliers blessées avec une cruauté effrénée, au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.
Les chiffres réels sont probablement plus élevés.
Une multitude de témoignages rapportent comment les Bérets rouges de la garde présidentielle, des policiers et des miliciens sont entrés dans l’enceinte, en ont bouclé les accès et ont ouvert le feu sans discrimination sur une foule civile, festive et désarmée.
L’attente d’un vrai procès
Ils ont poursuivi leur besogne au couteau, à la machette et à la baïonnette, jonchant de cadavres la pelouse, les travées et les couloirs du stade et ses alentours. Ils ont abusé de dizaines de femmes et achevé nombre d’entre elles. Des personnes sont mortes piétinées dans la panique.
Les exactions ont continué les jours suivants, contre des femmes séquestrées et des détenus torturés.
Amnesty International a présenté à la veille du procès un rapport réclamant une meilleure prise en charge des victimes de viols en Guinée et l’adoption « en urgence d’une loi générale sur les violences basées sur le genre ».
Les violences commises il y a 13 ans sont constitutives de crimes contre l’humanité, avait conclu la commission d’enquête internationale rapidement après les faits.
M. Camara vivait jusqu’à présent en exil au Burkina Faso. Il est rentré dans la nuit de samedi à dimanche à Conakry pour participer au procès. Il entend « laver son honneur », disent ses proches.
La commission internationale lui a imputé une « responsabilité criminelle personnelle et une responsabilité de commandement ».
Avec ce procès, des centaines de victimes et proches, constituées en parties civiles ou non, et les organisations de défense des droits humains voient arriver le jour qu’elles ont réclamé pendant 13 ans.
Les atermoiements du pouvoir et l’impunité érigée en « institution », selon la commission internationale, de forces de sécurité quasiment intouchables dans un pays dirigé pendant des décennies par des régimes autoritaires ont longtemps fait douter de la tenue de ce procès.
L’actuel chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, également arrivé au pouvoir par un putsch en 2021 après 11 ans de pouvoir civil, a demandé en juillet que le procès ait lieu cette année avant la date anniversaire.
Les associations de victimes réclament cependant un vrai procès. Elles demandent que celui-ci ne se résume pas à son ouverture pour l’effet d’image.
L’opposant Étienne Soropogui a été arrêté samedi 24 septembre après avoir critiqué les « dérives autoritaires » et l’« isolement total » des autorités guinéennes, a indiqué le Front national de défense de la Constitution.
Les raisons de l’arrestation d’Étienne Soropogui, qui fut un farouche opposant de l’ancien président Alpha Condé avant d’être libéré par les militaires après leur putsch du 5 septembre 2021, n’ont pas été rendues publiques.
Il a été arrêté dans la banlieue de Conakry, selon les médias guinéens, après avoir participé dans la matinée à une populaire émission sur la radio Fim FM.
« Dérives autoritaires »
« Le peuple de Guinée-Conakry n’accepte plus ces dérives autoritaires perpétrées par la junte militaire, y a-t-il déclaré, critiquant les interpellations de journalistes et de personnalités politiques et de la société civile. Si on compte sur la force pour s’accaparer (le) pouvoir et vouloir y rester en éliminant un certain nombre de candidats potentiels (à une future présidentielle), c’est la porte ouverte au chaos. »
Une période transitoire de gouvernement par les militaires comme celle en cours a « vocation à retourner à l’ordre constitutionnel », a-t-il souligné. « Les notions creuses de refondation n’ont aucun sens », a-t-il renchéri, alors que la junte justifie son intention de diriger le pays pendant encore trois ans par la nécessité d’une « refondation » et de réformes profondes.
« Des gendarmes lourdement armés et sans aucun mandat ont enlevé le leader pro-démocratie avant de le déporter à la direction centrale des investigations judiciaires » de la gendarmerie, a dit dans un communiqué le Front national de défense de la Constitution (FNDC), collectif qui porte la voix de l’opposition.
« Cette nouvelle forme d’arrestation et de persécution extrajudiciaire des activistes pro-démocratie confirme la volonté (de la junte) d’user de tous les moyens illégaux pour se maintenir au pouvoir », dit le FNDC, dont deux leaders, Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, et Ibrahima Diallo, ont été arrêtés fin juillet.
Le colonel Mamadi Doumbouya a atterri le 21 septembre en fin d’après-midi, à l’aéroport de Bamako, dans un contexte international particulier, puisque des sanctions pourraient être prises contre les autorités de Conakry lors de la session extraordinaire de la Cedeao prévue ce 22 septembre, à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.
Le colonel Doumbouya « a été accueilli, avec tous les honneurs, à sa descente de l’avion présidentiel de la République du Mali, par le président Goïta », chef de la junte malienne, ont indiqué les autorités maliennes qui parlent d’une « visite d’amitié et de travail ».
« Je suis à Bamako à côté de mon frère, le président Assimi Goïta, pour fêter l’indépendance du Mali et accompagner le peuple malien, qui est un peuple frère », a déclaré de son côté le chef de la junte guinéenne. Le 22 septembre, le Mali célèbre le 62ème anniversaire de son indépendance. Le même jour doit se tenir un sommet extraordinaire de l’organisation des États ouest-africains (Cedeao) qui devrait être principalement consacré à la Guinée et au Mali. Le Mali, à deux reprises, et la Guinée font partie avec le Burkina Faso des pays de la Cedeao où les militaires se sont emparés du pouvoir au cours des deux dernières années.
Fin janvier, la Cedeao a infligé un sévère embargo commercial et financier au Mali, pour sanctionner le projet des militaires de rester au pouvoir jusqu’à cinq années supplémentaires. La junte dirigée par le colonel Assimi Goïta s’est depuis engagée sous la pression à organiser des élections en février 2024, et l’embargo a été levé.
Les autorités guinéennes avaient été parmi les rares à rester solidaires du Mali face aux sanctions, et avait maintenu les frontières ouvertes.
Le FNDC « a accédé à la demande des chefs d’État de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et des chrétiens de Guinée de suspendre les manifestations » le 29 août et le 4 septembre, qui coïncident avec un dimanche, « jour de prière de nos compatriotes chrétiens ».À LIREGuinée – Mamadi Doumbouya : un nouveau Moussa Dadis Camara ?
La coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile maintient cependant la manifestation prévue le 5 septembre – date anniversaire du renversement d’Alpha Condé – pour laquelle il « appelle à une mobilisation pour dénoncer les tueries perpétrées » par les autorités et « réclamer la libération des citoyens injustement arrêtés » lors de manifestations et « exiger un retour rapide à l’ordre constitutionnel ». Cinq personnes avaient été tuées lors des journées de contestation de fin juillet, et deux le 17 août.
Médiation
Le médiateur de la Cedeao dans la crise guinéenne, l’ex-président béninois Thomas Boni Yayi, a annoncé avoir achevé samedi une mission de médiation. « L’objectif de cette deuxième trêve », après une précédente fin juillet, « est de donner une énième chance à la médiation de la Cedeao afin qu’elle puisse trouver une issue à la sortie de (la) crise guinéenne entretenue par la junte militaire », affirme le FNDC dans le communiqué.À LIREGuinée : pourquoi Mamadi Doumbouya a démenti l’accord avec la Cedeao
Thomas Boni Yayi a indiqué que sa mission « était de rencontrer les autorités de la transition et les acteurs sociopolitiques » pour un dialogue devant « permettre le retour à l’ordre constitutionnel ». Durant son séjour, l’ancien président béninois affirme avoir rencontré le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, des membres du gouvernement, les responsables de coalitions politiques et la société civile, et des diplomates étrangers.
La junte au pouvoir depuis un an a interdit toute manifestation le 13 mai et décrété le 6 août la dissolution du FNDC, qui avait orchestré de 2019 à 2021 des mois de mobilisation contre un troisième mandat d’Alpha Condé.
Le colonel Mamadi Doumbouya s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans. Le FNDC et ce qui reste de l’opposition dénoncent une confiscation du pouvoir, la répression des voix discordantes et une instrumentalisation de la justice.
Ancien ministre de l’Urbanisme puis du Tourisme, ancien député, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Louncény Camara a subi un accident vasculaire cérébral le vendredi 19 août, alors qu’il était en détention à la prison de Conakry, et est décédé samedi soir à l’hôpital, a annoncé son frère Ibrahima Camara.
Louncény Camara, 62 ans, faisait partie des nombreux anciens ministres et hautes personnalités en poste sous Alpha Condé à avoir été mis en cause pour malversations financières présumées et à avoir été écroués sous le régime des militaires qui ont renversé l’ancien président en septembre 2021.
Demandes d’évacuation restées sans suite
Les appels pressants de sa famille auprès de la cour spéciale pour les infractions financières, instituée par la junte, pour qu’il soit évacué vers l’étranger étaient restés sans suite. « La famille a tout fait pour qu’on nous autorise à l’évacuer vers des centres spécialisés à l’étranger, malheureusement on n’a pas trouvé une oreille attentive », a dit Ibrahima Camara.
Louncény Camara avait déjà été admis aux urgences début mai, quelques jours après son incarcération. Il avait été inculpé et écroué le 28 avril pour des faits présumés de « détournement de deniers publics », « enrichissement illicite », « blanchiment de capitaux », et « corruption ». Il était un membre éminent du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le parti d’Alpha Condé, qui a présidé le pays de fin 2010 jusqu’à sa chute en 2021.
Critiques d’Amnesty International
Amnesty International, très critique de la situation des droits humains en Guinée, parlait en février 2021 des prisons guinéennes comme étant « de notoriété publique des mouroirs où les règles du droit international pour le traitement des détenus ne sont pas appliquées ». Amnesty dénonçait à l’époque la mort de quatre détenus en deux mois après une vague d’arrestations sous la présidence d’Alpha Condé.
Le colonel Mamadi Doumbouya, qui a pris le pouvoir par la force le 5 septembre 2021 et s’est depuis fait investir président, a proclamé la lutte contre la corruption, réputée endémique, comme l’une de ses priorités. Nombre de personnalités de l’ancien régime, mais aussi de l’ancienne opposition, sont inquiétées. Différentes voix s’élèvent pour dénoncer une instrumentalisation de la justice et un exercice autoritaire du pouvoir.
Les dirigeants ouest-africains se réunissent ce dimanche 3 juillet au Ghana pour réexaminer leur plan d’action face aux juntes arrivées au pouvoir par la force au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.
Levée, maintien ou durcissement des sanctions ? Les leaders des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), réunis ce dimanche à Accra, doivent notamment se prononcer sur le Mali, qui subit depuis le 9 janvier de sévères mesures de rétorsion commerciales et financières et qui a accepté récemment des prérequis indispensables à leur levée.
« Le Mali a fait d’énormes progrès »
La décision sur la levée de l’embargo sur les transactions commerciales et financières est très attendue au Mali, où les négociations entre la junte et la Cedeao durent depuis des mois. Le médiateur Goodluck Jonathan, ancien président du Nigeria, est venu la semaine dernière à Bamako. Si rien n’a officiellement filtré des échanges, un membre de son entourage a indiqué à l’AFP que « le Mali a fait d’énormes progrès ».
Les autorités ont annoncé mercredi un calendrier électoral fixant la présidentielle à février 2024, le référendum constitutionnel à mars 2023, et les législatives entre octobre et novembre 2023. Il vient compléter l’adoption, le 17 juin, d’une nouvelle loi électorale et la mise en place d’une commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution.
Un potentiel point de blocage dans les négociations peut néanmoins subsister avec la porte désormais ouverte, par la nouvelle loi électorale, d’une candidature d’un militaire à une élection présidentielle. Les « actes qui ont été posés ces jours-ci vont dans le sens d’une levée de ces sanctions », a estimé vendredi soir le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop.
La Guinée veut rassurer
Le Burkina Faso et la Guinée seront également au centre des attentions. Les deux pays ne sont pour l’heure que suspendus des organes de la Cedeao. Mais les juntes en place entendent y rester trois ans et exposent leur pays à un durcissement des sanctions.
La Guinée a mené cette semaine une intense campagne diplomatique pour apaiser les dirigeants ouest-africains et éviter de nouvelles sanctions. Les autorités guinéennes avaient suscité l’ire de ses voisins en actant une durée de transition de 36 mois. Un délai qualifié d’« impensable » par le chef de l’État sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine. « La Cedeao va devoir prendre des mesures », avait-il dit.
Le Premier ministre de transition, Mohamed Béavogui, a reçu samedi le représentant spécial des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mahamat Saleh Annadif. Le message de la Guinée est de rassurer « les frères de la Cedeao » sur l’engagement du pays à mener une transition apaisée et inclusive, a souligné le gouvernement.
Lundi, le gouvernement a aussi reçu les principales formations politiques en vue d’engager un dialogue. Plusieurs mouvements politiques ont conditionné leur participation à la nomination d’un médiateur ouest-africain. « Il nous apparaît fondamental que la Cedeao intervienne pour présider le dialogue et favoriser ainsi le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée », a déclaré vendredi le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).
« Sur la voie du compromis » au Burkina
Au Burkina Faso, la Cedeao a nommé l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou comme médiateur. « Nous sommes sur la voie du compromis » avec ce pays, a dit à l’AFP un diplomate de la sous-région. En visite samedi à Ouagadougou, Mahamadou Issoufou a salué « l’ouverture au dialogue » des militaires et dit avoir « échangé sur le chronogramme de la transition » présenté mercredi aux leaders politiques.
Les autorités burkinabè prévoient les dates du 24 décembre 2024 pour un référendum constitutionnel et du 25 février 2025 pour la tenue d’élections législatives et présidentielle.
Vendredi, les partis de l’ex-majorité du président Roch Marc Christian Kaboré renversé ont dénoncé l’agenda présenté par la junte comme une « manœuvre solitaire qui contraste avec les impératifs d’une transition inclusive et réussie », regrettant « l’absence de concertations en amont ».